DEPARTEMENT DES RELATIONS EXTERIEURES Communication Recherche Aéropole de Charleroi Av. Lemaître 19 – 6041 Charleroi Nathalie Gobbe, T +32 (0)71 60 02 06, +32 (0)474 84 23 02, M [email protected] Nancy Dath, T +32 (0)71 60 02 03, M [email protected] Communiqué de presse Charleroi, le 5 mai 2008 Maladie du sommeil, publication dans Science : des chercheurs de l’ULB (IBMM) découvrent une nouvelle voie d’accès au parasite responsable de la maladie Le laboratoire de parasitologie moléculaire – Institut de biologie et de médecine moléculaires – de l’ULB présente dans la revue Science du 2 mai 2008, la découverte inattendue d’une « porte d’entrée » du trypanosome Africain, parasite responsable de la maladie du sommeil. Il s’agit d’un récepteur de la surface du parasite, qui organise la capture et l’intériorisation de l’hémoglobine de l’hôte. Lors de l’infection chez l’homme, ce récepteur est aussi impliqué dans la capture du facteur sérique qui conduit à la mort du parasite. Ces découvertes ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques concernant la maladie du sommeil humaine et le nagana qui décime les troupeaux et rend impossible l’élevage du bétail en Afrique centrale. Dans l’édition du 2 mai 2008 de la revue Science, le laboratoire de parasitologie moléculaire de l’ULB rapporte la découverte d’un récepteur de surface totalement inattendu chez le parasite Trypanosoma brucei, responsable de maladies dévastatrices sur le continent africain (maladie du sommeil humaine, nagana du bétail). Ce récepteur fixe spécifiquement le complexe formé par l’hémoglobine avec l’haptoglobine. Lorsque l’hémoglobine est libérée des globules rouges (notamment dans des situations pathologiques), elle est immédiatement associée à l’haptoglobine, pour récupération du complexe par un récepteur présent à la surface des macrophages (récepteur appelé CD163). Les recherches montrent que le trypanosome a également conçu un récepteur de ce type. Le but poursuivi par le parasite semble être de capter un composant essentiel de l’hémoglobine, appelé « hème », qui porte une molécule de Fer. Une fois intériorisé dans le trypanosome, l’hème est incorporé dans des protéines dont l’activité permet au parasite de résister à l’attaque oxydante des macrophages, qui sont des cellules spécialisées dans la défense contre les pathogènes. Par conséquent, le récepteur identifié ici permet au trypanosome de résister aux défenses de son hôte. La découverte de ce récepteur permet aussi d’expliquer un paradoxe lié à l’immunité naturelle de l’homme contre le trypanosome africain. On sait en effet depuis longtemps (Laveran, 1902) que le sang humain se distingue par la présence d’un antidote très efficace contre ce parasite, et que la maladie du sommeil est due à l’apparition de trypanosomes « mutants » capables de résister à cet antidote. Les travaux du Laboratoire de parasitologie moléculaire ont permis de démontrer que le composant sanguin actif contre les trypanosomes, appelé apoL1, est contenu dans des particules d’HDL porteuses aussi d’une protéine très semblable à l’haptoglobine (« haptoglobinrelated protein », ou Hpr) (voir résumé de ces recherches en annexe). Or, le récepteur identifié ici fixe aussi bien l’Hpr que l’haptoglobine, lorsque l’une ou l’autre de ces protéines est complexée à l’hémoglobine. Donc, chez l’homme, ce récepteur organise l’intériorisation dans le parasite, des particules d’HDL porteuses du complexe Hprhémoglobine. Ces particules portent aussi l’apoL1, toxine qui tue le trypanosome, ce qui explique comment et pourquoi les trypanosomes mangent avidement des particules qui les tuent. En conséquence certaines HDLs humaines peuvent être assimilées à des « chevaux de Troie » capables d’éliminer certains pathogènes. Ces recherches ouvrent de toutes nouvelles voies de lutte contre le parasite: en effet le récepteur du trypanosome diffère de son analogue humain par le fait qu’il reconnaît le complexe Hpr-hémoglobine, en plus du complexe haptoglobine-hémoglobine. On peut donc imaginer cibler des toxines sur le parasite en les couplant à l’Hpr. Seul le parasite devrait être affecté et pas l’hôte. Une demande de brevet a d’ores et déjà été introduite. Informations scientifiques : Etienne Pays, laboratoire de parasitologie moléculaire, IBMM-ULB : 02 650 97 59 ou [email protected] « A Haptoglobin-Hemoglobin Receptor Conveys Innate Immunity to Trypanosoma brucei in Humans », Benoît Vanhollebeke, Géraldine De Muylder, Marianne J. Nielsen, Annette Pays, Patricia Tebabi, Marc Dieu, Martine Raes, Soren K. Moestrup, Etienne Pays, Science, 02 May 2008 Annexe. Rétroactes des recherches dirigées par le Professeur Etienne Pays, IBMM-ULB On sait depuis longtemps que le sang humain se caractérise par la présence d’un antidote très efficace contre le trypanosome africain (Trypanosoma brucei). Or, certains « mutants » de T. brucei, appelés « gambiense » et « rhodesiense » sont apparus : ces parasites résistent à notre défense innée et sont donc redevenus capables d’infecter l’homme en provoquant la maladie du sommeil. En 1998 (Cell), le laboratoire de parasitologie moléculaire de l’ULB a identifié la protéine SRA (Serum-Resistance Associated), grâce à laquelle un des « mutants » pathogènes pour l’homme, T. brucei rhodesiense, résiste à notre défense innée. En 2003 (Nature), le même laboratoire a montré comment SRA bloque notre défense innée, en neutralisant une protéine du sang humain appelée apolipoprotéine L1 (apoL1), qui est propre à l’homme et est associée aux HDLs. Cette dernière protéine a été identifiée comme étant le facteur responsable de notre défense contre le trypanosome. En 2005 (Science), le laboratoire de l’IBMM a décortiqué le mécanisme par lequel l’apoL1 tue les trypanosomes : cette protéine induit un flux d’ions chlorure dans la vacuole digestive du parasite. Ce flux ionique entraîne un gonflement incontrôlable de la vacuole par entrée d’eau, ce qui à terme « asphyxie » le parasite. En 2007 (Proceedings of the National Academy of Sciences USA), les chercheurs ont proposé que l’apoL1 est ingurgitée par le trypanosome parce que ce dernier reconnait une protéine particulière sur les particules d’HDL auxquelles l’apoL1 est associée : il s’agit d’une autre protéine spécifiquement humaine appelée « haptoglobin-related protein » ou Hpr. C’est donc le récepteur impliqué dans la reconnaissance de l’Hpr qui est maintenant identifié.