Thèse Lyon 2

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Aude-Lucie Vial
La guerre civile et la légitimité du pouvoir impérial romain
Ier – IIIe siècles
Vol. 1
Mémoire de Diplôme d'Études Approfondies (D.E.A.)
préparé sous la direction de M. le professeur Jean-Pierre MARTIN
Université Paris IV-Sorbonne
UFR d'Histoire
10 octobre 2005
1
Introduction
À lire les œuvres des historiens antiques, les guerres civiles jalonnaient l'histoire de la
Rome antique. Ces luttes fratricides marquèrent les contemporains, les Romains vivaient dans
la hantise de les voir ressurgir et élaborèrent ce qui devint un motif littéraire, celui de l'impiété
de la guerre civile1. Impie tant sur le plan les dommages subis par les dieux que sur celui de la
lutte entre concitoyens et parents elle donnait lieu à une manifestation de l'ira deorum. Ainsi
l'expliquait Appien d'Alexandrie, « comme on peut s'y attendre lorsque tant de milliers
d'hommes issus d'un même peuple marchent les uns contre les autres, bien des faits
extraordinaires survenaient.2 »
Appien toujours, son spécialiste, distingue une gradation entre les simples luttes entre
citoyens ou séditions, et les guerres (civiles) à proprement parler. Il en dégage les causes :
« Jusqu'alors, massacres et séditions n'affectaient que des groupes de citoyens ; mais, par la
suite, c'est avec de grandes armées, comme à la guerre, que les chefs de factions
s'affrontèrent3 ». La guerre civile était une prolongation de la sédition, elle supposait la
présence de deux armées et de personnages charismatiques ennemis. Elle se définissait tant
sur le plan quantitatif – un grand nombre de citoyens devait être engagé – que qualitatif – il ne
s'agissait plus de luttes entre chefs de bandes de citoyens, comme dans le cas des partisans de
Clodius et de Milon, mais d’une guerre entre des armées dirigées par de véritables généraux.
Les guerres serviles qui eurent lieu en Sicile en 135 et en 132 av. J.-C., en Campanie en 103
1
Nous avons traité (en partie) cet aspect dans notre mémoire de maîtrise. Vial (A.-L.), La place et le rôle de la
religion dans les crises de succession sous l'Empire Romain. Ier-IIIe siècles, vol. 1, Mémoire de maîtrise,
histoire, Paris, Université Paris IV-Sorbonne, p. 100-104. Ce topos est présent surtout dans les guerres civiles de
la fin de la république et de 68-69 ap. J.-C., mais de manière ponctuelle pour celles suivant la mort de Commode
et la crise du III e siècle. À ce propos nous pouvons remarquer que plus les auteurs sont proches
chronologiquement des événements, moins les présages sont mentionnés. Ainsi, Dion Cassius mentionne plus de
présages, manifestant l'ira deorum pour la période augustéenne que pour la période commodienne, empereur
dont il était le contemporain.
2
3
B.C., II, 77
B.C., I, 55, cité par P. Jal, La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, PUF, 1963 (Publications
de la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, série « Recherches », t. VI), p. 8.
2
av. J.-C. n’étaient pas considérées comme des guerres civiles, un des camps étant composé de
non citoyens ; il en va de même pour la guerre sociale, les rebelles de 91-98 av. J.-C. étaient
citoyens latins.
Paul Jal définit la guerre civile comme une lutte entre citoyens 4. Les guerres civiles de
la fin de la république eurent un caractère original, enrichi d'une problématique unique et
nouvelle : le choix du nouveau régime 5. « Bref, écrit-il, il était pratiquement impossible de
demeurer absolument neutre dans une lutte d’idées qui concernait de près ou de loin tout
citoyen romain. La guerre civile est une guerre révolutionnaire ; en tant que telle, c’est un
conflit moral et psychologique, tout autant que militaire et politique. 6 » Les guerres civiles de
68-69 s'inséraient en partie dans cette définition : Vindex souhaita rétablir la liberté du peuple
romain. Par le choix de Galba comme successeur, il définissait son action comme inséparable
du cadre institutionnel du principat. Les monnaies représentant la libertas ne sont pas à
analyser comme l’affirmation d’un désir de retour à la république mais comme un programme
sénatorial. Le débat était sur la nature du principat, non du régime. Mis à part une dernière
tentative d'affirmation sénatoriale avec l'élection de Pupien et Balbin, peut-être avec le choix
de Marcus7, le parti sénatorial n'eut rapidement plus son mot à dire… si l'on considère que le
respect du Sénat sous Octave-Auguste n'était pas une fiction. En effet, après sa marche sur
Rome, il se fit donner le consulat en milieu d'année, alors qu'un consul était déjà en place 8. Il
n'avait que dix-neuf ans. Le sacramentum était la base du recrutement des armées, mais
suffisait-il à rendre un pouvoir légitime ? Officiellement, le triumvirat dura jusqu’en 339 ; en
31, avant la bataille d’Actium, un serment fut prêté à Octavien 10. En réalité, la question du
4
Jal (P.), La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, P.U.F., 1963, coll. Publications de la faculté
des lettres et sciences humaines de Paris, série « Recherches », tome VI., p.14
5
Jal (P.), La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, P.U.F., 1963, coll. Publications de la faculté
des lettres et sciences humaines de Paris, série « Recherches », tome VI., p. 14.
6
Jal (P.), La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, P.U.F., 1963, coll. Publications de la faculté
des lettres et sciences humaines de Paris, série « Recherches », tome VI., p. 82.
7
Zon., XII, 18. En réalité ce Marcus pose problème : il n'est mentionné nulle part ailleurs.
8
Plut., Brut., 27, 1-3 (1-109) ; Liv., 119 (1-111) ; Aug., R.G., 1 (1-132).
9
Aug., R.G., 7.
10
Aug., R.G., 25 : « Iurauit in mea uerba tota Italia sponte sua et me be[lli], quo uici ad Actium, ducem
depoposcit. Iurauerunt in eadem uer[ba proui]nciae Galliae, Hispaniae, Africa, Sicilia, Sardinia. Qui sub
[signis meis tum] militauerint, fuerunt senatores plures quam DCC, in ii[s qui uel antea uel pos]tea consules
3
statut des militaires d'Octavien et de la régularité de leur engagement est loin d'être évidente.
De même, lors des guerres civiles, la question de la régularité des armées se pose. Auguste
écrivit qu' « à l'âge de dix-neuf ans, [il leva], par décision personnelle et à [s]es frais, une
armée qui [lui] a permis de rendre la liberté à la République opprimée par une faction. 11 »
Quel que soit le résultat obtenu par cette armée, elle ne pouvait en aucun cas être régulière,
cela à cause de la situation privée de son chef, due à son âge. Mais les militaires étaient pour
la plupart les vétérans de César, installés sur des lots de terres 12. Par conséquent, ils étaient
entraînés et surtout devaient un appui à Octavien.
La guerre civile peut être comprise au sens strict, telle qu'elle a été définie par Paul Jal,
ou bien au sens large, c'est-à-dire comme tout combat entre éléments d'un même peuple plus
ou moins organisé. Cette double définition pose problème. Ce qui pourrait être compris
comme une simple manifestation est défini par Hérodien comme une guerre civile
(™mfÚlioj13). Il n'est pas sûr que tous les usurpateurs aient eu sous leur commandement des
armées régulières, ou du moins constituées et professionnelles 14. Selon Paul Jal, les
conjurations étaient des « guerres civiles avortées15 ». Selon Plutarque, la guerre civile était un
mouvement révolutionnaire doté d’un chef crédible 16. L’étude de la conspiration et de sa
répression permet de comprendre et de mettre en évidence les réponses du pouvoir
impériales : elles étaient révélatrices de ses moyens d'action. Il avait un rôle dans le
déclenchement des guerres civiles qu'il convient de préciser : le mécontentement créait les
guerres civiles. Les auteurs chrétiens qualifiaient souvent les persécutions de guerres civiles,
facti sunt ad eum diem, quo scripta su[nt haec, LXXXIII, sacerdo]tes ci[rc]iter CLXX. »
11
Aug., R.G., 1 (1-132)
12
Octavien se rendit en Campanie, là où son père adoptif avait distribué des terres aux vétérans, afin de se faire
reconnaître de sa clientèle (D.C., XLV, 12, 1-13, 5 = 1-098 ; N.Dam., Aug., 131 = 1-099.
13
14
Hdn., I, 12, 5-I, 13, 1 = 6-001, au sujet des citoyens demandant qu’on leur livre Cléandre.
Nous n’avons aucun renseignements sur les carrières de Taurinus, Ovinius Camillus, Titus, Sabinianus,
Iotapianus, Pacatianus, Silbannacus, Sponsianus, Uranius Antoninus, Marcus, Cyriades, Mareades, Celsus,
Antoninus, Septimius (ou Septiminus), Urbanus et Proculus.
15
La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, PUF, 1963 (Publications de la faculté des lettres et
sciences humaines de Paris, série « Recherches », tome VI), p. 7
16
Galb., 29, 3 = 3-025.
4
sans doute pour accentuer l'horreur qu'était la lutte entre deux composantes d'un même
peuple17. Nous avons choisi de présenter dans notre corpus tous les textes ayant trait aux
guerres civiles au sens large, et d'en exclure les persécutions contre les Chrétiens : la guerre
civile à Rome ne se définissait pas sur des critères religieux mais politiques, même si la
religion était amenée à entrer dans la propagande. Étant donné la concision des sources pour
l’époque post-sévérienne, il est parfois difficile de définir avec exactitude la nature des
armées18. Nous avons choisi de tenir compte du fait que n'importe quelle usurpation ou
tentative armée était un indice de la perception de l'empereur par les différents corps
politiques, c'est-à-dire une manière de mesurer la santé du régime impérial. La définition du
peuple romain n'est pas non plus chose acquise : l'Empire romain comprenait des territoires
peuplés d'habitants qualifiés de barbares par les italiens. L'édit de Caracalla ne changea pas
cette mentalité : il s'agissait plus d'un problème de culture, de paideia, qu'un problème
juridique19. Ainsi, les guerres opposant les empereurs à l'Empire des Gaules ne sont jamais
qualifiées de guerres civiles, même si ces territoires appartenaient à l'empire romain. Il en va
de même pour le Royaume de Palmyre, mais le statut de la ville était différent 20. Nous avons
cependant choisi de mentionner ces deux exemples car ils offrent une solution aux empereurs
quant au problème des frontières,
illustrent les difficultés de Rome face aux poussées
barbares et leurs répercussions sur la solidité du régime.
Les bases du régime impérial, y compris celles concernant la légitimation de
l'empereur romain, furent posées par Jules César. Il reçut plusieurs prérogatives inédites, qui
ne furent pas moins importantes, en terme de résultat, que celles prises ensuite par Auguste.
Mais ce dernier, voulant faire oublier le mauvais souvenir des guerres civiles, fut obligé de
gérer son rapport avec son père adoptif. Dans un premier temps il revendiqua cette paternité,
par exemple sur les monnaies où il mettait sa filiation divine en avant. Il ne se fit pas décerner
17
G. Synkellos, Ecloga Chronographica, 690 utilise le terme de « pÒlemoj ™mfÚlioj » au sujet des
persécutions contre les chrétiens.
18
Tableau p. 73, chapitre 3
19
Voir l'insistance des auteurs sur le parler barbare de Maximin le Thrace, tout à fait assorti à son physique (il
mesurait plus de huit pieds selon Jordanes). H.A., Maxim., 2, 1-7 ; 4, 4 ; 5, 1-7; Jord., Goth., XIV, 82-XV, 88 =
11-013 à 11-016.
20
Les Gaules faisaient partie de l’Empire Romain. Palmyre avait un statut de royaume vassal de Rome ; cela
restait une guerre étrangère jusqu’à la conquête de l’Égypte.
5
les mêmes titres que lui. César pouvait constituer une sorte de contre exemple, sa mort
sanctionnait son échec : il était allé trop loin. On tenta de couronner sa statue (c'est-à-dire lui
par procuration) d'une « branche de laurier que nouait par devant une bandelette blanche »,
« allusion à la royauté » mais aussi à la divinité21. Cela, vraisemblablement avec son accord. Il
projetait de se faire nommer roi, ce qui hâta la préparation de la conspiration 22. Suétone lisait
l'histoire de la fin de la république comme une suite d'exemples et de contre-exemples. Selon
le récit du contemporain Titus Ampius, César aurait déclaré que « la république n' [était]
qu'un vain mot, sans consistance ni réalité. – Sylla se conduisit comme un écolier quand il
abdiqua la dictature.23 » Les leçons tirées de la crise de la république profitèrent à la définition
du régime impérial.
Procéder à une étude traitant de l'affirmation de la légitimité du pouvoir impérial en
temps de guerre civile en s'arrêtant à la mise en place du régime impérial avec Auguste
équivaut à négliger une part considérable, sinon essentielle de l'objet même de l'étude et de la
compréhension que nous pourrions en avoir. Il est vrai que la problématique de Paul Jal était
– et s'affirmait – différente : il s'agissait une « étude littéraire et morale ». Or l'aspect moral de
la guerre civile disparaît progressivement des sources 24. Paul Jal explique que son but n'était
pas de chercher les causes effectives des guerres civiles mais la manière dont les Romains les
expliquaient25. Une étude historique vise aussi à rechercher les causes réelles des guerres
21
Les bandelettes décoraient les victimes sacrificielles, elles marquaient ce qui était réservé aux dieux. Tacite
rapporte que lorsque Vespasien procéda à la consécration du nouveau temple du Capitole, le templum, c’est à
dire l’espace qui devenait sacer, propriété de la divinité, fut ceint de bandelettes et de couronnes (Tac., H., IV,
53).
22
Suet., Caes., 79, 1-80, 1.
23
Suet., Caes., 77, 1. Titus Ampius, apparemment, s'attachait à écrire la vie des grand hommes immortalisés par
leur courage. Il est mentionné par Caes., B.C., III, 105 et par une Cic., Epist., VI, 12. Il était donc, probablement,
bien informé. P. Jal, La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, P.U.F., 1963, coll. Publications
de la faculté des lettres et sciences humaines de Paris, série « Recherches », tome VI., p. 136-7 et note 1 p. 137 :
La guerre civile de Marius et de Sylla, l'abdication de Sylla, les guerres entre César, Pompée et ses fils puis la
mort de César sont qualifiées d' « essais manqués » de l'établissement du principat.
24
Cela est dû, en partie, à leur nature. Après la fin de l’Histoire romaine d’Hérodien et de Dion Cassius, nous
n’avons conservé que des abrégés.
25
La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, PUF, 1963 (Publications de la faculté des lettres et
sciences humaines de Paris, série « Recherches », tome VI), p. 360
6
civiles et à les comparer avec les causes littéraires ou historiographiques afin d’en tirer une
interprétation.
La guerre civile au cours de l'histoire romaine n'était pas un concept unitaire. Il en
existait plusieurs types. Les guerres civiles entre Antoine et Octave furent le résultat de
l'écroulement de la République : César était allé tellement en avant dans l'établissement d'une
monarchie, qu'il n'était plus possible de revenir en arrière. Un ordre nouveau était à fonder.
Jusqu'en 68-69 ap. J.-C., le souvenir de la libertas resta vivace, mais il ne semble pas que
Vindex et Galba aient souhaité un retour à la République 26. La nomination de Pupien et de
Balbin cent soixante dix ans plus tard doit était à voir comme une affirmation du Sénat face à
l'empereur qui négligea la confirmation de ses pouvoirs lui, comme la manifestation d'une
volonté de lutte efficace contre les dangers décuplés, et de peur 27. Depuis le règne de Marc
Aurèle, l'Empire était victime de poussées barbares sur les frontières. Les commandants des
troupes des frontières prirent davantage d'autonomie, certains en profitèrent pour s’emparer de
l'Empire. Pour les barbares, ce fut aussi un moyen direct de se ménager une entrée dans la
politique romaine. La guerre civile pouvait naître d'une crise de succession (que celle-ci soit
due à la mort d'un empereur sans héritier ou bien à l'assassinat d'un « mauvais » empereur) ou
d'une usurpation. L'instauration de la Tétrarchie visait à remédier à la première cause.
Dioclétien confia le soin de la partie Occidentale de l'Empire à Maximien et le nomma César,
dans doute en 285, peu après la victoire sur Carin. Carausius, un militaire préposé à la lutte
contre les pirates, usurpa l'empire, établit sa domination sur la Bretagne et sur les régions
côtières de la Gaule quand Maximin voulut le relever de ses fonctions. Dioclétien, ayant
conscience des dangers que pouvait entraîner une usurpation pour le pouvoir central, éleva
Maximin à l'augustat. En 293, les Augustes s'adjoindrent deux Césars : Galère et Constance.
Mais cette situation était artificielle. En effet, ils abdiquèrent pour laisser les Césars devenir
Augustes. Pour la première fois dans l'empire romain, un empereur abdiquait et survivait en
vivant en tant que priuatus.
26
La dernière tentative sérieuse de restauration de la République date de la mort de Caligula. Le Sénat se réunit à
l'instigation des consuls mais ils furent devancés par les prétoriens qui acclamèrent Claude empereur (D.C., LX,
1).
27
Maximin était sur le point d’envahir l’Italie, Pupien fut envoyé contre lui tandis que Balbin devait faire régner
l’ordre dans Rome.
7
La constitution d'un corpus de sources s'avérait nécessaire afin de mener à bien cette
étude ; elle est traitée dans l'introduction l'accompagnant. Nous choisi de traiter de toutes les
usurpations en tant que guerres civiles. Elles sont regroupées par périodes (entrecoupées de
périodes de paix plus ou moins longues) mais aussi par causes semblables (les invasions du
IIIe siècle peuvent être imputées aux invasions barbares). Nous avons choisi d'intégrer le
Royaume de Palmyre et l'Empire des Gaules aux chapitres du corpus traitant des guerres
civiles ; ils s’étendent sur plusieurs périodes étudiées. Cependant, une analyse séparée de ces
deux sécessions était possible. Cela nous conduit à mettre en évidence dix-neuf "guerres
civiles" de 44 av. J-C. à 284 ap. J.-C. :
1. Les guerres civiles de la fin de la République, César et Auguste (44-31 av. J.C.)
2. L'usurpation de Furius Camillus Scribonianus sous le règne de Claude (52 ap.
J.-C.)
3. La guerre civile de 68-69.
4. L'usurpation de Lucius Antonius Saturninus sous Domitien et l'échec de la
conjuration de sénateurs.
5. L'usurpation d'Avidius Cassius sous le règne de Marc Aurèle (mai 175).
6. La guerre civile sous le règne de Commode : Maternus et la révolte de Rome.
7. De la mort de Commode à la défaite de Clodius Albinus (31 décembre 192-1719 janvier 197).
8. De l'assassinat de Caracalla à l'avènement d'Élagabal (8 avril 217-15 ou 16 mai
218)
9. Les usurpateurs sous Élagabal (Verus, Gellius Maximus, Marcellus, Sallustius,
Uranius Antoninus, Seleucus et Taurinus).
10. Les usurpations sous le règne d'Alexandre Sévère (Ovinius Camillus, L. Seius
Sallustius, Quartinus). Il semble, comme nous le verrons plus loin, que
8
Taurinus et Uranius Antoninus aient plutôt usurpé le pouvoir sous le règne
d'Alexandre Sévère, voire même de Philippe pour Uranius Antoninus).
11. De l'usurpation de Maximin aux débuts du règne de Gordien III (18 mars 23525 février 244 ou mars 244).
12. L'usurpation de Sabinianus sous le règne de Gordien III (240).
13. De l'usurpation de Pacatianus à l'avenement de Trajan Dèce (1er avril 248-29
août 249)
14. Les usurpations sous le règne de Trajan Dèce (Iulius Valens Lucinianus et
Lucius Priscus vers 250).
15. Les usurpations du règne de Trébonien Galle à celui de Valérien (15 août 251260).
16. Les usurpations sous le règne de Gallien (22 octobre ou entre septembre et
octobre 253-22 mars 268)
17. Les usurpateurs sous Claude II et le règne de Quintille (septembre ou octobre
268- septembre 270).
18. Les usurpateurs sous Aurélien et la fin de l'Empire des Gaules (eptembre 270septembre-octobre 275).
19. Du règne de Probus à l'avènement de Dioclétien (276-20 novembre 284)28.
En réalité, au cours de ces périodes, plusieurs guerres civiles sont parfois à distinguer.
Tacite divisait la période allant de la mort de Néron à l’avènement de Vespasien en trois
guerres civiles et un nombre non précisé de séditions 29. Nous avons choisi de mettre en avant
le caractère unitaire de ces trois guerres civiles.
La guerre civile pose plusieurs problèmes quant au régime impérial. Les modalités de
la succession impériale n'ayant jamais été définis, le flou juridique s'exprimait dans la crise de
succession et dans la guerre civile. La guerre civile devenait un catalyseur des pratiques
28
Pour une chronologie plus détaillée, voir l’annexe 1 – chronologie.
29
Tac., H., I, 2, 1.
9
politiques romaines. Lorsqu'une nouvelle légitimité est à reconstruire, la propagande entrait
en jeu sous ses différentes formes. Transmise au plus grand nombre par le biais des monnaies,
des inscriptions, des annonces des messagers, elle mettait en jeu la religion, les fictions
dynastiques, la politique proprement dite, l'imaginaire politique. Et bien souvent, la guerre
civile ne marquait pas qu'une crise politique : elle était la conséquence ou la cause d'une crise
générale.
L'étude de la guerre civile et de ses rapports avec la légitimité (et la légitimation) du
pouvoir impérial romain depuis l'époque de Jules César jusqu'à l'avènement de Dioclétien et
l'établissement de la Tétrarchie présente plusieurs problématiques. Ces problématiques sont
évidemment à inscrire dans la durée (trois siècles) ; des évolutions sont à dégager. En premier
lieu, il convient de noter la chose la plus évidente. La guerre civile désigne le nouvel
empereur et élimine les autres sur le plan militaire. Mais la guerre, s'il est l'élément le plus
manifeste des périodes de crises et de guerres civiles, n'en est pas pour autant le seul. Quel
était le véritable artisan de la nomination d'un empereur, entre les différents corps d'armée, le
peuple (celui de Rome étant à considérer comme un élément à part), les chevaliers, les
Sénateurs, la cour ? Cela n’était pas le fait d’un seul groupe : le nouvel empereur devait
recueillir une certaine unanimité. Ces questions doivent être posées tant pour les périodes de
paix que pour les périodes de guerres civiles. Les historiens de l’Antiquité laissaient entendre
que les guerres civiles favorisent la montée en puissance d'un acteur politique unique :
l'armée. L'armée romaine était composée de corps bien différents et d’autres acteurs
apparaissent dans les sources. L’histoire de l’Empire romain n’est pas celle d’une décadence
vers un irrémédiable pouvoir militaire 30. Le futur princeps était d'abord acclamé imperator par
les armées puis ses pouvoirs étaient confirmés par le Sénat. La lex de imperio Vespasiani
témoigne du fait que le Sénat et les comices jouaient un rôle dans la confirmation des
pouvoirs. Elle se présente sous la forme d’une loi votée par les comices et d’un sénatusconsulte. Selon Ulpien, l'empereur recevait le pouvoir de cette loi 31. Mais aucune loi ou règle
ne fixait les critères de choix de l'empereur : la légitimité – la succession impériale n'a pas de
légalité – était quelque chose qui se gagnait. Le mauvais empereur, quels que soient les
30
Contrairement à ce qu’écrivaient Aurélius Victor (Caes., 24, 8-25, 2 = 11-007) et l’Histoire auguste (Alex.
Sev., 1, 6-7 = 4-003).
31
Inst., I, 5: « Constitutio principis est quod imperator decreto uel edicto uel epistula constituit; nec umquam
dubitatum est quin id legis uicem optineat, cum ipse imperator per legem imperium accipiat. »
10
critères de jugement, était chassé et tué : le princeps devait avant tout savoir répondre à des
attentes. La guerre civile est toujours présentée comme nécessaire ; ses motivations réelles
sont cachées. Octavien cacha son désir de pouvoir par la nécessité de la vengeance de César et
par le bien que tireraient les citoyens de la restauration de la république. Il est le sauveur, le
vengeur32, il est utile à tous. Néanmoins les causes réelles des guerres civiles transparaissent,
que ce soit dans la propagande impériale ou dans des écrits plus ou moins critiques vis-à-vis
du principat, il appartient à l'historien de les dégager.
Nous avons choisi la forme du plan chronologico-thématique afin de proposer ces
problématiques et y apporter des éléments de réponse : il permet de mettre en valeur les
éléments communs aux différentes guerres civiles mais aussi leurs différences. Le
déroulement de la guerre civile est étudié de manière chronologique. Ce type de plan permet
de mettre en évidence aspects communs à des guerres civiles d’époques différentes.
L’historien doit tenir compte du fait que des faits survenus à des époques différentes ne
peuvent pas être comparés, ou s’ils ne sont, ils doivent l’être en tenant compte de l’écart
temporel et du contexte, mais aussi de la diversité des sources (chapitre 1). La guerre civile se
préparait : une prise de pouvoir réussie sous-entendait une clientèle et des amis puissants, une
armée obéissante (chapitre 2). Les personnes qui tentaient de prendre le pouvoir ne
remportaient pas immédiatement le consensus universorum, leurs armées se rencontraient
avec celles de l’empereur régnant et le conflit se dénouait au cours d’une guerre civile
(chapitre 3). Lors de la guerre civile, l’empereur transmettait le programme politique qu’il
souhaitait mettre en œuvre lors de la conclusion de la crise de succession (chapitre 4).
32
Aug., R.G., 1 = 1-132 ; RIC 476 (Auguste) = 1-188 ; D.C., XLIV, 4, 1-7, 3 = 1-019 ; Zon., X, 491-492, 12 = 1-
046 ; RIC 75a (Auguste) = 1-141 ; RIC 75b (Auguste) = 1-142 ; RIC 76a (Auguste) = 1-143 ; RIC 76b
(Auguste) = 1-144 ; RIC 77a (Auguste) = 1-145 ; RIC 77b = 1-146 ; RIC 78 (Auguste) = 1-147 ; RIC 79a
(Auguste) = 1-148 ; RIC 79b (Auguste) = 1-149 ; RIC 31 (Auguste) = 1-158 ; RIC 32 (Auguste) = 1-159 ; RIC
40a = 1-167 ; RIC 40b = 1-168.
11
Première partie : Méthodologie de l’étude des
sources
12
I.
La diversité des sources
A. Les sources littéraires
Devant la liste des sources littéraires disponibles en vue d’une étude sur la guerre
civile et la légitimité du pouvoir impérial romain du I er au IIIe siècle, un mot s'impose : la
diversité. La numismatique et l'épigraphie apportent non seulement une aide mais parfois,
elles sont les seules sources offrant une documentation sur un personnage 33, elles permettent
de mettre en valeur des aspects insoupçonnés par l’étude de la seule littérature : les monnaies
étaient un vecteur direct de la propagande impériale et de manière générale, de l’idéologie du
régime.
1. La diversité des genres littéraires
L’histoire de Rome de la dictature de César à l’avènement de Dioclétien est l’objet de
textes appartenant à des genres littéraires variés. Chacun, de par ses caractéristiques et ses
exigences propres, présente l’histoire d’une manière différente. À ces différences s’ajoutent
celles crées par les personnalités différentes des auteurs et par leurs opinions sur l’histoire.
Ces opinions dépendaient aussi de la place des événements dans la vie de l’auteur, elles
étaient en partie déterminées par la contemporanéité. L’objet de cette partie n’est pas une
étude détaillée des sources mais une rapide présentation afin d’en souligner les différences et
les problématiques qui en découlent.
a. Les annales et les histoires
33
Par exemple, Tiberius Claudius Marinus Pacatianus n’est connu que par ses monnaies (RIC 1 et 3 = 13-010 et
13-011).
13
Chaque année depuis les origines de Rome, le grand pontife34 inscrivait sur un tableau
les noms des magistrats et les événements remarquables. Ces annales se voulaient
« objectives35 » et servaient la mémoire collective : elles étaient consultables par tous les
Romains36. Tacite37 au contraire, dans ses Annales, exprimait clairement son avis ; son œuvre
est très détaillée et précise. Dans les Histoires, composées avant, il se proposait d’étudier
l’histoire contemporaine mais en fut écarté par l’avènement d’Hadrien 38. Ammien Marcellin
écrivit à la fin du IVe siècle les Rerum Gestarum ab excessu diui Neruae libri XXXI dont le
début jusqu’à la dix-septième année de Constance est perdu. Il souhaitait que cette œuvre soit
une continuation de Tacite ; elle nous intéresse par les retours en arrière que faisait l’auteur.
Tite Live (64 ou 59 av. J.-C.-17 ap. J.-C.) rédigea une Histoire romaine partant de
l’arrivée d’Énée en Italie, allant jusqu’aux obsèques de Drusus, en 9 av. J.-C39. En rapportant
l’arrivée des ancêtres des Romains, il faisait preuve d’une vision plus traditionnelle de
l’annalistique que Tacite, qui réduisait l’histoire ancienne (mythique) à une phrase
symbolique40. Velleius Paterculus (c. 20/19 av. J.-C.-ap. 30 ap. J.-C.) servit dans l’état-major
de Tibère, en 12 il participa à son triomphe. Sa carrière fut accélérée grâce à la protection de
34
Selon Cic., De Or., 52. En réalité il semble que cet usage se mit en place plus tardivement, à la période
républicaine. Dès les guerres puniques, les historiens Romains Fabius Pictor (v. 254- ap. 216 av. J.-C.) et Cincius
Alimentus (fin du III e siècle av. J.-C.) utilisèrent le grec pour rédiger leurs Annales. L’historiographie romaine
trouvait ses origines dans les chants. La tradition des carmina conuiualia et des carmina triumphalia se
perpétuait dans le carmen de Livius Andronicus (240-207 av. J.-C.) célébrant la victoire du Métaure sur
Hannibal (207 av. J.-C.).
35
Entre guillemets parce que le choix d’un événement, le jugement quant à son importance renvoie à la
subjectivité de l’auteur.
36
Caton, Orig., 4, 1.
37
P. Cornelius Tacitus (av. 58-ap. 117) s’inscrit dans lignée des sénateurs historiens. Son oeuvre est très précise
du point de vue des faits, mais il montre quelques partis pris à l’égard du peuple : la foule est incapable de
mesure. Tacite fait dire à certaines personnes, lors de la mutinerie des armées de Germanie sous le commandent
de Drusus, que « nihil in uulgo modicum ; terrere, ni paueant ; ubi pertimuerint, inpune contemni ; dum
superstitio urgeat, adiciendos ex duce metus sublatis seditionis auctoribus » (An., I, 29, 3). Juvénal remarque
que les plus hauts ordres de la société étaient imputables des mêmes critiques que la foule (Sat., XI, 177-179).
38
Les Annales vont de l’avènement de Tibère à la fin du règne de Néron à la mort de Thrasea en 65. Elles sont
entrecoupées de deux lacunes : la fin du livre V et la plus grande partie du livre VI (de la fin de l’année 29 au
début de l’année 31) et des livres VIII à X (c’est à dire du règne de Caligula à une date indéterminée du règne de
Néron, 65 ou peut-être 68, probablement le 9 juin 68, date de la mort de Néron, ou les calendes de janvier 69,
date de l’avènement de Galba. Les Histoires commencent le 1er janvier 69 au discours de Civilis (V, 26, 2).
39
Parce qu’il mourut en 17, alors qu’il était en train de rédiger.
14
cet empereur et des Vinicii (son Histoire romaine est dédiée au consul M. Vinicius, elle est en
réalité la partie courte d’un opus iustum). Elle est organisée en deux livres : l’époque d’avant
146 – date de la destruction de Carthage – et l’histoire archaïque, de 146 à l’époque de Tibère.
Appien d’Alexandrie (IIe siècle) écrivit une Histoire romaine (`Rwmaik£) vers 160,
commençant des origines jusqu’au règne de Trajan. Les livres XIII à XVII traitant de la
guerre civile de la fin de la République n’ont pas été rédigées selon son plan « ethnique41 »,
mais selon un plan chronologique. Le reste est malheureusement perdu.
Dion Cassius écrivit une `Rwmaik¾ ƒstor…a ou `Rwmaik£ dont il ne nous reste que,
nous concernant, les livres XLI à LIV, allant de la guerre entre César et Pompée, d’importants
fragments des livres LV à LX allant de 9 av. J.-C. à 46 ap. J.-C. et une partie des livres
LXXIX et LXXX pour la période allant de la mort de Caracalla au milieu du règne
d’Élagabal. Le reste fut perdu lors de la réforme byzantine de l’écriture. Il nous est transmis
par l’intermédiaire des Fragmenta parisiana, des morceaux de parchemin provenant d’un
manuscrit du XIVe siècle ayant servi à réparer un manuscrit de Strabon, des Excepta
constantiniana, c'est-à-dire des extraits rassemblés sur l’ordre de Constantin Porphyrogénète
(905-959), des Excepta Valesiana, issus d’un recueil de quatorze auteurs, des Excepta
Maiana, conservés dans un manuscrit du X-XIe siècle, des Excepta Ursiniana dont la date est
inconnue. De plus, son œuvre fut utilisée par Jean Xiphilin et Jean Zonaras. Le premier
abrégea les livres XXXVI à LXXX, il ne nous reste que les livres LXI à LXXX. Le deuxième
intégra l’œuvre de Dion Cassius à une histoire du monde allant des origines à 1118, date de la
mort d’Alexis Comnène. Xiphilin et Zonaras procédèrent à des retouches, des suppressions,
des ajouts de commentaires. Les textes contenus dans les divers excepta étaient aussi
remaniés, simplifiés42.
40
Tac., An., I, 1: « Urbem Romam a principio reges habuere ; libertatem et consulatum L. Brutus instituit.
dictaturae ad tempus sumebantur ; neque decemuiralis potestas ultra biennium, neque tribunorum militum
consulare ius diu ualuit. non Cinnae, non Sullae longa dominatio ; et Pompei Crassique potentia cito in
Caesarem, Lepidi atque Antonii arma in Augustum cessere, qui cuncta discordiis ciuilibus fessa nomine
principis sub imperium accepit. »
41
Appien envisageait les différents peuples, par rapport à la conquête romaine. Ainsi, le livre VI porte le titre
d’Ibérie, le livre VII Hannibal, le livre VIII Carthage, le livre IX l’Illyrie, le livre XI la Syrie, le livre XII
Mithridate.
15
L`Istor…a Nša de Zosime est bien différente. Rédigée entre 425 et 518, elle prenait
pour modèle Polybe43, en inversant son but qui était de montrer comment Rome était devenue
si puissante grâce à ses institutions. Il s’agissait de « condamner le régime qui répercute
tragiquement le choix de quelques individus 44 » : tous les malheurs de l’Empire avaient pour
cause le christianisme.
Hérodien acheva son Histoire depuis la mort de Marc Aurèle (TÁj met¦ M£rkon
basile…aj ƒstor…ai) vers 250. Né vers 177, il assista aux combats de Commode dans le
cirque. Il assuma des fonctions impériales et publiques 45, il était peut-être d’origine orientale.
Son œuvre commence par la mort de Marc Aurèle et se termine par l’avènement de Gordien
III. P. Herennius Dexippus, né à Athènes continua son œuvre dans ses Chroniques. Il était un
témoin direct des événements rapportés dans les Scythica, une histoire des invasions
Gothiques depuis 238 : sous son commandement, les Athéniens chassèrent les Goths
d’Achaïe en 267. Il écrivit aussi des Res gestae. Il ne reste plus que quelques fragments de
son œuvre, qui servit à la rédaction de l’Histoire auguste et de l’Histoire nouvelle de Zosime.
b. Abrégés et épitomés46
Florus naquit vers 78, il utilisa l’Ab Vrbe condita comme source principale pour son
Abrégé de l’histoire des guerres du peuple romain. En réalité, son œuvre apporte peu
d’informations sur les guerres civiles.
Quatre œuvres ont été attribuées à Sextus Aurelius Victor (av. 330-ap. 390) : les
Historiae abbreuiatae ab Augusto Octauiano id est a fine Titii Livii usque ad consulatum
42
Par exemple, M.-P. Arnaud-Lindet, Histoire et politique à Rome. Les historiens romains du IIIe siècle av. J.-
C.-Ve siècle ap. J.-C., Paris, Bréal, p. 290-291.
43
« Polub…ou g¦p Ópwj ™kt»santo `Rwma‹oi t¾n ¢rc¾n ™n ÑligJ crÒnJ diexelqÒntoj, Ópwj ™n oÙ pollù
crÒnJ sfÍsin ¢tasqal…Vsin aÙt¾n dišfqeiran œrcomai lšxwn », Zos., I, 57.
44
F. Paschoud, « La digression antimonarchique du préambule de l’Histoire nouvelle », Cinq études sur Zosime,
Paris, Les Belles Lettres, 1973, p. 23.
45
Hdn., I, 2, 5.
46
On appelle abrégé le résumé d’un ouvrage, épitomé un récit court élaboré à partir de plusieurs ouvrages. Tous
deux ont pour but la simplification, accessoirement l’apprentissage.
16
decimum Constantii Augusti et Iuliani Caesaris tertium, la première partie de l’Origo gentis
romanae, le Liber de uiris illustribus orbis Romae, et le Libellus de uita et moribus
imperatorum ou Epitome de Caesaribus. Les trois premiers furent rassemblés par un
compilateur. En réalité seule l’Histoire abrégée peut lui être attribuée. Cet Africain termina sa
carrière comme préfet de la Ville en 389. L’Abrégé des Césars pourrait être attribué à un
sénateur cultivé47. Eutrope (ap. 320-ap. 390) comme Festus, avait été magister memoriae de
Valens ; sur sa demande il écrivit le Breviarium48. Festus bâti son plan en fonction de ce dont
avait besoin l’empereur : son frère l’avait chargé de gouverner l’Orient, il s’attache à
expliquer la formation des provinces, les rapports de Rome avec les Orientaux.
c. La biographie
Nicolas de Damas (v. 64 av. J.-C.-10 ap. J.-C.) fut précepteur des enfants d’Antoine et
de Cléopâtre, après sa mort il devint conseiller d’Hérode et de son fils, accomplit plusieurs
missions diplomatiques auprès d’Auguste. Il ne nous reste que des fragments de sa Vie
d’Auguste49.
La Vie d’Apollonius de Tyane est une œuvre à part, consistant en la vie d’un « saint »
homme, mais païen. Son auteur, Philostrate, avait écrit à la demande de Julia Domna, aux
environs de 220. Il utilisa les Mémoires composées par son disciple Damis.
Plutarque (av. 50-ap. 120), un grec de Chéronée, rédigea les Vies parallèles dont cinq,
celles d’Antoine, de César, de Brutus, de Galba et d’Othon nous intéressent directement pour
l’étude des guerres civiles. Il cherchait non pas à faire un récit exhaustif, mais à rapporter les
actes qui permettaient de saisir l’essentiel de la personnalité de son héros.
47
M.-P. Arnaud-Lindet, Histoire et politique à Rome. Les historiens romains du III e siècle av. J.-C.-Ve siècle ap.
J.-C., Paris, Bréal, p. 324.
48
Il va depuis les origines de Rome jusqu’à la mort de Jovien (364). Il avait pour but d’instruire l’empereur, de
faible culture.
49
Cette biographie est la plus contemporaine des faits et peut-être la mieux documentée, mais l’auteur se montre
favorable à Octave-Auguste. Il écrivit aussi une histoire universelle en 114 livres, perdue.
17
C. Suetonius Tranquillus (v. 77-entre 140 et 160), un chevalier, composa un recueil de
biographies, les Vies des douze Césars, formant une histoire continue depuis les guerres
conduites par César – le début de sa Vie manque – jusqu’à l’assassinat de Domitien. Il ne les
composait pas en suivant un ordre chronologique, à la différence de Plutarque, mais selon un
plan thématique. Il ne portait généralement pas de jugements sur les empereurs, rapportait
plusieurs interprétations quand cela était possible afin de laisser le choix au lecteur.
d. L’historiographie chrétienne et byzantine
Orose était un prêtre de Galice, il arriva en Afrique avant 414 après avoir fui les
barbares. Il connaissait Saint Augustin, ce dernier lui demanda des conseils, se rendant
compte de ses oublis après la publication des trois premiers livres de la Cité de Dieu : les
Païens préparaient leur réponse50. Cette demande fut le point de départ d’une réflexion visant
à démontrer que, plus l’Église enregistrait des progrès, plus les calamités diminuaient.
Lactance, auteur du De mortibus persecutorum, cherchait quant à lui à démontrer que les
mauvais empereurs avaient été victimes du châtiment divin. S’il parle de la période étudiée, il
ne donne aucune information relative aux guerres civiles.
L’historiographie byzantine est très utile pour la connaissance de la période étudiée,
surtout depuis la fin de l’Histoire romaine de Dion Cassius car aucun historien – du moins
dont les œuvres ont été conservées – ne continua son œuvre. Dion Cassius fut abrégé et
continué par J. Xiphilin et J. Zonaras (fin XI e-milieu XIIe siècle). Le premier était le neveu du
patriarche homonyme de Constantinople ; il abrégea les livres XXXVI à LXXX de l’Histoire
romaine en y rajoutant des commentaires personnels, seuls ses livres LXI à LXXX nous sont
parvenus. Il vécut à Constantinople dans la dernière partie du XIe siècle et devint moine après
avoir mené une carrière administrative. J. Zonaras écrivit un 'Epitom¾ ƒstoriîn depuis la
création du monde jusqu’en 1118, date de la mort d’Alexis Comnène. Pour la partie allant
jusqu’au règne de Nerva, il fit des emprunts à divers auteurs 51 puis n’utilisa plus que le texte
de Xiphilin. Son œuvre connut un grand succès : quarante-quatre manuscrits ont été
conservés. Il avait été commandant de la garde personnelle d’Alexis Comnène puis premier
50
Oros., Hist., Prol., 9-10.
51
À Flavius Josèphe, Plutarque, Appien, Eusèbe et peut-être l’abrégé de Xiphilin.
18
secrétaire de la chancellerie impériale avant de devenir moine. Leurs œuvres se distinguent de
l’apologétique chrétienne en se donnant un but uniquement historique, non polémique.
Quelques éléments traitant de la guerre civile et du pouvoir impérial sont présents dans
les chroniques52 tardives. Q. Iulius Hilarianus, un évêque d’Afrique proconsulaire écrivit en
397 le De cursu temporum siue de Mundi duratione, un raisonnement à partir des dates clés
de l’histoire visant à déterminer la fin du monde. Cette histoire est intéressante dans le sens où
elle est un recueil des événements tenus pour significatifs par un chrétien du Bas-Empire.
Sulpice Sévère (v. 363-ap. 422), d’abord avocat puis moine, écrivit une biographie de son
contemporain Saint Martin de Tours et une Chronique universelle de la création du monde
jusqu’à la mort de l’hérétique Priscillien (385). Prosper d’Aquitaine (Tiro Prosper, c. 390-ap.
455) fut d’abord laïc puis moine. Son Epitoma chronicorum consiste pour la première partie,
jusqu’à 412, en un abrégé de Saint Jérôme et des autres chronique, pour la deuxième partie en
une œuvre unique. J. Malalas (c. 491-578) est peut-être à identifier avec Jean III le
Scholastique, patriarche de Constantinople de 565 à 577. Sa Chronographie, une histoire du
monde depuis les origines jusqu’à son époque, nous a permis de conserver une partie de
l’histoire de Magnus de Sardes (IV e siècle). Georges le Syncelle rédigea vers 800 un Choix de
chronographie des origines à 284, continué par Théophane le Confesseur. Kedrenos écrivit
une Synopsis d’histoire vers 1100, la Chronique d’Édesse et la Chronique d’Arbèles, écrites
en syriaque et toutes deux anonymes, sont aussi porteuses de renseignements sur la période
étudiée.
e. L’ histoire engagée
C. Iulius Caesar (101 ou 100-15 mars 44 53) rédigea la Guerre civile (Bellum ciuile) en
47 av. J.-C., après la mort de Pompée. César raconte comment le Sénat, voulant lui retirer son
commandement en Transalpine, il franchit le Rubicon et combattit. L’ouvrage se termine au
milieu de la guerre d’Alexandrie. Il fut continué par un anonyme (Bellum Alexandrinum puis
Bellum Africanum, Bellum Hispaniense). Il avait pour but d’excuser César : il se présente en
52
La chronique était un récit impersonnel des faits selon leur succession chronologique, au contraire des annales,
le plan de l’œuvre n’était pas déterminé par les années.
53
Pour ce qui est de sa biographie, voir le chapitre 1 du corpus.
19
victime et tous ces actes sont expliqués par cette constatation. Il condamne les pratiques qu’il
éprouva lui-même : la muselage du Sénat par la crainte des armées54. Il convient de faire
preuve de discernement et de ne pas négliger la valeur historique unique de ce témoignage :
César était un témoin direct.
f. Les laterculi
Un laterculus est tout simplement une liste. Polemius Silvius (V e siècle, vers 448
probablement55) rédigea une « liste des empereurs Romains » dédiée à Eucherius, évèque de
Lyon (434-450). Le Laterculus malalianus est l’œuvre d’un anonyme et consiste en liste des
dates, durée de règnes et quelques événements marquants des règnes des empereurs, tirée de
l’œuvre de J. Malalas. La Chronica Vrbis Romae a toutes les caractéristiques d’un laterculus,
elle doit être un résumé d’une chronique plus vaste qui n’a pas été transmise, comme la
Chronica gallica.
g. Les sources non historiques
Les faits historiques ne sont pas mentionnés uniquement chez les historiens. Nous
trouvons des références à l’histoire de Rome dans l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien (C.
Plinius Secundus, c. 23-79), composée de trente-sept livres et contenant l’histoire des
animaux, des plantes et des minéraux, du ciel et la terre, de la médecine, du commerce, de la
navigation, des arts libéraux et mécaniques, des origines des coutumes, de tous les arts
humains. Pline interrompit sa carrière sous le règne de Néron afin de se consacrer à l’écriture
54
B.C., I, 2, 1, il décrit l’attitude de Scipion, dont le discours semblait sortir de la bouche de Pompée, alors
proconsul d’Espagne (« ex ipsius ore Pompei mitti uidebatur »). Ibid., I, 2, 6-7, il décrit les pressions dont le
Sénat était l’objet (« Sic uocibus consulis, terrore praesentis exercitus, minis amicorum Pompei plerique
conpulsi, inuiti et coacti Scipionis sententiam sequuntur : uti ante certam diem Caesar exercitum dimittat ; si
non faciat, eum aduersus rem publicam facturum uideri »). Les motions portées sont pleines de violence
(« graues… acerbissime crudelissimeque »).
55
Smith (C. C.), « Book review: 'Laterculus Malalianus' and the School of Archbishop Theodore », Journal of
Early Christian Studies, 5, 2, 1997, p. 294-296
20
puis fut rappelé par Vespasien, il mourut à Misène lors de l’éruption du Vésuve, voulant
étudier le phénomène de plus près et secourir quelques-uns de ses amis. Il adopta son neveu
Pline le Jeune (C. Caecilius Secondus, 62-113) qui suivit, entre autres, les leçons de
Quintilien et de Musonius. Il fut consul en 100, et pour remercier l’empereur composa un
panégyrique, puis il fut gouverneur de Bithynie en 111 et mourut peu après. Il publia dix
livres de lettres datées de 97 à 108, le dixième livre étant composé des lettres qu’il écrivit
dans son gouvernement.
h. Les sources perdues
Une analyse des sources perdues n’est pas l’objet de notre étude : elle vise à rapporter
et analyser le plus de faits possibles quant au problème de la légitimation du pouvoir impérial
et des guerres civiles56. Néanmoins, nous remarquons qu’un nombre important de sources
cruciales n’ont pas été transmise jusqu’à nous. Ce problème ne concerne pas que les sources
historiques : chaque année, des inscriptions sont retrouvées et publiées. Certaines restent
inédites. La recherche historique se heurte aussi à de pseudos-historiens : les œuvres d’art
volées alimentent des collections privées qu’il nous est impossible d’étudier. Lors du
cambriolage du cabinet des médailles en 1831 disparurent un grand nombre de monnaies
frappées par les empereurs gaulois.
B. Les
sources
épigraphiques,
numismatiques
et
papyrologiques
Les sources épigraphiques et papyrologiques ont une place moindre dans le corpus. Au
contraire, les monnaies sont très présentes car elles offrent une documentation sur l’idéologie
et la propagande impériale. Même si elles ont une importance moindre dans le corpus, ces
56
Pour une connaissance des sources perdues, consulter par exemple H. Bardon, La littérature latine inconnue, 2
vol., Paris, Klinksieck, 1952-1956, 382-338 p.
21
sources permettent de mettre en place la base du travail de l’historien : la chronologie, par les
consuls en charge, les magistrats, les années de règne de l’empereur 57. Il serait aussi très utile
de procéder à une étude des sources iconographiques outre la monnaie, la peinture et surtout
la sculpture.
57
D. Kienast, Römische Kaisertabelle, Grundzüge einer römischen Kaiserchronologie, Darmstadt,
Wissenschaftlische Buchgesellschaft, 1996, introduction, p. I-XXVI explique de quelle manière il établit cette
chronologie.
22
II. Analyse des sources
A. Nécessité de l’examen critique des sources
Toutes les sources nécessitent un examen critique. Les types de critiques varient selon
la nature des sources, certaines critiques sont universelles. La narration d’un événement
comporte des choix, en partie volontaires, en partie involontaires : l’auteur, surtout s’il n’avait
pas vécu les événements qu’il rapportait, opérait un choix parmi les éléments arrivant à sa
connaissance. Par conséquent, ce choix dépendait de ses prédécesseurs et du matériel que
l’historien avait à sa disposition. Afin de reconstituer le déroulement des événements il
convient de procéder à des recoupements entre les sources. Cela permet de compléter le récit
d’un auteur, dans le cas d’un texte présentant des oublis, de comparer les textes des historiens
de l’Antiquité afin de comprendre quelles étaient les idées de personnalités différentes ayant
vécu à des époques différentes, sur un certain sujet. Il est possible de procéder à un
recoupement entre plusieurs sources, qu’elles soient de première main ou non, afin de préciser
un événement important, d’écrire une histoire continue, ou de présenter plusieurs hypothèses.
L’historien moderne doit prendre tous ces éléments en considération lorsqu’il décide de
procéder à un examen critique des sources. Zonaras qualifiait de Maximin de mauvais
empereur parce que la tradition était unanime à ce sujet. Parfois, les idées d’un historien
pouvaient s’expliquer par les sources dont ils s’est servi. Cela ne veut pas dire que les
Anciens étaient incapables de discernement : pour les périodes antérieures, pour les
événements dont ils étaient éloignés géographiquement, ils étaient obligés de travailler à partir
de ce qu’ils lisaient. La constitution d’un corpus de sources, rassemblant toutes les sources à
notre disposition concernant un même thème, nous a facilité la tâche.
23
B. Contre l’hyper criticisme
Un autre problème est celui de l’Histoire Auguste. Elle est une œuvre unique, celle
d’un faussaire de génie qui voulait faire croire qu’il cherchait à se faire passer pour six auteurs
différents. En réalité, il procédait à une sorte de jeu littéraire, compréhensible pour les
personnages de son temps (aux environs de 400, probablement dans la dernière décennie du
IVe siècle58). Les noms des personnages inventés rappellent des personnages de son temps,
que l’on a pu retrouver grâce à la prosopographie 59. Quant au problème de l’éventuel début
perdu de l’Histoire Auguste, André Chastagnol nous conseillait de « prendre l’ouvrage tel
qu’il est sans se poser de questions insolubles et, en conséquence, inutiles. » En effet, nous
n’avons aucun moyen de contrôler les assertions de l’auteur : dans la Vie d’Aelius il affirme
58
Cette hypothèse soutenue par A. Chastagnol, Histoire Auguste. Les empereurs romains des IIe et IIIe siècles,
Paris, Robert Laffont, 1994, introduction, p. XXXIV est soutenue par la majorité des historiens contemporains.
J.-P. Callu, dans son introduction aux Vies d’Hadrien, d’Aelius et d’Antonin annonce qu’il a élaboré « un
schéma dont les vues personnelles s’écartent donc parfois de l’opinio communis » (Histoire auguste, t. 1, 1, éd.
et trad. par J.-P. Callu, A. Gaden et O. Desbordes, Paris, Les Belles Lettes, 1992, p. XIV note 2). En effet, il
distingue quatre étapes dans la rédaction de l’Histoire Auguste. La première étape fut terminée après 390,
d’après J.-P. Callu de par ses ressemblances avec Ausone qui vivait encore en 393 (ibid., p. XV-VI). La
deuxième étape fut rédigée en 395/397 (ibid., p. XXII sqq.). L’auteur explique cette datation par des faits ayant
trait à l’Histoire auguste elle-même. L’auteur aurait recherché dans la gestion de l’empire depuis la « dyarchie
de Marc Aurèle et de Vérus » les éléments annonciateurs de la constitution bicéphale donnée à l’Empire en 395,
en réponse aux usurpations. La troisième étape a comme terminus ante quem 305, J.-P Callu le justifie par une
citation de l’auteur situant un événement « in his locis…in quibus thermae Diocletianae sunt exaedificatae, tam
aeterni nominis quam sacrati » (Tyr. Trig., 21, 6 cité par J.-P. Callu, ibid., p. LVI). La quatrième étape fut le
moment de l’editio définitive (J.-P. Callu, ibid., p. LIX) qui eut lieu peut-être vers 396 (J.-P. Callu rappelle qu’A.
Chastagnol, « Le poète Claudien et l’Histoire auguste », Historia, 19, 1970, p. 444-463 avait déjà remarqué, à
que l’auteur donnait pour père à l’empereur Maxime – H.A., Prob., 3, 2 – un nom porté par Petronius Maximus,
né en 396. Au contraire, la majorité des historiens rejette l’hypothèse d’une rédaction en plusieurs étapes.
59
Pflaum (H. G.), « Les personnages nommément cités par la Vita Didi Iuliani de l'H.A. », BHAC, 1971, 1974, p.
139-156 ; id., « Les personnages nommément cités par la Vita Pertinacis de l'H.A. », BHAC, 1971, 1974, p. 113137 ; id., « Les personnages nommément cités par la Vita Veri de l'H. A. » BHAC, 1972-1974, 1976, p. 173-187,
id., « Les personnages nommément cités par les Vitae Aelii et Avidii Cassii de l'H.A., BHAC, 1972-1974, 1976,
p. 189-199 par exemple.
24
avoir rédigé les biographies des empereurs de César à Hadrien 60 dans la tradition
suétonienne61. Néanmoins elle s’appuie sur des sources dignes de foi. Flavius Vopiscus aurait
eu une conversation avec le préfet de la Ville Junius Tiberianus. Ce dernier déplorait le
manque d’intérêt que suscitait Aurélien chez les historiens et lui dit, après lui avoir demandé
d’écrire sa vie : « Scribe, …ut libet. Securus, quod uelis, dices, habiturus mendaciorum
comites, quos historicae eloquentiae miramur auctores 62. » D’un autre côté, l’Histoire
auguste fournit des « preuves » de l’existence des empereurs fictifs, qu’il appartient à
l’historien de démasquer63. Des historiens furent victimes de ses inventions jusqu’à l’époque
moderne : des fausses pièces furent fabriquées. G.F. Hill consacra un livre à « Becker the
Counterfeiter64 » afin que les collectionneurs ne tombent pas dans le piège. H. Cohen mettait
en garde les numismates des fausses monnaies et des faussaires 65. L’Histoire auguste cite
nombre de mosaïques, peintures et monuments n’ayant jamais existé 66. Mais leur existence
n’est pas toujours vérifiable.
C. Mises en gardes méthodologiques
60
Ael., 1, 1 et 7, 5.
61
H.A., Tyr., 1, 1-2.
62
H.A., Aur., 2, 2.
63
Trebellianus (Tyr., 26, 2), Victoria (Tyr., 31, 3) et Firmus (Tyr., 2, 1) auraient fait frapper des monnaies à leur
effigie.
64
G.F. Hill, Becker the Counterfeiter, II, Londres, 1925, p. 18. Ce faussaire a imité de nombreux aurei des
empereurs gaulois (n° 223-250), tous étaient des reproductions de monnaies authentiques, des associations
originales des coins de droit et de revers ont été mélangées.
65
H. Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l’empire romain, t. VI, Paris, Rollin et
Fenardent, 1888-1892 (2e éd.) p. 8 remarque ironiquement, à propos des monnaies de Pison, que « sauf
Mezzarba et Bauduri, d’après lui, nul autre n’a cité des médailles de Pison que Tanini qui en décrit trois du
cabinet Munter. Ce Munter a dû être un homme bien heureux pour posséder à lui seul des médailles de tant de
princes qui ne se rencontrent nulle part, même dans les plus riches musées. »
66
Pour une analyse et un répertoire complet des sources archéologiques en question, voir R. Syme, « Fiction and
Archaeology in the Fourth Century », Tardoantico e alto medioevo : la forma artistica nel paesaggio
dall’Antichità al Medioevo, Accademia Nazionale dei Lincei, 105, 1968, p. 27-30 ; R. Turcan, « Les monuments
figurés dans l’H.A. », BHAC, I, 1990, 1991, p. 287-309.
25
Paradoxalement, pourrions nous dire, les sources les plus importantes qualitativement
et quantitativement ne dépassent pas les débuts du règne d’Alexandre Sévère. L’œuvre
d’Hérodien et beaucoup moins détaillée que celle de Dion Cassius et l’Histoire auguste se
montre souvent fantaisiste. Reconstruire un événement n’en est que plus difficile.
Les textes réellement explicatifs et précis concernant la légitimité impériale dans la
guerre civile sont fragmentaires et épars dans le corpus des textes grecs et latins. L’historien
moderne ne doit pas tomber dans le piège de la comparaison entre les différentes époques : la
période étudiée couvre plus de trois siècles et il est impossible d’expliquer, à titre d’exemple,
l’avènement de Dioclétien par des concepts datant de l’époque d’Auguste. Le régime ne
changea pas de nom, officiellement il resta une res publica67 mais les historiens le
définissaient par des mots différents : principat, dominat. Il appartient au rôle de l’historien de
lier ces textes afin de dégager une évolution de l’Empire romain, non de les mettre côte à côte
en oubliant le nombre d’années les séparant. Les Romains en effet ne rédigèrent jamais un
livre de droit dans le sens où nous l’entendons ; cela ne répondait pas à leurs besoins et les
empereurs et les empereurs ne souhaitaient pas révéler les « arcanes de leur pouvoir ». Le
corpus de sources met des textes d’époques très éloignées écrits par des personnalités
totalement différentes en contact, il est néanmoins utile car les historiens les plus tardifs se
faisaient l’écho des sources disponibles à leur époque. X. Loriot remarquait, quant à l’étude
du IIIe siècle, qu’ « il est presque superflu de rappeler que, dans l’état pitoyable de notre
documentation, notre connaissance de la période envisagée repose pour une part plus large
encore qu’à l’ordinaire sur les données fournies par les disciplines auxiliaires : constitutions
impériales conservées au « Code Justinien », papyri et ostraca retrouvés en Égypte ou en
Mésopotamie, monnaies, et surtout inscriptions, au nombre d’environ un millier… 68»
67
La république ne fut jamais abolie officiellement.
68
« Les premières années de la grande crise du III e siècle : De l’avènement de Maximin le Thrace (235) à la mort
de Gordien III (244), ANRW II, 2, Berlin-New York, W. de Gruyter, 1975, p. 663.
26
III. Élaboration du corpus de sources
La constitution d'un corpus de sources s'avérait nécessaire pour mener à bien cette
étude. Une masse de documents est mise à notre disposition. Évidemment, pour traiter un tel
sujet, les sources ne sont jamais suffisantes. Des questions restent en suspens. Quoiqu'il en
soit, une mise en ordre de la documentation littéraire, numismatique et épigraphique paraissait
nécessaire. La documentation papyrologique a été prise en compte dans l'établissement d'une
chronologie69, elle ne fournit pas de renseignements directs sur les guerres civiles. Le but de
l'historien est de reconstituer le déroulement exact des événements. Toutes les sources sont
une aide précieuse mais aussi une source de complications : les auteurs antiques empruntaient
les uns aux autres, sans citer leurs sources, parfois sans vérifier leur véracité, au nom d'une
conception différente de l'histoire70. Ils nous a fallu choisir, organiser et traiter ces centaines
de textes différents.
Nous avons dégagé dix-neuf périodes dans les guerres civiles 71 et nous avons jugé utile de
citer les textes traitant de la préparation de la guerre civile ainsi que de sa conclusion. La
guerre civile ne comporte pas uniquement l’aspect militaire. Le corpus est organisé selon ces
dix-neuf périodes : chaque période forme un chapitre. À l’intérieur de chaque chapitre, les
textes sont classés par thèmes, à l’intérieur de chaque thème de manière chronologiques.
Monnaies et inscriptions sont séparées des textes. Il aurait été tout aussi concevable d’intégrer
les inscriptions et les monnaies aux textes afin de montrer ce qu’elles illustraient ou ce
qu’elles ne mentionnaient pas. Nous avons toutefois essayé de rapprocher les différentes
sources les unes des autres.
Les sources sont analysées rapidement par le biais d’un tableau mentionnant :
69
Notamment par le biais de deux ouvrages :
70
Les articles abondent sur le sujet. Consulter, à titre d'exemple, Arrighetti (G.), "Riflessione sulla letteratura e
biogafia presso i Greci", La philologie grecque à l'époque hellénistique et romaine. Sept exposés suivis de
discussions. 16-21 août 1993, Vandoeuvres-Genève, p. 211-262, coll. Entretiens sur l'Antiquité Classique, t. XI
71
Introduction, p. 11.
27
-
le numéro fait référence au numéro donné à la source en question au sein du chapitre
et du corpus. Il est formé du numéro de chapitre séparé par un tiret du numéro au
sein du même chapitre.
-
l’auteur
-
la référence c'est-à-dire le corpus et le numéro de la source dans le cas d’une
inscription ou d’une monnaie, le titre de l’œuvre et sa numérotation en chapitres,
paragraphes dans le cas d’un texte littéraire.
-
l’objet, la personne à laquelle il est fait allusion, ce qui n’est pas toujours évident
dans le cas d’une monnaie en mauvais état ou d’une inscription martelée, par
exemple
-
la date à laquelle la monnaie a été frappée, à laquelle l’inscription a été gravée, à
laquelle le texte fait référence.
-
les éléments de datation, les éléments internes ou externes permettant de dater la
source étudiée
-
le lieu où se passe l’action, où la monnaie a été frappée et l’inscription rédigée
-
le support, c'est-à-dire de quel type de texte, de quel type de monnaie il s’agit, de la
taille de l’inscription accompagnée d’éventuels commentaires sur la forme.
28
Deuxième partie : Les causes de la guerre
civile
29
Les guerres civiles sous l’Empire romain avaient des causes plus ou moins évidentes,
souvent absentes des récits des historiens de l’Antiquité 72. Les causes réelles sont à distinguer
de celles données a posteriori par les historiens postérieurs aux faits. La guerre civile était une
suite logique de la crise de succession : les modalités du choix de l’empereur ne furent jamais
fixées formellement. Elle se déclenchait sous le règne d’un empereur, mettait à nu les
faiblesses du régime impérial, les usurpateurs s’opposaient à ses efforts de propagande.
L’empereur était censé être le premier, le princeps, au commandement de toutes les armées, il
avait le monopole de la légitimité… l’usurpation réussie démontre que l’idéologie n’était pas
la réalité.
72
Ainsi P. Jal, dans La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale de Cicéron à Tacite, Paris, PUF, 1963,
p. 364 remarque que les causes politiques des guerres civiles de Sylla à Vespasien, le mauvais fonctionnement
de la république ne sont que très superficiellement mentionnés.
30
I.
La crise de succession
A. La nature du principat et les modalités de la succession
Les modalités de la succession impériale n’ont jamais été définies juridiquement.
Reconnaître officiellement le caractère héréditaire du régime en aurait fait une royauté. C’est
ce qu’il était dans les faits. La res publica ne fut jamais abolie – mais les auteurs grecs
employaient les mots de basile…a et de monarc…a pour désigner le principat. Les auteurs
latins employaient entre autres le mot principatus qui donnait l’idée d’une personne au
premier plan mais différente du roi parce que pourvue uniquement de pouvoirs « légaux »
d’origine républicaine : l’imperium, la puissance tribunicienne, le consulat…Le basileÚj était
un souverain à la manière des rois orientaux pour Zosime, qui utilisait aussi ce mot pour
qualifier le pouvoir impérial73. Dion Cassius rapporte que César fut tué pour avoir aspiré à la
basile…a74. Appien n’avait aucune raison de critiquer l’empereur Hadrien : il reçut la
citoyenneté romaine de lui. Mais il l’appelait basileÝj `AdrianÕj75. Le mot grec n’était pas
tabou comme le mot rex latin. Il faut aussi tenir compte de la difficulté qu’avaient les
historiens de langue grecque dans la traduction des concepts latins. La monarchie faisait
peur76, rendait le peuple mécontent à la fin de la république 77. Puis elle devint indispensable.
Plutarque explique le revirement des Romains de la sorte : « OÙ m¾n ¢ll¦ kaˆ prÕj t¾n tÚchn
toà ¢ndrÕj ™gkeklikÒtej, kaˆ dedegmšnoi tÕn calinÒn, kaˆ tîn ™mful…wn polšmwn kaˆ
kakîn ¢napno¾n ¹goÚmenoi t¾n monarc…an, dikt£tora m•n aÙtÕn ¢pšdeixan di¦ b…ou: toàto
73
Zos., I, 5, 2-3 = 1-009 : « Kaˆ diab£ntej e„j t¾n 'As…an kaˆ prÕj toÝj ™n tù PÒntJ basile‹j kaˆ prÕj 'Ant…
ocon polem»santej … tÁj basile…aj toÝj Órouj. »
74
LIII, 16 = 1-125.
75
B.C., II, 86 = 1-203.
76
« fÒbJ monarc…aj », Plut., Caes., 29, 1-7 = 1-011.
77
« ½dh d• kaˆ Ð dÁmoj ¢cqÒmenoj, 'Antwn…ou scedÕn e„j monarc…an kaqistamšnou, Broàton ™pÒqei...»,
Plut., Brut., 21, 1-4 = 1-013.
31
d' Ãn Ðmologoumšnh [mn] turann…j, tù ¢nupeuqÚnJ tÁj monarc…aj tÕ ¢kat£pauston
proslaboÚshj...78 ». Les mots romains étaient formés sur ces mots définis par la philosophie
grecque classique qui décrivait et analysait les institutions : mais à Rome, ils pouvaient
appartenir à l’invective. Le terme monarchia était moins polémique que rex, il désignait
simplement le gouvernement d’un seul79. Au IIIe siècle, elle était définie comme le régime
créé par Auguste en 29, « ex eadem die summa rerum ac potestatum penes unum esse coepit
et mansit ; quod Graeci monarchiam uocant80 ». La turann…j pouvait aussi désigner un
pouvoir absolu en Grèce classique81, en plus de désigner le pouvoir d’un seul. Dans la Rome
républicaine, on assista à un léger glissement de sens : elle devint la manière de désigner un
pouvoir injuste82. Elle se rapprochait de la signification du mot rex : depuis la fin de la
royauté, les Romains vivaient dans la hantise de voir se réinstaller un roi. César fut tué car il
s’arrogeait des prérogatives royales83. La monarchie naquit des guerres civiles84 : elle ne
pouvait pas être un régime idéal. Le principat était la réponse nécessaire à la crise de la
république. Tacite remarquait que l’avènement d’Auguste marquait la fin d’une période
pendant laquelle il n’y eut ni traditions ni droit85. Le vocabulaire qui auparavant appartenait à
l’invective se banalisa et en tira une signification nouvelle.
78
Caes., 57, 1-3 = 1-044.
79
Du grec mÒnoj, seul et ¥rcein, gouverner.
80
Oros., VI, 20, 1-2 = 1-117.
81
Par exemple, dans Soph., Tr., 217 l’adjectif tÚrannoj est une épithète d’Arès, le tyran pouvait être un
usurpateur en Grèce classique, par exemple, Plat., Gorg., 510b, ou simplement un monarque absolu comme dans
Hdt., 3, 52.
82
Eutr., VI, 25 : « Agere insolentius coepit et contra consuetudinem Romanae libertatis. Cum ergo et honores ex
sua uoluntate prestaret, qui a populo antea deferebantur, nec senatui ad se ueniendi adsurgeret aliaque regia et
paene tyrannica facere… »
83
Selon Dion Cassius (qui est bien postérieur aux faits), XLIII, 41, 2-46, 1 = 1-028.
84
App., B.C., I, 5-6 = 1-056 : « ‘Wde m•n ™k st£sewn poik…lwn ¹ polite…a `Rwma…oij ™j ÐmÒnoian kaˆ
monarc…an perišsth ».
85
Tac., An., III, 28, 1-2 : « exim continua per uiginti annos discordia, non mos non ius ; deteterrima quaeque
impune ac multa honesta exitio fuere, sexto demum consulatu Caesar Augustus, potentiae securus, quae
triumuiratu iusserat aboleuit deditque iura quis pace et principe uteremur. »
32
Le passage de la république à la monarchie, la course à la servitude dans laquelle se
ruèrent les romains dès l’avènement de Tibère remontait en fait à celui d’Octave-Auguste 86.
C’était en partie une construction des historiens antiques ; elle fut reprise par les modernes. La
perte de la libertas était dramatisée. Tacite mentionne les formes de gouvernement
précédentes sans toutefois en conclure qu’elles sanctionnaient des modifications assez
importantes pour être des régimes à part entière : il cite la royauté, la liberté et le consulat, la
dictature, les décemvirs, la domination (dominatio) Cinna et de Sylla, la puissance (potestas)
de Pompée et de Crassus, le regroupement des pouvoirs triumviraux dans les mains d’Auguste
(« Lepidi atque Antonii arma in Augustum cessere 87 »). L’histoire de Rome depuis
l’instauration de la libertas ne serait que celle d’une longue décadence, d’une lutte pour la
puissance qui prit fin avec le principat. Domitien tenta de se faire appeler dominus88 : cela fut
refusé par les Romains. Depuis le règne de Septime Sévère, l’appellation était officialisée par
les titulatures impériales89.
La désignation du successeur montrait la nature du régime impérial : c’était une
monarchie héréditaire. Elle évolua continuellement, en fonction des circonstances, le
changement étant facilité par l’absence de constitution écrite. La succession était faite grâce
86
Deux passages de Tacite, An., I, 1-2 et I, 7, 1 peuvent être rapprochés. En ce qui concerne l’arrivée au pouvoir
d’Octave-Auguste, l’annaliste écrivit que « nullo aduersante, cum ferocissimi per acies aut proscriptione
cecidissent, ceteri nobilium, quanto quis seruitio promptior, opibus et honoribus extollerentur ac nouis ex rebus
aucti, tuta et praesentia quam uetera et periculosa mallent. » Puis, il écrit qu’après sa mort que « at Romae
ruere in seruitium consules, patres, eques. » L’auteur savait ce qu’était le régime impérial. En critiquant Tibère,
il critiquait indirectement Auguste. Le faire directement était impossible, car il était considéré comme un bon
empereur, il était aussi le fondateur du régime impérial. Tacite considérait l’histoire de Rome comme linéraire,
comme une succession de dominations (ibid., I, 1, 1-I, 2, 2). Á la différence de ses prédécesseurs, il mit en place
une succession et se montra capable de faire face à toutes les éventualités : Marcellus qui avait épousé Julie, la
fille d’Auguste, étant mort, Agrippa lui succéda, puis ce fut le tour de Tiberius Nero et de Claudius Drusus, ses
deux beaux-fils ; puis aux fils d’Agrippa et de Julie, Caius et Lucius. Après la mort de ceux-ci, Auguste se
résolut à choisir Tibère, qui n’avait aucun lien avec la famille impériale (il était le fils de Livie et de son premier
mari). Ainsi, Auguste fit épouser Julie à Tibère et il l’adopta. Agrippa Postumus, le dernier fils d’Agrippa et de
Julie, fut tué au début du règne de Tibère.
87
Tac., An., I, 1, 1.
88
Suet., Dom., 13, 4 : « Pari arrogantia, cum procuratorum suorum nomine formalem dictaret epistulam, sic
coepit : « Dominus et deus noster hoc fieri iubet. » »
89
Par exemple, ILS 428.
33
au caractère extraconstitutionnel du princeps, qui n’avait pas de magistrature précise mais des
pouvoirs, idée pratiquement inconcevable quelques années plus tôt 90. Il avait en dernier lieu la
possibilité de décider de tout : il était lui-même l’artisan perpétuel du nouveau régime.
La succession était un moyen de remédier aux guerres civiles : l’empereur faisait
connaître son successeur à l’empire, il le préparait aux fonctions qu’il aurait à remplir. S’il
gouvernait bien l’empire, aucune usurpation, aucune conjuration ne pouvaient avoir lieu.
Plusieurs solutions étaient à disposition des empereurs. Jules César fut le fondateur de la
succession impériale : il fit faire une bonne carrière à Octave. Il l’adopta par testament, il prit
le cognomen de César qui par la suite fut donné aux successeurs. Zonaras remarque que ce
nom fut usurpé avant l’adoption91. Il le présenta à la foule et l’associa à la victoire 92 :
l’empereur par la suite, comme les guerres étaient menées sous ses auspices, était toujours
victorieux. Suétone rapporte que César désirait un fils mais qu’il ne réussit pas à en avoir
un93 : le régime était déjà pensé comme une monarchie héréditaire. La parenté ne suffisait
pas : Octave-Auguste s’en aperçut, il dut mener plusieurs années de guerres civiles. Auguste
associa Tibère à l’exercice de la puissance tribunicienne 94, mais les deux n’étaient pas sur un
pied d’égalité : Auguste avait une plus grande auctoritas. Avec la tétrarchie, les modalités de
la succession furent bouleversées. La succession de Constantin, en 337, marqua l’adaptation
90
Il est possible de voir l’origine de la séparation des pouvoirs et des magistratures (par exemple, Auguste avait
la puissance tribunicienne mais n’était pas tribun de la plèbe, ou était investi de l’imperium sans être magistrat et
en cumulant ces pouvoirs il avait une plus grande auctoritas que ses collègues dans les magistratures tout en
n’ayant pas plus de potestas qu’eux – Aug., R.G., 34). Ce passage des Res gestae n’est pas simple à interpréter
car il est flou : juridiquement, l’auctoritas n’a aucune signification. Le sens non institutionnel du mot est « ce qui
s’impose » et il était déjà employé avant (Cic., Verr., 4, 19 cite l’ « existimatio atque auctoritas nominis populi
Romani. » Sous l’Empire il prend le sens de « pouvoir de faire faire » ou d’imposer, il ne se définit toujours pas
juridiquement mais il est utilisé par les juristes de l’époque des Sévères (Dig., 1, 2, 7 : « ex auctoritas principis
respondere et Dig., 1, 7, 2 : « ex auctoritas principis adoptare »). L’empereur donnait le droit d’agir en vertu des
capacités de jugement qu’il avait lui-même.
91
Zon., X, 499, 15 = 1-059.
92
N. Dam., Aug., 8, 17-18 = 1-060
93
Suet., Caes., 52 : « Heluius Cinna TR. PL. plerisque confessus est habuisse se scriptam paratamque legem,
quam Caesar ferre iussisset cum ipse abesset, ut ei uxores liberorum quaerendorum causa quas et quot uellet
ducere liceret. »
94
Tac., An., I, 3 = 1-190.
34
de cette réforme au principe dynastique : ses trois fils, anciens Césars, furent simultanément
nommés Augustes.
Titus fut le premier empereur associé au trône. Auguste avait désigné Caius et Lucius
Césars comme ses successeurs, il avaient tous deux été adoptés. Depuis 13 av. J.-C. il
partageait la puissance tribunicienne avec Tibère, il en fit un collègue 95. Les historiens
mentionnent peu le rôle de Tibère depuis cette période jusqu’à la mort d’Auguste. Il réserva le
cognomen de César à Caius et Lucius. Commode, Caracalla, Sévère Alexandre, les trois
Gordiens, Maxime et Balbin, Émilien, Aureolus, Aurélien et Florien ne désignèrent pas de
successeurs. Tous furent assassinés ou tués au cours d’une guerre civile. Cela peut se
comprendre dans le cas de Maxime et Balbin : ils étaient les empereurs du Sénat, hérauts de
son idéologie, par conséquent ils remettaient le choix de leur(s) successeur(s) entre les mains
de l’assemblée. Probablement, tous les empereurs avaient été tués trop tôt pour qu’ils aient eu
le temps de penser à leur succession.
B. Les guerres civiles nées de la crise de succession : essai
d’interprétation
La succession était idéalisée : en adoptant Pison dans les règles républicaines (lege
curiata), Galba faisait ainsi entrer dans sa famille un « descendant de Cneus Pompée et de
Marcus Crassus », choisi par une personne désignée par les dieux (« en fait l’accord unanime
des dieux et des hommes m’ayant appelé à l’Empire, tes éminentes qualités et l’amour de la
patrie m’ont décidé à t’offrir le principat »). Il copiait le « divin Auguste qui plaça au rang
suprême, à son côté, le fils de sa sœur, Marcellus, puis son gendre Agrippa, ensuite ses petitsfils, enfin Tiberius Nero, son beau-fils. Mais Auguste a cherché un successeur dans sa famille,
et moi, dans la république96 ». Galba surpassait Auguste. La succession permettait à
95
Tac., An., I, 3 = 1-190 : « filius, collega imperii, consors tribuniciae potestatis adsumitur omnisque per
exercitus ostentatur, non obscuris, ut antea, matris artibus, sed palam hortatu. »
96
Tac., H., I, 15, 1-2.
35
l’empereur d’exprimer sa providentia ; cette qualité le rapprochait des dieux. Elle évitait les
guerres civiles.
Aucun bon empereur ne mourut en fonctions sans avoir désigné d’héritiers : la
prouidentia était une caractéristique du bon gouvernement ; pour ce qui est de la succession
elle était essentielle car elle évitait à l’Empire de sombrer dans la guerre civile. Une idée
prévalait : le successeur d’un bon empereur devait être bon lui aussi. Les Romains
s’aperçurent avec l’avènement de Commode que ce n’était pas le cas. L’histoire auguste
chercha toutes sortes d’explications au fait qu’un homme si parfait avait donné naissance à un
tel monstre… pour en conclure qu’il n’était pas le fils de Marc Aurèle97.
97
H.A., Marc., 19, 1-7.
36
II. La cour et les complots sénatoriaux
A. Définition de la cour
Marc Aurèle donne une définition de la cour dans ses pensées : « AÙl¾ AÙgoÚstou,
gun», qug£thr, œggonoi, prÒgonnoi, ¢delf», 'Agr…ppaj, suggene‹j, o„ke‹oi, f…loi, ”Areioj,
Maik»naj, „atro…, qÚtai : Ólhj aÙlÁj q£naton98. » M. Pani lie la cour au concept de la domus
républicaine, « un ambito di parentela più largo rispetto a quello agnatizio (linea maschile)
della gens e della familia99. Elle comprenait le cercle restreint des familiares, le cercle plus
large des amici et enfin celui de l’aristocratie100 ; elle fut progressivement institutionnalisée,
c'est-à-dire que les membres de l’aristocratie devinrent pratiquement des membres de droit du
cercle des amici principis : la définition de la cour était en constante évolution.
B. Les complots de sénateurs : essai d’analyse historique
1. Buts et nature des complots, leurs problématiques
Il est difficile de séparer les complots sénatoriaux des complots de cour par les
protagonistes, en revanche il est facile de le faire par l’idéologie dont ils étaient porteurs. Le
rôle d’amicus était désormais indépendant de la relation personnelle avec le princeps. Des
contestataires pouvaient se retrouver à la cour et y tramer des complots contre l’empereur.
Leur fidélité n’était plus garantie. Hadrien réagit à ce processus en créant le cercle des
amicissimi, une sorte de cour dans la cour 101. Les complots de sénateurs affirmaient un
98
Pensées, VIII, 31.
99
M. Pani, La corte dei Cesari fra Augusto e Nerone, Rome-Bari, Laterza, 2003, p. 18.
ibid., p. 8.
101
ibid., p. 9.
100
37
mécontentement face à la personne de l’empereur, souvent doublé d’une certaine nostalgie
vis-à-vis de la république et de la libertas perdue par le Sénat. Cette dernière tendait au cours
des siècles à devenir davantage un motif littéraire qu’une revendication réelle. En revanche,
les complots des personnages de la cour – par exemple l’usurpation d’Avidius Cassius –
n’étaient pas justifiés idéologiquement et visaient uniquement à prendre le pouvoir.
Remarquons que les complots sénatoriaux sont rapportés par des historiens complaisants, au
contraire des complots de la cour. Qui plus est, Avidius Cassius s’insurgea contre un
empereur universellement considéré comme un modèle.
Les complots fréquents étaient menés par des personnages proches de l’empereur,
c'est-à-dire de l’ordre sénatorial ou de l’ordre équestre 102. Furius Camillus Scribonianus n’était
pas isolé dans sa tentative d’usurpation contre Claude. Elle venait en réponse à la mort de
Silanus103. Annius Vinicianus104 et quelques autres aidèrent le gouverneur de Dalmatie 105.
Suétone donne deux autres noms : Asinius Gallus et Statilius Corvinus106 ; selon Tacite, sa
102
Les deux ordres se confondaient quant à leurs idées.
103
Du mariage de Junius Silanus et d’Émilia Lepida, descendante directe d’Auguste par sa mère Julia, la petite
fille d’Auguste, étaient nés cinq enfants dont trois fils. Les trois furent éliminés par Néron et Agrippine. Tibère
exila son frère L. Iunius Silanus qui était marié avec la fille de Claude, Octavie. M. Iunius Silanus fut tué sur
l’ordre d’Agrippine : elle redoutait qu’il venge la mort de son frère et qu’il puisse être un empereur plus
expérimenté que Néron (Tac., An., XII, 1, 1-2).
104
L. Annius Vinicianus avait eu un rôle dans la conspiration contre Caligula. Il avait été l’ami de M. Aemilius
Lepidus, tué par Caligula. Il eut un rôle important dans la conjuration de Cassius Chaerea.
105
D.C. , LX, 15, 1-16, 2 = 2-001.
106
Cl., 13 = 2-006. C. Asinius Gallus avait été un amicus d’Auguste puis de Tibère. Il avait épousé la fille
d’Agrippa, de laquelle Tibère avait dû divorcer pour épouser Julia. Il était considéré plus ou moins comme un
rebelle à l’époque de Tibère. Après la mort d’Auguste, Tibère se rendit au Sénat afin de se faire confirmer ses
pouvoirs, et dit qu’il était inapte aux affaires publiques mais qu’il assumerait la charge qui lui serait confiée.
Alors Asinius Gallus lui demanda quels pouvoirs il voulait se voir confiés. Tibère en fut déconcerté car « il ne
convenait nullement à sa modestie de choisir ou d’écarter quelque élément dans un pouvoir qu’il préférait
décliner en bloc. » (Tac., An., I, 12). Asinius Gallus se rattrapa en disant qu’il n’avait pas voulu l’amener à
diviser ce qui était inséparable (« quae separari nequirent ») mais à reconnaître que l’État était un tout
indivisible qui ne pouvait être gouverné par une seule personne. Selon M. Pani, La corte dei Cesari, Roma-Bari,
Laterza, 2003, p. 95, il s’agissait d’une intervention qui aurait pu sembler « provocante ». Il eut un fils dont le
praenomen est ignoré mais qui porte les mêmes nomen et cognomen. Ce dernier conspira avec Statilius
Corvinus, un sénateur, petit fils de l’orateur Messala, deux fois consul.
38
mère Vibia aurait cherché à connaître la date de la mort de Claude afin que Scribonianus
prépare sa conspiration à temps et son père l’aurait aidé en prenant les armes 107. Pline cite
Paetus et Arria108. Sous le règne de Domitien, Arulenus Rusticus écrivit le panégyrique de
Thrasea Paetus, il fut victime de la répression avec Herennius Senecio, qui avait écrit celui
d’Helvedius Priscus, un philosophe stoïcien 109. Les idées stoïciennes et sénatoriales de ces
penseurs opposants se transmettaient. Tacite s’en montrait un grand admirateur. L’idéologie
sénatoriale devint une sorte d’utopie en contradiction toujours plus grande par rapport au
contexte. Au moment des invasions barbares, alors que le choix de l’empereur parmi les
militaires répondait à une exigence d’efficacité, l’Histoire auguste déplorait la perte de la
libertas. L’idéologie sénatoriale subsista vidée de son but : celui de proposer une alternative
au principat. Elle devint un topos littéraires.
L’étouffement de la conspiration était le corollaire d’un régime fort. C’est ainsi que
Tacite explique l’envoi de deux assassins au lieu de troupes : l’effet serait plus rapide (Claude
107
Tac., An., XII, 52, 1-6 = 2-008.
108
Ep., 16, 7 = 2-011. Caecina Paetus a été consul suffect en 37, il était le mari d’Arria Maior. Le gendre auquel
Pline fait allusion était le sénateur P. Clodius Thrasea Paetus, qui avait été un ami de Vespasien avant qu’il arrive
au pouvoir (Tac., H., IV, 7, 2) et qui fréquentait aussi le philosophe stoïcien Musonius Rufus. Il était considéré
comme un révolté (Tac., An., XVI, 28, 1). Il eut aussi un rôle sous le règne de Néron. Celui-ci avait en effet des
raisons de le détester : « il avait aussi des motifs particuliers contre Thrasea, parce que celui-ci était sorti du
Sénat pendant la délibération sur la mort d’Agrippine, comme je l’ai rappelé, et parce que, au spectacle des
Juvénales, il n’avait pas déployé un zèle assez voyant, et cette offense le blessait d’autant plus que le même
Thrasea, se trouvant à Padoue, où il était né, aux jeux des cétacés, institués par le Troyen Anténor, avait chanté
en costume tragique ; de plus, le jour où le préteur Antistius, coupable d’avoir composé des vers satiriques contre
Néron, allait être condamné à mort, il émit et fit voter une motion moins rigoureuse ; enfin, alors qu’on décernait
des honneurs divins à Poppée, il était volontairement absent, et il n’avait pas assisté aux funérailles. » Le
comportement de Thrasea Petus ne touchait pas la politique générale de l’empereur mais sa personne, sa
majesté : la divinité de la famille impériale (avec une allusion à la lex maiestatis), l’aspect visuel du programme
de Néron. De même, il était accusé de refuser de prêter serment au début de l’année, de faire des vœux et des
sacrifices pour l’empereur, d’absentéisme au Sénat – assemblée qui votait les honneurs aux empereurs (Tac.,
An., XVI, 21-22). Il fut accusé en même temps que Barea Soranus. Barea Soranus avait été mis en accusation au
sortir de son proconsulat d’Asie pour avoir été ami de Rubellius Plautus, avoir tenté de rallier sa province à une
révolution (spes noua) à laquelle aurait pu participer Corbulon (Tac., H., 23, 1-2) et note 14 p. 227. Il était le
gendre d’Helvedius Priscus (Tac., An., XVI, 35, 1-4) qui avait été banni d’Italie sous le règne de Néron et se
suicida et fit de son sang une libation à Jupiter Libérateur.
109
Tac., Agr., 2, 1.
39
comptait sur le fait que les troupes seraient désorientées après la mort de leur chef) et la
discrétion maximale110. Claude montrait la faiblesse des conjurés contre lesquels il n’était pas
nécessaire d’envoyer une armée. « Néron fut renversé par des messages et des rumeurs plutôt
que par les armes 111. » Claude, pour montrer la force de son armée, sa fidélité et pour éviter
qu’un tel incident se reproduise, envoya deux légions en Mésie inférieure112.
Les complots étaient formés autour d’une continuité d’idées et de personnes. M. Pani
explique la continuité des complots entre les règnes des trois empereurs par le « débat
constitutionnel qui se déroula à Rome… surtout en référence à deux moment. Le premier
coïncide évidemment avec la mort d’Auguste. Bien que les désirs d’Auguste eussent été
clairs, il fallait affronter le problème de la première succession, et donc de fonder l’institution
du principat. L’autre coïncide avec la mort violente et imprévue de Caligula, qui laissait
l’empire sans successeur après la fin des Julio-Claudiens113. » Deux tendances s’opposaient :
certains voulaient restaurer la République, d’autres créer le gouvernement d’un seul, d’autres
encore une oligarchie. Le principat mit plusieurs décennies à être fondé. L’aspect formel fut
réglé assez tôt : César puis Octave-Auguste décidèrent de ce qui fut les insignes impériaux ;
César aspirait à la monarchie, Auguste corrigea cette tendance. Tel est le sens de
l’intervention d’Asinius Gallus devant Tibère et le Sénat : il voulait faire avouer à l’empereur
que le principat était réellement fondé et qu’il se définissait comme une monarchie. La
demande concernant les pouvoirs insinuait que l’empereur se les choisissait. Les acteurs de ce
débat étaient apparentés par des liens familiaux, par les liens de la clientèle et de l’amicitia.
La transmission de la clientèle faisait partie de l’héritage. Ces liens impliquaient une identité
des amitiés et des inimitiés : des partis se créaient. Orose parle d’une chaîne du crime unissant
la noblesse114. Pour certains historiens, la république était lointaine 115. Peut-être la constatation
110
Tac., H., II, 75, 1-3 = 2-010.
111
Tac., H., I, 89, 2 = 2-009.
112
D.C., LV, 23, 2-6 = 2-012
113
M. Pani, La corte dei cesari, Rome-Bari, Laterza, 2003, p. 90 (trad. personnelle).
114
Oros., VI, 17, 5-6 = 1-073
115
La dernière tentative de restauration de la république date de la mort de Caligula: le Sénat se réunit afin de
débattre du type de régime à installer et de son éventuel chef. Les prétoriens prirent la situation en main et
acclamèrent Claude empereur (D.C., LX, 1). Quant aux choix de Maxime et Balbin par le Sénat, sous certains
aspect il pourrait sembler davantage guidé par des raisons pratiques (faire face à la fois à la lutte contre les
barbares et à la prévention des insurrections à Rome).
40
de Tacite selon laquelle Nerva avait « combiné des régimes jadis incompatibles, le principat et
la liberté116 » doit-elle être interprétée de la sorte : il s’agirait en fait de l’aveu des concessions
accordées par le Sénat (ou plutôt extorquées au Sénat).
De même, il est capital de souligner que nous ne possédons que la vision de l’élite
romaine, c'est-à-dire des sénateurs et des chevaliers. Ils ont tendance à se placer en hérauts du
peuple romain. Tacite écrivait, à propos des autodafés, que sous le second triumvitat
« apparemment on croyait étouffer par le feu la voix du peuple romain, le franc parler du
Sénat et la conscience du genre humain117. »
Philostrate, dans son récit de la guerre civile de 68-69, fait allusion à Musonius
(Rufus) qui avait été emprisonné et qui depuis sa prison avait eu un échange de
correspondance avec Apollonius de Tyane. Damis avait même pensé que le gouverneur de la
Bétique – c’est à dire Galba – et Apollonius avaient monté un complot contre Néron : en effet,
ils s’étaient rencontrés à Gades. Ils étaient au courant de quelque chose concernant Vindex
avant qu’il se révolte118. Tigellin le faisait espionner plus pour la conspiration que pour ses
prédictions119. Philostrate insiste sur le rôle d’Apollonius de Tyane quant aux conseils de bon
gouvernement et aux prédictions pour Vespasien, de telle sorte qu’on pourrait penser que la
conspiration avait en premier lieu le but de remplacer Néron par Vespasien. Mais ce serait
négliger l’idéal républicain (ou du moins sénatorial) qui animait Vindex et Galba. Vespasien
n’accéda au pouvoir qu’après une guerre civile particulièrement sanglante et se légitima en se
rattachant à Galba et à Auguste, symboles de cet idéal sénatorial. Une conspiration avait déjà
eu lieu sous le règne de Néron, elle avait peut-être comme but de mettre Sénèque au
pouvoir120.
116
Tac., Agr., 3, 1.
117
Tac., Agr., 2, 2 : « Scilicet illo igne uocem populi Romani et libertatem senatus et conscientiam generis
humani aboleri arbitrabantur, explusis insuper sapientiae professoribus atque omni bona arte in exilium acta,
ne quid usquam honestum occurreret. »
118
Philstr., V, 10 = 2-227.
119
Philstr., IV, 43 = 3-224.
120
Epictète, Entretiens, I, 1, 26-32; Tac., An., XV, 65.
41
2. Essai d’analyse historique et prosopographique
Galba était un parent éloigné de Catulus et de Livie ; elle l’aida à être élu consul après
qu’il eût vécu au palais121. Il commença sa carrière sous Tibère122. Il dut son consulat, qu’il
remplit en 33, à Livie 123 : il avait été élevé au Palatium. À la mort de Caligula, certains de ses
amis l’avaient poussé à prendre le titre impérial mais il préféra s’en abstenir 124. Pourtant, tout
jouait pour lui : issu d’une illustre famille, les dieux et Auguste lui-même lui fournirent des
présages125. Puis, il fut accueilli à la cour de Claude126 : l’empereur avait compris qu’il fallait
mieux l’avoir avec soi que contre soi : les amis auxquels Suétone fait allusion constituaient
sans doute sa cohors amicorum, sa cour privée qui le suivait dans ses gouvernements et le
conseillait ; qui était capable de remplacer celle de l’empereur en cas de changement de
gouvernement. Malheureusement, nous n’avons pas de noms, mais il serait peut-être possible
de reconstituer cet entourage à partir de ses partisans quand il fut nommé empereur. Dès que
le pouvoir de Néron fut affaibli, Nymphidius Sabinus, le second préfet du prétoire (l’autre
était Tigellin, le favori de Néron) paya les soldats afin qu’ils proclament Galba empereur,
convaincu que Néron se préparait à fuir en Égypte 127. Vindex, qui était propréteur de Gaule,
lui envoya une lettre l’avisant de sa défection, ce qui montrait qu’ils avaient des rapports
plutôt confiants128.
Othon aussi appartenait à la cour. Fils de chevalier, il devint sénateur grâce à la faveur
de Livie dans la maison de laquelle il avait été élevé 129. Tacite nomme dans son entourage
« les affranchis et les esclaves », les « astrologues » (mathematici) qui agitaient aux yeux
121
Plut., Galb., 3, 1-5, 6 = 3-007.
122
Il avait été préteur sous Tibère puis gouverneur proprétorien de l’Aquitaine, élu consul en 33, légat de la
Germanie Supérieure.
123
Plut., Galb., 3, 1-5, 6 = 3-007.
124
Suet., Galb., 7, 1 : « Caede Gai nuntiata multis ad occasionem stimulantibus quietem praetulit. »
125
Suet., Galb., 2-4.
126
Suet., Galb., 7, 1 : « Per hoc gratissimus Claudio receptusque in cohortem amicorum tantae dignationis est
habitus, ut cum subita ei ualitudo nec adeo grauis incidisset, dilatus sit expeditionis Britanniae dies. »
127
Plut., Galb., 2, 1-2 = 3-170.
128
Plut., Galb., 3, 1-5, 6 = 3-007.
129
La maison de Livie se situe sur le Palatin, à l’Est de la maison d’Auguste. Suet., Otho., 1.
42
d’Othon les fastes qu’il avait connus à la cour de Néron 130. Il avait avec lui l’ancienne cour
(prona aula) et les soldats voyant en lui un nouveau Néron 131. Apparemment, il était
davantage assuré du pouvoir que Galba. Néron lui avait fait épouser Poppée, après l’avoir
volée à son mari. Othon avait vis-à-vis d’elle un rôle de protecteur, mais malheureusement
pour lui, il s’en éprit. Pour l’éloigner, Néron l’envoya en Lusitanie en tant que légat
d’Auguste propréteur de rang prétorien. Apparemment, certains personnages de la cour le
suivirent et sous le règne de Galba, lui faisaient miroiter la possibilité de lui succéder.
Plutarque explique le soutien qu’Othon offrit à Galba aussi par le fait qu’il était son plus
proche voisin : Galba avait été nommé par Néron gouverneur de la Tarraconnaise 132. Othon
fut acclamé empereur à Rome alors qu’il accompagnait Galba dans un sacrifice. Ce fut
l’haruspice, Umbricius, produisit le signal, en « déclar[ant] que les entrailles des victimes
[étaient] de funeste augure133 ». Ce signal fut utilisé par un de ses affranchis, Onomastus.
Plutarque donne deux autres noms, « Veturius et Barbius, l'un optio et l'autre tesséraire (ainsi
appelle-t-on ceux qui font office de messagers et d'observateurs) 134 » et parle de la préparation
qui eut lieu (par le biais de l’argent) au camp des prétoriens. Le récit de Plutarque pourrait
faire douter davantage de l’honnêteté d’Umbricius 135 et ouvrir une réflexion sur l’utilisation
des signes divins au service de la légitimation des empereurs. La présence de la légion
d’Illyrie qui « campait sous le portique dit de Vipsanius136 » et le meurtre de Galba et de Pison
qui suivirent ces événements marquèrent le début de la guerre civile. La mise hors la loi de
Galba dès qu’Othon fut acclamé par les prétoriens fut concrétisée par le cri unanime des
cavaliers et des fantassins « Hors d'ici, ce citoyen !137 » Les militaires ne représentaient ni le
peuple, ni le Sénat mais leur accord montrait la mise en place de deux légitimités différentes
qui ne pouvaient se résoudre que dans la guerre civile, dans le cas de Galba par la continuité
130
Tac., H., I, 22, 1-23, 1 = 3-137.
131
Tac., H., I, 13, 4 = 3-139.
132
Plut., Galb., 20, 1-7 = 3-138.
133
Tac., H., I, 27, 1-2 = 3-119.
134
Plut., Galb., 24, 1-25, 4 = 3-120.
135
« Le sacrificateur Umbricius n'eut pas plus tôt pris en main les entrailles de la victime qu'il déclara sans
ambages et très nettement voir les signes d'un grand bouleversement et d'une trahison qui mettait en danger la
tête de l'empereur. »
136
Plut., Galb., 25, 7-9 = 3-121.
137
Plut., Galb., 6, 5 = 3-122.
43
avec un « successeur » ou une personne qui se désigna comme telle, Vitellius 138 puis
Vespasien. Tacite remarquait que tout cela n’était que fiction, un moyen de faire croire (« si
placere…crederentur »139) aux Romains que Vitellius serait un aussi bon empereur que Galba.
Le grand père de Vitellius avait été procurateur d’Auguste. Le premier de ses quatre
fils avait été consul en 42 avec Domitius Corbulon, père de Néron. Son autre fils Lucius avait
été gouverneur de Syrie à la fin du règne de Néron ; il fut le premier à adorer Caligula comme
un dieu140. Il fut trois fois consul et censeur. Son fils Lucius Vitellius vécut à la cour depuis
son enfance.
Vespasien avait aussi appartenu à la cour. Son amante Caenis était secrétaire
d’Antonia Minor. Il était un client de Lucius Vitellius 141. M. Pani note un rapport entre la
présence d’A. Plautius en Bretagne et l’acclamation de Vitellius : la famille des Plautii avait
un rapport dans son accession à l’empire 142. Et la femme d’un Plautius, Urgulania143, était
amie de Livie. Vespasien fut acclamé empereur alors qu’il était à Alexandrie, envoyé par
Néron pour terminer la guerre des juifs, à l’instigation de Mucien144.
Nous savons peu de choses sur l’usurpation de Lucius Antonius Saturninus sous le
règne de Domitien. L’Histoire Auguste rapporte trois fois la même chose. Suétone écrit que
Domitien en connut la nouvelle en avance grâce à des présages 145 ; nous devrions plutôt y voir
138
Tac., H., III, 7, 3 = 3-146, RIC 9, 49, 69, 79, 104, 128 = 3-147 à 3-152. Vitellius se présente en tant
qu’héritier du programme politique de Galba, en tant que restaurateur de la libertas c'est-à-dire des prérogatives
sénatoriales oubliées sous Néron.
139
Tac., H., III, 7, 3 = 3-146.
140
Suet., Vit., 2, 5.
141
Tac., An., III, 66, 3.
142
M. Pani, La corte dei Cesari fra Augusto e Nerone, Rome-Bari, Laterza, 2003, p. 42. Suet., Vesp., 4 :
« Claudio principe Narcissi gratia legatus legionis in Germaniam missus est ; inde in Brittaniam translatus
tricies cum hoste conflixit. Duas ualidissimas gentes superque uiginti oppida et insulam Vectem Brittaniae
proximam in dicionem redegit partim Auli Plauti legati consularis partim Claudii ipsius ductu. »
143
Tac., An., II, 34 et IV, 22. Elle était la femme de M. Plautius (généalogie dans PIR P 361).
144
D.C., LXIV, 8, 31- 9, 2 = 3-201.
145
Dom., IV, 43 = 4-005
44
l’œuvre d’un délateur. La conspiration était une excellente manière de se refaire une légitimité
religieuse. Une conspiration sénatoriale eut aussi probablement lieu sous le règne de
Domitien : il mit tous les coupables à mort. Suétone cite Civica Cerealis, Salvidienus Orfitus,
Acilius Glabrio, Aelius Lamia, Salvidius Cocceianus, Sallustius Lucullus, Junius Rusticus,
Helvidius le fils d’Helvedius Priscus, Flavius Sabinus 146. Elle avait peut-être un rapport avec
la conspiration de Saturninus. Il rapporte que Domitien fut « beaucoup plus féroce après la
répression de la guerre civile » d’Antonius Saturninus, mais ne donne pas de noms 147. Nous
savons peu de choses quant à cette révolte, l’Histoire auguste rapporte trois fois la même
chose mais ne nous apprend rien148.
146
Á cette époque, Civica Cerealis était proconsul d’Asie. Ser. Cornelius Scipio Salvidienus Orfitus était un
consulaire et fut consul suffect à une date imprécise sous les Flaviens. Il prépara une conjuration en 93 et fut
exilé sur une île (Philstr., Apol., VII, 8, 33) puis il fut tué en exil comme on l’accusait de préparer une révolution.
Il était un ami du futur empereur Nerva et d’Apollonius de Tyane (PIR 2 C 1445). Acilius Glabrio fut exilé en 95
puis tué car il était accusé de conspiration contre Domitien (PIR A 67). L. Aelius Lamia Plautius Aelianus était
le mari de la fille de Corbulon (mentionné dans Tac., H., II, 76, 1-77, 4 = 3-211), Domitia Longina. Il fut consul
suffect en 80 (PIR A 205). Salvidienus Cocceianus était en réalité L. Salvius Otho Conneianus, frère d’Othon,
qui était très jeune en 69 (Tac., H., II, 48) fut tué par Domitien car il célébrait le jour de l’anniversaire de son
père (Suet., Dom., 10 ; PIR S 110). Les Romains fêtaient leur anniversaire mais le culte des morts était rendu le
jour de la mort du défunt. Seul l’empereur divinisé recevait un culte le jour de son anniversaire : cela équivalait à
dire qu’il n’était jamais mort. Cette pratique était hautement subversive : personne à part l’empereur ne pouvait
être diuus. Sallustius Lucullus avait été légat d’Auguste propréteur de Bretagne sous Domitien (PIR S 63).
Junius Rusticus (Iunius Arulenus Rusticus, PIR I 730) fut tribun de la plèbe en 66, préteur en 69, il était légat de
Vitellius quand il fut blessé par les armées flaviennes. Il devint consul suffect en 92. Ce philosophe stoïcien
publia des louanges de Paetus Thrasea et d’Helvedius Priscus (voir plus bas pour leurs biographies). C.
Helvedius Priscus (le père d’Helvedius) avait été exilé en 66 pour cause d’entente avec Thrasea Paetus (Tac., H.,
IV, 6 ; An., XVI, 18, 33, 25 ; PIR H 59). Son fils avait épousé la fille de Thrasea et d’Arria, Fannia (Tac., H., IV,
5, 2 ; Plin., Epist., IX, 13, 3 ; PIR H 60). Il fut tué par Domitien parce qu’il avait écrit une pièce de théâtre
critiquant à mots couverts son divorce. Il était aussi très ami de Pline (Epist., IV, 21, 3 ; III, 11, 3), qui composa
un libelle sur sa mort (Epist., VII, 30, 4-5 ; IX, 13 ; IV, 21, 3). Flavius Sabinus était le fils du frère de Vespasien
(PIR F 355), qui aida Domitien à s’enfuir lors de l’incendie de Rome, il fut consul ordinaire avec Domitien en
82, ce qui était une très grande marque de faveur. Suétone rapporte qu’il fut tué « parce que, le jour des élections
où il fut désigné consul, le crieur se trompant de titre l’avait annoncé au peuple non comme consul, mais comme
empereur », ce qui était un indice de conspiration.
147
Suet., Dom., 10, 4-8 = 4-006.
148
H.A., Tyr., 1, 1 = 4-002 ; Alex.Sev., 1, 6-7 = 4-003 ; Nig., 9, 1-3 = 4-004.
45
L’Histoire Auguste attribue un rôle à Faustine dans l’usurpation d’Avidius Cassius ;
mais il ne s’accorde pas avec la manière dont Marc Aurèle en parle dans ses Pensées149.
Avidius Cassius, « à ce que certains prétendent, se proclama empereur avec l'accord de
Faustine qui considérait comme désespéré l'état de santé de son mari. Mais d'autres disent
qu'il le fit après avoir propagé le bruit de la mort de Marc et l'avoir proclamé « divin150 ». Son
fils, Maecianus, et la personne qu’il avait nommé préfet du prétoire, qui eurent sans doute un
rôle dans la révolte, furent tués lors de la répression. Il « s'était montré un homme excellent,
de la sorte ce ceux que l'on souhaitait avoir comme empereur, mis à part le fait qu'il était le
fils d'un certain Héliodorus, qui avait été récompensé de son habileté oratoire par le
gouvernement de l'Égypte 151. » Les soldats de Pannonie l’acclamèrent tout de suite empereur,
dès que la fausse nouvelle de la mort de Marc Aurèle fut arrivée : son acclamation avait été
préparée, non seulement à la cour avec la complicité de Faustine mais aussi parmi les
armées152.
Pertinax était un sénateur153. Il était présenté comme ayant un mode de vie
traditionnel154. La première chose qu’il fit fut de se rendre au Sénat afin qu’il lui confirme son
acclamation155 après avoir donné l’illusion d’un refus du pouvoir. Laetus et Eclectus lui
offrirent le pouvoir « en raison de [s]a vertu et de [s]a dignité. » Le choix du Sénat semblait
déterminant. Une fois Commode tué, Pertinax se rendit au camp et puis au Sénat et « il dit
qu'en raison de son âge, de son incompétence et de la difficulté du gouvernement, il cédait
l'empire. Mais comme il était loué et approuvé par le Sénat, il fut nommé empereur 156. » En
réalité, l’aval de l’armée avait tout conditionné. Les conjurés avaient été obligés de faire
149
I, 17 : « Avoir eu une femme comme la mienne, si obéissante, si tendre, si simple. »
150
H.A., Marc., 24, 5-25, 12 = 5-003.
151
D.C., LXXII, 21, 17-22, 24, 4 = 5-013. C. Avidius Heliodorus était un rhéteur originaire de Syrie (D.C.,
LXXI, 22, 2, PIR A 1405), il fut ab epistulis d’Hadrien, préfet d’Égypte. Il était un familier de l’empereur
Hadrien. L’H.A. jugeait probablement une origine équestre insuffisante pour accéder au pouvoir. Avidius
Cassius appartenait à l’ordre sénatorial.
152
Le rôle des armées de Pannonies citées par Hérodien de comprend. Avidius Cassius avait été chargé de
combattre les Sarmates en 175.
153
Aur. Vict., 17, 10 = 7-014. Juste avant son acclamation il était préfet de la Ville.
154
D.C., LXXIII, 3, 1-4 = 7-015
155
Hdn., II, 3, 2-4 = 7-016.
156
Zon., XII, 601, 6 = 7-008
46
courir le bruit que Commode était mort de naturelle car les soldats n’auraient pas supporté la
nouvelle de son assassinat157. L’accession à l’empire de Pertinax n’était pas si idéale
qu’Hérodien la présente : il fut obliger d’acheter les soldats, il reconnaissait avoir été nommé
d’abord par eux. Il entra au Sénat après et « il dit à l'improviste : « J'ai été nommé empereur
par les soldats ; quoiqu'il en soit, je ne veux pas cet office et je dois le résigner
aujourd'hui158… » » Les différents textes étaient sans doute issus de traditions différentes. Ce
que voulaient les sénateurs se distinguait de la réalité. L’avènement de Pertinax fut préparé
par Laetus et par Eclectus159. Eclectus était un affranchi de Lucius Verus d’origine
égyptienne ; il avait été au service de M. Ummidius Quadratus160, le petit fils adoptif de la
sœur cadette de Marc Aurèle, Annia Cornificina Faustina 161. Par le biais du préfet du prétoire
Tarrutenius Paternus, ils avaient avec eux la force armée 162. L’exécution de Commode fut
confiée à Claudius Pompeianus Quintianus, un parent du mari de Lucilla 163. Leurs partisans
aidèrent Pertinax à offrir de l’argent aux soldats 164. Pertinax remplissait une magistrature
importance : le préfet de la ville était proche de l’empereur mais ne commandait pas de
légions. Le récit d’Aurelius Victor pourrait laisser penser à quelque chose de préparé quant au
Sénat et au peuple165 : tout fut réglé rapidement, sans protestation aucune. Les historiens ne
citent pas beaucoup de partisans de Pertinax : Ti. Claudius Pompeianus réintégra la vie
157
Hdn., II, 1, 3-4 = 7-009.
158
D.C., LXXIII , 1, 1-5 = 7-011.
159
H.A., Ver., 9, 5 et Hdn., I, 17, 6.
160
P.I.R. III, 603. Il est mentionné par Hdn., I, 8, 4 ; H.A., Commod., 4 ; D.C., LXXII, 4.
161
Elle avait épousé un sénateur homonyme, P.I.R. III, 601.
162
H.G. Pflaum, « La valeur de l’information historique de la uita Commodi à la lumière des personnages
nommément cités par le biographe », BHAC 1970, 1972, p. 204 et id., Les carrières procuratoriennes équestres
sous le Haut-Empire romain, t. 1, Paris, Librairie Orientaliste Paul Geuthner, 1960, n° 172, p. 420-422. Il ne
nous est connu que par les sources littéraires ; la reconstruction de son cursus honorum est donc partielle.
163
P.I.R. II 2, n° 975. Il était à la fois le mari de Lucilla, fille de Lucius Verus et de Lucilla, fille de Marc Aurèle
et l’amant de la femme de Lucius Verus (D.C., LXXII, 4, 4).
164
D.C., LXXIII, 1, 1-5 = 7-011.
165
Aur., Vict., Caes., 17, 10 = 7-014 : « Quo cognito, senatus, qui ob festa Ianuariorum frequens primo luci
conuenerat, simul plebes hostem deorum atque hominum radendumque nomen sanxere; confestimque praefecto
Vrbi Aulo Heluio Pertinaci imperium defertur ».
47
politique qu’il avait volontairement quittée sous le règne de Commode 166 et Acilius Glabrio 167
rentra en grâce : Pertinax se rattachait au (bon) règne de Marc Aurèle.
L’Histoire auguste est la seule source rapportant que Didius Julianus fut élevé chez la
mère de Marc Aurèle, Domitia Lucilla minor, qui était aussi la demi-sœur d’Hadrien 168. Grâce
à son appui, il devint uigintiuir et poursuivit une bonne carrière. Si réellement il avait
bénéficié d’un appui à la cour, il était logique qu’il se pose en rival de Sulpicianus, le gendre
de Pertinax. Il n’acheta pas l’empire sur un coup de folie comme l’affirmait Zosime, pas plus
que sous pression de sa femme 169. Il acheta les soldats, ses prédécesseurs n’en firent pas
moins. T. Flavius Sulpicianus quant à lui n’avait pas plus de chances d’accéder au trône que
les gendres de Marc Aurèle170. La bonne carrière qu’il avait mené grâce à de puissants
soutiens lui avait fait penser à l’empire bien avant : Commode, au courant de ses menées,
l’exila à Milan171. Clodius Albinus aussi bénéficiait de bons appuis : ses parents Lollius
Serenus172, Baebius Maecianus173 et Ceionius Postumianus174 l’aidèrent à se faire connaître des
166
Le fait de s’écarter de la cour montrait sa défiance vis-à-vis du régime, cette action faisait entrer dans
l’opposition. Ti. Claudius Pompeianus (PIR C 973) épousa Lucilla, la fille de Marc Aurèle, après la mort
d’Avidius Cassius (début 169). Il fut consul ordinaire en 173, Marc Aurèle lui confia les guerres contre les
barbares.
167
M. Acilius Glabrio (PIR A 69) fut consul ordinaire avec Commode en 186. Nous ne savons pas de quoi il fut
accusé par Commode mais il entra en disgrâce. Il disait descendre d’Énée (Hdn., II, 3, 4).
168
H.A., Did., 1, 3-3, 9 = 7-031. L’Histoire auguste est la seule source à mentionner cela.
169
Zos., I, 7, 1-I, 8, 2 = 7-033. La folie devient un conseil chez Hérodien (II, 6, 4-12 = 7-034).
170
Ti. Claudius Pompeianus, le mari de Lucilla (qui avait d’abord épousé Lucius Verus – H.A., Marc., 9, 4) ne
fut pas pressenti par Marc Aurèle pour la succession. Marc Aurèle savait que Commode lui succéderait et il le
montra à l’empire en lui conférant des honneurs dès son plus jeune âge, il le fit participer à son triomphe sur les
Parthes alors qu’il n’avait que cinq ans (H.A., Marc., 12, 10). En réalité, les gendres de Marc Aurèle étaient
censés veiller sur Commode et le conseiller dans le cas où il aurait rêgné jeune (Hdn., II, 2, 2 ; H.A., Comm., 2,
6). Sulpicianus n’avait pas ce rôle, mais aucune source ne mentionne qu’il eut été choisi comme successeur par
Pertinax. Il avait mené une bonne carrière dont seule la fin est connue : consulaire, frère arvale, proconsul d’Asie
sous Marc Aurèle ou sous Commode, Pertinax le choisit comme préfet de la ville (D.C., LXXIII, 7, 7 et 11, 5). Il
fut tué par Septime Sévère une fois qu’il eut vaincu Clodius Albinus (D.C., LXXV, 8, 4 ; H.A., Sev., 13, 3 :
Claudius Sulpicianus sans doute, PIR F 373).
171
D.C., LXXIII, 11, 1-12, 4 = 7-037. Il était aussi originaire de Milan (D.C., LXXIII, 11, 2 ; Aur. Vict. (-Ps.),
Caes., 19, 1 ; H.A., Albin., 1, 2).
172
« Suspectae fidei », car mentionné uniquement par l’ H.A., Albin., 6, 1-6 = 7-054. PIR L 325.
173
Connu uniquement par l’H.A.
174
« Suspectae fidei », lui aussi connu uniquement de l’H.A., PIR C 607.
48
Antonins. Il fit une bonne carrière. L’Histoire auguste rapporte qu’il fut nommé César par
Commode et par Septime Sévère175. En réalité, il ne le fut que par Septime Sévère176.
Quoiqu’il en soit, il est probable que, même si les motivations de l’Histoire auguste nous sont
inconnues dans cette affirmation, Clodius Albinus tenta de reprendre l’idéologie herculéenne
de Commode177. Cette explication pourrait concorder avec une autre affirmation de l’Histoire
auguste soulignant le lien entre les familles de Clodius Albinus, qui était très ancienne, et
celle de Commode178.
Septime Sévère poursuivit une bonne carrière : par une décision de Marc Aurèle, il
devint tribun de la plèbe, puis Commode le choisit pour le consulat 179. Il était allié de Nonius
Murcus : tous deux, selon l’Histoire auguste, avaient en commun un fort dénigrement pour
Clodius Albinus180. Les inimitiés, sous le principat, tissaient bien souvent des liens : l’Histoire
auguste inventait des noms mais les phénomènes qu’elle décrivait étaient bien réels.
Macrin était originellement un affranchi impérial employé au Palais par Commode 181.
À la cour, il rencontra Plautien et les princesses Syriennes 182. Ainsi, il devint préfet du
prétoire183. Il sut s’entourer de partisans qui conspirèrent avec lui en vue du meurtre de
Caracalla : Adventus, deux tribuns de la garde prétorienne, Nemesianus et Apollinaris, Julius
Martialis184. Pour la première fois, une cause extérieure à l’empire était mentionnée dans
l’avènement d’un empereur. Selon Hérodien, il fut choisi parce que l’empire ne pouvait pas
175
H.A., Albin., 1, 3-3, 5 = 7-057 ; 13, 3-14, 2 = 7-064 ; Nig., 4, 7 = 7-058 ; Hdn., II, 15, 1-6 = 7-059 ; Zon., XII,
604, 7 = 7-060.
176
Septime Sévère voulait se le concilier en attendant de vaincre Pescennius Niger (D.C., LXXV, 4, 1-5, 3 = 7-
065). ILS 414 = CIL 14, 6 ; ILS 415 = CIL 11, 3201.
177
RIC 21 = 7-063.
178
H.A., Albin., 7, 2-6 = 7-056.
179
H.A., Sev., , 1-3 ; 4, 2 et 4, 4 = 7-097.
180
H.A., Albin., 1, 3-3, 5 = 7-057. Nonius Murcus est inconnu par ailleurs (PIR N 147).
181
H.A., Macr., 4, 2-5 = 8-010.
182
D.C., LXXVII, 11, 1-3 = 8-014 ; Hdn., V, 3, 9-12 = 8-031.
183
H.A., Macr., 2, 1-4 = 8-035.
184
Hdn., III, 12, 1-13, 2 = 8-002 ; Zon., XII, 614, 12-13 = 8-003 ; D.C., LXXVIII, 5, 1-5 = 8-004.
49
rester sans chef, à la veille de l’attaque d’Artaban 185. Adventus186 fut même pressenti en tant
que militaire efficace, mais il était vieux, et n’avait sûrement pas tous les appuis que Macrin
avait à la cour (les personnages influents étaient capables d’influencer les militaires). Dion
Cassius mentionne un devin et Flavius Maternianus à qui il envoya sa prédiction concernant
Macrin, en plus d’un Ulpius Julianus qui lui aussi reçut une lettre187.
Maximin fut favorisé dans sa carrière par Alexandre Sévère : au moment où il usurpa
le trône, il était ainsi tribun de la quatrième légion 188. Si l’on suit une des deux versions
données par l’Histoire auguste quant à la mort d’Alexandre Sévère, Maximin avait su se
concilier des tribuns barbares189 ; lui-même étant semi-barbare (semibarbarus), il ne pouvait
pas avoir d’appuis sénatoriaux190. Les causes du meutre d’Alexandre Sévère et la guerre civile
qui s’en suivit étaient clairement présentées comme liées aux invasions barbares : sa mère le
poussait à mettre fin à la guerre germanique191.
Il était donc logique que les sénateurs se révoltent. La conspiration de Magnus trouvait
plusieurs explications au sein de l’Histoire auguste : parce que Maximin était un barbare,
parce que Magnus, réduit à la condition privée, craignait une mort violente ou agissait sous la
185
186
Hdn., IV, 14, 1-2 = 8-005.
PIR O 9. Il avait été préfet du prétoire avec M. Opellius Macrin, il accompagnait Caracalla dans son
expédition contre les Parthes. Il avait commencé sa carrière en combattant parmi les speculatores, puis il fut
centurio frumentarium, princeps castrorum peregrinarum, procurateur d’Auguste en Bretagne sous L. Alfenius
Senecio.
187
D.C., LXXVIII, 4, 1-5, 1 = 8-006. Flavius Maternianus (PIR F 317) était considéré par Caracalla comme son
ami le plus fidèle et la seule personne avec laquelle il pouvait partager ses secrets (Hdn., IV, 12, 4). Il commanda
les cohortes urbaines (D.C., LXXVIII, 4, 2). Macrin le tua après l’épisode de la lettre (D.C., LXXVIII, 15, 3 ;
Hdn., IV, 13, 1). Ulpius Julianus (PIR V 555) fut princeps peregrinorum sous Caracalla, a censibus, puis préfet
du prétoire sous Macrin avec Iulianus Nestor (D.C., LXXVIII, 15) ; en 218 il resta fidèle à Macrin et fut tué pour
cela.
188
H.A., Maxim., 5, 1-7 = 11-015
189
H.A., Maxim., 7, 4-8, 1 = 11-010
190
Jord., Goth., XIV, 82-XV, 88 = 11-016
191
H.A., Alex.Sev., 59, 2-8 = 11-008 ; 63, 5-64, 5 = 11-005.
50
pression de l’armée192. Hérodien cite parmi les conjurés le Sénat et plusieurs centurions 193. Les
sénateurs ne pouvaient pas être proche de cet empereur issu des humiliores et jamais présent à
Rome. Magnus peut être identifié avec C. Petronius Magnus, l’un des chefs du parti
sénatorial194. Quartinus, lui aussi consulaire, s’insurgea car il avait été chassé de l’armée par
Maximin, en tant qu’ami d’Alexandre Sévère 195. L’Histoire auguste révèle qu’ « on insinue
toutefois que c'est lui qui aurait inventé ce complot afin de donner plus large prétexte à sa
cruauté. Quoiqu'il en soit, il mit à mort tous les conjurés sans jugement, sans accusation, sans
délateur, sans défenseur et confisqua les biens de tous ; il y eut plus de quatre mille victimes,
ce qui ne suffit pas à le satisfaire 196. » L’auteur, probablement issu du milieu sénatorial, était
particulièrement hostile à Maximin. C’était une manière pour lui de l’accuser de cruauté. Mais
ces répressions ont réellement eu lieu, en témoignent l’inscription mentionnant C. Petronius
Magnus et le texte d’Hérodien197. De cette manière, Maximin se débarrassait d’une parti de
l’opposition sénatoriale et asseyait son pouvoir. La théorie du complot peut être la seule
explication avancée lorsqu’on manque d’indices.
L’incident de février 238 et ses conséquences – l’acclamation des deux premiers
Gordiens, la révolte de l’Afrique puis la révolution – sont disproportionnés. X. Loriot se pose
la question : « Comment se fait-il que les Patres n’aient pratiquement pas hésité à cautionner
un soulèvement dont les chances de succès pouvaient à première vue sembler bien aléatoires ?
Auraient-ils donc disposé sur l’état d’esprit des gouverneurs de provinces et des chefs
militaires d’informations plus complètes que n’en pouvaient contenir les messages que leur
avaient fait parvenir Gordien198 ? » P.W. Townsend remarque qu’un groupe de sénateurs
influents étaient présents à Rome 199. Mais aucune de nous sources ne fait allusion à une
entente ou même à des contacts entre ces personnages. Zonaras écrit que les Gordiens ont été
192
H.A., Maxim., 10, 1-6 = 11-040 ; Tyr., 32, 1 = 11-041. Magnus (PIR M 100) est peut-être à identifier avec
Petronius Magnus, préteur sous Caracalla. H.G. Pflaum, Marbre de Thorigny, Paris, Champion, 1948, p. 46.
193
Hdn., VII, 1, 5-8 = 11-042.
194
CIL 9, 338 n° 14 ; H.G. Pflaum, Le marbre de Thorigny, Paris, Champion, 1948, p. 37-49.
195
Hdn., VII, 1, 9-11.
196
H.A., Maxim., 10, 1-6 = 11-040
197
VII, 1, 5-8 = 11-042.
198
X. Loriot, « Les premières années de la grande crise du IIIe siècle : De l’avènement de Maximin le Thrace
(235) à la mort de Gordien III (244) », ANRW II, 2, Berlin-New York, W. de Gruyter, 1975, p. 691.
51
entraînés à la révolte contre leur gré200. Il s’agit probablement du traditionnel refus du pouvoir
qui permettait de mobiliser un consensus. L’empereur, afin de montrer qu’il faisait
l’unanimité, incitait ceux qui l’avaient acclamé, ainsi que d’autres, à le rappeler. Peut-être
n’était-il plus compris à l’époque de l’historien. Zonaras mourut vers 1130. L’histoire
auguste remarque que Maximin martyrisait soldats et sénateurs, ils préparèrent un complot.
Ce complot se servit, et vice-versa, d’un événement survenu par hasard mais inspiré par le
mécontentement général : des membres de la plèbe rural et quelques soldats tuèrent un
procurateur du fisc201. Aurelius Victor rapporte que Gordien fut appelé en Afrique tamquam
ea re creatus foret202, ce qui semble difficile car il y était déjà, étant gouverneur. Hérodien
rapporte que cette révolte fut avant tout le fait de jeunes gens nobles 203 qui gagnèrent tous les
mécontents à leur cause. Le choix de Gordien était naturel car il représentait la plus haute
autorité dans la province et de plus il s’opposait plus ou moins ouvertement à Maximin.
Sénateur, il ne pouvait être un partisan de Maximin. Selon H. Grégoire et P.W. Townsend, les
chrétiens auraient soutenu les Gordiens contre Maximin qui les persécutaient204.
199
P.W. Townsend, « The Revolution of 238 : the Laeders and their Aims », Yale Classical studies, 14, 1955, p.
60 : Le Sénat était composé de quatre-vingt sénateurs d’origine africaine, c’est à dire 13%. Plusieurs ont occupé
des charges importantes dans les années 235-238: C. Fulvius Pius, L. Domitius Gallicanus, L. Flavius Honoratus
Lucilianus… C. Annius Annulinus Geminus Percennianus possédait des terres en Afrique, comme M. Asinius
Sabinianus, C. Vettius Gratus Atticus Sabinianus. Le futur vigintivir L. Caesonius Lucillus (CIL 14, 3902 =
InscrIt-04-01, 00104 = ILS 1186 = 11-073) y avait exercé des charges. Tous y avaient probablement des
contacts.
200
Zon., XII, 621-622, 16 = 11-060.
201
H.A., Maxim., 13, 5-16, 7 = 11-061.
202
Aur. Vict., Caes., 26, 1-7 = 11-063.
203
En réalité les νεανίσκοι d’Hérodien étaient des iuuenes, membres de la iuuentus locale, c’est à dire une sorte
de milice urbaine créée par les gens aisés (G. Picard, Civitas Mactaritana. Misson archéologique française en
Tunisie, Paris, de Boccard, 1958, p. 77-95). Selon J. Gagé, « Les organisations de iuuenes en Italie et en Afrique
au début du III e siècle au bellum Aquileiense », Historia, 19, 1970, p. 243, et d’après la Vita Gordiani, Gordien
aurait organisé des iuuenalia. Cependant A. Chastagnol, « L'Histoire Auguste et les « douze Césars » de
Suétone », BHAC 1970, Bonn, 1972, p. 118 démontre que ce passage est inspiré de la vie de Néron de Suétone.
204
P.W. Townsend, « The Revolution of 238 : the Laeders and their Aims », Yale Classical studies, 14, 1955, p.
60 et Les persécutions dans l’Empire romain, avec la collab. de Orgels (P.), Moreau (J.), Maricq (A.), Bruxelles,
Palais des Académies, 1964, p. 40
52
Les Gordiens, magnifiés et devinrent les héros du Sénat. Ils descendaient des
Gracques, de Trajan205, celui qui res olim dissociabilis miscuerit, principatum ac libertatem206.
Le père du premier des Gordiens était Marcellus Marullus et lui-même avait été un consul très
influent et très puissant : Gordien reçut des privilèges si importants qu’on peine à croire qu’ils
étaient été vrais207. Selon l’Histoire auguste, l’empereur Maxime (Pupien) ne fut pas aidé par
sa famille : son père était un forgeron ou un constructeur de chariots 208. Au contraire, Balbin
était de très noble naissance ; il descendait de Balbus Cornelius Théophrasnes qui reçut le
droit de cité de Pompée209.
Notre connaissance de la cour et en général des liens tissés entre les personnages
importants s’amenuise au fur et à mesure que nous avonçons dans le temps. Zonaras que
« comme un autre méditait une défection en Bretagne, il devint magistrat suite à la
recommandation d'un familier (òkeiwmšnoj) du Maure Victorinus210 ».
3. La place du Sénat dans le déclenchement des guerres
civiles : entre idéologies et difficultés internes
205
H.A., Gord., 2, 2-4 = 11-046. Noms semblables à ceux des Gracques et Trajan. Peut-être que les Gordiens en
ont profité de leur vivant mais dans l’état actuel des sources cela est impossible à vérifier. Balbin remplit une
bonne carrière mentionnée par plusieurs inscriptions (PIR C 126). Il n’a aucun nom en commun avec Balbus
Cornelius Théophrasnes. Ce dernier est inconnu. Les Cornelii Balbi sont connus (PIR C 1331) mais le cognomen
Theophrasnes, d’origine grecque, n’est pas attesté (Teophanes est attesté, PIR T 124, 125).
206
Tac., Agr., 3, 1.
207
Parce qu’ils auraient été subversifs, H.A., Gord., 4, 1-6 = 11-048.
208
H.A., Max.Balb., 5, 1-11 = 11-074. Par ailleurs, le passage est contradictoire : il reçut un présage qui consista
en une pièce de boeuf qui tomba dans son impluvium, or dans une maison modeste il n’y avait pas d’impluvium.
Cette affirmation ne peut pas être totalement démentie pour cause d’absence d’autres sources avec lesquelles
confronter l’H.A. (PIR C 1179).
209
H.A., Max.Balb., 7, 1-3 = 11-075.
210
Zon., XII, 637-638, 29 = 19-002. Littéralement, un qui partageait sa maison. Le texte n’est pas clair, il n’est
pas évident de comprendre à qui se réfère “eteroj. Pour la période, nous n’avons pas relevé d’usurpateur en
Bretagne.
53
En négatif du portrait du mauvais empereur se dégageait celui du bon empereur. Il fut
concrétisé dans la nomination de Pupien et Balbin par le Sénat. En effet, les sénateurs leur
donnèrent des titres identiques, y compris, et cela pour la première fois, le grand pontificat. Ils
tentaient de renouer avec un des principes des magistratures républicaines : la collégialité. Ils
freinaient l’évolution du principat vers la monarchie 211, mais pas seulement : la nomination
des deux empereurs était guidée par des considérations plus pratiques. L’empire devait faire
face à une double menace : un des empereurs était chargé de rester à Rome et de veiller à ce
que la capitale ne soit pas en proie à ses insurrections habituelles (et par là, c’était aussi
reconnaître le pouvoir du peuple de Rome) tandis que l’autre était envoyé combattre. Ils
étaient nommés parmi les vingt consulaires chargés de défendre les régions d’Italie 212, une
fonction à caractère militaire. Ils furent choisis parmi les sénateurs qui avaient l’expérience du
commandement militaire213. Le Sénat semblait avoir su concilier son idéal avec l’efficacité. Ils
avaient mené une bonne carrière militaire avant, celle de Pupien était davantage due à ses
mérites, semble-t-il, que celle de Balbin 214. Pupien fut chargé d’arrêter Maximin qui se
déplaçait vers l’Italie, Balbin de rester à Rome à veiller à l’ordre public : les sénateurs avaient
fait un choix conscient quant aux personnes et à leurs carrières. Tous deux commandèrent
aussi bien des provinces impériales que des provinces « sénatoriales » mais l’Histoire auguste
précise que Maxime « commanda de nombreuses unités », et Balbin « avait parfois
commandé une armée, mais il était moins expert en matière militaire qu'en matière civile. »
Dans ce cas aussi, le pouvoir était attribué au plus compétent sur le plan militaire, mais en s’
« s'enferm[ant] au Capitole dans le temple de Jupiter, qui domine sur toute la ville, afin
d'avoir pour témoin et comme pour président le premier des dieux 215 » les Sénateurs se
protégeaient aussi au sein d’un templum, un espace sacré qui rendait la présence de tout arme
impie. « Ils étaient fameux, l'un pour sa bonté, l'autre pour sa valeur et sa rigueur 216 » ; les
211
Loriot (X.), « Les premières années de la grande crise du IIIe siècle de l'avènement de Maximin le Thrace
(235) à la mort de Gordien III (244) », ARNW, II, 2, New York-Berlin, 1975, p. 703.
212
H.A., Gord., 10, 1-2 = 11-069.
213
Zos., I, 14, 1-2 = 11-069.
214
H.A., Max.Balb., 5, 1-11 = 11-074 ; 7, 1-3 = 11-075.
215
Hdn., VII, 10, 1-9 = 11-088. Selon l’H.A., Max.Balb., 1, 1-2 = 11-082 le 7 des ides de juin, le Sénat se réunit
dans le temple de la Concorde, c’est à dire le 17 juin 238 pour élire les deux empereurs.
216
H.A., Max.Balb., 1, 1-2 = 11-082. Ou « l'un est si expert en art militaire qu'il a su relever la « nouveauté » de
ses origines par l'éclat de ses mérites, l'autre est d'une noblesse si illustre qu'il s'est rendu indispensable à l'État
54
deux empereurs se complétaient, ce choix semblait idéalisé. Le Sénat procéda seul à ce choix,
guidé par le dieu souverain, puis le peuple fut amené aux Rostres, lieu de mémoire de
l’ancienne république217. Selon Hérodien, le peuple y alla spontanément218.
L’ordre sénatorial était devenu inutile, inadapté aux nouvelles contraintes de l’empire
romain219. Depuis le règne de Marc Aurèle les barbares faisaient pression sur le Danube,
l’empire avait besoin de techniciens, de professionnels de la guerre, ce que les sénateurs, du
fait de leur cursus mais aussi peut-être d’un manque de volonté, n’étaient plus. Les empereurs
avaient maintenu la fiction jusqu’à une époque tardive, en laissant les sénateurs poursuivre
leur cursus honorum. Aurelius Victor place la rupture sous le règne de Gallien et en déplore
les conséquences : « À partir de ce moment-là l’influence des soldats redevint prépondérante,
le Sénat perdit le pouvoir et le droit de nommer le prince ; cela a duré jusqu’à nos jours, soit
qu’il eût peur, soit qu’il eût pris en horreur les conflits intérieurs, on ne le sait. Car il aurait pu
retrouver le droit de servir dans l’armée, droit qu’il avait perdu par l’édit de Gallien, au
moment où, sous le règne de Tacite, les légions avaient la modération de s’incliner devant sa
volonté ; Florianus n’aurait pas inconsidérément pris le pouvoir, et l’Empire n’aurait pas été
donné, sur l’opinion de simples soldats, à n’importe qui, même honnête, si un ordre si grand
et si considérable s’était trouvé présent dans les camps 220. » Gallien, par un édit, avait écarté
les sénateurs des commandements militaires et du gouvernement de leurs provinces. En
réalité, cette évolution commença sous le règne de Marc Aurèle. En réponse aux invasions
barbares, l’empereur avait eu besoin de confier la guerre à des militaires expérimentés.
L’ordre sénatorial était toujours perçu comme le garant du bon gouvernement de l’empire.
Les sénateurs ne voyaient pas les limites de cette affirmation : tous les empereurs nommés par
le Sénat n’ont pas été si parfaits, et d’ailleurs, le Sénat ne faisait que ratifier le choix des
armées, déjà depuis Auguste. Peut-être est-ce à cause de cet édit que Gallien fut tant détesté
grâce à l'aménité de son caractère et à la rectitude de sa vie qu'il a toujours consacrée depuis son plus jeune âge à
l'étude et aux belles-lettres » (H.A., Max.Balb., 2, 1-8 = 11-083).
217
H.A. Max.Balb., 3, 3-5 = 11-084.
218
Hdn., VII, 10, 1-9 = 11-088.
219
Y. Roman, Empereurs et sénateurs. Une histoire politique de l’Empire romain, Ier-IVe siècles, Paris, Fayard,
2001, p. 411-419.
220
Caes., 37.
55
par l’ordo221. Vers la fin de la période étudiée, le respect du Sénat n’est plus présenté comme
un critère définissant le bon empereur.
Les sénateurs étaient présents à la cour. De par son rôle, celle-ci était parfois présentée
comme surpassant les sénateurs222 dans les conspirations ou dans la pratique du pouvoir. Les
idées dans le but desquelles sont faites les conspirations en étaient modifiées.
C. Le rôle de la cour dans la transmission du pouvoir impérial
La succession au principat fut définie dès le départ comme une affaire de cour : avant
d’être le compagnon de guerre de César, Octave l’accompagnait dans les théâtres et dans les
banquets223. La cour se définissait aussi comme le partage d’un même genre de vie, de règles
de sociabilité semblables. Elle était aussi une manière de se faire voir, que ce soit du reste de
la cour comme du peuple. César était entouré d’honneurs qui rehaussaient son prestige, qui le
plaçaient à part du reste des Romains sur le plan visuel. Ils rejaillissaient sur son neveu. En
tant qu’accompagnateur de César, Octave était désigné bien avant la rédaction de son
testament, comme son successeur224.
La guerre civile de 68-69 et son dénouement peut être expliquée par des intrigues de
cour. En effet, les quatre prétendants au trône étaient en rapport avec la cour de Néron ; la
221
L’H.A., Tyr., 12, 1-2 et 11-2, le traite de femme. L’auteur inventa des usurpateurs sous son règne pour
appuyer sa théorie selon laquelle l’empire partait en déliquescence par sa faute.
222
Lorsque nous parlons des sénateurs en général, nous entendons les sénateurs en tant que membres d’un ordre
et garants des idéaux républicains, comme ils se présentaient eux-mêmes. Bien sûr, il y avait des individus au
sein de cet ordre et tous n’étaient pas égaux.
223
N.Dam., Aug., 8, 17-18 = 1-160 ; Plut., Brut., 22, 1-23, 1 = 1-061.
224
En réalité, Octave était probablement désigné dès sa naissance en tant que plus proche parent de César, tant
que l’absence d’héritier direct se confirmait.
56
cour eut aussi un rôle dans la chute de Néron. Une étude des rapports des quatre empereurs
avec la cour peut nous aider à comprendre lequel.
D. Le rôle ambigu de la cour face au pouvoir impérial
La cour avait un rôle dans les complots car c’est sur elle en partie que reposait le
principat : les magistrats, membres des deux ordres, les chefs d’armées, c'est-à-dire les
personnages importants, en étaient issus. Les armées avaient un rôle dans le choix des
empereurs. Les militaires avaient besoin de dirigeants. L’empereur octroyait charges et
magistratures à ses familiers, à ses fidèles. R.P. Saller envisage les relations entre les
imperatores de la fin de la République et leur continuation dans le personnage d’Octavien et
les armées, les masses, les rois étrangers, les cités provinciales, les sénateurs et les chevaliers
comme des rapports de patronage225. L’empire créa une clientèle universelle, néanmoins,
certains éléments s’en détachaient.
Certains personnages jouaient un double rôle, en attendant que le déroulement des
événements se confirme : tel était le cas de T. Iulius Alexander, préfet d’Égypte sous Néron
depuis 66. Celui-ci prit les devants en publiant son édit avant que Galba le confirme dans ses
fonctions226. Selon G. Chalon, « tout le langage de l’édit implique que son auteur demeurera
au pouvoir… ne peut-on pas penser que, quoiqu’il n’eût pas encore reçu confirmation du
nouvel empereur, le préfet avait, du fait de ses relations antérieures avec Galba, de bonnes
225
R.P. Saller, Personal patronage under the early empire, Cambridge University Press, 1982, p. 41.
226
En effet, Galba fut proclamé empereur par l’armée et par le Sénat le 8 juin, le 9, Néron se donnait la mort. Le
16 juin, Icelus parvint à Clunia pour annoncer la nouvelle à Galba, le 18, c’était au tour de Vinius. Il fallait au
moins 17 jours pour que la nouvelle arrive de Clunia à Alexandrie (pour ce calcul, G. Chalon, L’édit de Tiberius
Julius Alexander. Étude historique et exégétique, Lausanne, URS Graf-Verlag, 1964, p. 45-46 se base sur les
chiffres indiqués par M.P. Charlesworth, Les routes et le trafic commercial dans l’Empire romain (trad. par G.
Blumberg et P. Grimal), Paris, 1938). C’est à dire que seulement vingt jours séparaient la mort de Néron (9 juin)
de la publication de l’édit (6 juillet) : la confirmation de Galba aurait dû arriver entre le 4 et le 5 juillet, ce qui ne
lui laissait qu’un très bref délai pour rédiger un texte ayant très à des sujets très différents.
57
raisons d’admettre que la prorogation de ses fonctions était chose acquise ?227 » Il ne se rallia
pas ouvertement à Galba, en effet, Néron songea à fuir en Égypte 228. Apparemment, il était
habitué des actions en sous-main : l’année suivante, il reconnut officiellement Vitellius et
trama l’avènement de Vespasien, sans que les bureaux d’Égypte en aient rien appris 229. L’édit
de T. Iulius Alexander ferait allusion à la propagande de Galba 230 ; pour G. Chalon, le navire
d’Alexandrie qui aborda à Dertosa chargé d’armes n’était pas un signe divin mais un « fait
concret, plus ou moins déformé », un « indice d’un appui secrètement fourni par Ti.
Alexander à Galba, en réponse à l’invitation qui lui avait été faite de contribuer au
soulèvement231. »
Titus Vinius aida Galba, Vitellius et aussi Othon. Vinius persuada Galba d’envoyer
Vitellius en Germanie, province à partir de laquelle, grâce à ses armées, il se révolta. Othon se
lia d’abord avec Galba, puis avec Vinius qui essaya de persuader Galba de l’adopter 232. Il en
avait les moyens : Suétone rapporte que Galba « était gouverné par trois hommes qui
227
G. Chalon, L’édit de Tiberius Julius Alexander. Étude historique et exégétique, Lausanne, URS Graf-Verlag,
1964, p. 47-48.
228
Suet., Galb., 10.
229
C. Préaux, « Le règne de Vitellius en Égypte », Mélanges Georges Smets, Bruxelles, Éditions de la revue
encyclopédique, 1952, p. 571-478 explique que l’ostrakon O. Bodl. Tait II 672 est daté du 16 juin 69, que
Tiberius Iulius Alexander dut recevoir la nouvelle de l’avènement de Vitellius aux environs du 15 mai, étant
partie de Rome le 25 avril au plus tard : le préfet d’Égypte se hâta de transmettre la nouvelle. Vespasien fut
proclamé empereur le 1er juillet à Alexandrie, il faut de 10 à 15 jour pour se rendre de Judée à Alexandrie et il est
probable que Vespasien et le préfet se soient entretenus avant le 1 er juillet. C. Préaux en conclut donc (cité par G.
Chalon, , L’édit de Tiberius Julius Alexander. Étude historique et exégétique, Lausanne, URS Graf-Verlag,
1964, p. 49) que « cette reconnaissance immédiate révèle la maîtrise de Tiberius Alexander dans l’art du coup
d’État ». Les bureaux n’en savaient rien : à Thèbes, le 23 juillet, on datait encore par le règne de Vitellius (O.
Bold. Tait II 1125) ; le 29, idem pour Edfou (O. Edfou 27).
230
La salus generis humani des monnaies de Galba (RIC 207, 209, 210, 211, 214), des inscriptions gravées au
moment de sa révolte (CIL 13, 01589 = 3-159) rappellent la swthr…a toà pantÕj ¢nqrèpwn gšnouj de la l. 7 de
l’édit.
231
G. Chalon, , L’édit de Tiberius Julius Alexander. Étude historique et exégétique, Lausanne, URS Graf-Verlag,
1964, p. 51. Suet., Galb., 10 = 3-117. Galba avait su se concilier le préfet d’Égypte car Clodius Macer s’était
rebellé en Afrique, Rome risquait de ne plus être approvisionnée, ce qui aurait créé un fort mécontentement.
232
Plut., Galb., 21.
58
habitaient avec lui au Palatium233 », c'est-à-dire qui ne le quittaient pas : T. Vinius, Cornelius
Laco, Icelus. En guise de récompense pour leurs services rendus dans l’avènement de Galba,
T. Vinius devint son légat en Espagne, Cornelius Laco 234 son préfet du prétoire et Icelus entra
dans l’ordre équestre sous le nom de Marcianus et briguait la préfecture du prétoire. Ils étaient
si influents que Galba les écoutait aveuglément, sans se rendre compte qu’ils menaient un
double jeu. On peut se demander si, après le meurtre de Galba, Vinius et Laco furent
réellement actifs235. Othon se lia aussi à Icelus 236 et Asiaticus. La construction de ses amitiés
est liée à l’achat des armées par Plutarque : il écrit que « toutes les fois qu'il recevait Galba à
un repas, il donnait à chacun des soldats de la cohorte qui était de garde une pièce d'or, afin de
se les attacher, ayant l'air d'honorer ainsi l'empereur, et usant de cette ruse pour se rendre
populaire auprès des soldats237 ». Nous ne savons pas si Galba était au courant et quelles
implications avaient exactement ces liens, ni de quel type ils étaient. Nous ne savons pas non
plus s’il s’agissait d’une pratique « normale » c'est-à-dire ne visant pas à renverser le pouvoir
mais entrant dans les liens habituels de la clientèle, si ces hommes cherchaient à se prémunir,
bien informés qu’ils étaient, de toute éventualité quant au changement de pouvoir ou s’il
s’agissait d’une trahison active. Plutarque rapporte qu’Othon était dans les bonnes grâces de
Sénèque, à qui il devait sa fonction. Il se lia aussi avec le légat propréteur de Lusitanie
précédent, avec T. Vinius238 et les affranchis Icelus et Asiaticus239. Logiquement, les éléments
traitant des conspirations se présentent à l’historien de manière très fragmentaire : ce ne sont
que des allusions littéraires, des inscriptions rapportent des carrières. Ces témoignages sont à
recouper afin de dresser une étude complète des liens politiques, familiaux, de clientèles entre
233
Suet., Galb., 14.
234
La carrière de Cornelius Laco (PIR C 1374) n’est pas connue avant sa nomination comme préfet du prétoire
par Galba.
235
Plut., Galb., 25, 7-9 = 3-121.
236
Icelus était un affranchi de Galba, c’est lui qui lui porta à Clunia la nouvelle de la mort de Néron. Le fait
qu’Icelus trahisse Galba au profit d’Othon implique qu’il rompit les liens de fidélité qui liaient anciens patrons et
affranchis.
237
Plut., Galb., 20, 1-7 = 3-138.
238
T. Vinius fut nommé proconsul de Gaule Narbonnaise sous Néron, puis légat en Hispanie (Suet., Galb., 14) et
avait le commandement de deux légions. Il l’incita à suivre Vindex (Plut., Galb., 3, 1-5, 6 = 3-007), puis ce fut
grâce à son appui que Vitellius fut envoyé en Basse-Germanie (Suet., Vit., 7).
239
Plut., Galb., 20, 1-7 = 3-138.
59
les protagonistes. Les conspirations touchaient tous les domaines, même la transmission des
présages.
E. L’élaboration du portrait du « mauvais empereur » ou les
causes littéraires des guerres civiles
Y. Roman a démontré dans une étude que la création du concept de « mauvais
empereur » a été largement favorisée par l’historiographie antique, plus précisément
originaire des milieux sénatorial et équestre.
S’attaquer ouvertement à l’empereur était impensable. Depuis la dictature de César le
Sénat n’osa faire aucune critique ouvertement. Le seul moyen pour changer une situation était
la conspiration suivie de la suppression de l’empereur. Brutus et Cassius, n’avaient rien prévu
après le tyrannicide, parce qu’ils n’avaient pas osé espérer une réussite, mais aussi parce que
leur action était essentielle, dans le sens où ils avaient supprimé la cause première de
mécontentement. La haine de la tyrannie avait été cristallisée sur la personne de Jules César et
ses héritiers240 avaient été négligés. Car César avait préparé sa succession, non seulement par
son testament241 mais aussi par le droit de commendatio qu’il exerçait. Depuis 48, il présidait
240
Plus probablement Marc Antoine qu’Octave. En effet, Marc Antoine avait été nommé maître de cavalerie en
48 et César fut assassiné dans son cinquième consulat qu’il partageait avec Marc Antoine. C. Octavius était
maître de cavalerie désigné en 44, comme Cn. Domitius Calvinus. Mais il était le plus proche parent de César : la
mère d’Octave, Atia, était la fille de Marcus Atius Balbus et de Julie, la soeur de César. Après la mort de son
mari C. Octavius, Atia se remaria avec Lucius Marcius Philippus et Octave fut élevé par sa grand mère Julia.
Jules César soigna son éducation, lui fit apprendre la rhétorique et la philosophie, lui fit intégrer le collège des
augures puis des pontifes, après sa campagne en Afrique il lui confia l’organisation des jeux en l’honneur de sa
victoire. À partir de ce moment César l’emmena avec lui, il le rejoint en Espagne en 45. En septembre 45, quand
il rédigea son testament, il l’institua son premier héritier. Puis il l’envoya en Macédoine afin qu’il prépare
l’expédition contre les Parthes et qu’il perfectionne sa formation littéraire à Apollonie.
241
Selon R. Étienne, Jules César, Paris, Fayard, 1997, p. 159 « il fondait par là même une monarchie héréditaire
qu’on ne pouvait comparer qu’aux monarchies orientales : on était encore plus loin des institutions
républicaines. » César lui transmettait son nom, sa fortune, ses clients (les vétérans qu’il avait installés suite à sa
60
aux désignations des magistrats ; et seuls les candidats autorisés par lui s’étaient présentés.
Après la bataille de Munda, un plébiscite lui donna le droit de recruter à toutes les
magistratures ; il refusa cet honneur mais par contre, en 44, il laissa passer le plébiscite
proposé par le tribun L. Antonius prévoyant la nomination des consuls et de la moitié des
magistratures par César242. « Ainsi furent désignés par anticipation les consuls et les tribuns de
43 et 42, les préteurs, édiles, questeurs de 43 ; les autres étaient sans doute des candidats
officieux243. » Il généralisa le consulat suffect244. Cet usage fut continué par Octave-Auguste.
Il augmenta le nombre des magistrats 245. Il fit rentrer ses partisans qui avaient été exilés par
Pompée246, recomposa le Sénat247. Depuis 45 il pouvait créer des patriciens. Ainsi, il
augmentait le nombre de ses partisans. Le corollaire de l’augmentation des magistrats en
charge était une diminution de leurs pouvoirs. Les césaricides ne détruirent par le régime
césarien ; mais deux héritiers s’opposèrent. Le vainqueur continua cette politique de paralysie
des institutions. Elles n’avaient qu’une liberté apparente, elle était nécessaire à la fiction que
l’empereur voulait donner248. Cela pour remarquer que, même si la cristallisation du
mécontentement général sur la personne de l’empereur pourrait sembler contre-productive ;
elle n’en est pas moins une constante du régime impérial. Dirigeant de tout, il en est le
responsable. Ces pratiques continuèrent pendant tout le principat.
Les historiens présentent les guerres civiles comme l’opposition de plusieurs forces :
l’empereur, les sénateurs et les chevaliers, les militaires et le peuple. Bien souvent, les sources
ne nous transmettent aucune critique constructive, mais uniquement des critiques sur la
loi agraire de 59 dans toute l’Italie) et ses alliances politiques (les populares et en général ceux qui avaient reçu
une charge de sa part).
242
D.C., XLIII, 45, 2; 47 et 51 ; Suet., Caes., 74.
243
R. Étienne, Jules César, Paris, Fayard, 1997, p. 164.
244
D.C., XLII, 55, 4 et 33, 3 ; XLIII, 46, 2.
245
D.C., XLI, 43, 1.
246
D.C., XLI, 36, 2; App., B.C., II, 48, 198; Caes., B.C., III, 1, 4.
247
D.C., XLIII, 14, 4; Suet., Caes., 43.
248
« Annos undéviginti natus exercitum priváto consilio et privatá impensá / comparáui, * per quem rem
publicam [á do]minatione factionis oppressam / in libertátem vindicá[ui », Aug., R.G., 1 = 1-132. Le régime
augustéen a toutes les caractéristiques d’une faction qui opprime la république ; mais cette dernière existe
toujours, elle ne fut abolie par aucune décision officielle parce que, formellement, les magistratures
traditionnelles subsistaient.
61
personne de l’empereur ; l’accent est mis davantage sur son idéologie, le non respect du Sénat
que sur sa politique personnelle. L’idéologie impériale était définie comme essentiellement
anti-sénatoriale. Le respect de l’assemblée devient un critère de jugement.
Y. Roman voit la cause du noircissement des portraits d’empereurs dans « l’incapacité
et l’indignité sénatoriales249 ». Élagabal aurait traité les sénateurs d’ « esclaves en toge250 ». En
effet, le Sénat apparaissait parfois agir sous l’emprise de la peur, plus que de la raison et du
bien de l’État251. Le Sénat de Rome se donnait un rôle théorisé par Cicéron et Polybe 252 : il
était l’élément essentiel de la constitution mixte. L’appartenance au Sénat donnait aussi un
rôle social, caractérisé par une morale, une philosophie, des pratiques sociales, un genre de
vie communs. Mais le gouvernement du monde à partir d’une assemblée était impossible.
L’Empire « ne pouvait que se heurter au refus obstiné d’une très large majorité de l’ordre
sénatorial, attachée à ses idéaux, à l’usage de l’éloquence et à des systèmes de dons et contre
dons253. » Ces portraits furent suivis et étudiés sans aucun recul par les historiens jusqu’à
l’époque contemporaine. « Le temps passant, le XIXe puis le XXe siècle appelèrent la science
médicale en renfort. Alors la folie expliqua presque tout, avant que l’importance des mariages
consanguins n’éclairât tares, débauches et débordements. Il y avait naturellement là un écho
assourdi d’importantes recherches en matière de génétique et d’hématologie. Il restait à la
philosophie, avec Albert Camus, à s’emparer du personnage le plus complexe de cette série,
Caligula, pour en faire un précurseur des angoisses existentielles d’une jeunesse d’après
249
Y. Roman, Empereurs et sénateurs. Une histoire politique de l’Empire romain. Ier-IVe siècle, Paris, Fayard,
2001 p. 99. Elle est dénoncée par Dion Cassius, LX, 15, 1-16, 2 = 2-001 par exemple. Lors de la conspiration
visant à mettre Scribonianus sur le trône, à cause du mécontentement vis-à-vis de Claude, les sénateurs et
chevaliers entrés par la suite dans la conspiration « soupçonnèrent qu'il y aurait une fois de plus des troubles et
des luttes, et ne voulurent pas l'écouter plus longtemps ».
250
H.A., Elag., 20, 1.
251
Pupien et Balbin furent élus parmi les uigintiuiri, selon l’Histoire auguste, plus par peur que par désir de
restaurer l’ancienne collégialité (Gord., 22, 1-3 = 11-086). Il ratifia aussi la nomination de Didius Julianus par
les prétoriens, après qu’il les eût achetés, par peur (Zon., XII, 603, 7 = 7-038 et 7-039). En réalité le Sénat se
retrouva plus souvent en situation d’infériorité militaire.
252
Cic., de Rep., III, 20 ; Pol., VI, 5, 11.
253
Y. Roman, Empereurs et sénateurs. Une histoire politique de l’Empire romain. Ier-IVe siècle, Paris, Fayard,
2001 p. 176.
62
guerre254. » Quelle que soit la justesse de l’interprétation d’Y. Roman, il cherche à nous mettre
en garde du fait que l’historien est tributaire de son temps, et que les historiens anciens ne
constituaient pas une exception à cette règle. La critique à peine voilée des empereurs
répondaient à une demande. Historiens antiques écrivaient pour eux-même, c'est-à-dire pour
les personnes qui avaient accès à la culture255.
Hérodien n’était pas un sénateur. Il avait été un fonctionnaire impérial de rang
subalterne, originaire de l’Asie proconsulaire ou de la Bithynie ; il s’adressait à « la
bourgeoisie cultivée des cités grecques ou hellénisées de l’Asie Mineure occidentale, dont il
reflète généralement le point de vue et les préjugés 256. » Y. Roman donne une explication
quant à ses préjugés : « la folie des « mauvais empereurs » relève ainsi d’un comportement
jugé choquant par les historiens contemporains, reprenant eux-mêmes les discours de ceux de
l’Antiquité. Ce qui signifie simplement que leur comportement ne convenait pas à ses
derniers, qui étaient, rappelons-le, sénateurs (Tacite, Dion Cassius, vraisemblablement
l’auteur de l’Histoire auguste), chevaliers (Suétone), ou constituaient une cohorte
d’admirateurs de l’ordre sénatorial (Hérodien) ou d’hommes influencés par la geste des
grands (à l’exception, partielle, d’Aurelius Victor).257 » Cette remarque peut être étendue à
toutes les caractéristiques des empereurs, elle ne concerne pas uniquement leur prétendue
folie. Les historiens créèrent un topos du mauvais empereur ; il trouvait ses origines dans les
œuvres de la fin de la république et du début du principat.
254
Y. Roman, Empereurs et sénateurs. Une histoire politique de l’Empire romain. Ier-IVe siècle, Paris, Fayard,
2001 p. 177. R.F. Martin, Les douze Césars. Du mythe à la réalité, Paris, Les Belles Lettres, 1991, p. 12-13 cite
un passage de F. de Champagny, Les Césars, 1841 traitant du thème du « pouvoir qui rend fou ». Contre ces
conclusions hâtives qui créèrent le « mythe » de la folie des Césars il prône une « étude précise des textes des
auteurs anciens » (ibid., p. 15). Il se propose d’étudier les raisons de ces interprétations et le vrai visage des
César suivant cette méthodologie.
255
L’historien Suétone est à inclure dans « les sénateurs », même s’il était chevalier et proche de l’empereur – il
était ab epistulis d’Hadrien – car il faisait partie du cercle de Septicius Clarus. Ce dernier en avait hérité de Pline
à sa mort (E. Cizek, Structures et idéologie dans les « Vies des douze Césars » de Suétone, Paris-Bucarest, 1977,
p. 9. Ils avaient la même vision des choses et des hommes (ibid., p. 25). Il tomba en disgrâce parce qu’Hadrien,
admirateur de la monarchie orientale, n’accepta pas le programme idéologique du groupe de Septicius Clarus. Il
correspondait aux chevaliers et aux plus riches des sénateurs (ibid., p. 185).
256
X. Loriot, « Les premières années de la grande crise du IIIe siècle : De l’avènement de Maximin le Thrace
(235) à la mort de Gordien III (244), ANRW II, 2, Berlin-New York, W. de Gruyter, 1975, p. 660.
257
Empereurs et sénateurs, Paris, Fayard, 2001, p. 183.
63
En revanche, selon E. Cisek, Suétone « Suétone met en état ou renforce dans nombre
de biographies la teinte fondamentale, les signes principaux du caractère et se donne la peine
d'estomper, de voiler les autres. Si l'accent doit tomber sur le côté négatif du caractère, les
débuts de la biographie le préparent d'ores et déjà et atténuent la signification de l'obligatoire
côté « bon » du personnage258. » Il ne le faisait pas par manichéisme mais pensait que chaque
détail était révélateur d’une personnalité, quitte à forcer légèrement la vérité de ses portraits.
Son œuvre peut être lue thématiquement, en comparant chaque thème biographique entre les
différents empereurs : apparaît un portrait du mauvais empereur et son opposé, celui du
mauvais, tous deux idéalisés. Suétone prit soin d’ignorer la dynastie de l’empereur de son
temps, Hadrien.
Ces pratiques des historiens ont comme conséquence une contradiction dans leurs
œuvres. Vitellius est unanimement critiqué, pour diverses raisons dont les guerres civiles. Le
rôle des armées de Vespasien dans l’incendie du Capitole est sous évalué. Dans l’étude des
causes de la guerre civile, il convient donc de discerner les causes littéraires, stéréotypées, des
causes réelles.
258
E. Cizek, Structures et idéologie dans les « Vies des douze Césars » de Suétone, Paris-Bucarest, 1977, p. 111.
64
III. Le peuple face au pouvoir impérial
A. La perception du peuple par les historiens de l’Antiquité
Le rôle du peuple était perçu comme négatif par les historiens de langue grecque et
romaine. Il était considéré comme influençable, particulièrement réceptif à la propagande,
interessé. Depuis la fin de la république, le citoyen soldat n’était plus qu’une utopie à Rome,
dénuée de réalité. Les militaires étaient des professionnels, leurs intérêts se désolidarisèrent de
ceux du peuple. Le mot populus ou δÁmoj représentait deux réalités chez les historiens
antiques : les comices et le peuple en tant que foule ou masse indistincte. César, après la
bataille de Munda, conféra les magistratures qui étaient auparavant données par le peuple 259.
Le peuple n’était jamais mentionné dans sa totalité (le peuple de l’empire romain) ; il l’était
dans un rôle ou dans une région spécifique.
Le peuple était dénigré par l’aristocratie sénatoriale. Tacite critiquait sa
superstition260 : il voulait tout interpréter comme un signe divin ; avide l’imagination, il semait
les rumeurs261. Il choisit les empereurs pour leur beauté physique 262. L’Histoire auguste
rapporte que Maximin envoya une lettre au Sénat se justifiant quant à la nomination de son
fils comme second Auguste : ainsi, le peuple et le Sénat pourraient voir combien le jeune
Auguste était beau263. Cette stupidité a des conséquences sur la vie politique : pour lui plaire,
Othon se fit appeler Néron264.
259
Eutr., VI, 25 = 1-040.
260
Tac., H., II, 91, 1 = 3-111.
261
Tac., H., II, 1, 2-5 = 3-220.
262
Tac., H., I, 7, 3 = 3-219, dans le cas de Néron, c’est pour cela qu’il détestait Galba.
263
H.A., Maxim., 29, 6-9 = 11-020.
264
Plut., Otho., 3, 1-2 = 3-140.
65
Il pouvait recevoir une considération venant des historiens quand il s’alliait avec le
Sénat pour une cause juste, comme pour les célébrations de la victoire de Nauloque 265,
lorsqu’il s’allia avec les cavaliers dans la révolte contre Commode, avec les sénateurs pour
insulter Commode ou quand il sauta de joie suite à l’annonce de la fin de la tyrannie
commodienne par les conjurés266. Hérodien et l’Histoire auguste voyaient d’un œil
relativement bienveillant les manifestations populaires en faveur de Pescennius Niger. Dion
Cassius en dressait un portrait assez flatteur, mis à part le fait qu’il avait mis trop de confiance
dans ses armées267.
B. Le peuple, un objet de la propagande impériale
Ces termes ont deux significations différentes dans la propagande : les monnaies des
partisans de Vindex portant la légende Libertas p(opuli) r(omani) restituta visaient
probablement les comices. En effet, la libertas sous la République représentait le
gouvernement du peuple en assemblée et du Sénat, par opposition au gouvernement
tyrannique. Cela était très loin de la foule compacte et sans noms. La foule est toujours
représentée de manière générique, les individualités n’en sortent que rarement. Cet aspect
contribue à lui donner un caractère négatif : malléable, elle est prête à toute réaction
irrationnelle. En réalité son rôle n’est pas facile à interpréter. Le peuple n’est pas souvent
mentionné dans les sources ou l’est de façon imprécise : il est difficile de connaître son rôle.
Hérodien présente le peuple comme le moteur de la rébellion contre Cléandre, il s’allia avec
les soldats parce que, comme le remarque l’historien, le peuple sans armes était vulnérable 268.
Il ne s’attaquait pas à Commode car il lui était attaché, il demandait juste le renvoi du préfet
du prétoire. Plus loin, le même historien écrivait que lorsque les conjurés lui annoncèrent la
265
266
App., B.C., V, 130-131 = 1-112.
Hdn., I, 12, 5-13, 1 (ce passage est contradictoire avec un autre du même auteur, I, 10, 1-4 = 6-002.
mentionnant l’amour du peuple et des prétoriens pour Commode) ; Zon., XII, 601, 6 = 7-008 ; Hdn., II, 2, 1-5 =
7-010.
267
Hdn., II, 7, 4-8, 10 = 7-068 ; H.A., Nig., 2, 1-3, 1 = 7-067 ; D.C., LXXIV, 6, 1-2a = 7-070.
268
I, 12, 5-I, 13, 1 = 6-002.
66
mort de Commode, le peuple sauta de joie 269. Cette contradiction apparente peut-être vue de
plusieurs manières : ou le peuple haïssait Commode mais prenait soin de le lui cacher tant
qu’il était au pouvoir, ou ses sentiments changèrent, ou bien encore Hérodien se contredit luimême. Ce qui ne facilite pas sa compréhension.
Le plus souvent, le peuple n’avait aucun rôle actif dans la conjuration : il n’avait aucun
rôle politique. Tout au plus est-il présenté comme la clientèle des conjurés. Cependant, son
rôle est présenté comme capital dans la nomination de Gordien III : celui-ci fut nommé
empereur sur son instigation 270, cependant il est fort probable que les armées se soient assuré
son soulèvement. Nous ne connaissons par les rapports des deux premiers Gordiens avec les
armées, mis à par le fait que Gordien II était légat de son père en Afrique proconsulaire 271 et
que Gordien I avait été légat d’Auguste propréteur en Bretagne sous le règne de Caracalla 272.
Peut-être ces commandements et ceux qu’il y eut probablement entre les deux lui permirentils de se constituer une clientèle au sein des soldats mais cela n’est pas mentionné par les
sources273 : elles présentent la proclamation des deux premiers Gordiens comme la rencontre
par hasard entre le mécontentement des propriétaires terriens d’Afrique proconsulaire et celui
du Sénat de Rome.
Le peuple de Rome était l’objet le plus visible de la propagande : il avait un rôle de
figurant dans un spectacle destiné aux élites et aux empereurs 274. Dans nous sources, le peuple
apparaît davantage comme passif : il reçoit275. Auguste à la fin des guerres civiles acheta les
269
II, 2, 1-5 = 7-010.
270
Voir H.A., Max.Balb., 8, 1-3 = 11-085. Le peuple refusait la nomination de Maxime car il jugeait cet ancien
préfet de la ville trop sévère.
271
H.A., Gord., 18, 4-6 = 11-050.
272
RIB 1049 = AE 1947, 130 = 11-053 et RIB 1279 = CIL 7, 1043 = 11-054.
273
Dans les sources, l’action des légions est relatée en termes assez vagues. Voir Zon., XII, 621-622, 16 = 11-
060 ; pour Aur. Vict., 26, 1-7 = 11-063, les deux premiers Gordiens furent faits empereurs par l’armée.
274
La propagande de l’empereur s’exerçait directement sur le peuple de Rome car il était en contact direct avec
lui. Le peuple des provinces rencontrait l’empereur lors de ses voyages. Les élites étaient invitées aux grandes
manifestations, leur étaient réservées des places de choix.
275
Deux déjeuners de la part de César (AE 1950, 936 = 1-047), de l’argent des mains d’Octavien (Plut., Brut.,
22? 1-23, 1 = 1-061), des vivres alors qu’en même temps les soldats reçoivent de l’argent (Tac., An., I, 2, 1-2 =
67
différents corps de l’État avec des monnaies différentes : l’empereur devait s’adapter et
prévoir les besoins ou désirs de chacun276. Mis à part la fois où Vespasien guérit deux
personnes sortant de la foule277 le peuple n’est mentionné que comme une masse indistincte.
Elle est une matière qui se travaille et le résultat final est homogène. Se travail se fait aussi par
le biais du discours278.
Il pouvait se montrer en fervent défenseur de la liberté : le peuple de Rome regrettait
Brutus, mécontent qu’Antoine s’arroge les droits d’un monarque 279. Suite au suicide de Néron,
il porta des bonnets d’affranchissement280.
Il pouvait aussi être l’acteur d’un présage 281. Le peuple ne fut jamais l’auteur à part
entière d’une élection à l’empire : Gordien III fut proclamé empereur par le peuple suite à
l’instigation des armées282. Depuis longtemps, le peuple n’avait plus aucun pouvoir, même
formel : César, après la bataille de Munda, conféra les magistratures qui auparavant l’étaient
par le peuple283.
1-131 sous le règne d’Auguste).
276
Tac., An., I, 2, 1-2 = 1-131.
277
Tac., H., IV, 81, 1-82, 3 = 3-131.
278
En mars 44, Octave arriva à Rome où Cannutius avait déjà préparé le peuple en sa faveur, puis il fit un
discours et accusa Antoine, puis demanda au peuple de le choisir comme chef d’état et de faire connaître cette
décision au reste du monde (D.C., XLV, 12, 1-13, 5 = 1-098).
279
Plut., Brut., 21, 1-4 = 1-013.
280
Aur., Vict. (-Ps.), Caes., 5, 5-9 = 3-005 ; Suet., Ner., 57 = 3-006 ; Zon., XI, 570-571, 13 = 3-024.
281
Tac., H., IV, 81, 1-82, 3 = 3-131 ; D.C., LXXV, 4, 1-5, 3 = 7-065 ; peut-être aussi chez l’H.A., Alex., 60, 3-61,
1 = 11-011.
282
H.A., Maxim., 19, 1-20, 3 = 11-081 ; Max.Balb., 3, 3-5 = 11-084 ; 8, 1-3 = 11-085.
283
Eutr., VI, 25 = 1-040.
68
Troisième partie : La guerre civile, le moment
de l’affirmation de la légitimité de l’empereur
69
I.
La place et le rôle des armées dans les guerres
civiles
A. Le rôle de l’armée dans la définition de la guerre civile
« En effet, écrit [Appien d’Alexandrie], jamais d'armées romaines aussi nombreuses,
de ce genre, formées d'hommes non enrôlés selon une levée des citoyens mais choisis parmi
les meilleurs, non pas inexpérimentés en matière de guerre mais pratiquant le métier depuis
longtemps, qui combattaient entre eux au lieu de combattre les peuples barbares ou d'autre
origine ne s'étaient rencontrées. Bien plus. Ils parlaient la même langue, connaissaient la
même technique militaire, avaient suivi le même entraînement, et étaient pratiquement de
force égale, il était difficile que les uns gagnent sur les autres. Jamais personne ne mit en
évidence, pendant une guerre, une aussi grande concentration et un aussi grand courage, car
en effet des concitoyens combattaient entre eux, ils étaient liés par des parentés et avaient
aussi été camarades.284 » Pour les historiens de l’Antiquité, les guerres civiles étaient
essentiellement un fait militaire : l’aspect moral, idéologique ne venait qu’après, il en était
une conséquence. Cette définition résume assez bien tous les aspects des guerres civiles et
l'élément qui en est le plus important : les armées. Mais elle souligne aussi ses
problématiques. Cette définition est la seule à être aussi complète. Nous devons tenir compte
du fait qu’elle traite des guerres civiles de la fin de la république et qu’elle a été élaborée par
un historien du IIe siècle. La guerre civile est dévastatrice car les forces sont à peu près égales.
Elle est destructrice de l’élément de base de la société romaine, la cellule familiale. Et les
militaires différaient des soldats citoyens traditionnels de par leur recrutement : l’expérience
était exigée.
284
B.C., IV, 137 = 1-058
70
La guerre civile avait un caractère ambigu : condamnée par l’historiographie comme
impie, révélatrice et à la fois génératrice des vices humains, elle produisit aussi des exemples
de vertus285. Cette constatation, qui pourrait sembler paradoxale, s’étendait aussi au pouvoir
impérial. Le contexte de guerre civile faisait surgir les défauts d’un empereur (Vitellius était
un sanguinaire, un nouveau Néron286), tandis que Vespasien ne fut jamais critiqué pour avoir
tué des Romains : il régna par la suite, fut accepté et passa du stade d’usurpateur à celui
d’empereur. La guerre civile renforçait le pouvoir qui lui résistait et installait celui qui gagnait
par elle, elle éliminait celui qui était trop faible.
B. Le rôle effectif des armées dans l’obtention du pouvoir
impérial
Les armées avaient un rôle capital dans les guerres civiles ; elles étaient présentées par
les historiens comme prenant de plus en plus d’importance dans le choix des empereurs, elles
avaient l’initiative du déclenchement de la guerre civile en supprimant l’empereur régnant ou
en déclarant nulle sa légitimité. La réalité était plus complexe. Comme nous l’avons esquissé
dans le chapitre précédent, l’élément militaire n’étaient pas l’unique dispensateur du pouvoir
impérial. Des liens se tissaient entre les membres de l’aristocratie, des « partis » se
constituaient. Les armées représentaient une force politique dans la mesure où elles étaient
coalisées par des personnages importants. Tous les futurs empereurs exerçaient une
magistrature ou une charge qui mettait des armées à leur disposition au moment où ils étaient
acclamés, mis à part les successeurs désignés par leurs pères (adoptifs) auxquels était donnée
une formation militaire parfois symbolique 287 et certains cas particuliers. Maxime et Balbin
avaient revêtu des fonctions militaires : les uigintiuiri étaient chargés de défendre les régions
d’Italie288. Quoiqu’il en soit, ils furent les deux seuls empereurs appartenant à une nouvelle
dynastie à ne pas se servir de l’intimidation militaire pour régner. Quant aux usurpateurs à
partir du règne d’Élagabal, nous devons affronter les lacunes chroniques des sources : nous
285
Tac., H., I, 2, 1-3, 2.
286
Eutr., VII, 18, 1-19, 1 = 3-143 ; Tac., H., II, 87, 1-5 = 3-144 et II, 95, 1-5 = 3-145.
287
Marc Aurèle manquait de formation théorique (H.A., Marc., 2-6).
288
H.A., Gord., 10, 1-2 = 11-069.
71
n’avons aucun renseignements sur les carrières de Taurinus, Ovinius Camillus, Titus,
Sabinianus, Iotapianus, Pacatianus, Silbannacus, Sponsianus, Uranius Antoninus, Marcus,
Cyriades, Mareades, Celsus, Antoninus, Septimius (ou Septiminus), Urbanus et Proculus 289.
Mais toutes ses usurpations eurent lieu dans des régions au contact avec les Barbares et furent
organisées par des personnes ayant mené une carrière militaire, même si au moment de
l’usurpation ils n’étaient plus en charge. Nous avons procédé à un relevé des fonctions et
magistratures remplies par les empereurs et les usurpateurs au moment où ils entrèrent dans la
guerre civile : tous mis à part ces exceptions, dues en réalité au manque de renseignement,
exerçaient des fonctions militaires.
289
Taurinus : Pol. Silv., 1, 30-31 = 9-012; son usurpation eut lieu sur l’Euphrate (Aur. Vict. (-Ps.), 24, 1-5 = 10-
001. Ovinius Camillus tenta d’usurper le pouvoir à Rome (H.A., Alex.Sev., 48, 1-5 = 10-003) mais cette
affirmation de même que le récit lui-même semblent suspects. Il n’est mentionné par aucune autre source. Titus
et Quartinus (Hdn., VII, I, 9-10 = 11-044 ; H.A., Maxim., 11, 1-4 = 11-045) semblent en réalité être une seule et
même personne ; un certain Titus Quartinus, consulaire au commandement des archers osroéniens. Sabinianus
(H.A., Gord., 23, 4 = 12-001) se révolta en Afrique. Iotapianus fut acclamé empereur en Orient par les troupes
(Zos., I, 20, 2 = 13-003, Pol. Silv., 1, 37-38 = 13-004). Ses monnaies proviennent d’un atelier non déterminé en
Orient (RIC 1, 2a-c = 13-005 à 13-008) selon le R.I.C. Pacatianus n’est connu que par des monnaies frappées à
Viminacum (RIC 1 et 3 = 13-010, 13-011), une des monnaies à l’effigie de Silbannacus est réputée venir de
Lorraine (RIC 1 = 13-014, voir aussi B.M. = 13-015). Les monnaies de Sponsianus sont d’origine inconnue (RIC
2 = 13-016). Uranius (Pol. Silv., 1, 30-31 = 9-012) mentionné sous le règne d’Élagabal est sûrement la même
personne qu’Uranius mentionné par Sync., 674 = 10-004 sous le règne d’Alexandre Sévère. Voir aussi Pol. Silv.,
I, 30-31 = 9-012 . Les monnaies le mentionnent sous le nom d’Imperator Caesar Marcus Antoninus Augustus.
Elles sont frappées à Tyr en Phénicie (BMC 396-403, 412 = 9-002 à 9-010). Un autre Uranius usurpa le pouvoir
sous le règne de Volusien, ont été retrouvées des monnaies frappées à Émèse (RIC 1, 2, 8, 9, = 15-001 à 15-004).
Il ne s’agit pas du même personnage, rien ne nous laisse penser qu’ils aient été parents mis à part un gentilice
commun. Marcus est qualifié de « philosophe » (Zon., XII, 18 = 13-009), il fut choisi par le Sénat. Cyriades et
Mareades s’allièrent avec les Perses (H.A., Tyr., 1, 1-3 = 15-025 ; Amm., XXIII, 5, 3 = 15-026 ; Mal., XII, O
390 (éd. Dindorf p. 295-296) = 15-027). Il s’agissait plus d’une trahison que d’une guerre civile. Le nom des
deux personnages, sans doute le père et le fils, ne laisse pas supposer une origine romaine. Néanmoins, ces
« personnage[s] bien né[s] » étaient sans doute membres de l’ordre sénatorial. Celsus (H.A., Tyr., 29, 1-2 = 16051) était un « un ancien tribun qui, installé en Afrique, vivait en simple particulier sur ses terres ». Antoninus
fait partie des « beaucoup d’autres » qui se dressèrent contre Gallien (Zos., I, 38, 1-2 = 16-002). Septimius était
peut-être un de ces « quelques sénateurs [qui] furent accusés d'avoir formé une conjuration contre l'empereur et
punis de mort » (Zos., I, 49, 2 = 18-016 ; voir aussi Aur. Vict. (-Ps.), 35, 3-4 = 18-014 selon lequel Septimius
aurait été proclamé empereur en Dalmatie. Urbanus est uniquement cité par Zos., I, 49, 2 = 18-016. Par ailleurs,
Zosime rapporte qu’il ne fit qu’un projet de révolte. Quant à Proculus, il exerça des « postes militaires élevés »
(H.A., Tyr., 13, 1-4) mais il fut acclamé empereur par le peuple de Lyonnaise.
72
1. Tableau : le rôle des armées et des magistratures dans
l’acclamation des imperatores et des usurpateurs
Nom
Jules César
Octave-Auguste
Tibère
acclamation
fonction
Acclamations impératoriales
Acclamations impératoriales.
Séances du 13 et du 16
janvier 27 au Sénat.
Tac., An., I, 7, 2 : « Sex.
Pompeius et S. Apuleius
consules primi in uerba
Tiberii Caesaris iurauere,
apudque eos Seius Strabo et
C.
Turranius,
ille
praetoriarum
cohortium
praefectus, hic annonae, mox
senatus
milesque
et
populus. »
Dictateur, consul, honneurs
Triumvir rei publicae constituendae,
adopté par Jules César, vainqueur
des guerres civiles.
Dès la mort d’Auguste il agit en
vertu de la puissance tribunicienne
qu’il lui avait conférée ((Tac., An., I,
7, 2).
Caligula
Il accompagna son père Germanicus
dans ses expéditions. Tibère le fait
venir à Capri (Suet., Cal., 10).
Claude
Acclamé par les prétoriens Il commença sa carrière sous
puis par le Sénat (Suet., Caligula (Suet., Claud., 7).
Claud., 10).
L. Arruntius Camillus Annius Vinicianus le sollicite Légat de Dalmatie sous Claude
Scribonianus
(D.C., LX, 15, 2).
(Suet., Claud., 13 ; D.C., LX, 15, 2 ;
Suet., Otho., 1 ; Tac., An., XV, 52 ;
Pline, Ep., III, 16, 7 (en Illyrie) ;
Epit., 4, 4).
Néron
Suet., Ner., 8 : « Prope Brillante carrière, adopté par Claude
Palati gradibus imperator (Suet., Ner., 7).
consalutatus lectica in castra
et inde raptim appellatis
militibus in curiam delatus
est et discessitque iam
uesperi, ex immensis, quibus
cumulabatur,
honoribus
tantum « patris patriae »
nomine recusato propter
aetatem. »
C.
Nymphidianus
préfet du prétoire avec Tigellin.
73
Sabinus
Vindex
Il n’a jamais été acclamé
imperator.
L. Clodius Macer
On ne sait pas s’il a été
empereur
Verginius Rufus
Sabinus
Galba
Légions ?
?
Nymphidius
Sabinus
persuade
les
soldats
d’acclamer Galba du vivant
de Néron (Plut., Galb., 2, 12).
Eutr., VII, 16 : « ab Hispanis
et Gallis imperator electus,
mox ab universo exercitu
libenter acceptus ».
acclamé par les prétoriens
(Tac., H., I, 36, 1)
salué le 2 janvier par Valens
et le 3 par l’armée de
Germanie à Cologne (PIR1 V
499)
acclamé par l’armée d’Orient
et par le préfet d’Égypte Ti.
Iulius Alexander, l’armée de
Judée lui prête serment
(Suet., Vesp., 6, 3 ; Tac., H.,
2, 74, 79-81 ; Ios., Bell.
prooem. 23 ; 4, 616-618 ; 5,
74
Othon
Vitellius
Vespasien
Il persuada les soldats d’acclamer
Galba (Plut., Galb., 2, 1-2).
Tac., H., I, 5, 1-2 : « imperium sibi
molientis agitatur ».
Légat
propréteur
de
Gaule
Lyonnaise sous le règne de Néron
(Suet., Ner., 40, 1 ; Plut., Galb., 4 ;
D.C., LXIII, 22, 12 ; Tac., H., I, 16,
2 (cum inermi prouincia).
Légat en Afrique (Tac., H., 4, 49 ;
Suet., Galb., 11). Plut., Galb., 6 :
« Clodius, compromis autrefois dans
des affaires de pillage et de meurtre,
ne pouvait évidemment, à cause de
sa cruauté et de son avidité, ni
garder l’empire, s’il le prenait, ni
l’abandonner ; et Verginius, placé à
la tête des légions les plus fortes, qui
souvent le proclamaient Empereur
contre son gré, affirmait que luimême
n’accepterait
pas
le
gouvernement et ne le laisserait pas
remettre à un autre prétendant que le
Sénat n’aurait pas choisi. »)
Plut., Galb., 6
Chef des Lingons
Gouverneur
de
l’Espagne
Tarraconnaise
Gouverneur de Lusitanie sous Néron
(PIR1 S 109)
Galba le nomme à la tête des légions
de Germanie inférieure
Envoyé par Néron pour terminer la
guerre des Juifs.
46 ; D.C., LXV, 8, 4).
Titus
Fils de Vespasien. Dès son
avènement il lui sert d’auxiliaire
(Suet., Tit., 6, 1).
Deux patriciens
Suet., Tit., 9, 2 : « Duos patricii
generis conuinctos in adfectatione
imperii… »
Domitien
Fils de Vespasien.
L. Antonius Saturninus Les militaires
« superioris Germaniae praeside »,
légat de Germanie supérieure (Suet.,
Dom., 6 ; Caes., 11, 9) il se rebella
contre Domitien avec deux légions.
Nerva
Conjurés puis le Sénat.
Exilé volontaire sous le règne de
A été menacé de mort sous Domitien (PIR2 C 1227).
Domitien. Des astrologues
pour le calomnier lui avaient
prédit l’empire (D.C., LXVII,
15, 5-6).
Fait empereur par le préfet du
prétoire
T.
Petronius
Secundus
et
par
le
cubicularius
Parthenius
(D.C., LXVIII, 1, 1 ; Eutr.,
VIII, 1, 1).
Trajan
Légat de Germanie supérieure.
Adopté par Nerva. PIR1 V 0575.
Hadrien
Proclamé par les légions En 117, gouverneur de Syrie, chef
d’Orient le lendemain de la des légions d’Orient.
mort de Trajan avec la
complicité de Plotine. PIR2 A
0184.
Antonin le Pieux
De 133 à 136, proconsul d’Asie.
Adopté par Hadrien. PIR2 A 1513.
Marc Aurèle
Il manquait de formation théorique.
Le 25/02/138 Hadrien demande à
Antonin le Pieux de l’adopter avec
Lucius Verus, il reçut la puissance
tribunicienne
et
l’imperium
proconsulaire en 147. César depuis
139. PIR2 A 0697. H.A., Marc., 5, 12.
Lucius Verus
Adopté par Antonin quand il avait 7
ans. H.A., Marc., 5, 1-2.
Avidius Cassius
Rector totius Orientis (D.C., LXXI,
3, 1 ; Philostr., v. soph., 2, 1, 13).
En 172 il combatit la révolte des
Bucoli (D.C., LXXI, 4, H.A., Marc.,
21, 2 ; H.A., Avid., 6, 7).
75
Commode
selon l’H.A., Avid., 13, 1-4 il
est nommé co-empereur sur
la demande du Sénat
Conspiration du chambellan
de Commode et de son préfet
du prétoire (Zon., XII, 601,
6 ; Hdn., II, 1, 3-4 et II, 2, 15 ; D.C., LXXIII , 1, 1-5 ;
Caes., 18, 1). Il se rendit
directement au camp puis fut
nommé empereur par le
Sénat.
Pertinax
P. Helvius
filius
Pertinax
Didius Julianus
Pescennius Niger
Clodius Albinus
Septime Sévère
Caracalla
Geta
En 175, combattit les Sarmates
(D.C., LXXI, 17, 22 ; 23-27 ; 29, 12 ; 31, 1 ; H.A., Marc., 15, 6 ; 24, 69 ; 25, 4 et 8 et 11 ; 26, 3 et 1 ; H.A.,
Avid., 7 sqq., H.A., Albin., 6, 2 ; 10,
9 et 10 ; 12, 10 ; H.A., Alex., 1, 7 ;
Caes., 16, 11 ; Amm., XXI, 16, 11 ;
D.C., LXXVII, 7, 4.
Il se fit préfet du prétoire (H.A.,
Marc., 25, 4 ; H.A., Avid., 7, 4).
Fils de Marc Aurèle. AE 1930, 61 :
particeps imperii sous le règne de
Marc Aurèle.
Préfet de la Ville (H.A., Pert., 4, 3 ;
Aur. Vict., Caes., 17 ; Caes., 18 ;
Eutr., VIII, 16). Cos II ordinaire
avec Commode en 192 (P. Berol.
6866 B).
César le 1er janvier 193 (fils de
Pertinax). Appelé César sur une
monnaie et une inscription.
Protégé de Marc Aurèle et de sa
mère. En 192 il était proconsul
d’Afrique. Les prétoriens lui
vendirent l’empire aux enchères
(Zos., I, 7, 1-I, 8, 2 ; Hdn., II, 6, 412 ; Zos., I, 7, 2-3 ; H.A., Did., 2, 47 ; D.C., LXXIII, 11, 1-12, 5 ; Zon.,
XII, 603, 7 et XII, 603, 7).
Proclamé par les trois légions Gouverneur de Syrie en 191. PIR2 P
d’Antioche.
0254.
Proclamé empereur par les Commode l’envoya en Bretagne, il
légions de Bretagne.
commandait trois légions (H.A.,
Albin., 13, 4 ; Aur. Vict., Caes., 20,
9 ; D.C., LXXIII, 14, 3 ; Hdn., 2, 15,
1). En 193, Septime Sévère le fit
César.
Proclamé empereur par les Légat de Pannonie (D.C., 73, 14 ;
légions.
Hdn., II, 9, 2 ; H.A., Sev., 4, 2). Il
commandait trois légions (D.C.,
LXXIII, 14, 3)
Fils de Septime Sévère
Fils de Septime Sévère
76
Macrin
Préfet du prétoire sous Caracalla
(H.A., Carac., 8, 8 ; D.C., LXXVIII,
4, 1 et 11, 3 ; LXXVIII, 16, 3 ; Hdn.,
4, 12, 1 ; H.A., Carac., 6, 6 ; H.A.,
Macr., 2, 1 ; 4, 7 ; 5, 3 ; Aur. Vict.,
Caes., 22, 1 ; Eutr., 8, 21.
Diadumenianus
?
Fils de Macrin
Élagabal
Acclamé par les soldats à Grand prêtre de Baal à Émèse. PIR1
Émèse après qu’il ait fait V 0184.
croire qu’il était le fils de
Caracalla (Hdn., V, 3, 9-12).
Seleucus
?
Légat de la province de Syrie-Coelé
(P. Dura, 64 A 6. B 5.9.)
Gellius Maximus
?
Lieutenant de la IV légion Scythica
(D.C., LXXIX, 7, 1-8, 1)
Verus
?
Commande la III légion Gallica
(D.C., LXXIX, 7, 1-8, 1). Monnaies
de Tyr, Phénicie (BMC 396-403 et
412).
Marcellus Caesar
?
= Alexandre Sévère ? (Pol. Silv., I,
30-31)
L. Iulius Aurelius ?
Il chassa les Perses : il avait un
Sulpicius
Uranius
corps d’armée à sa disposition
Antoninus
(Sync., 674).
Alexandre Sévère
Cousin d’Élagabal qui l’adopte en
221.
Taurinus
?
?
L. Seius Sallustius
Peut-être jamais proclamé Il se plaignit du traitement qu’on lui
empereur
faisait subir au camp des prétoriens
(Hdn., VI, 1, 9-10).
Ovinius Camillus
Il est isolé.
H.A., Alex.Sev., 48, 1-5.
Maximin
Tribun de la IV légion stationnée sur
le Rhin sous Alexandre (H.A.,
Maxim., 5, 5).
« praefectus tironibus in limine
rhenano milites studio et audacia
sibi asdcivit » (Hdn., VI, 8, 2).
Titus
L’armée.
Tribun des Maures que Maximin fit
retourner à la condition de simple
particulier (H.A., Tyr., 32, 1).
Quartinus
Les soldats osroéniens (Hdn., Consulaire.
VII, 1, 9).
Magnus
Conjuration du Sénat et des Patricien de rang consulaire.
centurions (Hdn., VII, 1, 5-8).
Gordien I
Les Africains.
Proconsul d’Afrique (H.A., Gord., 2,
2-4).
Gordien II
Légat de son père (H.A., Gord., 7, 277
Maxime (Pupien)
Balbin
Gordien III
Sabinianus
Philippe
Philippe II
Iotapianus
Pacatianus
Marin
Silbannacus
Sponsianus
Marcus
Dèce
9, 1).
Préfet de la ville (H.A., Max.Balb.,
5, 10 ; 6, 5 ; 15, 2 ; H.A., Maxim.,
20, 1 ; Hdn., VII, 10, 4 et VIII, 8, 4)
Fait partie des uigintiuiri en 238
(H.A., Maxim., 32, 3 ; H.A., Gord.,
10, 1-2 ; 14, 3-4 ; 22, 1 ; Zos., 1, 14,
2).
Sénat
consularis. Il a gouverné « un
nombre infini de provinces » (H.A.,
Max.Balb., 7, 1-3).
Imposé par l’armée et le Il n’a que treize ans quand il est
peuple (Zon., XII, 622, 17 ; proclamé empereur.
XII, 622-623, 17 ; XII, 623,
18 ; H.A., Maxim., 19, 1-20,
3 ; H.A., Max.Balb., 1, 1-2 ;
2, 1-8 ; , 3, 3-5 ; 8, 1-3 ;
Gord., 22, 1-3 ; Aur. Vict.,
Caes., 27, 1-28, 1 ; Hdn., VII,
10, 1-9).
En Afrique (H.A., Gord., 23, ?
4).
L’armée tue Gordien III puis Préfet du prétoire de Gordien III.
le nomme empereur.
PIR2 I 0461.
fils de Philippe. PIR2 I 0462.
L’Orient (Zos., I, 20, 2). En ?
Cappadoce (Pol.Silv., 1, 3738).
? Peut-être par les militaires ?
d’après
les
légendes
monétaires
concordia
militum et fides militum (RIC
1 et 3)
Corps de troupe de Mésie et Dux (Zon., XII, 624-625, 19)
de Pannonie (Zos., I, 20, 2).
Monnaies avec revers à ?
caractère militaire (RIC 1,
B.M.)
Monnaies avec deux togati ?
(RIC 2).
Nommé empereur par le ?
Sénat (Zon., XII, 18)
Acclamé par les militaires, Envoyé contre les Goths dévastant la
prend le pouvoir après le Mésie et la Thrace (Jord., Get., 16,
meurtre des Philippes (Oros., 90), envoyé en Illyrie (Aur. Vict.,
VII, 21, 1 ; Aur. Vict., Caes., Caes., 29, 1). Monnaies représentant
28, 10-11 ; Zos., I, 21, 2-22, la Dacie et l’Illyrie (RIC 2a-b, 3a-b,
2).
5, 101a-f, 103, 104a-b, 105a-d, 12a78
Sénat
Iulius
Lucinianus
b, 16b-c, 17a-b, 18, 20, 21a-b, 2226, 112a-f, 113a-d, 117a-e, 118a-c,
119a-b, 124a-d, 35a-c, 36a-b, 39a-b,
40, 41a-b).
oncle du Valens qui usurpa le
pouvoir sous Gallien (H.A., Tyr., 20
et 31, 8).
Commande la place de Philippopolis
(Jord., Get., 18, 103)
Fils de Trajan Dèce.
le Fils de Trajan Dèce
Valens ?
Lucius Priscus
?
Herennius Etruscus
Hostilianus
?
Nommé empereur par
Sénat (Caes., 30, 1-31, 2)
Proclamé par l’armée puis
par le Sénat
Après lui avoir été donné par
les armées, l’empire lui est
donné par le Sénat (Zon., XII,
628-629, 22).
Gouverneur de la Mésie. PIR1 V
0403.
Aemilius Aemilianus
Acclamé empereur par les soldats
alors qu’il combattait les Goths
(Zos., I, 28, 1-2 ; Zon., Aur. Vict.,
Caes., 31, 1).
Commandant des troupes de
Pannonie (Zos., I, 28, 1-3).
Préfet de la légion de Mésie (Zon.,
XII, 628, 21).
Volusianus
Désigné par son père.
Fils de Trébonien Galle.
L. Iulius Aurelius Une monnaie porte la ?
Sulpicius
Uranius Victoria Augusti au revers
Antoninus
(RIC 9).
Valérien
Comme Aemilianus avait fait
défection, il fut envoyé pour
conduire les armées des Gaules et
des Germanies en Italie (Zos., I, 28,
3).
Cyriades
Il a fait alliance avec les
Perses (H.A., Tyr., 2, 1-2)
Mareades
Alliance avec les Perses fils de Cyriades (H.A., Tyr., 2, 1)
(H.A., Tyr., XXIII, 5, 3).
Gallien
Proclamé César après l’avènement
de son père puis peu après Auguste
(Aur. Vict., Caes., 32, 3).
Valérien Junior
Fils de Gallien
Salonin
Fils de Gallien
Macrianus
Tribun sous Valérien (H.A., Tyr., 12,
10). Fils de Fulvius Macrianus (a
rationibus en 259/260) et frère de T.
Fulvius Iunius Quietus (Zos., II, 24
et H.A., Gall., 2, 7 ; H.A., Tyr., 12,
13 et 13, 13, 3).
Macrianus Iunior
Fils de Macrianus
Trébonien Galle
79
Quietus
Ballista
Regilianus
Regalianus
Fils cadet de Fulvius Macrianus et
frère de T. Fulvius Iunius
Macrianus.
Proclamé Auguste avec son frère
après la capture de Valérien (Zon.,
XII, 24 ; H.A., Tyr., 12, 12 et 14, 1).
Tue Quietus et s’empare du Praefectus sous Macrien (H.A.,
trône (H.A., Gall., 3, 2, 4 ; Gall., 3, 2 ; H.A., Tyr., 14, 1 et 18,
H.A., Tyr., 15, 4 et 18).
13 ; Zon., XII, 24)
=
Commandement
militaire
en
Illyricum.
Ingenuus
Proclamé empereur par les Gouverneur des Pannonies (Aur.
légions de Mésie et de Vict., Caes., 33 ; H.A., Tyr., 9, 1).
Pannonie.
Calpurnius ? Piso Frugi
Envoyé par Macrien pour tuer
Valens (H.A., Tyr., 21, 1).
Valens
Prit le pouvoir en Illyricum Proconsul d’Achaïe (H.A., Gall., 2,
(H.A., Tyr., 20, 2-3).
2 ; Tyr., 19, 1-3).
Macrianus envoie Pison pour
l’attaquer pendant que ses troupes le
proclament empereur (H.A., Gall., 2,
3 ; H.A., Tyr., 19, 2 et 21, 1 ; Aur.
Vict., Epit., 32, 4).
L. Mussius Aemilianus Acclamé par les légions en
signo Aegippius
Égypte
selon
l’Histoire
auguste. Selon A. Stein, Die
Präfekten von Ägypten in der
Römischen Kaiserzeit, Berne,
A. Francke, p. 145, il a été
empereur peu de temps pour
aider Gallien contre Macrien
et Quietus.
Aureolus
Acclamé empereur par les
armées.
Memor
80
Préfet d’Égypte
Soutient Macrianus et Quietus
puisque leurs monnaies sont
frappées à Alexandrie (H.A., Gall.,
4, 1 et 5, 6 ; H.A., Tyr., 22, 4 ;
Aur. Vict., Caes.., 32, 4).
Préfet de toute la cavalerie (Zos., I,
40, 1 et Zon., XII, 24)
Commandant
des
armées
d’Illyricum (H.A., Gall., 3, 3 et 5, 6 ;
H.A., Tyr., 11, 1)
Envoyé garder les cols du nord de
l’Italie contre Postumus (H.A., Gall.,
4, 6 et 7, 1 ; H.A., Tyr., 11, 3 et Zos.,
I, 40, 1) à Milan.
Commandant des légions de Rhétie
(Aur. Vict., Caes., 33, 17).
Un Maure envoyé pour acheter des
céréales qui se rebella sous Gallien
en prenant l’Égypte (Petr. Patr. exc.
Vatic. editio Dionis 3, 742 n. 160
Boiss.)
Zos., I, 38, 1
Celsus
Trebellianus
Saturninus
Censorinus
Antoninus
Claude II
Quintille
Aurélien
Felicissimus
Faustinus
Septiminus
Septimius
Urbanus
Domitianus
Firmus
Tacite
Acclamé sous l’impulsion du
proconsul d’Afrique Vibius
Passienus et du commandant
des troupes de la frontière
libyenne
Fabius
Pomponianus (H.A., Tyr., 29,
1-2).
Isaurie
« Ipsis
Isauris
sibi
ducem
quaerentibus… archipirata » (H.A.,
Tyr., 26, 2).
Dux (H.A., Tyr., 23, 1-2).
Sénateur, parfait homme de guerre,
« extra ordinem quoque legatione
Persica functus » (H.A., Tyr., 33, 12).
Après avoir assassiné Gallien Tribun servant à Ticinum (Aur.
son état-major proclame Vict., Caes., 33, 28 et Zon., XII, 26).
Claude II empereur.
accord unanime des soldats,
proclamé Auguste après la
mort de son frère Claude
(Eutr., IX, 12, 13-1).
Commandant de la cavalerie sous
Claude (H.A., Aur., 18, 1).
Comptable (Eutr., IX, 14).
Acclamé empereur à Trèves
(Pol. Silv., I, 48-49).
= Zos., I, 49, 2.
En Dalmatie (Caes., 35, 3).
Zos., I, 49, 2.
général d’Aureolus (H.A., Gall., 2,
5-6 ; H.A., Tyr., 12, 13-14).
À cette époque il y avait trois
Firmus : un préfet, d’Égypte, un
commandant des troupes stationnées
sur la frontière d’Afrique et de la
proconsulaire ami et allié de
Zénobie (H.A., Tyr., 3, 1).
Il s’empare de l’Égypte (H.A.,
Quadr., 2, 1).
Proclamé empereur par le « Princeps senatus et primae
Sénat (H.A., Tac., 3-7 ; H.A., sententiae consularis » (H.A., Aur.,
Aur., 41, 15 ; H.A., Tac., 13, 41, 4 et H.A., Tac., 4, 1 ; 4, 3). « E
81
Florien
Probus
Saturninus
Bonosus
Proculus
5 ; Caes., 36, 1 ; Aur. Vict.,
Caes., 36, 1).
Proclamé empereur par le
Sénat (Zon., XII, 637, 29).
consularibus uir » ( Aur. Vict.,
Caes., 36, 1).
Préfet du prétoire de Tacite envoyé
contre les Goths en Asie (Zos., I,
63 ; Zon., XII, 28), Proclamé
empereur après la mort de Tacite
(Zos., I, 64 ; Zon., XII, 29 ; H.A.,
Prob., 10, 1-8 ; 11, 3).
Acclamé en Orient par les Commandant en chef des armées
soldats (Zon., XII, 637, 29). d’Orient, proclamé après la mort de
Tacite.
H.A., Firmus, 7, 2 : commandant
militaire de l’Est sous Aurélien.
Sur le Rhin
H.A., Quadr., 14, 1 : « militauit
primum inter ordinarios, deinde
inter equites ; duxit ordines,
tribunatus egit, dux limitis Retici
fuit. »
Notable d’Albenga, Alpes
Maritimes (H.A., Quadr.,12,
1)
Se
dit
descendre
des
Francs(H.A., Quadr., 13, 1 )
Proclamé
empereur
à
Cologne sous Probus (H.A.,
Prob., 18, 5)
Proclamé empereur par le
peuple de Lyonnaise (H.A.,
Quadr., 13, 1).
Herenianus
Fils de Proculus (H.A., Quadr., 12,
4).
Carus
Défense de l’Occident confiée par
Probus. Préfet du prétoire sous
Probus (H.A., Car., 5, 4). PIR2 A
1475.
Carin
Fils de Carus
Proclamé César par son père en 282
(PIR2 A 1473).
M. Aurelius Julianus Proclamé par les troupes en Préfet du prétoire (Zos., I, 73, 1-3).
(Sabinus Iulianus)
Italie après la mort de Monnaies (Cohen, 6(2), 410 sq.
Numérien (Zos., I, 73, 3).
Numérien
Fils de Carus, proclamé César par
son père en 282.
Dioclétien
Proclamé empereur par ses Commandant des protectores
troupes
Chef de l’armée des Mésies (Zon.,
XII, 640, 31) PIR2 A 1627
82
Tous les empereurs étaient nommés par les armées et cette nomination confirmée par
le Sénat, mis à part les usurpateurs d’envergure provinciale. L’appui de certaines personnes
importantes et de forces militaires était obligatoire pour recueillir les suffrages du Sénat. Le
Sénat était sollicité pour répondre à une crise : Pupien et Balbin, Tacite furent nommés de la
sorte. Dans le cas des premiers, il s’agissait de choisir deux hommes compétents capables de
prendre en charge l’empire. Un seul ne suffisait pas étant donné la gravité de la situation et
l’étendue du territoire à gouverner. Tacite fut nommé après l’interrègne suivant la mort
d’Aurélien290.
2. Le rôle du serment dans la constitution des armées
Les armées et leurs chefs étaient étroitement liés par le biais du sacramentum. Le
serment des armées faisait pendant à la reconnaissance de l’empereur par le Sénat : il était
obligatoire, sans lui les armées n’avaient aucune obligation vis-à-vis de lui. Il avait lieu
probablement au début du règne de chaque empereur, pour célébrer les événements
importants demandant une confirmation de sa légitimité puis chaque année 291. Avant la
bataille d’Actium, les armées prêtèrent serment à Antoine et à Auguste 292 : deux camps encore
plus solides étaient constitués. Le serment était probablement fait sur une requête de
l’imperator que spontanément.
Les armées représentaient une force que leurs chefs devaient se concilier, la victoire en
dépendait. La propagande et les largesses faites aux soldats par les compétiteurs dans le but
d’accroître leurs forces militaires avait pour but de renforcer cet élément décisif mais aussi de
290
H.A., Tac., 2, 1. Il aurait duré six mois. A. Chastagnol (Histoire auguste. Les empereurs romains des IIe et
IIIe siècles, Paris, R. Lafont, p. 1028) le ramène à deux mois.
291
P. Herrmann, Der römische Kaisereid. Untersuchungen zu seiner Herkunft und Entwicklung, Göttingen, Van
den Hoeck, 1968, p. 114
292
D.C., L, 6, 2-6 ; Aug., R.G., 25.
83
légitimer un pouvoir obtenu par des moyens considérés comme illégaux 293. Elles sembalient
être un outil entre les mains des empereurs : elles avaient un rôle institutionnel. La
propagande du vainqueur cache ce presque équilibre des forces. Auguste, dans ses Res gestae,
donnait la liste des provinces ayant prêté serment pour lui avant Actium. Il taisait
soigneusement tout ce qui concerne ses ennemis jusqu'à leurs noms : Pompée devint un
pirate294, Antoine un chef de faction295. La teneur du serment fait au même moment à Marc
Antoine nous est rapportée par Dion Cassius 296. Parfois, Octavien ne se montra pas très
courageux : avant la bataille contre Cassius, son médecin lui conseilla de sortir du camp
d'après le rêve prémonitoire qu'il avait fait297. Suétone se fait parfois l’écho de propagandes
antagonistes, ainsi dans le récit des batailles contre les Césaricides 298. Octavien avait des
moyens financiers plus importants qu'Antoine : il pouvait distribuer de l'argent aux personnes
qui étaient redevables de son père en échange d'un engagement militaire hérité de César299.
293
« Nous n’avons pas besoin de mentionner les cas d’émeute où l’imperium des consuls fut méconnu soit par la
foule, soit même par les soldats. Ce sont des violences particulières qui n’ont rien de commun avec les principes
du droit public romain », « Consul », in C. Daremberg, E. Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et
romaines, t. 1, vol. 2, Graz, Autriche, Akademische Druck-u. Verlagsanstalt, 1969, p. 1461
294
R.G., 25. “Iurauit in mea uerba tota Italie sponte sua et me be[lli] quod uinci ad Actium ducem depoposcit.
Iurauerunt in eadem uer[ba proui]nciae Galliae, Hispaniae, Africa, Sicilia, Sardinia. Qui sub [signis meis tum]
militauerint fuerunt senatores plures quam DCC, in ii[s qui uel antea uel post]ea consules facti sunt ad eum
diem quo scripta su[nt haec LX]X[XIII sacerdo]tes ci[rc]iter CLXX.” Dion Cassius y ajoute l'Illyrie et y retire
les habitants de Cyrène et de ses environs.
295
Aug., R.G., 1.
296
D.C., L, 6, 2-6. Antoine s'était assuré le soutient de l'Asie continentale, de la Thrace, de la Grèce, de la
Macédoine, de l'Égypte, de Cyrène, des territoires et îles alentours et des rois et potentats sur les bordures de ces
régions.
297
298
Flor., O., II, 17 = 1-179
Aug., 10, 1-6 : “Priore Antonius fugisse eum scribit ac sine paludamento equoque post biduum demum
apparuisse, sequenti satis constat non modo ducis, sed etiam militis functum munere atque in media dimicatione,
aquilifero legionis suae graviter saucio, aquilam umeris subisse diuque portasse.”
299
D.C., XLV, 12, 1-13, 5 = 1-098 ; N. Dam, 131 = 1-099
84
C. Le rôle juridique des armées dans l’attribution du pouvoir
impérial
La définition d’Appien fait allusion à la professionalisation de l’armée. Une armée
crée de manière illégale – quand il arriva à Rome accompagné de ses légions pour recevoir
son premier consulat, Octavien avait dix neuf ans – posait le problème de la légalité de celui
qu’elle acclame. Elle posait celui de sa légitimité aux personnes attachées aux traditions. Les
soldats ne pouvaient acclamer imperator qu’un magistrat cum imperio (un préteur ou un
consul, la dictature et la fonction de maître de cavalerie ont été supprimées par Marc Antoine
après la mort de César). Tous les empereurs exerçaient une charge au moment de leur
acclamation mais toutes n’étaient pas cum imperio. Pertinax était préfet de la Ville quand il
fut choisi par les conjurés. Il est probable que les charges et les honneurs aient comporté
l’imperium quant l’Empire était transmis d’un père à un fils.
T. Mommsen pensait que tantôt les armées, tantôt le Sénat pouvaient inviter une
personne à exercer l’imperium proconsulaire, c'est-à-dire l’essence même du principat300, le
Sénat devait reconnaître l’imperator acclamé par les armées, et vice versa. Plus tard, Blanche
Parsi démontra que de Tibère à Vitellius, le dies imperii était imputable au Sénat, par le vote
des pouvoirs et titres composant le pouvoir impérial : « la proclamation d’un empereur par les
soldats n’a qu’une valeur de fait. En droit, c’est encore le Sénat qui désigne l’empereur et
donne l’investiture préalable avant l’investiture des comices ; le dies imperii est le jour du
vote sénatorial301 ». Avec Vespasien, pour la première fois le dies imperii devenait le jour de
l’acclamation militaire302, significativement après une guerre civile. Plutôt que d’y voir un
problème juridique, nous pensons qu’il faut y voir un problème de rapports de force, ce que
d’ailleurs, Tacite avait analysé : « Finis Neronis ut laetus primo gaudentium impetu fuerat, ita
300
T. Mommsen, Röm. Staatsrecht3, II, 2, 841 sq. F. Milazzo, Profili costituzionali del ruolo dei militari nella
scelta del princeps. Dalla morte du Augusto all’avvento di Vespasiano, Naples, Edizioni Scientifiche Italiane,
1989, p. 10.
301
Parsi (B.), Désignation et investiture de l’empereur romain, Ier et IIe s. ap. J.-C., thèse de doctorat, droit,
Paris, 1961, sous la dir. de Dumont (F.), Paris, Sirey, 1963, p. 161
302
ibid., p. 140.
85
uarios motus animorum non modo in urbe apud patres aut populum aut urbanum militem, sed
omnis legiones ducesque conciuerat, euulgato imperii arcano posse principem alibi quam
Romae fieri303 ». Avant, les prétoriens avaient la prérogative du choix de l’empereur. La
guerre civile ne fut qu’un moyen pour lui de récupérer ce qui lui revenait de droit, ou ce qu’il
pensait comme tel. La question de l’entrée dans la sphère publique des actes privés (le
testament de César) a déjà été posée. Elle se résolvait dans la force militaire, dans les
clientèles qui en étaient à la fois la cause et la conséquence. L’avènement de Claude fut
perçue comme une crise de succession : en réalité, il était le dernier descendant de la famille
des Julio-Claudiens, il avait commencé sa carrière sous son neveu Caligula 304, c'est-à-dire
qu’il n’avait été pressenti que très tard comme successeur potentiel. Ce dernier n’avait pas
d’enfants. L’historiographie antique s’acharna sur cet empereur : Suétone le décrit comme un
semi attardé. Parmi toutes ses tares, il avait aussi celle d’avoir été acclamé empereur par les
prétoriens, qui plus est alors qu’il se cachait 305. Le rôle des prétoriens sous les Julio-Claudiens
pouvait s’expliquer par le fait que les prétendants au trône demeuraient à la cour et par
conséquent, étaient souvent à Rome. Othon aussi avait fait partie de la cour, sous le règne de
Néron, il fut acclamé par les prétoriens 306. L’armée avait ce pouvoir dès les débuts du
principat. Elle avait un rôle dans la mainmise des personnages importants sur les institutions
au moins depuis les consulats de Marius307. Pour les historiens de l’Antiquité, la place et le
rôle de l’armée dans la désignation des empereurs s’accrut jusqu’à son point culminant, la
crise du IIIe siècle. En réalité, ils semblent plus condamner l’introduction des barbares dans le
jeu politique romain. « Romanum statum quasi abrupto praecipitauere, immissique in
imperium promiscue boni malique, nobiles atque ignobiles, ac barbariae multi 308. » L’entrée
des barbares était d’une part, la suite logique de la politique d’intégration romaine 309, d’autre
part, une conséquence des invasions barbares sur les frontières. À l’œil du lecteur moderne,
303
H., I, 4, 2 = 3-268.
304
Il fut consul sous le règne de Caligula (Suet., Claud., 7). Auguste le jugeait incapable d’accéder au cursus
honorum (Suet., Claud., 4). Tibère ne lui donna aucune charge effective (id., Claud., 5).
305
Aur. Vict., Caes., 3, 16 ; Suet., Claud., 10 ; Jos., B.J., II, 204-217.
306
Tac., H., I, 36, 1 = 3-194.
307
Il exerça six consulats successifs. Après la guerre contre Jugurtha (107) il célébra le triomphe le jour de son
entrée en charge consulaire, siégea au Sénat en tenue triomphale. Suite à cela il fut élu consul jusqu’en 100.
308
Aur. Vict., Caes., 24, 8-25, 2 = 11-007
309
En 212, Carcalla promulga un édit conférant la citoyenneté Romaine à tous les habitants de l’Empire. Avant,
elle était donnée aux auxiliaires, à la fin de leur service.
86
l’évolution du pouvoir impérial face à la guerre civile est due, en partie, à l’abandon de la
guerre civile en tant que thème littéraire 310 : il n’était pas favorisé par la nature des ouvrages
(abrégés et épitomès) transmettant les guerres civiles d’après les Sévères. Mais si l’on
compare les guerres civiles de la fin de la république et celles par exemple, précédant
l’installation de la dynastie des Sévères ou Élagabal, on s’aperçoit que seules les premières
correspondent parfaitement à ce que Paul Jal définit comme la guerre civile en tant que thème
littéraire. Il est vrai que Dion Cassius était un contemporain de Sévère, un personnage
important, et qu’il n’aurait pas été bon pour lui de rappeler les impiétés de l’empereur. Cela
n’explique pas tout. Dion Cassius consacra beaucoup plus de place aux guerres civiles de la
fin de la Républiques qu’à celles qui lui étaient contemporaines 311 : ce qui est juste car elles
avaient été beaucoup plus longues mais elles faisaient l’objet d’attentives recherches par les
historiens postérieurs. Les présages, mêmes s’ils sont moins nombreux, ne disparaissent pas :
la guerre civile avait toujours une forte connotation religieuse. Leur mention disparaît avec la
fin de l’Histoire auguste et celle de l’Histoire romaine d’Hérodien. Ils n’étaient probablement
pas jugés suffisament significatifs pour figurer dans un abrégé ou dans un épitomé.
310
En tant que thème littéraire défini par Paul Jal. Il choisit d’exclure de son étude, La guerre civile à Rome.
Étude littéraire et morale, Paris, PUF, 1963, p. 14 les guerres civiles de 68-69 car elles apparaissent plus comme
des luttes entre civils armés qu'entre militaires de profession. Les guerres civiles de la fin de la république
mettaient en jeu la conscience de chaque citoyen et le régime politique, cela était en partie vrai en 68, mais en
partie faux aussi : il ne s'agissait plus que de changer d'empereur, l’empereur était choisi par les troupes et le
peuple ne pouvait que rester indifférent. De fait, une partie de ce qui compose le thème littéraire des guerres
civiles, le topos de la perte de la libertas, est absent des textes. La libertas, valeur républicaine, des monnaies
était une manière de se concilier le Sénat. Tac., Agr., 3 écrit à propos de Trajan « Nunc demum redit animus ;
sed quamquam primo statim beatissimi saeculi ortu Nerva Caesar res olim dissociabilis miscuerit, principatum
ac libertatem, augeatque cotidie felicitatem temporum Nerva Traianus, nec spem modo ac notum securitas
publica, sed ipsius uoti fiduciam ac robur adsumpserit, natura tamen infirmitatis humanae tardiora sunt
remedia quam mala; et ut corpora nostra lente augescunt, cito extinguuntur, sic ingenia studiaque oppresseris
facilius quam reuocaueris : subit quippe etiam ipsius inertiae dulcedo, et invisa primo desidia postremo
amatu. » La libertas, la felicitas temporum et la securitas publica font penser à des revers monétaires.
311
Les guerres civiles de la fin de la Républiques sont étudiées par Dion Cassius des livres XLI (quand César
franchit le Rubicon) à LIII (bataille d’Actium et installation du pouvoir d’Auguste). Le règne de Pertinax est
rapporté dans le livre LXXIV, les débuts du règne de Septime Sévère dans le livre LXXVI.
87
II. Les qualités de l’empereur
A. Les qualités politiques de l’empereur
1. Les communications de l’empereur au cours de la guerre
civile : entre programme politique et propagande
Par propagande, nous entendons tous les moyens mis en œuvre par une ou plusieurs
personnes en vue de se gagner l’adhésion d’un public toujours plus grand, en jouant sur la
psychologie collective et sur le comportement des masses. Elle sous entend des moyens de
communications efficaces, comme la numismatique ou le discours, qui était transmis par le
bouche à oreille312, l’épigraphie313… Les monnaies représentant parfois les armées, le
peuple314 et le Sénat les impliquaient davantage dans la vie politique. Les thèmes et les
moyens de la propagande étaient divers, selon qu’ils avaient des cibles différentes : aux
soldats, on distribuait toujours de l’argent315, au peuple, des vivres et de l’argent, aux élites,
des charges et des faveurs316. La propagande plaçait chaque corps de l’empire où devait être sa
312
Les offres d’argent se transmettaient par le bouche à oreille. Octavien, prévoyant les hostilités à venir contre
Antoine, se rendit en Campanie, là où était stationnée la septième légion, et « quand cette colonie militaire se
serait déclarée en sa faveur, beaucoup d'autres se seraient réunies » (N.Dam., Aug., 131 = 1-099).
313
Plin., Epist., VI, 10, 1-4 = 3-009.
314
Les monnaies représentant les congiaires par exemples, ne sont pas présentes dans le corpus.
315
À l’époque de César, on distribuait toujours des terres aux soldats, car ceux-ci en demandaient, sans doute
prévalait encore l’idée du citoyen-soldat (Plut., Brut., 21, 1-4 = 1-013). L’argent était distribué avant la bataille,
pour les convaincre de s’engager. Dion Cassius, XLV, 12, 1-13, 5 = 1-098 décrit une course aux distributions
d’argent, une sorte de guerre entre les deux prétendus héritiers de César, Octavien et Antoine. Apparemment, les
colonies paternelles ne fournissaient pas des partisans acquis : César se rendit en Campanie avec de l’argent.
316
Plut., Caes., 20, 1-3 = 1-010 écrivait que durant son séjour dans les environs du Rubicon, César « travaillait à
se rendre populaire ». Il paya les dettes de certaines personnes ou leur donna de l’argent afin qu’ils puissent vivre
selon leur rang (Plut., Caes., 29, 1-7 = 1-011 ; Suet., Caes., 27, 3 = 1-012).
88
place : l’empereur avait besoin d’une armée fidèle et disciplinée, d’un peuple docile et d’élites
complaisantes. Dans le cas des légions, une sédition était très risquée : les legions devaient
revenir sur leur serment, ce qui, en théorie, était impossible 317. Le serment des armées faisait
pendant à la reconnaissance de l’empereur par le Sénat : il était obligatoire, sans lui les armées
n’avaient aucune obligation vis-à-vis de lui. Il serait faux de dire que le Sénat n’était pas une
force réelle : nous avons esquissé, dans le chapitre précédent, une étude du rôle et des rapports
entre les sénateurs – et les élites en général, appartenant plus ou moins à la cour 318 – dans les
complots contre le pouvoir impérial. Mais son rôle était tributaire de celui de l’armée et vice
versa. Les deux étaient inséparables. La propagande impériale s'appuyait sur la force
militaire, la constitution de clientèles avait pour but de constituer des armées. La propagande
du vainqueur cache un presque équilibre des forces. Auguste, dans ses Res gestae, donnait la
liste des provinces ayant prêté serment pour lui avant Actium. Il taisait soigneusement tout ce
qui concerne ses ennemis jusqu'à leurs noms : Pompée devint un pirate 319, Antoine un chef de
faction320. La teneur du serment fait au même moment à Marc Antoine nous est rapportée par
Dion Cassius321. Parfois, Octavien ne se montra pas très courageux : avant la bataille contre
Cassius, son médecin lui conseilla de sortir du camp d'après le rêve prémonitoire qu'il avait
fait322. Suétone se fait parfois l’écho de propagandes antagonistes, ainsi dans le récit des
batailles contre les Césaricides 323. Octavien avait des moyens financiers plus importants
317
Oros., VII, 6-7 = 2-004.
318
En réalité, ces remarques ont abouti à une problématique quant à la définition de la cour. Les personnes ayant
accès à l’empereur et pouvant agir sur le pouvoir impérial semblent nombreuses, les sources ne s’attardent pas
sur une étude de leurs fonctions et de leurs rapports exacts.
319
R.G., 25. “Iurauit in mea uerba tota Italie sponte sua et me be[lli] quod uinci ad Actium ducem depoposcit.
Iurauerunt in eadem uer[ba proui]nciae Galliae, Hispaniae, Africa, Sicilia, Sardinia. Qui sub [signis meis tum]
militauerint fuerunt senatores plures quam DCC, in ii[s qui uel antea uel post]ea consules facti sunt ad eum
diem quo scripta su[nt haec LX]X[XIII sacerdo]tes ci[rc]iter CLXX.” Dion Cassius y ajoute l'Illyrie et y retire
les habitants de Cyrène et de ses environs.
320
Aug., R.G., 1.
321
D.C., L, 6, 2-6. Antoine s'était assuré le soutient de l'Asie continentale, de la Thrace, de la Grèce, de la
Macédoine, de l'Égypte, de Cyrène, des territoires et îles alentours et des rois et potentats sur les bordures de ces
régions.
322
323
Flor., O., II, 17 = 1-179
Aug., 10, 1-6 : “Priore Antonius fugisse eum scribit ac sine paludamento equoque post biduum demum
apparuisse, sequenti satis constat non modo ducis, sed etiam militis functum munere atque in media dimicatione,
aquilifero legionis suae graviter saucio, aquilam umeris subisse diuque portasse.”
89
qu'Antoine : il pouvait distribuer de l'argent aux personnes qui étaient redevables de son père
en échange d'un engagement militaire324.
La numismatique transmet immédiatement le programme politique de l’empereur ; les
historiens de l’Antiquité s’en faisaient l’écho tout en le transformant. Une comparaison entre
ces deux sources permet de mettre en valeur les modalités de la transmission de la propagande
impériale et la manière dont elle était reçue. Tous les ateliers monétaires de l’empire ne
frappaient pas les mêmes monnaies : droits et revers étaient différents. L’empereur envoyait
probablement des modèles de revers monétaires sur support périssable. L’exécution de la
monnaie était déférée aux ateliers provinciaux et de l’Italie. Il est fort probable que l’atelier
impérial de Rome ait fait l’objets de plus de contrôles de la part de l’empereur, tant que celuici était à Rome325. Ces pratiques permettent aux numismates de distinguer plusieurs styles
dans les monnaies, ils permettent, entres autres, de situer le lieu de frappe d’une monnaie sur
laquelle les historiens ont des doutes326. Les empereurs tentaient de s’attirer la bienvaillance
du Sénat par des revers monétaires d’inspiration républicaine 327 : pourquoi l’auraient-ils fait si
le Sénat avait vraiment été impuissant ? En effet, le rôle du Sénat est assez difficile à
324
D.C., XLV, 12, 1-13, 5 = 1-098 ; N. Dam., Aug., 31 = 1-099
325
Maximin ne se rendit jamais à Rome, ce qui par ailleurs irrita les membres du Sénat. Il fut tué au siège
d’Aquilée alors qu’il se préparait à envahir l’Italie.
326
S. Estiot, « L'empereur Silbannacus : un second Antoninien », RN, 1996, 151, p. 109 explique le fait que le
nom de l’usurpateur Silbannacus, présent sur une monnaie unique, avait été originellement Silvannacus voire
Silvaniacus, puis avait été transformé en Silbannacus par un bétacisme dû au caractère hâtif de la frappe (les
usurpateurs devaient rapidement assoir leur pouvoir en se faisant connaître, car ils étaient conscient du fait que
leur pouvoir pouvait être éphémère) et à la transmission orale des consignes de frappes. Le bétacisme était une
caractéristique du latin vulgaire. Une importante concentration de noms en –iacus ou –acus se rencontrait dans le
milieu des militaires issus de la Gaule Cisalpine (ibid., p. 108). Cette monnaie a été trouvée il y a une quinzaine
d’années, en surface, en région parisienne. Elle procède à une compaison entre les monnaies des différents
usurpateurs et note qu’elles sont d’une exécution très maladroite (ibid., p. 114).
327
Les monnaies des partisans de Vindex nommaient la libertas populi romani restituta (RIC 24-28 = 3-010 à 3-
014). Le peuple de Rome, après la mort de Néron, se coiffa du bonnet d’affranchissement. Cet acte était
tellement en syntonie avec la propagande de Galba et de Vindex que l’on peut se demander s’il avait été guidé
ou si au contraire, tout l’empire se dressait d’une seule voix contre la tyrannie (Tac., An., XVI, 35, 1-4 = 3-003 ;
Aur. Vict. (-Ps.), Caes., 5, 5-9 = 3-005). Même Élagabal, haï des sénateurs pour ce qu’il leur avait fait subir, fit
frapper des monnaies portant la libertas au revers (RIC 105-114, 355-361 = 8-081 à 8-098).
90
déterminer : les sénateurs se lamentaient constament de leur perte d’influence mais d’autre
part, leur accord vis-à-vis du nouveau pouvoir impérial était nécessaire.
Le programme polique de l’empereur romain, comme tout programme politique, était
plus une manière de se concilier des partisans qu’une réelle déclaration d’intentions. Il se
distinguait des frappes célébrant des événements comme par exemple, les vœux faits pour la
santé de l’empereur. Le programme politique de l’empereur met en valeur une personnalité. Il
le fait dans différentes mesures. Les empereurs « sénatoriaux » comme Galba ou Maxime et
Balbin, choisis en réaction à un « tyran » mettent en évidence des thèmes chers au Sénat.
Galba mettait en avant la libertas restituta qu’appoque son règne serait censé apporter328, la
libertas publica329, ou populi romani330, puis l’empereur s’appropria cette valeur républicaine
en faisant frapper des monnaies au revers libertas augusta331 qui devint la libertas Augusti332.
En passant du nominatif au génitif, le sens changeait de l’épithète vers la propriété.
L’empereur était le seul dispensateur de la libertas, elle lui appartenait. Il en dépouillait ainsi
le Sénat. Galba s’éloignait de l’héritage de Vindex. Les monnayages militaires des partisans
de Vindex mentionnaient la libertas populi romani restituta333, ou simplement la libertas
restituta334.
Un écart de 170 ans rend impossible une comparaison entre les monnaies de Galba et
des empereurs Pupien et Balbin. Ils le furent dans un contexte et dans une perspective
totalement différente. Á l’époque de Galba, le souvenir de la République était encore vivace,
même si personne ne lui avait survécu. Si la république s’éteinît « officiellement335 » avec le
principat d’Auguste, dont la date est discutée, elle prit fin réellement bien avant l’instauration
du second triumvirat rei publicae constituendae officialisé par la lex Titia du 27 novembre 43
328
RIC 7-9, 37-39 = 3-029 à 3-034 ; RIC 479 et 480 = 3-086 et 3-087.
329
RIC 237 = 3-035 ; RIC 275 = 3-036 ; RIC 68-75 = 3-078 à 3-085 ; RIC 158, 159, 136, 137 = 3-089-3-092.
330
RIC 157 = 3-088.
331
RIC 293-296 ; RIC 309, 310, 318, 327, 328, 346-349, RIC 363-367, 367, RIC 372, 388-391, 422-427 = 3-037
à 3-066.
332
RIC 436-443, 459-461,
333
RIC 24, 25 = 3-010 et 3-011.
334
RIC 26, 27 = 3-012 et 3-013.
335
Entre guillemets car elle ne fut jamais abolie.
91
av. J.-C. Pupien fit frapper une monnaie rappelant son élection par les patres senatus336. Le
débat sur la restauration de la République n’était plus à l’ordre du jour depuis longtemps : les
deux empereurs devaient rétablir l’ordre dans Rome et éviter une mutinerie des soldats
présents, et se porter en Italie du Nord contre Maximin. Nous avons mentionné ces trois
empereurs car leur choix était vraiment unique : ils furent choisis en réponse à une tyrannie,
mais à deux époques différentes. Leurs monnaies ne sont pas significatives des changements
qu’il y eut dans la reprise des thèmes républicains dans la pensée politique : le thème de la
libertas ne fut jamais abandonné mais graduellement il se transforma en motif littéraire et
cessa d’être un mot d’ordre.
2. La préparation de la succession et le rattachement aux
familles impériales précédentes
L’installation d’une nouvelle dynastie était une garantie de paix, en évitant à l’empire
de sombrer dans une guerre civile créée par une crise de succession. Le choix du nouvel
empereur était basé en partie sur ces critères. La possibilité de la succession était mise en
avant en tant qu’argument. Mucien énonçait les raisons qui le poussaient à demander à
Vespasien de prendre en charge l’administration de l’Empire : il a été choisi par les dieux
pour sauver la république (salutare rei publicae), ses compétiteurs « veulent […] souiller et
[…] perdre » la République, « la Judée, la Syrie et l'Égypte [lui] assur[aient] neuf légions
intactes, que nulle bataille n'a épuisées, nulle mutinerie gâtée, armée aguerrie par l'exercice et
victorieuse dans une guerre étrangère », il avait plus d’expérience que les autres prétendants –
entre autres, Néron l’avait envoyé en Judée afin qu’il règle le problème de la guerre des Juifs
– et, mais cela vient en dernier, sa maison avait « deux jeunes gens dont l'un est déjà capable
de gouverner et que ses premières années de service ont rendu illustre dans les armées de
Germanie337. » La possibilité de la succession venait après l’élément militaire et idéologique.
Elle était une manière d’affermir le régime : Vitellius nomma César son fils âgé de six ans338.
336
RIC 11 = 11-089.
337
Tac., H., II, 76, 1-77, 4 = 3-211.
338
Zon., XI, 573, 16 = 3-234 ; Tac., H., , II, 59, 5-6 = 3-235 ; Mucien le fit mettre à mort par la suite (Tac., H.,
IV, 80, 1 = 3-236 car il était un seminum belli.
92
Galba voulait démontrer le caractère traditionnel du régime dans la continuité d’Auguste qu’il
souhaitait instaurer en adoptant Pison. L’adoption venait par défaut, l’idéal étant
républicain339. Galba pouvait faire ce choix, dans le cas de l’existence d’un successeur direct,
l’empire lui serait revenu automatiquement. Elle lui permettait aussi d’agrandir sa clientèle :
Pison était ami de Rubellius et de Cornelius Laco, ennemi de M. Salvius Othon, et de M.
Aquilius Regulus. La succession renforçait un pouvoir faible. Lorsque les légions de
Germanie supérieure commencèrent à demander un autre empereur, Galba projeta d’adopter
Pison340.
Nous n’avons aucun exemple d’empereur ne désignant pas ses descendants directs
comme successeurs. Selon Dion Cassius, Pertinax ne voulait pas nommer son fils César
« parce qu'il n'avait pas encore affirmé son pouvoir ou parce qu'il ne voulait pas laisser son
épouse qui n'était pas chaste porter le nom d'Augusta, ou permettre à son fils, qui était encore
un enfant, d'être atteint par la magnificence et les perspectives contenues dans le titre de César
avant qu'il ait reçu une éducation341. » Cependant, il fit frapper des monnaies à son effigie, de
même qu’à sa femme342. Dion Cassius présente deux explications différentes appartenant
respectivement le calcul politique et l’idéologie dont l’empereur voulait se parer. Pertinax
339
Tac., An., I, 16, 1 = 3-191 et 1, 15, 1-2. Tacite cite (et recompose) le discours de Galba lors de l’adoption de
Pison : « Sed Augustus in domo successorem quaesiuit, ego in re publica. »
340
Tac., H., I, 12, 1-2 = 3-189 ; Plut., Galb., 18, 9-19, 1 = 3-190 ; Tac., H., I, 19, 2 = 3-192. L. Calpurnius Piso
Frugi Licinianus était originaire d’une très importante famille de l’ordre sénatorial. Sa carrière n’est pas connue
jusqu’à son sacerdoce et son adoption sous le règne de Galba. Un des membres de sa famille avait sans doute
trempé dans une conspiration contre Néron (Suet., Ner., 36 = 3-103). Il était aussi choisi pour ses relations : il
était ami de Rubellius Plautus (Tac., H., I, 14) et de Cornelius Laco, ennemi de M. Salvius Othon (Plut., Galb.,
23), de Titus Vinius (Tac., H., I, 34) et de M. Aquilius Regulus (Tac., H., IV, 42 ; Plin., Epist., II, 20, 2).
Rubellius Plautius (33 av. J.-C.-62 ap. J.-C.) était un parent de la famille julio-claudienne par sa mère. Cette
dernière fut exécutée suite aux intrigues de Messaline qui voyait en lui un rival pour Britannicus. Rubellius
Plautus fut tué en 62 par Néron ; puis en 66 ce fut au tour de sa femme et de ses enfants. Cornelius Laco aida
Galba à arriver au pouvoir, il le récompensa en le nommant préfet du prétoire, puis il fut tué sur les ordres
d’Othon. Titus Vinius fut consul en 69 avec Galba. Il fut tué en même temps que Pison et Galba. M. Aquilius
Regulus a été prêtre sous Néron. Il mentionné par Pline pour être un chasseur de testaments (Pline, Epist, II, 20)
et un délateur : il avait aidé à la condamnation d’Arulenus Rusticus. Tribun du peuple en 66, Lucius Iunius
Arulenus Rusticus fit tout pour empêcher le sénat de voter la condamnation à mort de Paetus Thrasea, comme
l'exigeait Néron. Ami de Pline le Jeune et de Tacite, il fut condamné à mort par Domitien en 93.
341
D.C., LXXIII, 7, 1-3 = 7-028.
93
était présenté par les sources comme un empereur du Sénat, choisi à l’unanimité en opposition
à Commode. En réalité, son avènement et les suites de son règne laissent davantage penser à
un calcul politique.
Tant que vivaient des descendants directs d’un empereur précédent ou d’un
usurpateur, l’empereur en place ne pouvait pas être serein. Le fils de Vitellius fut tué par
Mucien alors qu’il n’avait que six ans. Pison fut tué en même temps que Galba. Le fils de
Pertinax ne fut pas tué : il devint flamine de son père343, puis consul suffect en 212 sous le
règne de Caracalla344 : il n’était plus le successeur de Pertinax, c’était Septime Sévère.
Certains ancêtres pouvaient être embarassants : Octavien se servit de l’héritage de
César, le revendiqua jusqu’au moment où il ne lui fut plus d’aucune utilité. César avait
distribué des terres à ses vétérans : Octavien s’y rendit afin de s’y faire reconnaître. Dès avant
que le Sénat reconnaisse son adoption, il usurpa le nom César 345. Son adoption signifiait aussi
celle d’un programme : « César l'avait adopté comme fils, comme celui qui était le seul à
offrir la garantie de conserver l'empire dans son intégrité et l'honneur de la maison 346. » Puis,
342
Il ne nous reste qu’une monnaie la représentant (C. 1) frappée à Alexandrie. Elle est en moyens bronze. Au
droit, elle représente le buste de l’impératrice à droite accompagnée de la légende TITIANH CEBACTH, au
revers, la Victoire marchant à gauche, tenant une grande couronne des deux mains. La légende est L A. Son fils,
portant le même nom que l’empereur, est représenté sur la médaille C. 1, présentant le même revers que celle de
sa mère, au droit, le buste nu du César drapé, à droite accompagné de la légende KAICAP ΠEPTIN. Il était aussi
mentionné en tant que César sur une inscription découverte à Metz que nous ne sommes pas arrivés à trouver
(Henry Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l'Empire Romain, Paris, 1883, t. III, page
397). Ces monnaies ont été frappées de l’initiative des ateliers locaux, non de l’empereur. Il était honoré en
Égypte les jours de fête avec ses parents (BGU 2, 646), voir PIR H 74.
343
H.A., Pert., 15, 3.
344
H.A., Carac., 4, 8. Mais il fut tué sous le règne du même empereur, peut-être parce qu’il avait été ami de Geta
(H.A., Carac., 4, 8-9t Get., 6, 7-8 ; Hdn., IV, 6, 3).
345
Zon., X, 499, 15 = 1-059 ; Plut., Brut., 22, 1-23, 1 = 1-061 dit que cela a été fait pour « commencer à capter la
faveur du peuple », App., B.C., III, 11 = 1-064.
346
N. Dam., Aug., 30, 120 = 1-062, Vell., II, 60, 1-2 = 1-063,
94
plus aucune allusion fut faite à César : dans un document si important que ses Res Gestae,
Auguste ne le désignait pas par son nom mais par la périphrase parentem meum347.
Le rattachement à une dynastie précédente avait pour but de se légitimer en se faisant
passer comme le descendant direct de l’empereur et à se couler dans sa lignée politique.
Septime Sévère fut appelé Pertinax par les soldats, comme si cela était une marque
d’honneur348, alors que Pertinax fut tué par les militaires349. Ce n’était pas une adoption
postume : Imperator Caesar Lucius Septimius Severus Pertinax Augustus prit le cognomen de
Pertinax (et non le gentilice comme lors d’une adoption régulière). Il resta un cognomen dans
sa titulature. Les soldats l’avaient appelé Pertinax et Auguste : les deux surnoms étaient sur le
même plan, Pertinax était une sorte de mot d’ordre, les soldats avaient combattu pour le
venger350. Le praenomen est Imperator, le nomen Caesar, les cognomina Septimius Severus
Pertinax. Il garda son ancien praenomen Lucius, placé après le gentilice : la situation était
extraordinaire et créait une titulature inhabituelle dans l’épigraphie 351. Puis, il se rattacha à la
famille de Marc Aurèle : La mention « frère du divin Commode » apparaît au plus tôt en
195352. S’il était fils de Marc Aurèle, un bon empereur, il était aussi frère du détesté
Commode. Le rattachement à la nouvelle dynastie impliquait la mise à mort des conspirateurs
contre son frère adoptif : Septime Sévère fit tuer Laetus, Marcia, Narcisse353, tous trois des
personnages importants. Dion Cassius rapporte qu’il « il libéra trente-cinq prisonniers qui
347
Aug., R.G., 2. Le mot parens associé à la guerre civile donne l’idée que cette guerre est juste, légitime parce
que preuve de piété filiale (« Qui parentem meum [necauer]un[t, eó]s in exilium expuli iudiciis legi/timís ultus
eórum [fa]cin[us e]t posteá bellum interentís reí publicae / uíci b[is a]cie »).
348
Hdn., II, 10, 9 = 7-151.
349
Hdn., II, 5 et D.C., LXXIII, 9, 10.
350
Hdn., II, 10, 9 = 7-151.
351
Cele fut probablement fait en 193, date de la consecratio de Pertinax. Elle était représentée sur les monnaies:
RIC 24a, RIC 24b, RIC 660B a, RIC 660 B b, RIC 660 B c, RIC 660C a = 7-159 à 7-164. Contrairement à sa
titulature, les monnaies font allusion à une adoption (DIVVS PERT(INAX) PIVS PATER au droit).
352
353
R. Syme, "The Nomen Antoninorum", Historia Augusta Papers, Oxford, 1983, p. 79.
D.C., LXXIII, 16, 5 = 7-165. Laetus était préfet du prétoire sous Commode, Marcia était une ancienne
concubine de Commode, elle était bien placée pour avoir des contacts avec des personnages importants, comme
le montre la réussite de la conspiration contre Commode. Narcisse était un affranchi impérial. La mise à mort de
ces personnes avait aussi certainement une fonction dissuasive. Elle était nécessaire à la crédibilité de l’adoption
posthume de Septime Sévère.
95
avaient été accusés d'avoir soutenu Albinus, et il se comporta à leur égard comme s'ils
n'avaient jamais reçu de charges – ils étaient parmi les plus importants membres du Sénat –
mais condamna à mort vingt-neuf autres hommes, parmi lesquels se trouvait naturellement
Sulpicianus, beau-père de Pertinax354. » Le rattachement aux familles impériales précédentes
était aussi un moyen de mettre en place sa propre succession et par là même de se projeter
dans le futur en affirmant que Caracalla et Geta étaient dignes du nomen Antoninorum355.
B. Un empereur choisi par les dieux
1. Les présages impériaux
Les sources présentaient les présages impériaux comme s’ils étaient listés pendant
toute la vie des futurs empereurs ; en réalité ils étaient créés lors de la guerre civile, peut-être
même avant, lorsque le futur empereur commençait à rassembler un cercle de partisans autour
de lui et à se gagner des soutiens.
Les présages impériaux étaient une création humaine. Il ne faut pas seulement y voir
l’œuvre de la crédulité et du goût pour le surnaturel mais aussi un calcul politique. Ils sont
créés selon un schéma précis, des éléments clés reviennent souvent afin d’en faire quelque
chose d’interprétable pour la mentalité religieuse romaine. Les signes divins de l’Histoire
auguste par exemple sont très différents de ceux présents chez les autres historiens, à tel point
que l’on peut se demander dans quelle mesure l’auteur voulait-il donner l’illusion du vrai 356.
Puisque les présages étaient une création humaine intentionnée, il convient de se demander
354
D.C., LXXV, 7, 4-8, 4 = 7-167.
355
H.A., Sev., 10, 3-6 = 7-168.
356
La pourpre est un thème dominant des omina imperii dans l’Histoire auguste (Albin., 5, 1-9 = 7-052 ; Diad.,
3, 4-5, 6 = 8-017 ; Maxim., 30, 1-4 = 11-037), elle n’apparaît pas en tant que présage chez les autres historiens.
96
dans quel but ils étaient créés et transmis, quelles étaient les modalités de leur transmission et
ce qu’ils voulaient démontrer.
Tous les empereurs apparaissent prédestinés pour régner et la mort de tous était
annoncée, il en allait de même pour tous les hommes : leur vie était constellée de signes
divins. Ceux de l’empereur avaient une importance « mondiale » : ils prédisaient la durée ou
la fin d’un règne. Les présages impériaux avaient la même signification que pour tout homme
mais étaient visibles de tous. Zonaras rapporte qu’au début de la révolte juive, « la lune
disparut deux fois, ce qui était plus que ce que l'on avait l'habitude de voir, le quatrième et le
septième jour, elle fut obscurcie. En une seule fois, deux soleils furent aperçus, l'un vers le
couchant, l'autre vers le levant ; le premier était faible et pâle, le deuxième brillant 357 ».
Plutarque écrit que « tout le monde vit une Victoire montée sur un char » lorsque Vespasien
fut acclamé empereur. La statue de César se tourna de l’Occident vers l’Orient, signe qu’un
empereur « oriental » allait prendre le pouvoir358. Le protagoniste s’identifiait physiquement
abec l’objet qui le représentait, leurs sorts étaient liés. Les présages lors des guerres civiles
prenaient une dimension nouvelle : ils n’étaient plus des admonestations de la divinité
demandant une certaine conduite. Galba vit la Fortune en rêve qui lui dit qu’elle l’attendait
devant sa porte. À son réveil, il transporta la statuette qu’il avait trouvée à Tusculum et lui
voua un culte359. Les présages lors des guerres civiles étaient envoyés contre quelqu’un. Un
prétendant au trône qui recevait des présages favorables était un danger pour l’empereur en
place. Les présages mentionnant plusieurs destinataires étaient une spécificité des guerres
civiles. Pour savoir lequel gouvernerait l’Empire entre Septime Sévère, Clodius Albinus et
Pescennius Niger, on interrogea l’oracle de Delphes qui répondit : « Optimus est Fuscus,
bonus Afer, pessimus Albus360 ».
La divinité faisait parfois allusion à l’idéologie. César et Octavien reçurent souvent les
mêmes présages, ils « connurent le même aboutissement361 ». Octavien s’inscrivait dans la
357
XI, 574-575, 16 = 3-126.
358
Otho., 3, 7-10 = 3-128.
359
Suet., Galb., 4 = 3-112.
360
H.A., Nig., 8, 1-6 = 7-103.
361
App., B.C., III, 152 = 1-033.
97
continuité paternelle. Les omina imperii mettaient en scène l’idéologie du régime. Le jour de
la bataille de Philippes, deux aigles combattirent au-dessus des armées, celui qui était du côté
de Brutus perdit362. Les aigles étaient représentés en haut du manche des drapeaux des légions,
ils étaient un symbole militaire. Ils étaient un symbole d’éternité : lors de la consécration d’un
empereur, on lâchait un aigle au-dessus de son bûcher afin de le représenter montant au ciel
parmi les dieux363. Plusieurs futurs empereurs furent les protagonistes de présages où un aigle
était présent, ce qui signifiait que plus tard, ils auraient régné 364. Septime Sévère rêva qu’il
tétait les mamelles d’une louve, comme Romulus 365. Le régime impérial se définissait donc
comme une monarchie militaire.
L’annonce de la mort de l’empereur prenait un sens différent selon qu’il s’agissait
d’un bon empereur ou d’un mauvais. Le bon était averti par les dieux, comme cela arrivait à
tout homme à tout moment de sa vie. Pour ce qui est du mauvais, la divinité prenait une
signification nouvelle : elle s’arrogeait la qualité de juge de ses actions, de sa politique. Il est
évident que les présages impériaux étaient transmis par une propagande. Elle cherchait par
tous les moyens à disposition des hommes du temps à démontrer quelque chose : les créateurs
des présages, par le biais de la divinité, condamnaient eux-mêmes l’empereur.
Les étaient présentés comme ayant été transmis depuis la jeunesse des empereurs mais
en réalité étaient créés et transmis au moment où la personne commençait à devenir un rival
pour l’empereur régnant. Il est difficile de mesurer leur impact réel. Les sources tardives les
rapportent de moins en moins mais cela ne tient pas au fait que les historiens soient devenus
chrétiens. Zonaras rapportait des présages. Cela tient plus au type de source : les abrégés, les
laterculi et les épitomés opèrent un choix et il se porte vers les événements strictement
militaires jusqu’à devenir une simple liste.
362
Zon., X, 507, 20 = 1-069.
363
D.C., LXXIV, 4, 1-5, 5 = 7-157.
364
H.A., Diad., 3, 4-5, 6 = 8-017 ; Max.Balb., 5, 1-11 = 11-074
365
H.A., Sev., 1, 6-10 = 7-098.
98
Les présages impériaux peuvent être intégrés aux symboles de l’idéologie impériale ;
la mort de César pourrait être attribuée à un échec de leur manipulation. Le fait que les listes
de présages aient été créées et transmises a posteriori est évoqué chez les historiens, preuve
qu’ils n’étaient pas dupes. E. Bertrand-Ecanvil analyse le passage de l’Histoire romaine de
Dion Cassius rapportant les omina imperii d’Octavien 366. Tout cela a commencé par une
déclaration d’Atia (¹ 'Att…a deinîj „scur…zeto). Contrairement à ce qu’écrivait Nicolas de
Damas, Atia poussa Octavien à combattre avec les césariens, elle ne fut pas une gêne pour
lui367. Peut-être l’auteur cherchait-il à augmenter le mérite et la détermination d’Octavien. De
plus, tous les présages cherchent à démontrer qu’il était destiné au pouvoir suprème (aÙtarc…
a), à être un maître (despÒthj) pour les Romains. Despotes peut être entendu dans le même
sens que Lucain, c'est-à-dire que le retour de la paix aurait été conditionné à l’avènement d’un
dominus368. Ce qui peut aisément s’expliquer : pour la première fois un principat était mis en
place, les prérogatives d’Octavien étaient organisées, définies par rapport à celles de César ;
Octavien avait dépassé un stade dans la reconnaissance de la mise en place d’un nouveau
régime par rapport à César et cela était à justifier. En réalité il serait interessant de savoir à
quelle époque cette liste de présage fut élaborée et si tous les présages le furent en même
temps. L’aÙtarc…a et le despÒthn contrastent avec l’affirmation de restauration de la
république par Octavien-Auguste et s’inscrivent dans une tradition grecque. Le rêve d’Atia
rappelle celui d’Olympias, mis à part le fait qu’Alexandre était considéré comme le fils de
Zeus-Ammon369. La deuxième partie de la liste développe ses relations avec le dieu souverain,
les présages sont de tradition romaine. Elle montre comment Octave tourna un présage
défavorable en sa faveur. La phrase prononcée (« tÕ ¢x…wma tÕ bouleutikÕn p©n ØpÕ
toÝj pÒdaj mou sc»sw ») définit le régime qui fut formé. C’était une royauté : Octavien reçut
le même présage que Tarquin l’Ancien 370. Il serait aussi utile de savoir si par le biais de la
religion, Octavien envoyait des messages « subliminaux » aux Romains les incitant à lui
décerner plus de pouvoirs, ou du moins à tolérer ce qui pouvait passer pour une révolution ou
si au contraire ces présages avaient pour but de dénoncer les dernières transformations de la
366
XLV, 1, 2-2, 7 = 1-170, E. Bertrand-Ecanvil, « Présages et propagande idéologique : à propos d’une liste
concernant Octavien-Auguste », MEFRA, 106, 1994, p. 488-498.
367
N.Dam., Aug., 131 = 1-099.
368
Lucain, Pharsale, 666-672
369
Plut., Alex., 2, 6-3, 4.
370
Liv., I, 34 .
99
république et étaient l’œuvre de la propagande adverse. Les présages prennent fin en 25. Ils
avaient pour but de préparer l’installation du nouveau régime. Il est possible qu’ils aient été
transmis par une autobiographie d’Auguste371.
2. Élaboration et transmission des présages impériaux
Antoine fit frapper un aureus le représentant, au droit, en tant que vainqueur naval et
au revers, représentant un lion372. Le lion passait pour être le symbole des rois. De plus, il était
un signe astrologique, mais ne pouvait être celui d’Antoine : né un 14 janvier373, il auraît dû
être capricorne. Octavien était balance mais il changea ce signe pour le capricorne 374. Peutêtre avait-il fait cela pour suivre la théorie de certains astrologues qui privilégiant le signe de
conception375 : dans la mythologie le Capricorne était Égipan, frère de lait de Jupiter, qui
l’aida dans sa lutte contre les Titans en leur lançant des conques. En tant que signe du solstice
d’hiver, il marquait le moment où le soleil reprenait sa course ascendante. Octave-Auguste a
sans doute voulu accentuer son aspect solaire (il était aussi le fils d’Apollon) ; il était le maître
du temps : en effet les monnaies représentent le Capricorne tenant un globe, symbole de
l’orbis terrarum, entre ses pattes avant. De plus, le Capricorne est un symbole occidental, à
371
Tertullien, de An., 46, 7 : « Nouerunt et Romani ueritatis huiusmodi somnia. Reformatorem imperii,
puerulum adhuc et priuati loci et Iulium Octauium tantum et sibi ignotum, Marcus Tullius iam et Augustum et
ciuilium turbinum sepultorem de somnio norat. In uitae illius commentariis conditum est . » En effet son
autobiographie s’arrêterait à la guerre des Cantabres de 25 (Suet., Aug., 85, 1). Probablement, note E. BertrandEcanvil (ibid., p. 504) les présages, avant d’être intégrés à l’autobiographie, étaient diffusés par des billets, des
libelles comme ce fut le cas lors de la « guerre de propagande » de 44 à 32 entre Antoine et Octavien.
372
Pérez (C.), « La symbolique de l’animal comme lieu et moyen d’expression de l’idéologie gentilice » in
Homme et animal dans l’antiquité romaine. Actes du colloque de Nantes 1991, Tours, 1995, p. 280 fig. 7
373
374
F. Chamoux, Marc Antoine, Paris, 1986, p. 13 sq.
J. Bayet, « L’immortalité astrale d’Auguste, REL, 17, 1939, p. 141-171 ; G. Brugnoli, « Augusto e il
capricorno », in L’astronomia a Roma nell’età Augustea, Galatina, 1989, p. 17-32 ; J.-H. Abry, « Auguste, la
Balance et le Capricorne », REL, 66, 1988, p. 103-121
375
A. le Boeuffle, « Le pouvoir et la ‘rétro-prédestination’ ou l’art de la déformation…astrologique », in
Pouvoir, divination, prédestination dans le monde antique, éd. par É. Smadja et É. Geny, Paris, PUFC, 1999, p.
278.
100
l’opposé du Lion376. Octave, dans sa propagande, mit en avant son caractère occidental, par
opposition à Antoine l’oriental. De plus, le Capricorne avait une connotation guerrière et
victorieuse. Les œuvres littéraires transmettant la propagande furent sûrement censurées par
Octave-Auguste, les libelles ne furent pas conservées, les monnaies sont tout ce que nous
avons conservé.
Une autre trace de propagande adverse est probablement visible à travers les présages
s’adressant à plusieurs empereurs.
La guerre civile favorisait la création et la transmission des présages impériaux.
Comme note Appien, « lorsque tant de milliers d'hommes issus d'un même peuple marchent
les uns contre les autres, bien des faits extraordinaires survenaient 377. » Les Romains s’y
attendaient. À Pergame, avant la bataille de Pharsale, des sons furent entendus dans le temple
de Dionysos378. Seuls les prêtres avaient le droit de rentrer dans l’adyton ; par conséquence,
G.W. Bowersock en déduits qu’ils furent les auteurs de ce présage. En manipulant la crédulité
des foules, ils créaient une pia fraus. Cela aurait été fait par l’intermédiaire de Mithridate, fils
de Menodotus, de Pergame. Il aida César dans la guerre d’Alexandrie 379. Il apparaît en tant
que prêtre héréditaire de Dionysos Kaqhgemèn380. Le prêtre assura César de la fidélité de
Pergame. En échange, il reçut une récompense : il fut nommé grand prêtre du royaume du
Bosphore, tétrarque de Trocmi en Galatie, des privilèges spéciaux furent accordés à Pergame
376
Manil., 4, 791-793; Hor., O., II, 17, 19; Prop., IV, 1, 86.
377
B.C., II, 77.
378
G.W. Bowersock, « The Mechanics of Subversion in the Roman Provinces », Oppositions et résistances à
l’Empire d’Auguste à Trajan, Genève, Fondation Hardt, 1987 (Entretiens sur l’Antiquité Classique, t. XXXIII,
25-30 août 1986), p. 294. César donne plus de précisions (Civ., III, 105, 5) : « Pergamique in occultis ac
reconditis templi quo praeter sacerdotes adire fas non est – quae Graeci adyta appellant – tympana sonuerunt. »
379
380
Caes., Bell. Alex., 26, 1; Strab., XII, 4, 3 et Cic., Div., II, 79.
G. Bowerstock, « The Mechanics of Subversion in the Roman Provinces », Oppositions et résistances à
l’Empire d’Auguste à Trajan, Genève, Fondation Hardt, 1987 (Entretiens sur l’Antiquité Classique, t. XXXIII,
25-30 août 1986), p. 294-295 cite M. Segre, Athenaeum, N.S., 16, 1938, p. 120 : les textes trouvés sur les deux
bases de statues à Pergame peut être combiné pour produire l’inscription Ð dÁmoj ™t…mhsen / Miqrad£thn
MhnodÒtou tÕn di¦ gšnouj ¢rcierš[a] / kaˆ ƒerša toà KaqhgemÒnoj DionÚsou di¦ gšno[uj].
101
et à son territoire381. Les privilèges donnés par les triumvirs à Aphrodisias avaient peut-être la
même origine. Un épiphanie de Zeus eut lieu dans le temple de Panamara382.
Vespasien, après avoir guéri deux malades, entra dans le Sérapeum d’Alexandrie où
vit Basilides383. Ce prêtre avait déjà prédit l’empire à Vespasien 384. « Alors il expliqua
l'apparition comme un fait surnaturel et le nom de Basilides comme la réponse essentielle de
l'oracle » : Basilides peut se rapprocher du grec basileÚj, roi. La guérison des deux malades
est sans doute à rapprocher du fait que l’empereur, de par les présages qui lui était adressés,
était entouré d’une aura divine et se rapprochait de la divinité. Galba reçut des présages à
Clunia. Il fit frapper des monnaies les commémorant 385. La Vie d’Apollonius de Tyane
pourrait nous éclairer sur le rôle des temples dans la création et la transmission des présages
impériaux. Apollonius de Tyane parlait devant de nombreux auditeurs 386. Il était en contact
avec Musonius dont nous avons exposé le rôle387, avec le gouverneur de la Bétique et
connaissait l’existence de Vindex avant tout le monde388. Il est fort probable qu’à partir des
personnes qui venaient l’écouter, il ait fait courir et ainsi encourager une conspiration contre
Néron. Cependant, son rôle n’est détaillé que dans l’œuvre de Philostrate.
Dion Cassius écrivit un ouvrage sur les songes et présages advenus à Septime Sévère.
« J'ai publié un livre des songes et des signes sur lesquels Sévère fonda l'espoir d'arriver à
l'Empire, écrit-il, après l'avoir lu, Sévère, à qui je l'ai envoyé, me répondit en termes fort
obligeants. Ayant reçu cette lettre sur le soir déjà, je m'endormis, et, pendant mon sommeil,
381
Caes., Bell. Alex., 78, 2; Strab., XIII, 4, 3; D.C., XLII, 48, 4; App., Mithr., 121, 596.
382
Sur le territoire de Stratonicea. C. Şahin, Die Inschriften von Stratonikeia, II, 5-7, cité par G.W. Bowersock,
« The Mechanics of Subversion in the Roman Provinces », Oppositions et résistances à l’Empire d’Auguste à
Trajan, Genève, Fondation Hardt, 1987 (Entretiens sur l’Antiquité Classique, t. XXXIII, 25-30 août 1986), p.
296 : « met¦ fw]tÕj flÒga poll¾n [a]Ùto‹j ™net…naxen ».
383
Tac., H., IV, 81, 1-82, 3. = 3-131.
384
Tac., H., II, 78, 1-79, 3 = 3-130.
385
RIC 469-473 = 3-179 à 3-183. Suet., Galb., 9 = 3-116.
386
Philstr., Apol., IV, 43 = 3-224.
387
Philstr., Apol., IV, 46 = 2-226.
388
Philstr., Apol., V, 10 = 2-227.
102
mon génie me commanda d'écrire l'histoire. 389 ». Il n’a pas été conservé. Ce sénateur donne
une des modalités de la transmission des présages. À propos de signes défavorables adressés à
Caracalla, il écrivait que « la publication de ses réponses exposa plusieurs citoyens à des
associations calomnieuses390 ». Lui-même avait écrit un opuscule relatant les signes divins
adressés à Septime Sévère. Il était un témoin direct de cette époque. Consul suffect sous
Septime Sévère, il était un proche de la famille impériale. Pratiquement, il avoue écrire une
histoire dédiée à la gloire de la dynastie des Sévères : « J'ai publié un livre des songes et des
signes sur lesquels Sévère fonda l'espoir d'arriver à l'Empire; après l'avoir lu, Sévère, à qui je
l'ai envoyé, me répondit en termes fort obligeants. Ayant reçu cette lettre sur le soir déjà, je
m'endormis, et, pendant mon sommeil, mon génie me commanda d'écrire l'histoire. 391 ». Les
présages recueillis dans cet ouvrage le furent donc de manière directe. Au contraire, les
accumulations de présages présents dans l’œuvre de Suétone étaient composés dans une tout
autre logique : Suétone les recueillit « avec un soin maniaque dans des sources sans doutes
diverses… comme pour montrer que Galba a[vait] été, de sa naissance à sa mort, un jouet
entre les mains des dieux…il n'est pas interdit de supposer que Suétone a[it] puisé [dans] des
récits inspirés par des propagandes antagonistes: Galba et ses partisans avaient dû – comme
plus tard Vespasien et ses alliés – multiplier les relations de présages destinés à démontrer le
caractère sacré de la personne de Galba et à mieux asseoir la légitimité de ce parvenu; et
inversement les partisans d'Othon avaient dû répandre en abondance des récits de présages
pour prouver que les dieux avaient retiré leur appui à Galba 392 ». Cette différence est due à la
nature différente des deux œuvres : indubitablement, l’opuscule de Dion Cassius se faisait
l’écho de la propagande sévérienne, ou la créait – cela dépend de la date à laquelle il fut écrit ;
l’œuvre de Suétone distingue les bons des mauvais empereurs sans toutefois prendre
clairement parti quant au meilleur. Cette différence est due aux distances différentes face aux
événements auxquelles écrirent les deux auteurs. Quoiqu’il en soit, leurs œuvres démontrent
deux manières et deux buts différents de traiter les présages impériaux, deux manières de
pratiquer le métier d’historien. L’histoire pour Suétone et Dion Cassius n’était pas la
recherche de la vérité.
389
LXXII, 23 = 5-014 et XLV, 9 = 3-059.
390
LXXVII, 15.
391
LXXII, 23 = 5-014 et XLV, 9 = 3-059.
392
J. Gascou, Suétone historien, Paris, 1984, p. 449-450
103
III. L’exaltation d’une individualité : vers
l’héroïsation de l’empereur
La guerre civile est, en dernier lieu, le symbole d’une exaltation d’une individualité
extraordinaire. Son engagement est la conséquence d’une crise, civile et morale. Civile, parce
que l’empire est arrivé à un point critique : après la dictature de César, sans doute même
avant, Rome ne pouvait plus aller en arrière et rétablir la République. Il fallait néanmoins
sauter le pas psychologique qui la séparait de la monarchie. Morale, parce que le protagoniste,
c'est-à-dire le prétendant au trône, vainquait sa propre crise morale en se jetant dans l’action.
La cité, entrant dans une crise des valeurs, ne peut être sauvée que par une réforme de ses
valeurs et de ses institutions. Velleius Paterculus dramatise le choix d’Octave : « aussi cette
âme divine, méprisant les conseils humains, se proposa-t-elle de suivre la voie de la grandeur
dans les dangers plutôt que celle de la médiocrité dans la sécurité ; il préféra se fier au
jugement sur son propre compte d'un oncle tel que César qu'à celui de son beau-père, ne
cessant de répéter qu'il n'avait pas le droit de se juger lui-même indigne d'un nom dont César
l'avait jugé digne393. » Le juste prétendant au trône – c'est-à-dire celui qui y aspire, ayant de
bonnes raisons, et qui par conséquence, parvient à ses fils – ne peut pas être indigne car les
dieux l’ont choisi. Octave fut conçu de la même manière qu’Alexandre. Sa mère Atia tomba
enceinte après s’être endormie dans un temple et avoir, au réveil, aperçu un serpent. Cette
naissance miraculeuse fut attribuée à Apollon, alors qu’Olympias l’attribua à Zeus Ammon 394.
Mi-homme, mi-dieu, Octavien était par définition un héros. Il était destiné à accomplir des
aventures extraordinaires. En effet, la vie des héros peut être analysée comme articulée autour
de rites de passage : à la naissance, ils sont mis en contact avec le divin, un refus de leur part
équivaut à un refus de leur nature. À partir de l’adolescence, ils sont mis à l’épreuve, doivent
montrer leurs vertus militaire : la force, le courage, l’intelligence ou la ruse… Une autre
caractéristique du héros est d’être un héros fondateur. Le culte du fondateur existait dans
toutes les cités grecques dotées d’un fondateur héroïque. À Rome, sont aussi des héros les
fondateurs des différents âges : Janus et Saturne à l’époque où l’homme était encore sauvage,
393
Vell., II, 60, 1-2 = 1-063.
394
Plut., Alex., 2, 6-3, 4.
104
Picus et Faunus (ce dernier était souvent confondu avec Hercule) quand il découvrit
l’agriculture, Évandre quand il découvrit l’humanitas, la civilisation urbaine. Énée, l’ancêtre
des Romains, fonda Lavinium puis fut divinisé en tant que Pater Indiges. Romulus fonda
Rome et ses lois et la Ville devint une ciuitas. Servius Tullius organisa les institutions, mais il
n’était pas considéré comme un héros, juste comme un fondateur. L’histoire romaine était
conçue comme positive : la civilisation s’ajoutait graduellement à l’ « homme à l’état de
nature ». Auguste devait amener l’âge d’or, le saeculum aureum. Il s’installait dans la
continuité des rois légendaires de Rome Jaunus, Saturne, Picus, Faunus. Il amenait un degré
ultime de civilisation en proclamant la fin des guerres civiles. Il reconstruisait Rome : il était
un nouveau Romulus. De même, comme Romulus, Auguste reçut un culte à sa mort : il était
ainsi légitimé en tant que héros.
Le héros est aussi un personnage sanglant : cet aspect est mis en valeur dès le meurtre
de Remus395. En plus d’une violence, il s’agit d’une violence contre son frère, une des
définitions de la guerre civile. Mais celle-ci était justifiée. En plus de fonder les institutions,
Romulus choisit les insignes du pouvoir, promulga des lois. La guerre civile était un immense
parricide : Valère Maxime rapporte une anecdote396 en rappelant étrangement une autre
rapportée par Tacite397 au point où l’on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une forme de
légende urbaine398.
395
B. Liou-Gille, Cultes « héroïques » romains. Les fondateurs, Paris, Les Belles Lettres, 1980, p. 170.
396
« Is namque in castris Cn. Pompei stipendia peragens, cum Sertorianum militem acrius sibi in acie instantem
comminus interemisset, iacentemque spoliaret, ut fratrem germanum esse cognouit, multum ac diu conuicio deos
ob donum impiae uictoriae insecutus, prope castra transtulit et pretiosa ueste opertum rogo inposuit. Ac deinde
subiecta face protinus eodem gladio quo illum interemerat pectus suum transuerberauit seque super corpus
fratris prostratum communibus flammis cremandum tradidit. » (V, 5, 4)
397
H., III, 25.
398
En effet, J.-B. Renard, dans Rumeurs et légendes urbaines, Paris, PUF, 1999, p. 4-5 définit les légendes
urbaines ou « contemporaines » (dans le sens de contemporaines du narrateur) comme devant répondre à huit
critères : « le récit est anonyme…, le récit qui paraît unique appartient en réalité à un ensemble de variantes
attestées dans le temps et dans l’espace…il s’agit d’un récit bref…le contenu du récit est toujours surprenant…le
récit est raconté comme vrai…les individus [d’un] groupe se sentent impliqués…une histoire paraît d’autant plus
vraie et vivante qu’elle est récente… pour qu’une histoire nous intéresse, il faut qu’elle soit, selon l’expression
de Véronique Campion-Vincent, une « histoire exemplaire », c'est-à-dire un récit qui possède un message
implicite, une morale cachée à laquelle nous adhérons. ». J.-B. Renard, ibid., p. 7 semble classer les prodiges de
105
Cette nature entre l’humain et le divin définit l’empereur par rapport à son but. Les
héros grecs vivaient d’extraordinaires aventures à la recherche de leur immortalité, c'est-à-dire
dans le but de réaliser quelque chose qui était potentiellement en eux. La guerre civile était
une manière, pour la personne prédestinée, d’exprimer sa vraie fonction au sein de l’Empire et
du monde.
La louve était considérée comme un animal infernal. Le nourrissement par cet animal
a peut-être une valeur analogue à celle de la catabase dans certains mythes héroïques
grecques. Le contact avec le monde des morts est une épreuve qui apporte force et pouvoirs
au héros. « C’est aussi un animal sauvage, qui représente, à ce titre, l’ordre primordial, celui
qui prééxiste à l’apparition de l’homme…c’est aussi la prostituée, autre symbole de la licence
et du désordre primordiaux399 ». Elle incarne « cette promiscuité sexuelle générale qui régnait
dans la sauvagerie des temps primitifs400 ». Il n’est pas étonnant que la louve apparaisse dans
certains présages impériaux. L’empereur avait le rôle d’ordonnateur du cahos de la guerre
civile. Comme aux temps primitifs où l’homme ignorait les lois, dans la guerre civile les lois
de l’État, les lois divines et humaines étaient négligées, les hommes étant entraînés dans une
sorte de folie collective. Les présages faisaient voir l’empereur et la louve en relation avec
cette fonction. La louve avait une valeur initiatique : son contact rendait immortel401.
l’Antiquité dans parmi les rumeurs et légendes urbaines. De par la chronologie, Tacite pourrait avoir emprunté à
Valère Maxime : ce dernier prétendait rédiger un recueil d’exempla à l’usage des orateurs. L’exemplum était
pour eux une manière d’illustrer un concept compliqué par un exemple simple et concret. Il les recueillit dans les
sources de première main ou postérieures. Ce qui nous fait pencher vers la légende urbaine est le fait que les
deux histoires ne diffèrent que par les personnages, elles ont une morale identique. Peut-être Tacite l’a-t’il
modifiée dans un souci de véracité. Une étude les légendes urbaines dans l’Antiquité pourrait renseigner sur la
transmission des présages, ou comment les empereurs et les prétendants au trône utilisèrent le mécanisme de la
légende urbaine pour transmettre une propagande. Évidemment, les anecdotes mettant en avant l’impiété de la
guerre civile desservaient le pouvoir qui en était issu. Aussi serait-il intéressant (et utile) de comprendre par qui
étaient transmises ces histoires et en général, les récits défavorables aux empereurs.
399
400
B. Liou-Gille, Cultes « héroïques » romains. Les fondateurs, Paris, Les Belles Lettres, 1980, p. 162-163.
J.-P. Vernant, Mythe et société en Grèce ancienne, Paris, 1974, p. 150 cité par B. Liou-Gille, Cultes
« héroïques » romains. Les fondateurs, Paris, Les Belles Lettres, 1980, p. 163.
401
C’est à dire que Romulus subit une sorte de rite initiatique, étant mis en contact avec le monde des morts (que
les anciens situaient sous la terre). Ce contact en même temps lui révélait son caractère extraordinaire (le fait
106
d’être allaité par une louve constituait un présage mais ce n’était pas le premier. La naissance gémellaire était
considérée comme une marque de choix divin, le père des jumeaux était Mars), en même temps il lui conférait
l’immortalité : Romulus ne fuit pas devant la louve mais accepta de boire de son lait. Romulus fut divinisé et prit
le nom de Quirinus. De la même manière, les empereurs romains étaient appelés à être divinisés après leur mort
(en réalité aussi pendant leur vie, au départ officieusement) s’ils avaient mené une politique satisfaisante.
107
Quatrième partie : La guerre civile et les
honneurs constitutifs du pouvoir
108
I.
Le triomphe et ses substituts
La victoire dans la guerre civile comme dans toute guerre permettait de se légitimer,
mais la guerre civile avait encore plus de pouvoir : Appien rapporte qu’après avoir calmé la
mutinerie de Plaisance (49 av. J.-C.) César rentra à Rome et sa seule présence terrorisa le
Sénat. César a montré l’exemple de ce qui arriverait aux mécontents. Les sénateurs étaient
désormais prêts à lui conférer les honneurs qu’il souhaitait 402. Appien donne l’idée d’un
pouvoir basé sur la peur. La même idée se retrouve dans le récit d’Hérodien : Pupien et Balbin
furent élus par un Sénat apeuré 403. La dissuasion due à la guerre civile est perçue de manière
beaucoup plus négative que celle venant d’un ennemi extérieur. Elle est d’autant plus efficace
qu’elle est cultivée par la propagande. La notion de guerre civile à Rome, comme dans le reste
de l’Antiquité, comporte un jugement « moral404 ».
A. L’absence de triomphe : une guerre impie
Valère Maxime affirme catégoriquement que jusqu’à son époque (le règne de Tibère)
aucun triomphe ne fut célébré sur des guerres civiles 405. Selon l’Histoire Auguste, dont
l’auteur écrivait à la fin du quatrième siècle) il pouvait être célébré mais l’imperator était libre
de le refuser : Septime Sévère refusa le triomphe sur Pescennius Niger en 195406. Cela,
souligne J.B. Campbell, explique pourquoi il ne fit pas de triomphe, lui qui dépendait tant de
402
B.C., II, 48 = 1-034. Eutrope (VI, 20, 1) remarque que cela équivalait à “se nomm[er] lui-même dictateur”.
403
H.A., Gord., 22, 1-3 = 11-086
404
P. Jal, La guerre civile à Rome. Étude littéraire et morale, Paris, PUF, 1963, 540 p.
405
II, 8, 7: « Verum quamuis quis praeclaras res maximeque utiles rei publicae ciuili bello gessisset, imperator
tamen eo nomine appellatus non est neque ullae supplicationes decretae sunt, neque aut ouans aut curru
triumphauit, quia, ut necessariae istae, ita lugubres semper existimatae sunt uictoriae, utpote non externo, sed
domestico partae cruore. »
406
H.A., Sev., 9, 10-11.
109
l’appui de son armée407. Il pouvait toutefois être célébré de manière détournée : Sévère offrit
des congiaires, des jeux et des spectacles 408. Le fait que César ne triomphât pas de la bataille
de Pharsale semblait dû à une décision personnelle, à un calcul politique plus qu’à une
obligation409. Le préfet d’Égypte Mucien, instigateur de l’acclamation de Vespasien, reçut les
ornements du triomphe ; ce qui valut un commentaire quelque peu sarcastique de Tacite : les
dieux passaient après410. La guerre civile est un sujet tabou : l’empereur Claude voulait
commencer son histoire à la mort de César mais on l’en empêcha : il n’était pas bon pour le
principat de rappeler ses origines411.
B. Le triomphe sur les nations étrangères, un substitut
César célébra un quadruple triomphe sur des nations étrangères dont l’Afrique des
partisans de Scipion. Il fit ce qu’aucun empereur n’osa faire par la suite : il « se garda de
mentionner, sur les inscriptions de son triomphe, ses victoires sur des Romains, considérant
qu’il s’agissait de guerres civiles et que cela aurait été inconvenant pour lui et, pour ses
compatriotes, humiliant et de mauvais augure : il fit néanmoins, en ces circonstances, figurer,
sur des statues et sur divers tableaux, les mésaventures des vaincus et leurs héros, à
l’exception du seul Pompée, qu’il se garda bien de montrer, vu le profond regret que tous
avaient encore de lui.412 » Le triomphe était savament utilisé. Appien laisse entendre que si
Pompée avait été unanimement détesté, César aurait pu en tirer une légitimité encore plus
grande. L’art de la politique réside dans un savant dosage de la propagande et la guerre civile
constitue une limite en la matière. Jusqu’à l’époque de Septime Sévère nous avons des
témoignage de la circonspection avec laquelle les empereurs utilisaient le triomphe dans la
407
Campbell (J.B.), The Emperor and the Roman Army. 31 B.C.-A.D. 235, Oxford, Clarendon Press, 1984, p.
138.
408
D.C., LXXVI, 1, 1.
409
D.C., XLII, 18, 1-3 = 1-023
410
Tac., H., IV, 3, 5-4, 6.
411
Suet., Claud., 41, 4 : « Initium autem sumpsit historiae post caedem Caesaris dictatoris, sed et transiit ad
inferiora tempora, coepitque a pace civili, cum sentiret neque libere neque uere sibi de superioribus tradendi
potestam relictam, correptus saepe et a matre et ab auia. »
412
App., B.C., II, 101 = 1-037.
110
guerre civile. Au IVe siècle des interdits pesaient encore sur la guerre civile : elle était
toujours considérée comme impie. Puis les sources deviennent moins précises.
Ces triomphes étaient extraordinaires par leur fréquence : César triompha cinq fois 413.
Ils l’étaient aussi par le cortège : lors de son triomphe sur la Gaule il monta à pied au Capitole
entouré d’éléphants tenant des flambeaux, pour son triomphe sur le Pont il fit porter devant lui
un écriteau inscrit « Veni, uidi, uici ». Il rompait avec les autres imperatores qui, en décrivant
leur campagne dans les détails, la faisaient sembler beaucoup plus longue et difficile. En 45 il
triompha pour la bataille de Munda. L’abrégé de Tite Live rapporte que cette guerre fut bien
une guerre civile mais que César le célébra « sur l’Espagne414 ». Dion Cassius parle
clairement de triomphe sur une guerre civile, célébré parce que le nombre d’ennemis
minimum avait été atteint415.
Le triple triomphe d’Octavien est présenté par l’abréviateur de Tite Live comme un
triomphe sur l’Illyrie, sur Actium et sur Cléopâtre ; selon Suétone sur la Dalmatie, sur Actium
et sur Alexandrie416. Avant de triompher sur les guerres civiles l’empereur pouvait aussi
attendre de vaincre dans une guerre extérieure, afin que le triomphe célébré ne semble pas
impie417. Uranius Antoninus fut tué lors de la campagne d’Alexandre Sévère contre les Perses.
Nous ne savons pas si c’était un prétexte ou si, comme Pescennius Niger, l’usurpateur s’était
413
Suet., Caes., 37, 1-2 = 1-041 ; Vell., I, 56, 1-3 = 1-042; App., II = 1-037, 101; Plut., Caes., 55, 1-56, 1 = 1-
038 ; Liv., 115-116 = 1-039.
414
Liv., 115-116 = 1-039.
415
D.C., XLIII, 41, 2-46, 1 = 111-028 : « t£ te g¦r ™pin…kia, ka…toi mhdenÕj ¢llotr…ou krat»saj ¢ll¦ kaˆ
tosoàto plÁqoj politîn ¢polšsaj, oÙ mÒnon aÙtÕj œpemye, p£nta tÕn dÁmon ™n aÙto‹j æj kaˆ ™pˆ koino‹j
tisin ¢gaqo‹j aâqij ˜sti£saj, ¢ll¦ kaˆ tù Fab…J tù te Ku•ntJ, ka…toi Øpostrathg»sasin aÙtùkaˆ mhd•n „d…v
katorqèsasi, dieort£sai ™pštreye. kaˆ Ãn mšn pou gšlwj ™p… te toÚtJ, kaˆ Óti kaˆ xul…naij ¢ll' oÙk ™lefant…
naij œrgwn ».
416
Liv., 133 = 1-116 ; D.C., XLIII, 41, 2-46, 1 = 1-028 et Oros., Hist., VI, 20, 1-2 = 1-117 ; Suet., Aug., 22 :
“Curulis triumphos tris egit, Delmaticum, Actiacum, Alexandrinum”. L’erreur peut-être compréhensible, en 35 il
fit une campagne contre la Dalmatie et contre l’Illyrie. Le triple triomphe avait eu lieu pendant plusieurs jours.
417
Flavius Josèphe (B.J., VII, 157-158) rapporte que le triomphe de Vespasien ne fut pas seulement celui de la
guerre de Judée mais aussi celui de la guerre civile. La guerre civile prit fin le 20 décembre 69, avec la prise de
Rome par Antonius Primus et la mort de Vitellius. Jérusalem fut prise en juillet 70.
111
allié des Perses418. En mettant en avant sa pietas, l’empereur n’en rappelait pas moins qu’il est
un souverain militaire. Paradoxalement, un presque419 impie se présentait en protégé des
dieux. La mise en scène extraordinaire420 du triomphe faisait ressentir aux Romains qu’il
s’agissait de quelque chose de plus important qu’une guerre habituelle. En quelque sorte, le
prestige perdu par le recours aux allusions à la guerre civile était récupéré par la magnificence
du cortège, née à la fois de son caractère extraordinaire et de la répétition.
C. Problématiques autour de la notion de guerre civile
Aurélien amena Tetricus à son triomphe. La création de l’Empire des Gaules n’était
pas perçue comme une guerre civile : l’empereur Claude dit à son sujet qu’il devait combattre
la République des barbares, toÝj Barb£rouj ¹ polite…a421, même si la Gaule appartenait à
l’Empire. Postumus « tenait les rênes du pouvoir comme un régent422 », aidait le jeune Salonin
dans la tâche difficile que lui avait confiée son père. Mais cet « empire » changea de
caractéristiques à une date incertaine. Il devint un État à part entière formé sur le modèle
romain : leur armée avait une composition romaine (Postumus et Victorinus enrôlèrent des
« contingents auxiliaires de Germains423 »), l’État avait ses propres consuls424, ses propres
ateliers monétaires. L’empereur recevait une titulature calquée sur le modèle romain. Cela
était-il une manière de montrer sa fidélité ou au contraire de se démarquer ? De même, la
création du royaume de Palmyre ne fut pas considérée comme une guerre civile, même si
Odenath avait été nomme dux des provinces orientales par Gallien425 et il avait la citoyenneté
418
419
Sync., 674 = 10-004.
Presque parce qu’évidemment, même si le terme d’impie ou d’impiété n’est jamais mentionné par les
empereurs ou par la propagande officielle, qui au contraire fait tout pour écarter cette idée, les historiens le font
comprendre au lecteur.
420
D.C., XLIII, 14, 1-7 = 1-026 ; XLIII, 41, 2-46, 1 = 1-028.
421
Mal., XII, 635, 26 = 16-001.
422
H.A., Tyr., 3, 1-5 = 16-012.
423
H.A., Tyr., 6, 1-3 = 17-002.
424
RIB, I, 2241 = 17-003.
425
Sync., 466 = 16-020. En ce sens il était un fonctionnaire romain. Son autorité s’exerçait sur un territoire
romain (les provinces orientales).
112
romaine : Palmyre ne faisait pas partie de l’empire romain 426. Mais la biographie de ses
souverains comme de ceux de l’Empire des Gaules figurent dans l’Histoire auguste, dans le
Laterculus de Polemius Silvius sous la rubrique « Nomina omnium principum romanorum ».
La guerre d’Aurélien contre Tetricus et Zénobie ne fut pas considéré comme une
guerre civile – d’ailleurs, aucun historien n’emploie les mots bellum ciuilum, intestinum,
domesticum, st£sij, pÒlemoj ™mfÚlioj... – il pouvait légalement et surtout sans choquer les
présenter à son triomphe. Aurélien avait laissé faire tant que la situation dans ces provinces
nécessitait d’être rétablie ; puis, reconnaissant le rôle qu’ils avaient eu, ils leur conféra
charges et honneurs. Tetricus fut administrateur de la Lucanie, Zénobie épousa un sénateur 427.
Selon Orose, il vainquit sans combattre, par l’intimidation, par son autorité morale : il venait
de vaincre les Goths et la perspective d’une telle défaite ne pouvait qu’épouvanter. En effet, le
bon empereur menait le moins de guerres possibles, il les prévenait par l’idée qu’il donnait de
son empire, celui d’un pouvoir fort. G. Syncelle quant à lui mentionne une guerre, Zénobie
commandait même une « très grande armée », la victoire ne fut peut-être pas si facile. Les
causes de ces usurpations étaient ambiguës, comme leur dénouement. Il est probable que le
pouvoir impérial ait contribué au maintien de ce flou. Mais il est certain que le prestige
d’Aurélien en fut renforcé. Juste après il reçut le titre de restitutor orbis428. Aucun historien ne
critique cette victoire et ne l’appelle une guerre civile. Néanmoins la légalité de cette action
peut nous faire douter. Elle pose une question historiographique : la guerre civile est-elle ce
qui est défini comme tel par les anciens ou par l’historien moderne? Les historiens anciens
décrétèrent qu’aucune guerre civile n’avait eu lieu, peut-être cela était-il une évidence pour
426
Originellement Palmyre était un royaume vassal dans la sphère d’influence perse. Sous le règne de Valérien le
roi de Palmyre Odenath avait rejoint les forces romaines et repoussé les Perses parce que Shapur avait refusé son
aide. Après sa seconde campagne contre les Perses, Gallien le nomma imperator. Puis, à l’image de ceux qui
remettaient de l’ordre à l’Ouest (Pomponius Bassius avait été corrector totius Italiae) il fut nommé corrector
totius Orientis. Désormais il supervisait l’administration du Nord du Taurus au Sud du Golfe d’Arabie, de la
Cilicie, de la Syrie, de la Mésopotamie et de l’Arabie. Mais pour les Romains, ces concessions n’étaient que
temporaires. Cela n’était pas compatible avec la qualité de royaume vassal.
427
Eutr., IX, 13, 2 = 18-024 ; Sync., 469-470 = 18-026 ; Oros., VII, 23, 3-5 = 18-025 ; Jord., 290-291 = 18-027.
428
G. Sotgiu, « Aureliano (1960-1972) », ANRW II, 2, p. 1043, note 24, énumère les titres qu’il reçut : pacator et
restitutor orbis, conservator orbis, recuperator conseruator patriae, imperator orientis, perpetuus
gloriosissimus indulgentissimus imp(erator), [Ðg]Á[j k]a[ˆ] qal£s[s]hj kaˆ p£[shj] o„koumš[nhj de]spÒthj.
113
eux. Aurélien n’avait que légitimité à gagner dans une guerre extérieure. Il a sans doute
minimisé le caractère critiquable de cette guerre. Peut-être la Gaule, dans les mentalités des
Romains, était-elle considérée comme ne faisant pas partie de l’Empire à part entière.
Lorsque les conditions étaient atteintes429, le général était salué imperator par ses
armée et la cérémonie du triomphe était soumise à une approbation du Sénat. Sous l’Empire,
l’empereur avait le monopole du triomphe : il obtenait celui de la légitimation religieuse et
militaire, il était le seul digne de régner, le princeps. Le général victorieux montait au
capitole, le visage peint en vermillon comme celui de la statue de Jupiter Capitolin, il était
vêtu du manteau de pourpre, le paludamentum. Il déposait sa couronne de laurier, symbole de
victoire, devant la statue du dieu. Symboliquement, il lui offrait cette victoire, le remerciait de
son aide. Le fait que le princeps soit appelé imperator et ait pris ce titre comme praenomen
laissait entendre qu’il était un des fondements du régime impérial. En effet, seul un magistrat
cum imperio pouvait être acclamé imperator, et le princeps avait un imperium plus étendu que
celui des magistrats430.
429
Le nombre des ennemis qu’il fallait avoir tués varie. Selon Valère Maxime, il s’agissait du nombre de 5000 et
il l’expliquait de la sorte (II, 8, 1) : « Ob leuia proelia quidam imperatores triumphos sibi decerni desiderabant.
Quibus ut occurreretur, lege cautum est ne quis triumpharet, nisi qui quinque milia hostium una acie cecidisset.
Non enim numero sed gloria triumphorum excelsius urbis nostrae futurum decus maiores existimabant. »
430
AE 1996, 885, l. 35-37 : « … maius ei imperium / quam ei qui eam prouinciam proco(n)s(ule) optineret, esset,
dum in omni re maius imperi/um Ti(berii) Caesari Aug(usto) quam Germanico Caesari esset, tamquam ipsius
arbitri et potestatis omnia / esse deberent... » Le senatus consultum de Cneio Pisone patre atteste l’existence de
gradations dans l’imperium, par ordre décroissant l’imperium de l’empereur, l’imperium maius de Germanicus
César et l’imperium proconsulaire. Il fallait aussi compter l’imperium domi du magistrat. Cneius Pison fut
accusé d’avoir empoisonné Germanicus César et de d’être comporté, alors qu’il était proconsul, comme s’il avait
un imperium plus important que l’imperium maius de Germanicus César.
114
II. Les honneurs décernés aux empereurs suite aux
guerres civiles
Les honneurs et les fonctions décernés pendant les périodes de crises et spécialement
lors de celle qui fonda le régime impérial étaient très importants dans la définition du
principat. Tacite écrit au sujet de la lex de imperio Vespasiani que « in senatu cuncta longis
aliorum principatibus composita statim decernuntur431 », au Sénat ont été décernés à
Vespasien les honneurs rassemblés au cours des principats antérieurs. Cette définition
implique une possibilité d’évolution : d’une part elle va vers une précision dans la définition
du pouvoir impérial, d’autre part vers une accentuation du caractère surhumain de l’empereur.
A. La titulature impériale
1. Les cognomina
L’acclamation impératoriale autorisait le triomphe, puis elle devint aussi un moyen de
se faire attribuer un surcroît d’honneurs, de magistratures et de fonctions. Les honneurs ne
s’ajoutaient pas juridiquement à la définition du principat mais ils contribuaient à former
l’aura divine, le charisme conférait à l’imperator un surcroît de légitimité. Sur ce plan le
principat était avant tout visuelle. L’imperator siégeait à la première place, se distinguait des
Romains par son aspect, son image était sans cesse rappelée.
L’empereur recevait des cognomina rappelant ses victoires. Ils n’avaient aucun rôle
dans la définition juridique du pouvoir impérial, mais précisaient le rôle de l’empereur selon
431
Tac., H., II, 55.
115
un imaginaire qu’il créait lui-même 432. Vitellius après son acclamation par les armées de
Germanie prit le cognomen de Germanicus. Il avait été envoyé en Germanie inférieure par
Galba en tant que légat, il y prit le pouvoir. Il fit graver ce titre sur ses monnaies puis le donna
à son fils. Il était encore enfant ; il devenait ainsi officiellement son successeur433. L’octroi de
ce cognomen a une signification très différente de celui de Britannicus qui fut offert à Claude
après l’achèvement de la conquête de la Bretagne : Vitellius n’avait pas encore combattu.
Septime Sévère prit les cognomina d’Adiabenicus, Parthicus, Arabicus après sa victoire sur
les partisans de Pescennius Niger434. Ce qu’explique l’Histoire auguste : « c'est pourquoi à
son retour on lui décerna le triomphe en lui accordant les noms d'Arabique, d'Adiabénique [et]
Parthique ; mais il refusa le triomphe pour ne pas paraître l'avoir obtenu grâce à une victoire
remportée dans une guerre civile 435 ». Hérodien l’expliquait même par la volonté de faire
oublier les guerres civiles en remportant une victoire dans une guerre extérieure, et en même
temps de se venger de celui qui avait aidé Pescennius Niger, le roi des Atréniens 436. Un
concurrent aidé par les Barbares il offrait une justification facile. Les cognomina étaient
comme un triomphe en miniature, sans ostentation, bien qu’ils fussent frappés sur les
monnaies437. Ils étaient plus discrets qu’une traversée de la Ville en cortège mais étaient quand
même un objet de propagande.
2. Le titre de pater patriae
Ni César ni Auguste ne reçurent des titres de victoire. Par contre, ils furent appelés
père de la patrie, César après la bataille de Munda (mars 45), Auguste une fois sa tâche
terminée438 (en 2 av. J.-C.). Ils veillaient sur les citoyens comme le paterfamilias veillait sur sa
432
Cette pratique tirait ses origines de l’époque républicaine et n’avait aucun rapport avec la guerre civile. Après
sa victoire à Zama, Scipion porta pour la première fois le titre d’imperator et reçut le cognomen d’Africanus.
433
Zon., XI, 753, 16 = 3-234 ; Tac., H., II, 59, 5-6 = 3-235 ; RIC 78, 100, 101, 120 = 3-238 à 241.
434
H.A., Sev., 8, 6-7 = 1-136 ; Fest., 21, 2 = 7-137 ; D.C., LXXV, 1, 1-2 = 7-138 ; Hdn., III, 9, 1 = 7-140.
435
H.A., Sev., 9, 9-11 = 7-139.
436
Selon D.C., LXXVIII, 31, 1, il s’agit d’un peuple d’Arabie.
437
RIC 55, RIC 690a, b ; RIC 690c ; RIC 58 ; RIC 62 ; RIC 63 ; RIC 63 A ; RIC 696 ; RIC 64 ; RIC 466 = 7-142
à 7-150.
438
Liv., 116-117 = 1-039.
116
famille. En même temps, ils étaient en quelque sorte les fondateurs du nouveau régime. Le
genius du paterfamilias était honoré, comme sera celui d’Auguste. Le culte du genius Augusti
n’était pas à mettre en relation avec les guerres civiles, il était lié surtout à sa nomination père
de la patrie.
3. Le cognomen Augustus et le praenomen Imperator
Le cognomen d’Auguste est mis en relation avec les guerres civiles. « Ob uictoriam
Augustus cognominatus est439 ». Ce nom rappelle l’auctoritas : elle est reconnue par le Sénat
tout en n’étant pas une notion juridique440. Auguste l’expliquait lui-même dans le chapitre 34
de ses Res gestae : les promagistrats avaient un imperium égal au sien mais valable
uniquement dans le cadre de leur province, tandis que le sien était illimité 441. Octave prit le
praenomen Imperator442 vers 40 av. J.-C. comme l’avait fait son père. L’imperium et
l’auctoritas étaient deux des bases de son pouvoir443.
439
Aur. Vict. (-Ps.), Caes., 1, 1-2 = 1-118. Voir aussi Liv., 134 = 1-120 ; Pol. Silv., 2 = 1-121. Aur. Vict., Caes.,
1, 1 remarque qu’il fut nommé Auguste « ob uictoriam partium placide exercitam ». Selon Florus, O., II, 34 = 1124, il s’agit d’un nom sacré et vénérable (« sanctius et reuerentius »). Selon Dion Cassius, LIII, 16 = 1-125,
c’est un moyen de ne pas dévoiler son aspiration à la royauté (on avait proposé de le nommer Romulus) mais ce
surnom marquait aussi sa qualité surhumaine, « p£nta g¦r t¦ ™ntimÒtata kaˆ t¦ ƒerètata aÜgousta
prosagoreÚetai. » La preuve en est que cette nomination fut signalée par un prodige (Zon., X, 533, 33 = 111126). Suétone, Aug., 7 = 127 donne une étymologie qui était sans doute celle retenue à son époque (« ce terme
dérivé soit d’ "auctus", soit de l’expression "avium gestus" ou "gustus", s’applique également aux lieux
sanctifiés par la religion et dans lesquels on fait une consécration quelconque, après avoir pris les augures »)
mais les modernes préfèrent y voir un mot de la même famille qu’auctoritas.
440
L’empereur Auguste s’appelait à l’origine Caius Octavius. Après son adoption par César, C. Iulius Caesar
Octavianus. Lors de la séance du Sénat du 16 janvier 27 il devint Imperator Caesar diui filius Augustus.
441
M. Humbert, Institutions politiques et sociales de l’Antiquité, Paris, Dalloz, 1997 (6e éd.), p. 302.
442
RIC 270 (Auguste) = 1-138 et CIL 9, 5293 = AE 1949, 79 = AE 1950, 93 = InscrIt-13-01, 246 pour Jules
César.
443
M. Humbert, Institutions politiques et sociales de l’Antiquité, Paris, Dalloz, 1997 (6e éd.), p. 300.
117
B. Le ius imaginum
Pour la première fois, à l’époque de Jules César le ius imaginum put s’appliquer à un
vivant. Traditionnellement il représentait le droit qu’avaient les nobles – descendants des
magistrats curules, qu’ils soient patriciens ou plébéiens – de porter les portraits de cire de
leurs ancêtres dans les cortèges funéraires et le reste du temps de les conserver dans un na…
dia444. Les Romains pratiquaient le culte des ancêtres, ils étaient vénérés avec les dieux Lares.
César fut autorisé à faire frapper son portait sur les monnaies ; jusqu’alors cela était réservé
aux ancêtres des magistrats en charge445. Cela accentuait son caractère surhumain : l’empereur
était mis sur le même plan que les ancêtres qu’ils vénéraient. Il reçut des images le
représentant en tant que sauveur de la patrie446 après les guerres civiles. Appien rapporte qu’il
était entouré d’une « terreur et d’une considération que personne n’avait connues avant lui : la
victoire dans la guerre civile était un moyen de pression. Zonaras rapporte que ces statues
furent placées dans les temples de Rome et dans ceux de toutes les villes et que deux autres
furent installées dans le tribunal447. C’était une manifestation de son contrôle sur la religion et
la justice. En effet, depuis 73 il était pontife, depuis 63 grand pontife ; depuis 49 il fut
régulièrement consul. Un temple de César et de la Clémence fût bâti : il était un dieu vivant,
mis sur le même plan que la déesse448. L’abstraction divinisée le définissait, elle devenait une
sorte d’épithète. Les prêtres et les vestales étaient chargés de l’honorer par des vœux
quinquennaux.
C. Les nouveaux emblèmes du principat
444
Une sorte d’armoire spécifique à cet usage. C. Daremberg, E. Saglio, E. Pottier, Dictionnaires des antiquités
grecques et romaines, Graz, Autriche, Akademische Druck-u. Verlagsanstalt, 1969, p. 413.
445
Zon., X, 491-492, 12 = 1-046.
446
App., B.C., II, 106-107 = 1-043.
447
Zon., X, 491-492, 12 = 1-046.
448
App., B.C., II, 106-107 = 1-043.
118
Lors des jeux, Jules César pouvait portait le manteau de pourpre et la couronne de
laurier, emblème des triomphateurs 449 ; puis il le fit en permanence et reçut le droit de
s’asseoir sur un siège doré, plus haut que la chaise curule des magistrats 450. Il était un éternel
triomphateur, il devait ces victoires à Jupiter capitolin et à Venus genetrix. Ces dieux créaient
son aura, son charisme. Il était au-dessus des magistrats par les pouvoirs qu’il exerçait, cette
domination était concrétisée spatialement. Il reçut une garde composée de chevaliers et de
sénateurs pour sa protection personnelle451 : il mettait ainsi à son service les deux
composantes les plus importantes et les plus prestigieuses de l’État. En même temps il se
distanciait des simples citoyens. Il était accompagné de vingt-quatre licteurs en tant que
dictateur, les consuls en disposaient de douze chacun. Ils accompagnaient les magistrats et
avaient aussi pour fonction d’éloigner ceux qui s’en approchaient trop. La garde de César
impressionnait, par les armes autant que par le prestige. Mais elle révélait aussi les faiblesses
du nouveau régime : tout reposait sur une unique personne qui craignait pour sa vie.
Certains honneurs offerts à César mentionnaient la royauté sans ambiguïté : il reçut le
droit de porter le vêtement que portaient autrefois les rois 452 et Dion Cassius écrit qu’ « il
portait parfois des chaussures montantes et de couleur rouge, d'après le style des rois qui
avaient jadis régné à Albe, car il disait qu'il était lié à eux par Iule 453. » Nous ne savons pas s’il
s’agit du même vêtement.
D. Le programme architectural
César eut le droit de créer une nouvelle curie Julienne. Dion Cassius mentionne le
sénatus-consulte qui l’y autorisa – la curia Hostilia ayant été détruite – en même temps qu’un
temple de la Felicitas 454. Cette procédure est tout à fait normale et il était habituel de laisser
449
D.C., XLIII, 41, 2-46, 1 = 1-028.
450
Zon., X, 491-492, 12 = 1-046.
451
Zon., X, 491-492, 12 = 1-046.
452
Zon., X, 491-492, 12 = 1-046.
453
D.C., XLIII, 41, 2-46, 1 = 1-028.
119
son nom aux bâtiments publics construits. M. Bonnefond-Coudry455, remarque que la nouvelle
curie était ouverte vers le forum Romain dont César fit rénover plusieurs bâtiments : il ne
souhaitait pas qu’il change de fonction, contrairement à ce que voulut Pompée avec son
complexe architectural. Il est aussi probable que le temple de la Felicitas, intégrée
géographiquement dans un programme d’urbanisme républicain, ait été une réplique au
complexe architectural de Pompée au champ de Mars 456. Ainsi, « la conclusion qui se tire
aisément de ces observations est le contraste entre l’audace innovatrice de Pompée et la
prudence traditionaliste de César, attitude qui explique en grande partie pourquoi Auguste
[tenait] à achever les travaux et à les inaugurer après sa victoire. » César était quand même
attaché à certaines valeurs de la République, du moins formellement. Néanmoins, le 1 er
janvier 43, un sénatus-consulte transmis par Dion Cassius ordonne la construction d’une
nouvelle curie afin de faire oublier ce qui rappelait César 457. Ces ambitions monarchiques de
César sont-elles l’invention d’une propagande adverse transmise par les sources, ou bien étaitce réellement le cas ? F. Coarelli voit dans la curie un simple appendice du forum Iulium alors
que J.C. Anderson les présente comme un complexe unique458. La reconstruction matérielle du
Capitole par Vespasien se doublait d’une reconstruction spirituelle, morale : la guerre civile
avait été comme une lustratio de l’Empire459. Elle fut aussi politique et religieuse460. La
reconstruction de l’Empire avait été ordonnée par les dieux à Septime Sévère461.
454
D.C., XLIV, 4, 1-7, 3 = 1-029 : « bouleut»riÒn tš ti kainÕn poiÁsai prosštaxan, ™peid¾ tÕ `Ost…lion ka…
per ¢noikodomhq•n kaqVršqh, prÒfasin m•n toà naÕn EÙtuc…aj ™ntaàq' o„kodomhqÁnai, Ön kaˆ Ð Lšpidoj
ƒpparc»saj ™xepo…hsen, œrgJ d• Ópwj m»te ™n ™ke…nJ tÕ toà SÚllou Ônoma sèzoito kaˆ ›teron ™k kainÁj
kataskeuasq•n 'IoÚlion Ñnomasqe…h»
455
Le Sénat de la république romaine. De la guerre d’Hannibal à Auguste : pratiques délibératives et prise de
décision, Paris, de Boccard, 1989, p. 168-172, et D.C., XLV, 17, 8.
456
Son théâtre était le premier de Rome (il s’était joué de l’interdiction censoriale de construire des théâtres en
dur dans la Ville). Il était en connexion avec le temple, prolongé par des jardins bordés de portiques, s’y trouvait
aussi une curie ; le tout était décoré d’œuvres d’art choisies par Atticus, l’ami de Cicéron. Le complexe sert la
propagande pompéienne l’idéologie triomphale par le biais de Vénus Victrix.
457
D.C., XLV, 17, 8 : « tÒ te bouleut»rion tÕ `Ost…lion ¢noikodomhqÁnai...™yhf…sqh. »
458
F. Coarelli, Il foro romano. Periodo repubblicano e augusteo, Rome, Quasar, 236-237 et J.C. Anderson, An
Historical topography of the Roman Fora, Bruxelles, Latomus, p. 50-51.
459
Tac., H., IV, 3 = 3-251.
460
Aur. Vict. (-Ps.), Caes., 8, 5-13 = 3-249 ; Tac., H., IV, 44, 1 = 3-250.
461
H.A., Sev., 3, 4-5 = 7-150.
120
Les énumérations des honneurs offerts à César commençaient pour les années 45-44
c'est-à-dire après la fin des guerres civiles 462. La guerre civile était quelque chose de
condamnable qui permettait de créer quelque chose de positif. César ne fit rien pour cacher les
origines de ces distinctions et les historiens les mettaient en relation avec les victoires sur des
Romains. Ils étaient avant tout visuels. Ils fondaient l’imaginaire et l’imagerie du principat.
Le chef de l’État était entouré d’une aura divine permanente qui lui apportait la victoire et qui
en même temps venait d’elle. Le nouveau régime se cherchait des symboles : le
paludamentum, la couronne de laurier, la chaise curule, la couronne civique résumaient son
idéologie et définissaient ce que devait être le souverain idéal : un patricien attaché aux
magistratures traditionnelles donc à la République, un sauveur, un éternel vainqueur, un
favori voire un parèdre des dieux. Ils étaient simples et rapides à comprendre et pouvaient être
intégrés dans un programme iconographique. Le princeps était l’inspirateur d’un programme
politique dont les œuvres édilitaires étaient un symbole. Pouvoir bâtir à Rome était une
marque d’honneur, conférée après la victoire. Les symboles du nouveau régime le définissent
aussi dans ce qu’il aspirait à être : une royauté. Ils sont beaucoup moins présents dans les
textes traitant de la période triumvirale jusqu’au règne d’Auguste que dans ceux traitant de la
dictature de César. Les historiens les ont présentés comme ce qui avait choqué le plus les
romains, la cause des ides de mars463. Mais en réalité ils n’étaient que la pointe de l’iceberg,
ils révélaient les pouvoirs réels de César. Le fait de ne pas s’être levé devant le Sénat et en
général de manquer de respect vis-à-vis des magistratures traditionnelles traduisait un réel
rapport de forces. Monarchie et royauté étaient deux termes différant par la symbolique : le
terme royauté appartient au vocabulaire de l’invective et se rattache subjectivement à l’idée de
tyrannie, tandis que celui de monarchie peut se concilier avec le respect des organes
traditionnels de gouvernement et ainsi donner une teinte de liberté. Évidemment, nous
sommes dans le domaine de l’imaginaire politique ; de par les pouvoirs absolus des triumvirs,
le régime ressemblait davantage à une monarchie, il en va de même pour le régime augustéen,
462
Liv., 115-116 = 1-039 ; App., B.C., II, 106-107 = 1-043 ; Plut., Caes., 57, 1-3 = 1-044.
463
Liv., 115-116 = 1-039. L’abréviateur de Tite Live écrit que « suscitèrent de la haine contre lui le fait qu'il ne
se leva pas quand il siégeait devant le temple de Vénus Génitrix, à l'arrivée des sénateurs qui lui décernaient ces
honneurs, le fait qu'il replaça sur son siège le diadème que le consul Marc Antoine, son collègue, qui participait à
la course des Luperques, avait posé sur sa tête, et qu'il fit abroger le pouvoir des tribuns de la plèbe Épidius
Marullus et Caesetius Flavus < qui cherchaient à le rendre > impopulaire, sous prétexte qu'il visait le pouvoir
royal. Ces raisons firent qu'une conjuration fut fomentée contre lui.
121
ce qu’Auguste laissait entendre dans ses Res gestae en écrivant que « in consulatu sexto et
septimo, po[stquam b]ella [civil]ia exstinxeram per consensum universorum [potitus reru]m
om[n]ium, rem publicam ex mea potestate in senat[us populique Rom]ani [a]rbitrium
transtuli464 ». Or il écrivait plus bas que le consensus uniuersorum trouvait son origine dans le
serment que lui prêtèrent l’Italie et les provinces occidentales avant la bataille d’Actium 465 :
les provinces confirmèrent à Octavien le pouvoir absolu de prendre en charge la res publica et
de déléguer cette charge à qui lui en paraissait digne.
464
R.G., 34.
465
R.G., 25.
122
III. Fonctions, magistratures et sacerdoces
Jules César et les principes successifs reçurent des fonctions qui avaient un rôle dans
la définition du pouvoir impérial romain. Le plus souvent il s’agissait de magistratures
républicaines dont les pouvoirs étaient étendus dans les prérogatives et dans la durée. Elles
donnaient une base légale à un pouvoir que l’imperator s’était octroyé. Car avant que le Sénat
lui donne ces fonctions, il avait des pouvoirs illégaux qu’il était nécessaire de faire légitimer.
Ces pouvoirs résultaient directement de la guerre civile, ils étaient extraordinaires car la
survie de l’empire romain en dépendait 466. Mais avec la guerre civile elle ne suffisait plus. Des
forces bien supérieures se déchaînaient. Marius, Sylla et Pompée avaient préparé le terrain à
César. Les personnages importants avaient besoin de plus d’honneurs. Octave-Auguste les
justifiait par la nécessité de réorganisation de l’État.
A. Le cumul des magistratures : la méthode
César réussit à cumuler plusieurs magistratures qu’il aurait été impossible de cumuler
quelques années plus tôt. Il développa une méthode qui au départ, ne le mettait pas
absolument dans l’illégalité. Le fondement de sa domination était la dictature. Avant de la
recevoir, après le passage du Rubicon, il détenait une autorité inconstitutionnelle basée sur ses
forces militaires et sur la peur qu’il inspirait 467. Cela lui permit de convoquer le Sénat. Il
conféra un imperium proconsulaire à ses lieutenants (alors qu’Antoine par exemple était
tribun de la plèbe468). Octave fit la même chose : dès qu’il eut appris la mort de César et qu’il
eut constitué une armée, il se rendit au Sénat pour faire reconnaître son pouvoir. C’est ainsi
466
Sous la République, la dictature fut créée pour cette raison.
467
La lex Vatinia de 59 attribuait l’imperium proconsulaire à César sur la Gaule et sur l’Illyrie pour cinq ans ;
son imperium fut prorogé pour cinq ans par la lex Pompeia Licinia de 55. César avait l’intention de se présenter
au consulat en 48 (il avait déjà été consul dix ans plus tôt). En avril 49 César convoqua le Sénat hors de Rome
car un proconsul le pouvait pas convoquer l’assemblée dans la ville dans déposer son imperium.
468
Cic., ad. Att., X, 8 ; Phil., II, 24, 58.
123
qu’il devint consul à dix-neuf ans. Le Sénat apparaissait comme un organe essentiel, car c’est
à lui en premier lieu que les imperatores faisaient appel quand il s’agissait de légitimer leur
pouvoir. Les sénateurs menacés n’avait pas le choix. Ils étaient les seuls capables de conférer
les magistratures ; même si la procédure d’attribution et les moyens de pression étaient
illégaux, elle devaient obligatoirement être ratifiées par lui. Les pouvoirs de tous les
empereurs romains furent ratifiés par le Sénat, même ceux de Maximin469.
Quand César fut nommé dictateur pour la première fois 470, il entra en fonctions sans
nommer de maître de cavalerie. Appien rapporte que « terrorisé, le peuple le nomma dictateur,
sans aucun vote du Sénat ni intervention d'un magistrat. 471 » En réalité cette élection fut
favorisée par le fait que ses partisans avaient le contrôle de Rome. Une fois qu’il avait franchi
la limite de sa province, il ne pouvait plus avoir l’imperium proconsulaire ; néanmoins, il
avait toujours ses armées. Cet événement montre de quelle manière les ambitieux se servaient
de ce pouvoir pour commander des armées, mais aussi que les limites des magistratures ne
constituaient pas un handicap : une fois la force de dissuasion atteinte, la magistrature n’avait
plus aucune importance mis à part l’apparence républicaine qu’elle donnait.
Les imperatores s’attachaient les soldats par d’autres manières que la fidélité à la
République et à ses magistrats. Le préteur Lépide créa César dictateur en décembre 49, il
abdiqua au bout de onze jours après avoir accompli sa mission 472. Comme le remarque F.
Hurlet, « une abdication après un délai aussi bref (onze jours) ne peut se comprendre que dans
le cadre d’une tâche limitée, en l’occurrence la présidence des élections dont César s’est
effectivement acquitté473 ». Il devait réunir les comices afin de procéder aux élections. Cette
nomination fut faite sous l’effet de la crainte : il venait de décimer les personnes arrêtées
469
Aur. Vict., Caes., 25, 1 = 11-005: « Namque Gaius Iulius Maximinus, praesidens Trebellicae, primus e
militaribus, litterarum fere rudis potentiam cepit suffragiis legionum. Quod tamen etiam patres, dum
periculosum existimant inermes armato resistere, approbauerunt ».
470
Plut., Caes., 35
471
B.C., II, 48 = 1-034.
472
Caes., B.C., II, 21, 5 ; III, 1, 1 et 2, 1 ; App., B.C., II, 48, 196 ; D.C., XLI, 36, 1-4 ; D.C., XLIII, 1, 1 ; Zon., X,
8 ; Plut., Caes., 37, 2.
473
F. Hurlet, La dictature de Sylla : monarchie ou magistrature républicaine. Essai d’histoire constitutionnelle,
Bruxelles-Rome, Institut d’histoire Belge de Rome, 1993, p. 173 n. 9.
124
comme responsable de la mutinerie de quatre légions à Plaisance 474. Robert Étienne date de 49
le moment depuis lequel « il n’a pas cessé d’être un magistrat régulièrement investi et [d’]
inaugure[r] le cumul des mandats qui lui donn[ait] une force irrésistible 475 ». Cependant, le
régularité de son investiture peut être nuancée. Sa première dictature aurait dû durer jusqu’en
mai 48. Le 1er janvier 48 il entra en charge comme consul – il avait été élu par les comices
réunis en vertu de sa dictature 476. Lors de ce consulat, il fut nommé dictateur II après la
bataille de Pharsale c'est-à-dire en octobre 48. Dion Cassius et Plutarque rapportent que cette
dictature dura un an477. Cette fois, c’était vraiment illégal. Le cumul des magistratures était
interdit. En 46 il fut consul avec Aemilius Lepidus et dictateur III d’avril 46 à avril 45. Sous
cette dictature il fut désigné dictateur IV puis dictateur pour dix ans. En 45 il fut consul sans
collègue mais abdiqua en octobre. Sa quatrième dictature se prolongea jusqu’en janvier ou en
février 44, date à laquelle il fut dictateur à vie 478. Cette même année il était consul avec Marc
Antoine.
Dans un premier temps César évita de cumuler le consulat et la dictature. Il se
satisfaisait de cette alternance. La dictature lui donnait des pouvoirs qu’il ne pouvait pas
obtenir avec le consulat. Le dictateur n’avait pas de collègue. Le maître de cavalerie était
nommé par le dictateur, il était son allié politique, mais les deux n’étaient pas sur un pied
d’égalité : le maître de cavalerie aidait le dictateur. Lors de sa première dictature il ne nomma
474
App., B.C., II, 48 = 1-034 et Eutr., VI, 20, 1 = 1-035.
475
Jules César, Paris, Fayard, 1997, p. 157.
476
C’était alors son deuxième consulat, il avait déjà été consul en 59 avec Bibulus.
477
D.C., XLII, 20, 3 ; Plut., Caes., 51, 1 et Ant., 8, 3. Mais selon F. de Martino, Storia della costituzione romana,
vol. 3, Naples, Jovene, 1973, 2e éd., p. 232 cette dictature dura pour un temps indéterminé : « Tuttavia le monete
recano per il 46 cos. tert. dict. iterum e poichè la terza dittatura non fu assunta prima dell’aprile 46, cosi’ bisogna
pensare che almeno fino a questa data – il consolato era stato assunto ann’inizio del 46 – Cesare mantenne la
seconda dittatura. Per conseguenza è ragionevole la congettura che la seconda dittatura fosse a tempo
indeterminato ; cio’ spiegherebbe anche la necessità di una legge e l’opposizione degli Auguri, i quali
obiettarono che il magister equitum non poteva essere nominato per oltre sei mesi. » Selon R. Étienne, en 47,
lors de cette dictature, il n’y eut pas de magistrats en charge car en 48, l’absence du consul avait empêché les
comices curiates de fonctionner. Seul gouvernait à Rome – César était en campagne – le maître de cavalerie
assisté des tribuns et des édiles de la plèbe, les seuls magistrats qui pouvaient être attribuées en l’absence de
César (R. Étienne, Jules César, Paris, Fayard, 1997, p. 163).
478
Ou dictateur perpétuel (Liv., 115-116 = 1-039 ; App., B.C., 106-107 = 1-043).
125
pas de maître de cavalerie : cela était inutile, sans soute parce qu’il avait une tâche de courte
durée à régler, mais illégal. Puis il commença à cumuler les deux fonctions, suite à la bataille
de Pharsale, il avait une légitimité suffisante. Les motivations de César n’étaient pas très
claires à ce sujet. Il est évident que s’il cumulait ces deux fonctions, c’était parce que l’une et
l’autre prises séparément ne lui accordaient pas tous les pouvoirs qu’il jugeait nécessaires à
l’accomplissement de son œuvre. D’ailleurs, une ambiguïté demeure quant à la finalité de
cette œuvre même479. Mais la nomination d’un dictateur entraînait la suspension des pouvoirs
des magistrats ordinaires, non leur suppression. Pourquoi César voulait-il être consul s’il
pouvait n’être que dictateur ? Le dictateur avait beaucoup plus de pouvoirs. Peut-être César
voulait-il respecter – au début – son caractère extraordinaire de six mois. Les nominations à la
dictature avaient toujours lieu après les élections au consulat, dans la deuxième partie de
l’année jusqu’en 45. César était toujours consul ordinaire et se nommait lui-même dictateur :
le dictateur était nommé par le Sénat, cette décision était exécutée par les consuls. Le ou les
consuls avaient toujours le dernier mot. Une fois dictateur il abdiquait du consulat et nommait
comme consul suffect un de ses partisans : il mettait la main sur toutes les institutions.
Sa troisième dictature durait depuis avril 46 quant il fut nommé consul unique. Ces
années marquaient un tournant dans l’utilisation « habituelle » des magistratures. Une
dictature d’un an, un consulat unique480, une dictature perpétuelle n’étaient pas des
magistratures : les magistratures républicaines à Rome étaient annuelles et collégiales.
Comme la république elle-même, elles ne devinrent plus que des vains mots vidés de leur
sens.
479
480
Depuis l’antiquité les historiens se sont demandés quel régime César voulait établir.
Même si cette exception a déjà eu lieu en 52, quand Pompée fut nommé consul unique avec imperium
proconsulaire afin de faire cesser la lutte entre les bandes rivales de Clodius et Milon Cette magistrature
extraordinaire se justifie par les circonstances de quasi guerre civile. Pompée avait l’imperium domi du consul et
l’imperium proconsulaire du proconsul ; il était un souverain presque absolu, juste en dessous d’un dictateur
potentiel. Il avait les pouvoirs du roi, mis à part le fait qu’ils ne pouvaient durer qu’un an, le Sénat en avait
décidé ainsi.
126
B. Le cumul des magistratures : essai d’explication
L’octroi de la dictature était lié aux guerres civiles. Sa première dictature lui a été
offerte afin de remédier à une crise, puis leur octroi changea de nature. Il fut dictateur II après
Pharsale, en octobre 48, dictateur III après les batailles de Thapsus et de Munda, en octobre
46. La dictature venait en guise d’honneur suite à une victoire. Une autre étape fut franchie :
ses quatrième et cinquième dictatures n’étaient pas liées à des victoires. Les guerres civiles
étaient terminées. César était à Rome et profitait de son pouvoir. Les magistrats sous tutelle
faisaient preuve d’un zèle faussement volontaire car en réalité César commandait tout. Et sans
doute, les honneurs à force d’être décernés se banalisaient-ils : César en redemandait toujours
plus pour s’assurer sa position de « premier » au sein de l’État. Avant de se poser la question
du type de régime que César voulait bâtir, rappelons-nous la phrase qu’il prononça. « On dit
qu'en traversant les Alpes, il passa dans une petite ville occupée par des Barbares, et qui
n'avait qu'un petit nombre de misérables habitants. Ses amis lui ayant demandé, en
plaisantant, s'il croyait qu'il y eût dans cette ville des brigues pour les charges, des rivalités
pour le premier rang, des jalousies entre les citoyens les plus puissants, César leur répondit
très sérieusement qu'il aimerait mieux être le premier parmi ces Barbares que le second dans
Rome481. » À sa manière, il voulait fonder un principat.
Selon F. Hurlet, la dictature légitimait le « coup d’État de 49 […] César pouvait
invoquer le précédent syllanien et rétorquer que, comme Sylla, il n’avait été nommé dictateur
que pour légiférer et réorganiser un État affaibli par les guerres civiles […] en revanche, la
dictature de Sylla n’était pas, contrairement à ce qu’avait cru Appien, la préfiguration de
l’expérience césarienne. Exercée à peine une trentaine d’année auparavant, elle appartenait à
une autre époque et se rattachait clairement à la tradition républicaine 482. » Mais Sylla lui en
avait donné l’idée.
481
Plut., Caes., 11-3-4.
482
F. Hurlet, La dictature de Sylla : monarchie ou magistrature républicaine ? Essai d’histoire constitutionnelle,
Bruxelles, Rome, Institut Historique belge de Rome, 1993, p. 174.
127
Les dictatures de César pouvaient être interprétées comme des mesures visant à le
remercier pour avoir mis fin aux guerres civiles. Sa quatrième dictature devait durer dix ans,
mais elle fut remplacée avant ce terme par la dictature perpétuelle. César institua ce qui fit
plus tard un des fondements du régime impérial : l’empereur était le meilleur dans tout ce
qu’il entreprenait – ou dans ce qu’il n’entreprenait pas ; les généraux commandaient sous les
auspices de l’empereur, s’ils remportaient une victoire, elle lui revenait de droit. L’empereur
attendait à Rome que les honneurs lui parviennent. Sa charge était si prestigieuse qu’il était un
vainqueur permanent. La dictature fut supprimée par le consul Marc Antoine après la mort de
César : elle ne pouvait pas être une des bases du principat, mais le cumul des honneurs, oui.
Les consuls possédaient l’imperium consulaire, l’imperium royal divisé en deux et
d’une durée d’un an. Depuis la réforme de Sylla, l’imperium militiae (ou proconsulaire) était
réservé aux promagistrats ; les consuls possédaient l’imperium domi. À la différence de
Pompée483, ni César ni Auguste ne furent nommés consuls uniques, même si César s’arrogea
cette magistrature extraordinaire pendant quelques mois484. Le second consul était un ami, un
allié ou un parent485 : la fiction demeurait. Pendant sa fonction le consul devait rendre des
comptes au Sénat, cette obligation était plus morale que réelle : aucun organe n’était chargé
de le contrôler spécifiquement. Nous ne savons pas si César était tenu de le faire. Elle
manifestait aussi l’approbation divine : le jour de son entrée en charge le consul prenait les
483
Pompée fut consul unique en 52 en même temps que l’imperium proconsulaire. Il possédait alors
théoriquement les mêmes pouvoirs que le roi, à la différence que son consulat ne dura qu’un an (car il était prévu
ainsi) et il était redevable de rendre des comptes devant les assemblées.
484
En 45 il est consul sans collègue. Le consulat unique était octroyé de manière différente que le consulat
habituel : il nécessitait l’accord du Sénat, tandis que les deux consuls étaient élus par les comices centuriates
présidés par un consul, un dictateur ou l’interroi. César dictateur avait donc de très grand pouvoirs dans la
nomination des magistrats vu qu’il présidait les comice centuriates. Remarquons qu’il était toujours dictateur
dans la deuxième moitié de l’année, au moment où avaient lieu les élections aux magistratures.
485
Suétone (Caes., 20, 4) et Plutarque (Pomp., 48, 1) rapportent l’inaction qui fut imposée au consul Bibulus :
César avait les moyens de paralyser son action ; il le fit par le biais de l’opposition du peuple lors de son premier
consulat de 59. L’action de Bibulus représentait une opposition légale du parti du Sénat, le recours à la force était
totalement illégal. En 46 il fut consul avec Lépide. En 45, César était consul pour la quatrième fois, il gouverna
d’abord en tant que seul consul puis s’adjoint comme collègue d’abord Q. Fabius Maximus puis C. Caninius
Rebilus et C. Trebonius. En 44 il fut consul avec Marc Antoine. Il ne put profiter des dix consulats qui lui
avaient été décernés (App., B.C., II, 106-107 = 1-043) car il mourut le 15 mars 44.
128
auspices et était emmené en procession depuis sa demeure au temple de Jupiter capitolin. Il
pouvait réunir le Sénat, les comices, gérer l’aerarium, recevoir les ambassades486… Le
dictateur possédait un imperium royal c'est-à-dire domi et militiae, exactement double par
rapport à celui du consul.
Il était plus indépendant que le consul par rapport au Sénat 487. C’était une magistrature
efficace, César le comprit très bien à partir de 49 ; et à partir de 46 elle fut privilégiée. Nous
ne savons pas si la dictature perpétuelle était renouvelée chaque année ou si elle était conférée
une fois pour toutes. Selon F. de Martino, la dictature servit à mettre en valeur le
commandement militaire de César, ce qui fut concrétisé par l’octroi du praenomen
Imperator488.
C. Le rôle de l’imperium dans la mise en place du nouveau
régime
L’imperium jouait un rôle important parmi les pouvoirs de César, il lui était conféré
par la dictature et par le consulat. Une fois qu’il eût abandonné le proconsulat des Gaules,
César reçutde l’imperium proconsulaire avec la dictature. Auguste en fit une base de son
pouvoir, il était détaché de la magistrature. Il lui fut d’abord décerné pour dix ans puis à vie.
L’imperium proconsulaire permettait au princeps de gouverner les provinces. Il se
transmettait, un détenteur de l’imperium pouvait le conférer à un autre, il était plus important
que celui des magistrats489.
486
« Consul », in C. Daremberg, E. Saglio, Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, t. 1, vol. 2, Graz,
Autriche, Akademische Druck-u. Verlagsanstalt, 1969, p. 1455-1483.
487
Le consul avait besoin d’un sénatus-consulte pour déclarer la guerre alors que le dictateur était indépendant à
ce niveau. Cependant il convient de noter que les faits rapportés par Polybe, III, 87, 8 sont beaucoup plus anciens
que la dictature de César et que les institutions républicaines évoluèren très vite à cette époque. Par contre depuis
la lex Valeria de 300 il est sujet à la prouocatio ad populum du tribun de la plèbe.
488
F. de Martino, Storia della costituzione romana, vol. 3, Naples, Jovène, 1973, 2e éd., p. 244.
489
La succession d’Agrippa est en relation directe avec les guerres civiles : il s’est illustré à Actium. Il fut
logiquement le premier des successeurs avec Marcellus. Marcellus était le fils de la sœur d’Auguste, le fait de
129
Les historiens sont beaucoup plus discrets quant aux honneurs d’Auguste ; moins
nombreux, ils ne sont plus présentés comme des honneurs exceptionnels. Après la guerre de
Modène, opposant Hirtius, Pansa et Octave à Antoine, Octave, après avoir envoyé une
ambassade de soldats, marcha sur Rome et reçut le consulat 490, les ornements consulaires et le
titre de sénateur selon l’abrégé de Tite Live491. Octavien, Antoine et Lépide devinrent assez
puissants pour créer une magistrature qui était « une dynasteia, c’est-à-dire un pouvoir royal
dénué de tout fondement légal qui portait atteinte, selon ses adversaires, à la liberté du Sénat
et du peuple romain. Les triumvirs s’abstinrent de donner à cette charge d’un titre nouveau le
nom de dictature, parce qu’elle avait été abolie et parce que cela aurait trop crûment rappelé la
réalité aux Romains. C’est pourtant bien de cela qu’il s’agissait… 492» Mis à part le fait que le
triumvirat était une magistrature collégiale, à la différence de la dictature de César, il ne visait
pas à créer une monarchie. Idéologiquement, d’un point de vue de la représentation du
pouvoir, les triumvirs ne faisaient aucune allusion à la royauté. Il n’était pas perpétuel mais
d’une durée de cinq ans, sanctionné par une loi, la lex Titia, et renouvelable. C’était une
magistrature cum imperio qui donnait le droit de gouverner les provinces493. En réalité, il
faire avancer sa carrière et de le choisir comme héritier dénote du caractère héréditaire – dans la mesure du
possible – du principat. L’imperium fut octroyé à Agrippa dès 23 av. J.-C ; en 18 et en 13 il fut associé avec
l’exercice de la puissance tribunicienne. Pour une analyse complète de l’imperium corégentiel, voir F. Hurlet,
Les collègues du prince sous Auguste et Tibère. De la légalité républicaine à la légitimité dynastique, Paris, de
Boccard, 1997, p. 237-319. Dans le corpus, voir Tac., An., I, 3 = 1-190 ; AE 1904, 98 = 1-191 ; RIC 154-160 =
1-192 à 1-198.
490
Suet., Aug., 26, 1-2 = 1-106.
491
Liv., 118 = 1-108. C'est-à-dire qu’Octave aurait reçu l’imperium proconsulaire – c’est ce qu’il fit ensuite, –
qu’il avait le droit de parler devant le Sénat en tant que consul. Le titre de sénateur était obligatoire pour être
consul. À cette époque l’ordre sénatorial et l’ordre équestre n’étaient pas encore séparés, un fils de sénateur était
chevalier jusqu’à ce qu’il ait atteint la questure qui lui ouvrait l’accès au Sénat.
492
J.-M. Roddaz, « L’héritage », in Histoire romaine, t. 1, Des origines à Auguste, sous la dir. de F. Hinard,
Paris, Fayard, 2000, p. 842. Ils se partagèrent les provinces, ce qui impliquait qu’ils avaient un imperium
proconsulaire, de plus ils s’attribuaient toutes les prérogatives de l’imperium consulaire accompagnées de
pouvoirs discrétionnaires qui n’entraient pas dans les prérogatives habituelles des consuls comme par exemple le
fait de rédiger une liste de proscriptions.
493
Les triumvirs avaient le droit de nommer les magistrats, les gouverneurs de provinces et de gouverner l’Italie
et les provinces sans consulter le Sénat et le peuple (D.C., XLIV, 55). Ils avaient reçu un pouvoir consulaire
(App., B.C., 4, 2 et 4, 7).
130
semble qu’il ait duré plus de dix ans 494. La domination des triumvirs était basée sur le même
concept que la dictature de César : l’imperium.
La puissance tribunicienne venait après : César la reçut entre 45 et 44 495 ; Octavien en
36, alors qu’il était revêtu du consulat chaque année depuis 31, date de sa victoire navale
d’Actium. Après, il n’avait plus aucun pouvoir militaire. Il est probable que le triumvirat ait
duré jusqu’en 31 ou en 32 si on considère que les serments prêté à Octavien et à Antoine
avant Actium palliaient cette insuffisance et donnaient une nouvelle légitimité aux deux
hommes.
D. La puissance tribunicienne
Jules César fut aussi décrété sacrosaint (« sacrosanctus496 ») après son cinquième
triomphe. Toute atteinte à sa personne était considéré comme un sacrilège. Il ne pouvait pas
être tribun de la plèbe car il était plébéien. Zonaras écrit qu’il reçut les privilèges des
tribuns497, c’est-à-dire le droit de siéger au banc des tribuns et de s’associer à leurs actes dans
les saepta Iulia qu’il avait fait construire pour les comices tributes. F. de Martino assimile cet
honneur à l’octroi de la puissance tribunicienne 498. De fait, il avait les pouvoirs d’un tribun,
mais ces pouvoirs n’étaient pas formalisés comme ce fut le cas pour Auguste qui reçut la
puissance tribunicienne détachée de la magistrature de tribun. Lui aussi était patricien. Aucun
texte ne précise si elle était égale ou supérieure à celle des tribuns. La deuxième hypothèse est
sûrement la bonne : elle devait l’être par l’auctoritas de l’empereur. À la différence des
tribuns, il avait le droit de la conférer à d’autres personnes : Auguste s’en servit pour sa
494
Aucune abdication ne nous est signalée dans les sources.
495
App., II, 106-107 = 1-043 et Liv., 115-116 = 1-039, c'est-à-dire après la bataille de Munda (17 mars 45), la
puissance tribunicienne est un récompense suite à cette victoire comme l’octroi de la dictature perpétuelle.
496
Liv., 115-116 = 1-039.
497
Zon., X, 491-492, 12 = 1-046. « œcein d kaˆ t¦ tîn dhm£rcwn pronÒmia ».
498
F. de Martino, Storia della constituzione romana, vol. 3, Naples, Jovene, 1973, 2 e éd., p. 233. En réalité il ne
mentionna jamais sa puissance tribunicienne, ni sur le peu d’inscriptions qui nous restent, ni sur ses monnaies.
131
succession499. Le 13 janvier 27 il rendit au Sénat les pouvoirs qu’il avait 500. Ils étaient en
grande partie symboliques : il était consul pour la septième fois mais il avait rétabli la paix
dans le monde, fermé les portes du temple de Janus, il était « l’unique et indiscuté ‘seigneur’
de la res publica501 ». Ainsi, il rendait ce que le Sénat lui avait confié pour restaurer la
république, son commandement sur les armées, le gouvernement de l’Italie et des provinces et
toute forme de contrôle sur l’organisation de l’État. Il déposait sa potestas ; mais ne déposait
ni le consulat ni ses honneurs (les titres d’imperator et de princeps senatus, le droit de siéger
parmi les tribuns, la juridiction d’appel et le calculus Mineruae [dans tous les votes sa voix
serait déterminante] 502 ».
E. La censure
César avait été censeur unique et perpétuel 503, il pouvait procéder à la lectio senatus. Il
avait le droit de commendatio à toutes les magistratures excepté le consulat, depuis la lex
Antonia504. Il est difficile de mesurer dans quel mesure cette loi était contraignante pour les
assemblées, mis à part peut-être par le biais d’une étude prosopographique. Octave-Auguste
revêtit aussi la censure et vida le Sénat des éléments qui s’y étaient infiltrés à la faveur des
guerres civiles505.
499
Tac., An., I, 3 = 1-190.
500
Aug., R.G., 34.
501
F. Guizzi, Il principato tra « res publica » e potere assoluto, Naples, Jovène, 1974, p. 132.
502
F. Guizzi, Il principato tra « res publica » e potere assoluto, Naples, Jovène, 1974, p. 134.
503
Zon., X, 491-492, 12 = 1-046 : « Timht»n te kaˆ di¦ b…ou kaˆ mÒnon aÙtÕn ™yhf…santo e•si.»
504
Eutr., VI, 25 y fait allusion : « Cum ergo et honores ex sua uoluntate prestaret, qui a populo antea
deferebantur » et Suet., Iul., 51, 3 la précise : « Comitia cum populo pratitus est, ut exceptis consulatus
competitoribus de cetero numero candidatorum pro parte dimida quos populus uellet ».
505
Aug., R.G., 8 : « patriciorum numerum auxi consul quintum iussu populi et senatus. senatum ter legi. et in
consulatu sexto censum populi conlega M. Agrippa egi. lustrum post annum alterum et quadragensimum fec[i].
quo lustro civium Romanorum censa sunt capita quadragiens centum millia et sexag[i]nta tria millia. tum
[iteru]m consulari cum imperio lustrum [s]olus feci C. Censorin[o et C.] Asinio cos., quo lustro censa sunt
civium Romanorum [capita] quadragiens centum millia et ducenta triginta tria m[illia. et te]r]tium consulari
cum imperio lustrum conlega Tib. Cae[sare filio] m[eo feci] Sex. Pompeio et Sex. Appuleio cos., quo lustro
ce[nsa sunt] civ[ium Ro]manorum capitum quadragiens centum mill[ia et n]onge[nta tr]iginta et septem millia.
132
F. Bilan : essai de définition du nouveau régime créé par
César et Auguste
César avait compris que l’armée pouvait être une force capable de pousser le Sénat à
prendre des décisions. La victoire dans la guerre extérieure puis dans la guerre civile
permettait à l’imperator de recevoir des charges définissant juridiquement le pouvoir
impérial, en réalité les anciennes magistratures républicaines modifiées. Par exemple, après la
défaite de Pompée (48 av. J.-C.), Jules César put être consul pendant cinq ans d’affilée, reçut
la dictature pendant un an, même s’il n’était pas à Rome, la puissance tribunicienne
pratiquement à vie et contrôla les élections506. La durée des magistratures était prolongée ; les
pouvoirs détachés de leurs fonctions. Après la bataille de Thapsus (juillet 46 av. J.-C.) César
célébra un triomphe hors norme, reçut des pouvoirs censoriaux et la dictature à vie 507, il fut
élu consul508. Le régime césarien resta lié à la république, comme celui d’Auguste ;
officiellement il n’y eut pas de changement de régime : les mots pour le décrire étaient
toujours ceux du droit républicain, même si César profita de sa dernière victoire – sur Pompée
– pour faire des allusions à la royauté. C’est au même moment qu’il reçut le titre d’imperator
comme praenomen qui devint héréditaire : le titre d’imperator pouvait être décerné selon
l’ancienne coutume aux généraux victorieux et selon la nouvelle à Jules César seul. Les
honneurs ne sont pas décernés simultanément mais par à coups ; après chaque victoire de
nouveaux sont ajoutés et les anciens sont renforcés.
Lorsque les historiens commencèrent à utiliser le mot principatus, ils tenaient compte
d’un fait accompli. Un changement trop brutal aurait heurté les Romains. C’est ce qui eut lieu
legibus novi[s] m[e auctore l]atis m[ulta e]xempla maiorum exolescentia iam ex nostro [saecul]o red[uxi et
ipse] multarum rer[um exe]mpla imitanda pos[teris tradidi]. »
506
D.C., XLII, 20, 2-21, 1 = 1-025.
507
D.C., XLIII, 14, 1-7 = 1-026
508
Plut., Caes., 55, 1-56, 1 = 1-038, les fastes consulaires en témoignent. César fut élu consul à la place du
consul précédent, en cours d’année.
133
aux ides de Mars 44. César venait de s’en prendre au prestige du Sénat 509. Encore faut-il
remarquer que César fut tué par des conjurés et qu’une partie du peuple lui était favorable ; et
qu’il n’est pas facile de déterminer lequel de ces honneurs fut la cause de sa fin.
Quel que soit le nom qu’on lui donne, le nouveau régime était une royauté pour toute
personne lucide. L’ancien régime tant haï a été restauré à la faveur des guerres civiles. Appien
commence le récit des guerres civiles en remarquant que « depuis Jules César jusqu’à ce jour,
la totalité du pouvoir reste entre les mains d’un seul homme. Ce maître suprême ne reçoit pas
des Romains le nom de roi, par respect, je suppose, pour un serment prêté par leurs ancêtres ;
il porte le nom d’imperator, nom qui se donnait autrefois aux généraux chargés d’une guerre,
mais, en réalité, de quelques noms qu’on les considère, ce sont des rois510. »
Les organes traditionnels demeuraient mais étaient vidés de leur fonctions ; ils ne
contrôlaient les pouvoirs de César que théoriquement. Le nouveau régime ne fut pas défini
formellement, ce qui laissa un doute sur son caractère héréditaire, même si Octavien avait été
adopté par César et que le caractère politique de cette adoption ne faisait pas de doute. Avec
l’héritage Octavien reçut aussi les clients de César. Mais il dut mener pas moins de treize ans
de guerres civiles pour s’imposer. Dion Cassius et Plutarque remarquaient un état de fait :
grâce à tous les honneurs et fonctions qu’il avait reçus César pouvait contrôler la religion, la
politique, l’armée, la société romaines. Et il était le seul. Dion Cassius remarque que si ces
dernier honneurs étaient immodérés par rapport aux précédents ils n’en étaient pas pour autant
antidémocratiques511 ; mais par la suite le Sénat le décréta monarque (™yhf…santo…
mÒnarcon). L’historien ne précise pas si les honneurs énumérés par la suite constituent la
définition de cette monarchie ; mais l’on peut penser qu’elle était définie par tous les honneurs
qu’il avait reçus jusqu’à ce moment. Ils étaient à la fois politiques et religieux : contrôle des
magistratures, consulat pour dix ans, lui seul peut avoir des soldats, peut administrer les fonds
publics, une statue de lui et plus tard un char seront portés dans la procession des jeux – il est
mis sur le même plan que les dieux – il reçut une statue dans le temple de Quirinus, une autre
sur le Capitole parmi celles des rois de Rome et de Brutus. Eutrope remarque qu’après la fin
509
Liv., 115-116 = 1-039 et Eutr., VI, 25 = 1-040.
510
App., Préface, 7.
511
D.C., XLIII, 41, 2-46, 1 = 1-028.
134
des guerres civiles – c’est-à-dire après mars 45) il commença à se comporter « avec excès et
d’une façon contraire aux usages de la liberté romaine. 512 » Velleius Paterculus écrivait que
son principat dura cinq mois 513, c’est-à-dire qu’il commença vers octobre 45 (date de son
triomphe sur la guerre d’Espagne) ; et selon Plutarque, le fait de le nommer dictateur à vie
« était une tyrannie [monarc…a] avouée, puisque ce pouvoir absolu joignait à
l'irresponsabilité la perpétuité.514 » La guerre civile avait permis de fonder le principat.
C’est ce contrôle qui était choquant, non les honneurs pris en détail. La définition du
principat de fait progressivement, au rythme des victoires et des décrets honorifiques pris en
leur honneur515. C’est ce que nous avons tenté de mettre en valeur dans le corpus. Cette
remarque vaut pour tous les successeurs d’Octavien issus d’une guerre civile. Les historiens
ne précisaient pas tous les honneurs qui leur étaient donnés, car c’était les mêmes, ils ne
mentionnaient que les nouveaux. À partir de ce moment la libertas des Romains était
définitivement confisquée : le Sénat possédait toujours un certain prestige, une autorité
morale mais son rôle réel était peu important. Le nouveau régime n’était une monarchie que
dans certaines limites : à la fin de sa vie Auguste nomma pratiquement Tibère co-régent.
Appien rapporte que « les magistrats, dès leur installation, juraient de ne s'opposer à
aucune des mesures définies par César516. » Ce serment fut décidé probablement en 45 si l’on
considère que tous les honneurs mentionnés sont contemporains. César était au faîte de son
pouvoir, le serment ne faisait que sanctionner une situation de fait. D’ailleurs, César avait reçu
des magistratures dont les pouvoirs se recoupaient. Ce serait dans le but, comme écrit Appien,
de lui décerner « toutes sortes d'honneurs démesurés, au-delà de ceux qu'on décerne à un
homme » et par là, d’en faire un dieu. Dion Cassius écrivait à ce sujet qu’à César « il était
512
Eutr., VI, 25 = 1-040.
513
Vell., I, 56, 1-3 = 1-042.
514
Plut., Caes, 57, 1-3 = 1-044
515
« Ainsi, cet ensemble des pouvoirs et honneurs impériaux dont chaque nouvel empereur se voit investi, ne
s'est formé que petit à petit, au gré des circonstances. La puissance impériale lui est antérieure, étant primordiale
et nécessaire, mais sa détermination juridique est empirique et progressive. » L. Lesuisse, « Tacite et la lex de
imperio des premiers empereurs romains », Les études classiques, XXIX, 1961, p. 160.
516
B.C., II, 106-107 = 1-043.
135
indifférent de commander à des gens contre leur gré, d’exercer le pouvoir sur des gens qui le
haïssaient, de se donner des honneurs à lui-même 517 ». Octave-Auguste rationnalisa ces
honneurs. César et Auguste fondèrent par le biais de la guerre civile ce qui sera la règle
jusqu’à la tétrarchie. Dion Cassius écrit que Pertinax « obtint tous les titres habituels
appartenant à cette fonction, et aussi un nouveau pour indiquer qu'il souhaitait être
démocratique ; en effet, il fut nommé chef du Sénat, en accord avec l'ancienne coutume 518. »
Et même en temps de paix, le principat restait marqué par le contexte de son origine : les
guerres civiles.
517
D.C., XLI, 54, 1-2, cité par Histoire romaine, t. 1, Des Origines à Auguste, sous la dir. de F. Hinard, Paris,
Fayard, p. 781.
518
D.C., LXXIII, 5, 1 = 7-017. « … kaˆ œlabe t£j te ¥llaj ™pikl»seij t¦j proshkoÚsaj kaˆ ˜tšran ™pˆ tù
dhmotikÕj e•nai boÚlesqai: prÒkritoj g¦r tÁj gerous…aj kat¦ tÕ ¢rca‹on ™pwnom£sqh.»
136
Conclusion : Bilan et problématiques
L’étude des rapports des guerres civiles et du pouvoir impérial romain amène à une
réflexion sur des aspects très divers du principat. L’avènement d’un nouvel empereur semble
préparé à l’avance : des personnages influents, membres de l’ordre équestre et de l’ordre
sénatorial, usaient de tous les moyens à leur disposition pour se gagner les éléments
importants de l’État et l’accord du peuple. La guerre civile était un constat de leur échec. Elle
prouvait qu’il restait toujours des opposants. Les revendications politiques et religieuses
n’offraient qu’une légitimation. L’armée n’avait pas le rôle le plus important dans les guerres
civiles : elle était une force que leurs chefs utilisaient. Les corps politiques non fédérés,
comme le peuple ou une armée sans chef, étaient paralysés.
Il semble que le rôle de l’armée et son évolution soient à relativiser. Le Sénat garda un
rôle formel. L’Histoire auguste affirmait que les pouvoirs de Maximin n’avaient jamais été
confirmés par le Sénat sans doute pour le dénigrer 519. M. Christol remarquait que les maux de
l’empire romain commencèrent depuis 250-251 mais que les historiens anciens les
présentaient comme accumulés entre 253 et 268, c'est-à-dire au cours des règnes de Valérien
et de Gallien520. En réalité Gallien avait hérité d’une situation dont il n’était pas responsable.
Cette remarque que M. Christol fit en introduction à son article devrait être le préalable
méthodologique à toute étude historique : la vérification est toujours nécessaire. Le Sénat
avait un rôle légal qui sanctionnait la légitimité acquise d’une autre manière. Il avait perdu de
ses prérogatives dès la dictature de Jules César. Zosime rapporte qu’après l’assassinat de
Pertinax, « comme le Sénat prolong[eait] ses délibérations pour savoir exactement à qui il
conv[enait] de remettre le pouvoir, Sévère [fut] désigné empereur ; Albinus et Niger ayant
tenté de s'emparer de cette même charge, de nombreuses guerres civiles s'allumèrent entre eux
519
« Sed occiso Alexandro Maximinus primum e corpore militari et nondum senator sine decreto senatus
Augustus ab exercitu appellatus est filio sibimet in participatum dato ». (H.A., Maxim., 7,4-8, 1 = 11-010).
520
M. Christol, « Les règnes de Valérien et de Gallien (253-268) : travaux d’ensemble, questions
chronologiques », ANRW II, 2, p. 803-804.
137
et les cités se divisèrent, chacune prenant parti pour l'un ou l'autre des adversaires 521 ». Les
conjurés, n’avaient rien prévu en cas d’échec de leur plan ; l’empire nécessitait une réponse
rapide et adaptée. Le Sénat était incapable d’y parvenir. La guerre civile était une réponse aux
manquements de l’acteur politique traditionnel. Les barbares jouèrent un grand rôle dans la
politique romaine, dans le déclenchement de la guerre civile en permettant aux empereurs de
nommer des chefs militaires avec pouvoirs importants sur les frontières, et dans son
déroulement en combattant pour eux. Le rôle de l’armée était reconnu par les empereurs, sa
contribution lors de la guerre civile était même souhaitée. Les monnaies appellent à la fides
militum, à la concordia militum. En réalité il y avait un décalage entre les événements et la
pensée des sénateurs qui continuaient à refuser le rôle croissant et inévitable des armées. Les
causes du rôle croissant de l’armée peuvent être l’ambition croissante des préfets du prétoire
et en général de ceux qui avaient des troupes sous leurs ordres. Le choix des armées
manifestait aussi un certain patriotisme et une volonté de sauver l’Empire des invasions.
Maximin le Thrace parlait de « défend[re] la majesté de Rome contre les Germains 522 ». Elle
s’adaptait aux nouvelles circonstances.
Les prises de pouvoir et usurpations se faisaient majoritairement sur les frontières.
Cela s’explique selon R. Rémondon et L. de Blois par la « régionalisation » de l’armée
romaine sous le règne de Gallien523. En effet, Gallien instaura des unités de cavalerie
indépendantes. L. de Blois cite Aureolus524. Zonaras le mentionne en tant que commandant de
toute la cavalerie (p£shj ¥rcwn tÁj †ppou), Aurelius Victor comme commandant des légions
de Rhétie (« cum per Raetias legionibus praeesset ») ; l’Histoire auguste comme
commandant des armées de l’Illyricum. Selon F. de Blois, Aurelius Victor voulait écrire
qu’Aureolus était dux et qu’il se trouvait dans une ville d’Italie du Nord afin d’empêcher les
521
Zos., I, 7, 1-8, 2 = 7-033 : « TÁj d gerous…aj e„j tÕ diaskopÁsai t…ni dšoi paradoànai t¾n ¢rc¾n
¢naballomšnhj, SebÁroj ¢nade…knutai basileÚj: parelqÒntwn d e„j t¾n aÙt¾n ¢rc¾n 'Alb…nou kaˆ N…grou,
pÒlemoi sunšsthsan aÙto‹j oÙk Ñl…goi prÕj ¢ll»louj ™mfÚlioi, kaˆ pÒleij dišsthsan, a‰ m•n tùde a‰ d• tùde
prosqšmenai: ».
522
H.A., Gord., 14, 1-6 = 11-022
523
R. Rémondon, La crise de l’empire romain, Paris, PUF, 1970, p. 106 ; L. de Blois, The Policy of the Emperor
Gallienus, Leiden, E.J. Brill, 1976, p. 26 ss.
524
Zon., XII, 633, 25 = 16-029; Aur. Vict., Caes., 33, 17-19 = 16-030 ; H.A., Tyr. , 11, 1-2 = 15-025.
138
attaques des Alamans en Rhétie525. Il s’agissait probablement de Milan526. Il n’avait pas de
position officiellement définie mais commandait les troupes à la place du gouverneur de la
Rhétie. La nouvelle fonction crée sous le règne de Gallien semblait être un tremplin pour le
pouvoir impérial. Avant, il était formé de la préfecture du prétoire. L’armée tenait toujours la
plus haute place en ce qui concernait la nomination des empereurs mais elle changeait : il
s’agissait désormais de l’armée des provinces et plus particulièrement de la lutte contre les
barbares. R. Rémondon considère les usurpations de cette époque comme des « formes
spontanées et anarchiques de décentralisation, des moyens de parer d’urgence à des dangers
locaux aggravés527 ». L’importance nouvelle prise par les armées des provinces était critiquée
par les milieux sénatoriaux, Maximin en devint l’archétype.
Les acteurs de la légitimité de l’empire sont présentés de manière discontinue par les
historiens. Il est très difficile, par exemple, de lier les conspirations sénatoriales et la
fabrication des présages. Musonius par exemple, était en contact avec Apollonius de Tyane 528
qui avait des visions sur le déroulement de la vie politique de l’Empire. Il serait peut-être
possible de retracer la carrière du peu de prêtres que nous connaissons nominalement. Les
informations sur les conjurations sénatoriales transmises par les historiens sont très lacunaires,
mais néanmoins suffisantes. Les personnages chargés de transmettre la propagande impériale
étaient pratiquement inconnus : nous n’avons révélé aucune allusion à un d’eux. La monnaie
se transmettait d’elle-même, mais des aides étaient nécessaires pour transmettre les libelles.
Les historiens rapportent les épisodes des guerres civiles comme si la légitimité de l’empereur
se suffisait à elle-même, se transmettait par elle-même, par son aura.
525
L. de Blois, The Policy of the Emperor Gallienus, Leiden, E.J. Brill, 1976, p. 30-31.
526
Zon., XII, 633, 25 = 16-029
527
La crise de l’empire romain, Paris, PUF, 1970, p. 107.
528
Philstr., Apol., IV, 46 = 2-226.
139
Annexe 1 : Chronologie. Les empereurs et les
usurpateurs
•
Jules César († 15 mars 44 av. J.-C.)
•
Octave-Auguste (16 janvier 27 av. J.-C.-19 août 14 ap. J.-C.)
•
Tibère (19 août 14-16 mars 37)
•
Caligula (18 mars 37-24 janvier 41)
•
Claude (24 janvier 41-13 octobre 54)
L. Arruntius Camillus Scribonianus (42 ap. J.-C., Illyrie, règne 5 jours)
•
Néron (13 octobre 54-9 juin 68)
C. Nymphidianus Sabinus (68)
Vindex (9-12 mars 68, Gaule-mai 68)
L. Clodius Macer (début 68, Afrique, il a peut-être pris le pouvoir en Sicile-printemps
68)
•
Sabinus
•
Galba (2-3 avril 68, Espagne-empereur du 11 juin 68 au 15 janvier 69)
L. Calpurnius Piso Frugi Licianianus (César du 10 au 15 janvier 69, Rome)
•
Othon (15 janvier 69-16 avril 69)
•
Vitellius (salué le 2 janvier par Valens et le 3 par l'armée de Germanie à Cologne,
règne du 16 avril 69 au 20 décembre 69)
•
Vespasien (dies imperii : 1er juillet 69, Alexandrie-24 juin 79)
•
Titus (César en juillet ou août 60, empereur du 24 juin 79 au 13 septembre 81)
•
Deux patriciens
140
•
Domitien (14 septembre 81-18 septembre 96)
L. Antonius Saturninus (Acclamé empereur 88 ou janvier 89, Mayence)
"Complures senatores", Suet., Dom., 10, 2
•
Nerva (18 septembre 96-27 ? Janvier 98)
•
Trajan (28 janvier 98-7 août 117)
•
Hadrien (11 août 117-10 juillet 138)
•
Antonin le Pieux (10 juillet 138-7 mars 161)
•
Marc Aurèle (7 mars 161-17 mars 180)
Avidius Cassius (début avril-mai 175, Orient-après la 28 juillet 175)
•
Commode (César le 12 octobre 166, Auguste et coempereur en 177, il règne seul du
17 mars 180 au 31 décembre 192).
•
Pertinax (1er janvier 193-28 mars 193)
P. Helvius Pertinax filius (César le 1er janvier 193-il meurt en 212).
•
Didius Julianus (28 mars 193-1er juin 193)
•
Pescennius Niger (début avril 193, Antioche- Automne 194 ou en 195)
•
Clodius Albinus (après le 9 avril 193 Septime Sévère le nomme César-19 février
197)
•
Septime Sévère (9 avril 193, Carnuntum-4 février 211)
•
Caracalla (4 février 211-8 avril 217)
•
Geta (209-février 212)
•
Macrin (11 avril 217- Fin juin ou juillet 218)
•
Diaduménien (César en avril 217, Auguste le 15 mai 218-il meurt le 8 juin 218)
•
Élagabal (15 ou 16 mai 218-13 mars 222)
Seleucus
141
Gellius Maximus (219)
Verus (219)
Marcellus Caesar
Sallustius (probablement sous Alexandre Sévère)
Uranius Antoninus
Taurinus (probablement sous Alexandre Sévère)
•
Alexandre Sévère
Taurinus : selon Aur. Vict, -Ps., Caes., 24, 2, probablement le même que celui sous
Élagabal.
L. Seius Sallustius
Ovinius Camillus (Rome)
•
Maximin le Thrace (18 mars 235-24 juillet 238)
Titus
Quartinus (en réalité, il s'agit peut-être d'un Titus Quartinus)
Magnus (sur le Rhin, † début 235).
•
Gordien I et Gordien II (28 mars 238- entre avril et juillet 238)
•
Pupien / Maxime et Balbin (22 avril 238 ou début mai 238-23 ou 29 juillet 238)
•
Gordien III (23 ou 29 juillet 238-25 février 244 ou mars 244)
Pompeianus
Sabinianus (240, Afrique)
•
Philippe (25 février ou mars 244-fin août 249)
Iotapianus (248 ou 249, Syrie ou Cappadoce-jusqu'à la fin du règne de Philippe)
Ti. Claudius Marinus Pacatianus (1er avril 248)
Marin (248 ou 249 - ?).
Silbannacus (sur le Rhin, 248-249)
Sponsianus (248, Transsylvanie-249)
Iulius Aurelius Sulpicius Uranius Antoninus (253-254)
Marcus
142
Dèce (d'abord usurpateur sous Philippe)
•
Trajan Dèce (29 août 249-première quinzaine d'août 251)
Iulius Valens Lucinianus (Illyrie)
Lucius Priscus (250)
•
Herennius Etruscus (César en 250, co-empereur depuis mai 251, succède à son père le
15 août de la même année – début août 251)
•
Hostilien (César en 251, co-empereur le 15 août 251 – octobre 251)
•
Trébonien Galle (15 août 251 – début août 253)
•
Aemilius Aemilianus (d'abord usurpateur – Mésie – puis empereur, juillet-août /
septembre-octobre 253)
•
Volusien (César en Juin 251, Auguste peut-être en octobre 251-début août 253)
Uranius Antoninus (253, Syrie)
•
Valérien (d'abord usurpateur puis empereur. 22 octobre ou juin-août 253 avec
Gallien co-empereur-260 ?)
Cyriadès
Le fils de Cyriadès.
Mareades
•
Gallien (22 octobre ou entre septembre et octobre 253-22 mars 268)
•
Valérien Junior (César en 255, empereur depuis 257, il meurt fin 257-début 258)
•
Salonin (César en 258, Auguste au printemps 260, il meurt peu après)
Empire des Gaules :
Postumus (juillet-août 260, Gaule-mai-juin 269)
Postumus Iunior
Laelianus = Lollianus (268, pendant le règne de Postumus)
Royaume de Palmyre :
143
Odaenathus (260-272, Palmyre)
Herodes : co-empereur avec son père Odaenathus
Fulvius Macrianus (Septembre 260-printemps 261)
Macrianus Iunior (Auguste le 17 septembre 260 - printemps 261)
Quietus (Auguste le 17 septembre 260-printemps 261)
Ballista
Regilianus (= P. C. Regalianus) (260, Illyrie)
Ingenuus (260, Sirmium)
Calpurnius ? Piso Frugi (261 ?, Thessalie)
Valens (261, Macédoine)
L. Mussius Aemilianus signo Aegippius (après le 30 octobre 261, Égypte-tué par Gallien)
Aureolus, sur le Nestus (Acclamé vers 262, puis vers août-septembre 268-Septembre ?
268)
Memor († 262).
Herennianus (en 266 ou 267).
Timolaus (placé en 266 ou 267 mais probablement inventé par l'Histoire Auguste)
Celsus (probablement acclamé empereur entre 260 et 268)
Trebellianus
Marinus
Aemilianus
Saturninus
Censorinus (plus probablement sous Claude II).
Antoninus
Aelianus
•
Claude II (septembre-octobre 268-septembre 270)
Empire des Gaules :
Victorinus (printemps 269, Gaule-fin 269/milieu 270 ou début 271)
144
Laelianus (début 269, Gaule-mai-juin 269)
Victorinus (printemps 269-fin 269 ou début 270)
Marius (mai-juin 269-printemps 269)
Censorinus
•
Quintille (septembre 270)
•
Aurélien (septembre 270-septembre-octobre 275).
Royaume de Palmyre :
Vaballathus (début 272-fin de l'été 272, Palmyre)
Zénobie (reine en 267, Augusta du début à la fin de l'été 272, Palmyre)
Maeonius (Palmyre, 272 d'après l'H.A.)
Antiochus (272, Palmyre)
Empire des Gaules:
Tetricus I (début 271-printemps 274)
Tetricus II (273-printemps 273)
=> Faustinus (273, Gaule).
Victoria (= Vitruvia) (en 271, elle prend le titre d'Augusta).
Felicissimus (270-271)
Septiminius (=Septimius) (271-272, Dalmatie)
Urbanus (271-272)
Domitianus (vers 271-272, Illyrie ?)
Firmus (273, Syrie)
•
Tacite (fin 275-milieu 276)
•
Florien (juillet ? 276-printemps 276)
•
Probus (juillet ? 276-septembre-octobre 282)
Saturninus (280, Alexandrie)
145
Bonosus (Cologne)
Proculus (280, Lyon- ?)
•
Carus (septembre 282-mi-juillet 283) + Carin et Numérien Césars
•
Carin (décembre 282 ou janvier 283-printemps ou mi-juillet 285)
M. Aurelius Iulianus
•
Numérien (18 ? mai 283-première quinzaine de novembre 284)
•
Dioclétien (20 novembre 284-313 ou 316)
146
Bibliographie
147
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192
Table des matières
Introduction.................................................................................................................................1
I.La diversité des sources..........................................................................................................12
A.Les sources littéraires........................................................................................................12
1.La diversité des genres littéraires...................................................................................12
a.Les annales et les histoires......................................................................................... 12
b.Abrégés et épitomés...................................................................................................15
c.La biographie..............................................................................................................16
d.L’historiographie chrétienne et byzantine..................................................................17
e.L’ histoire engagée.....................................................................................................18
f.Les laterculi................................................................................................................ 19
g.Les sources non historiques....................................................................................... 19
h.Les sources perdues................................................................................................... 20
B.Les sources épigraphiques, numismatiques et papyrologiques.........................................21
II.Analyse des sources...............................................................................................................22
A.Nécessité de l’examen critique des sources...................................................................... 22
B.Contre l’hyper criticisme...................................................................................................23
C.Mises en gardes méthodologiques.....................................................................................24
III.Élaboration du corpus de sources.........................................................................................26
I.La crise de succession.............................................................................................................30
A.La nature du principat et les modalités de la succession...................................................30
B.Les guerres civiles nées de la crise de succession : essai d’interprétation........................34
II.La cour et les complots sénatoriaux ..................................................................................... 36
A.Définition de la cour..........................................................................................................36
B.Les complots de sénateurs : essai d’analyse historique.....................................................36
1.Buts et nature des complots, leurs problématiques........................................................36
2.Essai d’analyse historique et prosopographique............................................................ 41
3.La place du Sénat dans le déclenchement des guerres civiles : entre idéologies et
difficultés internes.............................................................................................................52
C.Le rôle de la cour dans la transmission du pouvoir impérial.............................................55
193
D.Le rôle ambigu de la cour face au pouvoir impérial......................................................... 56
E.L’élaboration du portrait du « mauvais empereur » ou les causes littéraires des guerres
civiles.................................................................................................................................... 59
III.Le peuple face au pouvoir impérial......................................................................................64
A.La perception du peuple par les historiens de l’Antiquité.................................................64
B.Le peuple, un objet de la propagande impériale................................................................65
I.La place et le rôle des armées dans les guerres civiles...........................................................69
A.Le rôle de l’armée dans la définition de la guerre civile...................................................69
B.Le rôle effectif des armées dans l’obtention du pouvoir impérial.....................................70
1.Tableau : le rôle des armées et des magistratures dans l’acclamation des imperatores et
des usurpateurs..................................................................................................................72
2.Le rôle du serment dans la constitution des armées.....................................................109
C.Le rôle juridique des armées dans l’attribution du pouvoir impérial.............................. 111
II.Les qualités de l’empereur.................................................................................................. 115
A.Les qualités politiques de l’empereur............................................................................. 115
1.Les communications de l’empereur au cours de la guerre civile : entre programme
politique et propagande...................................................................................................115
2.La préparation de la succession et le rattachement aux familles impériales précédentes
.........................................................................................................................................119
B.Un empereur choisi par les dieux....................................................................................123
1.Les présages impériaux................................................................................................123
2.Élaboration et transmission des présages impériaux....................................................127
III.L’exaltation d’une individualité : vers l’héroïsation de l’empereur.................................. 131
I.Le triomphe et ses substituts.................................................................................................136
A.L’absence de triomphe : une guerre impie......................................................................136
B.Le triomphe sur les nations étrangères, un substitut....................................................... 137
C.Problématiques autour de la notion de guerre civile....................................................... 139
II.Les honneurs décernés aux empereurs suite aux guerres civiles.........................................142
A.La titulature impériale.....................................................................................................142
1.Les cognomina.............................................................................................................142
2.Le titre de pater patriae................................................................................................ 143
3.Le cognomen Augustus et le praenomen Imperator.................................................... 144
194
B.Le ius imaginum..............................................................................................................145
C.Les nouveaux emblèmes du principat............................................................................. 145
D.Le programme architectural............................................................................................ 146
III.Fonctions, magistratures et sacerdoces.............................................................................. 150
A.Le cumul des magistratures : la méthode........................................................................150
B.Le cumul des magistratures : essai d’explication............................................................154
C.Le rôle de l’imperium dans la mise en place du nouveau régime...................................156
D.La puissance tribunicienne..............................................................................................158
E.La censure........................................................................................................................159
F.Bilan : essai de définition du nouveau régime créé par César et Auguste.......................160
Conclusion : Bilan et problématiques..................................................................................... 164
195
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