Portafaix Pierre-Yves
ECE 1
Quand le capitalisme perd la tête
Joseph E.Stiglitz
Le livre de poche, 2003 (réédition)
Chapitre 6 : Les banques et la bulle
Les banques et la bulle (page 254-300)
L'exploitation du boom boursier (page 264)
Les analystes (page 266)
La divulgation équitable (page 276)
Les introductions en bourse (page 279)
Transactions peu reluisantes (page 282)
Le Glass-Steagall Act (page 284)
Les fusions (page 289)
WorldCom : une étude de cas (page 293)
Les expériences ailleurs (page 298)
Les leçons (page300)
Les banques et la bulle
Avant « garde fou important dans l'économie américaine ». Image de la banque qui va changer dans
années 1990 : scandales financiers (Enron), opérations en collusion, ... => même les très grandes
banques furent mêlées à ces scandales : JP Morgan Chase, Merril Lynch. Traditionnellement, existe
deux types de banques : banque d'affaire (émettent actions et obligations) et banque de dépôt
(prêtent l'argent des déposants). Dès années 90, loi qui autorise fusion entre ces établissements =>
conglomérat comme Citigroup. « La rentabilité des banques d'affaires était traditionnellement
fondée sur l'information : elles s'étaient fait une réputation de fiabilité. » Information de plus en plus
faussée : les banques mentent sur situation entreprise => asymétrie de l'information. « il était
devenu pour eux bien plus lucratif de mentir que de dire la vérité. » car le marché exige un résultat à
court terme (pression des actionnaires). De plus « il y avait entre comptables et les banques
diverses synergie nouvelles qui n'étaient pas toujours dans l'intérêt du public ». La déréglementation
a un effet négatif : plus forte concurrence => pression du court terme encore plus forte => incitation
à la fraude qui augmente. « Plus la bulle gonflait, plus l'incitation à faire le nécessaire pour qu'elle
continue à grossir était forte. »
En outre relation symbiotique entre Wall Street et la Sillicon Valley : l'un est le centre de
l'innovation et besoin des capiyaux de la cote Est qui se charge de monter une opération financière
frauduleuse pour récolter profits. « L'argent les menait toutes les deux » => mais difference de style
(vestimentaire et en terme de mentalités).
L'exploitation du boom boursier
Séparation des taches entre propriété et gestion. Rôle de + en + important des banques :
confiance des actionnaire + surveille la viabilité du projet. Si besoin de capitaux, la firme s'adresse à
banque d'affaire qui use de sa réputation pour monter un projet (s'appuie sur un réseau de
connaissance pour vendre) => rentabilité à court terme très forte (fierté des banques à l'époque).
Exemple : Goldman Sachs (banque d'affaire) à l'origine partenariat => devient société anonyme le
04/05/1999 => peut participer au marché haussier donc engranger profits.
Les analystes
Experts de la bourse qui étudient les évolutions des firmes et conseillent les actionnaires =>
rôle décisif intermédiaire avec traders). Mais confiance qui se détruit : encensent actions
« camelote » et trompent investisseurs. En 1975 : suppression du « courtage minimum imposé » =>
permet essor d'un marché d'agents de change « discount » => problème de concurrence entre les
agents donc encourage les opérations frauduleuses avec mauvaise information et notamment sur des
grosses affaires. Banquiers cherchent à vendre à tout prix et analystes censés garantir les intérêts de
leurs clients qui leurs font confiance. Parfois même les PDG des entreprises forcent les analystes à
mentir afin qu'ils leurs mettent une « bonne note » en vue d'une future opération. Analystes
influencés par les banques (leurs employeurs) qui gèrent les affaires. Mais « Puisque tout le monde
gagnait de l'argent à foison, il n'est pas étonnant que personne n'ait demandé à vérifier l'addition. »
Problème de transparence entre maisons de change et banques.
École des anticipations rationnelles (fondateur R.Lucas Prix Nobel d'économie en 1995) => l'être
humain est rationnel et capable d'assimiler l'information => suppose une parfaire information de
l'agent économique. Aujourd'hui plus école de pensée morte selon Stiglitz car : asymétrie de
l'information qui entraîne inefficacité du marché dans les années 1990 + chaque agent n'est pas
forcément rationnel (cf travaux de Kahneman et Tversky sur irrationalité de l'individu psychologues
et prix Nobel d'économie en 2002). Exemple : compagnies d'assurance exploitent irrationalité
consommateur en lui vendant produits contre risques peu probables. De même pour analystes : on
les pousse à établir des analyses rationnelles alors que les situations sont périlleuses car pression des
banques et marché. Volonté de plus de transparence (diffusion rémunération analystes) mais
insuffisant.
La divulgation équitable
Confiance des investisseurs en les analystes car source d'information privilégiée. Volonté de
plus de transparence cf Arthur Levitt (président de la SEC) qui voudrait rendre publique toute les
décisions des analystes => se heurte à une résistance des firmes des grosses entreprises cotées qui
menacent de ne plus rien diffuser du tout. Mais projet de Levitt de « divulgation équitable » accepté
le 23 octobre 2000 sans les conséquences terrible que l'on annonçait : un sentiment de transparence
plus grande, d'information mieux diffusée. En fait, le risque pour les banques d'affaire était de voir
disparaître le système « d'échange de dons » entre elles et les analystes : en échange d'une
information précieuse ou d'un rapport favorable, on offre une récompense monétaire. « La
divulgation équitable menaçait de saper à la base tous ces arrangements ».
Les introductions en bourse
Les gens sont peu informé de ces échanges de dons et les économistes cherchent à savoir
pourquoi le cours de certaines entreprises lors de leur introduction en bourse était si bas. Ce sont les
banquiers qui fixaient les prix => actionnaires privés d'une partie de leurs revenu => au total plus
de 50 milliards de $ pour 309 introductions. Elles sont le fruit d'ententes diverses entre banquiers et
chefs d'entreprises, techniques parfois répandues comme chez Citibank ou Salomon Smith Barney.
L'attorney général de New-York, E.Spitzer s'indigne de ces pratiques. « La corruption prospère
grâce au secret. »
Transactions peu reluisantes
Crédibilité des banques qui baisse à cause du scandale des analystes mais aussi car mêlées à
d'autres affaires de complicité dans le but de maquiller des bilans pour cacher certaines
informations aux actionnaires. Rôle « malhonnête » des banques donc mais « comme le résultat
financier immédiat primait, l'argent a vaincu l'éthique
Le Glass-Steagall Act
Problème de conflit d'intérêt accrus par la déréglementation des années 90. Pendant plus de
50 ans, banques de dépôt et banques d'affaires séparées. « Le même établissement, donc, ne pouvait
pas prêter l'argent et vendre les titres. » car interdit par le GSA qui fut une des réactions du
gouvernement de Roosevelt à la crise de 1929 (nombreuses faillites de banques) voire remonte
même à la volonté de Teddy Roosevelt de briser les trusts au début du Xxème siècle. Grâce au
GSA, les entreprises qui ont besoin de financement sont obligées de s'adresser au banques de dépôt
seules habilitées à accorder un prêt. Situation des USA différentes de celle de l'Allemagne et du
Japon ou les deux types de banques sont mêlées. Mais à l'époque de la Mondialisation, les banques
réclament plus de liberté pour augmenter leurs profits (grâce aux économies d'échelle) + pas de
risque de concentration car très forte concurrence internationale. En 1995, nomination de Robert
Rubin à la tête du Trésor (ancien banquier chez Goldman Sachs) qui soutient le mouvement pour
l'abrogation de cette loi. Il balaye les éventuels soucis liés à de potentiels conflits d'intérêt.
Conséquences qui éclatent au moment des scandales => Enron a qui l'on accorde des prêt malgré
situation inquiétante (car intérêt financier à monter des « gros coûts »). L'abrogation du GSA a donc
« incontestablement aggravé une situation déjà mauvaise ».
Les fusions
Les fusions : « repérées depuis longue date comme source d'abus ». Elles sont le trésor des
banquiers car elles leurs rapportent quoi qu'il arrive (commissions). Schéma idéal : 2 + 2 = 5. Deux
très grosses entreprises en forment une troisième encore plus forte grâce aux « synergie » liées à la
fusion, « prime du conglomérat ». Mais en réalité : 2 + 2 + 3,5. Car « rabais du conglomérat » qui se
manifeste deux ans après la fusion car les synergies ne fonctionnent pas. Problème d'entente parfois
=> perte de temps. Parfois : 2 + 2 = 4 ou 4,5 car coût de la fusion (mais les banquiers y gagnent
toujours). Années 80 => pulsion des PDG qui les poussent à acheter d'autres entreprises : volonté
d'un pouvoir et d'une rémunération accrus. Années 90 => rémunération liée au cours de l'action qui
les incitent à le faire monter. Ainsi naissance d'une économie « bulle » exemple : la fusion entre
AOL, Warner Brothers et le magazine Time (pour former un groupe multimédia) => profite de la
bulle « internet » des années 90. Surnom de ces entreprises : les « acquéreurs en série ».
WorldCom : une étude de cas
Entreprises qui profitent de la bulle => bulle qui éclate => trouver d'autre moyens pour
s'enrichir => trucages comptables. Bernard Ebbers (dernier PDG) : ancien laitier et enseignant
canadien. WorldCom avant la crise (21/07/2002) = 2ème opérateur de téléphonie longue distance
des USA, 1er en terme de trafic Internet. Utilise ses actions comme garantie pour des prêts, mais
reçoit « appel de marge », c'est à dire que le cours des actions baisse et que l'on demande au
banquier de payer la différence => demande prêts (acceptés) à WorldCom son entreprise =>
cherche à faire baisser le moins possible le cours de l'action. Mais ne peut éviter la crise : 32
milliards de $ de dettes + sur-valorisation des actifs estimée à 50 mds de $ (qui ne représentent pas
d'actifs réels) soit environ le PIB de la Hongrie. Manoeuvre qui consistaient notamment à faire
entrer dans le cadre des investissements des dépenses ordinaires => comme les investissements ne
sont pas déduits des revenus, cela gonfle les profits. De plus véritables scandales comme la
rémunération du PDG : 142 millions de $ en 1999 !! => problème dans le système de contrôle de
gestion de l'entreprise. De plus Ebbers se tourne vers la Citibank tant pour ses investissements
professionnels (introduction en bourse) que personnels => reçoit prêt d'1 million d'actions qui lui
rapporteront 11 millions de $ !! + manigance des opérations grâce à son réseau d'agents de change
et d'analystes (par exemple Jack Grubman) qui recommandent l'action WorldCom. Exemple même
en 1999 Grubman conseille d'acheter le titre qui passerait de 75 à 130 $ ! cf sa lettre de démition :
« J'ai fais mon travail d'analyste dans un cadre largement admis, en harmonie avec la pratique de la
branche [...] ».
Les expériences ailleurs
En Allemagne et au Japon, entreprises et banques sont « intimement liées » => système de
contrôle des opérations par les banques sur les PDG + facilite la transmission de l'information.
Problème : parfois cette alchimie freine la croissance : au Japon cette relation a permis la croissance
dans les années 1960, 70, 80 mais l'a ralentie dans la décennie 90. En Europe réaction aux scandales
américains mais vision différente du chef d'entreprise qui a « un sens de la responsabilité plus
prononcé » => PDG américains qui accusent les analystes lors des scandales alors que le PDG
français se retire généralement plus discrètement. Juridiquement aussi modèles très différents : les
actionnaires américains ont très peu de pouvoir et les PDG ne se rendent jamais dans leurs
assemblées générales. Question : la mondialisation a fait se développer système américain dans tous
les secteurs mais le secteur bancaire n'est pas trop touché par la crise américaine, « peut-être, avec
le temps [le] découvrira-t-on ».
Les leçons
Rôle des banques d'affaires à revoir : mauvaise information (trucage des chiffres) =>
s'enrichissent aux dépens des actionnaires. La faillite de Enron ou de WorldCom se chiffrent en
milliards de $ => >au PIB de certains pays ! Le problème central est celui de la convergence des
intérêts entre les acteurs de l'économie. Que faire face à la déréglementation qui a accru le risque de
conflit d'intérêt ? De nouvelles réglementations ? La confiance est le moteur de l'activité bancaire or
elle est en chute libre. Au contraire en Europe et ailleurs dans le monde « la confiance et la bonne
conduite jouent traditionnellement un rôle déterminant ». Mais même en Europe, « ces pays devront
changer de règles et de pratiques » car concurrence plus forte. Experts qui faisaient la leçons sur la
gestion de la dette, la politique fiscale, la rigeur comptable, la corrupion => impliqués dans les
scandales => sanctions financières. En outre le problème des réductions d'impots accordées à Enron
alors qu'ils préchaient pour une rigueur budgétaire => paradoxe.
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