tradition. La vie intérieure telle qu'elle est modelée par les
agents de socialisation prend une importance accrue lorsque la
société traditionnelle, préindustrielle, entre dans une phase de
rapide transformation grâce au progrès technologique et à
l'urbanisation. Les statuts sont de moins en moins attribués, ils
doivent être acquis, et sont l'objet d'une compétition de plus en
plus féroce. Ce type de société exige de ses membres une
APPORT DE LA SOCIOLOGIE 53
rationalisation accrue de leur conduite pour triompher de
l'anarchie et de la concurrence qui constituent la base même du
progrès social et économique. Enfin, dans la société de masse
telle que nous l'avons nous-même caractérisée, l'autrui devient
la source d'inspiration majeure. En effet, le progrès socio-
économique étant pratiquement assuré, l'individu puise moins
en lui-même les motifs de sa conduite qu'il ne modèle cette
dernière sur autrui. Celui-ci est constitué, grâce à la
généralisation d'un pouvoir d'achat élevé et de l'influence
exercée par les moyens de communication de masse, de tous les
individus d'une même société et, à la limite, de l'humanité tout
entière.
Comme le souligne Parsons (1964), l'absence relative de
déterminisme dans l'orientation des personnalités dans la société
de masse fait apparaître nettement cette tendance à aspirer on ne
sait plus exactement à quoi et, principalement, à ce que suggère
l'économie orientée vers la consommation de masse. La dernière
frontière, élastique à l'infini, est celle de la consommation. Pour
l'atteindre, l'individu doit suivre ses pairs, se référant de moins
en moins à la rationalité intrinsèque de la consommation. Le cas
limite mais pleinement significatif est celui de la succession des
modes vestimentaires ou des chansonniers.