pas encore saisies. Pour l’heure, elles forment leur personnel à la « diversité » ou à la
lutte contre les discriminations, encouragées par la promotion de la Charte de la
Diversité puis du Label Diversité et par les financements de l’Agence pour la Cohésion
Sociale et l’Egalité des Chances (Acsé)
. Cette conjoncture favorable génère un véritable
« marché » de la lutte contre les discriminations
sur lequel se positionnent un petit
nombre d’opérateurs privés dont le cabinet qui m’emploie et qui a été créé en 2006.
Au cours de ces formations, l’évocation de la religion comme critère de discrimination
suscite parfois des questions et des débats, généralement polarisés autour de l’islam et
plus précisément du voile. Les intermédiaires de l’emploi se demandent par exemple
s’ils doivent conseiller aux femmes voilées de se découvrir pour trouver du travail. Saïd
Bechrouri, formateur au COPAS, se souvient de la première fois où il a été confronté à la
question religieuse dans une formation : « C’était en 2008 dans une formation de
dirigeants de TPE-PME. Une chargée de mission de Pôle Emploi m’a demandé si elle
pouvait écarter le CV d’une candidate parce qu’elle portait le voile. » La religion n’est
pas encore abordée comme une problématique à part entière mais comme une sous-
thématique de la discrimination ou de la diversité. Ainsi, en mars 2009, l’association
IMS-Entreprendre pour la Cité
publie à l’intention de ses adhérents un guide pratique
intitulé « Gérer la diversité religieuse en entreprise ». De leur côté, les collectivités
territoriales n’ont pas encore pris la mesure du besoin de formation sur ces questions, à
quelques exceptions près dont Brest, Paris et Grenoble.
A Brest, ce besoin est identifié par Lynda Lebbad, la cheffe de projet Développement
Social Urbain (DSU) de la communauté urbaine. Arrivée de région parisienne en 2001,
elle observe le développement du salafisme dans le quartier en Zone Urbaine Sensible
de la ville. Face aux jeunes qui se convertissent à l’islam, changent de tenue et de
comportement, élus et professionnels éprouvent un certain malaise mais font « comme
si de rien n’était ». En 2006 ou 2007, une association inter-religieuse invite Dounia
Bouzar
à donner une conférence à laquelle assiste Lynda Lebbad. Celle-ci a alors l’idée
Héritière du Fonds d’Action Sociale pour l’Intégration et la Lutte contre les discriminations
(FASILD) qui a contribué à diffuser le référentiel de la lutte contre les discriminations dès le début des
années 2000.
Fabrice DHUME, « De la discrimination du marché au marché de la discrimination. Les fausses
évidences de la « lutte contre les discriminations » », ISCRA-Est, mai 2004.
L’Institut du Mécénat de Solidarité (IMS) se présente comme un « centre d'échanges,
d'innovation et d'expertise sur les questions de Développement Humain », regroupant 250 entreprises
engagées dans des démarches de responsabilité sociale. Il a joué un rôle important dans la diffusion du
thème de la diversité dans les entreprises françaises.
Ancienne éducatrice spécialisée de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) devenue
consultante sur le fait religieux