
COLÓQUIO SABER E PODER
Focus, Unicamp, 10/2008
économiques et politiques des diverses sociétés. Mais je crois que cette logique cache plutôt
qu’elle ne révèle la logique sociale selon laquelle les marchés opèrent et les influences qu’ils
exercent sur le reste de la société. Un autre piège pour la sociologie de cet espace social réside
dans la tendance universitaire dans les sciences humaines de réaliser des études
ethnographiques systématiques et rigoureuses de groupes spécifiques d’agents qui opèrent sur
ces marchés comme, par exemple, les courtiers en marchandises ou en actions qui sont utiles
pour montrer comment ces groupes se comportent et pourquoi, mais fonctionnent moins bien
pour évaluer la dynamique de l’espace social pris comme un tout étant donné qu’ils finissent
par incorporer les arguments et les théodicées du groupe qui est toujours en conflit de
juridiction avec d’autres segments de l’espace.
Pour éviter, ou au moins relativiser les effets de ces deux pièges, je pense qu’un bon
procédé consiste à analyser la forme donnée au Brésil à quelques instruments financiers de
base qui promeuvent la « financérisation » de la société brésilienne. Ainsi les capitaux et les
stratégies qui s’affrontent dans l’espace des finances seront analysés « d’arrière en avant » à
partir des instruments et des institutions qui apparaissent et, éventuellement, ceux qui
avortent. La « jeunesse » de cet espace et de ses institutionnalités permet une analyse plus
rapide, étant donné que les traces de sa constitution peuvent être retrouvées par l’analyse de
l’activité du gouvernement brésilien et des organes multilatéraux tels le FMI, la Banque
Mondiale et l’OCDE, des acteurs individuels et collectifs qui y agissent, dans les actions et
les réactions dans les espaces d’action des dirigeants syndicaux et, plus récemment, aussi les
dirigeants des diverses ONGs qui s’occupent des causes sociales, environnementales ou de
genre, ainsi qu’à travers leurs reflets dans la presse politique, environnementale et d’affaires.
Les dispositifs financiers les plus amples qui sont importés, retravaillés et dotés de
significations nouvelles dans la société brésilienne sont la gouvernance corporative et
l’émission de fonds communs privée de placement en actions (private equity funds). Tous
deux ont la caractéristique d’être une architecture construite à partir d’ensemble
d’instruments pas toujours homogènes plutôt que des outils clairement définis quant à
l’heuristique, l’usage et les objectifs. De cette manière ils peuvent, du point de vue de
l’analyse, être considérés à la fois comme institutions et comme artefacts culturels. Comme
institutions parce que la logique de leur implantation dans la société brésilienne dépend de
réarrangements dans divers secteurs et espaces sociaux, tels les champs économique,
juridique et politique. Et une fois installés ils produisent des effets irréversibles dans ces trois
La domination de la Finance au Brésil 5