communiquer pour resister

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COMMUNIQUER POUR RESISTER
Dossier collectif
Bazin Corentin 2nde8
Ferey Carl 2nde8
Gouya Alexis 2nde7
Harivel Briac 2nde6
Jouanno Charles 2nde 8
Moragues maxime 2nde6
Nivet – Croislebois Alane 2nde7
Poupiot Mathis 2nde8
Robert Léo 2nde8
Lycée H. Avril
Lamballe
1
SOMMAIRE
INTRODUCTION
p.3
GRAFFITIS ET TRACTS : DES ECRITS SPONTANES POUR DENONCER
p.3
LA PRESSE CLANDESTINE : DES ECRITS POUR INFORMER
p.13
LES ECHANGES AVEC LONDRES : DES MOTS POUR AGIR
p.19
CHANSONS : DES MOTS POUR FAIRE REFLECHIR
p.22
FAUX PAPIERS : DES ECRITS POUR RESTER DANS LA CLANDESTINITE
p.28
UNE COMMUNICATION QUI DERANGE : LES MESURES DES OCCUPANTS ET DE
VICHY POUR CONTRER LES COMMUNICATIONS DE LA RESISTANCE
p.34
DERNIERES LETTRES : COMMUNIQUER POUR RESISTER JUSQU’AU BOUT p.39
COMMUNIQUER POUR FAIRE REVIVRE L’ESPRIT DE LA RESISTANCE : LE
TEMOIGNAGE D’UN ANCIEN RESISTANT
p.47
CONCLUSION
p.50
2
INTRODUCTION
Lors de la Seconde Guerre mondiale, une partie des Français s’est opposée à l’envahisseur
nazi : c’étaient les Résistants. Il y avait une Résistance extérieure basée à Londres composée
des Forces Françaises Libres qui se battaient aux côtés des Anglais et une Résistance
intérieure, d’abord spontanée qui s’est ensuite organisée en réseaux et en maquis.
Nous nous sommes demandés quelles avaient été les différentes formes de communication
utilisées par les Résistants et pour quoi faire.
Nous avons recensé dix formes de communication que nous allons exposer dans notre dossier
en en regroupant certaines.
GRAFFITIS ET TRACTS : DES ECRITS SPONTANES POUR DENONCER
Les graffitis sont les plus anciennes formes de résistance spontanée. Ils ont fleuri sur les murs
des villes et villages de France dès juin 1940, à cette époque on voit inscrit des « Vive de
Gaulle » écrits à la craie sur les murs. Puis à l'occasion du 14 juillet, du 11 novembre, les
graffitis patriotiques et anti-nazis se multiplient.
Certains y dénonçaient aussi la collaboration et les collaborateurs comme « A bas Pétain » ou
« A bas Laval ». D'autres gravaient des V comme victoire avec dedans la croix de Lorraine
qui était l'emblème de la résistance pour lutter contre une autre croix : la croix gammée des
nazis. Ces graffitis était faits pendant la nuit pour ne pas se faire attraper. Si jamais les nazis
les attrapaient, ils étaient envoyés en prison ou déportés en camp de concentration.
Aux archives départementales de Saint Brieuc nous avons retrouvé des photos de ce type de
graffitis envoyées par un notaire de Collinée à la préfecture de Saint Brieuc. Il se plaignait que
ces graffitis aient été tracés sur la porte de son garage comme nous pouvons le voir sur la
photo ci- dessous :
Source : Archives départementales des Côtes d’Armor à Saint Brieuc
3
Le notaire avait aussi joint à sa lettre de réclamation une deuxième photo du V de la porte de
gauche du garage, V dans lequel était inscrit le mot traître :
Source : Archives départementales des Côtes d’Armor à Saint Brieuc
Les résistants faisaient leurs graffitis dans pleins de lieux différents comme dans les trains,
sur les gares, les murs de prison, ou sur les murs dans les rues des villes. On trouvait des
graffitis dans les zones occupés par les nazis et les Italiens mais aussi en zone libre et dans
l'Alsace annexée par les allemands. L'historienne Marie Claire Vitoux dans sa conférence
« les mots font de la résistance » évoque le témoignage poignant de marie Joseph Bopp qui a
tenu un journal personnel pour résister a la pression nazi. Il y racontele 31 mai 1940: « Je me
rends à Strasbourg. Dans le train, je constate qu’on avait changé plusieurs inscriptions. «
Achtung ! Verduklung ! » (attention à l’obscurcissement des trains) a donné : « Achtung :
Verdun ». Ce changement a été fait comme j’ai pu le constater dans presque tous les
compartiments. Et là où il y avait « Offen » (ouvert), une main vengeresse a ajouté un H et on
lit maintenant « Hoffen ! » (espérez). Le « raucher » (fumeur) a donné très adroitement «
Rache » (vengeance). C’est de cette façon que les Alsaciens font leur contre-propagande qui
est chez nous plus efficace que la propagande nazie. »
J. M. Bopp recherche partout les marques de Résistance par les mots en Alsace : il relève les
détournements de slogans de la propagande nazie. Ainsi,le 13 juin 1941, il note :
4
« Partout, chez nous, on voit depuis quelques temps des banderoles avec des inscriptions : «
Der Führer hat immer recht ! » (le Fürher est infaillible) et « des Führer handelt wenn die
Zeit ist reif » (le Führer agit quand le temps est mur). Or, à Guebwiller, un joyeux luron a
changé cette dernière inscription en changeant le H de « handelt » en W et ainsi on a pu lire :
« Der Führer wandelt, wenn… » (Le Führer déménagera quand…). Un Mulhousien un peu
matois a corrigé : « Der Führer baumelt, wenn… » (le Führer sera pendu…).
A part ce type de graffitis avec lesquels les Alsaciens ont fait leur contre propagande contre
les nazis, on peut aussi trouver des graffitis dans les cellules des prisonniers qui ont inscrit sur
les murs du fort de Romainville qui a servi de prison pendant la guerreO. n peut trouver des
graffitis qui dénoncent le régime de vichy et la collaboration et qui luttent pour la liberté de la
France, comme le montre l'exemple ci-dessous de Graffitis laissés par un groupe de femmes,
résistantes communistes, Jeanne Chauviré, Andrée Bonavita, Norma Nicoletti, Eugénie
(Yvonne) Fournier arrivées de la prison de Rennes et internées à Romainville le 6 avril 1944.
Elles ont été déportées le 18 avril à Ravensbrück. Photo E jacquot / AD93
:
Source : http://archives.seine-saint-denis.fr/Graffiti-de-Resistants-Sur-les.html
5
Les Résistants veulent en vérité laisser une trace de leur identité et indiquer pour une mémoire
leur passage, dans les lieux, avec des compagnons de détention …
Les tracts
Pour communiquer, les résistants faisaient passer leurs informations et leurs slogans important
par l’intermédiaire de tracts. Une partie de ces tracts mettait en garde les Français contre la
confiscation des postes de radio par les autorités allemandes
Document 1
http://propagande-2eme-guerremondiale.e-monsite.com/pages/la-propagande-dans-le-campsdes-allies/la-resistance.html
En effet, alors que l’Allemagne nazie occupe le nord de la France, les membres de la
Résistance française réfugiés en Angleterre appellent la population à rester vigilante et à
l’écoute des postes de radio. En effet, la BBC diffusait des émissions en morse ou sur des
ondes spécifiques reçues en France indiquées dans le tract. Ces émissions contenaient des
informations importantes pour la population ou pour les autres Résistants.
6
C’est notamment de ces ondes que l’appel de 18 juin a été lancé.
Document 2
http://lesamitiesdelaresistance.fr/appel.php
Alors que le « gouvernement » français vient de capituler et de demander l’armistice aux
Nazis, le Général Charles De Gaulle, retranché en Angleterre lance son « célèbre » appel du
18 juin 1940 ensuite repris dans ce tract. De Gaulle appelle les Français à résister à
l’envahisseur Allemand car « la France n’a perdu qu’une seule bataille et doit retrouver sa
liberté. »
7
Mais pour retrouver la liberté, les résistants doivent œuvrer en silence…
Document 3
http://catalogue.drouot.com/ref-drouot/lot-ventes-aux-encheres-drouot.jsp?id=1323611
Pendant que les Nazis contrôlaient une bonne partie de la France, les Résistants menaient
multiples actions et attentats contre l’envahisseur. Mais, pour que cela réussissent,
l’organisation de ces plans devait se dérouler dans le secret total. Ce tract met en garde la
population sur le fait que les Allemands ont des espions partout, notamment des
collaborateurs, et qu’ils doivent être vigilants.
Les collaborateurs sont « les premiers ennemis » des Résistants.
8
Document 4
http://www.cg73.fr/archives73/expo_savoie_des_ombres/pano13/thumb.html
Les Résistants sont sous la menace des collaborateurs qui pourraient les dénoncer aux nazis.
Au sein des Résistants et des Français combattant pour la liberté, les « collabo » sont
considérés comme des traîtres. Ce tract écrit par les Résistants, promet la mort aux
collaborateurs qui se feraient capturés.
Le maréchal Pétain est le « chef » de ces collaborateurs.
Document 5
Source : http://www.cndp.fr/crdp-creteil/resistance/345-ressources-axe4
9
Alors que le Maréchal Pétain est au pouvoir, les Résistants auteurs de ce tract veulent
dénoncer les manières de ce nouveau gouvernement qui est soumis aux nazis et qui réprime la
Résistance. En effet, les plein pouvoirs ont étés accordés à Pétain par les députés, il peut donc
tuer ou emprisonner qui il veut, c’est que signifie la hache ensanglantée
Mais en face la Résistance ne désarme pas et la guerre des mots continue
.
Document 6 Le tract " L’an 1 de la Kollaboration "
Ce tract, est un poème probablement écrit par un résistant marseillais. Aux premiers abords, le
texte vante Hitler et son régime nazi et « insulte » l’Angleterre. Mais lorsqu’on plie le texte en
deux, on s’aperçoit que celui-ci a un deuxième sens et qu’au contraire, il vante l’Angleterre et
ses « boys navigateurs » et « insulte» Hitler et les nazis.
Transcription du texte avec ses deux sens de lecture :
Aimons et admirons le chancelier Hitler
L’Eternelle Angleterre est indigne de vivre
Maudissons, écrasons le peuple d’outremer
L’Allemand sur la terre sera le seul à survivre
Soyons donc le soutien du Führer allemand.
De ces navigateurs dont la race est maudite
A eux seuls appartient le juste châtiment
La palme du vainqueur répond du vrai mérite
10
Les tracts donnent aussi des conseils à ceux qui veulent résister
Document 7
Source : archives départementales des Côtes d’Armor à Saint Brieuc
Ici un tract gaulliste (croix de lorraine) qui a été déchiré puis reconstitué aux Archives
départementales qui incite à écouter la BBC et à aider les aviateurs anglais abattus. En Côtes
du Nord le réseau Shelburn a recueilli des aviateurs alliés et leur a permis de regagner
l’Angleterre à partir de la plage Bonaparte à Plouha
Mais les tracts sont parfois interceptés
Document 8
Ici, le préfet des Côtes-du-Nord rend compte au ministre de l’Intérieur du fait que des tracts
communistes (faucille et marteau) ont été retrouvés sur la voie publique. C’était une façon de
faire savoir à la population que les communistes résistaient bien que le parti communiste soit
interdit à l’époque
11
Source : archives départementales des Côtes d’Armor à Saint Brieuc
12
LA PRESSE CLANDESTINE : DES ECRITS POUR INFORMER
Les Résistants cherchaient un moyen de s'exprimer et de communiquer sans se faire attraper
par les occupants allemands.
Jean Texcier fut le premier à imprimer une brochure clandestine : « Conseils à l'occupé ».
Les premiers textes recopiés sont fait à la machine à écrire avec du papier carbone. Les
machines étaient des ronéotypeuses et des stencils mais ces machines effectuaient une
production lente. Peu à peu des véritables ateliers de presse clandestine se sont montés avec
de véritable presse comme on peut le voir sur les documents suivants :
13
Source Archives Départementales des Côtes d’ Armor à Saint-Brieuc.
14
Des étudiants, militants politiques ou syndicaux améliorent la production ainsi que la qualité.
Cela explique la forte augmentation des feuilles clandestines dès 1940 mais les tirages restent
limités. Publication dans les débuts de Pantacruel.
Libération et Défense de la France sont des groupes de résistants qui se créent autour des
journaux qu'ils diffusent.
Source : Les archives départementales des Côtes d’Armor à St-Brieuc
Analyse de Défense de la France numéro du 20 juin 1943 :






Avis qui essaye de convaincre les forces de l’ordre et de justice.
Biographie de Charles de Gaules
Chanson des Franc-Tireur (extrait des « Lettres Françaises »)
Articles de Fond sur ce que doit être la France et ce qui faudra faire à la libération.
Une lettre d’un Français prisonnier envoyer depuis l’Allemagne en avril 1943
Remerciements
15
Le journal résistant du groupe du musée de l'Homme a publié 5 numéros mais ils se sont fait
prendre. Le musée n'a pas été fermé pour ne pas alarmer les résistants.
En zone du sud de la France trois grands journaux célèbres étaient diffusés :
Libération Sud ainsi que Combat et Franc-Tireur. Il en existait bien d'autres mais ils étaient
bien moins connus et bien moins répandus.
Pour financer la fabrication des journaux, les services d'informations alliés aident les
résistants intérieurs.
Avec l'augmentation du nombre de personnes dans la résistance, l'information à du être de
plus en plus en plus importante par exemple pour Libération Sud qui a, en deux ans,
augmenté son tirage de 10 000 exemplaires à 60 000 exemplaires.
Il y a eu un peu plus de 1200 titres différents de journaux distribué dans toutes la France.
En 1944, la presse clandestine publie beaucoup plus que la presse de vichy et la presse
allemande en langue française soit deux millions d'exemplaire.
Il y a eu aussi beaucoup d'arrestation d'imprimeurs à partir de 1943 car ils n'étaient pas
professionnels ; c'étaient donc des résistants et la police de vichy ainsi que la Gestapo les ont
arrêtés car ils effectuaient des impressions et des distributions de journaux clandestins.
Libération Nord créer à la fin des années 1942 « publia » environ 4000 exemplaires.
Parmi les titres de la résistance il y
avait des journaux communistes
comme l’Humanité d’abord artisanal
puis imprimés en grande série.
L’Humanité numéro du 14 février 1941
Source : Les archives départementales
des Côtes d’Armor à St-Brieuc
16
Analyse de l’Humanité numéro spécial du décembre 1940.
-
XXème anniversaire du Partie Communiste Français (SFIC)
Le droit des peules à disposer d’eux-mêmes
Pensé du parti communiste sur l’annexion de l’alsace
Slogan : Vive la France libre et indépendante que veulent et que feront les
Communistes.
Les autres étaient Gaullistes comme La France Combattante. On le voit aux croix de Lorraine
qui encadrent le titre du journal
17
Source : Les archives départementales des Côtes d’Armor à St-Brieuc
Source : Les archives départementales des Côtes d’Armor à St-Brieuc
Analyse de France Combatante des Côtes du Nord numéro de septembre 1943
-
Notre tache (Article)
Un extrait de Mein Kampf pour manifester et dénoncer ce qui est écrit.
Ce que va contenir le journal
Motivation (Pourquoi il faut « les » battre ??)
Appel des femmes
Alertes aux Artisans et aux petit Commerçants
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LES ECHANGES AVEC LONDRES : DES MOTS POUR AGIR
Les Résistants avaient besoin de communiquer entre eux et avec les Alliés. Mais pour que
l'ennemi ne comprenne pas les messages, ils les codaient. Les messages étaient codés a
différent niveaux:
Entre groupe de la Résistance intérieure, on s'envoyaient des messages papier en clair
ou codés (pour décider d'une opération, prévenir d'un parachutage … ). Ces messages
étaient acheminés par des passeurs ou passeuses comme Mireille Chrysostome qui
passait les messages codés dans le guidon de son vélo.
Entre la Résistance intérieure et les Alliés, les messages codés circulaient aussi par la
BBC (radio Anglaise qui à certaines heures émettait en français), quand les messages
étaient envoyés c'était lors des« des messages personnels » destinés chacun à un
groupe de Résistance intérieure. Les Résistants pouvaient aussi faire acheminer leurs
messages aux États Majors alliés par l'intermédiaire de « boite à lettres » ou ils
déposaient les renseignements qu'ils avaient collectés.
Des agents de liaison venait relever le « courrier » et l'acheminait à Londres.
Nous avons rencontré Pierre Demalvilain qui nous a raconté comment il est entré en
Résistance et comment il collectait des informations pour les Alliés et les remettaient
dans un de ces « boites aux lettres ».
Le rôle majeur de la BBC dans les communications de la Résistance est à rappeler. Les débuts
des émissions de la France Libre sont rappelés sur le site internet dédié à la France Libre.
Nous en reproduisons ici quelques lignes qui retracent les débuts des émissions quotidiennes
depuis Londres :
POM-POM-POM-POM. Cet indicatif radiophonique est le plus célèbre du monde et même
pour ceux qui n'étaient pas d'âge à l'écouter entre 1940-1944, ces quatre notes existent dans
notre histoire comme l'indicatif qui annonçait chaque soir : «Les Français parlent aux Français
».
La première « radio libre », c'était en juin 1940, un programme de quelques minutes sur les
ondes de la radio britannique la BBC. Au matin du 18 juin, le premier ministre Winston
Churchill donne au général de Gaulle, arrivé la veille de France, l'autorisation de s'adresser le
soir même à ses compatriotes dans une émission de la BBC.
Charles de Gaule, pose ses gants sur la table du studio de Bush House, l'immeuble officiel de
la BBC. Un technicien britannique lui demande, selon l'usage, de faire un essai de micro. « La
France » dit le général, et se tournant vers la cabine technique : « Ça va comme ça ? »
Dans ce premier discours, le général de Gaule va donner, ce soir-là, toutes les raisons de
combattre et d'espérer, avec, en conclusion, ce grand pari devant l'histoire : « La Flamme de la
Résistance française ne doit pas s'éteindre. Elle ne s'éteindra pas ».
Jusqu'à la libération de 1944, cette émission de radio va mettre en fureur la propagande de
l'ennemi («Radio Paris ment, Radio Paris est allemand »). Chaque soir, les Français et les
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Françaises, ceux des maquis et ceux qui refusent de céder à la collaboration, chaque soir plus
nombreux, viendront se rafraîchir et reprendre des forces à la source de l'Espoir.
«Marguerite n'a pas froid aux yeux» ou encore: «les deux pigeons se promènent sur le balcon
», ces fameux messages personnels étaient attendus avec impatience dans les maquis et avec
perplexité par les spécialistes de la Gestapo.
Dans «Les Français parlent aux Français », il y avait aussi une certaine philosophie de
l'information, qu'on aurait bien tort d'oublier. Pierre Bourdan et ses amis disaient lorsque
chaque soir: «nous annonçons toutes les mauvaises nouvelles, c'est pourquoi on nous croit
aussi lorsque nous annonçons les bonnes nouvelles ».
Le premier, le général de Gaulle avait compris que la radio pouvait devenir une arme
redoutable dans les guerres modernes. Il l'a écrit dans ses Mémoires de Guerre : « On
comprendra quelle importance nous attachions à nos brèves émissions de Londres. Tous les
huit jours environ, je parlais moi-même avec l'émouvante impression d'accomplir, pour des
millions d'auditeurs qui m'écoutaient dans l'angoisse à travers mes allocutions sur des
éléments très simples : le cours de la guerre. la fierté nationale. Enfin, l'espoir de la victoire et
d'une œuvre de grandeur pour " notre dame la France " ».
http://www.france-libre.net/france-libre-france-combattante/france-libre-francecombattante/voix-relais-bbc.php
Les Résistants se mettaient d'accord pour les messages (exemple : un soldat devait partir en
Angleterre pour certaines raisons et il disait : « Quand vous entendrez, vous avez le bonjour
de Trafalgar square, ceci voudra dire que je serai bien arrivé vivant » Les gens écoutaient la
radio tous les soirs pour savoir s’ils allaient entendre ou pas le message convenu.
Autre exemple : « Yvette aime les grosse carottes » voulait dire qu'il y aura un parachutage
d'armes ou alors « Berce mon cœur et une longueur monotone » annonçait le débarquement
Sur le site du centre généalogique des Côtes d’Armor (http://www.genealogie22.org/fr/Lamaison-d-Alphonse.html), nous avons retrouvé un de ces messages personnels avec sa
signification et ses effets racontés par Rémy (nom de code de Gilbert Renault, un des
premiers hommes à rejoindre le général De Gaulle à Londres) dans l’ouvrage « la maison
d’Alphonse » Nous vous livrons ici le texte que nous avons découvert :
« .A huit reprises, entre le 29 janvier 1944 et le 9 août de la même année, une phrase qui
n’était comprise que de quelques initiés fut diffusée dans le cadre des "messages personnels"
par la radio de Londres.
Quand ils s’entendaient dire par la voie des ondes "Bonjour à tous dans la maison d’Alphonse", les
membres du réseau d’évasion Shelburn savaient qu’une corvette partie d’Angleterre se présenterait
un peu après minuit au large d’une crique déserte des Côtes-du-Nord, et que des chaloupes s’en
détacheraient pour venir embarquer les aviateurs alliés qu’on tenait cachés dans des maisons
d’alentour. Celle qu’on appelait "la maison D’Alphonse" constituait l’ultime relais avant la
traversée du champ de mines qui barrait l’accès de la côte et la périlleuse descente vers la grève par
une falaise à pic. C’est ainsi que Shelburn évacua vers la Grande-Bretagne cent trente-cinq
aviateurs qui purent reprendre le combat, plus divers agents qui étaient attendus par les services
20
secrets alliés. Vingt-trois des siens perdirent la vie dans cette entreprise à laquelle RÉMY a voulu
rendre l’hommage qui lui était dû, et dont les authentiques péripéties composent un merveilleux
roman d’aventures. »
Un autre message codé célèbre de la BBC concernant un lieu des Côtes d’Armor a été : « Le
chapeau de Napoléon est-il toujours à Perros-Guirrec ? » De quoi s’agit-il ?
Dominant la plage de Saint-Guirec, (à Perros-Guirec
- Ploumanac'h) un rocher de forme originale, faisait
penser au célèbre bicorne de Napoléon,
"Le chapeau de Napoléon est-il
toujours à Perros-Guirrec ?"
ce message a été lancé de Londres aux équipes
Jedburgh par la B.B.C. en 1944 pour déclencher
le soulèvement général des maquis bretons et empêcher les troupes allemandes stationnées en
Bretagne de gagner la Normandie au moment du débarquement allié..
21
CHANSONS : DES MOTS POUR FAIRE REFLECHIR
La chanson assemble le divertissement et la communication, elle permet la réflexion et donc
de faire passer des messages à toutes la population. Cependant certaines chansons très
engagées étaient mal vues des nazis et des autorités de Vichy. C'était des chansons exaltant la
Résistance, ses combattants et ses idéaux, certaines paroles de ces chants de résistance sont
restés célèbres. Comment ces chansons lancés sur les ondes par la BBC ou fredonnées dans
les maquis montrent l'esprit et l'âme de la résistance. Ces chansons ont la même fonction que
les chants. Donc c'est en analysant certains de ces chants que nous allons tenter de répondre à
cette question.
Le plus célèbre de ces chants qui est devenu l'hymne de la résistance française est le Chant
des Partisans : Ce chant a été écrit par Joseph Kessel et Maurice Druon, sa musique est
composée par Anna Marly. Nous présenterons une analyse des paroles après le chant.
Le Chant des Partisans
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne
Ohé, partisans, ouvriers et paysans c'est l'alarme
Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes...
2
Montez de la mine, descendez des collines, camarades,
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades,
Ohé, les tueurs, à vos armes et vos couteaux, tirez vite,
Ohé, saboteurs, attention à ton fardeau, dynamite..
3
C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère
II y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves
Ici, nous, vois-tu, nous on marche, nous on tue ou on crève.
4
22
Ici, chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe
Ami, si tu tombes, un ami sort de l'ombre à ta place,
Demain du sang noir séchera au grand soleil sur nos routes
Chantez, compagnons, dans la nuit la liberté nous écoute...
5
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne
Ami, entends-tu le vol noir du corbeau sur la plaine
Oh -Qh-Oh-Oh-Oh-Oh-Oh-Oh-Oh-Oh-Oh-Oh.
http://memoiredeguerre.pagespro-orange.fr/ph-doc/partisans.htm
Le vol noir des corbeaux (V1) signifie les avions qui volent sur notre territoire ; la France.
Les cris sourds du pays qu'on enchaine (V2) signifient les obus, les cris des gens, la
souffrance.
Partisans, ouvriers et paysans (V3) signifient les résistants.
Ce soir l'ennemi connaitra le prix de sang et des larmes (V4) signifient la vengeance.
Le premier vers de la deuxième strophe , parle d'engagement, le deuxième parle d'armement,
le troisième et quatrième vers parlent de meurtre et de sabotage.
Le premier vers de la troisième strophe, parle de délivrance, le deuxième vers parle de misère,
le troisième que ailleurs les gens vont bien, ils ne font pas la guerre et le dernier vers du
troisième strophe parle de guerre.
Le premier vers de la dernière strophe, parle d'engagement, et les derniers strophes parlent de
liberté et d'espoir.
La Complainte du Partisan est un autre chant très célèbre.
La Complainte du Partisan passe pour la première fois à la BBC à destination de la France
occupée. Elle devient une chanson populaire dans les années 1950. Elle a été écrite par
Emmanuel d'Astier de la Vigerie, il est un écrivain, journaliste et un homme politique
Français, grand résistant pendant la seconde guerre mondiale il fonde le mouvement de
résistance puis devient, en novembre 1943 et jusqu'en septembre 1944 commissaire à
l'intérieur de la France libre.
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La Complainte du Partisan
Les Allemands étaient chez moi
On m'a dit "Résigne-toi"
Mais je n'ai pas pu
Et j'ai repris mon arme
Personne ne m'a demandé
D'où je viens et où je vais
Vous qui le savez
Effacez mon passage
J'ai changé cent fois de nom
J'ai perdu femme et enfants
Mais j'ai tant d'amis
Et j'ai la France entière
Un vieil homme dans un grenier
Pour la nuit nous a cachés
Les Allemands l'ont pris
Il est mort sans surprise
Hier encore, nous étions trois
Il ne reste plus que moi
Et je tourne en rond
Dans la prison des frontières
Le vent souffle sur les tombes
La liberté reviendra
On nous oubliera
Nous rentrerons dans l'ombre
Anna Marly de son vrai nom Anna Betoulinsky, est une chanteuse et- guitariste française
d'origine russe. Elle a composé, à la guitare, la musique du chant des partisans, et de la
complainte du partisan ainsi que les paroles originales russes.
Les chansons sur les Résistants évoquent aussi les maquis comme celle que nous reproduisons
ici :
Cette chanson populaire de 1944 exalte les maquis enfin sortis de la clandestinité et les
réfractaires au Service du Travail Obligatoire qui ont composé le gros des troupes des maquis
au moment des combats de la libération.
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Ceux du Maquis
(F.Chagrin/M.Van Moppez) - 1944
Ils se sont enfuit dans la nuit
Pour ne pas aller en Allemagne
Quittant leur parents, leurs amis
Se cachant dans la montagne
Et pour mieux servir leur pays
Ils ont pris le maquis
Ce sont ceux du maquis
Ceux de la résistance
Ce sont ceux du maquis
Combattant pour la France
Bravant le froid, bravant la faim,
Défiant l'horrible esclavage
Bravant Laval, bravant ses chiens,
Sans jamais perdre courage
Ce sont ceux du maquis
Ceux de la résistance
Ce sont ceux du maquis
Jeunesse du pays.
Ils ont bravé tous les périls
Dans leur armée secrète
Sans souliers, sans pain, sans fusil,
Descendant de leur retraite
Souffrant et luttant jour et nuit
Nos amis du Maquis
Ce sont ceux sont ceux du maquis
Ceux de la résistance
Ce sont ceux sont ceux du maquis
Combattant pour la France
Bravant le froid, bravant la faim,
Défiant l'horrible esclavage
Bravant Laval, bravant ses chiens,
Sans jamais perdre courage
Ce sont ceux du maquis
Ceux de la résistance
Ce sont ceux du maquis
Jeunesse du pays.
C'est le jour du débarquement
Qui leur porte la victoire
Ils ont frappé les allemands
En plein jour, en pleine gloire
Se joignant à tous leurs amis
Nos amis du maquis
Ce sont ceux du maquis
Ceux de la résistance
25
Ce sont les F.F.I.
C'est l'armée la France
Contre nazis et miliciens,
Sans discours et sans bravade
Se battant dur, sa battant bien
Des forêts aux barricades
Ce sont ceux du maquis
Ceux de la résistance
Ce sont ceux du maquis
Jeunesse du pays.
Mais les chants de la Résistance ne font pas que glorifier les combattants de l’ombre, ils
dénoncent aussi la collaboration comme ce tract portant une chanson sur l’Amiral Darlan
commandant en chef des forces de Vichy dont nous avons trouvé un exemplaire lors de notre
visite aux Archives départementales de Saint Brieuc
26
Source : Archives départementales des Côtes d’Armor à Saint Brieuc
Les chansons de la Résistance peuvent se diffuser à l'aide des ondes de la BBC ou comme ici
par
27
FAUX PAPIERS : DES ECRITS POUR RESTER DANS LA CLANDESTINITE
Beaucoup utilisés, c'était une pratique très dangereuse que de circuler avec ou de faire partie
de réseau qui sont aptes à fabriquer de faux – papiers.
Les personnes produisant des faux, copie frauduleuse, sont appelés des faussaires.
Adolfo Kaminsky en est un parfait exemple. 30 ans de sa vie qu'il passera à exécuter ce
méticuleux
travail pour de nombreuses causes. Sa fille Sarah a publié un livre sur son père : « Une vie de
faussaire ». Une phrase marquante dit : « En 1 heure je fabrique trente faux papiers, si je dors
1 heure trente personnes mourront.
Adolfo Kaminsky a commencé à l'âge de 17 ans et est devenu l'expert en faux papiers de la
Résistance à Paris.
Source : Adolpho Kaminsky
D'autres, vont monter eux aussi leur propre atelier de fortune :
28
Ainsi, Jean Stetten et sa femme se sont installés dans la région lyonnaise, à Vourles, au
château de la Roche. Ce couple va s'installer au salon dans un premier temps, mais c'est trop
dangereux. Une cabane sur pilotis fut construite dans la forêt, au dessus de la propriété.
SOURCE:
www.vourles.fr/.../un-laboratoire-de-faux-papiers-pour-la-résistance..
Avec l' aide d' amis imprimeurs, Jean Stetten et sa femme réuniront 650 cachets et réaliseront
30.000 fausses cartes d' identités et environ 50 000 fausses cartes d' alimentation. Se servant d'
une imprimante par le biais de papiers vierges, pris dans les mairies et préfectures, par des
agents administratifs complices.
De véritables filières se mettent en place avec de nombreux petits ateliers clandestins. Le
matériel est fournie généralement (comme l' exemple présenté ci-dessus) par des secrétaires
de mairie ou encore des gendarmes, fournissant les cachets et les exemplaires vierges dont a
besoin un faussaire pour concevoir de faux documents. S'il le faut des attaques sont menées
contre les bâtiments, susceptibles de fournir des éléments permettant la réalisation de faux.
Pour les fausses cartes d'identité, les noms et prénoms sont modifiés, mais souvent en gardant
les mêmes initiales et le lieu de naissance est choisi parmi une ville où on ne peut pas faire de
vérification à l' État Civil ( comme dans les villes bombardées ).
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Source : Archives Départementales des Côtes d’Armor à Saint-Brieuc.
Les grands parents de notre professeur, Emile Christen et Marie Christen, né en 1911 et 1915
à Mulhouse ont été en possession de faix papiers. Mobilisé dans l'armée française en 1939, et
démobilisé en 1940, Emile Christen retourne à Besançon,oùu ils résident lui et sa famille.
Avec sa femme et sa fille, ils se réfugieront dans la vallée du Rhône. Il travaille dans les
usines de Carbone Lorraine et intègre un groupe de Résistance. Sa femme est sans emploi.
Comme il est né en 1911 en Alsace, il est considéré comme « déserteur » aux yeux de l' armée
Allemande, puisque il est alsacien et que l’Alsace a été rattachée au IIIe Reich.
Paul Emile Léon ROUX, né en 1909, à Clious- telle a été sa fausse identité. Maria Louisette
ROUXnée en 1913, à Paris les Baronniers celle de sa femme Marie.
Lorsque dans la rue ils étaient en possession de leurs faux papiers, une peur les envahissait :
ils craignaient d’être découverts et arrêtés.
Le couple s'en servait quand il traversait le Rhône car les ponts étaient gardés par les troupes
allemandes après l'invasion de la zone libre en 1942.
Voici les faux papiers ayant servi lors de la guerre aux époux Christen
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Source : Archives familiales de notre professeur d'Histoire – Géographie : Martine GABLE
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Il faut savoir que les vrais papiers de la famille Christen étaient de la couleur brun – roux,
alors que les faux eux, avaient une couverture noire.
Source :Archives familiales de notre professeur d' Histoire _ Géographie: Martine GABLE
Pour ce qui concerne les tampons, ils étaient réalisés de façon manuelle comme cet exemple :
Source: www.museedelaresistanceenligne.org/.../pageDoc.php?id.
La partie «active» du tampon a été gravée dans une plaque de caoutchouc et porte la mention :
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« État Français Préfecture de la Drôme ».Elle a ensuite été collée sur une bobine de fil vide
Néanmoins, les tampons de ce genre étaient rares.
Les faux papiers ne serviront pas qu'aux résistants. La Gestapo a utilisé elle aussi cette
méthode pour démanteler les groupes de résistance. Par exemple, dans l'Orne, de nombreux
résistants ont été arrêtés en répondant à la demande de jeunes gens se prétendant « réfractaires
» au STO, mais qui travaillaient à la Gestapo.
Autre exemple de confection de faux papiers :
En cette même année1942, des vrais cachets volés à la préfecture de Besançon, serviront à la
conception de faux papiers. Camille GABLE, n° 2 du réseau de résistance « CARMEL »en
Franche Comté a fabriqué ces faux documents. Son fils aîné, Pierre GABLE a 14 ans et est
chargé de récupérer des cartes d'identité vierges, dans les bureaux de tabac. Les cachets
étaient dérobés par le fils d'un fermier voisin : George Monniard, qui a fait un casse à la
mairie de Thise, près de Besançon. Les cachets, étaient dissimulés dans un mur, dans le
village. Claude GABLE le second fils, avait pour rôle d'aller les chercher lorsqu' ils avaient à
fabriquer des faux papiers, pour des réfractaires du STO … puis de les remettre en place dans
le mur…
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UNE COMMUNICATION QUI DERANGE : LES MESURES DES OCCUPANTS ET
DE VICHY POUR CONTRER LES COMMUNICATIONS DE LA RESISTANCE
Intro : Les nazis/vichy s’emploient à réprimer les écrits et les paroles de la résistance afin que
les idées de ceux qui les combattent ne se répandent pas dans la population. Pour ce faire ils
emploient différent moyens comme nous allons le voir.
Lycée des jeunes filles de Chambéry
En 1941 au lycée des jeunes filles de Chambéry en zone occupée Italienne. Le proviseur
interdit par des affiches les tracts et les affiches présent sur les tables pour ne pas avoir
d’ennuis ou représailles par les nazis mais aussi pour ne pas dégrader le matériel. Par cela on
remarque que les idéologies sont très différentes, certaines étudiantes écrivent « vive De
Gaulle » tandis que d’autres marquent « vive Pétain ».
Source :
http://www.cg73.fr/archives73/expo_savoie_des_ombres/pano13/pages/05-02-PR_29.html
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Inscriptions murales dans les villes et villages du département (Savoie et Chalon)
Inscriptions murales dans les villes et villages du département de Savoie
En Savoie, le Feldkomandant 669 Jahn Colonel impose un arrêté interdisant les écrits sur les
murs de la ville en 1941. Dans le but d’empêcher les résistants de se multiplier et qu’ils ne
changent pas l’opinion des gens. Si certains sont surpris à réaliser des graffitis, ils sont arrêtés
et risquent une amende et/ou des représailles.
De même à Chalon avec leur maire.
Source : http://www.cg73.fr/archives73/expo_savoie_des_ombres/pano13/pages/05-02PR_29.html
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Privés de radio
Pour que la population ne subisse pas l’influence de la résistance à travers ses émissions à la
BBc, les autorités d’occupation, ici le gouverneur de la Bretagne confisquent les postes de
radio comme le montrent cette affiche et son détail
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Source Archives départementales des Côtes d’Armor à Saint Brieuc
Général micro, fourrier des juifs
Cette affiche de propagande de Vichy datant de 1941, décrit le Général De Gaulle comme le
fourrier des juifs, leur protecteur et le défenseur de leurs intérêts pour le discréditer auprès de
la population française dont une partie est largement antisémite..
Source : http://www.livresdeguerre.net/forum/contribution.php?index=44681&surl=RAM
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Les bobards sortent toujours du même nid
Affiche de propagande du régime de Vichy d'André Derain qualifiant de bobards (fausses
rumeurs) les informations diffusées par la BBC depuis la Grande-Bretagne. Les oiseaux ont la
tête de personnalités ralliées à de Gaulle et ils portent les signes associés aux ennemis
désignés de l'occupant et de l'Etat français, en particulier les juifs et les francs-maçons.
Le régime de Vichy et les autorités d’occupation cherchent donc à réprimer l’expression des
idées de la Résistance et à discréditer son chef le général De Gaulle
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LES DERNIERES LETTRES : COMMUNIQUER POUR RESISTER JUSQU’AU
BOUT
Sur une feuille de papier jaunie, des mots griffonnés au crayon à la hâte, dans lesquels un
homme, souvent un jeune homme parfois encore un adolescent annonce à ses proches sa mort
prochaine par ces mots terribles « Je vais être fusillé à 11 heures, avec mes camarades »
Lucien Legros, « On nous apprit ce matin que c’était fini, alors, adieu. », Jean Arthus,
« Nous allons être fusillés cet après midi à 15 heures » Missak Manouchian « Je vais mourir
! » Guy Môquet.
En effet, avant leur exécution, les résistants pris et emprisonnés par les autorités de Vichy ou
les autorités d'occupation nazies avaient le droit d'envoyer une dernière lettre à leurs proches.
Une fois rédigées, ces dernières lettres sont soumises à la censure, alors, certains condamnés,
méfiants ont confié leurs derniers mots à des camarades de cellule, à un aumônier, au passant
qui ramasse le billet jeté à la hâte depuis le fourgon sur le chemin qui les mène à la mort.
Presque tous indiquent à quelle heure ils vont être fusillés, comme pour bien marquer l'arrêt
de leur vie, mais le style diffère selon l'âge, les jeunes écrivent à leurs parents et frères et
sœurs,come Guy Môquet « Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit
papa aimé » ou Henri Fertet « Chers Parents, », ou les plus âgés à leur femme et leurs
enfants comme Missak Manouchian « Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée, »,
la situation familliale, la situation sociale, ce qui fait de chaque lettre un témoignage unique.
Elle révèle un être humain avec ses attaches, ses convictions politiques «vive la France vive le
proletariat international. » Jean Pierre Timbault, syndicaliste de la CGT et/ou religieuses
« Expéditeur : Henri Fertet Au Ciel, près de Dieu », ses forces et ses faiblesses. Pourtant
toutes ces lettres ont un point commun : elles ne renient en rien l'engagement de leur auteur
dans la Résistance comme l’écrivit Joseph Epstein :« Fidèle jusqu'au dernier souffle à mon
idéal ». Ainsi, certains ont pu comparer les derniers mots et les derniers instants des deux plus
jeunes condamnés dont nous avons étudié les lettres Henri Fertet et Guy Môquet :
« L'exécution des 16 résistants à la Citadelle de Besançon le 26 septembre 1943 ressemble
douloureusement à celle de Châteaubriant : même courage des hommes qui chantent la
Marseillaise, même ferveur patriotique et même émotion dans la population. La dernière
lettre d'Henri Fertet, communiquée par ses parents, est spontanément recopiée par nombre
d'inconnus et publiée par divers journaux clandestins de la Résistance (France d'abord !,
Libération, Cahiers du Témoignage chrétien). On retrouve dans la dernière lettre adressée par
Henri Fertet à ses parents le même amour filial, la même exigence de dignité et de courage
que dans la dernière lettre de Guy Môquet. On remarquera qu'Henri Fertet associe
expressément à son amour filial et fraternel, l'amour de la patrie, la fidélité à ses valeurs
chrétiennes et un ultime message aux Français : " Je meurs pour ma patrie, je veux une France
libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première nation du monde,
mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. Que les Français soient heureux, voilà
l'essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur. " »
(http://www.fondationresistance.org/pages/rech_doc/guy-moquet_portrait11.htm)
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Tous savent et disent pourquoi ils meurent de Jean Arthus « Je meure en français pour ma
patrie » à Lucien Legros qui déclara « je meurs pour la France ». De Missak Manouchian qui
écrivit : « Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à
deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la
douceur de la Liberté et de la Paix de demain. » et « Au moment de mourir, je proclame que
je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il
méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres
peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. » à
Guido Brancadoro qui lui déclara : « Ce sont les Français qui me livrent, mais je crie : "Vive
la France", les Allemands qui m'exécutent, et je crie : "Vive le peuple allemand et
l'Allemagne de demain". », on a des hommes engagés, des patriotes qui croyaient en leur
cause et savaient la victoire proche, mais surtout avaient la conviction de préparer un avenir
meilleur pour leurs proches. Ce qui est frappant, c'est ce qu'ils disent sur les Allemands : « pas
de haine « « Vive le peuple allemand de demain »
Ces dernières lettres sont parfois collectées par les organisations de la Résistance pour être
publiées dans les journaux clandestins ou lues à la radio de Londres, et donner ainsi des
exemples aux autres Résistants et inciter des Français à rejoindre la Résistance, car comme il
est dit dans le chant des Partisans « Ami si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place ».
Ce sont aussi des témoignages pour les générations futures qui comme nous peuvent connaître
le combat, le courage et l’engagement de ces hommes et femmes de la Résistance.
Documents utilisés
Dernière lettre de Guy Môquet
Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé, Je vais mourir ! Ce
que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et
je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi.
Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c'est que ma mort
serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères
Roger et Rino (NDLR, ses "frères" de combat). Quant au véritable, je ne peux le faire hélas !
J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées, elles pourront servir à Serge, qui, je
l'escompte, sera fier de les porter un jour. A toi, petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite
maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour
suivre la voie que tu m'as tracée.
Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour
être plus tard un homme. 17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de
vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que
je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.
Je ne peux pas en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, je
vous embrasse de tout mon coeur d'enfant. Courage !
Votre Guy qui vous aime
Source : http://www.lexpress.fr/actualite/politique/la-derniere-lettre-de-guymoquet_464509.html
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Dernière lettre de Henri Fertet, "un condamné à mort de 16 ans"
Élève de Seconde du Lycée Victor-Hugo à Besançon. Résistant condamné à mort par le
tribunal militaire de la Feldkommandantur 560. Exécuté à Besançon le 26 septembre 1943.
" Chers Parents,
Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je
n'en doute pas, vous voudrez encore le garder, ne serait-ce que par amour pour moi.
Vous ne pouvez savoir ce que moralement j'ai souffert dans ma cellule, ce que j'ai souffert de
ne plus vous voir, de ne plus sentir peser sur moi votre tendre sollicitude que de loin.
Pendant ces 87 jours de cellule, votre amour m'a manqué plus que vos colis, et souvent je
vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait, tout le mal que je vous ai fait.
Vous ne pouvez vous douter de ce que je vous aime aujourd'hui car, avant, je vous aimais
plutôt par routine, mais maintenant je comprends tout ce que vous avez fait pour moi et je
crois être arrivé à l'amour filial véritable, au vrai amour filial. Peut-être après la guerre, un
camarade vous parlera-t-il de moi, de cet amour que je lui ai communiqué. J'espère qu'il ne
faillira pas à cette mission sacrée.
Remerciez toutes les personnes qui se sont intéressées à moi, et particulièrement nos plus
proches parents et amis ; dites-leur ma confiance en la France éternelle. Embrassez très
fort mes grands parents, mes oncles tantes et cousins, Henriette. Donnez une bonne poignée
de main chez M. Duvernet ; dites un petit mot à chacun. Dites à M. le Curé que je pense
aussi particulièrement à lui et aux siens. Je remercie Monseigneur du grand honneur
qu'il m'a fait, honneur dont, je crois, je me suis montré digne. Je salue aussi en tombant, mes
camarades de lycée. A ce propos, Hennemann me doit un paquet de cigarettes, Jacquin
mon livre sur les hommes préhistoriques. Rendez « Le Comte de Monte-Cristo » à
Emourgeon, 3 chemin Français, derrière la gare. Donnez à Maurice André, de la Maltournée,
40 grammes de tabac que je lui dois.
Je lègue ma petite bibliothèque à Pierre, mes livres de classe à mon petit papa, mes collections
à ma chère petite maman, mais qu'elle se méfie de la hache préhistorique et du fourreau d'épée
gaulois.
Je meurs pour ma Patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. Non pas
une France orgueilleuse, première nation du monde, mais une France travailleuse,
laborieuse et honnête. Que les Français soient heureux, voila l'essentiel. Dans la vie, il faut
savoir cueillir le bonheur.
Pour moi, ne vous faites pas de soucis. Je garde mon courage et ma belle humeur jusqu'au
bout, et je chanterai « Sambre et Meuse » parce que c'est toi, ma chère petite maman, qui me
l'as apprise.
Avec Pierre, soyez sévères et tendres. Vérifiez son travail et forcez-le à travailler.
N'admettez pas de négligence. Il doit se montrer digne de moi. Sur trois enfants, il en reste
un. Il doit réussir.
Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée ; mais
c'est parce que j'ai un petit crayon. Je n'ai pas peur de la mort ; j'ai la conscience tellement
tranquille.
Papa, je t'en supplie, prie. Songe que, si je meurs, c'est pour mon bien. Quelle mort sera
plus honorable pour moi que celle-là ? Je meurs volontairement pour ma Patrie. Nous nous
retrouverons tous les quatre, bientôt au Ciel.
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« Qu'est-ce que cent ans ? »
Maman, rappelle-toi
« Et ces vengeurs auront de nouveaux défenseurs
qui, après leur mort, auront des successeurs. »
Adieu, la mort m'appelle. Je ne veux ni bandeau, ni être attaché. Je vous embrasse tous. C'est
dur quand même de mourir.
Mille baisers. Vive la France
Un condamné à mort de 16 ans
H. Fertet
Excusez les fautes d'orthographe, pas le temps de relire.
Expéditeur : Henri Fertet
Au Ciel, près de Dieu. "
Source : artic.ac-besancon.fr/ecole_fontaine_ecu/cimetiere/.../39.../résistance.doc
Dernière Lettre de Missak Manouchian chef du groupe FTP –MOI fusillé à 37 ans au fort
du Mont-Valérien le 21 février 1944
Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être
fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident
dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus
jamais.
Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même
temps.
Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je
meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont
nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain.
Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre
mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le
peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et
comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en
fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond
de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais
toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon
bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre
heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux.
Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car
je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération.
Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui
valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai
avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la
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conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je
l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que
j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers
amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui
qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t'embrasse bien fort ainsi
que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon
cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari.
Manouchian Michel.
Source : http://www.netarmenie.com/histoire/dossiers/missak/lettre.php
Dernière lettre de jean Pierre Timbaut, un membre de la CGT parmi les fusillés de
Châteaubriant
Le 22 octobre 1941
Mes deux gran amours sait la derniere lettre que je vous ecrit, je vait etre fusillé dan quelque
instant mai cheri ma main ne tremble pas je suis un honnette travailleur sait vous deux qui
ettes a plaindre il vous faudra surmonté se grand malheur soyet courageuse come je le suis.
Toute ma vie jais combattue pour une humanité mailleure jais le grandes confiance que vous
verait reailse mon rêve ma mort aura servie a quelque choses mai derniere pensée serront tout
d abord a vous deux mes deux amours de ma vie et puis au grand ideau de ma vie. Au revoire
me deux chere amours de ma vivre du courage vous me le juré vive la France vive le
proletariat international.
encore une fois tan que jai la force de la faire des million de baiser celui qui vous adore pour
l’éternité.
Timbaud.
ci join 500 fran que javai pour sur moi il vous serviront un million de baisés.
Pierrot.
Source : http://comprendreexpliquercombattre.wordpress.com/2010/11/22/la-derniere-lettredu-camarade-jean-pierre-timbaud-sans-lhypocrisie-bourgeoise-de-la-correction/
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Dernière lettre de Joseph Epstein chef des FTP de la région parisienne sous le
pseudonyme de « colonel Gilles » à sa femme et à son fils – Prison de Fresnes – 11 avril
1944
Ma petite Paula bien-aimée,
Fidèle jusqu'au dernier souffle à mon idéal, cet après-midi à 15 heures, je tomberai fusillé.
Je te laisse avec notre petit garçon chéri. Je ne pense qu'à vous deux. Je vous aime tellement,
je t'aime tellement, ma petite chérie. Je te demande pardon de tout le mal que j'ai pu te faire.
Tu m'as donné tellement de bonheur. Maintenant j'y repense ; je revis ces instants de bonheur
passés près de toi et près de notre petit garçon chéri. Sois courageuse, ma petite bien-aimée.
Défends notre petit Microbe chéri. Elève-le en homme bon et courageux. Parle-lui souvent de
moi, de son papa-car qui l'aime tellement, qui vous aime tellement.
Mes derniers instants, je veux les consacrer à vous. Je te revois, avec notre petit trésor dans
les bras, m'attendre à la descente du car. J'entends son rire, je revois tes yeux de maman
l'envelopper de tant de tendresse. Je l'entends m'appeler « papa », « papa » ! Soyez heureux
tous les deux et n'oubliez pas votre « papa-car ».
Je saurai mourir courageusement et, face au peloton d'exécution, je penserai à vous, à votre
bonheur et à votre avenir. Pensez de temps en temps un peu à moi.
Du courage, ma Paula bien-aimée. Il faut élever notre petit garçon chéri. Il faut faire de lui un
homme bon et courageux. Son papa lui laisse un nom sans tache. Aux moments de
découragement, pense à moi, à mon amour pour vous deux, à mon amour immense qui ne
vous quitte pas, qui va vous accompagner partout et toujours. Ma bien-aimée, ne te laisse pas
abattre, tu seras à partir de 15 heures le papa et la maman de notre petit chéri.
Sois courageuse et encore une fois pardonne-moi le mal que je t'ai fait. Te dis, ma Paula bienaimée, tout mon amour pour toi et notre petit Microbe chéri. Vous serre tous les deux dans
mes bras. Vous embrasse de tout mon coeur.
Vive la France, Vive la liberté !
Mon petit Microbe, mon fils,
Quand tu seras grand, tu liras cette lettre de ton papa. Il l'a écrite 3 heures avant de tomber
sous les balles du peloton d'exécution. Je t'aime tellement, mon petit garçon, tellement,
tellement. Je te laisse seul avec ta petite maman chérie. Aime-la par-dessus tout.
Rends-la heureuse, si heureuse. Remplace ton papa-car auprès d'elle. Elle est si bonne ta
maman, et ton papa l'aime tellement. Console-la, mon petit garçon chéri, soutiens-la. Tu es
tout maintenant pour elle. Donne-lui toute la joie. Sois bon et courageux.
Je tomberai courageusement, mon petit Microbe chéri, pour ton bonheur [et celui] de tous les
enfants et de toutes les mamans. Garde-moi un tout petit coin dans ton coeur.
Un tout petit coin, mais rien qu'à moi. N'oublie pas ton papa-car. Mon petit fils chéri, je revois
ta petite figure souriante, j'entends ta voix si gaie. Je te vois de tous mes yeux. Tu es tout notre
bonheur, le mien et celui de ta maman chérie.
Obéis à ta maman, aime-la par-dessus tout, ne lui cause jamais de chagrin. Elle a déjà
tellement souffert. Donne-lui tellement de bonheur et de joie.
Mes derniers instants. Je ne pense qu'à toi, mon petit garçon chéri et à ta maman bien-aimée.
Soyez heureux dans un monde meilleur, plus humain. Vous dis encore une fois tout mon
amour. Sois courageuse, ma petite Paula chérie. Aime ta maman par-dessus tout, mon petit
garçon chéri, mon petit Microbe chéri. Sois bon et courageux, n'oubliez pas votre papa-car.
Vous serre tous les deux dans mes bras. Vous embrasse de toutes mes forces, de tout mon
coeur, votre papa-car.
Mes amitiés à tous nos amis.
http://1poeme1image.over-blog.com/pages/Joseph_Epstein_a_sa_femme_et_a_son_fils1401303.html
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Dernière Lettre de Jean Arthus lycéen du lycée Buffon,
résistant fusillé avec 4 camarades par les nazis au stand de tir de Balard, à Paris (15e), le
8 février 1943
« Mon grand chéri
Je ne sais pas si tu t’attendais à me revoir, je m’y attendais.
On nous apprit ce matin que c’était fini, alors, adieu. Je sais que c’est un coup très rude pour
toi, mais j’espère que tu es assez fort et que tu sauras continuer à vivre en gardant confiance
en l’avenir.
Travaille, fais cela pour moi, continue les livres que tu voulais écrire, pense que je meurs en
français pour ma Patrie.
Je t’embrasse bien.
Adieu, mon grand chéri. »
Source : http://www.struthof.fr/fr/temoignages/temoignages-sur-la-resistancela-deportationet-la-memoire/lettres-de-fusilles/jean-arthus/
Dernière lettre de Lucien Legros lycéen du lycée Buffon, résistant fusillés avec 4
camarades par les nazis au stand de tir de Balard, à Paris (15e), le 8 février 1943
« Mes parents chéris, mon frère chéri,
Je vais être fusillé à 11 heures, avec mes camarades. Nous allons mourir le sourire aux lèvres,
car c’est pour le plus bel idéal. J’ai le sentiment, à cette heure, d’avoir vécu une vie complète.
Vous m’avez fait une jeunesse dorée; je meurs pour la France, donc je ne regrette rien. Je
vous conjure de vivre pour les enfants de Jean. Reconstruisez une belle famille…
Jeudi, j’ai reçu un splendide colis ; j’ai mangé comme un roi. Pendant ces quatre mois, j’ai
longuement médité : mon examen de conscience est positif, je suis en tous points satisfait.
Bonjour à tous les amis et à tous les parents.
Je vous serre une dernière fois sur mon cœur. »
Lettres lycée Buffon in La Résistance 1940-1945, Echo de la Résistance n° 100, 1964
Source : http://www.struthof.fr/fr/temoignages/temoignages-sur-la-resistancela-deportationet-la-memoire/lettres-de-fusilles/lucien-legros/
Lettre de pierre Grelot lycéens du lycée Buffon, résistant fusillé par les nazis avec 4
camarades au stand de tir de Balard, à Paris (15e), le 8 février 1943
« Maman chérie, papa et Jacques chéris,
Tout est fini maintenant. Je vais être fusillé ce matin à 11 heures. Pauvres parents chéris,
sachez que ma dernière pensée sera pour vous ! Je saurai mourir en Français.
Pendant ces longs mois, j’ai beaucoup pensé à vous et j’aurai voulu plus tard vous donner
tout le bonheur que votre affection pour moi méritait en retour. J’ai rêvé tant de choses pour
vous rendre heureux après la tourmente. Mais, hélas ! mes rêves resteront ce qu’ils sont.
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Je vous embrasse beaucoup, beaucoup. La joie de vous revoir m’est à jamais interdite. Vous
aurez de mes nouvelles plus tard.
Je vous embrasse encore et toujours, mes parents chéris. Gardez toujours dans votre cœur
mon souvenir…
Adieu maman, papa, Jacques chéris, adieu ! »
Source : http://www.struthof.fr/fr/temoignages/temoignages-sur-la-resistancela-deportationet-la-memoire/lettres-de-fusilles/pierre-grelot/
Dernière lettre de Guido BRANDACORO un résistant italien issue de l'immigration; il a
été fusillé à l'âge de 21 ans
Prison de Loos-lès-Lille (Nord), le 30 avril 1942
Mes très chers parents, père et mère,
À cette heure qui est la dernière pour moi, parce que quand vous recevrez cette présente
missive, j'aurai fini de vivre, oui fini, mais courageusement, oui, car c'est en mon pouvoir. Le
seul regret que je puisse avoir à cette heure est de vous avoir causé des ennuis, mais je quitte
ce monde avec l'espoir que j'obtienne votre pardon, oui, parce que j'ai ce seul regret et qu'avec
le regret, il y a toujours le pardon quand arrive cette heure dernière. Je passe par les armes à
dix-neuf heures trente avec mes dernières pensées qui vont vers vous.
Ce sont les Français qui me livrent, mais je crie : "Vive la France", les Allemands qui
m'exécutent, et je crie : "Vive le peuple allemand et l'Allemagne de demain". Recevez pour la
dernière fois mon dernier message et les derniers baisers de l'amour, d'amour fidèle.
Adieu, chers parents.
Brancadoro
Source : : www.lyc-timbaud-bretigny.ac-versailles.fr/IMG/.../AffichesExpo-LettreGB.doc
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COMMUNIQUER POUR FAIRE REVIVRE L’ESPRIT DE LA RESISTANCE : LE
TEMOIGNAGE D’UN ANCIEN RESISTANT
Une grande partie des résistants travaillaient dans l’ombre : ils agissaient pour renseigner les
Alliés. Jeunes comme adultes, pouvaient participer à cette collecte d’informations. Pierre
Demalvilain à l’âge de 15 ans, a été homologué Résistant. Il est venu nous voir au lycée pour
nous faire partager son expérience de la Résistance.
Né en 1926 à Saint Malo, il a choisi d’entrer dans la Résistance car son père était un patriote ,
un républicain , l’école était fière de la France et les professeurs transmettaient ce sentiments
à leurs élèves.
Pierre Demalvilain a été recruté par un camarade plus âgé qui l’avait remarqué sur le toit du
lycée en train de regarder un raid aérien sur Saint Malo et qui lui a fait un signé un formulaire
d’engagement. La première mission de Pierre Demalvilain a été de trouver le dépôt de
bombes allemand près de Dinard. Un jour, Pierre en chasse d’informations était en forêt . Un
soldat allemand le prit, le conduisit dans leur camp. Apeuré, il trouva un motif de sa
présence : « chercher des champignons ». L’Allemand le cacha dans des fourrés au passage
de ses supérieurs et le jeune Résistant eut l’autorisation de repartir. Il l’avait échappé belle !
Une autre de ses missions était de relever les totems (c’est-à-dire les insignes de régiments et
de corps d’armée) et l’armement de tous les véhicules allemands qui passaient comme le
montre la feuille de relevés ci-dessous que Pierre Demalvilain a conservée et qu’il nous a
montrée :
Source :
archives personnelles de Pierre Demalvilain, ancien Résistant. Photo M. Gable
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Il a aussi dessiné les plans des navires allemands qui venaient dans le port de Saint Malo. Il
nous a présenté un exemplaire de ses croquis faits à la hâte sur une feuille de papier avec un
crayon :
Source : archives personnelles de Pierre Demalvilain, ancien Résistant. Photo M. Gable
A l’intérieur du groupe de renseignements, 10 à 12 personnes devaient rédiger un rapport sur
les activités des troupes d’occupation, les fortifications qu’elles construisaient, leurs
mouvements… ces rapports étaient déposés dans des « boîtes aux lettres » où d’autres
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membres du réseau venaient les chercher pour les transmettre à Londres. Le passage des
messages vers Londres s’effectuait par : la valise diplomatique de pays neutres . Pour faire
savoir que les renseignements étaient bien arrivés les Alliés accusaient réception par le biais
des « messages personnels » émis par la BBC : Voici un exemple de messages reçu Londres :
« Jeanne a mal aux dents » indique des messages bien reçus.
. Le chef du réseau de Pierre Demalvilain a été pris, puis s’est enfuit. Ils ont perdu 50% de
leurs effectifs car ils ont été démasqués, à cause de l’infiltration d’une femme, surnommé « la
chatte » , arrêtée et fusillée après la guerre.
Tout n’était pas permis aux Résistants qui avaient le statut de collecteur de renseignements.
Ils avaient interdiction de porter une arme, ou de participer à des manifestations patriotiques
au cours desquelles ils auraient pu être remarqués par les nazis.
Pierre Demalvilain a eu des missions de renseignements en Normandie pour le débarquement.
Il était en possession d’un « Ausweis » pour aller voir son cousin, ce qui lui permettait de se
déplacer dans la zone côtière interdite. dang
Par son témoignage, Pierre Demalvilain nous a fait comprendre ce qu’a été la vie d’un
Résistant au jour le jour, les dangers qui le guettaient…Il nous a amené des documents de
l’époque que nous avons regardés ensemble et qu’il nous a expliqués :
Source :
archives personnelles Photo M. Gable
Les voix des anciens Résistants s’éteignent peu à peu. Il est important qu’avec leurs mots, ils
transmettent l’esprit de la Résistance aux jeunes générations.
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CONCLUSION
La communication et les communications ont été vitales pour le développement de la
Résistance, pour la coordination des actions entre les Alliés et la Résistance intérieure. A
travers des moyens aussi différents que les graffitis, les tracts, les journaux, les émissions de
chansons, les faux papiers, les dernières lettres de fusillés, les Résistants ont pu s’exprimer et
déranger les autorités d’occupation et du régime de Vichy. Les témoignages des anciens
Résistants sont encore une forme de communication pour résister et transmettre les valeurs de
la Résistance.
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