Chapitre 2.8.2. — Tularémie
1040 Manuel terrestre de l’OIE 2005
Le diagnostic de la tularémie peut se faire par infection expérimentale de souris ou de cochons
d’Inde par des tissus ou cultures infectés. Les animaux meurent entre 2 et 10 jours après l’infection
selon la virulence de l’organisme. La technique d’immunofluorescence permet de démontrer la
présence de F. tularensis dans les échantillons pathologiques.
Épreuves sérologiques : Les épreuves sérologiques sont utilisées pour le diagnostic chez
l’homme. Chez les espèces animales sensibles, leur utilisation est limitée puisque les animaux
meurent en général avant d’avoir développé des anticorps. Des études épidémiologiques peuvent
être conduites chez les animaux domestiques, dans les espèces relativement résistante comme les
moutons, les bovins, cochons, chiens, ongulés sauvages puisque ces espèces développent des
anticorps. Des espèces relativement résistantes de rongeurs et de lagomorphes peuvent également
être utilisées dans des études épidémiologiques. Des études sérologiques peuvent et sont
conduites chez les espèces sauvages comme les élans qui sont exposés à F. tularensis.
Spécifications applicables aux vaccins et aux produits biologiques à usage diagnostique :
Un vaccin atténué vivant est disponible pour la vaccination humaine dans les cas de forts risques
d’exposition aux formes virulentes de F. tularensis. Cependant, le vaccin n’est disponible que dans
des cas particuliers. L’efficacité de la vaccination peut être estimée par la démonstration de la
présence d’anticorps spécifiques et par la prolifération lymphocytaire en présence d’antigène de
F. tularensis.
A. INTRODUCTION
La tularémie est une zoonose due à Francisella tularensis. Elle existe naturellement chez les lagomorphes (lapins
et lièvres) et les rongeurs, notamment chez les petits rongeurs comme les campagnols, les rats musqués, ainsi
que chez les castors. Par ailleurs, une grande variété d’autres mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens et
d’invertébrés peuvent également être infectés (14, 15). La tularémie existe de manière endémique dans
l’hémisphère Nord. La maladie apparaît sous forme d’épisodes épizootiques dans beaucoup de pays en Amérique
du Nord, en Europe et au Japon tandis qu’elle apparaît uniquement sous forme de cas sporadiques dans d’autres
pays d’Europe ou d’Asie. Elle est très rarement déclarée dans des pays tropicaux ou de l’hémisphère Sud.
Quelques épisodes épizootiques apparaissent du fait de l’importation de lagomorphes infectés de manière sub-
clinique.
Deux types de F. tularensis sont reconnus sur la base de leurs caractéristiques de culture, de l’épidémiologie et
de la virulence. Francisella tularensis tularensis (Type A) est principalement associé aux lagomorphes en
Amérique du Nord. Elle est primairement transmise par les tiques ou les mouches piqueuses ou par contact direct
avec des lagomorphes infectés. Elle est très virulente pour l’Homme et les lapins domestiques. Elle fermente le
glycérol. Francisella tularensis palaearctica (Type B) infecte principalement les rongeurs aquatiques (castors et
rats musqués) et les campagnols dans le nord de l’Amérique du Nord, et les lagomorphes (lièvres) et les rongeurs
dans le nord de l’Eurasie. Elle est primairement transmise par contact direct ou par des moustiques mais peut
aussi être transmise par inhalation ou par l’ingestion d’eau ou de nourriture contaminées. Elle est moins virulente
pour l’Homme et les lapins domestiques et ne fermente pas le glycérol (1, 9, 10, 12).
Chez les animaux sensibles, les signes cliniques de grave dépression sont suivis par une septicémie fatale. Le
déroulement de l’infection requiert approximativement entre 2 et 10 jours chez les espèces sensibles et les
animaux sont en général morts au moment du diagnostic. La plupart des espèces domestiques ne manifeste pas
de signes de l’infection tularémique, mais elles développent des anticorps spécifiques après l’infection. Des cas
avec mortalité élevée causée par le type A peuvent exister chez le mouton (1, 12). Parmi les espèces
domestiques, le chat semble être un porteur de la bactérie (4).
A l’autopsie, les animaux morts de tularémie aiguë sont en général en bon état. Ils ont des signes de septicémie
caractérisée par des foyers de nécrose dans le foie, la moelle osseuse et la rate. En plus, la rate est
habituellement hypertrophiée. Les foyers de nécrose varient en taille, et dans certains cas peuvent être à peine
visible à l’œil nu. Les poumons sont en général congestionnés et oedémateux. Il peut y avoir des zones de
consolidation, de pneumonie fibrineuse ou de pleurésie. De la fibrine peut être présente dans la cavité
abdominale. Des foyers de nécrose sont souvent présents dans un ou plusieurs nœuds lymphatiques. Les nœuds
lymphatiques qui sont les plus touchés sont ceux des cavités abdominales et pleurales ainsi que ceux drainant les
extrémités. Dans les espèces moins sensibles, le tableau histologique peut ressembler à celui de la tuberculose
avec des granulomes chroniques dans le foie, la rate, les poumons et les reins.
Il y a un grand risque d’infection de l’Homme par F. tularensis, ceci est dû au fait que la dose infectante est
extrêmement faible et que les animaux infectés excrètent la bactérie dans les urines et les fèces. La