
Tout d’abord, ils peuvent chercher à ramener le taux de change à une valeur conforme, à leurs yeux, aux
fondamentaux économiques, c’est-à-dire compatible avec l’équilibre macroéconomique (le taux de change
d’équilibre).
De façon plus ambitieuse, ils peuvent chercher à utiliser le taux de change comme instrument de politique
économique pour déplacer l’ensemble de l’économie vers un sentier différent.
Enfin, sans référence à quelque niveau particulier du taux de change que ce soit, ils peuvent chercher à réduire
sa variabilité parce qu’ils la jugent coûteuse pour le niveau de vie. Les gouvernements (ou les banques
centrales) affectent le taux de change en achetant ou en vendant des monnaies étrangères sur le marché dans le
cadre d’une intervention sur le marché des changes.
On peut, parmi les pays en régime de change flexible, distinguer trois groupes de pays. Un premier groupe, qui
comprend la plupart des économies émergentes, surveille étroitement le taux de change et intervient
fréquemment, souvent quotidiennement, sur les marchés des changes. Un deuxième groupe de pays, dont les
Etats-Unis, le Royaume-Uni et la zone euro, interviennent très rarement (la réserve fédérale américaine n’est
pas intervenue sur le marché des changes entre août 1995 et septembre 2000, ni entre septembre 2000 et août
2008), mais en conservent la possibilité de le faire. Suivant les périodes, le Japon a fait partir de l’un ou de
l’autre de ces deux premiers groupes de pays. Finalement, l’Australie est un rare exemple d’une troisième
catégorie de pays qui renonce à intervenir sur le marché des changes.
Source : Bénassy-Quéré, Coeuré, Jacquet et Pisany-Ferry « Politiques économiques », De Boeck, 2009, p.420
Document 13
L’un des coûts du système des taux de change fixes est la perte d’un outil clé de la politique macroéconomique,
la politique monétaire. Pour comprendre ce point, il faut commencer par se rappeler que la politique monétaire
agit sur les taux d’intérêt et les conditions du crédit et, partant, influence les dépenses globales et le produit et
l’inflation. Cela dit, supposons maintenant que le Canada décide de fixer le taux de change entre le dollar
canadien et le dollar américain. Sachant que la mobilité des capitaux entre le Canada et les Etats-Unis est
élevée, examinons ce qui arriverait si les taux d’intérêt au Canada étaient supérieurs aux taux d’intérêt aux
Etats-Unis. Les investisseurs déplaceraient leurs fonds des Etats-Unis vers le Canada afin de profiter des
rendements canadiens plus élevés. Cette demande accrue pour le dollar canadien provoquerait son appréciation.
Si les taux d’intérêt canadiens étaient inférieurs aux taux américains, on observerait l’inverse, et donc une
dépréciation du dollar canadien. Le taux de change entre le dollar canadien et le dollar américain ne peut rester
constant que si les taux d’intérêt canadiens sont égaux aux taux d’intérêt américains. Par conséquent, pour
maintenir un taux de change fixe, la banque du Canada doit faire en sorte que le taux d’intérêt canadien reste au
même niveau que le taux d’intérêt américain. (…) Dans une petite économie ouverte avec un système de taux
de change fixes et une mobilité parfaite du capital, la Banque centrale doit maintenir un taux d’intérêt égal au
taux d’intérêt à l’étranger. Le pays ne peut pratiquer une politique monétaire indépendante.
Ce résultat permet de comprendre trois points fondamentaux. Premièrement, il explique en partie pourquoi les
pays européens ont décidé d’adopter une monnaie commune à partir du moment où ils avaient intégré leurs
économies et fixé leurs taux de change. Dans une Union monétaire, aucun pays ne peut pratiquer une politique
monétaire indépendante. Les membres de l’Union monétaire européenne ont donc décidé d’abandonner leurs
monnaies nationales respectives et de déléguer la politique monétaire de l’ensemble à la BCE. Deuxièmement,
ce résultat explique pourquoi, en 1992, le Royaume-Uni a quitté le Système monétaire européen, c’est-à-dire le
système de fixation des taux de change qui a précédé l’Union monétaire européenne. Le Royaume-Uni était en
récession et de nombreux économistes réclamaient des baisses de taux d’intérêt afin de favoriser une expansion
des dépenses globales : tant que le Royaume-Uni souhaitait maintenir un taux de change fixe, il ne pouvait pas
baisser les taux d’intérêt. Cette anticipation a été à l’origine d’un déplacement de la courbe de demande vers la
gauche. Pour contrebalancer les pressions à la baisse sur le taux de change de la livre, la Banque d’Angleterre
devait donc maintenir des taux d’intérêt plus élevés que ceux pratiqués en Allemagne, au moment même où la
situation économique intérieure réclamée une baisse de taux d’intérêt. En fin de compte, le système a explosé.
Le Royaume-Uni a quitté le SME, abaissé ses taux d’intérêt et laissé la livre se déprécier vis-à-vis des autres
monnaies européennes. Source : J.Stiglitz « Principes d’économie moderne », De Boeck, 2008, p.719
Document 14
Si la politique du franc fort illustre bien les avantages d’une politique d’objectif de change, elle en montre aussi
les deux principaux inconvénients : la politique des taux d’intérêt ne peut pas être utilisée pour répondre aux
problèmes économiques nationaux ; l’économie subit les chocs qui frappent le pays ancre.
A partir de 1987 et jusqu’en 1992, la Banque de France doit calquer sa politique de taux d’intérêt sur celle de la
Bundesbank pour maintenir le taux de change entre deux monnaies aux alentours de 3,34 FF le DM. Jusqu’en