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ECE 2 2016-2017
Sujet de Khôlle n°5
A l’aide de vos connaissances personnelles et du dossier documentaire,
vous traiterez le sujet suivant :
Qu’est-ce qu’un bon régime de change ?
Document 1
Un argument important en faveur des taux de changes fixes est que ce système réduit les risques de volatilité du
taux de change. Quelles que soient les causes des anticipations et leur nature, de fortes fluctuations dans les
taux de change augmentent le risque commercial sur le marché mondial. Elles dissuadent donc les agents
économiques d’intervenir sur ce marché, et, par suite, ne permettent pas aux entreprises et aux pays d’exploiter
pleinement leurs avantages comparatifs. Si le taux de change s’apprécie fortement, les exportateurs auront
subitement le sentiment que le marché pour leurs biens se rétrécit, sauf s’ils consentent à de fortes baisses de
leurs prix. Même les entreprises américaines qui ne produisent que pour le marché américain sont exposées à
de grands risques quand les taux de change fluctuent. Les fabricants de chaussures peuvent trouver que le
marché américain est envahi de chaussures brésiliennes à bas prix lorsque le dollar s’apprécie par rapport au
réal brésilien. A nouveau, soit ils perdent des ventes, soit ils doivent diminuer leur prix (…) La fixation du taux
de change permet de réduire les risques de ce type.
Source : J.Stiglitz « Principes d’économie moderne », De Boeck, 2008, p.724
Document 2
La fixation du taux de change nominal contraint un pays ayant un taux d’inflation élevé à prendre les mesures
pour le faire baisser. S’il ne le fait pas, ses exportations deviendront de plus en plus chères, dans la mesure
son niveau de prix augmentera plus vite que celui des autres pays (il devra faire face à une appréciation réelle).
Ses exportations nettes baisseront et cela fera aussi baisser la demande pour sa monnaie, pour un taux de
change fixe. Afin de maintenir le taux de change au niveau fixé, la Banque centrale devra alors augmenter les
taux d’intérêt. Cela réduira les dépenses globales, diminuera le produit et fera baisser au bout du compte
l’inflation.
Pour des pays comme l’Italie, un des intérêts du SME de taux de change fixes était d’établir un lien entre leur
politique monétaire et celle de l’Allemagne, pays à inflation faible. (…) Le maintien d’un taux de change
nominal fixe avec l’Allemagne a forcé l’Italie à réduire son inflation en diminuant ses exportations nettes, et
donc ses dépenses globales, son produit et finalement son taux d’inflation.
Source : J.Stiglitz « Principes d’économie moderne », De Boeck, 2008, p.720
Document 3
C’est en Italie que l’on a observé le soutien le plus fort de l’opinion à une participation à l’union monétaire
européenne au moment de sa création. Les résultats de la politique monétaire italienne étaient mauvais. Aux
yeux des Italiens, les avantages d’une politique monétaire contrôlée par des personnalités extérieures
responsables l’emportaient nettement sur les coûts liées à la perte d’autonomie de la politique monétaire.
Il y a une seconde raison pour laquelle des pays industrialisés peuvent souhaiter adopter un ciblage du taux de
change : il facilite l’intégration de leur économie avec celles de leurs voisins. A l’évidence, c’est ce qui a
conduit des pays comme l’Autriche ou les Pays-bas à amarrer leur monnaie au Deutsch mark. Plus
généralement, cela a motivé les politiques d’ancrage qui ont précédé l’entrée dans l’Union monétaire
européenne. Source : F.Mishkin « Monnaie, banque et marchés financiers », Pearson, 8ième édition, 2007, p.660-674
Document 4
La politique d’objectif de change (régime de change fixe) présente plusieurs avantages. En premier lieu, elle
permet de contrôler l’inflation en liant la hausse des prix des biens échangés internationalement dans
l’économie nationale à celle qui est observée dans le pays ancre. Il en est ainsi parce que le prix de ces biens
(généralement en dollars) sont fixés sur les marchés mondiaux. Par exemple, jusqu’en 2002, le taux de change
du peso argentin était exactement de un pour un avec le dollar américain. Ainsi un quintal de blé échangé sur le
marché international au prix de 5 dollars US valait-il exactement 5 pesos sur le marché argentin. Si l’objectif de
change est crédible (c’est-à-dire si on s’attend à ce qu’il soit atteint), ce régime permet d’ancrer les
anticipations inflationnistes sur celles (peu élevées) du pays ancre. Dans la première moitié des années 1990, de
nombreux pays européens ont pu ainsi ralentir leur inflation.
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En deuxième lieu, l’objectif de change fournit une règle automatique pour la conduite de la politique monétaire
permettant d’atténuer, voire de résoudre, le problème de l’incohérence temporelle. En effet, il oblige les
autorités à resserrer la politique monétaire quant la monnaie nationale a tendance à se déprécier et à l’assouplir
dans le cas contraire. Par conséquent, ce régime évite à la banque centrale de tomber dans le piège de
l’incohérence temporelle consistant à rechercher une expansion de la production et de l’emploi à court terme en
menant une politique monétaire trop expansionniste.
En troisième lieu, ce régime a l’avantage d’être transparent et compréhensible par tous. Il est facile de rallier
l’opinion publique à l’objectif d’une « monnaie saine ».
Etant donné ces avantages, l’utilisation du ciblage du taux de change pour contrôler l’inflation dans certains
pays industrialisés n’a rien d’étonnant. Cette stratégie a aussi été parfois un moyen efficace de ralentir
rapidement l’inflation dans les économies émergentes. Par exemple, avant sa dévaluation en 1994, l’amarrage
du peso mexicain sur le dollar us a permis de ramener le rythme annuel d’inflation de plus de 100% en 1988 à
moins de 10% en 1994.
Source : F.Mishkin « Monnaie, banque et marchés financiers », Pearson, 8ième édition, 2007, p.660-674
Document 5
La politique du franc fort illustre le principal avantage d’une politique d’objectif de change : elle a fortement
contribué à la désinflation française de la fin des années 1980 au début des années 1990. Dans le cadre du
mécanisme de change du Système monétaire européen (SME), la France s’est employée à importer la stabilité
monétaire allemande en amarrant sa monnaie à la devise la plus stable du système, le Deutsche Mark.
L’objectif de change est resté peu contraignant jusqu’en 1987. Entre 1979 et cette date, le Franc français se
déprécie fortement par rapport au DM à la suite de nombreux ajustements de parités : le taux de change entre
les deux monnaies passe de 2,32FF pour 1DM à 3,34 FF pour 1 DM. En effet, durant cette période, le taux
d’inflation est beaucoup plus élevé en France qu’en Allemagne. A partir de 1987, les choses changent
radicalement et le FF est véritablement amarré sur le DM : le taux de change entre les deux monnaies ne varie
pratiquement plus (sa valeur au moment de l’entrée dans l’Union monétaire européenne est quasi inchangé à
3,35 FF pour 1 DM). En 1987, l’inflation française reste supérieure de deux points de pourcentage à celle qui
est enregistrée au même moment en Allemagne. En 1992, elle est tombée à 2% un niveau correspondant à la
définition habituelle de la stabilité des prix, et elle est même inférieure à l’inflation allemande. En 1996, la
convergence des taux d’inflation français et allemand est assurée à un niveau légèrement inférieur à 2%.
Source : F.Mishkin « Monnaie, banque et marchés financiers », Pearson, 8ième édition, 2007, p.660-674
Document 6
Dans les pays où les institutions monétaires et politiques sont particulièrement fragiles et où, de fait, on observe
régulièrement des épisodes d’hyperinflation, ce qui est malheureusement le cas fréquemment dans des
économies émergentes (…), une politique d’objectif de change peut permettre de casser la psychologie
inflationniste et de stabiliser l’économie. Dans cette situation, le ciblage du taux de change peut constituer un
dernier recours. Cependant, si son fonctionnement n’est pas transparent, il est probable que le taux de change
s’effondrera, ce qui risque alors de provoquer une crise financière dont les effets seront désastreux.
L’expérience des pays africains de la zone franc illustre les avantages et les inconvénients d’une stratégie
d’ancrage monétaire fondée sur un objectif de change pour des PVD. (…) Existe-t-il pour des économies
émergentes des politiques de change assurant une meilleure solidité du régime de change ? Deux stratégies ont
fait l’objet d’un intérêt croissant au cours des années récentes : les caisses d’émission (currency board) et la
dollarisation (ou l’euroisation).
L’adoption d’un régime de caisse d’émission est une solution au problème posé par le manque de transparence
et de crédibilité d’un ciblage du taux de change. La monnaie nationale y est entièrement gagée sur une
monétaire étrangère. Dans un régime de caisse d’émission, l’institut d’émission fixe un taux de change entre la
monnaie nationale et la monnaie étrangère et s’engage à faire l’échange d’unités monétaires à ce taux à la
demande du public. Une caisse d’émission est une variante d’un régime de taux à change fixe, parce que la
politique monétaire est mise sur pilotage automatique et échappe à tout contrôle de l’institut d’émission et des
pouvoirs publics. (…) La création de monnaie est possible uniquement dans le cadre d’opérations d’échange de
monnaie étrangère contre de la monnaie nationale auprès de l’institut d’émission. L’institut d’émission n’a plus
la possibilité d’émettre librement de la monnaie et de provoquer ainsi de l’inflation. (…) Le régime de caisse
d’émission souffre de nombreux inconvénients : perte totale d’autonomie monétaire, exposition accrue aux
chocs frappant lepays ancre et impossibilité pour l’institut d’émission de créer de la monnaie et de jouer le rôle
de prêteur en dernier ressort. (…) En outre, en cas d’attaque spéculative contre la caisse d’émission, les
demandes de conversion de monnaie nationale en monnaie étrangère se multiplient et provoquent une
contraction de l’offre de monnaie, ce qui peut être préjudiciable pour l’économie nationale.
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Pour résoudre ses problèmes monétaires, une économie émergente peut aussi choisir la dollarisation en
adoptant une monnaie forte, la devise américaine par exemple, comme monnaie nationale ; c’est ce que
l’Equateur a fait (2000). Ce n’est ni plus ni moins qu’une autre version du ciblage du taux de change, avec un
engagement encore plus fort que celui qui est pris dans un régime de caisse d’émission. En effet, il est toujours
possible de mettre fin à ce dernier en modifiant la parité. En revanche, cela n’est pas possible avec la
dollarisation : un dollar américain s’échange toujours contre un dollar américain. (…) son principal avantage
est d’éliminer tout risque d’attaque spéculative contre la monnaie nationale. (…) La dollarisation a tous les
inconvénients d’un ciblage du taux de change, mais elle a un inconvénient supplémentaire. Un pays qui
abandonne sa monnaie nationale perd le revenu tiré par l’Etat de l’émission de monnaie : le seigneuriage.
Celui-ci a pour effet que les pouvoirs publics ou la banque centrale n’ont pas a rémunérer la monnaie centrale.
or, ils tirent un revenu de son utilisation pour acheter des actifs rémunérateurs, par exemple des obligations.
Source : F.Mishkin « Monnaie, banque et marchés financiers », Pearson, 8ième édition, 2007, p.660-674
Document 7
Avec l’adoption d’une caisse d’émission, le taux de change est fixe, la monnaie nationale continue à circuler
mais l’émission de monnaie par la banque centrale est entièrement (ou presque entièrement) adossée à des
réserves en devises. La banque centrale ne peut donc émettre de la monnaie nationale qu’en contrepartie de ses
avoirs en devises étrangères. Elle s’est lles mains, ce qui renforce la crédibilité de sa politique monétaire, au
moins tant que la pérennité du régime n’est pas remise en cause. (…) L’éclatement du currency board argentin
en janvier 2002 montre cependant qu’en matière de fixité du taux de change, ce régime n’offre pas les mêmes
garanties qu’une dollarisation.
Source : Bénassy-Quéré, Coeuré, Jacquet et Pisany-Ferry « Politiques économiques », De Boeck, 2009, p.348
Document 8
La théorie des zones monétaires optimales introduite en 1961 par l’économiste canadien Robert Mundell (Prix
Nobel en 1999) et développée ensuite par Ronald McKinnon (1963) et Peter Kenen (1969), explicite les
circonstances dans lesquelles un groupe de pays à intérêt à former une union monétaire. Cette théorie
s’applique aussi bien aux régions qu’aux pays, les frontières monétaires ne coincidant pas nécessairement avec
les frontières politiques. Ainsi Mundell suggère-t-il, dans le cas Etats-Unis / Canada, qu’un partage monétaire
Est/Ouest pourrait être plus adapté que le partage Nord/Sud en vigueur avec le dollar des Etats-Unis et celui du
Canada. La théorie de Mundell a également fourni le cadre intellectuel à la mise en place en Europe de l’union
économique et monétaire, laquelle a été définie comme objectif politique au sommet de La Haye par les chefs
d’Etats européens en décembre 1969, puis mise en œuvre 30 années plus tard.
Selon Mundell, la fixité des taux de change apporte des gains microéconomiques car elle réduit l’incertitude à
laquelle les agents sont confrontés ; l’union monétaire économise en outre les coûts de transaction de change.
Ces gains croissent avec l’intégration entre le pays considéré et le pays avec lequel il envisage de fixer son taux
de change ou de créer une union monétaire. Le coût de l’union monétaire résulte quant à lui de la perte d’un
instrument de stabilisation de la conjoncture. Ce coût est une fonction croissante du degré d’asymétrie des
chocs entre les pays concernés. Un choc symétrique (un ralentissement de l’économie mondiale par exemple)
affecte de la même façon deux économies ; un choc asymétrique (une crise politique ou sociale propre à l’un
des pays) les touche de manière différente. La distinction est importante dans toutes les discussions sur le rôle
du taux de change. En effet, une modification du taux de change affecte immédiatement l’ensemble des prix et
coûts d’un pays par rapport à ceux de ses partenaires : cela n’est justifié qu’en cas de choc asymétrique. Un
pays en union monétaire ne peut plus modifier son taux de change nominal par rapport à ses partenaires et le
coût macroéconomique qui en résulte dépend du degré d’asymétrie des chocs qu’il subit. La décision de former
une union monétaire doit alors s’appuyer sur un arbitrage entre les gains microéconomiques et les coûts
macroéconomiques. Les coûts macroéconomiques liés à la perte du taux de change comme instrument
d’ajustement face à des chocs asymétriques peuvent néanmoins être atténués si les prix et les salaires sont
suffisamment flexibles, c’est-à-dire s’ils réagissent rapidement à des déséquilibres sur le marché des biens et
services et sur le marché du travail. L’Irlande, pendant la crise de 2009, a réussi à abaisser très rapidement ses
coûts salariaux unitaires (coûts par unité produite) contrairement à d’autres pays touchés par la crise, qui ont
mis plus de temps à s’ajuster. On parle alors de dévaluation interne, par opposition à la dévaluation externe qui
est une baisse du taux de change nominal de la monnaie.
Lorsque les prix et les salaires sont relativement rigides, l’ajustement doit se faire par les quantités, en
particulier par la mobilité du travail d’une région à l’autre, comme c’est le cas généralement aux Etats-Unis
les chocs asymétriques se traduisent assez peu par un ajustement des prix et des salaires, mais très rapidement
par un déplacement de la population active (Blanchard et Katz, 1992). En zone euro, lors de la crise de 2009,
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l’Irlande qui s’était muée dans les années 1990 en pays d’immigration, est redevenue brutalement pays
d’émigration, ce qui a contribué à l’ajustement.
Enfin, un choc asymétrique peut être amorti par l’existence d’un budget fédéral : les impôts augmentent dans la
région prospère pour financer des transferts dans la région touchée par un choc négatif. Ce mécanisme est
inexistant dans la zone euro où le budget, à peine supérieure à 1% du Pib, est dévolu à des dépenses agricoles et
structurelles, non à la réaction aux évolutions cycliques.
Source : Agnès Benassy-Quéré « Economie monétaire internationale », Corpus Eco., Economica, 2014, p.190
Document 9
Les Etats-Unis qui avaient imposé des changes fixes à Bretton Woods voulaient légaliser les changes flottants
(…) compatibles avec leur inquiétude devant la compétitivité des économies européennes et japonaise. La
France tenait au contraire à ce que les monnaies restent stables. (…) La réunion de Rambouillet en novembre
1975 fut le point culminant de négociations laborieuses. (…) A la signature des accords de la Jamaïque (1976),
l’article 4 du FMI commence par rappeler que l’objectif essentiel du système monétaire international est de
faciliter les échanges de biens, de services et de capitaux, de favoriser une croissance économique saine, et
d’assurer les conditions de base nécessaire à la stabilité économique et financière. (…) Tous les pays membres
ont alors l’obligation de collaborer avec le Fonds et entre eux pour « promouvoir un système stable de taux de
change ». Cette stabilité qui n’est pas celle des taux eux-mêmes, mais seulement du système, la nuance est de
taille peut être obtenue par la politique monétaire et financière. (…) Les taux de change ne sont plus une
donnée qui s’impose à chaque pays, mais un but vers lequel il doit tendre. (…) Cette obligation est une
obligation de moyens pas de résultats. Elle laisse aux pays une très grande latitude sur le respect de leurs
engagements. (…) Les pays membres du FMI jouissent ainsi d’une grande liberté. (…) Un pays peut ainsi
choisir de définir et de stabiliser sa monnaie par rapport au DTS, à une autre monnaie, à plusieurs monnaies …
ou de la laisser flotter plus ou moins librement. (…) La seule limitation est l’interdiction formelle de toute
référence à l’or. Une fois son choix effectué, le pays doit s’y tenir et appliquer le système choisi. (…) Les choix
effectués par chacun des pays membres du Fonds sont d’une extrême diversité.
Source : Michel Lelart « Le système monétaire international », La découverte, 2007, p.75
Document 10
Un système de changes fluctuants élimine complètement le problème de la balance des paiements exactement
de la même manière que sur un marché libre, il ne peut y avoir de pénurie ou d’excédent (…). Le prix peut
connaître des fluctuations, mais ne peut entraîner de pénurie ou d’excédent suffisamment fort pour provoquer
une crise des échanges extérieurs. Les taux de change fluctuants mettraient fin aux graves problèmes qui
exigent que les secrétaires d’Etat au Trésor et les gouverneurs se réunissent de plus en plus souvent, pour tenter
de mettre sur pied des réformes radicales. (…) En réalité ceci constitue précisément la raison pour laquelle on
se déclare généralement opposé aux taux de change fluctuants ?
Source : M.Friedman « Inflation et systèmes monétaires » 1969
Document 11
Selon les défenseurs des changes flottants, en particulier les théoriciens de l’école monétariste, le régime de
flottement des monnaies a quatre qualités principales :
- la balance des paiements se rééquilibrent automatiquement. Tout déficit extérieur entraîne une
demande excédentaire de devises étrangères, ce qui déprécie la monnaie nationale et améliore la
compétitivité ; les exportations sont stimulées, les importations freinées et le solde commercial rétablit.
Un ajustement symétrique se produit en cas d’excédent extérieur.
- La spéculation est rendue plus difficile qu’en changes fixes car les opérateurs sont dans une plus
grande incertitude quant à l’évolution future des taux de change ;
- Les politiques économiques deviennent plus autonomes car elles se libèrent de la contrainte de
stabilisation du taux de change. La politique monétaire retrouve toute son efficacité pour agir sur
l’équilibre interne de l’économie ;
- Les banques centrales n’ont plus à détenir des réserves de change coûteuses pour intervenir sur le
marché des changes. Source : D.Plihon « Les taux de change », La découverte, 2010, p. 83
Document 12
Dans un régime de change flottant, le taux de change fluctue de façon à faire correspondre à tout moment
l’offre et la demande pour la monnaie concernée. Les gouvernements peuvent avoir intérêt à influencer ce
processus pour trois raisons.
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Tout d’abord, ils peuvent chercher à ramener le taux de change à une valeur conforme, à leurs yeux, aux
fondamentaux économiques, c’est-à-dire compatible avec l’équilibre macroéconomique (le taux de change
d’équilibre).
De façon plus ambitieuse, ils peuvent chercher à utiliser le taux de change comme instrument de politique
économique pour déplacer l’ensemble de l’économie vers un sentier différent.
Enfin, sans référence à quelque niveau particulier du taux de change que ce soit, ils peuvent chercher à réduire
sa variabilité parce qu’ils la jugent coûteuse pour le niveau de vie. Les gouvernements (ou les banques
centrales) affectent le taux de change en achetant ou en vendant des monnaies étrangères sur le marché dans le
cadre d’une intervention sur le marché des changes.
On peut, parmi les pays en régime de change flexible, distinguer trois groupes de pays. Un premier groupe, qui
comprend la plupart des économies émergentes, surveille étroitement le taux de change et intervient
fréquemment, souvent quotidiennement, sur les marchés des changes. Un deuxième groupe de pays, dont les
Etats-Unis, le Royaume-Uni et la zone euro, interviennent très rarement (la réserve fédérale américaine n’est
pas intervenue sur le marché des changes entre août 1995 et septembre 2000, ni entre septembre 2000 et août
2008), mais en conservent la possibilité de le faire. Suivant les périodes, le Japon a fait partir de l’un ou de
l’autre de ces deux premiers groupes de pays. Finalement, l’Australie est un rare exemple d’une troisième
catégorie de pays qui renonce à intervenir sur le marché des changes.
Source : Bénassy-Quéré, Coeuré, Jacquet et Pisany-Ferry « Politiques économiques », De Boeck, 2009, p.420
Document 13
L’un des coûts du système des taux de change fixes est la perte d’un outil clé de la politique macroéconomique,
la politique monétaire. Pour comprendre ce point, il faut commencer par se rappeler que la politique monétaire
agit sur les taux d’intérêt et les conditions du crédit et, partant, influence les dépenses globales et le produit et
l’inflation. Cela dit, supposons maintenant que le Canada décide de fixer le taux de change entre le dollar
canadien et le dollar américain. Sachant que la mobilité des capitaux entre le Canada et les Etats-Unis est
élevée, examinons ce qui arriverait si les taux d’intérêt au Canada étaient supérieurs aux taux d’intérêt aux
Etats-Unis. Les investisseurs déplaceraient leurs fonds des Etats-Unis vers le Canada afin de profiter des
rendements canadiens plus élevés. Cette demande accrue pour le dollar canadien provoquerait son appréciation.
Si les taux d’intérêt canadiens étaient inférieurs aux taux américains, on observerait l’inverse, et donc une
dépréciation du dollar canadien. Le taux de change entre le dollar canadien et le dollar américain ne peut rester
constant que si les taux d’intérêt canadiens sont égaux aux taux d’intérêt américains. Par conséquent, pour
maintenir un taux de change fixe, la banque du Canada doit faire en sorte que le taux d’intérêt canadien reste au
même niveau que le taux d’intérêt américain. (…) Dans une petite économie ouverte avec un système de taux
de change fixes et une mobilité parfaite du capital, la Banque centrale doit maintenir un taux d’intérêt égal au
taux d’intérêt à l’étranger. Le pays ne peut pratiquer une politique monétaire indépendante.
Ce résultat permet de comprendre trois points fondamentaux. Premièrement, il explique en partie pourquoi les
pays européens ont décidé d’adopter une monnaie commune à partir du moment ils avaient intégré leurs
économies et fixé leurs taux de change. Dans une Union monétaire, aucun pays ne peut pratiquer une politique
monétaire indépendante. Les membres de l’Union monétaire européenne ont donc décidé d’abandonner leurs
monnaies nationales respectives et de déléguer la politique monétaire de l’ensemble à la BCE. Deuxièmement,
ce résultat explique pourquoi, en 1992, le Royaume-Uni a quitté le Système monétaire européen, c’est-à-dire le
système de fixation des taux de change qui a précédé l’Union monétaire européenne. Le Royaume-Uni était en
récession et de nombreux économistes réclamaient des baisses de taux d’intérêt afin de favoriser une expansion
des dépenses globales : tant que le Royaume-Uni souhaitait maintenir un taux de change fixe, il ne pouvait pas
baisser les taux d’intérêt. Cette anticipation a été à l’origine d’un déplacement de la courbe de demande vers la
gauche. Pour contrebalancer les pressions à la baisse sur le taux de change de la livre, la Banque d’Angleterre
devait donc maintenir des taux d’intérêt plus élevés que ceux pratiqués en Allemagne, au moment même la
situation économique intérieure réclamée une baisse de taux d’intérêt. En fin de compte, le système a explosé.
Le Royaume-Uni a quitté le SME, abaissé ses taux d’intérêt et laissé la livre se déprécier vis-à-vis des autres
monnaies européennes. Source : J.Stiglitz « Principes d’économie moderne », De Boeck, 2008, p.719
Document 14
Si la politique du franc fort illustre bien les avantages d’une politique d’objectif de change, elle en montre aussi
les deux principaux inconvénients : la politique des taux d’intérêt ne peut pas être utilisée pour répondre aux
problèmes économiques nationaux ; l’économie subit les chocs qui frappent le pays ancre.
A partir de 1987 et jusqu’en 1992, la Banque de France doit calquer sa politique de taux d’intérêt sur celle de la
Bundesbank pour maintenir le taux de change entre deux monnaies aux alentours de 3,34 FF le DM. Jusqu’en
1 / 8 100%