Gilles Boudinet Introduction à la philosophie de l`éducation Séances

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Gilles Boudinet
Introduction à la philosophie de l’éducation
Séances 1 (et 2)
Présentation générale de la philosophie de l‘éducation
- Les principaux champs d’interrogation
- La place de la philosophie en sciences de l’éducation et en sciences humaines : le
« pourquoi ? » et le « comment ? »
La philosophie de l’éducation : ses principaux champs
d’interrogation
La question de l’accès à la vérité comme objectif éducatif : quels savoirs viser pour
permettre au sujet d’atteindre le « vrai » ? Qu‘est-ce que le vrai »
La question du sujet : qu’est-ce qu’un sujet (ontologie), quel sujet former ?
La philosophie politique : quel sujet idéal pour quelle société idéale ?
Les valeurs éducatives : quelles sont les valeurs (axiologie) qui finalisent le projet éducatif
**********************
La critique des « présupposés » éducatifs : le dépassement de la doxa, des idées reçues.
Soit par une approche analytique : remonter aux fondements
Soit par une approche critique : mettre en doute, « dire non » et délimiter les possibilités (et
impossobilités) d’un système donné ou d’une représentation donnée.
--- de façon générique : question du sens et des finalités de l’éducation : le
« pourquoi »
La place de la philosophie en sciences de l’éducation et en sciences
humaines : le « pourquoi ? » et le « comment ? »
La tradition idéalisante de la philosophie de l’éducation : les valeurs et les finalités, le
pourquoi de l’éducation sont un pari sur le futur, une « utopie nécessaire » (H. Hannoun)
Cette tradition « métaphysique » va être rompue par le positivisme (1850) avec A. Comte.
Ne plus regarder l’au-delà, mais partir de la matérialité humaine, telle qu’elle est
observable, et l’expliquer par la méthode des « sciences dures » : la « physique sociale »
A. Comte
Les trois états :
l’état religieux : on explique le monde par Dieu
l’état métaphysique: on interprète le monde par une entité métaphysique (les Idées, la
force de la Volonté chez Schopenhauer
L’état scientifique : on explique les phénomènes du monde par la méthode scientifique
Les données de la méthode scientifique (méthode expérimentale, C. Bernard)
- définir son objet d’étude
- formuler des hypothèses (de structure, de relation et de causalité)
- valider (ou infirmer) les hypothèses (critères de non infirmation, de généralisation, de
non-falsification)
Comment fonctionne une société ? Comment fonctionne le psychisme humain ?
Comment apprendre ? Comment enseigner ?
Sujet observateur ----- ex-plication ---- situation étudiée, phénomènes observés
W. Dilthey :
« On explique la nature, mais on comprend l’homme »
En sciences « dures » :
Sujet observateur ----- ex-plication ---- situation étudiée, phénomènes observés
L’observateur est extérieur à son objet étudié
En sciences humaines :
Sujet observateur (humain)--- ex-plication ---- phénomènes observés (humains)
L’observateur n’est pas extérieur à (ou différent de) son objet étudié. Il y est « im-pliqué »
Nécessité d’un autre rapport :
Sujet observateur (humain) --- compréhension --- phénomènes observés (humains)
Interprétation
Sciences herméneutiques
- donner une intelligibilité aux situations étudiées : interroger ce qui s’y passe (le
comment), et leurs finalités et valeurs (le pourquoi).
Champ supplémentaire de la philosophie de/en éducation :
L’épistémologie, le pensée sur les sciences (ici humaines consacrées à l’éducation)
Philo de l‘éducation
Séance 1
Présentation
Livres
Biblio
Introduction
La philosophie de l’éducation : ses principaux champs d’interrogation
La place de la philosophie en sciences de l’éducation, la philo et les sciences humaines, le
pourquoi et le comment
Gilles Boudinet
Introduction à la philosophie de
l’éducation
Séances 1 (et 2)
Présentation générale de la
philosophie de l‘éducation
Les principaux champs d’interrogation
La place de la philosophie en sciences
de l’éducation et en sciences
humaines : le « pourquoi ? » et le
« comment ? »
La philosophie de l’éducation : ses principaux champs d’interrogation
La philosophie de l’éducation : ses principaux champs d’interrogation
La question de l’accès à la vérité comme objectif éducatif :
quels savoirs viser pour permettre au sujet
d’atteindre le « vrai » ? Qu‘est-ce que le vrai?
La question du sujet :
qu’est-ce qu’un sujet (ontologie), quel sujet former ?
La philosophie politique :
quel sujet idéal pour quelle société idéale ?
Les valeurs éducatives :
quelles sont les valeurs (axiologie) qui finalisent le projet éducatif
La critique des « présupposés » éducatifs :
le dépassement de la doxa, des idées reçues.
Soit par une approche analytique : remonter aux fondements
Soit par une approche critique : mettre en doute, « dire non » ,
délimiter les possibilités (et impossibilités) d’un système donné
ou d’une représentation donnée.
Qu’est-ce donc ?
Y a-t-il des philosophes qui traiteraient de l’éducation, et d’autres non ? y a-t-il ainsi, dans
l’espace philosophique une particularité qui serait celle de l’éducation ?
Rares sont les philosophes qui n’ont pas traité d’éducation ou qui n’ont pas abordé à un
moment de leur œuvre la question éducative. Normal me direz-vous, puisque souvent les
philosophes sont des profs de philo….La philo et les concepts se font, se construisent ou se
déconstruisent lorsqu’on les transmet, lorsqu’on les enseigne. D’ailleurs, l’éducation c’est
quand même apprendre à penser (heidegger) et penser c’est le propre objet de la philo.
Mais au-delà, qu’est-ce que l’éducation ? Un processus de transformation du sujet à construire
pou en faire un sujet construit… H Hannoun distingue ce qu’il nomme l’éducation informelle
de l’éducation formelle. Selon sa terminologie, la première correspond aux déterminations
naturelles, biologiques, à l’innéité, qui permet à l’être naissant de devenir adulte. Ainsi les
petites tortues n‘ont pas besoin d’une maman ou d’un précepteur pour devenir de grosses
tortues….
Mais il existe une autre éducation, on dira sociale, culturelle, non naturelle, qui est une
transformation de l’humain par l’humain lui-même, et ceci en transmettant des langages, des
savoirs théoriques, culturels, pratiques… et là, dans cette éducation formelle, on retrouve les
grands champs notionnels de prédilection de la philosophie. Je vais, parmi ces champs, en
citer déjà quatre principaux, plus un
Le premier c’est la vérité, qu’est-ce que le vrai, le vrai n’est-il pas dévoyé dès que nous ne le
représentons ? Comme nous percevons, et nous pensons en représentant, pourrons-nous
accéder au vrai, sortir de la fameuse caverne platonicienne, essayer de trouver la
lumière….Mais cette histoire du vrai est une question hautement éducative, je dirais même
didactique : elle concerne les contenus, ce qu’il faut enseigner, ce que doit professer ou
transmettre le pédagogue…Ce sera tout le débat entamé dès l’antiquité. Quels sont les savoirs
à enseigner, les disciplines qui se rapprochent le plus d’une capacité de « vérité » pour former
un sujet selon l’ordre du « beau, du bon et du vrai », l’esthétique, l’éthique et philosophique
Un autre champ est la question du sujet : que sommes-nous, qu’est-ce qu’un sujet humain,
qu’est-ce que l’être ? C’est toute la tradition de la philosophie qui explore le sujet, l’être–aumonde que nous sommes. Ceci, concerne en très large part le domaine de l’ontologie. Mais
poser la question du sujet, question centrale dans toute spéculation philosophique, c’est aussi
une question éducative par excellence. Qu’est-ce que l’éducation : rien d’autre qu’un
processus qui consiste à former des sujets… se pencher sur le sens de l’éducation, c’est tout
simplement interroger le sujet avec lequel l’éducation travaille, et le sujet qui travaille
l’éducation : à quel sujet-enfant s’adresse l’éducation ? Quel sujet attendons-nous de
l’éducation : quel est la norme du sujet idéal que l’éducation doit produire ?
Le troisième champ se retrouve alors. On pourrait même dire qu’il s’agit ici de la
philosophie politique, au sens étymologique de la polis, et ceci laisse entendre, pour citer m
gauchet, d ottavi, mc blais que la philosophie de l’éducation est une philosophie politique de
l’éducation. De fait, la question du sujet rencontre la normativité : quel sujet (idéal) former ?
Cette question est subordonnée à une autre : quel sujet idéal à former pour quelle cité, pour
quelle société idéale, pour quel modèle politique ? Tel est le projet de la République de
Platon, où le philosophe, en définissant ce que doit être la cité idéale, la République, place au
centre de son projet l’éducation.
Ou encore la Politique d’Aristote est très éclairante, notamment son livre VIII qui termine
l’ouvrage, consacré spécifiquement à l’éducation et notamment l’éducation musicale…. Il en
va de même chez Rousseau qui publie en même temps son modèle politique, le contrat social,
et son modèle éducatif «-Emile- qui nous dit quel sujet former pour le modèle du contrat
social.
En fait, si pour citer Durkheim, l’éducation est ce par quoi une société se pérennise, elle est
donc au centre de tout projet politique : quel sujet veut-on, et corrélativement quelle société
veut-on pour et par ce sujet qu’on propose de former?
Aussi, en englobant les champs précédents, s’il s’agit de donner du vrai, pour faire des
sujets, s’il s’agit de normer la formation du sujet pour en faire un bon citoyen, on verra
surgir la question de la valeur, des valeurs éducatives. Faut-il former un sujet citoyen, apte
à penser le vrai et à sa juste implication dans la vie de le cité ? Telle était la grande valeur de
l’antiquité
Faut-il former un sujet nanti d’une culture encyclopédique lui permettant par le savoir de se
transcender et de contribuer à parfaire la civilisation ? Tel fut la grande valeur de
l’humanisme de la renaissance
Un sujet libre, en contrat citoyen avec les autres sujets ? Vous reconnaissez ici les valeurs des
Lumières
Ou encore un bon sujet-communicant, du moins un individu épanoui, apte à surfer dans tous
les réseaux de l’échange ?
Vous reconnaissez ici une valeur propre à notre époque…
Cette question des valeurs, dont l’étude se nomme l’axiologie, n’est rien d’autre que ce qui
sous-tend le sens de l’éducation (pourquoi enseigner) Et elle se pose avec une particulière
acuité lorsque l’époque change, lorsque les valeurs sont en mutations, ce qui semble être le
cas de notre époque contemporaine.
Or dès qu’on touche aux valeurs, et aux normes, on a affaire à des grandes conceptions,
des grandes représentations ou des grandes évidences et des bonnes idées touts faites
qui sont souvent erronées. Ici, on retrouve le champ « plus un » qui concerne ce qu’H
Hannoun nomme le présupposés de l’éducation,
par exemple, c’est la cata, les jeunes ne respectent plus les profs de nos jours, il faut
réintroduire l’autorité…..et le niveau baisse….
ou encore ce jeune prof qui écrit à son administration pour demander d’être changé de poste :
« les élèves arrivent en retard, avec des mines hilarantes, font grand bruit, et ne témoignent
aucun respect envers le cours ». St augustin qui vient d’être nommé prof de rhétorique à
Carthage
La philosophie met à plat ces présupposés, mais pour les mettre en question, en doute, pour
les soumettre à une critique au sens philosophique du terme. On reprendra ce terme, mais il
faut en retenir l’idée kantienne : la critique est la délimitation d’un champ de possibilités, le
criticisme s’applique à délimiter un système de pensée, à voir ce qui y est viable, et ce qui ne
l’est pas ; à chercher à discerner les possibilités et impossibilités. Du même coup, on peut
relativiser certains présupposés, comme certaine valeurs, comme certaines représentations. Et
à ce sujet h Hannoun cite kant
« Nous faisons comme si les pré-supposés étaient fondés en vérité et en valeur », et le
problème c’est qu’ils ne le sont jamais…
Par exemple : la méthode globale a été une innovation catastropqhiue , introduite en 68, par
rapport à la méthode syllabique
Je renvoie aux derniers travaux de p meirieu Derrière chaqiue présupposé, chaque idée reçue,
il y a du latent qu’il faut débusquer
Le caractère d’évidence prêté aux présupposés en empêche la mise en question, et mettre en
question les idées toutes faites, c’est le rôle de la philo. Dès l’origine, la philo s’est constituée
en cherchant à déconstruire le « bon sens commun » , la doxa,
Ceci, elle le fait de deux façons :
Déjà en questionnant les fondements, d’où vient tel pré-supposé, s’inscrit-il dans une
évidence rationnelle ?
La méthode globale et la méthode syllabique viennent d’enjeux thoélogiques qui se sont
passés vers le 17ème siècle, la mot global ou le mot à décortiquer par le signe (luther, calvin).
On a affiare, loin d’un conflit entre lingquites, à deux traditions, deux conceptions
théologqiues de la langue.
On a là une philosophie appliquée à travailler les fondements (philo analytqiue, d’oùm vienntils, comment se sont-ils constitués, comment s’actualisent-ils ? ,
L’autre façon consiste à mettre en doute systématqiuement, à dire non, c’est la philo critique
venue de Kant, et avant de descartes. Il s’agit de travailler la remlise en cause.
Il s’agit toujours, en philosophie de dire non, c’est le projet de bachelard : la philo du non….
Par exemple, de nombreuses équipes de recherche en socio de l’éduc travaillent sur la notion
d’inégalité scolaire. Plus les enfants viennent de milieux modestes, plus ils sont défavorisés
scolairement. Mais face au concept d’inégalité, arrive le philo qui, avant de boire le ciguë que
lui imposeront les sociologues, dira ; mais qu’est-ce que l’inégalité, c(‘est donc qu’il ya uarait
une égalité, qu’est-ce que l’égalité scolaire, si ce n’est une norme….Ce genre de question met
a pagaille. C’est le rôle de la philo : bousculer les idées reçues
Ainsi, avec ces quatre champs plus un, qui sont aussi les grands champs de l’espace
philosophique (pas de l’éduc, de la philo en géral), on se rend compte qu’on a affaire à une
grande question qui les englobe. Il s’agit du sens, des finalités de l’éducation : (quel savoir
pour quel sujet, quelle norme pour quelle société). On pourrait résumer cette question du sens
et des finalités par le terme « pourquoi ? » : enseigner, éduquer : oui, mais pourquoi ? que
cherche-t-on ?
Pour moi, cette question du sens-pourquoi- est le grande question de la philo de
l’éducation (et de la philo tout court)
--- de façon générique : question du sens et des finalités de l’éducation
le « pourquoi »
Séance 2
La place de la philosophie en sciences de l’éducation
et en sciences humaines
le « pourquoi ? » et le « comment ? »
La place de la philosophie en sciences de l’éducation, la philo et les sciences humaines, le
pourquoi et le comment
Maintenant, après avoir pré-balisé quelques champs d’interrogation propres à la philo de
l’éducation, il devient possible de la positionner au regard des approches multiples qui sont
convoquées par les sciences de l’éducation, à savoir les autres sciences humaines, à
commencer par la sociologie et la psychologie, qui éclairent les phénomènes éducatifs.
On dit que la philosophie est la mère des sciences humaines (et pour certains une mauvaise
mère). Mais les sciences de l’éducation, du moins la science de l‘éducation comme discipline,
créée par h marion à la fin du XIX ème siècle, commence avec les sciences humaines,
psychologie avec marion, puis très vite la sociologie avec durkheim.
On pourrait dire que, depuis la république de Platon jusqu’à la moitié du XIX ème sciècle,
que les réflexions sur l’éducation, telles que je viens d’en décliner les grands champs, étaient
prises en charge par la spéculation philosophique. Mais ces réflexions vont être relayées par
les sciences humaines, naissantes dans la seconde moitié du XIXè siècle. Ceci pose une
question : la philosophie est-elle dépassée en matière éducative ? Et si elle ne l’est pas, (et
j’avoue ne pas penser qu’elle le soit) quelle peut être sa spécificité pour penser l’éducation
par rapport aux autres duisciplines qui se penchent sur l’éducation. ?
Ceci nous invite à faire une petite histoire, qui en fait est l’histoire de questionnements
possibles sur les faits éducatifs.
La pensée sur l’éducation, sur le sujet à former, sur la société visée par l’éducation, sur la
politique, telle qu’elle s’est développée en philosophie depuis les grecs anciens a toujours été
idéalisante, comme je l’ai dit. Elle a toujours été de l’ordre d’un pari. En effet, quand on
spécule sur l’éducation, quel sujet vais-je former, quelle société ou quel modèle viser par les
sujets que je forme, on a toujours affaire à un processus, l’éducation, pour lequel on pose le
terme (l’objectif de l »éducation), mais un terme qui n’est pas encore réalisé. On pense alors
l’éducation selon un modèle idéal qui donne le sens à l’action éducative, mais qui n’est pas
encore réalisé. On fait un sens idéal.
Ce sens idéal correspond à la grande question qui a alimenté les spéculations sur ‘éducation :
les valeurs et finalités. (quel savoir pour quel sujet, quelle norme pour quelle société). On
pourrait résumer cette question du sens et des finalités et des valeurs, comme je l’ai dit, par le
terme « pourquoi ? » : enseigner, éduquer : oui, mais pourquoi ? que cherche-t-on ?
C’est par exemple tout le sens de l’éducation chez platon : pourquoi ? pour se rapprocher des
Idées ?
Chez St augustin : pour se rapprocher de Dieu
Chez Rabelais : pour faire un sujet nanti d’une capacité aiguë de réflexion et de gouvernement
de soi par une soif encyclopédiques de savoirs,
Chez kant ou rousseau : pour faire un sujet citoyen, impliqué dans le contrat social, ou un
sujet doté de son autogouvernement critique, de son libre arbitre par la faculté de la raison….
Mais on se rend compte que ces pourquoi, ces sens finaux, sont toujours posés selon un état
qui n’est pas encore advenu, selon une idéalité. C’est bien ce qu’on reproche à la
métaphysique !’être dans les nuages, et j’entends y rester.
Dès lors, le pourquoi posé selon une idéalité non encore advenue relève d’un projet qui n’est
pas réalisé, ou si vous préférez d’une utopie. H hannoun dit que « ‘la finalité est l’utopie
nécessaire et permanente de l’éducateur « (p3).
L’expression est heureuse : une utopie nécessaire. Si elle n’est pas là, pas posée ; l’éducation
n’a plus de sens, et lorsqu’une action n’a plus de sens, elle meurt. On pourrait ainsi évoquer le
travail d’am drouin hans sur les utopies en éducation : peut être ne se réaliseront-elles jamais,
mais elles sont indispensables. D’ailleurs, ce à quoi on rêve, on le fait parfois, et s’il n’y pas
l’utopie déjà là, la réalisation en sera impossible….
Mais notons en passant que si la philosophie travaille les utopies, elle peut du même coup
mieux les mettre à jour, mieux les dévoiler comme utopie, voire comme mythe. D(ailleurs, on
sait que la (jp vernnt) la science –logos- repose toujours sur du muthos, dont elle ne eut se
défaire. Et c’est là où la philosophie sent le souffre. Car en travaillant sur des fondements, elle
révèle que les théories scientifiques sont souvent construites sur des récits qui ont plus à voir
avec des systèmes idéologqiues, voire de croyance, qu’avec la science.
Ainsi, le conflit entre méthode globales et syllabiques, comme je le disais, avant les travaux
des linguistes (structuiralistes et foucamberr) , s’enracine dans la théologie : le catholocsime
veut un rapport global à dieu, le protestantisme un rapport méfié par la signe…
ou encore l’enfant naturellement créateur que défend la psychologie de piaget semble
retrouver (et s’inspirer) de la thèse rousseauiste on y reviendra
Or si les questions d’éducation, orientées sur un pourquoi à réaliser, sur un sens
transcendantal, sur au-delà,, sur une métaphysique (au-dessus du physisque) ont été prises en
charge depuis l’antiquité par la philosophie, en y incluant la théologie, quelque chose va être
rompu au XIX èe siècle, avec l’émergence de ce qu’on ensuite nommer les « sciences
humaines », émergence liée au positivisme.
• La tradition idéalisante de la philosophie
de l’éducation : les valeurs et les finalités,
le pourquoi de l’éducation sont un pari sur
le futur, une « utopie nécessaire » (H.
Hannoun)
• Cette tradition « métaphysique » va être
rompue par le positivisme (1850) avec A.
Comte.
Cette rupture , on la retrouve en peinture
Cg Freidrich voyageur contemplant une mer de nuages le romantisme
1849, labourage nivernais : le réalisme Rosa bonheur
Cette rupture en France va être opérée par Auguste Comte et sa « philosophie positive »
(1850), ce qu’on nomme le positivisme. La grande idée est d’en finir une fois avec toute
métaphysique, avec toute idéalité, en finir avec les nuages, mais partir de la seule chose
connaissable : le réel présent.
Pour résumer : la connaissance de l’homme, de l’être humain, était prise en charge par la
métaphysique, par la théologie. On procédait en définissant Etre idéal ou idéalisé, on
cherchait toujours à appréhender l’homme selon un Autre idéalisé, selon un Etre normé, fictif,
à commencer par Dieu., puis par une entité métaphysique, comme le force de la volonté par
laquelle schopenhaurer analyse le monde.
Or il est temps, disait comte, d’en finir avec les « rêves et les aberrations » de l’homme pour
appliquer à la connaissance de l’homme la démarche même des sciences dites dures, la
physique, qui prenaient leur essor à la même époque.
C’est la fameuse loi des trois états
A. Comte
Les trois états :
l’état religieux : on explique le monde par Dieu
l’état métaphysique: on interprète le monde par une entité métaphysique (les Idées, la
force de la Volonté chez Schopenhauer
L’état scientifique : on explique les phénomènes du monde par la méthode scientifique
Ceci veut dire ne plus partir d’un être idéalisé du là de l’au-delà, mais des « faits objectifs »
de la réalité humaine observable d’un point de vue expérimental. Il s’agit de se contenter de
ce qui se donne à l’observation, de classer, de faire des hypothèses sur le fonctionnement de
ce qu’on observe, et de vérifier ces dernières par la démarche dite « expérimentale ». On
applique la méthode des sciences dures à l’humain, et comte propose d’explorer ainsi le
social, en jetant les bases de la sociologie, qu’il nomme la « physique sociale » .
Les données de la méthode scientifique (méthode expérimentale, C. Bernard)
- définir son objet d’étude
- formuler des hypothèses (de structure, de relation et de causalité)
- valider (ou infirmer) les hypothèses (critères de non infirmation, de généralisation, de
non-falsification)
Ce sera ce que réalisera Durkheim avec le suicide (méthode statistique et coparative)
On peut dire, en France, qu’à la suite de Comte, vont démarrer les sciences humaines, dans
deux directions ;: l’individu psychologique, le social. Par exemple, dans le sillage ouvert par
comte, vont prendre essor, avec des chercheurs comme t ribot, h marion , titulaire de la
première chaire en SE, puis Binet qui se pose la question du comment se développe et
fonctionne l’intelligence, la psy expérimentale. Ou encore, alors qu’il est professeur en Se,
Durkheim va fonder la sociologie française en se posant la question : comment fonctionne un
organisme social, une société, comment fonctionne un groupe, une institution comme
l’éducation ?
Sans aller plus loin, ce qui s’instaure alors avec le positivisme n’est plus une démarche fondée
sur le pourquoi lui-même assujetti à un sens transcendantal. A l’inverse, c’est une démarche
basée, je cite durkheim, « sur l’observation rigoureuse des faits étudiés », qui cherche à
dégager les lois de fonctionnement d’un système donné (le psychsime ou le social). On est ici
dans l’explication (ex-plication) des systèmes qu’on observe, comme un physicien va
expliquer les lois de la gravité.
Dès lors, on change de question : ce qui est posé n’est plus le « pourquoi ça marche ? », mais
le « comment ça marche. Nous ne sommes plus dans la cause finale chère aux métaphysiciens
(vers quel Etre tendre ), mais dans la cause efficiente, à savoir la recherche de fonctions
mécaniques à prescrire, à analyser, bref le comment. Plus précisément, il s’agit du quoi et du
comment : qu’est-ce qu’uns situation pédagogique ? Comment y intervenir ? Qu’est-ce
qu’iune société, comment se constitue-t-elle ? Comment fonctionne-t-elle ?
Et là vous reconnaissez les grandes questions qui ont traversé le débat pédagogique ces
dernières années :
Comment enseigner, comment évaluer….
Tout ceci est un héritage de la rupture envers la métaphysique, qui se focalisait sur le
pourquoi ? C’est ainsi que les sh ont remplacé la philo.
Pourtant, on a souvent considéré le positivisme comme un progrès par rapport aux anciennes
spéculations métaphysiques. Mais loin d’un progrès ou d’une régression, on a simplement
changé de question ;: la tradition philo interroge le pourquoi, les sh, type psycho, socio,
didactique, interrogent, ou du moins interrogeaient initialement le « comment » (auquel
j’associe le quoi »
Pourtant, pour revenir au début du XXème siècle, au projet positiviste où l’on est convaincu
que la méthode expérimentale va pourvoir tout expliquer, expliquer comment l’élève apprend,
comment enseigner, et tout résoudre par le quoi et le comment, un petit problème va
rapidement se poser…
Il faut revenir sur un mot que je viens de prononcer : expliquer, expliquer comment ça
marche un élève, comment ça marche une classe ou un prof, pou une institution scolaire…..
Ex-pliuqer, c’est un rapporty d’ex-tériorité.
Comment fonctionne une société ? Comment fonctionne le psychisme humain ?
Comment apprendre ? Comment enseigner ?
Sujet observateur ----- ex-plication ---- situation étudiée, phénomènes observés
Je vous donne à méditer une phrase du philosophe allemand de la fin du XIX siècle : W
dilthey
On explique la nature, mais on comprend l’homme…
Dia 11
W. Dilthey :
« On explique la nature, mais on comprend l’homme »
Dia 12
En sciences « dures » :
Sujet observateur ----- ex-plication ---- situation étudiée, phénomènes observés
L’observateur est extérieur à son objet étudié
En sciences humaines :
Sujet observateur (humain)--- ex-plication ---- phénomènes observés (humains)
L’observateur n’est pas extérieur à (ou différent de) son objet étudié. Il y est « im-pliqué »
Je commente : ex-pliquer, c’est au sens étymologique se mettre extériorité par rapport à
l’objet qu’on étudie.
Je peux expliquer la table, la constitution géologique d’un sédiment minéral puisque ce n’est
pas moi. Le physicien peut expliquer la densité d’une matière donnée, puisqu ce n’est pas lui.
C’est l’aspect ob-jectif des sciences dites dures, l’objet étant ce qui n’est pas soi et qui est jeté
devant soi….
En revanche ça se complique dès que l’ob-jet est un sujet humain. Il n’est plus un ob-bjet face
à l’observateur, puisque le sujet observé et le sujet observateur ne sont pas dans un strict
rapport d’extériorité et de différence, car tous les deux appartiennent à la classe des sujets
humains. Autrement dit, dès que je suis confronté à un « matériau humain », comme le
psychisme,à une intercation sociale ou pédagogique, je suis moi-même humain, et je ne peux
être en tant que chercheur ou intervenant extérieur à l’humain, je suis dedans.J’y suis impliqué, ce qui est le contyaruire de l’ex-plicattion.
Telle a été la grande leçon de l’ethnologie du début du XXèe siècle (cf pe victor et les inwitt),
où rapidement, l’ethnologue qui se pensait extérieur aux sauvages barbares et primitifs qu’il
pensait étudier se rendait compte que ceux-ci n’étaient pas si différents de lui, que l’autre
n’était pas vraiment un autre, et que es outils d’ex-plication s’avéraient inutiles, et laissaient la
place d’autres outils, ceux permettant, non plus une ex-plication, mais une im-plication
compréhensive.
Dia 13
Nécessité d’un autre rapport :
Sujet observateur (humain) --- compréhension --- phénomènes observés (humains)
Interprétation
Sciences herméneutiques
C’est ainsi qu’en rupture avec l’explication positiviste que souhaitait Comte, les sh se sont
rapidement résignées à être des sciences de la compréhension, (des sciences molles), à savoir
ce qu’on nomme l’herméneutique, l’interprétation. On n’explique pas, jamais, en sciences
humaines, on interprète, on prend avec soi, on comprend.
Par exemple, le protocole de la psychanalyse s’est rapidement tourné vers la recherche d’une
interprétation où le patient est amené à comprendre ce qui se manifeste sous forme de
symptômes, en interprétant sa propre histoire…
Et sans développer, il en va de même pour de nombreuses analyses des faits éducatifs…
Mais alors qu’est-ce qu’interpréter, qu’est-ce que comprendre ? C’est donner du sens à ce
qu’on observe, se donner des clefs de lecture, de résonance et de raisonnement… Pour jp
mialaret, la recherche en éducation n’a qu’un but : donner une intelligibilité aux situations
éducatives.
Dia 14
- donner une intelligibilité aux situations étudiées : interroger ce qui s’y passe (le
comment), et leurs finalités et valeurs (le pourquoi).
Ceci signifie, à l’inverse de ce qu’en pensaient penser les pionniers, que la réflexion sur
l‘éducation ne peut trouver de réponse définitive (d’ailleurs si on avait trouvé le truc de
l’éducation parfaite, on le saurait). Ceci signifie que face à la complexité des phénomènes
éducatifs, la réflexion sur l’éducation ne saurait conduire à la prescription de telle ou telle
modalité d’enseignement ou encore moins de telle ou telle méthode. D’ailleurs, à propos des
dites « méthodes », elles ont toutes leurs avantages et inconvénients, et changent toujours face
à la spécificité des élèves, des enseignants, du contexte.
Donner une intelligibilité, c’est simplement donner des clefs de compréhension de ce qui se
passe, et non d’explication des phénomènes qui s’y jouent. Et là, on récupère les deux
questions : donner une intelligibilité aux situations c’est se demander ce qui se passe dedans,
le quoi et le comment, mais c’est aussi se demander à quoi elles servent, et retrouver le
pourquoi, le sens final. Il faut les deux, indissociablement. Donc, la philo de l’édiuc et son
pourquoi n’est pas morte, ouf, je vais pouvoir en parler.
ceci signifie la co-présence du pourquoi et du comment, de la philo et des sceinces huamines
applqiuées à léducation.
J’ai préalablement présenté quatre (plus un) champ privilégiés par la philo de l’éducation.
Mais on voit, à la suite de mon commentaire, qui se revendique philosophique, apparaître un
autre champ : celui de l’articulation philo/sceinces/ de leurs limites. Ce champ qui pense la
science, et qui pense les SH appliquées à l’éducation relève de l’épistémologie. Pour O
Rebpoul, la philo de l’éducation interroge deux grandes persepctives : les valeurs et fianlités
(mes quatre premiers champs), et l’épistémologie des sh appliquées à l’éducation.
Dia 15
Champ supplémentaire de la philosophie de/en éducation :
L’épistémologie, le pensée sur les sciences (ici humaines consacrées à l’éducation)
Maintenant que j’ai balisé sur le terrain des sciences de l’éducation la place de la philo de
l’éducation, je propose de prendre l’un de ces champs, et de le suivre jusqu’à la fin du cours.
Arbitairement, je choisis la thématique du sujet, puisque l’éducation c’est former ou
transformer un sujet huamin. Mais un sujet à former, qu’est-ce donc ?
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