Gilles Boudinet Introduction à la philosophie de l`éducation Séances

Gilles Boudinet
Introduction à la philosophie de l’éducation
Séances 1 (et 2)
Présentation générale de la philosophie de l‘éducation
- Les principaux champs d’interrogation
- La place de la philosophie en sciences de l’éducation et en sciences humaines : le
« pourquoi ? » et le « comment ? »
La philosophie de l’éducation : ses principaux champs
d’interrogation
La question de l’accès à la vérité comme objectif éducatif : quels savoirs viser pour
permettre au sujet d’atteindre le « vrai » ? Qu‘est-ce que le vrai »
La question du sujet : qu’est-ce qu’un sujet (ontologie), quel sujet former ?
La philosophie politique : quel sujet idéal pour quelle société idéale ?
Les valeurs éducatives : quelles sont les valeurs (axiologie) qui finalisent le projet éducatif
**********************
La critique des « présupposés » éducatifs : le dépassement de la doxa, des idées reçues.
Soit par une approche analytique : remonter aux fondements
Soit par une approche critique : mettre en doute, « dire non » et délimiter les possibilités (et
impossobilités) d’un système donné ou d’une représentation donnée.
--- de façon générique : question du sens et des finalités de l’éducation : le
« pourquoi »
La place de la philosophie en sciences de l’éducation et en sciences
humaines : le « pourquoi ? » et le « comment ? »
La tradition idéalisante de la philosophie de l’éducation : les valeurs et les finalités, le
pourquoi de l’éducation sont un pari sur le futur, une « utopie nécessaire » (H. Hannoun)
Cette tradition « métaphysique » va être rompue par le positivisme (1850) avec A. Comte.
Ne plus regarder l’au-delà, mais partir de la matérialité humaine, telle qu’elle est
observable, et l’expliquer par la méthode des « sciences dures » : la « physique sociale »
A. Comte
Les trois états :
l’état religieux : on explique le monde par Dieu
l’état métaphysique: on interprète le monde par une entité métaphysique (les Idées, la
force de la Volonté chez Schopenhauer
L’état scientifique : on explique les phénomènes du monde par la méthode scientifique
Les données de la méthode scientifique (méthode expérimentale, C. Bernard)
- définir son objet d’étude
- formuler des hypothèses (de structure, de relation et de causalité)
- valider (ou infirmer) les hypothèses (critères de non infirmation, de généralisation, de
non-falsification)
Comment fonctionne une société ? Comment fonctionne le psychisme humain ?
Comment apprendre ? Comment enseigner ?
Sujet observateur ----- ex-plication ---- situation étudiée, phénomènes observés
W. Dilthey :
« On explique la nature, mais on comprend l’homme »
En sciences « dures » :
Sujet observateur ----- ex-plication ---- situation étudiée, phénomènes observés
L’observateur est extérieur à son objet étudié
En sciences humaines :
Sujet observateur (humain)--- ex-plication ---- phénomènes observés (humains)
L’observateur n’est pas extérieur à (ou différent de) son objet étudié. Il y est « im-pliqué »
Nécessité d’un autre rapport :
Sujet observateur (humain) --- compréhension --- phénomènes observés (humains)
Interprétation
Sciences herméneutiques
- donner une intelligibilité aux situations étudiées : interroger ce qui s’y passe (le
comment), et leurs finalités et valeurs (le pourquoi).
Champ supplémentaire de la philosophie de/en éducation :
L’épistémologie, le pensée sur les sciences (ici humaines consacrées à l’éducation)
Philo de l‘éducation
Séance 1
Présentation
Livres
Biblio
Introduction
La philosophie de l’éducation : ses principaux champs d’interrogation
La place de la philosophie en sciences de léducation, la philo et les sciences humaines, le
pourquoi et le comment
Gilles Boudinet
Introduction à la philosophie de
l’éducation
Séances 1 (et 2)
Présentation générale de la
philosophie de l‘éducation
Les principaux champs dinterrogation
La place de la philosophie en sciences
de l’éducation et en sciences
humaines : le « pourquoi ? » et le
« comment ? »
La philosophie de l’éducation : ses principaux champs d’interrogation
La philosophie de l’éducation : ses principaux champs dinterrogation
La question de laccès à la vérité comme objectif éducatif :
quels savoirs viser pour permettre au sujet
datteindre le « vrai » ? Quest-ce que le vrai?
La question du sujet :
quest-ce quun sujet (ontologie), quel sujet former ?
La philosophie politique :
quel sujet idéal pour quelle société idéale ?
Les valeurs éducatives :
quelles sont les valeurs (axiologie) qui finalisent le projet éducatif
La critique des « présupposés » éducatifs :
le dépassement de la doxa, des idées reçues.
Soit par une approche analytique : remonter aux fondements
Soit par une approche critique : mettre en doute, « dire non » ,
délimiter les possibilités (et impossibilités) dun système donné
ou dune représentation donnée.
Qu’est-ce donc ?
Y a-t-il des philosophes qui traiteraient de l’éducation, et d’autres non ? y a-t-il ainsi, dans
l’espace philosophique une particularité qui serait celle de l’éducation ?
Rares sont les philosophes qui n’ont pas traité d’éducation ou qui n’ont pas abordé à un
moment de leur œuvre la question éducative. Normal me direz-vous, puisque souvent les
philosophes sont des profs de philo….La philo et les concepts se font, se construisent ou se
déconstruisent lorsqu’on les transmet, lorsqu’on les enseigne. D’ailleurs, l’éducation c’est
quand même apprendre à penser (heidegger) et penser c’est le propre objet de la philo.
Mais au-delà, qu’est-ce que l’éducation ? Un processus de transformation du sujet à construire
pou en faire un sujet construit… H Hannoun distingue ce qu’il nomme l’éducation informelle
de l’éducation formelle. Selon sa terminologie, la première correspond aux déterminations
naturelles, biologiques, à l’innéité, qui permet à l’être naissant de devenir adulte. Ainsi les
petites tortues n‘ont pas besoin d’une maman ou d’un précepteur pour devenir de grosses
tortues….
Mais il existe une autre éducation, on dira sociale, culturelle, non naturelle, qui est une
transformation de l’humain par l’humain lui-même, et ceci en transmettant des langages, des
savoirs théoriques, culturels, pratiques… et là, dans cette éducation formelle, on retrouve les
grands champs notionnels de prédilection de la philosophie. Je vais, parmi ces champs, en
citer déjà quatre principaux, plus un
Le premier c’est la vérité, qu’est-ce que le vrai, le vrai n’est-il pas dévoyé dès que nous ne le
représentons ? Comme nous percevons, et nous pensons en représentant, pourrons-nous
accéder au vrai, sortir de la fameuse caverne platonicienne, essayer de trouver la
lumière….Mais cette histoire du vrai est une question hautement éducative, je dirais même
didactique : elle concerne les contenus, ce qu’il faut enseigner, ce que doit professer ou
transmettre le pédagogue…Ce sera tout le débat entamé dès l’antiquité. Quels sont les savoirs
à enseigner, les disciplines qui se rapprochent le plus d’une capacité de « vérité » pour former
un sujet selon l’ordre du « beau, du bon et du vrai », l’esthétique, l’éthique et philosophique
Un autre champ est la question du sujet : que sommes-nous, qu’est-ce qu’un sujet humain,
qu’est-ce que l’être ? C’est toute la tradition de la philosophie qui explore le sujet, l’être–au-
monde que nous sommes. Ceci, concerne en très large part le domaine de l’ontologie. Mais
poser la question du sujet, question centrale dans toute spéculation philosophique, c’est aussi
une question éducative par excellence. Qu’est-ce que l’éducation : rien d’autre qu’un
processus qui consiste à former des sujets… se pencher sur le sens de l’éducation, c’est tout
simplement interroger le sujet avec lequel l’éducation travaille, et le sujet qui travaille
l’éducation : à quel sujet-enfant s’adresse l’éducation ? Quel sujet attendons-nous de
l’éducation : quel est la norme du sujet idéal que l’éducation doit produire ?
Le troisième champ se retrouve alors. On pourrait même dire qu’il s’agit ici de la
philosophie politique, au sens étymologique de la polis, et ceci laisse entendre, pour citer m
gauchet, d ottavi, mc blais que la philosophie de l’éducation est une philosophie politique de
l’éducation. De fait, la question du sujet rencontre la normativité : quel sujet (idéal) former ?
Cette question est subordonnée à une autre : quel sujet idéal à former pour quelle cité, pour
quelle société idéale, pour quel modèle politique ? Tel est le projet de la République de
Platon, le philosophe, en définissant ce que doit être la cité idéale, la République, place au
centre de son projet l’éducation.
Ou encore la Politique d’Aristote est très éclairante, notamment son livre VIII qui termine
l’ouvrage, consacré spécifiquement à l’éducation et notamment l’éducation musicale…. Il en
va de même chez Rousseau qui publie en même temps son modèle politique, le contrat social,
et son modèle éducatif «-Emile- qui nous dit quel sujet former pour le modèle du contrat
social.
En fait, si pour citer Durkheim, l’éducation est ce par quoi une société se pérennise, elle est
donc au centre de tout projet politique : quel sujet veut-on, et corrélativement quelle société
veut-on pour et par ce sujet qu’on propose de former?
Aussi, en englobant les champs précédents, s’il s’agit de donner du vrai, pour faire des
sujets, s’il s’agit de normer la formation du sujet pour en faire un bon citoyen, on verra
surgir la question de la valeur, des valeurs éducatives. Faut-il former un sujet citoyen, apte
à penser le vrai et à sa juste implication dans la vie de le cité ? Telle était la grande valeur de
l’antiquité
Faut-il former un sujet nanti d’une culture encyclopédique lui permettant par le savoir de se
transcender et de contribuer à parfaire la civilisation ? Tel fut la grande valeur de
l’humanisme de la renaissance
Un sujet libre, en contrat citoyen avec les autres sujets ? Vous reconnaissez ici les valeurs des
Lumières
Ou encore un bon sujet-communicant, du moins un individu épanoui, apte à surfer dans tous
les réseaux de l’échange ?
Vous reconnaissez ici une valeur propre à notre époque…
Cette question des valeurs, dont l’étude se nomme l’axiologie, n’est rien d’autre que ce qui
sous-tend le sens de l’éducation (pourquoi enseigner) Et elle se pose avec une particulière
acuité lorsque l’époque change, lorsque les valeurs sont en mutations, ce qui semble être le
cas de notre époque contemporaine.
Or dès qu’on touche aux valeurs, et aux normes, on a affaire à des grandes conceptions,
des grandes représentations ou des grandes évidences et des bonnes idées touts faites
qui sont souvent erronées. Ici, on retrouve le champ « plus un » qui concerne ce qu’H
Hannoun nomme le présupposés de l’éducation,
par exemple, c’est la cata, les jeunes ne respectent plus les profs de nos jours, il faut
introduire l’autorité…..et le niveau baisse….
ou encore ce jeune prof qui écrit à son administration pour demander d’être changé de poste :
« les élèves arrivent en retard, avec des mines hilarantes, font grand bruit, et ne témoignent
aucun respect envers le cours ». St augustin qui vient d’être nommé prof de rhétorique à
Carthage
La philosophie met à plat ces présupposés, mais pour les mettre en question, en doute, pour
les soumettre à une critique au sens philosophique du terme. On reprendra ce terme, mais il
faut en retenir l’idée kantienne : la critique est la délimitation d’un champ de possibilités, le
criticisme s’applique à délimiter un système de pensée, à voir ce qui y est viable, et ce qui ne
l’est pas ; à chercher à discerner les possibilités et impossibilités. Du même coup, on peut
relativiser certains présupposés, comme certaine valeurs, comme certaines représentations. Et
à ce sujet h Hannoun cite kant
« Nous faisons comme si les pré-supposés étaient fondés en vérité et en valeur », et le
problème c’est qu’ils ne le sont jamais…
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