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particulièrement méconnue en France. Entre 150 000
et 300 000 personnes en seraient atteintes, il s’agit de
la première maladie génétique la plus fréquente, et
pourtant seuls 1% à 10% seulement des patients sont
diagnostiqués en France2.
Pourtant, si ces maladies chroniques peuvent
avoir des conséquences sévères en l’absence de
traitement - voire être fatales si elles ne sont pas
prises en charge suffisamment tôt - elles peuvent être
traitées efficacement, en permettant d’éviter le risque
d’accident cardio-vasculaire.
Le ressenti des patients :
un élément essentiel dans la
définition des stratégies de prise en
charge, au cœur de l’approche du
Forum Santé Publique
Dans toute pathologie chronique, l’intervention du
patient dans la prise en charge de sa maladie est
clé. À ce titre, le ressenti émotionnel, les perceptions
du patient sont essentiels et doivent nourrir toute
réflexion sur la manière d’adresser la maladie. En
effet, c’est ce vécu qui va fonder les décisions
quotidiennes des patients : il peut autant être moteur
dans l’engagement du patient dans son traitement
que constituer un véritable frein. Sur ce point, plusieurs
méta-analyses menées sur des populations larges
ont montré que seules 50% des personnes atteintes
d’une maladie chronique continuent de prendre leur
traitement au bout d’un an.
Cette ambivalence du ressenti du patient est
d’autant plus marquée dans le cas des maladies
silencieuses et ce, pour trois raisons. En premier lieu,
les complications liées à ce type de pathologie ne
sont pas, dans la plupart des cas, immédiates : elles
ne sont ni visibles, ni perceptibles par le patient.
Aussi, c’est la façon dont le patient vit sa maladie
qui va jouer un rôle déterminant dans l’évolution
de sa pathologie. Par ailleurs, il s’agit souvent de
maladies dont on ne « guérit » pas au sens propre,
mais qui impactent le patient tout au long de sa vie,
le bénéfice du traitement étant dès lors plus difficile
à appréhender. Enfin, les pathologies chroniques
induisent fréquemment un phénomène pervers de
culpabilisation des patients, notamment dans les
cas où ces derniers ne sont pas observants ou dans
les cas de transmission de maladies génétiques aux
enfants qui peuvent les conduire à se distancier du
traitement.
Ces différents constats ont forgé la conviction qui a
animé cette 9ème édition du Forum Santé Publique :
partir du vécu du patient pour penser les stratégies
de prise en charge des maladies silencieuses.
Les objectifs
du Forum santé publique 2015
À Paris, comme en région, les intervenants et les
participants se sont attachés à répondre aux
nombreuses questions posées par les maladies
silencieuses :
Comment mieux prévenir ces maladies ? Comment
améliorer la prévention, le diagnostic et réduire les facteurs
de risque ? Comment lever les freins psychologiques
et comportementaux pour permettre aux patients de
devenir acteurs à part entière et comment aider leur
entourage à mieux les accompagner ? Comment
optimiser leur prise en charge et l’accompagnement
par les politiques de santé publique ?
Les propositions et solutions avancées au cours des
discussions sont réunies dans cette publication.
LE RESSENTI DES PATIENTS :
UN ÉLÉMENT ESSENTIEL
DANS LA DÉFINITION
DES STRATÉGIES DE PRISE EN CHARGE
2. Nordestgaard B et al. Familial hypercholesterolaemia is underdiagnosed and undertreated in the general population: guidance for clinicians to prevent
coronary heart disease: consensus statement of the European Atherosclerosis Society. Eur Heart J. 2013;34:3478-90a