A3, p67 à 72 - Je parle,donc j`écris

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PROJET DU DICTIONNAIRE DE L’ORTHOGRAPHE
par André MARTINET
6000 mots environ dégagés d’un dictionnaire courant en tenant compte des besoins
des enfants et par rapprochement avec d’autres dictionnaires analogues. On
n’oubliera pas, en lisant ce qui suit, que la réduction des coûts de production joue un
grand rôle.
Ordre alphabétique des graphies alfonic : /o/ et /ô, e/ et /è/ ne sont pas considérés
comme des lettres différentes (un petit Méridional cherchera saule à sol), mais /ä/ et
/a, ö/ et /o, ë/ et /e/, sont rangés à part, la nasale avant la non-nasale, ce qui permet
de présenter alsacien, alsacienne comme : /alzacië, alzacien/ : alsacien(ne),
fanfaron, fanfaronne comme /fäfarö/, /fäfaron/ : fanfaron(ne) etc. Naturellement
sain et saine, séparés alphabétiquement, font des entrées distinctes : /së, sen/.
Lorsque plus d’une prononciation a des chances d’être pratiquée par les enfants des
diverses régions, chacune doit apparaître à son ordre alphabétique, avec renvoi à la
plus fréquente, s’il y en a une (anui → änui, änui : ennui) ou la plus caractéristique
(i → il) ou, généralement, si le texte de l’entrée est assez long (fiäse → fiyäse,
fiyäse : [la fiyäsē] (la) fiancée, [lx fiyäse] (le) fiancé, [il vö s fiyäse] fiancer.
Il paraît préférable de ranger - - sous –ë- en avertissant, une fois pour toutes, celui
qui dit /äpr / pour emprunt qu’il doit chercher ses / / sous /ë/, plutôt que d’obliger
celui qui prononce /äprë/ à chercher deux fois. La reproduction typographique de / /
pose d’ailleurs des problèmes.
Le « e muet » est la source de bien des complications. On ne le reproduira jamais à
la finale où il est muet chez la grande majorité des usagers et où il amènerait à
confondre heure et heureux en /xrx/. Là où il est toujours prononcé (brebis, /brxbi/)
il ne soulève pas de difficultés. Là où il n’est pas la première voyelle du mot et qu’il
est normalement muet, à Paris (sauterelle, là-dedans), on ne le notera pas (/sôtrel,
laddä/), les Méridionaux apprenant vite à en faire abstraction ici comme en finale.
Quelques conflits avec –x- (déjeuner traité comme déj’ner et cherché, en
conséquence, sous /dejne/) peuvent être résolus au moyen d’entrées spéciales
(dejne → dejxne). Lorsqu’il est la première voyelle du mot, il sera toujours noté, mais
entre parenthèses s’il est susceptible de tomber dans un contexte vocalique
(f(x)netr), avec une autre entrée sans /x/ et un renvoi si la forme sans e prononcé est
particulièrement fréquente, comme pour le masculin genou (/lx jnx, le jnw, ë jnw, a
jnw/, avec entrées /jnw/ → /j(x)nw/ et /j(x)nw/ : (le) genou, (les) genoux). On peut
espérer que le petit Parisien qui dit la /sriz/, mais /un sxriz/, sera vite amené à
chercher dans le dictionnaire la forme longue /s(x)riz/.
Il n’est pas question de donner toutes les formes fléchies. On suppose certaines
flexions connues. Elles seront d’ailleurs rappelées dans l’introduction. C’est le cas
de –s du pluriel ou des 2èmes personnes du singulier, des finales verbales –ons, -ez,
-ais, -ra, etc. Mais les formes fléchies irrégulières sont signalées à leur ordre
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alphabétique alfonic : sont comme /sö/, sans renvoi à être, /pw/ : [ë pw] (un) pou, [de
pw] (des) poux, /fet/ : [vw fet bië] (vous) faites.
Types d’entrée
1. Entrée simple : solda : soldat
2. Entrée accompagnée d’un exemple :
a) homonymes : vwal : [la vwal du bato] voile
vwal : [la vwal dx la marie] voile
b) homonymes dont un seul attesté dans le dictionnaire :
amen : [il amen sö hië] amène
(cf. amen)
c) homonymie pour certains sujets :
sol : [lx sol è dur] sol
sôl : [la bräh du sôl] saule
pwanie : [la pwanie d la port] poignée
pwanie : [il sè fè mal o pwanie] poignet
C’est le cas de beaucoup de monosyllabes : /ö, sö, së, tö, tä/, etc…
3. Une entrée pour deux formes : ¨
d) formes à trait d’union :
episie-r
:
épicier, épicière
agasä-t
:
agaçant (e)
parti-r
:
[il è parti] parti(e), [il fo partir] partir
afrx-z
:
affreux, affreuse
e) deux formes séparées, mais alphabétiquement successives :
africë, africen :
africain(e)
Noms
N’indiquer le genre au moyen de l’article d’un exemple que pour faciliter
l’identification. La forme du pluriel fait une entrée distincte si elle se prononce
différemment : /bx/ : bœufs → bxf, bxf : bœuf → bx
Elle est indiquée dans l’entrée unique si elle est irrégulière, mais l’affectant que la
grahie : cf. /pw/ ci-dessus.
Pour quelques noms courts commençant par une voyelle, on prévoira une entrée en
/z/- avec renvoi :
z- ix [le z-ix blx] (les) yeux → xy
z-x [el a pödu dx z-x] (deux) œufs → xf
Adjectifs
Entré simple si l’adjectif ne varie pas en genre : /agreabl/ : agréabl.
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Une entrée pour les deux genres si c’est possible (cf. 3-d et 3-e ci-dessus) et /frä-h/ :
franc(he), /frè-h/ : frais, fraîche. Ailleurs, deux entrées : /bo/ : beau, /bel/ : [un bel
fam] belle, [ë bel om] bel. Tout ceci vaut pour la dérivation sexuelle des
substantifs : /episie-r/ : épicier, épicière, /hamo/ : chameau, /hamel/ : chamelle.
Verbes
1er groupe :
Deux entrées par verbe : le singulier du présent de l’indicatif et la forme en –e :
don :
done :
apel :
aple :
netwa :
netwaye :
donne
[il a done] donné, [il fo done] donner
appelle
[il è t-aple] appelé(e), [ö va l aple] appeler
nettoie
[s è netwaye] nettoyé(e), [jx vè netwaye] nettoyer
Pour les verbes en –ger, -cer à l’infinitif, il faut, dans l’entrée du singulier du présent
de l’indicatif, ajouter la 1ère personne du pluriel du même temps et mode :
naj
:
pers :
nage, [nw najö] (nous) nageons
perce, [nw persö] (nous) perçons
Types en ir iss- à deux thèmes :
fini-r : [jx fini] (je) finis, [il fini] (il) finit, [il fo ä finir] finir
finis : [le clas finis sx swar] finissent, [il fo c jx finis] (je) finisse
Types à trois thèmes :
a) ba :
[jx m ba] (je) bats, [il sx ba] (il) bat
bat-r :
battre
batu :
battu
b) ecri-r :
[j ecri] (j’) écris, [il ecri] (il) écrit, [il va ecrir] écrire
ecriv :
[il z-ecriv] (ils) écrivent, [il fo c il ecriv] (il) écrive
ecri-t :
écrit(e)
c) dor :
[jx dor] (je) dors, [il dor] (il) dort
dorm :
[le ha dorm] dorment, [il fo c il dorm] (il) dorme
dormir : [jx vè dormir] dormir
d) exceptionnellement à deux thèmes seulement :
cxy :
[jx cxy] (je) cueille, [il cxy] (il) cueille, [tu cxyra] (tu) cuilleras
cxyi-r : [sxlui c je cxyi] cueilli, [el va la cxyir] cueillir
Verbes à plus de trois thèmes :
pë :
[jx l pë] (je) peins, [il pë la port] il) peint
pëd-r :
[ö va la pëdr] peindre
pë-t :
[lx volè è pë ä ver] peint(e)
peny :
[le masö la peny] peignent
cw :
[mamä cw l bwtö] (elle) coud, [jx cw] (je) couds
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cwd-r :
cwz :
cwz :
coudre
[el cwz le bwtö] (elles) cousent, [il fo c mamä le cwz] (elle) couse
cousu(e)
conè :
cones :
conet-r :
conu :
[jx l conè] (je) connais, [il lx conè] (il) connaît
[il nw cones] (ils) connaissent
connaître
connu(e)
Il est clair que la suite des différentes formes d’un même verbe peut être
interrompue par d’autres entrées : entre /cwd-r/ et /cwz/ apparaîtront /cwl, cwle,
cwp, cwpe/, etc.
A propos du Projet de Dictionnaire de l’orthographe
J’enregistre une convergence de réactions à Villeneuve et Fuveau sur les points
suivants :
1. Fichier ou dictionnaire ?
Préférence pour le fichier, établi dans le cadre de la classe, dès le C.E. 1 et au
C.E. 2
R. « Fichier et dictionnaire ne correspondent pas aux mêmes besoins. En tant
qu’outil, ou processus pédagogique, le fichier précède le dictionnaire, puis
coexiste avec celui-ci, qui finit – ou non – par s’y substituer au-delà du
C.E.2. Pensez à l’établissement et la manipulation de 6000 fiches ! »
2. Faire apparaître le sens des mots, sinon par des « définitions » proprement
dites, du moins par des exemples, des illustrations.
R. « D’accord. Question de moyens financiers. »
3. Choix des mots figurant au dictionnaire (inventaire limité à 6000 mots)
R. « Ce choix s’effectue 1) sur la base de listes de fréquence déjà établies et
de dictionnaires existants, 2) sur la base de réactions intuitives et
empiriques.
Il est remarquable que personne n’hésite à inclure un mot comme chapeau
et à exclure teratologie, par exemple. Il reste une proportion relativement
faible de mots sur lesquels listes de fréquence aussi bien que réactions
intuitives divergent, tels sombrer, sofa. Pour décider du sort de ces mots,
on pourra se reporter précisément aux fichiers établis sur les terrains
expérimentaux, et à l’avis des membres praticiens de l’équipe de recherche.
L’absence de /som/ = (nous) sommes est le fait d’un oubli. Merci de l’avoir
relevé. »
Remarques de Villeneuve seulement :
4. L’ordre des phonèmes ne devrait pas être celui de l’alphabet orthographique.
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R. « Est-ce parce que les enfants seront amenés à nommer les lettres a a, b
/be/, c /se/, h /ah/, etc. au lieu de a, b, c, … ?
En fait, du point de vue typographique, alfonic et orthographe seront
soigneusement différenciés. Je vous rappelle à ce sujet les conventions de
préparation des manuscrits pour l’imprimerie : le soulignage correspond à
l’italique du texte imprimé. On aura donc : l’entrée en caractère romain gras
et d’un point supérieur au corps de l’article, alfonic en romain, l’orthographe
en italique.
La question mérite une sérieuse attention. L’ordre adopté n’affecte pas
uniquement la première lettre du mot, mais toutes les lettres. Il y a de gros
avantages à coller le plus possible à l’ordre alphabétique ordinaire,
précisément, pour le passage de la manipulation du dictionnaire de
l’orthographe à celle d’un dictionnaire ordinaire. Ces avantages nous
semblent l’emporter de loin sur les inconvénients.
La discussion reste ouverte. On peut essayer d’établir des maquettes pour
les différents choix ».
5. Faire précéder les noms de l’article
R. « Il est essentiel que la lettre initiale de chaque entrée respecte l’ordre
adopté à la suite de décisions prises en 4. En revanche, on peut faire
apparaître l’article dans l’exemple, ou en rapport avec la forme
orthographique. En cas d’homonymie verbe-nom, type la marche – il
marche, on fera apparaître chacune des deux formes dans un exemple
permettant d’identifier qu’il s’agit d’un verbe ou d’un nom ».
* Texte publié dans Alfonic Vol 3; Paris, p. 67-72
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