La Révolution Française et le Premier Empire La RF est un bouleversement politique radical, transférant la souveraineté du roi à la nation. On assiste à la fois à la fin de la monarchie absolue et à l'échec de la mise en place de la monarchie constitutionnelle, avec des périodes de radicalisations et de stabilité comme le Consulat et l'Empire. La Révolution française, aspiration à la liberté et à l'égalité /1789-1792/ Définition Rupture irréversible entre un avant sans retour et un après. Les hommes de la révolution ont appelé Ancien Régime le monde qu’ils avaient détruit : une monarchie de droit divin qui se voulait absolue, une société inégalitaire divisée en trois ordres. La révolution française prend place dans tout un ensemble de révolutions à la fin du XVIIIe siècle : à Genève, aux Pays-bas, dans les treize colonies anglaises d’Amérique du Nord. Définit par François Furet comme la « naissance de la démocratie ». Clé de voûte de l’idéal républicain, elle fonde des principes essentiels (droits de l’homme, égalité civile, liberté, nation) en s’appuyant sur des textes fondamentaux (Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, constitutions, code civil). La révolution donne les symboles à La France (Bastille, hymne national, fête national, drapeau). Figure comme le lieu de mémoire des droits de l’homme et du citoyen. 1/ Situation à la veille de la révolution, les causes Le royaume connait à la veille de la RF une double crise, à la fois politique, économique, sociale : – structurelle : socialement la société est prise dans le carcan structurel archaïque d'une société divisée en 3 ordres, avec un tiers-état qui supporte l'ensemble des impôts, une noblesse accrochée à ses privilèges et en déclin, qui vit au dessus de ses moyens et concurrencée par la bourgeoisie dans les postes de décisions, et aucune place faite à une bourgeoisie montante qui s'enrichit grâce au commerce, un clergé divisé entre clergé pauvre, les abbés et les évêques. Réforme des institutions proposées par différents ministres (Turgot, Necker, Calonne, Brienne) se heurte à l’opposition des privilégiés : celle de la cour et des parlements. Administration est complexe. Les circonscriptions militaires, judiciaires, financières se chevauchent. La justice dépend des coutumes. Economie entravée par des réglementations anciennes. Travail encadré par le système des corporations. Echanges handicapés par les douanes entre provinces, des mesures et des poids différents d’une région à l’autre. – conjoncturelle : financièrement, les finances sont au plus bas et la dette publique s'accroit, le soutien fourni à la révolution américaine aggrave le déficit ; les ministres Turgot et Necker proposent une réforme fiscale refusée par les Parlements ; période de crise agricole : après une montée séculaire des prix agricoles, les prix des céréales et du vin s’effondrent après 1788, provoquant la chute des revenus de nombreux agriculteurs et de propriétaires fonciers. Récoltes de 1787/1788 sont mauvaises (sécheresse de 1786, inondations en 1787, grêle en 1788, hiver très froid de 1788/89) (climat froid en hiver et humide au printemps entraine un pourrissement des semences) avec hausse des prix du grain, le mécontentement populaire augmente. Crise de subsistances avec un chômage rural et urbain. Apparition de bandes de mendiants, l’agitation dans les campagnes et des troubles dans la ville. Louis XVI propose ainsi en avril 1788 de réunir les États Généraux le 5 mai 1789 (dernière réunion en 1614), seule institution autorisée à réformer les impôts elle réunit des députés représentant les 3 ordres. Chacun doit ainsi élire ses représentants et remplir les cahiers de doléances. Que représentent les cahiers de doléances ? -les Etats généraux constituent l’assemblée des représentants des trois ordres ou Etats. Ils donnent une audience exceptionnelle aux décisions du roi. Les élections aux Etats Généraux ont lieu au printemps 1789. On se rassemble pour désigner ses représentants et rédiger les cahiers de doléances qui seront présentés au roi. -dans les archives, trace de 50000 cahiers. attente d’importants changements : constitution , justice garantie, suppression des droits seigneuriaux, baisse des impôts, répartition équitable avec le clergé et la noblesse 2/ Les bouleversements de 1789 L'ouverture des États Généraux n'apporte pas de réponses : les revendications du tiers-état (un vote par tête et non plus par ordre) n'est pas entendu, le vote par ordre continue ainsi à donner l'avantage aux deux autres ordres qui ne représentent que 2% de la population. Ainsi le 17 juin 1789, jugeant qu'ils représentent 98% de la population, les députés du TE se déclarent Assemblée Nationale, appelant les deux ordres à les rejoindre ; pour les placer en échec le roi fait fermer leur salle de réunion, ils se retrouvent ainsi dans la salle du jeu de Paume où ils font le serment de ne se quitter qu'une fois une Constitution à la France → ce 20 juin constitue la 2° grande date révolutionnaire après la déclaration en Assemblée nationale. C’est la monarchie constitutionnelle : Louis XVI reste à la tête d’une monarchie dont il n’est plus souverain absolu par la grâce de Dieu mais roi des Français au nom de la souveraineté nationale. Il doit respecter la constitution qui règle le fonctionnement des institutions en tenant compte de la volonté générale. Louis XVI rassemble des troupes autour de Paris, la population est doublement inquiète puisqu'il a en même temps renvoyé Necker, ministre plutôt favorable aux réformes ; de plus l'augmentation du prix du pain entretient le mécontentement ; les parisiens s'organisent en milice et vont chercher des armes à l'hôtel des Invalides et à la Bastille (qui en + est symbole du pouvoir arbitraire du roi), ce dernier est obligé de se rendre à Paris et d'accepter le port de la cocarde tricolore tendue par Bailly, le nouveau maire. La révolution, d'abord politique, devient sociale : dans les campagnes les rumeurs de brigandages des récoltes et la peur de la répression nobiliaire incitent les paysans à attaquer les châteaux, c'est la Grande Peur. Dans la nuit du 4 août 1789 les députés votent l'abolition des privilèges : c'est la fin de la société d'ancien régime et, après plus de 10 siècles, de la monarchie absolue. Juridiquement, c'est le 26 août 1789 que la Déclaration des droits de l'homme est adoptée comme préambule de la future constitution en préparation, en contrepied avec la société d'ancien régime : l'égalité juridique (présomption d’innocence), la liberté d'opinion, le respect de la propriété et la liberté d'entreprendre remplacent les privilèges liés à la naissance. Le roi ne la signe pas. Louis XVI n'a pas fait usage de la force, mais fait renforcer sa sécurité à Versailles en appelant le régiment de Flandres ; la foule parisienne apprend que lors d'un banquet celui-ci aurait foulé aux pieds la cocarde tricolore, ce qui engendre un mécontentement car le peuple manque de denrées alimentaires et de pain ; les 5 et 6 octobre une foule composée majoritairement de femmes marche vers Versailles afin de demander au roi d'assurer le ravitaillement en pain de Paris. Le roi renonce à disperser la foule, mais le lendemain matin un de ses gardes tue un garde national ; c'est l'émeute, la foule ramène la famille royale qui quitte définitivement Versailles pour le Palais des Tuileries , une cinquantaine de voitures de grains et de farines accompagnent le convoi où on s'exclame : « nous ramenons le boulanger, la boulangère, et le petit mitron ». Quelques jours plus tard, l'Assemblée constituante quitte à son tour Versailles pour s'installer près des Tuileries, dans la salle du Manège (en bordure de l'actuelle place de la Concorde). La Constituante et l'échec de la monarchie constitutionnelle /1790-1792/ Le 14 juillet 1790 la fête de la Fédération organisée à Paris sur le champs de Mars se veut le symbole de l'unité de la nation, alors que la Constituante propose le vote censitaire qui distingue ceux qui paient le cens (impôt équivalent à au moins trois journées de travail) des citoyens plus pauvres. Toutefois l'Assemblée Constituante prend quelques mesures pour unifier le pays: – découper le territoire en 83 départements de taille équivalente servant de cadre à la vie politique, aucun citoyen ne doit être à plus d'une journée à cheval du cheflieu – péages et douanes intérieures sont supprimés – les corporations régissant les métiers sont supprimées, chacun est libre de créer sa propre entreprise ; la loi le Chapelier, interdisant les corporations et le compagnonnage, interdit également grèves et syndicats – un nouveau système fiscal instituant l'égalité devant l'impôt – le vote d'une constitution civile du Clergé : le 17 juin 1789 les députés ont voté la confiscation des biens du clergé (devenus biens nationaux, achetables) ; les ordres religieux sont supprimés en juillet 1790 et le clergé est placé sous l'autorité de l’État, devenant des « fonctionnaires ecclésiastiques » devant prêter serment au roi et à la constitution. Le clergé se divise en prêtres constitutionnels et prêtres réfractaires. N'acceptant pas le nouveau régime, le roi prend la fuite ; il est reconnu et arrêté à Varennes le 21 juin 1791, et ramené à Paris : son image de protecteur est ternie, il devient un traître ; malgré cela la Constitution de 1791 lui confie le pouvoir exécutif, il ne dispose plus du législatif mais peut opposer son droit de veto. Le législatif est confié aux députés (élus pour 2 ans et non renouvelables), élus au suffrage censitaire indirect (60% de la population payant le cens élisent 50,000 électeurs propriétaires d'un bien valant au moins 150 journées de travail, qui euxmêmes élisent les députés). Les tensions s'aggravent car nombre de députés s'insurgent contre cette mesure. Le climat est tendu : le clergé réfractaire a le soutien d'une partie de la population, la guerre est imminente. La I° République et la Terreur /1792-1794/ Le 20 avril 1792 la France déclare la guerre à l'Autriche et à la Prusse : le roi et la plupart des députés la souhaitaient, pour des raisons différentes (le roi en espérant une défaite afin de rétablir ses prérogatives ; les députés modérés pour asseoir le régime, les députés radicaux pour aller plus loin dans la révolution). La guerre s'engage mal, la France est envahie au Nord et à l'Est ; l'Assemblée propose la levée de 20,000 volontaires, les révolutionnaires proclament « la patrie en danger » entrainant le départ de volontaires dans toute la France ; Rouget de l'Isle compose à cette occasion le chant de l'armée du Rhin qui deviendra la marseillaise, hymne officiel. Devant le refus du roi de lever l'armée, les sansculottes se soulèvent le 10 aout 1792, le roi est emprisonné (exécuté le 251 janvier 1793), la monarchie est renversée → une nouvelle assemblée, la Convention est élue au suffrage universel. Elle abolit la royauté le 21 septembre 1792, tous les actes sont désormais datés de l' « An I de la République française ». Elle est constituée de deux courants (en+ de la Plaine, qui se laisse porter par les débats) : – les Girondins (car plusieurs sont élus de Gironde) bourgeoisie aisée du milieu des affaires souhaitant maintenir les acquis de 1789 qui leur ont profité – les Montagnards (occupant les gradins les + élevés de la Convention), élus principalement par les sans-culottes ils défendent les idées populaires, Robespierre, Danton, Marat ; ils réussissent à faire voter l'exécution de Louis XVI, guillotiné en janvier 1793. Les plus radicaux d'entre eux sont les Jacobins. Les Girondins sont arrêtés, accusés de trahir la Convention. Majoritaires, ils confient le pouvoir à un comité de Salut Public. Une fois les dangers écartés certains Montagnards tels Danton souhaitent diminuer la terreur, ils sont arrêtés et guillotinés. Robespierre est arrêté par les « thermidoriens » le 9 thermidor 1794 (27 juillet), c'est la fin de la terreur. La République est menacée par un double danger : intérieur (soulèvement royaliste en Vendée) et extérieur (ligue des monarchies européennes contre la révolution). Ces menaces justifient des mesures d'exceptions qualifiées de Terreur : limitation des libertés, loi des suspects permet des arrestations en nombre, tribunaux révolutionnaires condamnant expéditivement (près de 16000 guillotinés entre mars et juillet 1794), l’État dirige l’économie en instaurant la loi du maximum pour enrayer la hausse des prix, levée en masse des hommes en réquisitionnant près de 300,000 hommes pour la guerre, instauration du culte de l’Être suprême et suppression du calendrier, fermeture des églises. Terreur politique, militaire, économique, religieuse. Le Consulat /1799-1804/ Un nouveau régime se met en place, le Consulat, où 3 consuls dirigent mais où seul Bonaparte, Premier Consul, a réellement le pouvoir. Le suffrage universel est rétablit, toutefois les citoyens présentent des listes de candidats parmi lesquelles le gouvernement choisit députés et fonctionnaires. En théorie les 3 consuls détiennent l'exécutif, en pratique Bonaparte concentre les 3 pouvoirs car les deux autres n'émettent qu'un avis consultatif, et a recours à un nouveau type de consultation directe : le plébiscite, par lequel il obtiendra sa nomination de consul à vie. Les objectifs du consulat son triple : rétablir l'ordre, consolider les acquis de la révolution, fonder un régime qui représente la nation. Le Directoire /1794-1799/ Les thermidoriens élaborent en 1795 une nouvelle constitution, la Constitution de l'An III, qui organise le retour au suffrage censitaire et institue 5 directeurs pour éviter tout retour à la tyrannie. L’Assemblée se divise elle-même en 2 conseils aux charges différentes : le Conseil des Cinq cents (propose les lois) et le conseils des Anciens (vote les lois). Le pays fait face à un problème d'approvisionnement, la hausse des prix touche les classes les plus populaires, les impôts ne sont plus payés... le directoire rencontre des difficultés politiques (instabilité, danger royaliste), financières (hausse des prix, famine dans l’hiver 1794/95) et sociales (quelques uns édifient d’immenses fortunes par des trafics alors que la population connait la misère). Les royalistes tentent de renverser le pouvoir ; la Conjuration des Égaux de Babeuf prône un régime de partage égalitaire des richesses. Le Directoire réprime mais a du mal à asseoir son autorité, et est fait de succession de démissions et d'appel à l'armée et aux généraux qui lui sont devenus indispensables → le moment est propice pour le général le plus célèbre du moment (vainqueur des campagnes d'Italie et d’Égypte contre l’Angleterre) ; homme providentiel, par le coup d’État du 18 brumaire an VIII (8-9nov 1799) Napoléon Bonaparte met fin au directoire tout en promettant le maintien de la République et le retour de l'ordre. Il confisque à son profit la république et instaure un pouvoir personnel autoritaire. Bonaparte affirme qu’il va « finir la Révolution » en garantissant les grands principes de 1789. Napoléon s'assure la paix religieuse en signant un concordat en 1801 avec le Pape Pie VII : l’Église renonce aux biens nationaux vendus / l’État reconnaît que l’Église catholique est celle de la majorité des Français. Napoléon Bonaparte met en place une série de mesures que l'on nomme « les masses de granit », consolidant les acquis révolutionnaires au sein d'un régime stable : – création de la Banque centrale (1800) et du franc germinal (valeur de référence jusqu'en 1928) pour réorganiser les finances – création des lycées (1802) pour former officiers et fonctionnaires – préfets, sous-préfets maires et conseils municipaux sont les échelons du pouvoir administratif – création de la Légion d'Honneur (1802) pour récompenser les personnes qui se sont distinguées au service de l'Etat ; il décorera essentiellement des officiers et militaires – le code civil (1804) entérine la conquête révolutionnaire de l'égalité devant la loi – renforcement de l'autorité du père de famille, divorce pour faute, la femme ne pouvant disposer de biens qu'après autorisation de son mari (idéal d'une société hiérarchisée) En parallèle Napoléon instaure la paix sociale en s'appuyant sur la surveillance des populations : contrôle de la presse, grèves interdites, livret ouvrier mis en place en 1803 (ils ne peuvent trouver du travail que sur présentation de celui-ci) Nommé consul à vie en 1802, il est élu par plébiscite empereur des français en 1804. Le Premier Empire, les grandes réformes de Napoléon Bonaparte /1804-1815/ Certains éléments de l'Ancien Régime ressortent : – l'Empire est une monarchie héréditaire – Napoléon se fait sacrer Empereur des Français le 2 décembre 1804 à NotreDame de Paris sous le nom de Napoléon 1° – le régime est autoritaire : contrôle de la presse (le journal impérial Le Moniteur est la seule source d'information, l'Université impériale encadre tous les établissements d'enseignements) ; la censure contrôle l'imprimerie, la presse, les arts (propagande orchestrée), l'administration est surveillée par les préfets et la police... – le catéchisme impérial enseigne la soumission à l’Empereur – une noblesse impériale se met en place L’empire fonctionne sur une dynamique guerrière : La France affronte la coalition des monarchies européennes entre 1804 et 1815. Elle s’explique par l’hostilité aux principes politiques issus de la Révolution et par les ambitions de Napoléon. -1807/1807 série de victoires sur les principaux Etats continentaux : Autriche, Prusse, Russie -1808/1811 domination sur toute l’Europe. Apogée de l’Empire mais l’impérialisme se heurte dès 1808 au nationalisme espagnol. -18012/1815 résistances nationales+échec militaire en Russie+coalition des souverains=chute de l’Empire et restauration de la monarchie. En 1812 l'armée est constituée de près de 600,000 hommes, et Napoléon est victorieux de campagnes militaires, lui permettant de dominer la quasi totalité de l'Europe continentale (victoire d'Austerlitz en 1805, de Iéna en 1806...) Toutefois entre 1812 et 1814 les défaites se multiplient, en s'attaquant à la Russie Napoléon provoque sa chute car ses armées sont mises en difficulté par les aléas climatiques, les pays européens se coalisent contre la France. Napoléon abdique en 1814 et s'exile sur l'ile d'Elbe ; la monarchie est restaurée avec Louis XVIII, il revient de son exil durant les « Cent jours », qui se solde par un échec définitif après la défaite de Waterloo en juin 1815, Napoléon est déporté sur l'île de Sainte-Hélène où il décède en 1821. Quel bilan peut-on dresser de la Révolution ? Avant 1789 Roi de droit divin Les Français sont des sujets Les libertés sont soumises à la volonté de Dieu Il y a deux ordres privilégiés. L’administration est complexe Diversité des poids et des mesures L’économie est dirigée par l’Etat Inégalité devant l’impôt En 1815 La souveraineté appartient à la nation. Les Français sont des citoyens qui votent et peuvent être élus. Les libertés individuelles, de pensée, de conscience, d’expression sont garanties. Tous les citoyens sont égaux en droit La France est découpée en départements Système métrique La liberté économique est affirmée Egalité devant l’impôt La révolution a changé la France en abolissant les injustices au nom des Lumières et de la raison. Pose les bases de la société libérale. L’égalité de la femme, la confirmation de la fin de l’esclavage, l’abolition des inégalités sociales sont oubliées.