Ainsi, ce n’est que depuis peu de temps que la composition sociale des classes de 6ème reflète
la structure de la population active. La sélection semble donc avoir disparu au collège unique,
mais pour se faire à sa sortie. Elle se déplace au niveau des choix des options, à l’entrée en
seconde. Mais, « tout se passe comme si la sélection et la répartition des élèves entre les
différentes classes visaient à préserver la filière générale de toute élargissement social… »
.
Contrairement à ce qui est diffusé médiatiquement, le niveau scolaire des élèves monte,
par contre les échecs ne sont plus tolérés. Même si le niveau de connaissances des jeunes
sortis de l’école sans aucun diplôme a tendance à régresser, on peut considérer que le collège
a su garder plus d’élèves tout en préservant le niveau de connaissances de tous. Or, il y a
encore quelques dizaines d’années il n’était pas problématique qu’un élève peu intéressé par
les études abandonne avant son certificat d’études. L’école actuelle ne peut plus se permettre
de ne pas amener tous les élèves vers un diplôme, meilleure protection contre l’exclusion du
marché de l’emploi. Or, le taux de sortie d’élèves sans diplôme stagne aux alentours de 8% et
ces élèves sont composés pour plus des deux tiers d’enfants d’ouvriers ou d’inactifs. De plus,
les familles utilisent fortement les demandes de dérogation. Les milieux favorisés tendent de
se scolariser ensemble, accompagnées de certaines familles de milieu défavorisé voulant
« s’en sortir ». Ainsi, les stratégies familiales accentuent les disparités entre collèges et
confortent la ségrégation sociale, voire ethnique.
Pour Dubet, une part importante des inégalités sociales ne se justifie aucunement par
des inégalités de performances, mais résulte spécifiquement des demandes d’orientation. Les
familles de milieu populaire, qui se sentent moins capables de pronostiquer les chances de
réussite de leurs enfants, renoncent souvent d’elles-mêmes à demander les orientations les
mieux cotées. Selon lui, en respectant le choix des familles, on ferme les yeux sur le fait que
des inégalités sociales d’orientation s’ajoutent aux inégalités de réussite.
D’un point de vue institutionnel, l’Education Nationale a toujours été un service public
très centralisé. Ce système central est le garant d’une certaine homogénéité d’enseignement,
d’éducation. Mais, l’explosion du secondaire et l’apparition de l’échec scolaire a obligé l’Etat
a laissé une plus grande autonomie aux établissements, laissant une place plus importante à
l’innovation, l’expérimentation, l’adaptation. Nous sommes dans l’ère de l’état
« modernisateur », qui donne les moyens et les objectifs (programmes) mais laisse au local
Pour exemples :
- le poids des enfants d’ouvriers en 4ème générale (28%) est le même qu’en 1961-1962.
- sur une classe d’enfants d’ouvriers aujourd’hui, 38% vont en B.E.P., 28 % en 1ère technologique et 16% en
générale