Chez les Asiatiques, le Vastu Vidya et le Feng Shui codifient tout un savoir établissant les
principes fondamentaux de la conception des espaces de vie et de la cité. Bien que certains y
voient plus de mythes et de superstition, il est juste de constater que ces principes démontrent
très souvent une compréhension très poussée de la climatologie et un respect profond de
l’environnement.
En Afrique aussi, il existe un ensemble de traditions fortement liées à des règles et des tabous
concernant la création et l’usage de l’environnement bâti et naturel.
Les buts sont les mêmes : retrouver une harmonie et vivre en coexistence pacifique à tous les
niveaux de la vie physique et spirituelle. Ces traditions représentent aujourd’hui des
millénaires de connaissances accumulées. De même que toute une industrie pharmaceutique
s’est développée au départ des herbes et des plantes médicinales, il est un défi aux architectes
et chercheurs de séparer la superstition de la sagesse et la connaissance pour trouver l’or
caché.
Un des défis de ce XXIe siècle dans la conception des bâtiments et des villes se trouve dans
cette contradiction qui oppose la préservation et la modernisation. Notre tâche est de
construire sur les valeurs culturelles existantes, de superposer une nouvelle couche culturelle
sans rupture. La modernisation ne pourra être acceptée que si elle établit une relation avec le
tissu urbain existant.
Si nous ne créons pas de liens entre le présent et le passé et si nous n’arrivons pas à intégrer
les nouveaux projets dans notre environnement durable futur, la population se détournera de
plus en plus de l’architecture et consacrera son énergie à réhabiliter, à restaurer et à
reconstruire les bâtiments du passé. « Le progrès sans un contexte historique » gagnera de
plus en plus l’opinion publique. Cette logique dépassée de développement deviendra de plus
en plus conflictuelle, et finalement très peu économique.
Valeur ajoutée
L’usage des techniques et des matériaux disponibles localement, sans coûts de transports
onéreux, adaptés au climat et aux méthodes de production, a été développé sur plusieurs
siècles. Leur validité technique et leur valeur économique ont produit de nombreuses
typologies dans des contextes différents.
La réutilisation ou l’adaptation des constructions anciennes constitue une solution naturelle au
recyclage de matériaux anciens et une optimisation des ressources.
Cette démarche ne doit pas s’arrêter aux matériaux mais doit s’intéresser aussi aux personnes.
Il convient de rappeler ici un élément important. Souvent dans notre continent, comme dans
de nombreux pays émergents, l’aide étrangère des pays donateurs et des Institutions
Financières nous arrivent sous une forme conditionnelle. Elle est sujette à de nombreuses
conditions. Il y a un besoin urgent d’impliquer davantage les professionnels locaux qui sont
les seuls à avoir cette connaissance du contexte local, de son histoire, de son environnement
social et culturel. Des partenariats équitables pourraient assurer un transfert de technologie et
de savoir-faire, développer une nouvelle valeur ajoutée et contribuer à la richesse nationale.
Ce partenariat serait d’autant plus précieux que les experts locaux ont une connaissance du
contexte inégalée en matière de :
données climatiques
usage des techniques locales et traditionnelles et des matériaux appropriés
problèmes d’entretien et de remplacement