INTRODUCTION
Le terme « baroque » provient du portugais « barrocco », terme technique de joaillerie, et
désigne à l’origine les perles de forme imparfaite. Il a dérivé dans certains pays, notamment
en France, dans le sens de l’irrégularité, de l’insolite ou du barbarisme. Il n’en a pas été de
même dans d’autres pays, notamment en Allemagne ou en Espagne, où le terme a défini l’art
d’une période historique, sans jugement de valeur. Les Français, qui ont été très résistants à
l’idée de baroque, y ont vu longtemps une importation étrangère (italienne, ibérique,
germanique) qui viendrait perturber une « clarté » classique, inhérente à la culture française.
Le mot « baroque », comme la plupart des termes qui servent à définir la création artistique, a
un double champ d’application. Il est utilisé, de façon générale, pour rendre compte d’une
forme d’esprit qui peut apparaître à n’importe quelle époque. Le baroque peut ainsi se
manifester au XXème siècle et l’on dira de tel auteur contemporain, comme Céline, qu’il s’en
inspire.
PERIODE
La période à dominante baroque en littérature est limitée dans le temps. Bien que cette notion
n’ait été utilisée que beaucoup plus tard par la critique littéraire, elle s’applique
particulièrement aux années 1598-1630. Après 1630, on assiste à une période de transition, où
le baroque continue à jouer son rôle mais est peu à peu supplanté par un classicisme qui
mettra du temps à éliminer les influences antérieures.
CARACTERISTIQUES
C’est une période d’instabilité permanente, d’incessantes remises en cause qui, tout
naturellement, est marquée par une littérature de l’excès, de la démesure, de l’apparence qui
s’exprime dans une langue riche, parfois jusqu’à la luxuriance. Les caractéristiques de
l’homme baroque se retrouvent dans sa littérature.
* Une conception du monde en transformation permanente
- Le triomphe du mouvement
L’homme du début du XVIIème connaît une situation perturbée, bouleversée par des
transformations incessantes. C’est cette agitation permanente qui explique une des idées
forces de la pensée baroque : le monde est en train de se construire. Rien n’est définitif. Rien
n’est figé. Tout se modifie sans cesse. Tout change. Tout bouge.
- Le goût pour le provisoire
L’homme baroque est attiré par l’eau, image même de l’écoulement, de l’insaisissable ou par
le feu aux formes étranges et éphémères. Il aime se déguiser, se travestir. C’est l’apparence
qui compte, c’est « l’habit qui fait le moine ».
De même, il est très sensible à la nature parce que, pour lui, les modifications qu’elle subit, au
fil des saisons, sont des signes palpables, concrets de ces transformations incessantes : poète,
il exalte volontiers les charmes de la campagne. Il est séduit par l’aventure qui, en cette
période troublée, marque sa vie : il se délecte de passion, de bruit, de fureur et de péripéties.
- Le sens de la complexité
L’homme baroque développe un sens aigu de la complexité. Une réalité n’est jamais simple et
il faut tenir compte de tout ce qui la constitue. Une réalité peut être contradictoire et certains
écrivains s’efforcent de montrer les contradictions qui divisent l’être humain.
Une telle approche permet de saisir la diversité des choses et évite également l’intolérance.