linguistique.
"Tous les frères et les soeurs sont égaux"
, insiste à juste titre le modèle
français quand l'universalisme islamique placerait la femme plutôt en
situation de mineure (inégalité dans l'héritage ou mariage endogame par
exemple) - situation de plus en plus intenable mais qui est en train de
changer dans de nombreux pays.
Ces puissants déterminismes anthropologiques n'échappent cependant pas
à l'évolution et à la contingence. Face aux soubresauts qui agitent l'ensemble
du monde islamique, l'hypothèse de plus en plus considérée sur son
excroissance politique qu'est l'islamisme est qu'elle marquerait non pas tant
un retour mais plutôt une
"sortie du religieux"
pour reprendre l'expression de
l'historien Marcel Gauchet.
S'agissant du port du voile, ce que le Français moyen de souche voit comme
un signe d'infériorisation de la femme se révèle, d'après de nombreuses
études sociologiques du CNRS, être souvent aussi vécu comme un choix
individuel, comme marqueur émancipateur pour des jeunes filles qui peuvent
par son biais accéder à l'espace et aux transports publics, aux études, à
l'emploi pour, de la sorte, échapper au carcan familial.
"Avec le voile, la jeune musulmane contemporaine apparaît, sans celui-ci,
elle disparaît"
, nous dit encore le chercheur Patrick Haenni, du Cedej (Le
Caire), qui a consacré de nombreux travaux au port du voile en Europe et au
Moyen-Orient. Les Françaises musulmanes ne sont jamais aussi visibles que
lorsqu'elles portent le voile. On focalise sur ce voile, mais c'est en réalité leur
visibilité qui dérange. Car enfin, qu'il s'agisse du port du voile ou de la barbe,
des commerces halal ou des mosquées, en dernier ressort, c'est
véritablement l'expression de l'islam qui fait problème pour les Français de
souche.
La France n'admet pas le racisme et encore moins la ségrégation basée sur
la couleur de la peau, mais la différence culturelle l'indispose au point qu'elle