Compte-rendu du festival Gueule d’amateur édition 2008 Les amateurs passionnés de théâtre se sont retrouvés les 26, 27 et 28 septembre 2008 à Blanquefort pour la 8ième édition du festival ‘‘Gueule d’Amateur’’ organisé par le Théâtre Expression avec le soutien de la municipalité de Blanquefort et du conseil général de la Gironde ainsi que la participation de l’ELAC et de l’ABC. Comme chaque année notre fédération : la FNCTA et l’Union Régionale Aquitaine ont participé à la promotion du festival auprès des troupes nationales et régionales. A l’animation Karim notre ténor favori a joué le fil rouge : ses chansons ont ponctué ce festival. Le collectif « Les Arts s’En Mêlent » a réalisé plusieurs prix tandis que Robin Grislain de « l’Atelier Terre » nous offrait un nouveau trophée. AVANT-PROGRAMME Vendredi 26 septembre 2008 21h salle polyvalente Pour ce huitième festival nous avons invité Jean-Pierre et Geneviève Staquet de la Causse Toujours Compagnie de la Vallée du Lot (46) qui fondèrent notre association : Expressions il y a 30 ans. Ils nous ont interprétés : “L’illusion des Beaux Jours” de Alain Laurent, mis en scène par François Robert. ► Le jardinier soutient sa diva. Une actrice rongée par la vieillesse, impotente est hantée par son rôle fétiche dans la pièce de Samuel Beckett : « Oh, les beaux jours ». Elle vit avec son jardinier, ancien compagnon sur les planches. La nostalgie est son principal horizon. PROGRAMME Samedi 27 septembre 2008 10h30 salle polyvalente Ouverture officielle du festival : La mairie de Blanquefort était représentée par Mme Christiane Depalle adjointe à la culture et Ghislain Mérat directeur des affaires culturelles l’ABC par Mme MarieClaire Laborde sa présidente et le collectif « les Arts s’En Mêlent » par Jean Dufour et Roger Dussara . Le jury chargé de remettre les prix comprenait outre Mmes Christiane Depalle et Marie-Claire Laborde ainsi que M.Ghislain Mérat cités plus haut, M. Eric André metteur en scène ainsi que Mme Mireille André spectatrice avisée. 15h30 salle du Mascaret “La chatte sur le toit brûlant” de Tennessee Williams, mis en scène par Anthony Poquet, interprétée par Les Petites Coupures de Saint Herblain (44). 13h parc de Fongravey “La Mastication des Morts” de Patrick Kermann, mis en scène par Marie-Line Cicurel & Laurent Eyllier de L’Union Saint Bruno de Bordeaux (33) ►Les fantômes ont parlé, les morts peuvent reposer. Les morts sont parmi nous, tout au moins leurs fantômes tous vêtus de blanc. Ils nous racontent leur vie, leur mort. Vie longue et bien remplie, vie de chien, vie trop courte. Retrouvailles au cimetière des êtres séparés… La représentation a eu lieu en plein air dans l’espace de glisse : une fosse avec rampes et escaliers destinées habituellement aux acrobates sur roulettes ou vélo. Ces casse-cous ont cédé la place à ceux qui ont cassé leur pipe dans la fosse devenue fosse commune. La mise en scène a été remarquablement bien adaptée à ce lieu unique. ►Le père parle au fils. Un père déteste sa femme qui pourtant le vénère. Son fils préféré est alcoolique et sans héritier tandis que l’autre qu’il méprise a une descendance prolifique. Ces relations avec ses brus sont à l’image de celle avec ses fils. La maladie le ronge et la mort approche. Autour de lui on commence à arranger l’héritage. Un drame presque shakespearien. 17h30 salle polyvalente “Ghelde…Road” de Michel De Ghelderode, mis en scène et interprété par Le Théâtre du Vivier de Biarritz (64) Première partie, spécialement créé pour le festival. Un escroc notoire refait parler de lui, il se propose de léguer ses biens à sa ville natale en échange d’un enterrement en grande pompe. En vertu du principe qu’un mourant est aussi innocent qu’un enfant nouveau-né, l’incompétence, la bêtise et la cupidité aidant, les échevins acceptent la proposition. Mal leur en prend. L’univers de Guelderode est marqué par une vision pessimiste de la nature humaine presque toujours cupide, s’il n’est pas bête il est disciple de Machiavel. On se croirait parfois au théâtre de Guignol version Canal +. ►le bouffon écoute le roi 19h parc de Fongravey ►Le domestique parle aux échevins au nom de son escroc de maître. Deuxième partie. Christophe Colomb croit que la terre est ronde, il part vers l’Amérique avec la bénédiction prudente et intéressée du roi mais les railleries de l’académie et la curiosité de beaucoup. En Amérique il rencontre des indiens désabusés, avertis qu’ils vivent leurs derniers jours. De retour en Espagne le roi le jette en prison. “Le Barbouillé…Titre provisoire quoique finalement” écrit et mis en scène par Jean Luc Chagnaud, interprété par les Sans Scène Fixe du Théâtre Masqué de La Brède (33) Une troupe de théâtre milite contre la disparition des salles de théâtre. Paradoxalement à moins que ce n’en soit la cause la troupe des Sans Scène Fixe car c’est ainsi qu’ils se nomment s’accommodent d’un espace en plein air pour jouer. Après avoir harangué la foule pour la convaincre du bienfondé de leur cause, ils nous jouent l’histoire du « Barbouillé » un pauvre homme malade victime d’un médecin verbeux et d’une femme volage pleine de rouerie. Mais le Barbouillé quoique malade vend chèrement sa peau. Dimanche 28 septembre 2008 11h salle du Mascaret “Impros Folies” de Christian Rullier, mis en scène par Brigitte Gomez et interprétée par Les Moulins d’Albinus de Saint Aubin du Médoc (33). ►le médecin sermonne la femme du Barbouillé La Commedia dell arte fonctionne à plein, victime (joyeusement consentante) des revendications des techniciens et de l’absence d’un comédien. Les (fausses) impros se succèdent à un rythme endiablé pour le plus grand bonheur des spectateurs. Deux équipes : les rouges et les verts s’affrontent sous le regard vigilant d’un arbitre et du public. 21h30 salle polyvalente Soirée impros (gratuite) animé par le Théâtre Expression (33) avec la participation des troupes invitées et du public. L’ambiance était très cinéma : un mystérieux courant d’air soulève la robe d’une Maryline Monroe androgyne, les marchandes de confiseries de l’entracte distribuent les numéros des impros, un metteur en scène muni d’un mégaphone orchestre les festivités. ►Monsieur le ministre traite des affaires de l’état avec une canne de golf. 13h30 salle polyvalente ►Les Sans Scène Fixe envahissent la salle. “Kamasutra Parkinson Blues” de Nicolas F. Vargas, mis en scène par Rosa Palomino et interprété par le Théâtre de l’Escale de Gradignan (33) Une rencontre chasse l’autre. Rencontre sur rendez-vous chez le coiffeur ou avec un(e) ami(e). Rencontre espérée. Au fil de ces rencontres on découvre les personnages. Il y a un petit coté Amélie Poulain dans cette histoire tandis que la forme : diction, maquillage, masque évoquent l’Extrême-Orient. SPECTACLE DE CLOTURE 16h45 salle polyvalente ►Madame conseille son scénariste de mari. Trois couples se croisent. Ils sont romantiques ou cyniques, fusionnels ou déchirés par l’adultère. Chacun participe comme acteur, scénariste ou producteur à la création d’un film : « Kamasutra Parkinson Blues », chacun incarnant une version moderne du couple tourmenté. Pascal Lambert en concert chante ses complaintes avec sa guitare : celle du cocu ou celle du condamné à mort qui crie son innocence… 15h30 salle polyvalente “Circonférences” écrit et mis en scène par Jérôme Batteux, interprété par Noir…Lumière de Mérignac (33) ►Non ! Ce n’est pas Georges Brassens. REMISE DES PRIX ►Etrange, ces masques sur le corps ! Le premier prix du festival a été remporté par Noir…Lumière pour sa pièce « Circonférences ». Le deuxième prix est revenu au Théâtre du Vivier pour « Ghelde…road » et le troisième prix a été décerné au Théâtre de l’Escale pour « Kamasutra Parkinson Blues ». Un prix de la plus forte émotion visuelle est revenu à l’Union Saint Bruno pour « La mastication des morts », le prix d’interprétation masculine est revenu conjointement a Dominique Belliard et Philippe Perriot de la compagnie Les Petites Coupures tandis que Céline Soucaret du Théâtre de l’Escale recevait le prix d’interprétation féminine. Le prix du meilleur rire est revenu au Moulin d’Albinus pour Impros folies enfin le prix du poil à gratter a échu aux Sans Scène Fixe de la compagnie du Théâtre Masqué avec leur « Barbouillé… titre provisoire… quoique finalement ». Tous les spectacles nous ont surpris par leur qualité tant au niveau du choix des textes que de la mise en scène ou de la qualité du jeu. Une autre surprise a été de découvrir la variété des thèmes et des univers proposés. Les troupes portées par un public enthousiaste ont donné le meilleur d’elle-même. Les habitués du festival noteront quelques constantes comme le goût du Théâtre Masqué pour la commedia dell arte, ils nous avaient présenté il y a deux ans une pièce de Goldoni : Arlequin Valet de deux maîtres ou les influences extrême-orientales chez Noir… Lumière ! qui nous avait proposé l’an dernier le Voyage de Tchong Li de Sacha Guitry. RENDEZ-VOUS l’an prochain les 25, 26 et 27 septembre 2009 ! ►Les jurés décernent les prix. Jérôme KIHM