Cellules souches L - Alliance catholique canadienne de la santé

Cellules souches
Tous les espoirs sont permis mais à quel prix?
es avancées scientifiques des
dernières années laissent
entrevoir des possibilités
inédites de traitement pour
une gamme impressionnante de maladies
et de handicaps, et pour la réparation
d’organes et de tissus humains.
Au dire des chercheurs enthousiastes,
tous les espoirs sont permis. Mais ces
promesses sont-elles trop belles pour être
vraies? Que faut-il en penser? La question
est particulièrement importante puisque la
recherche sur les cellules souches humaines
interpelle les consciences individuelles et
collective.
Si les chrétiens appuient toute évolution
de la science profitable à l’être humain, ils
s’attendent cependant à ce que les nou-
velles technologies et les nouveaux traite-
ments respectent toujours la vie et la dignité
humaines. Qu’en est-il de la recherche sur
les cellules souches à cet égard?
Au fil des questions et réponses qui suiv-
ent, il devient possible de se forger une
opinion éclairée sur le sujet, en accord
avec l’éthique chrétienne.
Organisme catholique
pour la vie et la famille
Questions de vie
L
Qu’est-ce qu’une cellule souche?
1
L
e corps humain se compose d’une myri-
ade d’éléments infiniment petits appelés
cellules. On pourrait en placer en
moyenne 10 000 sur la pointe d’une épingle1,
tandis qu’un corps humain typique en compte
environ 100 trillions.2Il existe quelque 200 types
de cellules.
Le corps humain commence à se développer
au moment de la fécondation, lorsque le sperma-
tozoïde et l’ovule se fusionnent pour former la
première cellule d’un nouvel être humain. Cette
cellule est « totipotente », c’est-à-dire qu’elle a la
capacité d’engendrer un tout nouvel organisme.
Il arrive même qu’une cellule totipotente se
détache de la première et engendre un jumeau
ou une jumelle identique!
Environ cinq jours après la fécondation, les cel-
lules humaines perdent leur capacité de totipo-
tence et deviennent « pluripotentes ». Chaque cel-
lule peut encore se spécialiser en l’un ou l’autre
des types de cellules du corps humain, mais ne
peut plus devenir un nouvel être humain. Les cel-
lules pluripotentes sont souvent appelées « cellules
souches embryonnaires » parce qu’on les trouve
chez l’embryon, un nouvel être humain à naître
qui n’a encore que quelques jours. Ces cellules se
trouvent aussi chez le fœtus.
Il existe également des « cellules souches
adultes » chez toute personne qui est déjà née,
que ce soit un bébé ou un adulte. Elles se trou-
vent dans différentes parties du corps, ainsi que
dans le placenta et le sang du cordon ombilical.
Les cellules souches adultes sont parfois
appelées « multipotentes »; elles ont la capacité
de se spécialiser en un nombre limité de types de
cellules du corps humain. Des recherches
récentes suggèrent toutefois que certaines cel-
lules souches adultes possèdent la même flexibil-
ité que les cellules souches « pluripotentes » et
seraient capables de se spécialiser en une plus
grande variété de cellules humaines qu’on ne
l’avait d’abord espéré. Parce que les cellules
souches adultes se cultivent moins facilement en
laboratoire que les cellules souches embryon-
naires, il est plus difficile de créer des « lignées
de cellules souches » adultes en vue de la
recherche.
Toutes les cellules souches – embryonnaires et
adultes – aident le corps humain à se construire
et à se réparer. C’est pourquoi elles possèdent
des caractéristiques uniques. Contrairement à la
plupart des cellules humaines, comme les cellules
blanches du sang, les cellules musculaires ou les
cellules nerveuses, qui sont spécialisées pour
assumer une fonction précise, les cellules souches
peuvent demeurer longtemps non spécialisées.
Elles continuent à se multiplier jusqu’à ce qu’elles
soient requises pour réparer une partie ou l’autre
du corps; à ce moment-là, elles deviennent des
cellules spécialisées comme celles du muscle car-
diaque, des tissus cérébraux ou du foie. En temps
voulu, elles peuvent donc se transformer en l’un
ou l’autre des types de cellules, selon les besoins
du corps.
Recherche sur les cellules souches
Embryon humain de
quelques
jours
Personne
humaine
née
Cellule souche embryonnaire
prélevée sur
l’embryon
Culture de
cellules souches
embryonnaires
non spécialisées
Cellules
musculaires
Cellules
nerveuses Cellules
cardiaques Cellules
osseuses
Culture de cellules
souches adultes
non spécialisées
Cellule souche
adulte prélevée
sur la personne
Les cellules souches se spécialisent en labora -
C
’est notre capacité à amener les cellules
souches à se spécialiser selon nos besoins
qui provoque tant d’enthousiasme. Si nous
arrivions, par exemple, à orienter les cellules souch-
es pour qu’elles deviennent des cellules cérébrales, il
deviendrait possible de réparer les dommages
causés par un accident cérébrovasculaire.
À l’heure actuelle, les scientifiques tentent d’ap-
prendre à contrôler le développement des cellules
souches dans l’espoir de trouver remèdes et
thérapies pour soigner maladies et handicaps. Dans
leur travail de « recherche sur les cellules souches »,
ils utilisent aussi bien des cellules souches embryon-
naires que des cellules souches adultes.
Les cellules souches adultes ont déjà fait leurs
preuves; elles ont produit plus de 70 cures et traite-
ments qui ont soulagé, et même parfois guéri, des
dizaines de milliers de patients. Depuis 40 ans, par
exemple, les transplantations de la moelle osseuse
ont sauvé la vie d’innombrables patients. On utilise
aussi les cellules souches adultes pour soigner les
troubles sanguins, y compris la leucémie et les lym-
phomes, le diabète, les maladies cardiaques, les
maladies de la vessie et l’incontinence, la sclérose en
plaques, les blessures à la colonne vertébrale, la
maladie de Parkinson, les cancers rénaux avancés,
les accidents cérébrovasculaires et d’autres prob-
lèmes médicaux.
Par contre, la recherche sur les cellules souches
embryonnaires n’a encore permis de développer
aucun traitement médical pour les êtres humains.3
Les thérapies fondées sur ce type de cellules n’ont
jamais été testées sur des sujets humains parce
qu’elles demeurent trop risquées.
Quels avantages la recherche sur les cellules
souches présente-t-elle pour nous?
Produit-elle vraiment des cures miracles?
L
a plupart des risques d’errance sont rat-
tachés aux cellules souches embryon-
naires. Ironiquement, leur danger repose
dans leur grande capacité à se multiplier et à se
transformer en n’importe quelle sorte de cellule –
ce qui constitue également leurs plus grandes
forces. Les scientifiques n’ont pas encore réussi à
contrôler le développement des cellules souches
embryonnaires; elles peuvent donc se tromper
de spécialisation ou même se multiplier indéfini-
ment et créer ainsi des tumeurs cancéreuses.
L’utilisation de cellules souches embryonnaires
peut aussi entraîner un problème de rejet. L’ADN
des cellules souches embryonnaires étant dif-
férent de l’ADN du receveur, le système immuni-
taire du patient peut décider de rejeter les cel-
lules souches implantées. Jamais ce risque ne se
présente avec les cellules souches adultes,
puisqu’elles proviennent des tissus du patient lui-
même et possèdent donc le même ADN.
Quels risques présente l’utilisation
de cellules souches?
2
3
«
La recherche sur les cellules souches
somatiques mérite une approbation et un
encouragement lorsqu'elle conjugue de façon
heureuse à la fois le savoir scientifique, la
technologie la plus avancée dans le domaine
biologique et l'éthique qui postule le respect
de l'être humain à tous les stades de son
existence.
»
– Le Pape Benoît XVI aux participants
au congrès portant sur le thème
« Les cellules souches :
quel avenir pour la thérapie ? »
Académie pontificale pour la vie
(septembre 2006)
C
e ne sont pas toutes les recherches sur les
cellules souches qui rencontrent de l’oppo-
sition. Aucune controverse n’entoure la
recherche sur les cellules souches adultes parce
qu’elles sont prélevées sur des êtres humains sans
pour autant leur causer de mal. Tout au contraire,
la recherche sur les cellules souches embryonnaires
inquiète parce que, à l’heure actuelle, ce type de
cellules ne s’obtient que de deux façons : soit en
les prélevant directement sur des embryons
humains non nés, causant ainsi leur mort, soit en les
prélevant sur des fœtus avortés.4
On entend souvent dire qu’un embryon n’est
qu’un « amas de cellules ». La science révèle
pourtant que l’embryon est un nouvel être
humain vivant et irremplaçable qui commence à
vivre dès le moment où le spermatozoïde
féconde l’ovule. Dès cet instant, il possède son
propre ADN, différent de celui de son père et
de sa mère. Son code génétique identifiable
commence immédiatement à guider sa crois-
sance et son développement.
Pourquoi la recherche sur les cellules souches
provoque-t-elle une telle controverse?
L
es scientifiques clonent déjà des animaux
depuis plusieurs années et certains d’entre
eux espèrent créer des clones humains
dans l’avenir. Le clonage implique la création en
laboratoire d’un nouvel organisme vivant, sans
avoir recours à la fécondation d’un ovule par un
spermatozoïde. Les chercheurs peuvent, par
exemple, extraire l’ADN d’une cellule du corps
pour le placer dans un ovule vidé de son propre
noyau; il suffit ensuite de stimuler l’ovule pour
qu’il commence à se développer comme s’il
avait été fécondé par un spermatozoïde.
En utilisant cette technologie, les scientifiques
sont certains que l’embryon cloné possède pra-
tiquement le même ADN que la personne origi-
nale. Le clone est en fait comme une copie con-
forme « synthétique » de la personne originale. Le
clonage permettrait de régler le problème de rejet
rencontré dans la recherche sur les cellules souch-
es embryonnaires, parce que les cellules souches
embryonnaires des clones seraient génétiquement
identiques aux tissus du patient lui-même.
Les chercheurs font une distinction entre clon-
age « reproductif » et clonage « thérapeutique ».
Dans le cas du clonage reproductif, l’embryon
cloné serait placé dans l’utérus de la femme, qui
le porterait à terme durant sa grossesse. Quant au
clonage thérapeutique, il vise à créer des clones
uniquement pour leurs cellules souches. L’embryon
cloné duquel on prélèverait des cellules souches
en vue de la recherche de cures et de thérapies
mourrait automatiquement.
La recherche sur les cellules souches a-t-elle
quelque chose à voir avec le clonage?
4
5
Des cellules souches
sont extraites de
l’embryon…
Un petit choc électrique provoque
la fusion du noyau et de l’ovule
Ovule prélevé
sur la donneuse
L’ovule est vidé de son noyau
Le noyau est retiré
de la cellule
Les scientifiques espèrent produire, à partir
de ces cellules, des tissus et des organes
humains à implanter à leurs patients
…et cultivées
en laboratoire
Un nouvel embryon humain
apparaît et commence à croître
Personne en
attente de tissu
ou d’organe,
ou désireuse
d’être clonée
Donneuse
d’ovule
L’embryon pourrait être
implanté dans l’utérus
d’une femme et
continuerait à se
développer jusqu’à la
naissance du clone
Clonage
Cellule prélevée
sur le corps de
la personne
Clonage thérapeutique Clonage reproductif
L
’Organisation mondiale de la santé (OMS)
explique qu’un vaste consensus existe, au
niveau international, contre le clonage
reproductif parmi le public, les scientifiques et les
stratèges politiques. L’OMS rappelle aussi que la
Déclaration universelle sur le génome humain et les
droits humains (UNESCO 1997) rejette le clonage
reproductif comme contraire à la dignité humaine.
En fait, le clonage reproductif « favorise une atti-
tude utilitariste envers les êtres humains, soit qu’ils
existent pour permettre à d’autres d’arriver à leurs
fins » et « risque de transformer les êtres humains
en objets manufacturés ».5
L’idée du clonage thérapeutique fait toutefois son
chemin dans les milieux scientifiques et au sein de
la communauté internationale. Nombreux sont
aujourd’hui les gens qui ne semblent plus s’oppos-
er à la création d’embryons humains clonés, à con-
dition qu’on ne les laisse pas naître.
D’une perspective catholique, tout clonage
humain est une atteinte à la dignité de la personne
et à la dignité de la procréation humaine, puisque
«le don de la vie humaine doit se réaliser dans le
mariage moyennant les actes spécifiques et exclusifs
des époux, suivant les lois inscrites dans leurs per-
sonnes et dans leur union »6. Tout enfant a le droit
d’être conçu, d’être porté dans le sein de sa mère,
de venir au monde et d’être élevé au cœur d’un
mariage. C’est dans sa relation à ses parents
biologiques que l’enfant découvre le mieux sa pro-
pre identité et parvient à s’épanouir pleinement. Un
enfant cloné serait privé de ces dons précieux. Il
n’aurait même pas de parents biologiques. Créé de
façon asexuelle, il serait plutôt une copie identique
d’une autre personne.
Pourquoi s’opposer au clonage humain?
A
u Canada, la Loi sur la procréation
assistée adoptée en 2004 interdit toute
forme de clonage humain, pour quelque
raison que ce soit. Elle autorise toutefois la
recherche sur les cellules souches adultes et embry-
onnaires – recherche qui peut être financée par le
gouvernement fédéral.
Cependant, bien que la recherche sur les cel-
lules souches embryonnaires soit légale, la loi
canadienne ne permet pas la création d’em-
bryons uniquement à des fins de recherche. De
plus, il est illégal d’acheter ou de vendre des
embryons, du sperme, des ovules, de l’ADN
humain ou toute autre cellule en vue de la repro-
duction humaine. Il est également interdit de pub-
liciser la vente d’embryons.
Les scientifiques ne peuvent donc prélever des
cellules souches embryonnaires que sur des
embryons « surnuméraires », c’est-à-dire des
embryons qui ont été créés en trop en vue de la
Quelle est la loi au Canada relativement à la recherche
sur les cellules souches embryonnaires et au clonage?
6
7
«
Dès le moment de la fécondation, c’est-à-dire le
premier moment de l’existence biologique, l’être humain
en développement est vivant et entièrement distinct de
sa mère, qui lui fournit alimentation et protection.
De la fécondation à la vieillesse, c’est le même être
humain vivant qui grandit, se développe, atteint sa maturité
et, éventuellement, meurt. Cet être humain, avec ses carac-
téristiques propres, est unique et dès lors
irremplaçable.
»
– Dr Jerôme Lejeune,
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