J’usqu'au milieu du XXe siècle, on n'a considéré socialement que les langues au statut
officiel, les autres n’étant perçues que comme de vulgaires dialectes.
Comme l’île de Corse constituait dans les faits une région occupée par un état italien,
les insulaires corses se révoltèrent régulièrement, n'hésitant pas à demander contre
les Génois de l'aide, tantôt à l'Autriche tantôt à la France. En novembre 1755, le
général de la nation corse Pasquale Paoli fit de l’île un état doté d’une constitution,
d’une administration, d’une justice et d’une armée. Parallèlement à son œuvre
politique, Paoli ouvrit de nombreuses écoles et créa à Corti l’université de Corse.
Mais, en 1768, déjà affaiblis par les interventions du général Paoli, les Génois de la
république de Gênes vendirent à la France leurs droits sur l'île.
C'est alors que Pasquale Paoli prit les armes contre la
France, mais fut battu à Ponto Novo (à Castello di Rostino
sur le fleuve Golo), le 8 mai 1769. Il émigra aussitôt en
Angleterre, mais fut rappelé par l'Assemblée constituante
en 1790, puis fut nommé président du Directoire
départemental en Corse et général de la Garde nationale
au nom de la France révolutionnaire. En 1793, il prit
position contre la Convention, rompit ses relations avec la
France et fit appel à l’Angleterre qui administra l’île de
1794 à 1796. Paoli parlait le corse, mais écrivait en toscan
pour tous les actes officiels, ainsi que dans sa
correspondance personnelle.
Par la suite, Napoléon Bonaparte, originaire de l'île, devint premier consul après le
18 Brumaire et engagea rapidement la réintégration de la Corse à la France. La
population corse continua de parler le corse, alors que les documents officiels furent
généralement rédigés en italien (toscan) jusqu’en 1830. Sous le Second Empire
(1848-1870), l’italien, le corse et le français furent parallèlement utilisés jusqu’à ce
que Napoléon III exigea, en 1854, que les actes civils officiels soient tous rédigés
exclusivement en français; à Bastia, les opéras chantés en italien furent même
interdits. Lors de la Troisième République (1870-1940), le français devint obligatoire
partout dans l’île, c'est-à-dire dans les écoles, les tribunaux et l'Administration;
l’italien disparut comme langue de culture et le corse ne survécut que comme langue
orale dans les communications informelles.
Toutefois, le français ne s'est pas imposé rapidement en Corse. Au contraire,
l'influence de la langue française fut très lente durant tout le XIXe siècle. C'est au début
du XXe siècle que la francisation s'accentua considérablement avec l'imposition de
l'enseignement primaire obligatoire en français. Cette influence se ressentira alors
par la modification du vocabulaire, mais aussi de la de la morphologie et de la
syntaxe dans la langue corse.
Selon un sondage publié par le mensuel Corsica, 89% des Corses ne souhaitent pas
que la Corse devienne indépendante.
Parmi eux, 59% de sympathisants “nationalistes” sont également pour rester dans le
giron français.