abstract

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XXXIX ICMH CONGRESS, TORINO, 2013
“JOINT AND COMBINED OPERATIONS IN THE HISTORY OF WARFARE”
ABSTRACT
Prof. João GOUVEIA MONTEIRO (Portugal)
Les croisés et la prise de Lisbonne (1147)
«Les Croisés et la prise de Lisbonne (1147)»
Abstract
(João Gouveia Monteiro/CPHM)
(Topic 1: The coordination of land and naval operations in Ancient and Medieval History)
La prise de Lisbonne, la plus grande ville musulmane de l’occident de la péninsule
ibérique, eut lieu entre juin et octobre 1147. Elle fut le fait militaire le plus important de tous
ceux accomplis par le premier roi du Portugal : Afonso Henriques (Alphonse Ier, petit-fils du
duc de Bourgogne).
L’opération a été préparée avec beaucoup de soin et de longue main, moyennant des
lettres échangées pendant les années antérieures entre Alphonse Ier et Saint Bernard, l’abbé de
Clairvaux. A cette époque, la papauté organisait une deuxième croisade en Terre Sainte pour
reconquérir Édesse, qui avait été prise par les musulmans à Noël 1144. Mais, en même temps, le
pape Eugène III encourageait toute action militaire contre les musulmans en péninsule ibérique.
À la fin 1146 (ou au début 1147), le roi du Portugal reçut une lettre de Saint Bernard :
l’abbé lui annonçait qu’une flotte de croisés en route vers la Terre Sainte devait passer par le
Portugal dans quelques mois, et peut-être Alphonse pourrait-il profiter de l’occasion pour
essayer de prendre Lisbonne.
Le roi portugais, qui avait sa cour à Coimbra, se félicitant de la nouvelle, décida
d’attaquer immédiatement la ville de Santarém (entre Coimbra et Lisbonne) pour que le siège de
Lisbonne en devienne plus facile et plus sûr. Ce fut chose faite à la mi-mars 1147, à la faveur
d’une opération-surprise habilement exécutée pendant la nuit.
Le 16 juin 1147, les croisés anglais et normands arrivaient à Porto. Ils venaient de
Dartmouth, organisés en quatre groupes, dont les chefs étaient Herbert de Glanville, Simon de
Dover, Saher d’Archelles et André de Londres. Quelques jours plus tard apparurent les croisés
allemands (venus de Cologne) et flamands, commandés par Christian de Gistelles et par le
comte d’Aerschot. En tout, les croisés étaient entre 10 000 et 13 000 hommes. Reçus à la
cathédrale de Porto par l’évêque Pierre Pitões, le sermon enflammé de ce prélat portugais les
convainquit à rejoindre le roi, qui se trouvait déjà tout près de Lisbonne, avec une petite armée
d’environ 3000 guerriers.
À cette époque, Lisbonne pouvait compter sur une garnison militaire de 15 000
hommes, mais la ville débordait de réfugiés venus de Santarém et d’autres places autour de
Lisbonne (tous habitants confondus, il y avait à l’intérieur de la ville plus de 60 000 familles!).
Le siège, entamé dès le début juin 1147, fut très dur et prolongé; la ville avait de solides
remparts, pourvus de plusieurs tours et différentes portes, et les défenseurs disposaient d’une
grande quantité d’armes et de munitions, y compris quelques trébuchets. Les croisés utilisèrent
différentes techniques de siège : échelles, béliers, tours de bois, mines, trébuchets, etc. Bloquée,
sans arriver à obtenir de secours, effrayée par les tours mobiles gigantesques construites par les
croisés, et éprouvée par de très graves problèmes de ravitaillement, Lisbonne décida de se
rendre le 19 octobre 1147 ; la ville fut mise à sac et sa population livrée à des violences sans fin.
Cet évènement est l’un des mieux documentés de l’histoire médiévale portugaise et a
connu un retentissement international considérable. Il fut d’ailleurs l’un des seuls exploits
militaires de l’histoire de la Seconde Croisade…
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