Colonisation ininterrompu : cas du Cameroun (Uninterrupted

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Colonisation ininterrompu : cas du Cameroun
(Uninterrupted colonization: case of Cameroon)
Jecolia Longtchi
82-304 : Le Monde Francophone
L’empire colonial français faisait la joie et la fierté de ce pays. La chute de
cet empire leur aurait couté des ressources naturelles, une main d’œuvre moinschère, et un statut en tant que nation puissante et dominante. Pour ces raisons, les
colonies françaises ont beaucoup souffert pour pouvoir enfin obtenir leurs
indépendances. La France a pris des mesures inhumaines extrêmes pour se rassurer
que le Cameroun reste sous son contrôle au mépris de l’accord avec les Nations
Unis de ne pas avoir une colonisation. La relation entre le Cameroun et la France a
donc connu trois phases différentes : la période coloniale, marquée par
l’exploitation des ressources naturelles, et les travaux forcés, la période
néocoloniale qui est toujours en cours.
L’histoire coloniales du Cameroun est particulière en ce qu’elle était une
« triple colonisation.» Tout a vraiment commencé en 1884 quand le Cameroun
(appelé « Kamerun » en ce temps-là), et quelques pays voisins sont devenus des
colonies allemandes (Couget, 13). Le gouvernement allemand a fait d’importants
investissements dans l’infrastructure du Cameroun. Ces projets ont été effectués
grâce à un système rigoureux de travaux forcés institué par les Allemands. Dans la
région des plantations, des milliers d’hommes sont morts pendant la construction
des routes et du chemin de fer qui passe à travers la forêt équatoriale (Osouf).
Pendant la première guerre mondiale, l’Angleterre a commencé à envahir le
Cameroun à partir du Nigéria. Les Allemands ont finalement étés défaits par les
forces franco-britanniques en 1916, et le Cameroun a été placé sous mandat de la
Société des Nations (SDN). Un mandat de la SDN est un territoire qui appartenait à
l’Allemagne out l’empire Ottoman avant la première guerre mondiale, et qui avait
été confié à une puissance coloniale victorieuse. Ainsi, quatre cinquièmes du
Cameroun a été confié sous tutelle française et le reste est devenu une partie de
l’empire coloniale britannique, et a été rattachée au Nigeria (Joseph 43). Une
tutelle est l’occupation de pays sans en faire sa propriété afin de le préparer pour
son indépendance. Dans le film Chocolat, on observe cette triple occupation et la
domination des colons français. Les phrases allemandes trouvées un peu partout
autour des Dalen (famille de colons français) est une preuve que leur maison et
territoire appartenaient aux Allemands. L’on ne voit qu’un seul colon Anglais
(Boothby) dans le film entier, mais une dizaine de Français. Ceci et assez
représentatif de la dominance de la France.
En dépit du fait que l’Organisation des Nations Unies (ONU) avait confié le
Cameroun sous-tutelle française, ce pays a été intégré à l’union française avec les
autres colonies. Le mot argot français des années 1950, « chocolat » signifiant
« être dupé » ou « avoir été volé » décrit précisément la situation du Cameroun
sous-tutelle de la France. Le film Chocolat, juste dans son titre démontre une
description assez complète de la période de colonisation française au Cameroun.
Evidemment, avec le temps les sentiments indépendantistes sont nés et ont
commencé à fleurir. « Les colonisés savent désormais qu’ils ont sur les
colonialistes un avantage. Ils savent que leurs « maîtres » provisoires mentent.
Donc que leurs maîtres sont faibles » (Césaire 4). « Tous les hommes sont frères et
égaux, le Cameroun pour les Camerounais, par les Camerounais » répétait Um
Nyobe pendant son voyage à travers le pays à pieds et à vélo. En 1948, Um Nyobe
a fondé l’Union du Peuple Camerounais, le premier parti politique Camerounais
(Mbembé 255). Il requiert l’indépendance par la non-violence et devient le porte-
parole des sans-voix. En 1952, l’UPC a réussi à obtenir une réunion avec
l’assemblée générale de l’ONU et a avancé ses revendications politiques :
l’unification immédiate du pays (anglophone et francophone), l’établissement
d’une date précise d’indépendance et la reconsidération de la relation réelle entre le
Cameroun et la France dans le cadre de non-intégration dans l’empire coloniale
(Joseph 213). L’UPC ne cessait de s’accroitre, et les grèves sont devenues plus
fréquentes (Osouf).
Apres leur défaite humiliante contre l’Indochine, et le début de la guerre
d’Algérie, les Français ont décidé d’interdire l’UPC. Ils ont envoyé au Cameroun,
un spécialiste dans la répression des mouvements progressistes (Osouf). Cette
partie de l’histoire du Cameroun est comparable à la bataille d’Alger (Pontecorvo).
L’armée française a exporté ses techniques de guerre contre-révolutionnaire au
Cameroun (Mbembé 365). « Um Nyobe faisait la terreur […] j’ai décidé de
l’éliminer […] il refusait la démocratie, donc il se mettait hors-la-loi » dit Pierre
Messmer, ancien premier ministre français dans une interview conduit en 2007
(Osouf). Ces accusations de Messmer et da décision d’éliminer Nyobe peuvent
bien être expliquées par Aimé Césaire : « La malédiction la plus commune en cette
matière est d’être la dupe de bonne foi d’une hypocrisie collective, habile a mal
poser les problèmes pour mieux légitimer les odieuse solutions qu’on leur apporte»
(Césaire 4). Messmer a donc trouvé un moyen de justifier l’assassinat ion d’Um
Nyobe. L’armée française continue à terroriser à travers les bombardements,
torture, exécutions et décapitations. Les têtes décapitées sont exposées en publique,
parfois avec des additions sadiques humoristiques comme une cigarette dans le nez
(Osouf). Chaque attaque déclenchée par l’armée coloniale ne fait que renforcer les
mouvements nationalistes (Joseph 302).
Déterminée à garder le contrôle, la France a devise un nouveau plan et en
1956, le peuple est autorisé à voter au suffrage universel. Ceci dit, l’UPC ne
pouvait pas participer parce que ses leaders étaient soit hors-la-loi en cachette,
emprisonné out exécuté (Mbembé 338). Celle-ci était une stratégie pour identifier
les Camerounais qui pouvaient servir de marionnette à la France. Paris a formé ces
leaders et s’est rassure de leur collaboration à venir. Ahmadou Ahidjo devient le
premier ministre (Joseph 355). Le system colonial n’est plus imposé par force mais
par un contrat signé par Ahidjo et la France. Ce contrat donne le contrôle des
ressources naturelles aux Français (Joseph 282). Les Camerounais doivent leur
demander la permission avant d’exploiter leur propre sous-sol (Osouf). Les
Camerounais refusent que l’indépendance ait lieu sans élections et sans la
participation de l’UPC. Et tout comme la bataille d’Alger, les nationalistes
commettent plusieurs attentat afin d’attirer l’attention.
Le 1er Janvier 1960 marque l’Independence du Cameroun et Ahidjo devient
président/ Derrière cette façade de décolonisation pacifique réussie par Charles De
Gaulle, le pays a basculé dans une guerre qui est restée secrète. Les consignes de
la France ce jour est de ne laisser filtrer aucune information par rapport aux
conflits. La presse est interdite d’aller au-delà des défilés de Camerounais joyeux
qui célèbrent leur indépendance en chantant « au Cameroun, berceau de nos
ancêtres, autrefois tu vécu dans la barbarie … », la première version de l’hymne
national (Osouf). Loin de cette célébration, à l’ouest, les villages Bamilékés
(groupe ethnique le plus peuplé) sont décimés. La différence entre la guerre
d’Independence camerounaise et celle de l’Algérie est que dans celle du
Cameroun, les évènements sont restés cachés et la France a gagné.
Le 6 novembre 1982, Ahidjo démissionne en tant que président, et Paul
Biya, son premier ministre monte au pouvoir. Cet autocrate et « ami de la France »
vient d’entamer sa 29eme année au pouvoir après avoir gagné les élections en
octobre 2011. Du côté de la France, le néocolonialisme a été maintenu par les
leaders comme Jacques Chirac. « L’Afrique n’est pas mûre pour la démocratie »
avait déclaré Chirac en 1990. En 2004, Chirac a encore démontré son point de vue
par rapport à la démocratie et les gouvernements monolithiques en Afrique. Bien
avant que les résultats ne soient annoncés, Chirac a félicité Paul Biya en 2004 pour
sa victoire : «pour un cinquième mandat à la présidence de la République du
Cameroun, je tiens à vous adresser mes cordiales félicitations ainsi que mes vœux
chaleureux de réussite dans votre haute mission. […] sous votre conduite, le
Cameroun demeure résolument engagé au service de la paix et de la stabilité sur le
continent africain» (Kameni). Sept ans plus tard, les élections aux Cameroun se
déroulent encore avec des « irrégularités à tous les niveaux » d’après
l’ambassadeur des Etats-Unis à Yaoundé (RFI). Ce point de vue est aussi partagé
par la plupart des Camerounais qui ont perdu l’espoir d’élections justes depuis le
deuxième mandat présidentiel de Paul Biya. Quant à la France, la situation est
ambigüe. Au départ, le ministre des affaire étrangère Français avait déclaré que les
élections au Cameroun s’étaient déroulées dans des « conditions acceptables.» Un
peu plupart, son porte-parole Bernard Valero a déclaré que « lors du scrutin, de
nombreuses défaillances et irrégularités ont été constatées » (RFI). Les autorités
françaises avaient publiquement critiqué le déroulement des élections au Cameroun
(Kameni). Il est clair que la reconnaissance de l’élection d’un président Africain
(surtout francophone) par Paris est d’une importance cruciale. Paul Biya, inquiet a
donc envoyé des représentatifs au palais de l’Elysée. Le 28 Octobre, un revirement
180° est observé quand Nicola Sarkozy a félicité le président Camerounais. Les
Camerounais se demandent bien quels autres accords secrets se passent entre
Yaoundé et Paris (Kameni).
Nous sommes en 2011 et le Cameroun n’a jamais eu un vrai système
politique démocratique. Apres avoir été soumis à une colonisation farouche au lieu
d’une tutelle, un gouvernement monolithique au lieu d’une démocratie, et une
marionnette de Paris au lieu d’un président indépendant, les Camerounais (ainsi
que sa diaspora) commence à perdre l’espoir. La colonisation et la néocolonisation du Cameroun est du « chocolat. »
Œuvres Citées :
Césaire, Aimé. Discours sur le colonialisme. Paris/Dakar: Présence Africaine,
1955.
Joseph, Richard. Le mouvement nationaliste au Cameroun. Karthala, 1986.
Kameni, Jules. Paris Félicite Yaoundé. Publié le 1er novembre 2011. Accédé le 4
novembre, 2011.
http://kmeroun.com/index.php?option=com_content&view=article&id=409:
paris-felicite-yaounde&catid=6&Itemid=5
Mbembé, Achille. La naissance du maquis dans le sud-Cameroun. Karthala, 1996.
Osouf, Valérie. Le Roy, Gaëlle. Cameroun, autopsie d’une indépendance. France :
Program33. 2007
Oyono, Ferdinand. Une Vie de boy. Paris: Pocket, 1991.
Pontecorvo, Gillo. La bataille d’Alger. 1966
RFI. Elections au Cameroun : Les Etats-Unis dénoncent des failles lors de scrutin.
Publié le 21 Octobre 2011. Accédé le 26 Octobre, 2011.
http://www.rfi.fr/afrique/20111021-elections-cameroun-etats-unisdenoncent-failles-lors-scrutin
RFI. La France lâche-t-elle Paul Biya? Publié le 21 Octobre 2011. Accédé le 26
Octobre, 2011. http://www.rfi.fr/afrique/20111024-cameroun-france-lacheelle-paul-biya
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