Traitement de la spasticité FMC 24/02/2015 Dr Mickael Dinomais - MCU-PH Département de médecine physique et de réadaptation, faculté de médecine, Université d’Angers Service de médecine physique et de réadaptation, Les Capucins, Angers Conflits d’intérêts de l’orateur Mickael Dinomais, spasticité Participation à l’organisation d’ateliers et de formation pour les internes organisés par le COFEMER et subventionnés par Allergan (Botox®) et Ipsen (Dysport®) Participation à des essais cliniques rémunérés : Aucune Obtention de fonds destinés à la recherche: Aucune Membre du COFEMER et de la SOFMER Allergan (Botox®) et Ipsen (Dysport®) et Medtronic sont les partenaires principaux Participation à des groupes d’experts : Aucune Consultant permanent ou salarié habituel : Aucune Part d’entreprises (actions, obligations) : Aucune CAS CLINIQUE 1 Mme X 94 ans, présente des séquelles d’un accident vasculaire cérébral de la ACM droite. Lieu de vie = EHPAD La famille se plaint d’odeurs au niveau de la main gauche L’équipe est en difficulté pour faire la toilette de cette main CAS CLINIQUE 1 Hypertonie majeure du membre supérieur compromettant les soins d’hygiène CAS CLINIQUE 1 Hypertonie majeure du membre supérieur compromettant les soins d’hygiène Proposition d’injection de toxine botulique dans les muscles fléchisseurs de la main (intrinsèques et extrinsèques) CAS CLINIQUE 1 CAS CLINIQUE 1bis CAS CLINIQUE 1bis CAS CLINIQUE 1bis CAS CLINIQUE 2 Mr X, victime d’un AVC de l’ACM gauche Marche possible avec une canne. Il trouve que le pied « tourne de plus en plus ». Il y a un conflit avec la chaussure et une griffe des orteils A l’examen: Commande du muscle tibial antérieur Le tendon d’Achille n’est pas court (mobilisation passive) From guide neurorthopédique CAS CLINIQUE 2 Mr X, victime d’un AVC de l’ACM gauche Marche possible avec une canne. Il trouve que le pied « tourne de plus en plus ». Il y a un conflit avec la chaussure et une griffe des orteils A l’examen: Commande du muscle tibial antérieur Le tendon d’Achille n’est pas court (mobilisation passive) Spasticité focale sur triceps et tibial postérieur CAS CLINIQUE 2 Injection de toxine botulique: Triceps sural Tibial postérieur Fléchisseur orteils Objectif : pied a plat au temps portant de la marche, chaussage confortable Traitement très probablement efficace Poursuite Neurotomie tibiale postérieure à discuter ultérieurement CAS CLINIQUE 2 From guide neurorthopédique CAS CLINIQUE 2 Injection de toxine botulique: Triceps sural Tibial postérieur Fléchisseur orteils Objectif : pied a plat au temps portant de la marche, chaussage confortable Traitement très probablement efficace Poursuite Neurotomie tibiale postérieure à discuter ultérieurement CAS CLINIQUE 3 Patient de 55 ans à domicile SEP avec quadriparésie spastique Déambulation en FRE Difficultés de positionnement au FRE From guide neurorthopédique Difficultés pour réaliser toilette intime par aidants Spasticité diffuse Mb infs Inconfort CAS CLINIQUE 3 Patient de 55 ans à domicile SEP avec quadriparésie spastique Déambulation en FRE Difficultés de positionnement au FRE Difficultés pour réaliser toilette intime par aidants Spasticité diffuse Mb infs Inconfort CAS CLINIQUE 3 Proposition de mise en place d’un dispositif de délivrance intrathécale de Baclofène (pompe à baclofène) Amélioration de l’installation et de la facilité pour la réalisation de la petite toilette Amélioration abduction de hanche Amélioration du confort Introduction Le SNC sain a deux capacités: - Synchroniser le recrutement d’unités motrices à un temps donné pour générer une force ou un mouvement - Relâcher le muscle lorsqu’il n’est pas impliqué dans un effort Ces deux capacités sont souvent partiellement perdues (l’une immédiatement, l’autre plus tard) après une lésion des circuits de l’exécution de la commande motrice. Gracies, Muscle & Nerve 2005 Définition (1) 1980 LANCE : Hyperexcitabilité de l’arc réflexe myotatique entraînant une augmentation vitesse dépendante du réflexe d’étirement avec exagération des réflexes ostéo-tendineux Une des 3 composantes du syndrome pyramidal « upper motor neuron syndrom » = Exagération des réponses à l’étirement phasique dépendantes de la vitesse, au repos = tapes tendineuses ou mouvement passif Définition (2) 1980 LANCE : Hyperexcitabilité de l’arc réflexe myotatique entraînant une augmentation vitesse dépendante du réflexe d’étirement avec exagération des réflexes ostéo-tendineux Une des 3 composantes du syndrome pyramidal « upper motor neuron syndrom » = Exagération des réponses à l’étirement phasique dépendantes de la vitesse, au repos = tapes tendineuses ou mouvement passif Expressions cliniques multiples Clinique : Exagération ROT / clonus Résistance élastique / Score ASHWORTH Associé à un déficit variable de la commande volontaire +/- associé à des troubles sensitifs et des syncinésies de coordination Associé à des phénomènes dystoniques Expressions cliniques multiples Physiopathologie (1) Conséquence d’une lésion du 1er motoneurone (faisceau cortico-spinal) quelle que soit sa topographie Aigu Chronique Atteinte SNC Réarrangement plastique du SNC • Supramédullaire • Médullaire Paralysie Immobilisation en position courte t Nonutilisation Hyperactivité musculaire Spasticité Dystonie Spastique Cocontraction Spastique Autres Gracies, Muscle Nerve, Parésie spastique : histoire naturelle 2005 Aigu Chronique Atteinte SNC Réarrangement plastique du SNC • Supramédullaire • Médullaire Paralysie Immobilisation en position courte t Nonutilisation Hyperactivité musculaire Spasticité Dystonie Spastique Cocontraction Spastique Autres Gracies, Muscle Nerve, Parésie spastique : histoire naturelle 2005 Physiopathologie (2) Complexe / non univoque / mal connue 3 grandes hypothèses : Modification des propriétés mécaniques du muscle (Dietz et Hufschmidt) Apparition de nouvelles synapses (niveau médullaire) Exagération des boucles réflexes médullaires ++ Physiopathologie (3) Exagération du réflexe d’étirement Hyperexcitabilité des fuseaux neuromusculaires (hyperactivité des MN γ : NON Diminution de l’inhibition de Renshaw : NON Diminution des inhibitions autogénique Ib et réciproque Ia : OUI Renforcement de l’effet facilitateur des fibres II : OUI A chaque articulation 1. Désordre musculaire : rétraction des tissus mous = ↓ longueur + ↓ extensibilité 2. Désordre neurologique - Parésie (agoniste) - Hyperactivité musculaire (antagoniste) Gracies, Muscle and Nerve, 2005 Aigu Chronique Atteinte SNC Réarrangement plastique du SNC • Supramédullaire • Médullaire Paralysie Immobilisation en position courte Réarrangement des tissus mous = Rétraction t Nonutilisation Hyperactivité musculaire Spasticité Dystonie Spastique Cocontraction Spastique Autres Gracies, Muscle Nerve, Parésie spastique : histoire naturelle 2005 Spasticité Evaluation Score d’Ashworth Score d’Ashworth modifié Echelle de Held et Tardieu Score d’Ashworth modifié (MAS) 0 Tonus musculaire normal. 1 Augmentation légère du tonus musculaire apparaissant en fin de course. 1+ Augmentation légère du tonus musculaire apparaissant au cours de la 1ère moitié de la course musculaire. 2 Augmentation importante durant toute la course du mouvement. 3 Augmentation considérable du tonus musculaire. Le mouvement passif est difficile. 4 Hypertonie majeure. Mouvement passif impossible. Evaluation spasticité / rétraction Doit répondre à 2 questions : Quels muscles sont responsables des déformations ? Réductibilité ? Existe-t-il des antagonistes ? Examen clinique Blocs anesthésiques moteurs sélectifs Zones d’incertitude Examen clinique : qu’en attendre ? Limites : Faire la différence entre la spasticité et la rétraction Expression des antagonistes Traitements Gênante ? Utile ? Douloureuse ? Fonctionnelle ? Localisée / généralisée ? Evaluation pluridisciplinaire Interdisciplinaire : Médecin MPR (neurologue) Chirurgien orthopédique et/ou neurochirurgien Kinésithérapeute / ergothérapeute Patient (famille/ soignants) MG Envisager toutes les thérapeutiques possibles (ne débouche pas forcément sur un geste chirurgical) Préciser les attentes fonctionnelles du patient Quels objectifs raisonnables ? Objectifs ayant une forte probabilité d’être atteints et pouvant être inclus dans le contrat explicite passé avec le patient et sa famille Objectifs « hygiéniques » Objectifs « esthétiques » Objectifs « antalgiques » Objectifs « fonctionnels » Objectifs hygiéniques Les problèmes d’hygiène : Déformations les plus gênantes : Adductum d’épaule Flessum de coude Flessum du poignet, des doigts et du pouce Macération dans les plis, mycose, odeur nauséabonde de la main, douleurs Retentissement psychologique Traitements Traitements disponibles (1) Méthodes physiques (toujours) Diminution des afférences nociceptives Prévention des complications : kiné / appareillage Toxines botuliques Médicaments PO Dantrolène sodique = Dantrium® Baclofène = Liorésal ® BZD Tizanidine Chirurgie Traitement Physique (1) Eviter installation rétraction musculaire Traitement Physique (2) Restitution de la motricité volontaire Traitements disponibles (2) Méthodes physiques (toujours) Diminution des afférences nociceptives Prévention des complications : kiné / appareillage Toxines botuliques Médicaments PO Dantrolène sodique = Dantrium® Baclofène = Liorésal ® BZD Tizanidine Chirurgie Toxine Botulique Blocs neuromusculaires Toxine botulique Neurotoxine Clostridium botulinum Botox®, Dysport® ou Xéomin® Mode d’action de la toxine botulique Blocage de la libération d’acétylcholine 1. Fixation 2. Internalisation 3. Action toxique Action réversible 4. Repousse axonale 5. Nouvelles plaques motrices Toxine Botulique Injection intra-musculaire locale a proximité des terminaisons nerveuses ou glande salivaire Repérage par stimulation ou échographie Efficace quelle que soit l’étiologie AVC, TC, IMC, SEP… Effet retardé et réversible La toxine : un traitement transitoire et réversible Traitement réversible du fait du sprouting des terminaisons nerveuses Avantage Possibilité « d’essayer » Inconvénient Contraignant comme solution thérapeutique au long cours Durée d’action 2 à 6 mois Délai d’action 10 jours Les inconvénients de la toxine Coût 450 € de produit par séance Effets secondaires Locaux Liés à une mauvaise appréciation/indication Généraux Fatigue, dysautonomie, troubles respiratoires Deux groupes d’indications Inhibition jonction neuro-musculaire Spasticité dans les lésions du système nerveux central Dystonies, mouvements anormaux Strabisme Paralysie thérapeutique Ex protection cornée Contraction musculaire douloureuse ? Contraction musculaire inesthétique ?? Inhibition synapses du S Nerveux Autonome Hyperactivité du détrusor Hyperactivité des glandes sudoripares Difficultés de contrôle de la salivation, bavage Sphincters striés Sphincter uréthral Sphincter anal L’expérience d’un médecin de MPR Fait Toxine dans la spasticité Toxine dans les dystonies Vu, indiqué, discuté Indications ophtalmologiques Bavage Indications urologiques Livresque ou inexistante Hyperhydrose, indications digestives Esthétique La toxine intra-musculaire : Trois groupes de bonnes indications Le primum movens de la situation clinique est une contraction musculaire excessive et focale Ex Torticolis spasmodique Un déséquilibre agonistes/antagonistes existe autour d’une articulation Ex Pied varus équin de l’hémiplégique Main spastique La contraction musculaire est l’élément déterminant d’une douleur, ou d’une gène La toxine intra-musculaire : Trois causes d’échec Le trouble est trop diffus Ex paraplégie spastique Le principal problème est le déficit des agonistes Ex Indications « fonctionnelles » au membre supérieur Il existe déjà des rétractions tendineuses Ex Pied de l’hémiplégique Enfant paralysé cérébral Très bonnes indications : L’hyperactivité du détrusor Patient présentant le plus souvent une pathologie médullaire Incontinence, et/ou Hautes pressions intravésicales malgré un traitement anticholinergique (souvent malgré autosondages) Toxine intradétrusorienne (et souvent autosondage) Bonnes indications : le bavage Injection de toxine botulique, sous échographie dans les glandes salivaires Ne règle pas le problème sous jacent qui est généralement un trouble de la déglutition de la salive Paralysie cérébrale, SLA, divers Mauvaises indications La balance hyperactivité musculaire/déficit a été mal évaluée Situation très fréquente au membre supérieur de l’hémiplégique Mauvaises indications Le trouble est très diffus Situation très fréquente chez le patient paraplégique Traitement de quelques groupes : Adducteurs, Triceps Alternatives : Baclofène intrathécal Les situations où la toxine DOIT être proposée par le médecin Hypertonie musculaire focale Douloureuse Gênante (Hygiène) Menaçant l’état articulaire Principale cause de la dysfonction EN PARTICULIER CHEZ L’ENFANT Hypertonie du detrusor menaçant le haut appareil Traitements Traitements disponibles (2) Méthodes physiques (toujours) Diminution des afférences nociceptives Prévention des complications : kiné / appareillage Toxines botuliques Médicaments PO Dantrolène sodique = Dantrium® Baclofène = Liorésal ® BZD Tizanidine Chirurgie Mickael Dinomais; Montpellier 2011; 61/14 Baclofène • Per os 60 mg = 0.024 mcg/mL intrathécale au niveau lombaire ½ vie: 3 - 4 heures • Intrathécale 600 mcg/jour = 1.24 mcg/mL intrathécale au niveau lombaire lombaire cervicale: rapport concentration 4/1 ½ vie: 4 - 5 heures * http://www.accessmedicine.com * Baclofène per os Prescription possible par tout médecin Comprimé de 10 mg Posologie 3X par jour de 30 à 120 mg/jour le plus souvent (jusque 300mg/jour sevrage) Augmentation progressive (5 à 10 mg X 3) Effets secondaires: Fatigue, somnolence Céphalée Vertige Nausée, constipation Mickael Dinomais; Montpellier 2011; 63/14 Baclofène intrathécale (BIT) Mayfield Clinic AC Miracle et al. ajnr,2010 Mickael Dinomais; Montpellier 2011; 64/14 BIT - indications 1996 pour les pathologies supraspinales Ashworth modifié ≥ 3 gêne fonctionnelle bénéfices >>> inconvénients Objectifs personnalisés > 6 ans > 15 - 20 kg Mickael Dinomais; Montpellier 2011; 65/14 BIT - bénéfices Diminution spasticité: Gilmartin et al. J Child Neurol, 2000 Awaad et al. J Child Neurol, 2003 Membres supérieurs: -1 point (Ash modifié) Membres inférieurs: - 2 points (Ash modifié) Amélioration Douleurs Soins de nursing Paramètres de marche Campbell et al. DMCN, 2002 Brochard et al.Pediatr Neurol , 2009 Prévention orthopédique Krach et al.Pediatr Neurol , 2004 Efficacité plus incertaine si dystonie Traitements disponibles (3) Chirurgie : Neurotomies périphériques DREZ-tomie Transferts tendineux Ténotomies, myotomies Allongements tendineux Arthrodèse Arthrolyse Traitements disponibles (3) DREZ-otomie Traitements disponibles (3) Questions posées par la chirurgie : A quel moment intervenir ? Pas en première intention Gestion des risques et des suites opératoires Risques cutanés Risques vasculonerveux Risques infectieux Gestion des immobilisations CONCLUSION Pluri ou Interdisciplinarité Contrat clair et réaliste avec le patient Traitement si spasticité gênante Moyens en fonction focal/généralisée Spasticité Objectifs •Gênante ? •Utile ? •Douloureuse ? •Fonctionnelle ? •Localisée / généralisée ? •Objectifs « hygiéniques » •Objectifs « esthétiques » •Objectifs « antalgiques » •Objectifs « fonctionnels » •Objectifs de « confort » •A tout âge Réversible -Toxine botulinique -Baclofène, Valium per os -Baclofène Intrathécal (ITB) Locale Générale -Neurotomie fasciculaire sélective -Radicotomie postérieure sélective Irréversible Merci de votre attention