chapitre iii. particules équivalentes en vietnamien

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1
UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANOI
ÉCOLE SUPÉRIEURE DE LANGUES ÉTRANGÈRES
Mémoire de fin d’études post-universitaires
ÉTUDES DES PÉRIPHRASES ASPECTUELLES EN
FRANÇAIS ET LEURS ÉQUIVALENTS EN VIETNAMIEN.
NGHIÊN CỨU MỘT SỐ CỤM ĐỘNG TỪ DIỄN ĐẠT THỂ TRONG TIẾNG PHÁP VÀ
CÁC CÁCH BIỂU ĐẠT TƯƠNG ĐƯƠNG TRONG TIẾNG VIỆT
Directeur de recherche: Mme Professeur-Docteur Vũ Thị Ngân.
Réalisé par
: Nguyễn Thị Thu Hương
Hanoi 2007
2
REMERCIEMENTS
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude et mes vifs remerciements envers mon
directeur de recherche, Madame le Professeur Vũ Thị Ngân pour le temps qu’elle a bien
voulu consacrer à la relecture de ces pages et pour ses remarques précieuses. Sans son aide,
ce mémoire n’aurait pas vu le jour.
Je voudrais aussi adresser mes remerciements chaleureux et sincères à mes
professeurs de l’Ecole Supérieure de Langues Étrangères, Université Nationale de Hanoi à
qui je dois les connaissances et le courage pour le travail de recherche.
Je remercie infiniment mes proches pour leur soutien moral durant la rédaction de
ce mémoire sans lequel je n’aurais pas pu mener à bien ce travail.
3
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements
2
Table des matières
3
Introduction
7
CHAPITRE I : ASPECT EN FRANÇAIS
10
I. Définitions de l’aspect
10
II. Classement des types d’aspect
12
1. Aspect grammatical
12
1.1. Aspect accompli
14
1.2. Aspect inaccompli
14
1.3. Aspect global
14
1.4. Aspect sécant
14
1.5. Aspect prospectif
15
1.6. Aspect résultatif
15
2. Aspect lexical
2.1. Aspect imperfectif
15
16
2.1.1. États
16
2.1.2. Activités
17
2.2. Aspect perfectif
17
2.2.1. Accomplissements
17
2.2.2. Achèvements
18
CHAPITRE II : PÉRIPHRASES ASPECTUELLES EN FRANÇAIS
21
I. Définitions
21
II. Rôle des périphrases aspectuelles
22
1. Aspect prospectif
22
2. Aspect inchoatif
23
3. Aspect progressif
23
4. Aspect terminatif
23
5. Aspect résultatif
23
4
III. Caractéristiques des périphrases aspectuelles
23
1. Structure
24
2. Valeur lexicale
24
3. Position
24
IV. Emplois des périphrases aspectuelles
1. Périphrase à valeur prospective: Aller+infinitif
25
25
1.1 Particularités
25
1.2. Combinaison avec les procès
27
1.2.1 Combinaison avec les états
27
1.2.2. Combinaison avec les activités et les accomplissements
27
1.2.3. Combinaison avec les achèvements
28
2. Périphrases à valeur inchoative
2.1. Commencer à/de+infinitif
29
29
2.1.1. Commencer et ses prépositions
29
2.1.2. Combinaison avec les procès
32
- Combinaison avec les états
33
- Combinaison avec les activités et les accomplissements
34
- Combinaison avec les achèvements
34
2.2. Se mettre à + infinitif
36
2.2.1 Particularités
36
2.2.2. Combinaison avec les procès
36
- Combinaison avec les états
36
- Combinaison avec les activités et les accomplissements
37
- Combinaison avec les achèvements
38
3. Périphrases à valeur progressive
3.1. Être en train de + infinitif
39
39
3.1.1 Particularités
39
3.1.2. Combinaison avec les procès
41
- Combinaison avec les états
41
5
- Combinaison avec les activités et les accomplissements
42
- Combinaison avec les achèvements
44
3.2. Continuer à +infinitif
46
3.2.1. Particularités
46
3.2.2. Combinaison avec les procès
48
- Combinaison avec les états
49
- Combinaison avec les activités et les accomplissements
49
- Combinaison avec les achèvements
50
4. Périphrases à valeur terminative
50
4.1. Particularités
50
4.2. Cesser de + infinitif
51
4.2.1. Combinaison avec les états
51
4.2.2.Combinaison avec les activités et les accomplissements
52
4.2.3. Combinaison avec les achèvements
53
4.3. Finir de + infinitif
54
4.3.1. Combinaison avec les états
54
4.3.2. Combinaison avec les activités et les accomplissements
55
4.3.3. Combinaison avec les achèvements
56
Chapitre III. Particules équivalentes en vietnamien des périphrases aspectuelles
58
I. Aspect en vietnamien
58
1. A propos de temps et d’aspect en vietnamien
58
2. Types de procès
59
2.1. Verbes d’état
59
2.2. Verbes d’activité
59
2.3. Verbes d’accomplissement
60
2.4. Verbes d’achèvement
60
3. Classement des aspects
60
3.1. Aspect accompli
61
3.2. Aspect progressif
61
6
3.3. Aspect itératif
61
3.4. Aspect prospectif
61
3.5. Aspect inchoatif
62
3.6. Aspect terminatif
62
3.7. Aspect résultatif
62
4. Moyens d’expression
62
4.1. Particules antéposées du verbe
63
4.2. Particules postverbales
63
II. Particules équivalentes des périphrases aspectuelles
1. Aller+infinitif et sắp/sẽ
64
64
1.1. Définitions
64
1.2. Emplois de sắp/sẽ
64
1.2.1. Présence obligatoire de sẽ
65
1.2.2. Présence obligatoire de sắp
66
1.3. Remarques
2. Être en train de + infinitif et đang
66
68
1. Définitions
68
2. Emplois de đang
69
3. Remarques
74
3. Finir de + infinitif /xong
75
3.1. Définitions
75
3.2.Emplois de xong
75
3.3. Remarques
77
4. Cesser de + infinitive /Ngừng, Thôi
77
4.1. Définitions
77
4.2. Emplois de ngừng/ thôi
77
3.4. Remarques
79
CONCLUSION
81
BIBLIOGRAPHIE
83
7
INTRODUCTION
Apprendre une langue étrangère est en général chose difficile pour beaucoup de
gens et en particulier pour les Vietnamiens qui rencontrent un grand nombre de difficultés
au cours de l’apprentissage du français, car le vietnamien est une langue isolante, toutes les
notions de mode, de temps et d’aspect en vietnamien s’expriment par des unités lexicales.
Mais en français ces notions sont exprimées à la fois par les unités lexicales et par la
morphologie des catégories variables. Alors la grammaire du français s’avèrerait beaucoup
plus complexe.
Les apprenants vietnamiens qui apprennent le français se trouvent souvent dans
l’embarras devant les phénomènes concernant les notions de temps, de modalité et de
l’aspect. Parmi lesquelles, l’aspect est une notion très difficile à saisir même pour les
français. Pour les apprenants vietnamiens, cette difficulté est double du fait de grande
différence entre deux langues en matière d’encodage des données aspectuelles.
On sait que chaque langue doit trouver des moyens pour exprimer telle ou telle
notion qui existe dans les autres langues. Le français recourt à plusieurs procédés pour
décrire tous les types d’aspect comme : les formes verbales, les adverbes, les
périphrases…tandis que le vietnamien ignore certains moyens (par exemple les formes
verbales, les périphrases). Cependant, le vietnamien possède un système très développé des
moyens lexicaux qui jouent le rôle d’un morphème grammatical. C’est la différence des
moyens d’expression aspectuels et aussi
de leurs utilisations qui font apparaître les
confusions dans l’expression ainsi que dans la compréhension de l’aspect en français chez
les apprenants vietnamiens. Ils ont du mal à bien maîtriser les moyens d’expression
aspectuelle en français notamment les périphrases verbales. Ils formulent des phrases
incorrectes comme : *Paul est en train de malade. * Il est en train de pleuvoir. C’est parce
8
qu’en vietnamien, on dit naturellement :Paul đang ốm/ Trời đang mưa. Dans ces cas, il
s’agit de l’interférence de la langue maternelle dans l’acquisition de la langue étrangère.
La réflexion sur ces phénomènes nous ont poussé à choisir l’étude des expressions
de l’aspect en français et leurs équivalents en vietnamien comme sujet de notre recherche.
Nous espérons que ce travail pourrait contribuer à une présentation plus claire et plus
opératoire sur l’utilisation des moyens d’expression aspectuelle en français ainsi qu’en
vietnamien. Cependant, faute de temps et dans le cadre de ce mémoire, nous ne sommes
pas en mesure de traiter à fond tous les problèmes de l’aspect, nous devons donc nous
limiter à étudier certaines périphrases aspectuelles en français et leurs équivalents en
vietnamien. Nous laisserons les autres problèmes concernant l’aspect pour un travail
ultérieur.
Dans ce travail de recherche, nous nous sommes posées des questions suivantes :
- Quels sont les moyens d’expression de l’aspect en français ?
- Quels sont les emplois et valeurs des périphrases aspectuelles en français ?
- Comment et par quel moyen linguistique, ces nuances aspectuelles sont-elles
exprimées en vietnamien ?
Pour le corpus d’analyse, nous avons choisi des exemples tirés des conversations
quotidiennes, des énoncés dans certains romans français. Nous empruntons également des
exemples
dans les travaux déjà publiés des autres linguistes qui travaillent dans ce
domaine.
En ce qui concerne la méthodologie de recherche, nous nous appuyons
essentiellement sur l’ensemble des méthodes analytique, descriptive, comparative et
synthétique. En analysant le corpus choisi, nous essayerons de dégager le contenu
sémantique et déterminer les emplois, les valeurs aspectuelles de certaines périphrases
verbales les plus utilisées en français. En fonction des résultats de ces analyses, nous
9
essayerons de trouver des équivalents en vietnamien en donnant des remarques concernant
leurs différences et leurs ressemblances.
Notre mémoire comprend trois chapitres :
Dans le premier chapitre, nous présenterons les fondements théoriques concernant
l’aspect du français tels que la définition de l’aspect, la typologie de l’aspect, les
caractéristiques des procès.
Le deuxième chapitre sera consacré à des définitions de la périphrase verbale en
général et à celles de la périphrase aspectuelle en particulier. Nous réserverons une grande
place à l’analyse du corpus afin de confirmer le rôle, la valeur et la combinaison avec les
procès de certaines périphrases aspectuelles.
Dans le troisième chapitre, nous aborderons d’abord l’aspect en vietnamien et puis
l’analyse de certains marqueurs aspectuels équivalents aux périphrases aspectuelles
françaises présentées dans le chapitre précédent.
10
CHAPITRE I : ASPECT EN FRANÇAIS.
I. DÉFINITIONS.
A notre connaissance, la notion de l’aspect, apparue au dix-neuvième siècle dans la
grammaire russe, fait l’objet de nombreuses études de grands linguistes dans le monde
entier. En français, elle est abordée plus tard, c’est jusqu’aux années 20 du vingtième
siècle que Gustave Guillaume qui a mis le premier véritable effort de théorisation des
phénomènes aspectuels. Il oppose le temps externe qui sert de cadre aux états et aux
événements qui permet de les situer les uns par rapport aux autres ou par rapport à des
datations plus ou moins précises, et le temps interne à ces états et événements qui
constitue leur durée. On réserve aujourd’hui le terme temps pour désigner le temps
externe, alors que le temps interne est dénoté par celui d’aspect. Hors ses emplois,
d’autres linguistes procèdent aux recherches dont le but principal est de résoudre le
problème de l’aspect dans toute sa complexité, dans toute la multiplicité des relations
aspectuelles. Ils donnent les différentes définitions de l’aspect selon leurs points de vue et
nous en citons ici quelques-unes afin de pouvoir trouver ses principales caractéristiques.
Selon Aslanides dans “Grammaire du français, 2001” : «L’aspect est la catégorie
par laquelle l’énonciateur conçoit le déroulement interne d’un procès»
Ou bien, l’aspect, c’est «Le procès considéré sous l’angle de son développement
interne» (C. Baylon, Grammaire systématique de la langue française, 1995.)
«Toute référence temporelle intérieure au procès» ( T.Pohl, Le français moderne,
1964) (cité par Baylon)
Les définitions sont nombreuses mais elles ne sont pas vraiment contradictoires.
Nous trouvons que la définition de M. Riel et al ( Grammaire méthodique du français,
2001.) est plus complète.
11
«D’un point de vue interne, le procès peut être envisagé en lui-même sous l’angle
de son déroulement interne. En effet, indépendamment de toutes considérations
chronologiques, tout processus implique en lui-même, une durée plus ou moins longue
pour se développer et se réaliser. On peut concevoir ce déroulement interne de la façon
globale ou l’analyser dans ses phases successives (de son début à sa fin). Le passé simple,
“il voyagea” présente globalement le procès passé alors que dans “il se mit à voyager”,
la périphrase verbale “se mettre à” saisit le procès à son début. Toutes ces façons
d’envisager le déroulement du procès relèvent de l’aspect.»
Tout procès demande en effet pour s’accomplir une certaine durée qui implique
une borne initiale, un laps de réalisation et une borne finale. On peut les décrire dans le
schéma comme suit :
A
B
------------[--------------]------------(A : terme initial, B : terme final, A-B : laps de réalisation,)
Le point de l’événement (T’) peut se situer en différents endroits selon la
perception du procès . Si celui-ci est non encore commencé (il va voyager) le point T’ sera
situé avant la borne initiale.
------------T’[--------------]------------Si le procès est accompli (il a voyagé) le point T’ sera situé après la borne finale, indiquant
que son terme a été atteint
------------[--------------]T’------------Les différentes positions occupées par le repère T’ illustrent différentes perceptions du
procès, saisi aux différentes phases de son déroulement. Si le procès est en cour
d’accomplissement, T’ peut avoir certaines positions entre les deux bornes (tout près de la
borne initiale, la borne finale ou la continuation).
12
II. CLASSEMENT DES TYPES D’ASPECT.
Guillaume, le linguiste d’avant-garde qui fonde la théorie de l’aspect, propose que
l’aspect se révèle de manière générale dans le système verbal français et appartient à toutes
les étapes de la réalisation temporelle. Il distingue deux aspects en français : l’aspect
inaccompli (exprimé par les formes simples du verbe) et l’aspect accompli (exprimé par les
formes composés du verbe). À côté, certains d’autres linguistes cherchent à établir les
différents moyens linguistiques et les diverses notions aspectuelles correspondantes. Dans
cette tâche, on peut suivre une démarche onomasiologique, en distinguant d’abord les
différentes notions aspectuelles pour arriver aux divers moyens linguistiques qui les
expriment et à l’inverse. Les moyens linguistiques les plus étudiés appartiennent à deux
catégories : l’aspect lexical pour les notions aspectuelles contenues dans le groupe verbal
(verbe et argument), l’aspect grammatical, pour les notions aspectuelles exprimées par la
flexion verbale.
L’aspect lexical correspond au type de procès (activité, état, accomplissement,
achèvement) exprimé par le lexème verbal et son environnement actanciel. L’aspect
grammatical définit le mode de présentation du procès (accompli, inaccompli, itératif…)
tel qu’il est indiqué essentiellement par les marqueurs grammaticaux (temps
morphologiques, co-verbes, adverbes d’aspect…)
1. Aspect grammatical :
Le modèle de représentations aspectuo-temporelles de L.Gosselin (1997) met en
œuvre quatre types d’intervalles disposés sur l’axe de temps. Chaque intervalle qui est
présenté par un couple de points marquant les bornes, est pourvu d’une signification
cognitive spécifique :
13
- L’intervalle du procès correspond au procès lui-même (tel qu’il est exprimé par le
prédicat verbal, indépendamment des marques d’aspect grammatical), présenté par [B1,
B2].
- L’intervalle de référence qui présente ce qui est perçu/montré sur l’axe temporel
est noté par [I, II].
- L’intervalle de l’énonciation qui correspond à la durée entre le début et la fin de
l’énonciation est noté par [01, 02].
- L’intervalle de circonstanciel exprimé par les compléments circonstanciels de
temps qui servent à localiser l’intervalle du procès et /ou l’intervalle de référence est noté
par [ct1, ct2].
Et l’aspect grammatical se trouve défini comme la relation entre l’intervalle de
référence [I,II] (ce qui est perçu et montré sur l’axe temporel) et l’intervalle de procès [B1,
B2]. [I,II] est l’intervalle choisi par le locuteur pour asserter le procès à décrire. En
changeant cet intervalle, le locuteur change de perspective et le procès à décrire aura des
propriétés différentes. Entre l’intervalle de référence et l’intervalle de procès, il existe de
différents types de relation :
- Si [I, II] est inclus dans le [B1, B2], on ne peut pas voir tout le procès. On ne sait
qu’il est en cours.
- Si [I, II] inclut le [B1, B2], on voit tout le procès
- Si [I, II] entre en intersection avec le [B1, B2] µ la fin, on sait que le procès a
terminé.
- Si [I, II] est avant le [B1, B2], on prédit que le procès va avoir lieu.
Nous avons par conséquent des aspects grammaticaux différents que nous
représenterons par des schémas dans lesquels le fil du temps est représentés par celui des
points (….)
14
1.1. Aspect accompli.
Cet aspect nous fait voir l’état résultant du procès. C’est-à-dire qu’il traduit le
procès au-delà de son terme, comme étant réalisé, achevé. L’aspect accompli est exprimé
par les formes composées. L’intervalle [I, II] est postérieur à [B1, B2]. Ex : Il a terminé sa
soupe (depuis 5 minutes)
……………B1…….B2……...I……..II………..
1.2.Aspect inaccompli
L’aspect inaccompli ne présente qu’une partie du procès. Autrement dit, le procès
est vu en cours d’accomplissement et il est exprimé par les formes simples des verbes.
L’intervalle de référence [I, II] est inclus dans celui du procès [B1, B2]. (Les bornes
initiale et finale du procès ne sont pas prises en compte). Ex : Il mangeait sa soupe.
………B1……..I……..II………B2……….
1.3. Aspect global.
Le procès est perçu de l’extérieur, dans sa globalité, considéré comme un tout
indivisible. Il est montré dans son intégralité. Dans ces cas, [I, II] coïncide avec [B1, B2].
Cet aspect est présenté par le passé simple et le futur simple. Ex : Il mangea sa soupe.
I
II
………..B1……….B2……….
1.4. Aspect sécant.
Avec l’aspect sécant, l’intervalle de référence est envisagé sans limites ; il est perçu
de l’intérieur et découpé en deux parties : une partie réelle nette et une partie virtuelle
floue, à cause de l’effacement de la limite finale.
15
1.5. Aspect prospectif.
Cet aspect présente la phase préparatoire du procès. L’intervalle de référence [I, II]
est antérieur à l’intervalle du procès [B1, B2]. Pour décrire l’aspect prospectif, le français
utilise la périphrase : aller+ verbe infinitif
Ex : Il va sortir (car il est habillé)
…………I………II…………B1……….B2………..
Pour insister sur le dégrées d’approchement entre [I, II] et [B1, B2], on peut aussi utiliser
d’autres moyens lexicaux comme la périphrase : être sur le point de + verbe infinitif.
Ex : Quand vous êtes arrivés, j’étais sur le point de partir.
1.6. Aspect résultatif
L’intervalle de référence est postérieur à l’intervalle du procès. Cet aspect peut être marqué
de deux moyens, soit par la périphrase venir de+ verbe infinitif soit par les formes
verbales.
………….B1……….B2……….I…………II…………..
2. Aspect lexical.
L’aspect lexical désigne les notions temporelles incluses dans la sémantique du
prédicat minimal, comprenant le verbe et son argument (ex : finir le devoir). Il exprime de
quelle manière se déroule le procès qu’il envisage. ‘Éclater’ suppose un procès instantané
et ‘dormir’ un procès qui dure. Ces traits sémantiques constituent ce que les linguistiques
appellent mode de procès (ou mode d’action). Les modes de procès ont une dimension
aspectuelles en ce qu’ils indiquent comment se manifeste le déroulement du procès, mais
ils sont rattachés au signifié de chaque acception du verbe, et aussi aux prédicats verbaux.
En fonction du mode de procès du verbe, on distingue quatre classes fondamentales dont
les deux premiers appartiennent à l’aspect imperfectif et les deux derniers à l’aspect
perfectif
16
2.1. Aspect imperfectif
Riegel et al (2001) propose que l’aspect imperfectif envisage le procès dans son
déroulement, sans visée à un terme final. Le procès est engagé dès que le seuil initial est
franchi et il est perçu comme indéfini et prolongeable, à moins qu’un événement extérieur
ne vienne l’interrompre (l’action de marcher est engagée dès qu’on a fait un pas et elle
peut linguistiquement se prolonger indéfiniment, même si en réalité elle est bornée par le
temps, la fatigue ou d’autres contraintes extérieures). En effet, l’aspect perfectif est
homogène, non borné (non-télique) ou non terminatif et il est représenté par les verbes
d’état et d’activité.
2.1.1. États
Les États sont en général (-1dynamique, -borné, -ponctuel). Cependant, le terme
‘- borné’ est, d’une certaine façon, trompeur. Certains procès de la catégorie d’état comme
être malade…sont bornés. A l’imparfait, ils ont l’interprétation itérative comme dans : “A
ce temps-là, il était malade (plusieurs fois)”. Par contre, d’autres comme être mort… au
même temps verbal n’ont pas cette interprétation. C’est pourquoi les états représentés
principalement par être+ adjectif peuvent être subdivisés en deux groupes :
- Etats nécessaires2 (- dynamique ; - borné ; - ponctuel) : être un animal, être rond, être
carré……
- Etats contingentes3 ( -dynamique ; *4 borné ; -ponctuel) : être malade, être fatigué, être
absent…
1
2
(-: caractère négatif)
( État nécessaire: Catégorie des procès marqués duratifs
(État contingent: Catégorie des procès marqués duratifs qui ont une fin inhérente
4
(*: borne extrinsèque)
3
17
2.1.2. Activités
Les activités, (+1dynamique, * borné, - ponctuel) dénotent des procès duratifs qui,
à la différence des états, sont considérés comme se déroulant dans le temps et ne sont pas
temporellement restreints de façon stricte.
Ex : marcher, courir, regarder un tableau, écrire, travailler, dormir, chercher une
solution, fumer…Comme ces verbes ressemblent également aux verbes d’état en ce qu’ils
ne sont pas terminatif, donc, il est impossible de poser la question sur leurs durées.
L’emploi des articles devant les compléments d’objet (un, du, des, les) joue aussi un rôle
important pour déterminer les types du procès. Ainsi, fumer, fumer des cigarettes, boire,
boire de l’eau …sont des verbes d’activité, car la quantité de cigarette et de l’eau n’est pas
clairement précisée, alors que fumer un cigarette, boire un verre d’eau n’appartiennent pas
à ce type. Ils sont des verbes d’accomplissement qui sont nommés suivant.
2.2. Aspect perfectif
L’aspect perfectif est, au contraire de l’aspect imperfectif, envisage le terme du
procès. Le procès n’acquiert d’existence complète et véritable que lorsqu’il est parvenu à
son terme (ainsi, l’action de sortir n’est réalisé qu’après le seuil) et une fois son terme
atteint, le procès exprimé ne peut être prolongé, mais il peut être éventuellement
recommencé. L’aspect perfectif est borné et non homogène. Il est exprimé par les verbes
d’accomplissement et d’achèvement.
2.2.1. Accomplissements
Les accomplissements, (+dynamique, +borné, -ponctuel) ont une fin déterminée et
n’impliquent pas forcément une transition, un changement d’état.
1
(+: caractère positif)
18
Ces procès sont présentés par les syntagmes verbaux suivants : manger une pomme,
rentrer chez soi, courir 100 mètres, construire une maison, écrire une lettre, tracer un
cercle…On note que les verbes ci-dessus sont des verbes transitifs, ils sont suivis d’un
complément d’objet direct dont la quantité est clairement limitée. Ces syntagmes verbaux
renvoient à des événements qui ont une certaine extension temporelle. Alors, ils sont bien
associés à une forme progressif telle que le groupe ‘être en train de’. On peut
naturellement se demander combien de temps un événement a pris pour s’accomplir.
2.2.2. Achèvements
Les achèvements, (+dynamique, +borné, +ponctuel) présuppose un état antérieur à
la réalisation du procès (état A) et un état résultant postérieur à celui-ci (état B).
Apercevoir un avion, sursauter, atteindre un sommet, entrer, sortir, naître, mourir,
trouver, arriver, gagner, exploser, éclore…sont des procès d’achèvement, car une fois son
terme atteint, le procès ne peut pas être prolongé. Ils renvoient à des événements qui sont
par nature instantanés, ponctuels ou momentanés. Il est donc impossible de se demander
combien de temps a duré un événement ou au bout de combien de temps il s’est terminé.
Pourtant, il y a des cas où le temps verbal et les compléments modifient le sens et l’aspect
du verbe d’achèvement.
Ex : Il mourait tous les soirs au troisième acte.
Dans cet énoncé, mourait exprime un procès itératif dans le passé.
La première et principale difficulté que rencontre la mise en application de ce type
de classification consiste à définir des critères de validation pour déterminer le type de
procès dans un énoncé. Qu’est-ce qui permet de dire que tel prédicat verbal exprime bien
une activité plutôt qu’un état ou un accomplissement, par exemple ? En se basant sur des
tests linguistiques ainsi que des analyses linguistiques, Gosselin (1997) nous donnent
19
quelques particularités de chaque type de procès qui nous aident efficacement dans cette
distinction très complexe :
-L’état doit son unité au fait qu’il subsume une situation dépourvue de tout
changement interne. Ses bornes correspondent à l’irruption de changements. Pourtant il est
clair que cette absence de changement ne relève pas de la réalité extérieure à la langue,
mais résulte d’une attitude conventionnelle et, en grande partie, arbitraire qui consiste à
ignorer les changements internes du procès (être malade, habiter un château…)
- Les accomplissements et les activités contiennent des séries de changement. Le
découpage de leur figure est lui aussi partiellement motivé par leur configuration : l’unité
des accomplissements provient de celle du domaine parcouru par la progression qu’ils
expriment, alors que celles des activités tient au fait que les changements constitutifs de la
série de changements sont tous du même type. Si ‘construire une maison’ désigne un
accomplissement, c’est parce que les changements internes à la série peuvent être de nature
très différente, mais qu’ils participent tous à une même progression affectant un même
domaine borné. En revanche, marcher, nager, manger des nouilles … expriment des
activités parce que l’ensembles des changements qui constituent la configuration de chacun
de ces procès sont tous du même type. C’est pourquoi on peut dire que les activités,
comme les états, ont une référence homogène. En ce sens, les activités ont nécessairement
un caractère itératif. Le point d’arrêt de ces types est arbitraire. On peut distinguer les
accomplissement des activités par le biais des questions en combien de temps et pendant
combien de temps. Les accomplissements peuvent répondre à la première mais pas à la
seconde alors qu’à l’inverse, les activités répondent à la seconde mais pas à la première.
- Les achèvements tire son unité du fait qu’il correspond, au plan cognitif, à un
changement atomique ; mais on l’a vu, ce caractère atomique du changement résulte luimême d’une convention sémiologique qui consiste à ignorer toute progression interne.
20
On peut distinguer les achèvements des accomplissements par le fait que ceux-ci ne
peuvent apparaître avec des adverbes comme : «lentement», «méticuleusement»,
«soigneusement»...
Nous présentons ci-après le tableau récapitulatif des quatre classes verbales :
Classes
Traits
Dynamique
Borné
Ponctuel
Exemple
nécessaire
-
-
-
être rond…
contingent
-
*
-
être malade
Activités
+
*
-
courir
Accomplissements
+
+
-
Courir100m
Achèvement
+
+
+
tomber
États
- Vendler (1967). (Cité par Phan Thi Tinh) La classification des types de procès et la distinction des types d’aspect sont les
fondements théoriques très importants car les particularités de chaque type du procès
influent sur
la relation entre l’aspect lexical et l’aspect grammatical, surtout sur la
possibilité de combinatoire entre les périphrases aspectuelles et les quatre types de procès
que nous aborderons dans les parties suivantes.
21
CHAPITRE II: PÉRIPHRASES ASPECTUELLES EN FRANÇAIS.
I. DÉFINITIONS.
En général, un terme linguistique est souvent défini par plusieurs linguistes qui ont
des points de vue différents sur le même phénomène. Le terme « périphrases verbales »
n’est pas un cas particulier. C’est pourquoi nous voulons présenter certaines définitions
pour trouver les caractéristiques principales des périphrases verbales en général et des
périphrases aspectuelles en particulier :
D’après le dictionnaire de la linguistique de Georges Mounin (Quadrige, 1974):
«Une périphrase est l’ensemble de deux ou plusieurs mots formant une lexie ou
considéré comme ayant un seul signifié»
On peut citer une autre définition inscrite dans un livre de la grammaire en 6è :
(Mme Isabelle Grellet, Mme Guy Blandino et al, Hachette, 1990)
«Une périphrase verbale est un groupe de plusieurs mots qui fonctionne comme un
verbe. Elle utilise l’infinitif du verbe précédé d’un verbe auxiliaire. Grâce à ces verbes
auxiliaires, les périphrases verbales permettent de traduire une nuance de temps, d’aspect
ou de modalité d’un fait. Ces verbes sont donc appelés auxiliaires de temps, d’aspect ou
de modalité.
Ex : Il va
finit de
écrire
commence à
«Les périphrases verbales sont des locutions formées d’un verbe dont le sens
propre est plus ou moins effacé, et d’une participe ou infinitif, d’autre verbe qui, lui, a
gardé tous son sens». (Gougenheim.G, 1929)
22
A travers ces définitions, nous constatons qu’il existe trois types de périphrases verbales :
- Des périphrases temporelles : il y en a deux, celle du passé récent (Il vient de sortir) ;
et celle du futur proche (Il va sortir). (Cependant, on a pu contester leur dénomination et
les regarder comme des périphrases aspectuelles)
- Des périphrases aspectuelles : elles se font porteuses de toutes les nuances d’aspect
que la conjugaison du verbe est difficile d’exprimer comme l’aspect inchoatif (= le début
de l’action : il se mit à chanter, il commença à chanter.), l’aspect terminatif (Il finit de
manger. Il cesse de chanter)...
- Des périphrases modales : qui sont les plus connues, et qui, malgré la diversité de
leur apport, se laissent ramener à l’expression générique de l’éventualité : (Il peut chanter.
Il veut chanter. Il doit chanter. Il ose chanter.)
II. RÔLE DES PÉRIPHSASES ASPECTUELLES
En français, il y a trois types de périphrase mais dans le cadre de ce mémoire, nous
n’abordons que les périphrases aspectuelles (on les appelle aussi les auxiliaires aspectuels)
et nous mettrons en relief sur les couples de synonymes car ils expriment le même aspect
mais leurs nuances sémantiques sont tellement subtiles qu’ils provoquent des embarras
chez les apprenants.
Dans l’expression de l’aspect, les périphrases aspectuelles jouent un rôle très
important car elles permettent d’évoquer des points particuliers du déroulement de procès
que les autres procédés sont incapables de décrire.
1. Aspect prospectif.
Cet aspect, exprimé par les périphrases être sur le point de, aller + infinitif, indique
un fait qui va avoir lieu juste après un point de référence choisi. Dans ce type de l’aspect,
23
on distingue aussi l’aspect prospectif exprimé par être sur le point de de l’aspect
imminentiel exprimé par le verbe aller précédé d’un infinitif.
2. Aspect inchoatif.
Le mot inchoatif, signifiant qui est au commencement, exprime le début d’une
action. On recourt à commencer à, se mettre à …+ infinitif pour exprimer cet aspect.
3. Aspect progressif
Cet aspect est traduit par être en train de, continuer à …+ infinitif
4. Aspect terminatif
L’opposé de l’aspect inchoatif qui souligne la limite initiale du procès, l’aspect
terminatif en souligne la limite finale au moyen des périphrases finir de, cesser de, achever
de…+ infinitif.
5. Aspect résultatif
Cet aspect, exprimé par venir de+ infinitif, traduit un fait qui vient de se produire
par rapport à un point de référence choisi.
III. CARACTÉRISTIQUES DES PÉRIPHRASES ASPECTUELLES.
Les périphrases aspectuelles sont à la fois les morphèmes grammatical et lexical car
elles jouent le rôle d’un auxiliaire comme être et avoir et gardent en même temps leur
valeur lexicale. Le sens propres de chacun influe une grande partie sur son fonctionnement
dans l’énoncé. Les périphrases aspectuelles ont des particularités comme suit :
24
1. Structure.
La structure d’une périphrase est en général
demande
tous
les
éléments
nécessaires
et
très étroite. C’est-à-dire qu’elle
obligatoires
pour
fonctionner.
(Ex :verbe+préposition+infinitif). Mais il y a aussi quelques périphrases assez lourdes
morphologiquement comme être sur le point de ou être en train de qui ont une structure
plus relâchée. On peut facilement intercaler les autres éléments dans ce groupe ( La mère
qui est toujours en train de travailler) ou rejeter le verbe être dans certains cas. (Elle était
grosse comme une femme sur le point d’accoucher. J’étais à la basse-cour, en train de
nettoyer les clapiers).
2. Valeur lexicale.
La plupart de périphrases gardent elles-mêmes leur valeur lexicale. Ce caractère
impose des restrictions de sélection sur le type des prédicats verbaux infinitifs que les
périphrases introduisent (Il commence à boire/ mais *1Il commence à être malade) et aussi
le choix du temps. (Il était en train de boire/ *Il avait été en train de boire). Cependant, il
existe quelques périphrases qui perdent totalement la valeur lexicale comme : aller et venir
de
3. Position dans un énoncé.
Dans un énoncé, les périphrases
aspectuelles sont souvent mises après les
périphrases temporelles et modales… Elles doivent suivre un ordre rigide comme suit:
Modalité>temps>aspect
- Il doit commencer à travailler mais non
- *Il commence à devoir travailler.
1
* Signe d’un énoncé incorrect.
25
- Il vient de commencer à travailler mais non
- *Il commence à venir de travailler
- - Il doit venir de commencer à travailler.
Pour ce qui est de la combinaison de deux auxiliaires aspectuels, elle est sans doute
interdite lorsque ceux-ci appartiennent à la même sous-catégorie sémantique mais dans
certains cas elle reste apparemment possible, lors qu’elles sont de sous-catégorie
différente, comme on peut le voir par exemple avec être sur le point de et se mettre à :
Ex : Il était sur le point de se mettre à travailler.
Par l’ordre d’application des périphrases, les périphrases de phase externe1 pouvant
modifier celles de phase interne2 le contraire n’étant pas possible.
Ex : Jean vient de commencer à écrire l’article
* Jean commence à venir d’écrire l’article.
IV. EMPLOIS DES PÉRIPHRASES ASPECTUELLES.
1. Périphrases à valeur prospective : Aller + infinitif
1.1. Particularités
Faisant partie de la périphrase verbale, aller dans le groupe aller+infinitif perd sa
valeur lexicale. Mais il y a l’ambiguïté car ce groupe ne se distingue pas formellement du
présent d’aller suivi d’un infinitif et gardant sa pleine valeur lexicale. Par exemple dans
l’énoncé: « Je vais ouvrir la porte », on peut interpréter « aller » comme exprimant un
mouvement ou comme marquant l’aspect prospectif. Cette distinction est importante car
elle régit le choix du temps verbal. Si «aller» garde sa valeur lexicale, il peut se mettre à
1
Les periphrases de phase externe caractérisent le déroulement externe du process. Ce sont les cas des verbes
aller+infinitive et venire de+infinitive.
2. Les périphrases de phase interne ciblent le déroulement interne du procès et plus particulièrement
décrivent les trios phases saillantes qi marquent ce déroulement: le déclenchement, la phase en cours et la fin.
26
n’importe quel temps, ce qui n’est pas le cas pour la fonction d’une périphrase verbale.
Dans ce groupe, ‘aller’ a un emploi limité. Il ne connaît que le présent et l’imparfait. Il ne
joue que le rôle d’un morphème grammatical à la valeur aspectuo-temporelle.
Cette périphrase sert à exprimer à la fois le temps et l’aspect en français. Elle décrit
le futur très proche et en ce qui concerne l’aspect, elle traduit le stade antérieur de la
réalisation du procès.
En tant qu’une périphrase temporelle, l’expression aller+infinitif couvre un
domaine plus limité en comparaison avec le futur simple. Elle rapporte un événement ou
une situation qui est postérieur au moment de l’énoncé auquel il reste étroitement lié.
(1) Je vais te dire pourquoi je ne veux pas.
Par suite de ce trait caractéristique (postériorité par rapport à un moment connu, et
lien étroit avec ce moment-là), le futur inchoatif ne peut pas remplacer le futur simple dans
certains énoncés, par exemple :
(2) Pourquoi n’est-il pas ici ? – Je ne sais pas, il sera encore à Paris et non pas *Il
va être à Paris.1
Ni le futur qui décrit une action qui est postérieure à un autre futur.
(3) Quand tu lui diras la vérité, elle se fâchera, et non pas *Elle va se fâcher.
Dans le rôle d’une périphrase aspectuelle, aller se met au présent et à l’imparfait
uniquement. Le présent « va commencer » est en occurrence avec le futur simple ;
l’imparfait est en occurrence avec le conditionnel (action postérieur à un repère passé).
(4) Je vais lui fabriquer un berceau/ Nous allons faire une longue promenade.
(Agota Kristof- La preuve)
(5) Les Prussiens allaient entrer dans Rouen, disait-on. (Maupassant- Boule de
suif).
1
Dans ce cas, le future simple a la valeur modale; il exprime une supposition.
27
1.2. Combinaison avec les procès.
Le groupe « aller+infinitif » est une périphrase de phase externe. C’est-à-dire qu’il
caractérise le déroulement externe du procès. Il cible à la phase préparatoire qui se trouve
devant la borne initiale. Grâce à ce point sémantique, aller est favorablement compatible
avec les quatre types de procès.
1.2.1.Combinaison avec les verbes d’état
Aller est compatible avec les états contingents
(6) Remarquait Cottard, sur un ton aimable qui n’allait pas avec son affirmation,
nous allons tous devenir fous. (Albert Camus- La peste).
(7) Ton berceau va bientôt devenir trop petit. Il faudra que je te fasse un lit. (Agota
Kristof- La preuve).
Dans (6) et (7), le locuteur a trouvé des signes de devenir fous, de devenir petit du
sujet. Il souligne que la réalisation de ces procès se passera sûrement.
(8) Et elle, elle va avoir bientôt dix-neuf ans. Comment va-t-elle ? (Agota KristofLa preuve).
Cependant, cette périphrase prospective sont difficilement associés avec les états
nécessaires ayant propriétés permanentes et atemporels comme : être belle, avoir les yeux
bleus…
En français, les phrases : *Il va être belle ou *Elle va avoir les yeux bleus sont incorrectes
et illogiques.
1.2.2.Combinaison avec les activités et les accomplissements.
Aller va aussi bien avec les actions dynamiques du type d’activités et d’accomplissements,
(9) Avec cette chaleur, son corps va bientôt sentir. (Agota Kristof- La preuve).
28
(10) Ses lèvres tremblaient. On croyait qu’il allait pleurer, piquer une crise de
nerfs. (Georges Simenon-Les inconnus dans la maison)
Dans les deux énoncés au dessus, le contexte «cette chaleur» et «Ses lèvres
tremblaient» prévient le déroulement dans un avenir très proche des actions sentir et
pleurer.
(11) Quand l’enfant est lavé et habillé, Lucas le prend par la main. – Nous allons
faire une longue promenade, Mathias. Quand tu seras fatigué, je te porterai. (Agota
Kristof - La preuve).
(12) Robin Douglas va chanter deux merveilleuses chansons qu’il m’a promises.
(François Sagan-Les merveilleux nuages)
1.2.3.Combinaison avec les achèvements.
Les achèvements sont des procès momentanés dont le déroulement se passe très
court tellement qu’on ne peut pas distinguer la borne initiale de la borne finale. Avec ce
type de structure interne spécialisé, les achèvements sont difficilement compatibles avec
les périphrases aspectuelles. Mais aller+ infinitif est une périphrase de phase externe du
procès donc il est moins influencé par la structure interne du procès comme les autres
périphrases de phase interne. C’est pourquoi cette périphrase s’associe naturellement aux
verbes d’achèvement.
(13) La vielle, calme, résignée, lucide, regardait les deux hommes et les écoutait
causer. Elle allait mourir, elle ne se révoltai pas son temps était fini, elle avait quatrevingt-douze ans. (Albert Camus -La peste)
(14) Il était rouge et respirait mal comme s’il venait d’être frappé et qu’il allait
tomber. (Marguerite Duras -Un barrage contre le Pacifique)
29
(14) Je crois que c’est fini, dit tristement Joseph- Il va crever (Marguerite Duras Un barrage contre le Pacifique).
(16) Je pense tout le temps pendant le repas : «Je vais sortir après le dîner, et je
prendrai le train pour aller n’importe où». (Maupassant-Les Sœurs Rondoli)
2. P ÉRIPHRASES À VALEUR INCHOATIVE.
Dans une construction verbale à l’infinitif, commencer à/de et se mettre à
expriment l’aspect inchoatif dont l’accent est mis sur la phase du début plus ou moins court
pris à la borne initiale de l’état ou du procès. D’après Riegel et al (1994), cet aspect se
situe à l’intérieur des limites du procès et saisit le procès immédiatement à son début. Se
mettre à et commencer à/de représentent la rupture entre la situation où le procès n’a pas
encore lieu et la situation ou il est déjà en train de se dérouler. On peut imaginer que, la
borne initiale du procès est constituée de deux sous-bornes contiguës. La première désigne
la période où le procès exprimés par l’infinitif n’a pas encore commencé. En revanche, ce
procès est considéré comme en train d’être réalisé sur la deuxième sous-borne.
------------][T--------------]------------------ 1
Se mettre à et commencer à/de correspondent à deux modes de traitement
profondément différents de l’inchoation. L’analyse de leurs conditions d’emplois
respectives fait rapidement apparaître des contraintes très divergentes. Nous partirons, pour
les mettre en évidence, de l’analyse des conditions d’emploi de se mettre à et puis le
comparerons avec commencer à/de pour trouver les ressemblances et les différences.
1
T: Le point du commencement de procès
30
2.1. Commencer à/de+ infinitif
2.1.1 Commencer et ses prépositions
En tant qu’une périphrase aspectuelle, l’emploi du verbe commencer est plus
compliqué que son synonyme se mettre à car le premier accepte plusieurs prépositions : à,
de, par ... Ensuite, parmi les prépositions grammaticalisées attestées, nous avons repris le
fil de la polémique intermittente concernant la prétendue différence aspectuelle marquée
par la préposition entre les structures commencer à, commencer de et commencer par. En
particulier, les occurrences de commencer à/commencer de posent un problème très
compliqué. Sur ce problème, nous partageons parfaitement le point de vue d’un professeur
de l’Université Seinan-Gakuin, Thierry Trubert (À et DE après COMMENCER, Université
Seinan- Gakuin, 1994). En analysant la nuance des énoncés suivants :
(17) Il commença d’escalader la colline et
(18) Il commença à escalader la colline, il s’oppose à l’idée traditionnelle
fortement répandue d’une différence de niveaux de langue, le premier plus soutenu,
littéraire et le second plutôt parlé pour la conversation. Dans ces recherches, il a retenu un
résultat tout à fait différent. D’après lui, la différence entre commencer à et commencer de
n’est pas simplement le style langagier. Il pose une question si les deux structures
commencer à et commencer de divergent substantiellement l’une de l’autre au niveau
sémantique. Il trouve qu’en français contemporain, les deux constructions de commencer
existent encore en proportions très inégales, car commencer à domine numériquement
commencer de dans la langue orale ainsi que dans la langue écrite.
A travers plusieurs analyses, ce linguiste propose que dans Il commença d’escalader la
colline, l’accent est moins mis sur escalader que sur le fait commencer l’action .
(19) Ils arrivèrent à la nuit tombante, comme on commençait à allumer les
lampions dans le pars, afin d’éclairer les voitures.
31
On cherchera dans cette phrase le fonctionnement de l’opérateur d’ouverture à
dans la deuxième partie de la phrase «afin d’éclairer les voitures», la raison d’allumer se
trouve dans «éclairer les voitures». En revanche, commencer d’allumer s’inscrit dans le
discours en venant compléter sémantiquement «à la nuit tombante». Avec à, l’accent est
donc mis sur «allumer» qui est en relation avec éclairer, alors que dans commencer
d’allumer, c’est commencer qui est mis en parallèle avec l’arrivée de la nuit.
D’après lui, commencer de marquerait une action qui aura de la durée et qui n’en
est qu’à ses débuts, ce qui distinguerait l’usage de commencer à. Autrement dit,
commencer à désigne une action qui indiquera du progrès et de l’accroissement vert un
but ; commencer de s’applique à une action de peu de durée, pouvant continuer jusqu’à la
fin et non comme tendant à un but.
La structure commencer à +infinitif ouvre un choix paradigmatique du procès
exprimé par l’infinitif et insiste sur celui-ci, sur «ce qui commence» ; l’information
nouvelle est mise en relief dans la chaîne d’encodage après commencer. Avec commencer
de+infinitif, en revanche, l’accent est mis sur le fait même que le verbe à l’infinitif en est à
son premier stade. Le verbe est marqué par de comme présupposé par l’énoncé.
Dans : (20) Il commence de pleuvoir, l’énonciateur n’a pas le but de renseigner le
co-énonciateur sur la présence de la pluie déjà connue de lui, comme dans le cas suivant :
Il commence à pleuvoir dont le sens est proche de : Tiens ! Regardes, il pleut !
Mais celui d’attirer son attention sur le déclenchement de l’événement. Commencer de
pleuvoir présupposant s’intègre dans des énoncés du type :
«Comme il commence de pleuvoir, tu ferais mieux de te couvrir avant de sortir, la pluie
pourrait durer et tu serais trempé»
Un autre point différent entre les deux constructions du verbe commencer, c’est que
commencer à accepte les prédicats statif tandis que commencer de les refuse.
32
(21) Sais-tu si les ouvrier ont commencé (de ou à) peindre les grilles.
S’oppose à :
(22) J’ai lu les dix chapitres du livre et je commence à savoir de quoi il retourne.
En dehors de deux prépositions à et de, le verbe commencer accepte aussi la
préposition par. Cependant, l’utilisation du groupe commencer par+infinitif est moins
compliqué que les deux autres. Sémantiquement parlant, les deux structures avec les
prépositions à/de désignent la phase initiale du procès d’une action singulière (appelé
aspect inscrit inchoatif) tandis que commencer par a trait de la phase initiale du procès à
l’intérieur d’une série d’actions hétérogènes (appelé aspect circonscrit inchoatif) (Selon
Filip Verroens- Vrije, Universiteit Brussel- Le verbe commencer et ses prépositions, 2000).
(Réf...)
Ex : (23) Je commence à ranger ma bibliothèque (C’est-à-dire : je me mets à la ranger)
(24) Je commence par ranger ma bibliothèque. (Je fais d’abord cela, et après je
ferai autre chose.)
(En ce qui concerne le groupe commencer par+ infinitif , nous ne voulons que le présenter
sommairement mais non faire des analyses soigneuses.)
Il est à noter que, dans la structure «commencer à/de/par+infinitif», le verbe
«commencer» peut revêtir n’importe quel temps ou mode verbal.
Ex : Il commence/a commencé/ avait commencé/ commençait/ commencera à s’agir d’un
problème vraiment sérieux.
2.1.2. Combinaison avec les procès.
Dans cette partie, nous essayerons d’analyser la combinatoire de ce verbe avec les
types de procès.
33
Commencer à/de + infinitif présente des propriétés en quelques sortes inverses de
celles de se mettre à+infinitif. L’une de ses caractéristiques essentielles est d’impliquer une
première construction de l’action exprimée du verbe infinitif (noté P) par le biais d’une
anticipation. On pourrait dire, par un raccourci au reste trop simplificateur, que commencer
à/de met fin à pas encore P, commencer à/de P implique que l’on s’attende sous une forme
ou sous une autre, à l’actualisation de P.
Combinaison avec les états.
En basant sur l’analyse de Franckel (1989) et sur les corpus que nous avons retenus
nous trouvons que commencer peut prendre pour complément une description d’état
contingent mais pas du type d’état nécessaire tel que être français, être petit...Ces procès
ne présupposent aucune limite. Autrement dit, dans leur structure interne, il n’existe pas de
borne initiale ni borne finale tandis que commencer décrit la borne initiale du procès. Ce
trait non-similaire de ces deux éléments empêche leur combinaison.
Mais les états du type contingent (qui présupposent obligatoirement une borne initiale
extrinsèque) sont facilement suivis de commencer à :
(25) Il commençait à être saoul et il devait s’en rendre compte (M. Duras-Un
barrage contre le Pacifique).
(26) Il commence à en avoir mare (exemple emprunté à Kranckel)
(27) Qui tranche un peu sur le fond commun des habitants de l’endroit et qui
cessera d’être redoutable quand il commencera de leur ressembler (Barbey d’Aurevilly(Premier Mémorandum) (Exemple emprunté à Filip Verroens)
34
Combinaison avec les activités et les accomplissements
Commencer se combine facilement avec les verbes du type d’activité pour indiquer la
phase initiale des activités exprimées par les procès de cette catégorie.
(28) Alors, il a commencé à rouler très très lentement. (M.Duras-Un barrage
contre le Pacifique).
(29) C’est à partir de ce moment que les carnets de Tarou commencent à parler
avec un peu de détails de cette fièvre inconnue dont on s’inquiétait déjà dans le public
(Albert Camus- La peste)
(30) Dès qu’il a commencé à boire, il s’intéressait de moins en moins à nous.
(M.Duras- Un barrage contre le Pacifique).
(31) Alors, elle a commencé à sangloter. Elle a sorti Noël de sa couverture et l’a
écraser contre sa poitrine, (Marguerite Duras- La vie tranquille).
Commencer est naturellement associé aux accomplissements :
(32) Joseph commença à dételer le cheval. (Marguerite Duras- Un barrage contre
le Pacifique).
Commencer marque le premier point du déroulement de procès. Cela explique la facilité de
la combinaison entre la périphrase inchoative avec les procès qui contiennent la borne
initiale comme les activités et les accomplissements.
Combinaison avec les achèvements.
Nous savons que les bornes des procès d’achèvement se situent presque au même
moment, de sorte qu’il n’y a pas de place entre elles. Donc il est difficile de les distinguer.
C’est pourquoi ils sont difficiles d’être compatibles avec les périphrases aspectuelles de
phase interne comme commencer. Cependant, il existe des cas où la combinaison est
possible, comme par exemple :
35
(33) Les coureurs commencent à arriver aux Champs-Elysées (Courrier
International, numéro 802, 3/2006)
Dans cette phrase, le pluriel du sujet rend la phrase devenir naturelle, puisque, de
toute évidente, ce ne sont pas que tous les coureurs arrivent en même temps. Dans ce caslà, le verbe commencer décrit le moment où les premiers coureurs arrivent et après ce point
de repère, plus de coureurs continuent à «arriver aux Champs- Élysées»
La situation est la même avec les énoncés suivants.
(34)Elle écoutait avec délices les gémissements du vent dans l’épais feuillage du
tilleul, et le bruit de quelques gouttes rares qui commençaient à tomber sur ses feuilles les
plus basses (Stendhal- Le Rouge et le Noire)
(35) Les étoilles du ciel commençaient de jaillir (Stendhal- Le Rouge et le Noire)
(36) Les demandes d’aide de l’ONU furent ignorées jusqu’à ce que les enfants
commencent à mourir de malnutrition. (Courrier International, numéro 802, 3/2006)
Dans ces cas-là, le pluriel du sujet transforme la valeur d’un verbe ponctuel d’une
série d’action. Donc, les achèvements sont facilement compatible avec commencer.
Quelquefois, nous rencontrons aussi une phrase dans laquelle le groupe
commencer à se combine avec un verbe d’achèvement dont le sujet est au singulier :
(37) En 1995, Jean Benoit a commencé à atteindre le sommet du Mont Blanc.
(Courrier International, numéro 721, 9/2004)
Cette phrase peut se trouver dans une situation où Jean Benoit s’est fixé l’objectif
d’atteindre le sommet, il a échoué plusieurs fois puis a atteint son objectif pour la première
fois en 1995 et n’échoue plus dans ses tentatives après.
2.2. SE METTRE À +INFINITIF
36
2.2.1. Particularités.
La périphrase se mettre à+infinitif est utilisé à l’écrit plutôt que l’oral et elle est
apparue plus fréquente dans les œuvres littéraires que dans les articles de la presse. Selon
les analyses de Franckel (1989), se mettre à marque une inchoation très brutale donc il est
facilement associé à des adverbes comme soudain, tout à coup, brusquement…
(38) Soudain, le vent se mit à souffler.
L’utilisation et la capacité de combinaison avec les procès de se mettre à sont
assez compliqués et subits de plusieurs contraintes.
2.2.2. Combinaison avec les procès.
-Combinaison avec les états
On peut tout d’abord constater que se mettre à est en règle général d’un emploi
nettement plus contraint que commencer à lorsqu’il s’agit de verbes d’état. Tandis que
commencer est bien compatible avec des procès d’état contingent (nous l’avons analysé
dans la partie précédente), les énoncés du type :
(39) ?? Je me mets à en avoir marre
(40) ?? Je me mets à être fatigué.
(41) ?? Tu te mets à m’énerver
sont moins naturels que leurs homologues avec commencer à.
Mais si, une partie des énoncés précédents avec se mettre à deviennent nettement
plus naturels si l’on supprime l’ancrage au moment de l’énonciation, en particulier par le
biais de marqueurs comme quand ou si :
(42) Quand tu te mets à être désagréable comme ça, toute discussion devient
impossible. (Cité selon Franckel).
37
On peut, de façon comparable, faire précéder certains énoncés de marqueurs
comme je sens que ou voilà que dont on peut dire qu’ils marquent une forme de
« distanciation » de l’énonciateur vis à vis de l’actualité de ce qui se produit :
(43) Je sens que je mets à être désagréable, il vaut mieux que je m’arrête
est sans doute plus naturel en la présence de je sens que.
Combinaison avec les activités et les accomplissements.
Dans le même ordre d’idée, et de façon encore plus tangible, on observera le
caractère très peu naturel de Je me mets à le voir comparé à Je commence à le voir. En
revanche voilà que je me mets à avoir des hallucinations
ne pose aucun problème
d’attestabilité.
Selon Franckel, le fonctionnement de se mettre à, en contraste à celui de
commencer à /de (P), ne se construit qu’à travers son ancrage dans le temps. Il échappe à
toute une construction subjective. Se mettre à P marque la survenue de P, indépendamment
de toute anticipation. Se mettre à P exprime donc le premier point de la location temporelle
de P à partir de l’extérieur temporel et notionnel de P. Il s’agit d’une première construction
absolue. D’où sa valeur inchoative et aoristique (rupture par rapport à toute construction
subjective).
Ce mode de construction exclusivement temporelle permet d’expliquer les
contraintes relevées ci-dessus. Lorsqu’il s’agit d’un procès à la première personne qui
s’actualise au moment de l’énonciation, il ne peut s’agir que d’un procès qui échappe au
sujet. Le procès se produit. Le sujet en est le support, mais en aucune façon l’initiateur ou
le constructeur. Toute intentionnalité est exclue. D’où la justification de marqueur comme
je sens que ou voilà que qui marquent précisément cet effet d’extériorité. Un décalage se
marque ainsi entre la survenue du procès et sa prise de conscience. Ces contraintes
38
disparaissent avec un marqueur comme quand qui a par lui-même des propriétés
aoristiques. Ainsi à côté de Je me mets à être fatigué très peu naturel sous cette forme,
l’énoncé Quand je me mets à être fatigué comme ça, il vaut mieux que je m’arrête
carrément parait tout à fait acceptable. Comme ça marque que le point de départ est le
constat d’un état de fatigue actualisé dont le sujet est localisateur.
Ce fonctionnement explique également les affinités évoquées avec des adverbes
comme brusquement ou soudain dans les emplois de type récit. Ces adverbes vont de pair
avec la construction du premier point d’une localisation temporelle à partir d’une
extériorité stricte.
(44)Elle ne répondit pas et soudain elle se mit à hurler. (Marguerite Duras-Un
barrage contre le Pacifique).
(45) Elle ôta son manteau, son chapeau, s’assit et se mit à manger. (Marguerite
Duras-Un barrage contre le Pacifique).
On peut dire que se mettre à correspond à la construction d’un premier point du
procès. Toutefois, premier ne s’interprète ici qu’au sens ou il n’est précédé d’aucune autre
construction du procès. Se mettre à n’anticipe pas une série de points localisant. Se mettre
à se situe en deçà de toute anticipation.
Les exemples au-dessus a montré que « se mettre à» est compatible parfaitement
avec les activités qui sont dynamique, non-borné et non-ponctuel et dénotent des procès
duratifs qui se déroulent dans le temps et ne sont pas temporellement restreints de façon
stricte.
Combinaison avec les achèvements
Au contraire, cette périphrase se combine difficilement avec les verbes
momentanés ou ponctuels comme : tomber, atteindre un sommet.
39
(46) * Il se met à tomber.
(47)* Il se met à atteindre le sommet.
Bref, se mettre à et commencer à peuvent être remplacés l’un par l’autre dans
plusieurs énoncés. Ils sont tous les deux associés aux états, aux activités et aux
accomplissements mais la situation est à l’inverse avec les achèvements qui recouvrent des
actions momentanées. Pourtant, chacun ayant des particularités, demande une condition
contextuelle différentes pour fonctionner. Se mettre à marque un début plus brutal que
commencer à. Il exprime en même temps l’objectivité de la relation entre l’action et
l’agent qui la fait.
3. PÉRIPHRASES À VALEUR PROGRESSIVE
3.1. Être en train de + infinitif
3.1.1.Particularités
Être en train de traduit les actions qui se réalisent dans son déroulement qu’on ne
sait pas le début ni la fin du procès. L’événement T peut se situer entre les bornes initiale et
finale :
----------[-------T-------]------------En tant qu’une périphrase à valeur progressive, « être en train de » exclut les temps
verbaux qui ne peuvent exprimer l’inaccompli : le passé simple, le passé composé, le plusque-parfait, le futur antérieur et le passé antérieur.
(48) a, *Il fut en train de boire.
b,* Il a été en train de boire.
c, * Il aura été en train de boire.
d, * Il eut été en train de boire.
40
e, *Il avait été en train de boire. (D’après G. School-Le système verbal du
français contemporain)
« Être en train de » a la fonction d’ouverture d’un repère temporel qui localise le
procès. Cette caractéristique permet en particulier de rendre compte de l’incompatibilité
de être en train de avec les temps composés qui marquent par définition une fermeture et
une hétérogénéité sur la classe des temps. Par exemple, *il a été en train de +infinitif
marque donc une contradiction entre la fermeture imposée par le passé composé et
l’ouverture imposée par être en train de.
Être en train de est donc compatible avec les temps non-accomplis (présent,
imparfait) et avec le futur qui est neutre en ce qui concerne l’accomplissement que la
construction se combine.
(49)a, Je suis en train de boire
b, J’étais en train de boire.
c, Je serai en train de boire.
En ce qui concerne la cohésion interne de la périphrase être en train de, on trouve
qu’elle est plus faible que celle des autres périphrases, ce qui peut s’expliquer par le fait
que être en train de est une périphrase morphologiquement lourde. Ainsi, il est plus facile
d’y trouver d’autres éléments intercalés.
(50) Il vint à la clairière un matin ; les neufs frères étaient là, en train d’oeuvrer à
leurs sculptures (Sylvie Germain-Jours de colère)
(51) Ma mère est dans le salon en train de lire (Sylvie Germain-Jours de colère)
Le langage familier se passe facilement du verbe être.
(52) Ah, je vois, en train de tricher, comme d’habitude (Joseph Kessel-La rose de
Java)
41
On pourrait objecter que c’est là une construction elliptique et qu’il faut sous-entendre tu
es ou vous êtes, mais cette objection perd de sa force devant une phrase comme :
(53) Je l’ai vu dans le comptoir, en train de débiter des inepties
En outre le verbe être a gardé sa valeur de verbe indépendant et est équivalent de se
trouver dans :
(54) Il est là devant la fenêtre, en train de regarder les gens qui passent (Agota
Kristof-La preuve)
3.1. 2. Combinaison avec les procès
Combinaison avec les états.
Être en train de est difficilement présenté dans les énoncés qui expriment une
vérité générale
(55) *Cette route est en train de mener à Amsterdam ((D’après G. School-Le
système verbal du français contemporain)
et non plus être combiné avec les états
(56) a,*Je suis en train de savoir le français
b,*Je suis en train d’être malade.
c,* Il est en train d’être grand.
Mais Franckel propose que cette périphrase peut admettre les verbes d’état dans
certains énoncés dans lesquels la nature des procès est changé ou bien il apparaît plus ou
moins une autre valeur selon l’intention du locuteur. L’expression :
(57) Il est en train de devenir vraiment méchant
apparaît une valeur d’appréciation négative.
42
De même, (58) il est en train d’être gentil tend à conférer à gentil une valeur dépréciative
et à signifier Il est en train d’être trop gentil et sa gentillesse n’est pas nécessaire dans ce
cas-là.
Un autre exemple comme :
(59) « Il est en train d’être méchant » qui parait de toute façon assez peu naturel, ne
peut s’interpréter qu’en tant que signifiant : il est en train de devenir vraiment méchant. Il
s’oriente vers le modèle même de ce que l’énonciateur appelle méchant. On tend bien à
voir apparaître une valeur d’appréciation négative. De même, « il est en train de se
montrer désagréable » est bien acceptable mais « Il est en train d’être désagréable » ne
l’est pas.
Ces exemples font clairement apparaître que être en train de n’est pas en soi
incompatible avec des procès marquant un état. De façon générale, on peut dire que la
combinaison de cette périphrase avec des procès d’état devient possible dès lors
qu’intervient un décalage entre la manifestation de ce procès à travers un support d’un
côté et sa qualification correspondant à une valeur de référence pour un sujet de l’autre.
Avec la présence de être en train de, le locuteur veut insister que l’état du sujet, «méchant,
désagréable…» est provisoire et sera terminé dans un moment quelconque.
Combinaison avec les activités et les accomplissements
Être en train de se combine assez facilement avec les procès du type d’activité.
(60) Il est en train de dormir
(61) Il est en train de manger là (exemple emprunté à Gosselin)
En présence de cette périphrase, le locuteur veut insister sur une action progressive,
sans limites précises. La phrase Il est en train de manger implique qu’il avait commencé à
43
manger avant et nous ne savons pas quand il a commencé ni quand il a terminé mais cette
action terminera sûrement. En effet, on veut mettre en relief sur le procès en cours.
Il est à noter qu’il existe des contextes où l’emploi de « être en train de » est quasiobligatoire
(62) Je suis en train de monter dans l’avion, c’est alors qu’il m’appelle.
Le présent simple qui remplace être en train de dans cette phrase devient peu naturel :
(63)? Je monte dans l’avion, c’est alors qu’il m’appelle.
Il est à souligner qu’en combinant avec les activités, être en train de peut porter une
autre valeur que celle d’aspect. Ce sont les cas des énoncés où il y a un contraste entre
deux valeurs:
(64) Tu viens te promener avec moi ?
- Laisse- moi tranquille, tu vois bien que je suis en train de travailler
(65) Ne fais pas de bruit, il est en train de dormir (exemple emprunté à Frankel)
Dans ces énoncés, le locuteur recourt à « être en train de » pour souligner l’intensité des
procès « travailler » et « dormir » au moment de l’énonciation au but de convaincre son
interlocuteur de ne le déranger pas. Alors que la présence de ªêtre en train de
est
obligatoire. Il nous paraît difficile d’accepter le choix d’autre solution comme le présent
dans un tel contexte car ce temps ne permet pas de contraster deux valeurs en opposition,
l’énoncé devient moins convaincant, moins naturel.
« Être en train de » se combine assez facilement avec les procès du type
d’accomplissement :
(66) Il est en train de d’écrire une lettre.
(67) Il est en train de construire une maison.
44
(68) Ils étaient en train de manger quand il retentit. Joseph fit un bond comme s’il
venait de recevoir une échange de balle dans le cors. (Un barrage contre le PacifiqueMarguerite Duras)
(69) Pendant qu’il était en train de biner les bananiers, la mère la lui avait
racontée. (Un barrage contre le Pacifique-Marguerite Duras)
Cependant, cette combinaison demande certaines contraintes inhérentes à certaines
formes de quantification du complément d’objets.
Observons les énoncés suivants :
(70)a, Il est en train de livrer des caisses
b, Il est en train de livrer dix caisses
c, Il est en train de livrer dix caisses que j’avais commandées
On trouve que le (70a) et (70b) sont nettement plus naturels qu’un énoncé comme (70b).
Dans la phrase : Il est en train de livrer dix caisses, la quantité du procès est déterminé,
donc, le fait que le sujet ‘il’ est en train de livrer dix caisses est impossible : il y a un
contradiction entre la quantité déterminée de procès effectuée et l’action en cours exprimée
par la périphrase verbale. Alors que dans les deux énoncés : Il est en train de livrer des
caisses et Il est en train de livrer dix caisses que j’avais commandées, la quantification de
l’objet est déterminée indépendamment du processus de livraison. Le prédicat « dix caisses
que j’avais commandées » est présenté mentalement comme un bloc à faire ensemble, où
le caractère comptable de caisse n’est pas pris en compte.
Combinaison avec les achèvements
Logiquement parlant, être en train de ne se combine pas avec les verbes strictement
ponctuels comme les achèvements, s’il s’agit d’une action unique.
(71)* La mine est en train d’éclater
45
(72)* Je suis en train de sortir.
.Dans le cas où il est utilisé, le contexte a déjà déformé le type du procès.
(73) Les mines étaient en train d’éclater partout, quand il entra dans la ville.
(Courrier international, numéro 721, 9/2004)
Dans cet énoncé, du fait du pluriel du sujet, l’événement n’est pas unique ; on
considère la somme des événements ponctuels comme un grand événement. La ponctualité
du procès s’efface. Alors que la présence de « être en train de » est acceptable.
Ainsi, moyennant certains glissements de sens, les achèvements peuvent tout de même
entrer dans cette structure :
(74) Pierre est en train d’atteindre le sommet du Mont Blanc.(J.Moescheler).
(75) Pierre est en train de trouver la solution (L.Gosselin).
Pour que ces énoncés deviennent interprétables, le procès doit glisser de
l’achèvement proprement dit vers la phase préparatoire : l’exemple (74) sera interprété
comme indiquant que Pierre est en train d’escalader la montagne et qu’il va bientôt
atteindre le sommet, tandis qu’à la lecture de (75) on comprend que Pierre est en train de
chercher dans la bonne voie et qu’il va trouver la solution. Dans ces cas, ces procès sont
interprétés comme des procès de type d’accomplissement. Selon Moescheler, l’accent est
mis sur le développement du processus et non pas sur le point terminal. D’après lui, avec
ces achèvements, seul le dernier instant est celui de l’atteinte, durant les minutes qui
précèdent, l’atteinte est seulement de plus en plus proche. Ces minutes correspondent à la
phase préparatoire et non à la phase finale.
La phrase :
(76) Sur cette photo, la grenouille est en train d’avaler la mouche (exemple
emprunté à Gosselin).
46
devient possible si l’on suppose une série de réitérations du procès, ou si on dilate
artificiellement le procès (par exemple, si l’on décrit une situation où le procès est observé
au ralenti cinématographique).
(77) Attention, à votre portefeuille ! Il y a un papier qui est en train de sortir.
La forme être en train de dans (77) donne l’impression qu’il y a une possibilité de
l’empêcher de tomber, qu’il est possible de prévenir la chute. En effet, l’énoncé marque
non pas un processus de chute mais une mise en garde contre un risque de la chute. Les
mêmes phénomènes s’observent avec le type d’exemple suivant:
(78) Attention ! La corde est en train de casser » (exemple emprunté à Franckel)
En effet, la périphrase être en train de peut être combinée avec tous les quatre types
de procès. Parmi lesquels, elle est facilement compatible avec les activités et les
accomplissements alors qu’elle est difficilement compatible avec des états et des
achèvements sauf dans certains contextes qui permettent un glissement du sens des procès
comme nous l’avons vu ci-dessus.
3.2. Continuer à/de+infinitif
3.2.1. Particularités
Le déroulement du procès peut être considéré d’un point de vue plus externe qui
permet de percevoir le processus dans sa continuité ou dans sa répétition. La périphrase
continuer reflète ce caractère.
En ce qui concerne les temps verbaux, cette périphrase connaît moins de
contraintes que être en train de. Il peut se trouver plusieurs tiroirs verbaux :
- Au présent
(79) L’insomniaque continue d’apparaître à sa fenêtre tous les soirs à dix heures
(Agota Kristof-La preuve).
47
- A l’imparfait
(80) Lucas continuait à travailler. Il ouvrait le magasin le matin, il le fermait le
soir. (Agota Kristof - La preuve).
- Au passé composé
-(81) Après la libération, le camps a continué à fonctionner mais sur un mode
mineur. (Sylvie Germain-Chanson des mal-aimants)
- Au passé simple :
(82) C’est ainsi que, faute de trouver le mot juste, notre concitoyen continua
d’exercer ses obscures fonctions jusqu’à un âge assez avancé. (Albert Camus - La peste)
- Au conditionnel
(83) Ce qui ne voulait pas dire que le temps continuerait à être aussi beau.
(Marguerite Duras - La vie tranquille).
En tant qu’une périphrase aspectuelle, continuer accepte en même temps deux
préposition à et de. Dans notre corpus, elles sont utilisées indifféremment aussi bien dans
la langue courante que dans la littérature.
(84) Seul le vieil Espagnol asthmatique continuait de se frotter les mains et
répétait : ‘Ils sortent, ils sortent’ avec une joie sénile. (A. Camus-La peste)
(85) Il y avait les sentiments communs comme la séparation ou la peur, mais on
continuait aussi de mettre au premier plan les préoccupations personnelles (A.Camus- La
peste).
(86) Comme avant, il faut continuer à se lever le matin, à se coucher le soir et faire
ce qu’il faut faire pour vivre. (Albert Camus- La peste).
(87) Ce qui ne voulait pas dire que le temps continuerait à être aussi beau.
(Marguerite Duras-La vie tranquille)
48
D’après « Le Dictionnaire des pièges et des difficultés de la langue française »
(2004), continuer à +infinitif se dit lorsque l’action commencée se prolonge ou que l’état
précédent persiste :
(88) Ils ont continué à parler sans plus s’occuper de moi’.
Continuer de se dit pour insister sur l’absence d’interruption dans une action ou sur
la permanence d’un état pendant une période donnée :
(89) Ils ont continué de l’aider jusqu’à la fin de leur vie.
Cependant, dans la pratique, continuer à est plus fréquent, surtout dans la langue
parlée et familière. En général, on choisit l’une des constructions pour des raisons
d’euphonie. Continuer de permet d’éviter hiatus.
(90) Il continua d’aller mieux’, on évitera ‘Il continua à aller mieux’. Inversement,
on emploiera continuer à devant un verbe commençant par de :
(91) Ils continuaient à deviser joyeusement’ plutôt que ‘Ils continuaient de deviser
joyeusement’.
3.2.2 Combinaison avec les procès.
La construction continuer à/de +infinitif signifie que le procès exprimé par
l’infinitif a été précédée obligatoirement par une autre occurrence du même procès. Ce
procès est vu comme décomposé en plusieurs (>1) occurrences peut être non-identiques
qui représentent ce procès comme interrompu avant d’avoir atteint son terme. La totalité du
procès est représentée par un intervalle non-convexe dont le dernier sous-intervalle de
l’occurrence suivante est introduite par continuer à.
Continuer à/de servit donc plutôt à exprimer un aspect itératif et présuppose
nécessairement que l’action a commencé. Cette caractéristique influe nettement sur la
combinaison entre continuer à/de avec les types de procès
49
Combinaison avec les états.
Continuer à est difficilement compatible avec les états. Les énoncés du type :
(92) *Jean continue à être malade.
(93)* Je continue à savoir le français. sont pratiquement inacceptables.
Nous pouvons faire une petite comparaison entre un procès du type d’activité avec
celui du type d’état pour trouver les explications. Par exemple, on peut trouver dans la
structure interne du procès « courir » (type d’activité) dans l’énoncé « Jean court » des
sous-intervalles t1, t2 dans les quelles existent des tranches temporelles qui sont trop
petites pour que l’on puisse dire que Jean court t1. Il est bien connu que les états n’ont pas
cette propriété. Il n’existe pas de temps qui soit trop petit pour que Jean ne puisse pas être
malade. Donc continuer à/de ne peut pas être compatible avec les états
Combinaison avec les activités et les accomplissements
Au contraire de la façon de combinatoire avec les états, la périphrase continuer à/de
est facilement combiné des activités.
(94) Lucas continuait à travailler. Il ouvrait le magasin le matin, il le fermait le
soir. (La preuve- Agota Kristof).
(95) Pas besoin de toujours regarder dans le dictionnaire, on continue à lire et on
finit par comprendre. (La preuve- Agota Kristof).
Mais l’association de continuer avec les accomplissements rencontre certains problèmes :
Les énoncés : (96)?? Je continue à écrire une lettre.
(97)?? Il continue à courir 100m. sont peu naturels.
Les compléments «une lettre, 100m» déterminent la borne finale du procès tandis que
continuer met en relief sur la progression du procès. L’incompatibilité de la signification
rend les deux énoncés au dessus moins naturels.
50
(98) Je continue à écrire. / Il continue à courir ne posent pas de problèmes.
Combinaison avec les achèvements.
Comme la périphrase être en train de, en général, continuer à n’admet pas de
procès ponctuel. En français, on ne dit pas: *Il continue à mourir.
(99) *Il continue à atteindre le sommet.
Cela peut être expliqué par la structure interne de ce type de procès. On sait que les
achèvements correspondent à un changement atomique et ignorent toute progression
interne. Autrement dit, une fois le terme du procès est atteint, il ne peut pas prolonger.
Tandis que continuer à/de+infinitif exprime l’aspect progressif. C’est par cette raison-là, il
ne peut pas être compatible avec un procès ponctuel.
Cependant, dans le cas où le sujet est pluriel comme :
(100) Les affricains continuent à mourir du Sida . (Courrier International, numéro
805, 10/2006)
L’énoncé devient naturel. Le pluriel du sujet fait changer la nature du procès. Dans ces caslà, on considère la somme des événements ponctuels comme un grand événement du type
d’accomplissement.
4. P ÉRIPHRASES À VALEUR TERMINATIVE
4.1. Particularités.
Finir de et cesser de expriment l’aspect terminatif qui saisit le procès juste avant sa
limite finale. A la différence de commencer à/de et de se mettre à, ces deux périphrases
dénotent la rupture entre la situation où le procès a lieu et celle où il ne se déroule plus.
On peut considérer que, sur l’axe temporel, la borne finale du procès est constituée de
deux sous-bornes contiguës. La première désigne la période où le procès exprimé par
51
l’infinitif est en train d’être réalisé, le deuxième dénote le moment où le procès ne se
déroule plus.
------------[-----------][T------------Malgré que finir de et cesser de expriment le même aspect, ils ne sont pas tout à fait
synonymes. Finir de marque une fin tandis que cesser de souligne un arrêt. Les
divergences de fonctionnement entre finir de et cesser de tiennent essentiellement au fait
que cesser de P marque le simple passage à l’extérieur temporel d’un procès (passage à ne
plus P), tandis que finir de implique en même temps l’épuisement d’une quantité de procès
construite indépendamment du temps, établie en particulier par une quantification de
l’objet affecté par le procès. Ces caractéristiques influent nettement sur la combinatoire de
ces deux verbes avec les procès.
4.2. Cesser de + infinitif .
4.2.1. Combinaison avec les verbes d’état
Comme nous l’avons dit, cesser de souligne un arrêt. C’est-à-dire il marque le
simple passage à l’extérieur temporel d’un procès et il est réalisé par l’intention du sujet.
Alors, il est difficile d’accepter un complément du type d’état nécessaire
(101) *. J’ai cessé d’être malade.
(102) *. J’ai cessé d’aimer la musique.
Ces énoncés paraissent inacceptables en français car être malade et aimer la
musique sont des procès compacts qui n’ont pas de bornes internes ; ce qui présente une
contradiction avec la particularité cesser de qui a besoin de la borne finale du procès pour
marquer le passage à l’extérieur temporel.
Cependant, selon Franckel (1989) il y a aussi des cas où le verbe cesser de est
compatible avec les verbes d’état, dans la mesure où ceux-ci peuvent se caractériser
52
comme insécable et par conséquent incompatibles avec toute détermination d’une quantité
de procès. Ce sont des états à propriétés contingentes instables comme : être fatigué, être
agressif. L’énoncé il a cessé d’être agressif ne présente pas de difficulté : cesser de
entraîne une délimitation purement temporelle sur le prédicat être agressif. Donc, il est
logiquement acceptable.
4.2.2. Combinaison avec les activités et les accomplissements
Les activités et les accomplissements sont des procès bornés qui privilégient la
combinatoire avec cesser de. Ce pendant les caractéristiques de chaque type de procès
influent nettement sur cette combinatoire.
Observons les énoncés :
(103) J’ai cessé de fumer (Exemple emprunté à Franckel)
(104) ? J’ai cessé de manger.
(105) Joseph avait cessé de manger. Il fumait et la regardait faire fasciné.
(Marguerite Duras- Un barrage contre la Pacifique)
(103) ne pose aucun problème d’interprétation. (104) n’est susceptibles en revanche que
d’une interprétation fortement contrainte. J’ai cessé de manger ne peut guère renvoyer
qu’à un fonctionnement aoristique (…à ce moment là, j’ai cessé de manger, je me suis levé
et j’ai quitté le salon en l’injuriant). En dehors de ce contexte, cette forme pourrait à la
rigueur signifier j’ai cessé de m’alimenter. Dans (105), grâce au contexte, l’expression
cesser de manger devient naturel. Joseph arrête de manger et il va faire les autres choses.
Cesser de n’entraîne qu’une détermination d’ordre strictement temporel. Il ne
marque ni plus ni moins que le passage d’une sous-classe d’instants de la localisation P à
une sous – classe de temps où P ne localise plus, indépendamment de tout relais par une
53
quantification de P. J’ai cessé de P marque en d’autres termes le passage à l’absence de
relation entre moi et P sur le plan temporel.
(106) Il cessa de rire. Il la regarda longuement et rougit fortement. (Un barrage
contre le Pacifique- Marguerite Duras).
(107)La mère cessa de pleurer et tira le diamant de son corsage. (Un barrage
contre le Pacifique- Marguerite Duras).
(108)Les deux bonnes soeurs avaient cessé de marmotter leur rosaire et les mains.
(Boule de suif- Maupassant).
(109)Ils avaient cessé de causer depuis une minute environ, et tous deux
regardaient la feu, rêvant à n’importe quoi. (Mademoiselle Fifi- G. Maupassant).
4.2.3. Combinaison avec les achèvements
Nous trouvons que cesser de est rarement compatible avec les achèvements qui
sont atomiques et ignorent toute progression interne. Donc on ne peut pas les arrêter quand
ces procès de ce type sont en train de se passer.
(110) *Il cesse de tomber.
(111) * Il cesse d’atteindre le sommet.
Cependant, il y a aussi des cas où on trouve que cesser de accepte pour complément un
verbe de ce type.
(112) Car si pendant quelques années seulement, les enfants de la plaine avaient
cessé de mourir, la plaine eut été à ce point infecté que sans doute, faute de pouvoir les
mourir, on les aurait donnés aux chiens. (Marguerite Duras-Un barrage contre le
Pacifique).
Dans cette phrase, le sujet au pluriel transforme le procès ponctuel une série de
l’action qui rendent la phrase plus naturelle correcte. Le verbe d’achèvement mourir est
transformé en un procès du type d’activité. Cela fait cette association devenir acceptable.
54
4.3. Finir de + infinitif
Cette périphrase accepte deux prépositions de et par. Si finir de marque la phase
terminale du procès d’une action singulière (appelé aspect inscrit terminatif), finir par
exprime la phase terminale du procès à l’intérieur d’une série d’actions hétérogènes
(appelé aspect circonscrit terminatif). Cependant, dans le cadre de cette partie, nous
n’abordons pas la structure finir par+infinitif. Nous n’insisterons que sur l’emploi de finir
de+infinitif.
4.3.1.Combinaison avec les états.
Dans les plusieurs cas, les verbes d’état n’admettent pas finir de, en particulier les
états du type nécessaire. Les énoncés
(113)*Il a fini d’être grand
(114)*Il a fini d’être avare sont incorrects en français. Être grand, être avare n’ont
pas de borne finale et on ne peut pas faire la quantification de ces procès. C’est pourquoi le
verbe finir qui marque une fin n’accepte pas cette combinaison.
Mais nous trouvons certains expressions dans lesquelles la périphrase finir de
admet un procès d’état du type contingent.
(115) « Il a fini d’être agressif »
est un énoncé fort peu naturel qui pourrait signifier à la rigueur et conformément à ce qui a
été dit de finir de : il a épuisé son agressivité. Cependant, on notera toutefois que finir
d’être agressif redevient parfaitement possible si, dans le cadre de relations
intersubjectives, on envisage un au delà de être agressif : c’est ce qui se produit dans un
exemple comme :
(116) Quand tu auras fini d’être agressif, préviens moi, nous pourrons peut être
remettre les choses à leur place !
55
4.3.2.Combinaison avec les activités et les accomplissements
(117) J’ai fini de fumer (exemple emprunté à Franckel)
(118) J’ai fini de manger.
Il faut alors s’interroger sur cette spécification lexicale de manger qui n’apparaît
nullement nécessaire avec finir de.
L’énoncé (117) ne serait véritablement naturel qu’à condition d’introduire un
complément d’objet (J’ai fini de fumer mon gros havane.)
Ces exemples font clairement apparaître que finir de implique la mise en œuvre
d’un rapport de conformité entre deux constructions de P, l’une établie dans le temps,
l’autre hors du temps. Cette conformité implique la quantification du procès en référence à
une quantification de l’objet affecté par le procès. J’ai fini de manger implique la
construction d’un complément qui, dans le cas de manger, n’a pas nécessairement à
apparaître explicitement (manger implique une sorte de complément générique : manger le
mangeable), j’ai fini de manger ce que j’avais à manger, j’ai fini mon repas. Cette glose
fait apparaître que la quantité de procès actualisée est conformée à la quantité de procès
construite comme validable. C’est-à-dire finir de s’accommode un procès existe
intrinsèquement ou extrinsèquement une quantité sinon la combinatoire entre ce verbe
aspectuel et le procès est devenu irrecevable.
L’énoncé :
(119) il a fini de pleuvoir donne l’impression peu naturel car cet énoncé implique
qu’il n’y a plus matière à pluie, que les nuages ont exprimé toute leur pluie. Franckel
explique que cette forme devienne acceptable dans un contexte introduisant une
téléonomie comme Je sortirai quand il aura fini de pleuvoir. La fin de la pluie est alors
liée à une attente qui rend possible la construction d’une conformité.
Les énoncés :
56
(120)* Elle a fini de pleurer.
(121)* Il a fini de rire. sont sémantiquement incorrects
L’expression de l’épuisement de matière de « pleurer » et de « rire » n’est pas acceptable.
Ces exemples montre que finir de paraît difficilement associer aux procès du type
d’activité qui sont non-quantitatives Donc, finir de ne peut être compatible qu’avec les
procès dont la quantification est déterminée :
(122) Joseph avait fini de remonter le pneu. (Un barrage contre le PacifiqueMarguerite Duras.
(123) Il a fini de réparer le pont mais la mère lui parlait toujours d’elle ne savait
quoi. (Un barrage contre le Pacifique- Marguerite Duras)
« Le pneu » et « le pont » joue le rôle du complément marqué un résultat que le sujet veut
atteindre. La combinatoire entre finir de et les procès du type d’accomplissement devient
naturelle.
Les énoncés du type :
(124) ?? J’ai fini d’écrire.
(125) ?? Il a fini de construire
paraissent comme des énoncés inachevés qui demandent un complément pour devenir
naturels. J’ai fini d’écrire la lettre pour mon ami ou Il a fini de construire sa maison ne
posent pas de problèmes sémantiques.
4.3.3. Combinatoire avec les achèvements.
Logiquement parlant, finir de est incompatibles avec les achèvements qui se
réalisent dans un intervalle instantané où, du même fait, il est impossible de discriminer
des phases.
(126)* Il finit de sortir.
57
(127) *Il a fini de tomber.
Finir de et cesser de marquent les aspects terminatifs du français
dont les
caractères ne sont pas identiques. Finir de traduit l’achèvement du procès tandis que cesser
de ne souligne que l’interruption du procès. La possibilité de combinaison avec les procès
de chaque périphrase est tout à fait différente. Comme les autres périphrases, les
périphrases terminatives peuvent être difficilement combinés avec des états et des
achèvements. De côté, leur valeur lexicale et aspectuelle privilégient la combinatoire avec
les procès du type Activité et Accomplissement.
Bref, la combinaison entre les périphrases aspectuelles et les quatre types de procès
est très compliquée et pose beaucoup de problèmes. Parmi lesquels, les états et les
achèvements rencontrent plusieurs de difficultés en associant aux périphrases aspectuelles
de phase interne. À l’inverse, l’association entre les procès avec les périphrases de phase
externe est moins stricte. Les activités et les accomplissements demandent moins de
contraintes dans les relations aux périphrases. Cependant, nous n’avons pas d’ambitions
d’aborder tous les aspects de ce phénomène. Dans le cadre de ce chapitre, nous voulons
que relever certaines caractéristiques au but de faire la comparaison avec des mot- outils
aspectuels équivalents en vietnamien que nous allons examiner dans le chapitre suivant.
58
CHAPITRE III. PARTICULES ÉQUIVALENTES EN
VIETNAMIEN DES PÉRIPHRASES ASPECTUELLES
I. ASPECT EN VIETNAMIEN.
1. A propos de temps et d’aspect en vietnamien.
En ce qui concerne les catégories de temps et d’aspect dans notre langue, les points
de vue des linguistes sont partagés. Nous pouvons les regrouper en deux approches.
- La première approche plaide l’existence du temps et de l’aspect dans la
grammaire vietnamienne. Les représentants de cette tendance sont Trương Vĩnh Ký, Lê
Quang Trình…Ils proposent que, malgré l’absence du changement morphologique du
verbe vietnamien, il existe quand même des mots ou particules qu’on place devant le verbe
pour exprimer le passé, le présent et le futur. Les mots comme đã·, đang, sẽ…sont utilisés
pour exprimer le temps.
- La deuxième approche nie l’existence de la catégorie du temps linguistique en
vietnamien. On peut citer les linguistes contemporains représentatifs tels que Cao Xuân
Hạo, Nguyễn Văn Tư, Nguyễn Kim Thản…pour qui, le vietnamien n’a pas de temps
linguistique, mais possède des moyens d’expression du temps quand c’est nécessaire. Ils
constatent que la notion de temps dans notre langue peut être exprimée essentiellement soit
par des « adverbes de temps » soit par des « adverbes aspectuo-temporels », mais leur
emploi n’est pas automatique, ni obligatoire comme la conjugaison du verbe à chaque
énoncé dans la langue française. Ils concluent que la catégorie de temps n’est pas une
catégorie spécifique du verbe vietnamien : đã·, đang, sẽ, sắp, vừa, mới, xong… sont des
marqueurs aspectuels.
Nous sommes d’accord avec la deuxième approche qui peut expliquer à fond les
phénomènes linguistiques compliqués en vietnamien. En plus, cette approche peut nous
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aider efficacement à relever des traits différents et ressemblants fondamentaux de certains
mots-outils exprimant la notion d’aspect entre le français, une langue flexionnelle et le
vietnamien, une langue isolante dans la recherche.
2. Types de procès
Comme en français, le verbe vietnamien implique nécessairement par son sens une
certaine durée. Donc, il contient certainement une dimension aspectuelle en ce qu’il
indique de quelle manière se manifeste le déroulement du procès. Nous pensons qu’en
vietnamien il y a aussi quatre types de procès : état, activité, accomplissement et
achèvement. Mais pour les déterminer, il faut tenir compte des éléments contextuels parce
que la présence de tel ou tel élément peut modifier complètement le type de procès.
2.1. Verbes d’état
Les verbes d’état peuvent être représentés par le verbe là (être) suivi d’un syntagme
nominal, ou par les noms qualificatifs à valeur prédicative. Ils sont aussi divisés en deux
grands groupes
- Propriétés nécessaires : là một sinh vật (être un animal).
- Propriétés contingentes: nóng tính (être coléreux), keo kiệt (être avare), ốm (être
malade), mệt (être fatigué)
Et les syntagmes verbaux suivants font partie aussi des verbes d’état : yêu (aimer), biết
tiếng Pháp (savoir le Français)
2.2. Verbes d’activité
Les verbes d’activité peuvent être composés des verbes simples et des verbes composés :
tìm(chercher), đi (marcher), làm việc (travailler), hút thuốc (fumer)…
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2.3. Verbes d’accomplissement.
C’est le cas des syntagmes verbaux suivants : viết một lá thư (écrire une lettre), vẽ một
vòng tròn (dessiner un cercle), ăn một bát cơm (manger un bol de riz), hút một điếu thuốc
(fumer une cigarette)…
2.4. Verbes d’achèvement
Les verbes simples : nổ (exploser), chết (mourir), nở (éclore), rơi (tomber), thấy
(apercevoir)… sont des verbes de type d’achèvement
A partir des verbes simples de type d’activité, on peut former des verbes composés de type
d’achèvement en ajoutant les mots : tìm, được, đi, thấy, ra … comme suit :
-tìm được : trouver
- tìm thấy :trouver
- tìm ra :trouver
- đi ra :sortir
3. Classement des aspects.
L’absence de la morphologie d’une langue isolante comme le vietnamien va
déterminer et commander d’autres particularités grammaticales. Alors, l’ordre des mots,
les préverbes, les post-verbes, les adverbes ou des locutions adverbiales doivent constituer
l’équivalent des structures syntaxiques du français pour pouvoir exprimer les différents
phénomènes grammaticaux. Nous constatons que le vietnamien est capable d’exprimer
tous les types d’aspects qu’exprime le français.
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3.1. Aspect accompli
Les mots đã·, rồi, đã·…rồi associés avec les procès dynamiques indiquent l’aspect
accompli. Par exemple : đã ngủ, đã· đến, ăn rồi, gặp rồi,…
3.2. Aspect progressif
Đang peut traduire l’aspect sécant quand on le met devant les procès non-ponctuels : đang
bơi, đang học bài, đang tìm…
3.3. Aspect itératif
Cet aspect est exprimé par les procédés suivants :
- Redoublement d’un verbe simple : chớp chớp, cười cười, nói nói..
- Lại postposé à un verbe peut marquer l’itération d’un procès : làm lại (refaire), đọc lại
(relire), học lại (réapprendre)…
- Le groupe de mots : đi ….lại comme : đọc đi đọc lại, xem đi xem lại…
- Mots outils exprimant la fréquence et la répitition. C’est le cas des mots : luôn luôn
(toujours), hằng, hoài, hay (très souvent), năng (très régulièrement), thường thường,
thường xuyên (régulièrement), đôi khi (parfois), thỉnh thoảng (de temps en temps), Ít khi
(rarement), không bao giờ, không khi nào (jamais)… qui indiquent la fréquence d’un
procès. Quant aux expressions comme ba lần (trois fois), nhiều lần (plusieurs fois), elles
désignent la répétition d’un procès.
3.4. Aspect prospectif.
Celui-ci esr représenté par les particules aspectuels sắp sửa (être sur le point de),
chuẩn bị (se préparer à)… ou par sắp qui indique un procès qui va avoir lieu juste après un
point de référence choisi, qu’il soit dans le passé ou dans le présent.
62
- Trời sắp mưa
Il va pleuvoir.
-Hôm qua lúc tôi gặp Paul thì trời sắp mưa.
Hier, quand j’ai rencontré Paul, il allait pleuvoir.
3.5. Aspect inchoatif.
Cet aspect se traduit par les verbes bắt đầu, (commencer à, se mettre à)
- Tôi bắt đầu đọc báo (Je commence à lire un journal)
- Paul bắt đầu hát (Paul commence à chanter)
3.6. Aspect terminatif
Cet aspect est indiqué par les verbes comme xong (finir de), hết (prendre fin), thôi, ngừng
(cesser de)…dans des syntagmes comme: ăn xong, học xong, ngừng nói, thôi khóc.
3.7. Aspect résultatif
Dans la grammaire vietnamienne, vừa et mới jouent le rôle d’un marqueur
indiquant l’aspect égressif. En réalité, ces marqueurs décrivent un fait récent par rapport à
un point de référence simultané ou antérieur.
-Trời vừa mưa/Trời mới mưa
(Il vient de pleuvoir)
- Hôm qua lúc tôi gặp Paul thì trời vừa mưa
Hier, quand j’ai rencontré Paul, il venait de pleuvoir
4. Moyens d’expression.
Le vietnamien est dépourvu de la flexion du verbe donc il recourt à plusieurs
particules exprimant l’aspect qui sont divisées en deux grands groupes :
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4.1. Les particules antéposées du verbe:
+ Đã, vừa, mới, sẽ sắp… traduisent la relation entre le procès et le repère du
moment de l’énonciation.
+ Cũng, vẫn, cứ, còn, lại…expriment l’aspect itératif.
+ Thường, hay, năng, ít, hiếm … désignent la fréquence du procès.
4.2. Les particules postverbales :
+ Rồi, xong,… expriment l’aspect accompli
+ Được, thấy… traduisent le résultat du procès
+ Ngay, tức thì, tức khắc, nữa, hoài, luôn, mãi…désignent le mode de déroulement
du procès.
(D’après Diep Quang Ban, 1989)
Nous venons de présenter brièvement les aspects en vietnamien et nous trouvons
que les moyens d’expression de l’aspect en vietnamien sont aussi variés que ceux en
français. Malgré l’absence de la morphologie, les particules et les verbes sont capables de
décrire efficacement toutes les phases du déroulement d’un procès
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II. PARTICULES ÉQUIVALENTES DES PÉRIPHRASES ASPECTUELLES.
1. Aller+infinitif et sắp/sẽ.
1.1. Définitions.
D’après Hoàng Trọng Phiến (2003), «Sắp traduit le déroulement du procès dans un
terme temporel plus concret, plus déterminé. Sẽ exprime le déroulement du procès avec un
point de repère temporel indéterminé». (Sắp diễn đạt một hành động gắn với thời điểm
nói. So với sẽ thì sắp cụ thể hơn, xác định hơn, còn sẽ chỉ nghĩa phiếm định.)
1.2. Emplois de sắp/sẽ
En ce qui concerne la valeur d’aspect, sắp et sẽ traduisent la phase prospective en
vietnamien. Cependant, ces mots ont des caractéristiques particulières qui régissent leur
combinatoire avec les autres mots. Sắp décrit un procès qui est plus proche du moment de
l’énonciation que sẽ.
(129) Trời sắp mưa. (Il va sûrement pleuvoir)
(130) Trời sẽ mưa. (Il pleuvra dans un moment indéfini)
On constate que sắp peut encore exprimer des procès lointains temporellement, mais
proches psychologiquement. Observons les deux exemples suivants
(131) Con tôi sắp vào đại học.(Mon fils va bientôt entrer à l’Université)
(132)Nhân loại sắp bước vào thế kỷ 21.(L’humanité va bientôt entrer dans le 21è
siècle).
Dans le premier, le locuteur parle de son fils qui vient de passer son baccalauréat avec
succès. Son entrée à l’Université est considérée comme une suite logique au baccalauréat.
Dans cet exemple, il utilise le mot sắp pour mettre en relief une proximité psychologique,
et non une proximité temporelle réelle entre le moment de l’énonciation et le moment de
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l’entrée à l’Université. Cette distance est loin d’être considéré comme proche. C’est une
chose que le père a attendue depuis longtemps.
La situation est le même avec le deuxième énoncé, sắp met en relief une proximité
psychologique, car du point de vue temporel, la distance entre le moment de l’énonciation
et le début du 21 è siècle est peut être loin. En effet, sắp peut traduire des faits imminents
temporellement ou des faits lointains temporellement mais proches psychologiquement.
Dans (131), (132) sắp peut être remplacer par sẽ cependant, la nuance de sens est
modifier. Con tôi sẽ vào đại học/ Nhân loại sẽ bước vào thế kỷ 21.
1.2.1. Présence obligatoire de sẽ
Observons les énoncés :
(133) Chắc chắn đến lúc ấy anh sẽ mỉm cười. (Ce moment-là, je suis sûr que tu
souriras ) ( Nguyễn Khải-Họ sống và chiến đấu)
(134) Chúng ta đi dạo chứ ?. Khi nào cháu mệt chú sẽ cõng cháu. Nous allons faire
une promenade ? Quand tu seras fatigué, je te porterai. (Nguyễn Khải- Họ sống và chiến
đấu)
Dans ces phrases, les compléments circonstanciels indéfinis (đến lúc ấy, khi nào cháu mệt,)
désignent que les procès sont loin du moment de l’énonciation. C’est pourquoi on ne peut
pas utiliser sắp. Dans la structure sẽ + complément de temps, l’utilisation sẽ est obligatoire
tandis que sắp est totalement nié.
(135)* Tôi sắp gặp Paul vào ngày mai.
- Dans une proposition subordonnée de cause : P thì sẽ Q et non pas *P thì sắp Q
(136) Cứ cho tôi trở lại đảo, tôi khắc sẽ ăn được. (Permettez moi de retourner à
l’ile, je vais bien manger) ( Nguyễn Khải- Họ sống và chiến đấu)
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1.2.2. Présence obligatoire de sắp
Au contraire, avec la structure Sắp P thì Q, on ne peut pas remplacer sắp par sẽ.
(137)Hôm qua, tôi sắp đi thì anh ấy tới.(Hier, j’allais sortir quand il est arrivé)
Les cas où le procès est situé dans un moment de référence déterminé, l’utilisation sắp rend
l’énoncé plus naturel que sẽ.
(138)Hợp tác xã mình sắp có máy nước rồi. (Actuellement, notre coorpérative va avoir
la motopompe). (Đào Vũ-Cái sân gạch)
Comme la prériphrase aller+infinitif, sắp et sẽ se combinent sans difficultés avec
les quatre types de procès. Les expressions : sắp ốm, sắp chết, sẽ chết, sắp ngã, sẽ ngã, sắp
nổ… sont tout à fait naturelles dans la langue courante.
1.3. Remarques.
A travers les caractéristiques présentés au-dessus, nous trouvons que Sắp et sẽ
traduisent certaines valeurs temporelle (le futur proche) et aspectuelle (l’aspect prospectif)
similaires de celles de la périphrase verbale aller+infinitif en français. Cependant, entre ces
deux mots il y a des traits différents. Donc, pour traduire exactement cette périphrase en
vietnamien, il faut baser sur le contexte et sur les compléments qui l’entourent.
(139) Je pense tout le temps pendant le repas : «Je vais sortir après le diner, et je
prendrai le train pour aller n’importe où».’ (Maupassant, Les Sœurs Rondoli)
- Tôi suy nghĩ suốt bữa ăn : ‘Tôi sẽ đi sau khi ăn tối, rồi tôi sẽ lấy tầu để đi bất cứ đâu »,
(Traduction de Nguyễn Mạnh Hào, 1998)
Dans cet énoncé, le locuteur français peut utiliser aller+inffinitif (vais sortir) suivi d’un
syntagme (après le dîner) ; en revanche, le locuteur vietnamien ne peut pas faire appel à
sắp car ce marqueur n’est pas compatible avec le complément de temps sau khi ăn tối
(après le dîner). L’énoncé *Tôi sắp đi sau khi ăn tối est irrecevable dans la langue
67
quotidienne. Sắp n’admet aucun complément temporel. Dans cette phrase, on ne traduit ce
verbe par sắp mais par sẽ.
La situation est la même dans les énoncés suivants. L’utilisasion de sẽ est obligatoire.
(140) Ma tante me l’a déjà dit hier et avant-hier et avant, mais j’ai oublié tous les
jours. Elle va me gronder. (Agota Kristof- La preuve).
- Cô em đã bảo em hôm qua, hôm kia và trước nữa nhưng em cứ quên. Cô sẽ mắng
em một trận. (Traduction de Vũ Xuân Thi, 1999)
(141)Fais comme tu voudras. Moi, je ferai comme je veux. Je vais épouser Reine
Verselay (Sylvie Germain-Jours de colère)
(Cha muốn làm thế nào thì tuỳ. Còn con, con sẽ làm theo ý mình. Con sẽ cưới cô
Reine Verselay.) (Traduction de Nguyễn Thị Bạch Tuyết, 2004)
Dans certaines phrases, le traducteur doit utiliser sắp, la présence de sẽ fait la
phrase devenir maladroite :
(142) Et elle, elle va avoir bientôt dix-neuf ans. Comment va-t-elle ? (Agota
Kristof- La preuve)
- Còn nó, nó sắp 19 tuổi, nó thế nào rồi ? (Traduction de Vũ Xuân Thi).
(143) Enfin, on allait se mettre à table, quand le patron de l’auberge parut luimême. (Maupassant- Boule de suif)
- Sau cùng, khi mọi người sắp ngồi vào bàn ăn thì chính chủ quán xuất hiện.
(Traduction de Hướng Minh, 1984)
En effet, aller+infinitif
équivaut tantôt à sắp tantôt à sẽ en vietnamien.
L’utilisation de ces deux particules est assez compliquée. Le choix dépend du contexte et
des autres éléments de l’énoncé. En plus, sắp équivaut encore à être sur le point de et sẽ au
futur simple en français.
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2. Être en train de+ infinitif et đang (ou đương)
2.1. Définitions
A notre connaissance, đang était considéré comme un marqueur purement temporel
pendant une longue période. Et puis, avec les recherches plus récentes des linguistiques
vietnamiens, on a tendance à conclure que đang exprime plutôt l’aspect du procès que le
temps car il s’emploie non seulement pour l’époque du présent mais aussi pour l’époque du
passé et pour l’époque du futur. Parallèlement avec đang c’est le mot đương, une variante
phonétique de đang. Selon le dictionnaire de Đào Duy Anh (1950), đương
était la
transcription en vietnamien du verbe chinois ayant la conception chính giữa (être au milieu
de). Đương est plus utilisé au début du 20è siècle. On le rencontre plus souvent dans les
romans de Vũ Trọng Phụng, Nam Cao, Ngô Tất Tố… que dans les romans contemporains.
(144) Bà Cứ lúc ấy đương ngồi đun sanh cám lợn. (Vũ Trọng Phụng- Vỡ đê)
(145) Hắn đương kéo một hơi thuốc ở cái điếu cày. (Vũ Trọng Phụng- Vỡ đê)
D’après la recherche de Trần Kim Phượng (2005), l’utilisation de đang en
vietnamien est très compliquée parce qu’il joue à la fois le rôle d’une particule temporelle,
et aspectuelle. Nous partageons parfaitement le point de vue de cette linguiste en ce qui
concerne la valeur aspectuelle de đang :
«Dans n’importe quel cas, n’importe quelle époque, đang sert à exprimer le
déroulement du procès qui n’est pas inachevé» (Trong bất kỳ trường hợp nào, với bất kỳ
khung thời gian nào, đang đều biểu hiện ý nghĩa tiếp diễn, chưa hoàn thành)
Le linguiste Cao Xuân Hạo (1998) a expliqué le fonctionnement de đang comme
suit :
«Antéposé aux verbes d’activité, đang présuppose que ces activités sont en train de
se dérouler, elles ne sont pas terminées» (Đang dùng với vị từ động cho biết rằng sự việc
ấy đang tiếp diễn, nghĩa là chưa hoàn tất, chưa kết thúc).
69
Avec ces caractéristiques, on peut dire que đang équivaut à être en train de en
français. En raison de cela, dans les œuvres littéraires en bilingues (français et vietnamien)
que nous avons examinés, être en train de est toujours traduit par le particule đang en
vietnamien.
(146) J’étais en train de distribuer les cartes et usant de ce privilège, j’avais
doublé l’enjeu habituel.(Joseph Kessel- La rose de Java).
Tôi đang chia bài, và lợi dụng quyền ấy, tôi đặt tiền gấp đôi. (Traduction de
NgôDư, 1994)
(147) Une famille est en train de prendre le repas du soir. Une mère et trois enfants
autours de la table. (La preuve-Agota Kristof)
Một gia đình đang dùng bữa tối, có bà mẹ và ba đứa con chung quanh bàn ăn.(Vũ Xuân
Thi, 1999)
(148) Yasmine est en train de suspendre la lessive dans le jardin, l’enfant fait la sieste.
(Agota Kristof-La preuve).
Yasmine đang phơi quần áo ngoài vườn, đứa trẻ đang ngủ.
(149) Il vint à la clairière un martin ; les neufs frères étaient là, en train d’œuvrer à
leurs sculptures. (Sylvie Germain - Jours de colère).
Một buổi sáng, lão lên rừng ; cả chín anh em đều có mặt ở đó và đang mải mê với
công việc tạc tượng. (Traduction de Nguyễn Thị Bạch Tuyết, 2004)
2.2. Emplois de đang
- En ce qui concerne la position, đang est antéposé d’un autre verbe, par exemple :
đang ăn (être en train de manger), đang khóc (être en train de pleurer), đang đọc sách
(être en train de lire le livre). Cette particule exprime la phase en cours du procès.
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Autrement dit, elle traduit l’aspect progressif comme la périphrase être en train de+infinitif
en français.
- Combinaison avec les procès.
D’après Trần Kim Phượng (2005), à côté de la valeur progressive, đang présuppose
en même temps que les procès associés prendront la fin à un moment quelconque après le
point de référence. Cette caractéristique interprète la possibilité de combinaison de đang
avec les types de procès.
Comme être en train de, đang n’est pas compatible avec les états nécessaires.
Voyons ces exemples :
-(150)*Maupassant đang là một nhà văn Pháp.
(* Maupassant est en train d’être un écrivain français)
-(151)*Nó đang nóng tính
*Il est en train d’être coléreux
Les deux phrases avec đang ne sont pas acceptables en vietnamien, car elles présupposent
plus tard que Maupassant n’est plus un écrivain français, que Paul ne sera plus coléreux, ce
qui est impossible. En réalité, être un écrivain français désigne une profession permanente,
être coléreux décrit le caractère permanent d’une personne. Par conséquence, ces procès ne
sont pas compatibles avec đang.
De façon générale, đang peut être associé aux états à propriétés contingents, ce
marqueur présuppose que ces états, de nature instables, seront terminés à un moment
quelconque.
(152) Nó đang rất hiền bỗng dưng trở nên độc ác từ ngày mẹ nó mất. (Avant, elle
était très douce mais elle devient méchante dès la mort de sa mère. (exemple emprunté à
Trần Kim Phượng). L’état contingent hiền (être doux) est considéré comme un procès en
71
train de se changer . Dans cet énoncés, le locuteur veut insister sur le changement de la
douceur en méchanceté.
(153) Mẹ sao thế chị ? – Mẹ đang
mệt. (Comment va maman ?- Elle
est
fatigué).(Phạm Hoa- Truyện ngắn Phạm Hoa)
Dans cet énoncé, le locuteur recourt à đang pour insister sur le procès mệt (être fatigué) au
moment de l’énonciation. Ils seront prendre une fin alors l’utilisation du mot đang est tout
à fait logique.
- Đang avec les procès d’activité.
- Comme être en train de en français, đang est bien compatible avec les procès
imperfectifs de type d’activité. Les énoncés :
(154) Đứa bé đang khóc. (L’enfant est en train de pleurer)
(155) Anh ấy đang làm bài tập. (Il est en train de faire les exercices)
sont tout à fait naturel en vietnamien. Đang souligne le déroulement du procès au moment
de référence choisi, en présupposant qu’il sera terminé après ce moment.
Đang sert à souligner la simultanéité du procès en question avec un autre procès.
Ces procès peuvent être localisés dans l’époque du passé, du présent et du futur :
(156) Năm 1968, khi chúng tôi đang học cuối cấp thì Huệ bỏ học. (En 1988, quand
nous étions en classe termianle, Huệ a abandonné ses études). (Phạm Hoa- Truyện ngắn
Phạm Hoa)
Dans cet énoncé, le point de référence est antérieur au moment de l’énonciation,
nous relevons que đang, avec la valeur de procès en cours, a pour but de mettre en relief le
contraste entre un procès en cours et un procès ponctuel.
(157) Sao lại đến lúc trời đang mưa thế này ?
(Il pleut, pourquoi es-tu venu ?)
72
Đang peut être antéposé aux procès dont le point de référence est postérieur au
moment de l’énonciation :
(158) Tháng sau, khi anh lên thăm tôi thì vườn hoa của tôi đang nở rộ. (Le mois
prochain, lorsque tu me rendras visite, les fleurs de mon jardin seront alors en cours
d’épanouissement) (Exemple emprunté à Cao Xuân Hạo)
Les procès sont localisés dans le futur par tháng sau (le mois prochain). On recourt
à đang pour insister sur la simultanéité du procès s’épanouir avec le procès visiter
- Đang avec les procès d’accomplissement
Đang est très compatible avec les procès de type d’accomplissement, car d’une
part, ce marqueur exprime la valeur de procès en cours en présupposant que le procès en
question seront terminés à un moment donné après le point de référence choisi, d’autre
part, ces procès ne sont pas ponctuels et limités par les compléments d’objet.. Par
exemple : vẽ một ngôi nhà (dessiner une maison), viết một lá thư (écrire une lettre)…
(159)Tôi đang vẽ một ngôi nhà.
(Je suis en train de dessiner une maison)
- (160) Tôi đang hút thuốc.
- (Je suis en train de fumer).
Dans ces énoncés, đang souligne bien la valeur de procès en cours dont le point de
référence est simultané au moment de l’énonciation, đang est parfaitement rendu par être
en train de au présent.
Mais lorsque les compléments d’objet sont supérieur à une unité. Par exemple :
- (161)??Tôi đang vẽ 10 vòng tròn
- (?? Je suis en train de dessiner dix cercles
-
(162)??Tôi đang viết 10 bức thư
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- ?? Je suis en train d’écrire dix lettres.
Il nous paraît très difficile de recourir à đang. S’agissant de noms comptables (cercles,
lettre), on ne peut pas, en même temps, être en train de dessiner dix cercles ou écrire dix
lettres. En revanche, đang est acceptable dans le cas où le prédicat est mười vòng tròn mà
tôi hứa làm cho anh (les dix cercles que je t’avais promis) car le dernier est représenté
mentalement comme un bloc à faire ensemble où le caractère comptable du complément
vòng tròn (cercle) n’est pas pris en compte.
- Đang avec les procès d’achèvement
D’après le point de vu de Mme Trần Kim Phượng (2005), đang est entièrement
incompatible avec les procès perfectifs de type d’achèvement. Cette incompatibilité est due
au fait que ces procès sont poctuels ou momentanés, alors que đang présuppose que les
procès durent un moment pour pouvoir mettre en relief sa valeur de procès en cours. Par
conséquent, đang avec chết (mourir), nhận thấy (recevoir), tìm thấy (trouver) ne sont pas
recevable en vietnamien.
(163) *Nó đang chết
(164) *Nó đang tìm thấy cuốn sách
Dans certains contextes, cette combinaison, qui n’est pas impossible, peut
transformer les procès de type achèvement (ponctuels) en procès de type accomplissement
(non ponctuels) :
(165) Nó đang thắng.
(Il est en train de gagner)
(166)Nó đang thua
(Il est en train de perdre)
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Dans ces énoncés, le locuteur peut utiliser đang lorsqu’il constate qu’au cours du
commentaire en direct d’un jeu, Nó(il) se trouve au moment de l’énonciation dans une
posotion très favorable pour gagner ou au contraire très défavorable au risque de perdre.
Examinons encore un autre exemple :
(167) Bom đang nổ, máu đang rơi, từng đoàn trai đang ngã xuống (exemple
emprunté à Vũ Thị Ngân).
Dans cet exemple, avec le sujet au pluriel, le procès n’est plus du type
d’achèvement. Il s’agit des procès d’accomplissement. Donc, la présence de đang est
acceptable.
2.3. Remarques.
A travers les analyses au-dessus, on voit que être en train de peut être traduit par
đang qui présente certaines valeurs sémantiques et aspectuelles de être en train de. Đang
est un marqueur d’aspect exprimant essentiellement la valeur de procès en cours par
rapport aux points de référence choisis.
La compatibilité de đang avec les quatre types de procès est similaire de celle de
être en train de. Tous les deux se combinent facilement avec les procès d’activités et
d’accomplissements mais ils connaissent beaucoup de contraintes en sassociant avec les
états et les achèvements.
Cependant, đang en vietnamien connaît des emplois plus larges que être en train de
en français. Les vietnamiens peuvent utiliser đang dans l’expression: Tôi đang bị ốm (Je
suis malade) mais on ne peut pas traduire đang par être en train de parce que les français
ne disent pas: Je suis en train d’être malade mais je suis malade. Cela est expliqué par le
fait que đang sert à exprimer la simultanéité à un point de reference. comporte en même
temps les valeurs aspectuelle, modale et temporelle. Avec ces caractéristiques, đang
équivaut non pas seulement à être en train de mais aux autres morphèmes en français
comme le présent simple, l’imparfait…
75
3. Finir de+infinitif/ Xong
3.1. Définitions
Diệp Quang Ban (2000) a défini :
(Xong désigne la fin, l’achèvement du procès. Les verbes ayant la borne finale sont
facilement associés à ce mot. Les verbes qui n’ont pas ce caractère ne l’admettent pas.)
(Xong chỉ ý kết thúc, hoàn thành, hoàn tất. Những động từ biểu thị đặc trưng có kết thúc dễ
dàng kết hợp với xong. Những từ mang đặc trưng không có kết thúc thì không kết hợp
được với xong.)
On dit souvent: nghe xong, tìm hiểu xong vấn đề…et on ne dit pas : hiểu xong,
kính nể xong.
D’après le point de vue du Professeur Hoàng Trọng Phiến (2003):
“Xong exprime la fin de l’action. Il est combiné avec “rồi” qui est mis à la fin de la phrase
pour énoncer l’achèvement du procès” (Xong biểu thị sự kết thúc của hành động, kết hợp
với “rồi” ở cuối câu biểu thị quá trình đã chấm dứt.)
3.2. Emplois de xong
Xong postposé aux verbes saisit le procès juste à sa limite finale. Il implique en
même temps l’épuisement d’une quantité de procès. Xong peut être associé à đã ou rồi
pour exprimer l’aspect accompli. Il signifie ce qui est à fait est fait.
(168) Con đã làm xong bài tập. /(J’ai fini de faire les exercices) ou bien : Con làm
xong bài tập rồi. sont parfaitement naturels en vietnamien. Avec la présence de xong, le
locuteur désigne que le sujet «con» a fait tous les exercices et achevé les travaux qu’il doit
faire.
D’après Diệp Quang Ban (2000), xong est facilement compatible avec les procès
dont on peut déterminer leurs quantités.
76
(169) Tôi đã vẽ xong một vòng tròn. (-J’ai fini de dessiner un cercle).
(170) Tôi đã viết xong một bức thư (Ba ai fini d’écrire une lettre).
L’énoncé : *Tôi đã vẽ xong (*J’ai fini de dessiner) est incompréhensible pour
l’interlocuteur car il attend toujours un complément du verbe pour savoir ce que Ba a fini
de faire.
(171) Từ lúc đọc xong thư, Quảng bần thần cả người (Dès le moment où il a fini de
lire la lettre, il devenaitt abattu). (Phạm Hoa- Người đi cuối cùng).
(172)Quảng đọc xong thư rồi cười ầm lên (Quand il a finit de lire la lettre, il riait
très fort. (Phạm Hoa- Người đi cuối cùng).
Xong montre que le terme de la phase finale du procès đọc thư (lire une lettre) est atteint.
Au contraire, Xong ne peut pas admettre les procès non bornés ou ponctuels du
type : Etats, Activités et Achèvements.
Les expressions : *chết xong, *ngã xong, *nổ xong, *ốm xong ne sont pas naturelles en
vietnamien. Pour exprimer la fin de ces procès, notre langue recourt aux autres marqueurs
comme rồi (chết rồi, ngủ rồi, nổ rồi), hết (đọc hết-lire tout, hiểu hết-comprendre tout),
sạch (đuổi sạch-chasser tout).
Dans la phrase, la position de xong n’est pas tout à fait stable. On peut le situer
tantôt avant tantôt après le complément du verbe. ăn cơm xong ou ¨ăn xong cơm sont tout
acceptables en vietnamien.
Dans certains contextes, xong peut être utilisé comme un verbe central de la phrase,
le verbe principal est sous-entendu :
(173) Mày xong chưa thế con?Dạ, con xong rồi ( L’as-tu fini ?- Oui, je l’ai fini)
(Vũ Trọng Phụng-Vỡ đê)
L’emploi xong dans une réponse tronquée est fréquent tant à l’oral qu’à écrit en
vietnamien :
(174) Xong rồi chứ?- Xong (Tu l’as fini ?-Oui.) (Nam Cao-Trẻ con không được ăn
thịt chó)
77
3.3. Remarques
En ce qui concerne la valeur aspectuelle, xong qui décrit l’aspect terminatif du
procès équivaut à la périphrase finir de en français.
Examinons les phrases suivantes :
(175) Elle lui avait manqué pendant ces deux jours et sa hâte de la revoir était telle
qu’il l’avait attendue là, dans le noir, espérant qu’elle finirait de travailler plutôt que
prévue. (M.Duras-Un barrage contre le Pacifique)
( Anh vắng cô đã hai ngày nay nên vội vàng đến gặp cô cứ như thể cô đang đợi anh ở đó
với hy vọng là cô sẽ xong việc sớm hơn dự định).( Traduction de Lê Hồng Sâm, 1997)
(176) Joseph finit de remonter le pneu. (M.Duras-Un barrage contre le Pacifique)
(Joseph bơm xong lốp)( Lê Hồng Sâm, 1997)
(177) Elle avait fini de manger et regardait ses enfants. (M.Duras-Un barrage
contre le Pacifique)
(Bà đã ăn xong và ngắm nhìn các con)(Lê Hồng Sâm, 1997)
(178) Joseph avait fini de réparer le pont mais la mère lui parlait toujours d’elle
ne savait quoi. (M.Duras-Un barrage contre le Pacifique)
(Joseph đã chữa xong cầu nhưng bà mẹ vẫn đang nói với anh cái gì cô không biết nữa)(Lê
Hồng Sâm, 1997)
4. Cesser de+infinitif et /ngừng/ thôi
4.1. Définitions.
Thôi est défini par Hoàng Trọng Phiến (2003) comme une particule qui exprime la
restriction et l’arrêt du procès. (Thôi có chức năng như một phó từ biểu thị giới hạn, mang
ý nghĩa ngừng, đình chỉ của hành động.)
(179) Quang thôi ăn, lặng lẽ chịu cái nhìn của bố. (Phạm Hoa-Miền đất ngọt)
78
(Quang a cessé de manger, il subit silencieusement le regard de son père).
Thôi marque l’interruption totale et entraîne une délimitation purement temporelle sur le
prédicat manger.
Pour la particule thôi, les vietnamiens l’utilisent souvent avec le groupe : thôi
không+verbe+nữa (= cesser de+infinitif)
(180) Từ ngày đó, tôi không đến nhà dì Hảo nữa. (Phạm Hoa, Chuyện quê ta)
(Dès ce jour-là, je ne viens plus chez ma tante Hảo.
En ce qui concerne la particule «ngừng», nous trouvons que ngừng désigne
l’interruption momentanée du procès :
(181) Anh ta bỗng ngừng lời. (il cesse soudain de parler). (Hồ Thị Hải Âu- Một
cuộc đời)
Dans cet énoncé, ngừng désigne l’arrêt de l’action. À côté de ce sens, ngừng implique la
réalisation continue du procès. Le sujet anh ta (il) peut continuer à parler.
4.2.Emplois de ngừng/thôi.
En utilisant le mot ngừng, le locuteur veut souligner que l’action continuera
probablement tandis que thôi traduit l’arrêt définitif. C’est pourquoi on peut utiliser le
circonstanciel de temps qui exprime une durée avec ngừng, ce qui n’est pas possible avec
thôi.
(182)Nó ngừng nói một lúc
- (183)*Nó thôi nói một lúc.
Ngừng et thôi sont les deux mots qui décrivent l’aspect terminatif. Ils sont
antéposés du verbe et expriment que le procès a atteint la borne finale. On trouve que,
comme le verbe cesser de, ngừng et thôi marquent le simple passage l’extérieur temporel
79
d’un procès ( passage à ne plus P). Même si ces verbes sont quasiment identiques du point
de vue sémantique, il existe néanmoins des dissemblances entre eux, que ce soit en qualité
de verbes ou en qualité de marqueurs d’aspect. Du point de vue aspectuel, ngừng, comme
thôi, indique que le terme du procès est atteint, mais à la différence de thôi, ngừng
implique la réalisation se poursuivant encore aux moments de référence choisis.
En général, ngừng et thôi marquent la subjectivité du sujet sur le déroulement
interrompu du procès. Ce caractère nous permet d’expliquer pourquoi ces particulent ne
peuvent pas s’associer aux verbes d’état du type :
- (184) *Tôi ngừng ốm (*Je cesse d’ être malade)
- (185)* Tôi thôi thông minh (*Je cesse d’être intélligent).
De ce fait, il nous paraît qu’ils sont aussi difficilement compatibles avec les achèvements
qui manquent un changement d’états :
(186)*Nó ngừng ngã· (*Il cesse de tomber)
(187)* ông cụ ngừng/ thôi chết (*Il cesse de mourir)
sont des énoncés sémantiquement illogiques et irrecevables.
En vietnamien, ngừng et thôi sont assez facilement compatibles avec des activités comme :
ngừng đọc, ngừng viết, thôi không ăn nữa, thôi không hát nữa…et des accomplissements :
ngừng đọc báo, ngừng viết thư, …
4.3. Remarques.
Ngừng et thôi contiennent certains traits sémantiques similaires de cesser de en
français. C’est pourquoi dans la traduction des romans français en vietnamien, cesser de se
traduit par ngừng et thôi :
- (188)Jo cessa de rire. Il la regarda longuement et rougir fortement. (Marguerite
Duras-Un barrage contre le Pacifique-)
80
- Jo ngừng cười. Anh nhìn cô rất lâu và đỏ bừng mặt. Traduction de Lê Hồng Sâm,
1997)
(189) Il faisait très chaud. Suzanne cessa de suivre le travail de Joseph, elle pivota sur
elle-même, relia sa robe et se trempa les jambes dans la mare. (Marguerite Duras-Un
barrage contre le Pacifique)
-Trời rất nắng. Suzanne thôi theo dõi công việc của Joseph, cô xoay người lại, vén
áo và thả chân xuống đầm.
(190) La mère un peu déçue demanda machinalement à Joseph de cesser de jouer.
Mais ce soir, autant lui demander de cesser de respirer. (Marguerite Duras-Un barrage
contre le Pacifique)
- Bà mẹ hơi thất vọng đề nghị một cách máy móc Joseph ngừng chơi. Nhưng tối
hôm ấy bảo vậy khác nào bảo anh ngừng thở.
(191) Car si pendant quelques années seulement, les enfants de la plaine avaient
cessé de mourir, la plaine en eut été à ce point infestée que sans doute; faute de pouvoir les
nourrir, on les aurait données aux chiens. (Un barrage contre le Pacifique- Marguerite
Duras)
- Bởi vì chỉ trong vòng vài năm nữa thôi, trẻ em ở đồng bằng thôi không chết nữa,
thì đồng bằng sẽ nhung nhúc trẻ con đến mức vì không sao nuôi nổi chúng, có lẽ người ta
đến đem cho chúng đi.
En résumé, en vietnamien on recourt aux mots xong, ngừng ou thôi lors qu’on veut
souligner le terme atteint du procès. Xong ou xong rồi équivalent au point de vue
sémantique et au point de vue aspectuel à finir de et ngừng, thôi à cesser de. Xong est
postposé du verbe alors que ngừng et thôi en sont antéposés. Ces marqueurs sont tout
compatibles avec les procès du type d’activités et d’accomplissement et à l’inverse, ils
nient la combinaison avec les procès statiques comme les états ou momentanés comme les
achèvements.
81
CONCLUSION
R.Jakobson déclare que les langues diffèrent essentiellement par ce qu’elles doivent
exprimer et non par ce qu’elles peuvent exprimer. C’est-à-dire que les langues peuvent tout
décrire. Chaque langue doit trouver un ou des moyens pour exprimer une notion qui existe
dans les autres langues.
Malgré l’existence des points de vue différents, les linguistes, dans les années
récentes, constatent que la notion de l’aspect existe dans la langue française ainsi qu’en
vietnamien. Pour exprimer l’aspect, le français possède des formes grammaticales, des
adverbes, des périphrases verbales…tandis que le vietnamien, une langue isolante, nonflexionnelle, ne connaît qu’aux niveaux lexical et syntaxique.
En ce qui concerne la théorie, nous avons présenté d’une façon succincte la notion
de l’aspect en français et en vietnamien. Nous avons aussi essayé de classer les types
d’aspect, de donner les caractéristiques de certains marqueurs aspectuels selon les points
de vue des linguistes français et vietnamiens.
Notre mémoire a porté particulièrement sur les caractéristiques, les valeurs et les
emplois des groupes de périphrases synonymes, des tests de compatibilité/incompatibilité
avec les quatre types de procès. En nous basant sur les résultats obtenus, nous avons fait
quelques comparaisons entre ces périphrases aspectuelles et leur équivalents en
vietnamien.
Ce travail a permis de constater que les marqueurs aspectuels en français et en
vietnamien sont abondants. Mais leurs emplois sont très compliqués, surtout la
combinaison avec les procès. Parmi les quatres types de procès : activités,
accomplissements, états et achèvements, les deux premiers se combinent avec les
périphrases verbales, en question la situation est à l’inverse avec les deux derniers. Ayant
des caractéristiques de procès (-dynamique) ou (+ponctuel), les états et les achèvements
82
ignorent la progression interne. Autrement dit, on ne peut pas déterminer nettement les
phases du déroulement de ces types. Logiquement parlant, ils peuvent se combiner avec les
périphrases de phase externe mais difficilement être compatibles avec les périphrases de
phase interne. Cependant, ils peuvent se combiner avec certaines périphrases dans les cas
où d’autres éléments linguistiques et contextuels interviennent et modifient leur nature.
En effet, les particules aspectuelles en vietnamien ne sont pas tout à fait équivalents
aux périphrases en français. Les différences se trouvent au niveau de la forme, au niveau
de la valeur sémantique ainsi que de la possibilité de combinaison avec les procès. C’est
pourquoi, les apprenants doivent faire attention à ces différences pour éviter les erreurs car
la façon de décrire l’aspect dans chaque langue n’est pas identique.
Il existe encore beaucoup de choses à étudier en ce qui concerne l’aspect du
français mais faute de temps, nous n’avons pas pu étudier de façon approfondie les autres
marqueurs aspectuels comme le verbe venir de en comparaison avec vừa, mới, les
adverbes, les affixes… dans ce mémoire. Nos analyses sont limitées à certaines périphrases
aspectuelles qui sont les plus fréquemment utilisées dans la langue écrite ainsi que dans la
langue orale. Nous voudrions dire aussi que ce travail n’est que le début d’un autre de plus
longue haleine visant à faire une comparaison plus détaillée, plus approfondie entre
l’expression de l’aspect en français et en vietnamien.
N’ayant pas beaucoup d’expriences dans les travaus de recherche, nous aurions pu
commetre des erreurs et nous croyons bien qu’il y a des limites dans ce mémoire. Malgré
toutes ces faiblesses, nous esprérons que ce présent travail apportera une certaine utilité
dans l’apprentissage et l’enseignement du français.
83
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