1 UNIVERSITÉ NATIONALE DE HANOI ÉCOLE SUPÉRIEURE DE LANGUES ÉTRANGÈRES Mémoire de fin d’études post-universitaires ÉTUDES DES PÉRIPHRASES ASPECTUELLES EN FRANÇAIS ET LEURS ÉQUIVALENTS EN VIETNAMIEN. NGHIÊN CỨU MỘT SỐ CỤM ĐỘNG TỪ DIỄN ĐẠT THỂ TRONG TIẾNG PHÁP VÀ CÁC CÁCH BIỂU ĐẠT TƯƠNG ĐƯƠNG TRONG TIẾNG VIỆT Directeur de recherche: Mme Professeur-Docteur Vũ Thị Ngân. Réalisé par : Nguyễn Thị Thu Hương Hanoi 2007 2 REMERCIEMENTS Je tiens à exprimer ma profonde gratitude et mes vifs remerciements envers mon directeur de recherche, Madame le Professeur Vũ Thị Ngân pour le temps qu’elle a bien voulu consacrer à la relecture de ces pages et pour ses remarques précieuses. Sans son aide, ce mémoire n’aurait pas vu le jour. Je voudrais aussi adresser mes remerciements chaleureux et sincères à mes professeurs de l’Ecole Supérieure de Langues Étrangères, Université Nationale de Hanoi à qui je dois les connaissances et le courage pour le travail de recherche. Je remercie infiniment mes proches pour leur soutien moral durant la rédaction de ce mémoire sans lequel je n’aurais pas pu mener à bien ce travail. 3 TABLE DES MATIÈRES Remerciements 2 Table des matières 3 Introduction 7 CHAPITRE I : ASPECT EN FRANÇAIS 10 I. Définitions de l’aspect 10 II. Classement des types d’aspect 12 1. Aspect grammatical 12 1.1. Aspect accompli 14 1.2. Aspect inaccompli 14 1.3. Aspect global 14 1.4. Aspect sécant 14 1.5. Aspect prospectif 15 1.6. Aspect résultatif 15 2. Aspect lexical 2.1. Aspect imperfectif 15 16 2.1.1. États 16 2.1.2. Activités 17 2.2. Aspect perfectif 17 2.2.1. Accomplissements 17 2.2.2. Achèvements 18 CHAPITRE II : PÉRIPHRASES ASPECTUELLES EN FRANÇAIS 21 I. Définitions 21 II. Rôle des périphrases aspectuelles 22 1. Aspect prospectif 22 2. Aspect inchoatif 23 3. Aspect progressif 23 4. Aspect terminatif 23 5. Aspect résultatif 23 4 III. Caractéristiques des périphrases aspectuelles 23 1. Structure 24 2. Valeur lexicale 24 3. Position 24 IV. Emplois des périphrases aspectuelles 1. Périphrase à valeur prospective: Aller+infinitif 25 25 1.1 Particularités 25 1.2. Combinaison avec les procès 27 1.2.1 Combinaison avec les états 27 1.2.2. Combinaison avec les activités et les accomplissements 27 1.2.3. Combinaison avec les achèvements 28 2. Périphrases à valeur inchoative 2.1. Commencer à/de+infinitif 29 29 2.1.1. Commencer et ses prépositions 29 2.1.2. Combinaison avec les procès 32 - Combinaison avec les états 33 - Combinaison avec les activités et les accomplissements 34 - Combinaison avec les achèvements 34 2.2. Se mettre à + infinitif 36 2.2.1 Particularités 36 2.2.2. Combinaison avec les procès 36 - Combinaison avec les états 36 - Combinaison avec les activités et les accomplissements 37 - Combinaison avec les achèvements 38 3. Périphrases à valeur progressive 3.1. Être en train de + infinitif 39 39 3.1.1 Particularités 39 3.1.2. Combinaison avec les procès 41 - Combinaison avec les états 41 5 - Combinaison avec les activités et les accomplissements 42 - Combinaison avec les achèvements 44 3.2. Continuer à +infinitif 46 3.2.1. Particularités 46 3.2.2. Combinaison avec les procès 48 - Combinaison avec les états 49 - Combinaison avec les activités et les accomplissements 49 - Combinaison avec les achèvements 50 4. Périphrases à valeur terminative 50 4.1. Particularités 50 4.2. Cesser de + infinitif 51 4.2.1. Combinaison avec les états 51 4.2.2.Combinaison avec les activités et les accomplissements 52 4.2.3. Combinaison avec les achèvements 53 4.3. Finir de + infinitif 54 4.3.1. Combinaison avec les états 54 4.3.2. Combinaison avec les activités et les accomplissements 55 4.3.3. Combinaison avec les achèvements 56 Chapitre III. Particules équivalentes en vietnamien des périphrases aspectuelles 58 I. Aspect en vietnamien 58 1. A propos de temps et d’aspect en vietnamien 58 2. Types de procès 59 2.1. Verbes d’état 59 2.2. Verbes d’activité 59 2.3. Verbes d’accomplissement 60 2.4. Verbes d’achèvement 60 3. Classement des aspects 60 3.1. Aspect accompli 61 3.2. Aspect progressif 61 6 3.3. Aspect itératif 61 3.4. Aspect prospectif 61 3.5. Aspect inchoatif 62 3.6. Aspect terminatif 62 3.7. Aspect résultatif 62 4. Moyens d’expression 62 4.1. Particules antéposées du verbe 63 4.2. Particules postverbales 63 II. Particules équivalentes des périphrases aspectuelles 1. Aller+infinitif et sắp/sẽ 64 64 1.1. Définitions 64 1.2. Emplois de sắp/sẽ 64 1.2.1. Présence obligatoire de sẽ 65 1.2.2. Présence obligatoire de sắp 66 1.3. Remarques 2. Être en train de + infinitif et đang 66 68 1. Définitions 68 2. Emplois de đang 69 3. Remarques 74 3. Finir de + infinitif /xong 75 3.1. Définitions 75 3.2.Emplois de xong 75 3.3. Remarques 77 4. Cesser de + infinitive /Ngừng, Thôi 77 4.1. Définitions 77 4.2. Emplois de ngừng/ thôi 77 3.4. Remarques 79 CONCLUSION 81 BIBLIOGRAPHIE 83 7 INTRODUCTION Apprendre une langue étrangère est en général chose difficile pour beaucoup de gens et en particulier pour les Vietnamiens qui rencontrent un grand nombre de difficultés au cours de l’apprentissage du français, car le vietnamien est une langue isolante, toutes les notions de mode, de temps et d’aspect en vietnamien s’expriment par des unités lexicales. Mais en français ces notions sont exprimées à la fois par les unités lexicales et par la morphologie des catégories variables. Alors la grammaire du français s’avèrerait beaucoup plus complexe. Les apprenants vietnamiens qui apprennent le français se trouvent souvent dans l’embarras devant les phénomènes concernant les notions de temps, de modalité et de l’aspect. Parmi lesquelles, l’aspect est une notion très difficile à saisir même pour les français. Pour les apprenants vietnamiens, cette difficulté est double du fait de grande différence entre deux langues en matière d’encodage des données aspectuelles. On sait que chaque langue doit trouver des moyens pour exprimer telle ou telle notion qui existe dans les autres langues. Le français recourt à plusieurs procédés pour décrire tous les types d’aspect comme : les formes verbales, les adverbes, les périphrases…tandis que le vietnamien ignore certains moyens (par exemple les formes verbales, les périphrases). Cependant, le vietnamien possède un système très développé des moyens lexicaux qui jouent le rôle d’un morphème grammatical. C’est la différence des moyens d’expression aspectuels et aussi de leurs utilisations qui font apparaître les confusions dans l’expression ainsi que dans la compréhension de l’aspect en français chez les apprenants vietnamiens. Ils ont du mal à bien maîtriser les moyens d’expression aspectuelle en français notamment les périphrases verbales. Ils formulent des phrases incorrectes comme : *Paul est en train de malade. * Il est en train de pleuvoir. C’est parce 8 qu’en vietnamien, on dit naturellement :Paul đang ốm/ Trời đang mưa. Dans ces cas, il s’agit de l’interférence de la langue maternelle dans l’acquisition de la langue étrangère. La réflexion sur ces phénomènes nous ont poussé à choisir l’étude des expressions de l’aspect en français et leurs équivalents en vietnamien comme sujet de notre recherche. Nous espérons que ce travail pourrait contribuer à une présentation plus claire et plus opératoire sur l’utilisation des moyens d’expression aspectuelle en français ainsi qu’en vietnamien. Cependant, faute de temps et dans le cadre de ce mémoire, nous ne sommes pas en mesure de traiter à fond tous les problèmes de l’aspect, nous devons donc nous limiter à étudier certaines périphrases aspectuelles en français et leurs équivalents en vietnamien. Nous laisserons les autres problèmes concernant l’aspect pour un travail ultérieur. Dans ce travail de recherche, nous nous sommes posées des questions suivantes : - Quels sont les moyens d’expression de l’aspect en français ? - Quels sont les emplois et valeurs des périphrases aspectuelles en français ? - Comment et par quel moyen linguistique, ces nuances aspectuelles sont-elles exprimées en vietnamien ? Pour le corpus d’analyse, nous avons choisi des exemples tirés des conversations quotidiennes, des énoncés dans certains romans français. Nous empruntons également des exemples dans les travaux déjà publiés des autres linguistes qui travaillent dans ce domaine. En ce qui concerne la méthodologie de recherche, nous nous appuyons essentiellement sur l’ensemble des méthodes analytique, descriptive, comparative et synthétique. En analysant le corpus choisi, nous essayerons de dégager le contenu sémantique et déterminer les emplois, les valeurs aspectuelles de certaines périphrases verbales les plus utilisées en français. En fonction des résultats de ces analyses, nous 9 essayerons de trouver des équivalents en vietnamien en donnant des remarques concernant leurs différences et leurs ressemblances. Notre mémoire comprend trois chapitres : Dans le premier chapitre, nous présenterons les fondements théoriques concernant l’aspect du français tels que la définition de l’aspect, la typologie de l’aspect, les caractéristiques des procès. Le deuxième chapitre sera consacré à des définitions de la périphrase verbale en général et à celles de la périphrase aspectuelle en particulier. Nous réserverons une grande place à l’analyse du corpus afin de confirmer le rôle, la valeur et la combinaison avec les procès de certaines périphrases aspectuelles. Dans le troisième chapitre, nous aborderons d’abord l’aspect en vietnamien et puis l’analyse de certains marqueurs aspectuels équivalents aux périphrases aspectuelles françaises présentées dans le chapitre précédent. 10 CHAPITRE I : ASPECT EN FRANÇAIS. I. DÉFINITIONS. A notre connaissance, la notion de l’aspect, apparue au dix-neuvième siècle dans la grammaire russe, fait l’objet de nombreuses études de grands linguistes dans le monde entier. En français, elle est abordée plus tard, c’est jusqu’aux années 20 du vingtième siècle que Gustave Guillaume qui a mis le premier véritable effort de théorisation des phénomènes aspectuels. Il oppose le temps externe qui sert de cadre aux états et aux événements qui permet de les situer les uns par rapport aux autres ou par rapport à des datations plus ou moins précises, et le temps interne à ces états et événements qui constitue leur durée. On réserve aujourd’hui le terme temps pour désigner le temps externe, alors que le temps interne est dénoté par celui d’aspect. Hors ses emplois, d’autres linguistes procèdent aux recherches dont le but principal est de résoudre le problème de l’aspect dans toute sa complexité, dans toute la multiplicité des relations aspectuelles. Ils donnent les différentes définitions de l’aspect selon leurs points de vue et nous en citons ici quelques-unes afin de pouvoir trouver ses principales caractéristiques. Selon Aslanides dans “Grammaire du français, 2001” : «L’aspect est la catégorie par laquelle l’énonciateur conçoit le déroulement interne d’un procès» Ou bien, l’aspect, c’est «Le procès considéré sous l’angle de son développement interne» (C. Baylon, Grammaire systématique de la langue française, 1995.) «Toute référence temporelle intérieure au procès» ( T.Pohl, Le français moderne, 1964) (cité par Baylon) Les définitions sont nombreuses mais elles ne sont pas vraiment contradictoires. Nous trouvons que la définition de M. Riel et al ( Grammaire méthodique du français, 2001.) est plus complète. 11 «D’un point de vue interne, le procès peut être envisagé en lui-même sous l’angle de son déroulement interne. En effet, indépendamment de toutes considérations chronologiques, tout processus implique en lui-même, une durée plus ou moins longue pour se développer et se réaliser. On peut concevoir ce déroulement interne de la façon globale ou l’analyser dans ses phases successives (de son début à sa fin). Le passé simple, “il voyagea” présente globalement le procès passé alors que dans “il se mit à voyager”, la périphrase verbale “se mettre à” saisit le procès à son début. Toutes ces façons d’envisager le déroulement du procès relèvent de l’aspect.» Tout procès demande en effet pour s’accomplir une certaine durée qui implique une borne initiale, un laps de réalisation et une borne finale. On peut les décrire dans le schéma comme suit : A B ------------[--------------]------------(A : terme initial, B : terme final, A-B : laps de réalisation,) Le point de l’événement (T’) peut se situer en différents endroits selon la perception du procès . Si celui-ci est non encore commencé (il va voyager) le point T’ sera situé avant la borne initiale. ------------T’[--------------]------------Si le procès est accompli (il a voyagé) le point T’ sera situé après la borne finale, indiquant que son terme a été atteint ------------[--------------]T’------------Les différentes positions occupées par le repère T’ illustrent différentes perceptions du procès, saisi aux différentes phases de son déroulement. Si le procès est en cour d’accomplissement, T’ peut avoir certaines positions entre les deux bornes (tout près de la borne initiale, la borne finale ou la continuation). 12 II. CLASSEMENT DES TYPES D’ASPECT. Guillaume, le linguiste d’avant-garde qui fonde la théorie de l’aspect, propose que l’aspect se révèle de manière générale dans le système verbal français et appartient à toutes les étapes de la réalisation temporelle. Il distingue deux aspects en français : l’aspect inaccompli (exprimé par les formes simples du verbe) et l’aspect accompli (exprimé par les formes composés du verbe). À côté, certains d’autres linguistes cherchent à établir les différents moyens linguistiques et les diverses notions aspectuelles correspondantes. Dans cette tâche, on peut suivre une démarche onomasiologique, en distinguant d’abord les différentes notions aspectuelles pour arriver aux divers moyens linguistiques qui les expriment et à l’inverse. Les moyens linguistiques les plus étudiés appartiennent à deux catégories : l’aspect lexical pour les notions aspectuelles contenues dans le groupe verbal (verbe et argument), l’aspect grammatical, pour les notions aspectuelles exprimées par la flexion verbale. L’aspect lexical correspond au type de procès (activité, état, accomplissement, achèvement) exprimé par le lexème verbal et son environnement actanciel. L’aspect grammatical définit le mode de présentation du procès (accompli, inaccompli, itératif…) tel qu’il est indiqué essentiellement par les marqueurs grammaticaux (temps morphologiques, co-verbes, adverbes d’aspect…) 1. Aspect grammatical : Le modèle de représentations aspectuo-temporelles de L.Gosselin (1997) met en œuvre quatre types d’intervalles disposés sur l’axe de temps. Chaque intervalle qui est présenté par un couple de points marquant les bornes, est pourvu d’une signification cognitive spécifique : 13 - L’intervalle du procès correspond au procès lui-même (tel qu’il est exprimé par le prédicat verbal, indépendamment des marques d’aspect grammatical), présenté par [B1, B2]. - L’intervalle de référence qui présente ce qui est perçu/montré sur l’axe temporel est noté par [I, II]. - L’intervalle de l’énonciation qui correspond à la durée entre le début et la fin de l’énonciation est noté par [01, 02]. - L’intervalle de circonstanciel exprimé par les compléments circonstanciels de temps qui servent à localiser l’intervalle du procès et /ou l’intervalle de référence est noté par [ct1, ct2]. Et l’aspect grammatical se trouve défini comme la relation entre l’intervalle de référence [I,II] (ce qui est perçu et montré sur l’axe temporel) et l’intervalle de procès [B1, B2]. [I,II] est l’intervalle choisi par le locuteur pour asserter le procès à décrire. En changeant cet intervalle, le locuteur change de perspective et le procès à décrire aura des propriétés différentes. Entre l’intervalle de référence et l’intervalle de procès, il existe de différents types de relation : - Si [I, II] est inclus dans le [B1, B2], on ne peut pas voir tout le procès. On ne sait qu’il est en cours. - Si [I, II] inclut le [B1, B2], on voit tout le procès - Si [I, II] entre en intersection avec le [B1, B2] µ la fin, on sait que le procès a terminé. - Si [I, II] est avant le [B1, B2], on prédit que le procès va avoir lieu. Nous avons par conséquent des aspects grammaticaux différents que nous représenterons par des schémas dans lesquels le fil du temps est représentés par celui des points (….) 14 1.1. Aspect accompli. Cet aspect nous fait voir l’état résultant du procès. C’est-à-dire qu’il traduit le procès au-delà de son terme, comme étant réalisé, achevé. L’aspect accompli est exprimé par les formes composées. L’intervalle [I, II] est postérieur à [B1, B2]. Ex : Il a terminé sa soupe (depuis 5 minutes) ……………B1…….B2……...I……..II……….. 1.2.Aspect inaccompli L’aspect inaccompli ne présente qu’une partie du procès. Autrement dit, le procès est vu en cours d’accomplissement et il est exprimé par les formes simples des verbes. L’intervalle de référence [I, II] est inclus dans celui du procès [B1, B2]. (Les bornes initiale et finale du procès ne sont pas prises en compte). Ex : Il mangeait sa soupe. ………B1……..I……..II………B2………. 1.3. Aspect global. Le procès est perçu de l’extérieur, dans sa globalité, considéré comme un tout indivisible. Il est montré dans son intégralité. Dans ces cas, [I, II] coïncide avec [B1, B2]. Cet aspect est présenté par le passé simple et le futur simple. Ex : Il mangea sa soupe. I II ………..B1……….B2………. 1.4. Aspect sécant. Avec l’aspect sécant, l’intervalle de référence est envisagé sans limites ; il est perçu de l’intérieur et découpé en deux parties : une partie réelle nette et une partie virtuelle floue, à cause de l’effacement de la limite finale. 15 1.5. Aspect prospectif. Cet aspect présente la phase préparatoire du procès. L’intervalle de référence [I, II] est antérieur à l’intervalle du procès [B1, B2]. Pour décrire l’aspect prospectif, le français utilise la périphrase : aller+ verbe infinitif Ex : Il va sortir (car il est habillé) …………I………II…………B1……….B2……….. Pour insister sur le dégrées d’approchement entre [I, II] et [B1, B2], on peut aussi utiliser d’autres moyens lexicaux comme la périphrase : être sur le point de + verbe infinitif. Ex : Quand vous êtes arrivés, j’étais sur le point de partir. 1.6. Aspect résultatif L’intervalle de référence est postérieur à l’intervalle du procès. Cet aspect peut être marqué de deux moyens, soit par la périphrase venir de+ verbe infinitif soit par les formes verbales. ………….B1……….B2……….I…………II………….. 2. Aspect lexical. L’aspect lexical désigne les notions temporelles incluses dans la sémantique du prédicat minimal, comprenant le verbe et son argument (ex : finir le devoir). Il exprime de quelle manière se déroule le procès qu’il envisage. ‘Éclater’ suppose un procès instantané et ‘dormir’ un procès qui dure. Ces traits sémantiques constituent ce que les linguistiques appellent mode de procès (ou mode d’action). Les modes de procès ont une dimension aspectuelles en ce qu’ils indiquent comment se manifeste le déroulement du procès, mais ils sont rattachés au signifié de chaque acception du verbe, et aussi aux prédicats verbaux. En fonction du mode de procès du verbe, on distingue quatre classes fondamentales dont les deux premiers appartiennent à l’aspect imperfectif et les deux derniers à l’aspect perfectif 16 2.1. Aspect imperfectif Riegel et al (2001) propose que l’aspect imperfectif envisage le procès dans son déroulement, sans visée à un terme final. Le procès est engagé dès que le seuil initial est franchi et il est perçu comme indéfini et prolongeable, à moins qu’un événement extérieur ne vienne l’interrompre (l’action de marcher est engagée dès qu’on a fait un pas et elle peut linguistiquement se prolonger indéfiniment, même si en réalité elle est bornée par le temps, la fatigue ou d’autres contraintes extérieures). En effet, l’aspect perfectif est homogène, non borné (non-télique) ou non terminatif et il est représenté par les verbes d’état et d’activité. 2.1.1. États Les États sont en général (-1dynamique, -borné, -ponctuel). Cependant, le terme ‘- borné’ est, d’une certaine façon, trompeur. Certains procès de la catégorie d’état comme être malade…sont bornés. A l’imparfait, ils ont l’interprétation itérative comme dans : “A ce temps-là, il était malade (plusieurs fois)”. Par contre, d’autres comme être mort… au même temps verbal n’ont pas cette interprétation. C’est pourquoi les états représentés principalement par être+ adjectif peuvent être subdivisés en deux groupes : - Etats nécessaires2 (- dynamique ; - borné ; - ponctuel) : être un animal, être rond, être carré…… - Etats contingentes3 ( -dynamique ; *4 borné ; -ponctuel) : être malade, être fatigué, être absent… 1 2 (-: caractère négatif) ( État nécessaire: Catégorie des procès marqués duratifs (État contingent: Catégorie des procès marqués duratifs qui ont une fin inhérente 4 (*: borne extrinsèque) 3 17 2.1.2. Activités Les activités, (+1dynamique, * borné, - ponctuel) dénotent des procès duratifs qui, à la différence des états, sont considérés comme se déroulant dans le temps et ne sont pas temporellement restreints de façon stricte. Ex : marcher, courir, regarder un tableau, écrire, travailler, dormir, chercher une solution, fumer…Comme ces verbes ressemblent également aux verbes d’état en ce qu’ils ne sont pas terminatif, donc, il est impossible de poser la question sur leurs durées. L’emploi des articles devant les compléments d’objet (un, du, des, les) joue aussi un rôle important pour déterminer les types du procès. Ainsi, fumer, fumer des cigarettes, boire, boire de l’eau …sont des verbes d’activité, car la quantité de cigarette et de l’eau n’est pas clairement précisée, alors que fumer un cigarette, boire un verre d’eau n’appartiennent pas à ce type. Ils sont des verbes d’accomplissement qui sont nommés suivant. 2.2. Aspect perfectif L’aspect perfectif est, au contraire de l’aspect imperfectif, envisage le terme du procès. Le procès n’acquiert d’existence complète et véritable que lorsqu’il est parvenu à son terme (ainsi, l’action de sortir n’est réalisé qu’après le seuil) et une fois son terme atteint, le procès exprimé ne peut être prolongé, mais il peut être éventuellement recommencé. L’aspect perfectif est borné et non homogène. Il est exprimé par les verbes d’accomplissement et d’achèvement. 2.2.1. Accomplissements Les accomplissements, (+dynamique, +borné, -ponctuel) ont une fin déterminée et n’impliquent pas forcément une transition, un changement d’état. 1 (+: caractère positif) 18 Ces procès sont présentés par les syntagmes verbaux suivants : manger une pomme, rentrer chez soi, courir 100 mètres, construire une maison, écrire une lettre, tracer un cercle…On note que les verbes ci-dessus sont des verbes transitifs, ils sont suivis d’un complément d’objet direct dont la quantité est clairement limitée. Ces syntagmes verbaux renvoient à des événements qui ont une certaine extension temporelle. Alors, ils sont bien associés à une forme progressif telle que le groupe ‘être en train de’. On peut naturellement se demander combien de temps un événement a pris pour s’accomplir. 2.2.2. Achèvements Les achèvements, (+dynamique, +borné, +ponctuel) présuppose un état antérieur à la réalisation du procès (état A) et un état résultant postérieur à celui-ci (état B). Apercevoir un avion, sursauter, atteindre un sommet, entrer, sortir, naître, mourir, trouver, arriver, gagner, exploser, éclore…sont des procès d’achèvement, car une fois son terme atteint, le procès ne peut pas être prolongé. Ils renvoient à des événements qui sont par nature instantanés, ponctuels ou momentanés. Il est donc impossible de se demander combien de temps a duré un événement ou au bout de combien de temps il s’est terminé. Pourtant, il y a des cas où le temps verbal et les compléments modifient le sens et l’aspect du verbe d’achèvement. Ex : Il mourait tous les soirs au troisième acte. Dans cet énoncé, mourait exprime un procès itératif dans le passé. La première et principale difficulté que rencontre la mise en application de ce type de classification consiste à définir des critères de validation pour déterminer le type de procès dans un énoncé. Qu’est-ce qui permet de dire que tel prédicat verbal exprime bien une activité plutôt qu’un état ou un accomplissement, par exemple ? En se basant sur des tests linguistiques ainsi que des analyses linguistiques, Gosselin (1997) nous donnent 19 quelques particularités de chaque type de procès qui nous aident efficacement dans cette distinction très complexe : -L’état doit son unité au fait qu’il subsume une situation dépourvue de tout changement interne. Ses bornes correspondent à l’irruption de changements. Pourtant il est clair que cette absence de changement ne relève pas de la réalité extérieure à la langue, mais résulte d’une attitude conventionnelle et, en grande partie, arbitraire qui consiste à ignorer les changements internes du procès (être malade, habiter un château…) - Les accomplissements et les activités contiennent des séries de changement. Le découpage de leur figure est lui aussi partiellement motivé par leur configuration : l’unité des accomplissements provient de celle du domaine parcouru par la progression qu’ils expriment, alors que celles des activités tient au fait que les changements constitutifs de la série de changements sont tous du même type. Si ‘construire une maison’ désigne un accomplissement, c’est parce que les changements internes à la série peuvent être de nature très différente, mais qu’ils participent tous à une même progression affectant un même domaine borné. En revanche, marcher, nager, manger des nouilles … expriment des activités parce que l’ensembles des changements qui constituent la configuration de chacun de ces procès sont tous du même type. C’est pourquoi on peut dire que les activités, comme les états, ont une référence homogène. En ce sens, les activités ont nécessairement un caractère itératif. Le point d’arrêt de ces types est arbitraire. On peut distinguer les accomplissement des activités par le biais des questions en combien de temps et pendant combien de temps. Les accomplissements peuvent répondre à la première mais pas à la seconde alors qu’à l’inverse, les activités répondent à la seconde mais pas à la première. - Les achèvements tire son unité du fait qu’il correspond, au plan cognitif, à un changement atomique ; mais on l’a vu, ce caractère atomique du changement résulte luimême d’une convention sémiologique qui consiste à ignorer toute progression interne. 20 On peut distinguer les achèvements des accomplissements par le fait que ceux-ci ne peuvent apparaître avec des adverbes comme : «lentement», «méticuleusement», «soigneusement»... Nous présentons ci-après le tableau récapitulatif des quatre classes verbales : Classes Traits Dynamique Borné Ponctuel Exemple nécessaire - - - être rond… contingent - * - être malade Activités + * - courir Accomplissements + + - Courir100m Achèvement + + + tomber États - Vendler (1967). (Cité par Phan Thi Tinh) La classification des types de procès et la distinction des types d’aspect sont les fondements théoriques très importants car les particularités de chaque type du procès influent sur la relation entre l’aspect lexical et l’aspect grammatical, surtout sur la possibilité de combinatoire entre les périphrases aspectuelles et les quatre types de procès que nous aborderons dans les parties suivantes. 21 CHAPITRE II: PÉRIPHRASES ASPECTUELLES EN FRANÇAIS. I. DÉFINITIONS. En général, un terme linguistique est souvent défini par plusieurs linguistes qui ont des points de vue différents sur le même phénomène. Le terme « périphrases verbales » n’est pas un cas particulier. C’est pourquoi nous voulons présenter certaines définitions pour trouver les caractéristiques principales des périphrases verbales en général et des périphrases aspectuelles en particulier : D’après le dictionnaire de la linguistique de Georges Mounin (Quadrige, 1974): «Une périphrase est l’ensemble de deux ou plusieurs mots formant une lexie ou considéré comme ayant un seul signifié» On peut citer une autre définition inscrite dans un livre de la grammaire en 6è : (Mme Isabelle Grellet, Mme Guy Blandino et al, Hachette, 1990) «Une périphrase verbale est un groupe de plusieurs mots qui fonctionne comme un verbe. Elle utilise l’infinitif du verbe précédé d’un verbe auxiliaire. Grâce à ces verbes auxiliaires, les périphrases verbales permettent de traduire une nuance de temps, d’aspect ou de modalité d’un fait. Ces verbes sont donc appelés auxiliaires de temps, d’aspect ou de modalité. Ex : Il va finit de écrire commence à «Les périphrases verbales sont des locutions formées d’un verbe dont le sens propre est plus ou moins effacé, et d’une participe ou infinitif, d’autre verbe qui, lui, a gardé tous son sens». (Gougenheim.G, 1929) 22 A travers ces définitions, nous constatons qu’il existe trois types de périphrases verbales : - Des périphrases temporelles : il y en a deux, celle du passé récent (Il vient de sortir) ; et celle du futur proche (Il va sortir). (Cependant, on a pu contester leur dénomination et les regarder comme des périphrases aspectuelles) - Des périphrases aspectuelles : elles se font porteuses de toutes les nuances d’aspect que la conjugaison du verbe est difficile d’exprimer comme l’aspect inchoatif (= le début de l’action : il se mit à chanter, il commença à chanter.), l’aspect terminatif (Il finit de manger. Il cesse de chanter)... - Des périphrases modales : qui sont les plus connues, et qui, malgré la diversité de leur apport, se laissent ramener à l’expression générique de l’éventualité : (Il peut chanter. Il veut chanter. Il doit chanter. Il ose chanter.) II. RÔLE DES PÉRIPHSASES ASPECTUELLES En français, il y a trois types de périphrase mais dans le cadre de ce mémoire, nous n’abordons que les périphrases aspectuelles (on les appelle aussi les auxiliaires aspectuels) et nous mettrons en relief sur les couples de synonymes car ils expriment le même aspect mais leurs nuances sémantiques sont tellement subtiles qu’ils provoquent des embarras chez les apprenants. Dans l’expression de l’aspect, les périphrases aspectuelles jouent un rôle très important car elles permettent d’évoquer des points particuliers du déroulement de procès que les autres procédés sont incapables de décrire. 1. Aspect prospectif. Cet aspect, exprimé par les périphrases être sur le point de, aller + infinitif, indique un fait qui va avoir lieu juste après un point de référence choisi. Dans ce type de l’aspect, 23 on distingue aussi l’aspect prospectif exprimé par être sur le point de de l’aspect imminentiel exprimé par le verbe aller précédé d’un infinitif. 2. Aspect inchoatif. Le mot inchoatif, signifiant qui est au commencement, exprime le début d’une action. On recourt à commencer à, se mettre à …+ infinitif pour exprimer cet aspect. 3. Aspect progressif Cet aspect est traduit par être en train de, continuer à …+ infinitif 4. Aspect terminatif L’opposé de l’aspect inchoatif qui souligne la limite initiale du procès, l’aspect terminatif en souligne la limite finale au moyen des périphrases finir de, cesser de, achever de…+ infinitif. 5. Aspect résultatif Cet aspect, exprimé par venir de+ infinitif, traduit un fait qui vient de se produire par rapport à un point de référence choisi. III. CARACTÉRISTIQUES DES PÉRIPHRASES ASPECTUELLES. Les périphrases aspectuelles sont à la fois les morphèmes grammatical et lexical car elles jouent le rôle d’un auxiliaire comme être et avoir et gardent en même temps leur valeur lexicale. Le sens propres de chacun influe une grande partie sur son fonctionnement dans l’énoncé. Les périphrases aspectuelles ont des particularités comme suit : 24 1. Structure. La structure d’une périphrase est en général demande tous les éléments nécessaires et très étroite. C’est-à-dire qu’elle obligatoires pour fonctionner. (Ex :verbe+préposition+infinitif). Mais il y a aussi quelques périphrases assez lourdes morphologiquement comme être sur le point de ou être en train de qui ont une structure plus relâchée. On peut facilement intercaler les autres éléments dans ce groupe ( La mère qui est toujours en train de travailler) ou rejeter le verbe être dans certains cas. (Elle était grosse comme une femme sur le point d’accoucher. J’étais à la basse-cour, en train de nettoyer les clapiers). 2. Valeur lexicale. La plupart de périphrases gardent elles-mêmes leur valeur lexicale. Ce caractère impose des restrictions de sélection sur le type des prédicats verbaux infinitifs que les périphrases introduisent (Il commence à boire/ mais *1Il commence à être malade) et aussi le choix du temps. (Il était en train de boire/ *Il avait été en train de boire). Cependant, il existe quelques périphrases qui perdent totalement la valeur lexicale comme : aller et venir de 3. Position dans un énoncé. Dans un énoncé, les périphrases aspectuelles sont souvent mises après les périphrases temporelles et modales… Elles doivent suivre un ordre rigide comme suit: Modalité>temps>aspect - Il doit commencer à travailler mais non - *Il commence à devoir travailler. 1 * Signe d’un énoncé incorrect. 25 - Il vient de commencer à travailler mais non - *Il commence à venir de travailler - - Il doit venir de commencer à travailler. Pour ce qui est de la combinaison de deux auxiliaires aspectuels, elle est sans doute interdite lorsque ceux-ci appartiennent à la même sous-catégorie sémantique mais dans certains cas elle reste apparemment possible, lors qu’elles sont de sous-catégorie différente, comme on peut le voir par exemple avec être sur le point de et se mettre à : Ex : Il était sur le point de se mettre à travailler. Par l’ordre d’application des périphrases, les périphrases de phase externe1 pouvant modifier celles de phase interne2 le contraire n’étant pas possible. Ex : Jean vient de commencer à écrire l’article * Jean commence à venir d’écrire l’article. IV. EMPLOIS DES PÉRIPHRASES ASPECTUELLES. 1. Périphrases à valeur prospective : Aller + infinitif 1.1. Particularités Faisant partie de la périphrase verbale, aller dans le groupe aller+infinitif perd sa valeur lexicale. Mais il y a l’ambiguïté car ce groupe ne se distingue pas formellement du présent d’aller suivi d’un infinitif et gardant sa pleine valeur lexicale. Par exemple dans l’énoncé: « Je vais ouvrir la porte », on peut interpréter « aller » comme exprimant un mouvement ou comme marquant l’aspect prospectif. Cette distinction est importante car elle régit le choix du temps verbal. Si «aller» garde sa valeur lexicale, il peut se mettre à 1 Les periphrases de phase externe caractérisent le déroulement externe du process. Ce sont les cas des verbes aller+infinitive et venire de+infinitive. 2. Les périphrases de phase interne ciblent le déroulement interne du procès et plus particulièrement décrivent les trios phases saillantes qi marquent ce déroulement: le déclenchement, la phase en cours et la fin. 26 n’importe quel temps, ce qui n’est pas le cas pour la fonction d’une périphrase verbale. Dans ce groupe, ‘aller’ a un emploi limité. Il ne connaît que le présent et l’imparfait. Il ne joue que le rôle d’un morphème grammatical à la valeur aspectuo-temporelle. Cette périphrase sert à exprimer à la fois le temps et l’aspect en français. Elle décrit le futur très proche et en ce qui concerne l’aspect, elle traduit le stade antérieur de la réalisation du procès. En tant qu’une périphrase temporelle, l’expression aller+infinitif couvre un domaine plus limité en comparaison avec le futur simple. Elle rapporte un événement ou une situation qui est postérieur au moment de l’énoncé auquel il reste étroitement lié. (1) Je vais te dire pourquoi je ne veux pas. Par suite de ce trait caractéristique (postériorité par rapport à un moment connu, et lien étroit avec ce moment-là), le futur inchoatif ne peut pas remplacer le futur simple dans certains énoncés, par exemple : (2) Pourquoi n’est-il pas ici ? – Je ne sais pas, il sera encore à Paris et non pas *Il va être à Paris.1 Ni le futur qui décrit une action qui est postérieure à un autre futur. (3) Quand tu lui diras la vérité, elle se fâchera, et non pas *Elle va se fâcher. Dans le rôle d’une périphrase aspectuelle, aller se met au présent et à l’imparfait uniquement. Le présent « va commencer » est en occurrence avec le futur simple ; l’imparfait est en occurrence avec le conditionnel (action postérieur à un repère passé). (4) Je vais lui fabriquer un berceau/ Nous allons faire une longue promenade. (Agota Kristof- La preuve) (5) Les Prussiens allaient entrer dans Rouen, disait-on. (Maupassant- Boule de suif). 1 Dans ce cas, le future simple a la valeur modale; il exprime une supposition. 27 1.2. Combinaison avec les procès. Le groupe « aller+infinitif » est une périphrase de phase externe. C’est-à-dire qu’il caractérise le déroulement externe du procès. Il cible à la phase préparatoire qui se trouve devant la borne initiale. Grâce à ce point sémantique, aller est favorablement compatible avec les quatre types de procès. 1.2.1.Combinaison avec les verbes d’état Aller est compatible avec les états contingents (6) Remarquait Cottard, sur un ton aimable qui n’allait pas avec son affirmation, nous allons tous devenir fous. (Albert Camus- La peste). (7) Ton berceau va bientôt devenir trop petit. Il faudra que je te fasse un lit. (Agota Kristof- La preuve). Dans (6) et (7), le locuteur a trouvé des signes de devenir fous, de devenir petit du sujet. Il souligne que la réalisation de ces procès se passera sûrement. (8) Et elle, elle va avoir bientôt dix-neuf ans. Comment va-t-elle ? (Agota KristofLa preuve). Cependant, cette périphrase prospective sont difficilement associés avec les états nécessaires ayant propriétés permanentes et atemporels comme : être belle, avoir les yeux bleus… En français, les phrases : *Il va être belle ou *Elle va avoir les yeux bleus sont incorrectes et illogiques. 1.2.2.Combinaison avec les activités et les accomplissements. Aller va aussi bien avec les actions dynamiques du type d’activités et d’accomplissements, (9) Avec cette chaleur, son corps va bientôt sentir. (Agota Kristof- La preuve). 28 (10) Ses lèvres tremblaient. On croyait qu’il allait pleurer, piquer une crise de nerfs. (Georges Simenon-Les inconnus dans la maison) Dans les deux énoncés au dessus, le contexte «cette chaleur» et «Ses lèvres tremblaient» prévient le déroulement dans un avenir très proche des actions sentir et pleurer. (11) Quand l’enfant est lavé et habillé, Lucas le prend par la main. – Nous allons faire une longue promenade, Mathias. Quand tu seras fatigué, je te porterai. (Agota Kristof - La preuve). (12) Robin Douglas va chanter deux merveilleuses chansons qu’il m’a promises. (François Sagan-Les merveilleux nuages) 1.2.3.Combinaison avec les achèvements. Les achèvements sont des procès momentanés dont le déroulement se passe très court tellement qu’on ne peut pas distinguer la borne initiale de la borne finale. Avec ce type de structure interne spécialisé, les achèvements sont difficilement compatibles avec les périphrases aspectuelles. Mais aller+ infinitif est une périphrase de phase externe du procès donc il est moins influencé par la structure interne du procès comme les autres périphrases de phase interne. C’est pourquoi cette périphrase s’associe naturellement aux verbes d’achèvement. (13) La vielle, calme, résignée, lucide, regardait les deux hommes et les écoutait causer. Elle allait mourir, elle ne se révoltai pas son temps était fini, elle avait quatrevingt-douze ans. (Albert Camus -La peste) (14) Il était rouge et respirait mal comme s’il venait d’être frappé et qu’il allait tomber. (Marguerite Duras -Un barrage contre le Pacifique) 29 (14) Je crois que c’est fini, dit tristement Joseph- Il va crever (Marguerite Duras Un barrage contre le Pacifique). (16) Je pense tout le temps pendant le repas : «Je vais sortir après le dîner, et je prendrai le train pour aller n’importe où». (Maupassant-Les Sœurs Rondoli) 2. P ÉRIPHRASES À VALEUR INCHOATIVE. Dans une construction verbale à l’infinitif, commencer à/de et se mettre à expriment l’aspect inchoatif dont l’accent est mis sur la phase du début plus ou moins court pris à la borne initiale de l’état ou du procès. D’après Riegel et al (1994), cet aspect se situe à l’intérieur des limites du procès et saisit le procès immédiatement à son début. Se mettre à et commencer à/de représentent la rupture entre la situation où le procès n’a pas encore lieu et la situation ou il est déjà en train de se dérouler. On peut imaginer que, la borne initiale du procès est constituée de deux sous-bornes contiguës. La première désigne la période où le procès exprimés par l’infinitif n’a pas encore commencé. En revanche, ce procès est considéré comme en train d’être réalisé sur la deuxième sous-borne. ------------][T--------------]------------------ 1 Se mettre à et commencer à/de correspondent à deux modes de traitement profondément différents de l’inchoation. L’analyse de leurs conditions d’emplois respectives fait rapidement apparaître des contraintes très divergentes. Nous partirons, pour les mettre en évidence, de l’analyse des conditions d’emploi de se mettre à et puis le comparerons avec commencer à/de pour trouver les ressemblances et les différences. 1 T: Le point du commencement de procès 30 2.1. Commencer à/de+ infinitif 2.1.1 Commencer et ses prépositions En tant qu’une périphrase aspectuelle, l’emploi du verbe commencer est plus compliqué que son synonyme se mettre à car le premier accepte plusieurs prépositions : à, de, par ... Ensuite, parmi les prépositions grammaticalisées attestées, nous avons repris le fil de la polémique intermittente concernant la prétendue différence aspectuelle marquée par la préposition entre les structures commencer à, commencer de et commencer par. En particulier, les occurrences de commencer à/commencer de posent un problème très compliqué. Sur ce problème, nous partageons parfaitement le point de vue d’un professeur de l’Université Seinan-Gakuin, Thierry Trubert (À et DE après COMMENCER, Université Seinan- Gakuin, 1994). En analysant la nuance des énoncés suivants : (17) Il commença d’escalader la colline et (18) Il commença à escalader la colline, il s’oppose à l’idée traditionnelle fortement répandue d’une différence de niveaux de langue, le premier plus soutenu, littéraire et le second plutôt parlé pour la conversation. Dans ces recherches, il a retenu un résultat tout à fait différent. D’après lui, la différence entre commencer à et commencer de n’est pas simplement le style langagier. Il pose une question si les deux structures commencer à et commencer de divergent substantiellement l’une de l’autre au niveau sémantique. Il trouve qu’en français contemporain, les deux constructions de commencer existent encore en proportions très inégales, car commencer à domine numériquement commencer de dans la langue orale ainsi que dans la langue écrite. A travers plusieurs analyses, ce linguiste propose que dans Il commença d’escalader la colline, l’accent est moins mis sur escalader que sur le fait commencer l’action . (19) Ils arrivèrent à la nuit tombante, comme on commençait à allumer les lampions dans le pars, afin d’éclairer les voitures. 31 On cherchera dans cette phrase le fonctionnement de l’opérateur d’ouverture à dans la deuxième partie de la phrase «afin d’éclairer les voitures», la raison d’allumer se trouve dans «éclairer les voitures». En revanche, commencer d’allumer s’inscrit dans le discours en venant compléter sémantiquement «à la nuit tombante». Avec à, l’accent est donc mis sur «allumer» qui est en relation avec éclairer, alors que dans commencer d’allumer, c’est commencer qui est mis en parallèle avec l’arrivée de la nuit. D’après lui, commencer de marquerait une action qui aura de la durée et qui n’en est qu’à ses débuts, ce qui distinguerait l’usage de commencer à. Autrement dit, commencer à désigne une action qui indiquera du progrès et de l’accroissement vert un but ; commencer de s’applique à une action de peu de durée, pouvant continuer jusqu’à la fin et non comme tendant à un but. La structure commencer à +infinitif ouvre un choix paradigmatique du procès exprimé par l’infinitif et insiste sur celui-ci, sur «ce qui commence» ; l’information nouvelle est mise en relief dans la chaîne d’encodage après commencer. Avec commencer de+infinitif, en revanche, l’accent est mis sur le fait même que le verbe à l’infinitif en est à son premier stade. Le verbe est marqué par de comme présupposé par l’énoncé. Dans : (20) Il commence de pleuvoir, l’énonciateur n’a pas le but de renseigner le co-énonciateur sur la présence de la pluie déjà connue de lui, comme dans le cas suivant : Il commence à pleuvoir dont le sens est proche de : Tiens ! Regardes, il pleut ! Mais celui d’attirer son attention sur le déclenchement de l’événement. Commencer de pleuvoir présupposant s’intègre dans des énoncés du type : «Comme il commence de pleuvoir, tu ferais mieux de te couvrir avant de sortir, la pluie pourrait durer et tu serais trempé» Un autre point différent entre les deux constructions du verbe commencer, c’est que commencer à accepte les prédicats statif tandis que commencer de les refuse. 32 (21) Sais-tu si les ouvrier ont commencé (de ou à) peindre les grilles. S’oppose à : (22) J’ai lu les dix chapitres du livre et je commence à savoir de quoi il retourne. En dehors de deux prépositions à et de, le verbe commencer accepte aussi la préposition par. Cependant, l’utilisation du groupe commencer par+infinitif est moins compliqué que les deux autres. Sémantiquement parlant, les deux structures avec les prépositions à/de désignent la phase initiale du procès d’une action singulière (appelé aspect inscrit inchoatif) tandis que commencer par a trait de la phase initiale du procès à l’intérieur d’une série d’actions hétérogènes (appelé aspect circonscrit inchoatif) (Selon Filip Verroens- Vrije, Universiteit Brussel- Le verbe commencer et ses prépositions, 2000). (Réf...) Ex : (23) Je commence à ranger ma bibliothèque (C’est-à-dire : je me mets à la ranger) (24) Je commence par ranger ma bibliothèque. (Je fais d’abord cela, et après je ferai autre chose.) (En ce qui concerne le groupe commencer par+ infinitif , nous ne voulons que le présenter sommairement mais non faire des analyses soigneuses.) Il est à noter que, dans la structure «commencer à/de/par+infinitif», le verbe «commencer» peut revêtir n’importe quel temps ou mode verbal. Ex : Il commence/a commencé/ avait commencé/ commençait/ commencera à s’agir d’un problème vraiment sérieux. 2.1.2. Combinaison avec les procès. Dans cette partie, nous essayerons d’analyser la combinatoire de ce verbe avec les types de procès. 33 Commencer à/de + infinitif présente des propriétés en quelques sortes inverses de celles de se mettre à+infinitif. L’une de ses caractéristiques essentielles est d’impliquer une première construction de l’action exprimée du verbe infinitif (noté P) par le biais d’une anticipation. On pourrait dire, par un raccourci au reste trop simplificateur, que commencer à/de met fin à pas encore P, commencer à/de P implique que l’on s’attende sous une forme ou sous une autre, à l’actualisation de P. Combinaison avec les états. En basant sur l’analyse de Franckel (1989) et sur les corpus que nous avons retenus nous trouvons que commencer peut prendre pour complément une description d’état contingent mais pas du type d’état nécessaire tel que être français, être petit...Ces procès ne présupposent aucune limite. Autrement dit, dans leur structure interne, il n’existe pas de borne initiale ni borne finale tandis que commencer décrit la borne initiale du procès. Ce trait non-similaire de ces deux éléments empêche leur combinaison. Mais les états du type contingent (qui présupposent obligatoirement une borne initiale extrinsèque) sont facilement suivis de commencer à : (25) Il commençait à être saoul et il devait s’en rendre compte (M. Duras-Un barrage contre le Pacifique). (26) Il commence à en avoir mare (exemple emprunté à Kranckel) (27) Qui tranche un peu sur le fond commun des habitants de l’endroit et qui cessera d’être redoutable quand il commencera de leur ressembler (Barbey d’Aurevilly(Premier Mémorandum) (Exemple emprunté à Filip Verroens) 34 Combinaison avec les activités et les accomplissements Commencer se combine facilement avec les verbes du type d’activité pour indiquer la phase initiale des activités exprimées par les procès de cette catégorie. (28) Alors, il a commencé à rouler très très lentement. (M.Duras-Un barrage contre le Pacifique). (29) C’est à partir de ce moment que les carnets de Tarou commencent à parler avec un peu de détails de cette fièvre inconnue dont on s’inquiétait déjà dans le public (Albert Camus- La peste) (30) Dès qu’il a commencé à boire, il s’intéressait de moins en moins à nous. (M.Duras- Un barrage contre le Pacifique). (31) Alors, elle a commencé à sangloter. Elle a sorti Noël de sa couverture et l’a écraser contre sa poitrine, (Marguerite Duras- La vie tranquille). Commencer est naturellement associé aux accomplissements : (32) Joseph commença à dételer le cheval. (Marguerite Duras- Un barrage contre le Pacifique). Commencer marque le premier point du déroulement de procès. Cela explique la facilité de la combinaison entre la périphrase inchoative avec les procès qui contiennent la borne initiale comme les activités et les accomplissements. Combinaison avec les achèvements. Nous savons que les bornes des procès d’achèvement se situent presque au même moment, de sorte qu’il n’y a pas de place entre elles. Donc il est difficile de les distinguer. C’est pourquoi ils sont difficiles d’être compatibles avec les périphrases aspectuelles de phase interne comme commencer. Cependant, il existe des cas où la combinaison est possible, comme par exemple : 35 (33) Les coureurs commencent à arriver aux Champs-Elysées (Courrier International, numéro 802, 3/2006) Dans cette phrase, le pluriel du sujet rend la phrase devenir naturelle, puisque, de toute évidente, ce ne sont pas que tous les coureurs arrivent en même temps. Dans ce caslà, le verbe commencer décrit le moment où les premiers coureurs arrivent et après ce point de repère, plus de coureurs continuent à «arriver aux Champs- Élysées» La situation est la même avec les énoncés suivants. (34)Elle écoutait avec délices les gémissements du vent dans l’épais feuillage du tilleul, et le bruit de quelques gouttes rares qui commençaient à tomber sur ses feuilles les plus basses (Stendhal- Le Rouge et le Noire) (35) Les étoilles du ciel commençaient de jaillir (Stendhal- Le Rouge et le Noire) (36) Les demandes d’aide de l’ONU furent ignorées jusqu’à ce que les enfants commencent à mourir de malnutrition. (Courrier International, numéro 802, 3/2006) Dans ces cas-là, le pluriel du sujet transforme la valeur d’un verbe ponctuel d’une série d’action. Donc, les achèvements sont facilement compatible avec commencer. Quelquefois, nous rencontrons aussi une phrase dans laquelle le groupe commencer à se combine avec un verbe d’achèvement dont le sujet est au singulier : (37) En 1995, Jean Benoit a commencé à atteindre le sommet du Mont Blanc. (Courrier International, numéro 721, 9/2004) Cette phrase peut se trouver dans une situation où Jean Benoit s’est fixé l’objectif d’atteindre le sommet, il a échoué plusieurs fois puis a atteint son objectif pour la première fois en 1995 et n’échoue plus dans ses tentatives après. 2.2. SE METTRE À +INFINITIF 36 2.2.1. Particularités. La périphrase se mettre à+infinitif est utilisé à l’écrit plutôt que l’oral et elle est apparue plus fréquente dans les œuvres littéraires que dans les articles de la presse. Selon les analyses de Franckel (1989), se mettre à marque une inchoation très brutale donc il est facilement associé à des adverbes comme soudain, tout à coup, brusquement… (38) Soudain, le vent se mit à souffler. L’utilisation et la capacité de combinaison avec les procès de se mettre à sont assez compliqués et subits de plusieurs contraintes. 2.2.2. Combinaison avec les procès. -Combinaison avec les états On peut tout d’abord constater que se mettre à est en règle général d’un emploi nettement plus contraint que commencer à lorsqu’il s’agit de verbes d’état. Tandis que commencer est bien compatible avec des procès d’état contingent (nous l’avons analysé dans la partie précédente), les énoncés du type : (39) ?? Je me mets à en avoir marre (40) ?? Je me mets à être fatigué. (41) ?? Tu te mets à m’énerver sont moins naturels que leurs homologues avec commencer à. Mais si, une partie des énoncés précédents avec se mettre à deviennent nettement plus naturels si l’on supprime l’ancrage au moment de l’énonciation, en particulier par le biais de marqueurs comme quand ou si : (42) Quand tu te mets à être désagréable comme ça, toute discussion devient impossible. (Cité selon Franckel). 37 On peut, de façon comparable, faire précéder certains énoncés de marqueurs comme je sens que ou voilà que dont on peut dire qu’ils marquent une forme de « distanciation » de l’énonciateur vis à vis de l’actualité de ce qui se produit : (43) Je sens que je mets à être désagréable, il vaut mieux que je m’arrête est sans doute plus naturel en la présence de je sens que. Combinaison avec les activités et les accomplissements. Dans le même ordre d’idée, et de façon encore plus tangible, on observera le caractère très peu naturel de Je me mets à le voir comparé à Je commence à le voir. En revanche voilà que je me mets à avoir des hallucinations ne pose aucun problème d’attestabilité. Selon Franckel, le fonctionnement de se mettre à, en contraste à celui de commencer à /de (P), ne se construit qu’à travers son ancrage dans le temps. Il échappe à toute une construction subjective. Se mettre à P marque la survenue de P, indépendamment de toute anticipation. Se mettre à P exprime donc le premier point de la location temporelle de P à partir de l’extérieur temporel et notionnel de P. Il s’agit d’une première construction absolue. D’où sa valeur inchoative et aoristique (rupture par rapport à toute construction subjective). Ce mode de construction exclusivement temporelle permet d’expliquer les contraintes relevées ci-dessus. Lorsqu’il s’agit d’un procès à la première personne qui s’actualise au moment de l’énonciation, il ne peut s’agir que d’un procès qui échappe au sujet. Le procès se produit. Le sujet en est le support, mais en aucune façon l’initiateur ou le constructeur. Toute intentionnalité est exclue. D’où la justification de marqueur comme je sens que ou voilà que qui marquent précisément cet effet d’extériorité. Un décalage se marque ainsi entre la survenue du procès et sa prise de conscience. Ces contraintes 38 disparaissent avec un marqueur comme quand qui a par lui-même des propriétés aoristiques. Ainsi à côté de Je me mets à être fatigué très peu naturel sous cette forme, l’énoncé Quand je me mets à être fatigué comme ça, il vaut mieux que je m’arrête carrément parait tout à fait acceptable. Comme ça marque que le point de départ est le constat d’un état de fatigue actualisé dont le sujet est localisateur. Ce fonctionnement explique également les affinités évoquées avec des adverbes comme brusquement ou soudain dans les emplois de type récit. Ces adverbes vont de pair avec la construction du premier point d’une localisation temporelle à partir d’une extériorité stricte. (44)Elle ne répondit pas et soudain elle se mit à hurler. (Marguerite Duras-Un barrage contre le Pacifique). (45) Elle ôta son manteau, son chapeau, s’assit et se mit à manger. (Marguerite Duras-Un barrage contre le Pacifique). On peut dire que se mettre à correspond à la construction d’un premier point du procès. Toutefois, premier ne s’interprète ici qu’au sens ou il n’est précédé d’aucune autre construction du procès. Se mettre à n’anticipe pas une série de points localisant. Se mettre à se situe en deçà de toute anticipation. Les exemples au-dessus a montré que « se mettre à» est compatible parfaitement avec les activités qui sont dynamique, non-borné et non-ponctuel et dénotent des procès duratifs qui se déroulent dans le temps et ne sont pas temporellement restreints de façon stricte. Combinaison avec les achèvements Au contraire, cette périphrase se combine difficilement avec les verbes momentanés ou ponctuels comme : tomber, atteindre un sommet. 39 (46) * Il se met à tomber. (47)* Il se met à atteindre le sommet. Bref, se mettre à et commencer à peuvent être remplacés l’un par l’autre dans plusieurs énoncés. Ils sont tous les deux associés aux états, aux activités et aux accomplissements mais la situation est à l’inverse avec les achèvements qui recouvrent des actions momentanées. Pourtant, chacun ayant des particularités, demande une condition contextuelle différentes pour fonctionner. Se mettre à marque un début plus brutal que commencer à. Il exprime en même temps l’objectivité de la relation entre l’action et l’agent qui la fait. 3. PÉRIPHRASES À VALEUR PROGRESSIVE 3.1. Être en train de + infinitif 3.1.1.Particularités Être en train de traduit les actions qui se réalisent dans son déroulement qu’on ne sait pas le début ni la fin du procès. L’événement T peut se situer entre les bornes initiale et finale : ----------[-------T-------]------------En tant qu’une périphrase à valeur progressive, « être en train de » exclut les temps verbaux qui ne peuvent exprimer l’inaccompli : le passé simple, le passé composé, le plusque-parfait, le futur antérieur et le passé antérieur. (48) a, *Il fut en train de boire. b,* Il a été en train de boire. c, * Il aura été en train de boire. d, * Il eut été en train de boire. 40 e, *Il avait été en train de boire. (D’après G. School-Le système verbal du français contemporain) « Être en train de » a la fonction d’ouverture d’un repère temporel qui localise le procès. Cette caractéristique permet en particulier de rendre compte de l’incompatibilité de être en train de avec les temps composés qui marquent par définition une fermeture et une hétérogénéité sur la classe des temps. Par exemple, *il a été en train de +infinitif marque donc une contradiction entre la fermeture imposée par le passé composé et l’ouverture imposée par être en train de. Être en train de est donc compatible avec les temps non-accomplis (présent, imparfait) et avec le futur qui est neutre en ce qui concerne l’accomplissement que la construction se combine. (49)a, Je suis en train de boire b, J’étais en train de boire. c, Je serai en train de boire. En ce qui concerne la cohésion interne de la périphrase être en train de, on trouve qu’elle est plus faible que celle des autres périphrases, ce qui peut s’expliquer par le fait que être en train de est une périphrase morphologiquement lourde. Ainsi, il est plus facile d’y trouver d’autres éléments intercalés. (50) Il vint à la clairière un matin ; les neufs frères étaient là, en train d’oeuvrer à leurs sculptures (Sylvie Germain-Jours de colère) (51) Ma mère est dans le salon en train de lire (Sylvie Germain-Jours de colère) Le langage familier se passe facilement du verbe être. (52) Ah, je vois, en train de tricher, comme d’habitude (Joseph Kessel-La rose de Java) 41 On pourrait objecter que c’est là une construction elliptique et qu’il faut sous-entendre tu es ou vous êtes, mais cette objection perd de sa force devant une phrase comme : (53) Je l’ai vu dans le comptoir, en train de débiter des inepties En outre le verbe être a gardé sa valeur de verbe indépendant et est équivalent de se trouver dans : (54) Il est là devant la fenêtre, en train de regarder les gens qui passent (Agota Kristof-La preuve) 3.1. 2. Combinaison avec les procès Combinaison avec les états. Être en train de est difficilement présenté dans les énoncés qui expriment une vérité générale (55) *Cette route est en train de mener à Amsterdam ((D’après G. School-Le système verbal du français contemporain) et non plus être combiné avec les états (56) a,*Je suis en train de savoir le français b,*Je suis en train d’être malade. c,* Il est en train d’être grand. Mais Franckel propose que cette périphrase peut admettre les verbes d’état dans certains énoncés dans lesquels la nature des procès est changé ou bien il apparaît plus ou moins une autre valeur selon l’intention du locuteur. L’expression : (57) Il est en train de devenir vraiment méchant apparaît une valeur d’appréciation négative. 42 De même, (58) il est en train d’être gentil tend à conférer à gentil une valeur dépréciative et à signifier Il est en train d’être trop gentil et sa gentillesse n’est pas nécessaire dans ce cas-là. Un autre exemple comme : (59) « Il est en train d’être méchant » qui parait de toute façon assez peu naturel, ne peut s’interpréter qu’en tant que signifiant : il est en train de devenir vraiment méchant. Il s’oriente vers le modèle même de ce que l’énonciateur appelle méchant. On tend bien à voir apparaître une valeur d’appréciation négative. De même, « il est en train de se montrer désagréable » est bien acceptable mais « Il est en train d’être désagréable » ne l’est pas. Ces exemples font clairement apparaître que être en train de n’est pas en soi incompatible avec des procès marquant un état. De façon générale, on peut dire que la combinaison de cette périphrase avec des procès d’état devient possible dès lors qu’intervient un décalage entre la manifestation de ce procès à travers un support d’un côté et sa qualification correspondant à une valeur de référence pour un sujet de l’autre. Avec la présence de être en train de, le locuteur veut insister que l’état du sujet, «méchant, désagréable…» est provisoire et sera terminé dans un moment quelconque. Combinaison avec les activités et les accomplissements Être en train de se combine assez facilement avec les procès du type d’activité. (60) Il est en train de dormir (61) Il est en train de manger là (exemple emprunté à Gosselin) En présence de cette périphrase, le locuteur veut insister sur une action progressive, sans limites précises. La phrase Il est en train de manger implique qu’il avait commencé à 43 manger avant et nous ne savons pas quand il a commencé ni quand il a terminé mais cette action terminera sûrement. En effet, on veut mettre en relief sur le procès en cours. Il est à noter qu’il existe des contextes où l’emploi de « être en train de » est quasiobligatoire (62) Je suis en train de monter dans l’avion, c’est alors qu’il m’appelle. Le présent simple qui remplace être en train de dans cette phrase devient peu naturel : (63)? Je monte dans l’avion, c’est alors qu’il m’appelle. Il est à souligner qu’en combinant avec les activités, être en train de peut porter une autre valeur que celle d’aspect. Ce sont les cas des énoncés où il y a un contraste entre deux valeurs: (64) Tu viens te promener avec moi ? - Laisse- moi tranquille, tu vois bien que je suis en train de travailler (65) Ne fais pas de bruit, il est en train de dormir (exemple emprunté à Frankel) Dans ces énoncés, le locuteur recourt à « être en train de » pour souligner l’intensité des procès « travailler » et « dormir » au moment de l’énonciation au but de convaincre son interlocuteur de ne le déranger pas. Alors que la présence de ªêtre en train de est obligatoire. Il nous paraît difficile d’accepter le choix d’autre solution comme le présent dans un tel contexte car ce temps ne permet pas de contraster deux valeurs en opposition, l’énoncé devient moins convaincant, moins naturel. « Être en train de » se combine assez facilement avec les procès du type d’accomplissement : (66) Il est en train de d’écrire une lettre. (67) Il est en train de construire une maison. 44 (68) Ils étaient en train de manger quand il retentit. Joseph fit un bond comme s’il venait de recevoir une échange de balle dans le cors. (Un barrage contre le PacifiqueMarguerite Duras) (69) Pendant qu’il était en train de biner les bananiers, la mère la lui avait racontée. (Un barrage contre le Pacifique-Marguerite Duras) Cependant, cette combinaison demande certaines contraintes inhérentes à certaines formes de quantification du complément d’objets. Observons les énoncés suivants : (70)a, Il est en train de livrer des caisses b, Il est en train de livrer dix caisses c, Il est en train de livrer dix caisses que j’avais commandées On trouve que le (70a) et (70b) sont nettement plus naturels qu’un énoncé comme (70b). Dans la phrase : Il est en train de livrer dix caisses, la quantité du procès est déterminé, donc, le fait que le sujet ‘il’ est en train de livrer dix caisses est impossible : il y a un contradiction entre la quantité déterminée de procès effectuée et l’action en cours exprimée par la périphrase verbale. Alors que dans les deux énoncés : Il est en train de livrer des caisses et Il est en train de livrer dix caisses que j’avais commandées, la quantification de l’objet est déterminée indépendamment du processus de livraison. Le prédicat « dix caisses que j’avais commandées » est présenté mentalement comme un bloc à faire ensemble, où le caractère comptable de caisse n’est pas pris en compte. Combinaison avec les achèvements Logiquement parlant, être en train de ne se combine pas avec les verbes strictement ponctuels comme les achèvements, s’il s’agit d’une action unique. (71)* La mine est en train d’éclater 45 (72)* Je suis en train de sortir. .Dans le cas où il est utilisé, le contexte a déjà déformé le type du procès. (73) Les mines étaient en train d’éclater partout, quand il entra dans la ville. (Courrier international, numéro 721, 9/2004) Dans cet énoncé, du fait du pluriel du sujet, l’événement n’est pas unique ; on considère la somme des événements ponctuels comme un grand événement. La ponctualité du procès s’efface. Alors que la présence de « être en train de » est acceptable. Ainsi, moyennant certains glissements de sens, les achèvements peuvent tout de même entrer dans cette structure : (74) Pierre est en train d’atteindre le sommet du Mont Blanc.(J.Moescheler). (75) Pierre est en train de trouver la solution (L.Gosselin). Pour que ces énoncés deviennent interprétables, le procès doit glisser de l’achèvement proprement dit vers la phase préparatoire : l’exemple (74) sera interprété comme indiquant que Pierre est en train d’escalader la montagne et qu’il va bientôt atteindre le sommet, tandis qu’à la lecture de (75) on comprend que Pierre est en train de chercher dans la bonne voie et qu’il va trouver la solution. Dans ces cas, ces procès sont interprétés comme des procès de type d’accomplissement. Selon Moescheler, l’accent est mis sur le développement du processus et non pas sur le point terminal. D’après lui, avec ces achèvements, seul le dernier instant est celui de l’atteinte, durant les minutes qui précèdent, l’atteinte est seulement de plus en plus proche. Ces minutes correspondent à la phase préparatoire et non à la phase finale. La phrase : (76) Sur cette photo, la grenouille est en train d’avaler la mouche (exemple emprunté à Gosselin). 46 devient possible si l’on suppose une série de réitérations du procès, ou si on dilate artificiellement le procès (par exemple, si l’on décrit une situation où le procès est observé au ralenti cinématographique). (77) Attention, à votre portefeuille ! Il y a un papier qui est en train de sortir. La forme être en train de dans (77) donne l’impression qu’il y a une possibilité de l’empêcher de tomber, qu’il est possible de prévenir la chute. En effet, l’énoncé marque non pas un processus de chute mais une mise en garde contre un risque de la chute. Les mêmes phénomènes s’observent avec le type d’exemple suivant: (78) Attention ! La corde est en train de casser » (exemple emprunté à Franckel) En effet, la périphrase être en train de peut être combinée avec tous les quatre types de procès. Parmi lesquels, elle est facilement compatible avec les activités et les accomplissements alors qu’elle est difficilement compatible avec des états et des achèvements sauf dans certains contextes qui permettent un glissement du sens des procès comme nous l’avons vu ci-dessus. 3.2. Continuer à/de+infinitif 3.2.1. Particularités Le déroulement du procès peut être considéré d’un point de vue plus externe qui permet de percevoir le processus dans sa continuité ou dans sa répétition. La périphrase continuer reflète ce caractère. En ce qui concerne les temps verbaux, cette périphrase connaît moins de contraintes que être en train de. Il peut se trouver plusieurs tiroirs verbaux : - Au présent (79) L’insomniaque continue d’apparaître à sa fenêtre tous les soirs à dix heures (Agota Kristof-La preuve). 47 - A l’imparfait (80) Lucas continuait à travailler. Il ouvrait le magasin le matin, il le fermait le soir. (Agota Kristof - La preuve). - Au passé composé -(81) Après la libération, le camps a continué à fonctionner mais sur un mode mineur. (Sylvie Germain-Chanson des mal-aimants) - Au passé simple : (82) C’est ainsi que, faute de trouver le mot juste, notre concitoyen continua d’exercer ses obscures fonctions jusqu’à un âge assez avancé. (Albert Camus - La peste) - Au conditionnel (83) Ce qui ne voulait pas dire que le temps continuerait à être aussi beau. (Marguerite Duras - La vie tranquille). En tant qu’une périphrase aspectuelle, continuer accepte en même temps deux préposition à et de. Dans notre corpus, elles sont utilisées indifféremment aussi bien dans la langue courante que dans la littérature. (84) Seul le vieil Espagnol asthmatique continuait de se frotter les mains et répétait : ‘Ils sortent, ils sortent’ avec une joie sénile. (A. Camus-La peste) (85) Il y avait les sentiments communs comme la séparation ou la peur, mais on continuait aussi de mettre au premier plan les préoccupations personnelles (A.Camus- La peste). (86) Comme avant, il faut continuer à se lever le matin, à se coucher le soir et faire ce qu’il faut faire pour vivre. (Albert Camus- La peste). (87) Ce qui ne voulait pas dire que le temps continuerait à être aussi beau. (Marguerite Duras-La vie tranquille) 48 D’après « Le Dictionnaire des pièges et des difficultés de la langue française » (2004), continuer à +infinitif se dit lorsque l’action commencée se prolonge ou que l’état précédent persiste : (88) Ils ont continué à parler sans plus s’occuper de moi’. Continuer de se dit pour insister sur l’absence d’interruption dans une action ou sur la permanence d’un état pendant une période donnée : (89) Ils ont continué de l’aider jusqu’à la fin de leur vie. Cependant, dans la pratique, continuer à est plus fréquent, surtout dans la langue parlée et familière. En général, on choisit l’une des constructions pour des raisons d’euphonie. Continuer de permet d’éviter hiatus. (90) Il continua d’aller mieux’, on évitera ‘Il continua à aller mieux’. Inversement, on emploiera continuer à devant un verbe commençant par de : (91) Ils continuaient à deviser joyeusement’ plutôt que ‘Ils continuaient de deviser joyeusement’. 3.2.2 Combinaison avec les procès. La construction continuer à/de +infinitif signifie que le procès exprimé par l’infinitif a été précédée obligatoirement par une autre occurrence du même procès. Ce procès est vu comme décomposé en plusieurs (>1) occurrences peut être non-identiques qui représentent ce procès comme interrompu avant d’avoir atteint son terme. La totalité du procès est représentée par un intervalle non-convexe dont le dernier sous-intervalle de l’occurrence suivante est introduite par continuer à. Continuer à/de servit donc plutôt à exprimer un aspect itératif et présuppose nécessairement que l’action a commencé. Cette caractéristique influe nettement sur la combinaison entre continuer à/de avec les types de procès 49 Combinaison avec les états. Continuer à est difficilement compatible avec les états. Les énoncés du type : (92) *Jean continue à être malade. (93)* Je continue à savoir le français. sont pratiquement inacceptables. Nous pouvons faire une petite comparaison entre un procès du type d’activité avec celui du type d’état pour trouver les explications. Par exemple, on peut trouver dans la structure interne du procès « courir » (type d’activité) dans l’énoncé « Jean court » des sous-intervalles t1, t2 dans les quelles existent des tranches temporelles qui sont trop petites pour que l’on puisse dire que Jean court t1. Il est bien connu que les états n’ont pas cette propriété. Il n’existe pas de temps qui soit trop petit pour que Jean ne puisse pas être malade. Donc continuer à/de ne peut pas être compatible avec les états Combinaison avec les activités et les accomplissements Au contraire de la façon de combinatoire avec les états, la périphrase continuer à/de est facilement combiné des activités. (94) Lucas continuait à travailler. Il ouvrait le magasin le matin, il le fermait le soir. (La preuve- Agota Kristof). (95) Pas besoin de toujours regarder dans le dictionnaire, on continue à lire et on finit par comprendre. (La preuve- Agota Kristof). Mais l’association de continuer avec les accomplissements rencontre certains problèmes : Les énoncés : (96)?? Je continue à écrire une lettre. (97)?? Il continue à courir 100m. sont peu naturels. Les compléments «une lettre, 100m» déterminent la borne finale du procès tandis que continuer met en relief sur la progression du procès. L’incompatibilité de la signification rend les deux énoncés au dessus moins naturels. 50 (98) Je continue à écrire. / Il continue à courir ne posent pas de problèmes. Combinaison avec les achèvements. Comme la périphrase être en train de, en général, continuer à n’admet pas de procès ponctuel. En français, on ne dit pas: *Il continue à mourir. (99) *Il continue à atteindre le sommet. Cela peut être expliqué par la structure interne de ce type de procès. On sait que les achèvements correspondent à un changement atomique et ignorent toute progression interne. Autrement dit, une fois le terme du procès est atteint, il ne peut pas prolonger. Tandis que continuer à/de+infinitif exprime l’aspect progressif. C’est par cette raison-là, il ne peut pas être compatible avec un procès ponctuel. Cependant, dans le cas où le sujet est pluriel comme : (100) Les affricains continuent à mourir du Sida . (Courrier International, numéro 805, 10/2006) L’énoncé devient naturel. Le pluriel du sujet fait changer la nature du procès. Dans ces caslà, on considère la somme des événements ponctuels comme un grand événement du type d’accomplissement. 4. P ÉRIPHRASES À VALEUR TERMINATIVE 4.1. Particularités. Finir de et cesser de expriment l’aspect terminatif qui saisit le procès juste avant sa limite finale. A la différence de commencer à/de et de se mettre à, ces deux périphrases dénotent la rupture entre la situation où le procès a lieu et celle où il ne se déroule plus. On peut considérer que, sur l’axe temporel, la borne finale du procès est constituée de deux sous-bornes contiguës. La première désigne la période où le procès exprimé par 51 l’infinitif est en train d’être réalisé, le deuxième dénote le moment où le procès ne se déroule plus. ------------[-----------][T------------Malgré que finir de et cesser de expriment le même aspect, ils ne sont pas tout à fait synonymes. Finir de marque une fin tandis que cesser de souligne un arrêt. Les divergences de fonctionnement entre finir de et cesser de tiennent essentiellement au fait que cesser de P marque le simple passage à l’extérieur temporel d’un procès (passage à ne plus P), tandis que finir de implique en même temps l’épuisement d’une quantité de procès construite indépendamment du temps, établie en particulier par une quantification de l’objet affecté par le procès. Ces caractéristiques influent nettement sur la combinatoire de ces deux verbes avec les procès. 4.2. Cesser de + infinitif . 4.2.1. Combinaison avec les verbes d’état Comme nous l’avons dit, cesser de souligne un arrêt. C’est-à-dire il marque le simple passage à l’extérieur temporel d’un procès et il est réalisé par l’intention du sujet. Alors, il est difficile d’accepter un complément du type d’état nécessaire (101) *. J’ai cessé d’être malade. (102) *. J’ai cessé d’aimer la musique. Ces énoncés paraissent inacceptables en français car être malade et aimer la musique sont des procès compacts qui n’ont pas de bornes internes ; ce qui présente une contradiction avec la particularité cesser de qui a besoin de la borne finale du procès pour marquer le passage à l’extérieur temporel. Cependant, selon Franckel (1989) il y a aussi des cas où le verbe cesser de est compatible avec les verbes d’état, dans la mesure où ceux-ci peuvent se caractériser 52 comme insécable et par conséquent incompatibles avec toute détermination d’une quantité de procès. Ce sont des états à propriétés contingentes instables comme : être fatigué, être agressif. L’énoncé il a cessé d’être agressif ne présente pas de difficulté : cesser de entraîne une délimitation purement temporelle sur le prédicat être agressif. Donc, il est logiquement acceptable. 4.2.2. Combinaison avec les activités et les accomplissements Les activités et les accomplissements sont des procès bornés qui privilégient la combinatoire avec cesser de. Ce pendant les caractéristiques de chaque type de procès influent nettement sur cette combinatoire. Observons les énoncés : (103) J’ai cessé de fumer (Exemple emprunté à Franckel) (104) ? J’ai cessé de manger. (105) Joseph avait cessé de manger. Il fumait et la regardait faire fasciné. (Marguerite Duras- Un barrage contre la Pacifique) (103) ne pose aucun problème d’interprétation. (104) n’est susceptibles en revanche que d’une interprétation fortement contrainte. J’ai cessé de manger ne peut guère renvoyer qu’à un fonctionnement aoristique (…à ce moment là, j’ai cessé de manger, je me suis levé et j’ai quitté le salon en l’injuriant). En dehors de ce contexte, cette forme pourrait à la rigueur signifier j’ai cessé de m’alimenter. Dans (105), grâce au contexte, l’expression cesser de manger devient naturel. Joseph arrête de manger et il va faire les autres choses. Cesser de n’entraîne qu’une détermination d’ordre strictement temporel. Il ne marque ni plus ni moins que le passage d’une sous-classe d’instants de la localisation P à une sous – classe de temps où P ne localise plus, indépendamment de tout relais par une 53 quantification de P. J’ai cessé de P marque en d’autres termes le passage à l’absence de relation entre moi et P sur le plan temporel. (106) Il cessa de rire. Il la regarda longuement et rougit fortement. (Un barrage contre le Pacifique- Marguerite Duras). (107)La mère cessa de pleurer et tira le diamant de son corsage. (Un barrage contre le Pacifique- Marguerite Duras). (108)Les deux bonnes soeurs avaient cessé de marmotter leur rosaire et les mains. (Boule de suif- Maupassant). (109)Ils avaient cessé de causer depuis une minute environ, et tous deux regardaient la feu, rêvant à n’importe quoi. (Mademoiselle Fifi- G. Maupassant). 4.2.3. Combinaison avec les achèvements Nous trouvons que cesser de est rarement compatible avec les achèvements qui sont atomiques et ignorent toute progression interne. Donc on ne peut pas les arrêter quand ces procès de ce type sont en train de se passer. (110) *Il cesse de tomber. (111) * Il cesse d’atteindre le sommet. Cependant, il y a aussi des cas où on trouve que cesser de accepte pour complément un verbe de ce type. (112) Car si pendant quelques années seulement, les enfants de la plaine avaient cessé de mourir, la plaine eut été à ce point infecté que sans doute, faute de pouvoir les mourir, on les aurait donnés aux chiens. (Marguerite Duras-Un barrage contre le Pacifique). Dans cette phrase, le sujet au pluriel transforme le procès ponctuel une série de l’action qui rendent la phrase plus naturelle correcte. Le verbe d’achèvement mourir est transformé en un procès du type d’activité. Cela fait cette association devenir acceptable. 54 4.3. Finir de + infinitif Cette périphrase accepte deux prépositions de et par. Si finir de marque la phase terminale du procès d’une action singulière (appelé aspect inscrit terminatif), finir par exprime la phase terminale du procès à l’intérieur d’une série d’actions hétérogènes (appelé aspect circonscrit terminatif). Cependant, dans le cadre de cette partie, nous n’abordons pas la structure finir par+infinitif. Nous n’insisterons que sur l’emploi de finir de+infinitif. 4.3.1.Combinaison avec les états. Dans les plusieurs cas, les verbes d’état n’admettent pas finir de, en particulier les états du type nécessaire. Les énoncés (113)*Il a fini d’être grand (114)*Il a fini d’être avare sont incorrects en français. Être grand, être avare n’ont pas de borne finale et on ne peut pas faire la quantification de ces procès. C’est pourquoi le verbe finir qui marque une fin n’accepte pas cette combinaison. Mais nous trouvons certains expressions dans lesquelles la périphrase finir de admet un procès d’état du type contingent. (115) « Il a fini d’être agressif » est un énoncé fort peu naturel qui pourrait signifier à la rigueur et conformément à ce qui a été dit de finir de : il a épuisé son agressivité. Cependant, on notera toutefois que finir d’être agressif redevient parfaitement possible si, dans le cadre de relations intersubjectives, on envisage un au delà de être agressif : c’est ce qui se produit dans un exemple comme : (116) Quand tu auras fini d’être agressif, préviens moi, nous pourrons peut être remettre les choses à leur place ! 55 4.3.2.Combinaison avec les activités et les accomplissements (117) J’ai fini de fumer (exemple emprunté à Franckel) (118) J’ai fini de manger. Il faut alors s’interroger sur cette spécification lexicale de manger qui n’apparaît nullement nécessaire avec finir de. L’énoncé (117) ne serait véritablement naturel qu’à condition d’introduire un complément d’objet (J’ai fini de fumer mon gros havane.) Ces exemples font clairement apparaître que finir de implique la mise en œuvre d’un rapport de conformité entre deux constructions de P, l’une établie dans le temps, l’autre hors du temps. Cette conformité implique la quantification du procès en référence à une quantification de l’objet affecté par le procès. J’ai fini de manger implique la construction d’un complément qui, dans le cas de manger, n’a pas nécessairement à apparaître explicitement (manger implique une sorte de complément générique : manger le mangeable), j’ai fini de manger ce que j’avais à manger, j’ai fini mon repas. Cette glose fait apparaître que la quantité de procès actualisée est conformée à la quantité de procès construite comme validable. C’est-à-dire finir de s’accommode un procès existe intrinsèquement ou extrinsèquement une quantité sinon la combinatoire entre ce verbe aspectuel et le procès est devenu irrecevable. L’énoncé : (119) il a fini de pleuvoir donne l’impression peu naturel car cet énoncé implique qu’il n’y a plus matière à pluie, que les nuages ont exprimé toute leur pluie. Franckel explique que cette forme devienne acceptable dans un contexte introduisant une téléonomie comme Je sortirai quand il aura fini de pleuvoir. La fin de la pluie est alors liée à une attente qui rend possible la construction d’une conformité. Les énoncés : 56 (120)* Elle a fini de pleurer. (121)* Il a fini de rire. sont sémantiquement incorrects L’expression de l’épuisement de matière de « pleurer » et de « rire » n’est pas acceptable. Ces exemples montre que finir de paraît difficilement associer aux procès du type d’activité qui sont non-quantitatives Donc, finir de ne peut être compatible qu’avec les procès dont la quantification est déterminée : (122) Joseph avait fini de remonter le pneu. (Un barrage contre le PacifiqueMarguerite Duras. (123) Il a fini de réparer le pont mais la mère lui parlait toujours d’elle ne savait quoi. (Un barrage contre le Pacifique- Marguerite Duras) « Le pneu » et « le pont » joue le rôle du complément marqué un résultat que le sujet veut atteindre. La combinatoire entre finir de et les procès du type d’accomplissement devient naturelle. Les énoncés du type : (124) ?? J’ai fini d’écrire. (125) ?? Il a fini de construire paraissent comme des énoncés inachevés qui demandent un complément pour devenir naturels. J’ai fini d’écrire la lettre pour mon ami ou Il a fini de construire sa maison ne posent pas de problèmes sémantiques. 4.3.3. Combinatoire avec les achèvements. Logiquement parlant, finir de est incompatibles avec les achèvements qui se réalisent dans un intervalle instantané où, du même fait, il est impossible de discriminer des phases. (126)* Il finit de sortir. 57 (127) *Il a fini de tomber. Finir de et cesser de marquent les aspects terminatifs du français dont les caractères ne sont pas identiques. Finir de traduit l’achèvement du procès tandis que cesser de ne souligne que l’interruption du procès. La possibilité de combinaison avec les procès de chaque périphrase est tout à fait différente. Comme les autres périphrases, les périphrases terminatives peuvent être difficilement combinés avec des états et des achèvements. De côté, leur valeur lexicale et aspectuelle privilégient la combinatoire avec les procès du type Activité et Accomplissement. Bref, la combinaison entre les périphrases aspectuelles et les quatre types de procès est très compliquée et pose beaucoup de problèmes. Parmi lesquels, les états et les achèvements rencontrent plusieurs de difficultés en associant aux périphrases aspectuelles de phase interne. À l’inverse, l’association entre les procès avec les périphrases de phase externe est moins stricte. Les activités et les accomplissements demandent moins de contraintes dans les relations aux périphrases. Cependant, nous n’avons pas d’ambitions d’aborder tous les aspects de ce phénomène. Dans le cadre de ce chapitre, nous voulons que relever certaines caractéristiques au but de faire la comparaison avec des mot- outils aspectuels équivalents en vietnamien que nous allons examiner dans le chapitre suivant. 58 CHAPITRE III. PARTICULES ÉQUIVALENTES EN VIETNAMIEN DES PÉRIPHRASES ASPECTUELLES I. ASPECT EN VIETNAMIEN. 1. A propos de temps et d’aspect en vietnamien. En ce qui concerne les catégories de temps et d’aspect dans notre langue, les points de vue des linguistes sont partagés. Nous pouvons les regrouper en deux approches. - La première approche plaide l’existence du temps et de l’aspect dans la grammaire vietnamienne. Les représentants de cette tendance sont Trương Vĩnh Ký, Lê Quang Trình…Ils proposent que, malgré l’absence du changement morphologique du verbe vietnamien, il existe quand même des mots ou particules qu’on place devant le verbe pour exprimer le passé, le présent et le futur. Les mots comme đã·, đang, sẽ…sont utilisés pour exprimer le temps. - La deuxième approche nie l’existence de la catégorie du temps linguistique en vietnamien. On peut citer les linguistes contemporains représentatifs tels que Cao Xuân Hạo, Nguyễn Văn Tư, Nguyễn Kim Thản…pour qui, le vietnamien n’a pas de temps linguistique, mais possède des moyens d’expression du temps quand c’est nécessaire. Ils constatent que la notion de temps dans notre langue peut être exprimée essentiellement soit par des « adverbes de temps » soit par des « adverbes aspectuo-temporels », mais leur emploi n’est pas automatique, ni obligatoire comme la conjugaison du verbe à chaque énoncé dans la langue française. Ils concluent que la catégorie de temps n’est pas une catégorie spécifique du verbe vietnamien : đã·, đang, sẽ, sắp, vừa, mới, xong… sont des marqueurs aspectuels. Nous sommes d’accord avec la deuxième approche qui peut expliquer à fond les phénomènes linguistiques compliqués en vietnamien. En plus, cette approche peut nous 59 aider efficacement à relever des traits différents et ressemblants fondamentaux de certains mots-outils exprimant la notion d’aspect entre le français, une langue flexionnelle et le vietnamien, une langue isolante dans la recherche. 2. Types de procès Comme en français, le verbe vietnamien implique nécessairement par son sens une certaine durée. Donc, il contient certainement une dimension aspectuelle en ce qu’il indique de quelle manière se manifeste le déroulement du procès. Nous pensons qu’en vietnamien il y a aussi quatre types de procès : état, activité, accomplissement et achèvement. Mais pour les déterminer, il faut tenir compte des éléments contextuels parce que la présence de tel ou tel élément peut modifier complètement le type de procès. 2.1. Verbes d’état Les verbes d’état peuvent être représentés par le verbe là (être) suivi d’un syntagme nominal, ou par les noms qualificatifs à valeur prédicative. Ils sont aussi divisés en deux grands groupes - Propriétés nécessaires : là một sinh vật (être un animal). - Propriétés contingentes: nóng tính (être coléreux), keo kiệt (être avare), ốm (être malade), mệt (être fatigué) Et les syntagmes verbaux suivants font partie aussi des verbes d’état : yêu (aimer), biết tiếng Pháp (savoir le Français) 2.2. Verbes d’activité Les verbes d’activité peuvent être composés des verbes simples et des verbes composés : tìm(chercher), đi (marcher), làm việc (travailler), hút thuốc (fumer)… 60 2.3. Verbes d’accomplissement. C’est le cas des syntagmes verbaux suivants : viết một lá thư (écrire une lettre), vẽ một vòng tròn (dessiner un cercle), ăn một bát cơm (manger un bol de riz), hút một điếu thuốc (fumer une cigarette)… 2.4. Verbes d’achèvement Les verbes simples : nổ (exploser), chết (mourir), nở (éclore), rơi (tomber), thấy (apercevoir)… sont des verbes de type d’achèvement A partir des verbes simples de type d’activité, on peut former des verbes composés de type d’achèvement en ajoutant les mots : tìm, được, đi, thấy, ra … comme suit : -tìm được : trouver - tìm thấy :trouver - tìm ra :trouver - đi ra :sortir 3. Classement des aspects. L’absence de la morphologie d’une langue isolante comme le vietnamien va déterminer et commander d’autres particularités grammaticales. Alors, l’ordre des mots, les préverbes, les post-verbes, les adverbes ou des locutions adverbiales doivent constituer l’équivalent des structures syntaxiques du français pour pouvoir exprimer les différents phénomènes grammaticaux. Nous constatons que le vietnamien est capable d’exprimer tous les types d’aspects qu’exprime le français. 61 3.1. Aspect accompli Les mots đã·, rồi, đã·…rồi associés avec les procès dynamiques indiquent l’aspect accompli. Par exemple : đã ngủ, đã· đến, ăn rồi, gặp rồi,… 3.2. Aspect progressif Đang peut traduire l’aspect sécant quand on le met devant les procès non-ponctuels : đang bơi, đang học bài, đang tìm… 3.3. Aspect itératif Cet aspect est exprimé par les procédés suivants : - Redoublement d’un verbe simple : chớp chớp, cười cười, nói nói.. - Lại postposé à un verbe peut marquer l’itération d’un procès : làm lại (refaire), đọc lại (relire), học lại (réapprendre)… - Le groupe de mots : đi ….lại comme : đọc đi đọc lại, xem đi xem lại… - Mots outils exprimant la fréquence et la répitition. C’est le cas des mots : luôn luôn (toujours), hằng, hoài, hay (très souvent), năng (très régulièrement), thường thường, thường xuyên (régulièrement), đôi khi (parfois), thỉnh thoảng (de temps en temps), Ít khi (rarement), không bao giờ, không khi nào (jamais)… qui indiquent la fréquence d’un procès. Quant aux expressions comme ba lần (trois fois), nhiều lần (plusieurs fois), elles désignent la répétition d’un procès. 3.4. Aspect prospectif. Celui-ci esr représenté par les particules aspectuels sắp sửa (être sur le point de), chuẩn bị (se préparer à)… ou par sắp qui indique un procès qui va avoir lieu juste après un point de référence choisi, qu’il soit dans le passé ou dans le présent. 62 - Trời sắp mưa Il va pleuvoir. -Hôm qua lúc tôi gặp Paul thì trời sắp mưa. Hier, quand j’ai rencontré Paul, il allait pleuvoir. 3.5. Aspect inchoatif. Cet aspect se traduit par les verbes bắt đầu, (commencer à, se mettre à) - Tôi bắt đầu đọc báo (Je commence à lire un journal) - Paul bắt đầu hát (Paul commence à chanter) 3.6. Aspect terminatif Cet aspect est indiqué par les verbes comme xong (finir de), hết (prendre fin), thôi, ngừng (cesser de)…dans des syntagmes comme: ăn xong, học xong, ngừng nói, thôi khóc. 3.7. Aspect résultatif Dans la grammaire vietnamienne, vừa et mới jouent le rôle d’un marqueur indiquant l’aspect égressif. En réalité, ces marqueurs décrivent un fait récent par rapport à un point de référence simultané ou antérieur. -Trời vừa mưa/Trời mới mưa (Il vient de pleuvoir) - Hôm qua lúc tôi gặp Paul thì trời vừa mưa Hier, quand j’ai rencontré Paul, il venait de pleuvoir 4. Moyens d’expression. Le vietnamien est dépourvu de la flexion du verbe donc il recourt à plusieurs particules exprimant l’aspect qui sont divisées en deux grands groupes : 63 4.1. Les particules antéposées du verbe: + Đã, vừa, mới, sẽ sắp… traduisent la relation entre le procès et le repère du moment de l’énonciation. + Cũng, vẫn, cứ, còn, lại…expriment l’aspect itératif. + Thường, hay, năng, ít, hiếm … désignent la fréquence du procès. 4.2. Les particules postverbales : + Rồi, xong,… expriment l’aspect accompli + Được, thấy… traduisent le résultat du procès + Ngay, tức thì, tức khắc, nữa, hoài, luôn, mãi…désignent le mode de déroulement du procès. (D’après Diep Quang Ban, 1989) Nous venons de présenter brièvement les aspects en vietnamien et nous trouvons que les moyens d’expression de l’aspect en vietnamien sont aussi variés que ceux en français. Malgré l’absence de la morphologie, les particules et les verbes sont capables de décrire efficacement toutes les phases du déroulement d’un procès 64 II. PARTICULES ÉQUIVALENTES DES PÉRIPHRASES ASPECTUELLES. 1. Aller+infinitif et sắp/sẽ. 1.1. Définitions. D’après Hoàng Trọng Phiến (2003), «Sắp traduit le déroulement du procès dans un terme temporel plus concret, plus déterminé. Sẽ exprime le déroulement du procès avec un point de repère temporel indéterminé». (Sắp diễn đạt một hành động gắn với thời điểm nói. So với sẽ thì sắp cụ thể hơn, xác định hơn, còn sẽ chỉ nghĩa phiếm định.) 1.2. Emplois de sắp/sẽ En ce qui concerne la valeur d’aspect, sắp et sẽ traduisent la phase prospective en vietnamien. Cependant, ces mots ont des caractéristiques particulières qui régissent leur combinatoire avec les autres mots. Sắp décrit un procès qui est plus proche du moment de l’énonciation que sẽ. (129) Trời sắp mưa. (Il va sûrement pleuvoir) (130) Trời sẽ mưa. (Il pleuvra dans un moment indéfini) On constate que sắp peut encore exprimer des procès lointains temporellement, mais proches psychologiquement. Observons les deux exemples suivants (131) Con tôi sắp vào đại học.(Mon fils va bientôt entrer à l’Université) (132)Nhân loại sắp bước vào thế kỷ 21.(L’humanité va bientôt entrer dans le 21è siècle). Dans le premier, le locuteur parle de son fils qui vient de passer son baccalauréat avec succès. Son entrée à l’Université est considérée comme une suite logique au baccalauréat. Dans cet exemple, il utilise le mot sắp pour mettre en relief une proximité psychologique, et non une proximité temporelle réelle entre le moment de l’énonciation et le moment de 65 l’entrée à l’Université. Cette distance est loin d’être considéré comme proche. C’est une chose que le père a attendue depuis longtemps. La situation est le même avec le deuxième énoncé, sắp met en relief une proximité psychologique, car du point de vue temporel, la distance entre le moment de l’énonciation et le début du 21 è siècle est peut être loin. En effet, sắp peut traduire des faits imminents temporellement ou des faits lointains temporellement mais proches psychologiquement. Dans (131), (132) sắp peut être remplacer par sẽ cependant, la nuance de sens est modifier. Con tôi sẽ vào đại học/ Nhân loại sẽ bước vào thế kỷ 21. 1.2.1. Présence obligatoire de sẽ Observons les énoncés : (133) Chắc chắn đến lúc ấy anh sẽ mỉm cười. (Ce moment-là, je suis sûr que tu souriras ) ( Nguyễn Khải-Họ sống và chiến đấu) (134) Chúng ta đi dạo chứ ?. Khi nào cháu mệt chú sẽ cõng cháu. Nous allons faire une promenade ? Quand tu seras fatigué, je te porterai. (Nguyễn Khải- Họ sống và chiến đấu) Dans ces phrases, les compléments circonstanciels indéfinis (đến lúc ấy, khi nào cháu mệt,) désignent que les procès sont loin du moment de l’énonciation. C’est pourquoi on ne peut pas utiliser sắp. Dans la structure sẽ + complément de temps, l’utilisation sẽ est obligatoire tandis que sắp est totalement nié. (135)* Tôi sắp gặp Paul vào ngày mai. - Dans une proposition subordonnée de cause : P thì sẽ Q et non pas *P thì sắp Q (136) Cứ cho tôi trở lại đảo, tôi khắc sẽ ăn được. (Permettez moi de retourner à l’ile, je vais bien manger) ( Nguyễn Khải- Họ sống và chiến đấu) 66 1.2.2. Présence obligatoire de sắp Au contraire, avec la structure Sắp P thì Q, on ne peut pas remplacer sắp par sẽ. (137)Hôm qua, tôi sắp đi thì anh ấy tới.(Hier, j’allais sortir quand il est arrivé) Les cas où le procès est situé dans un moment de référence déterminé, l’utilisation sắp rend l’énoncé plus naturel que sẽ. (138)Hợp tác xã mình sắp có máy nước rồi. (Actuellement, notre coorpérative va avoir la motopompe). (Đào Vũ-Cái sân gạch) Comme la prériphrase aller+infinitif, sắp et sẽ se combinent sans difficultés avec les quatre types de procès. Les expressions : sắp ốm, sắp chết, sẽ chết, sắp ngã, sẽ ngã, sắp nổ… sont tout à fait naturelles dans la langue courante. 1.3. Remarques. A travers les caractéristiques présentés au-dessus, nous trouvons que Sắp et sẽ traduisent certaines valeurs temporelle (le futur proche) et aspectuelle (l’aspect prospectif) similaires de celles de la périphrase verbale aller+infinitif en français. Cependant, entre ces deux mots il y a des traits différents. Donc, pour traduire exactement cette périphrase en vietnamien, il faut baser sur le contexte et sur les compléments qui l’entourent. (139) Je pense tout le temps pendant le repas : «Je vais sortir après le diner, et je prendrai le train pour aller n’importe où».’ (Maupassant, Les Sœurs Rondoli) - Tôi suy nghĩ suốt bữa ăn : ‘Tôi sẽ đi sau khi ăn tối, rồi tôi sẽ lấy tầu để đi bất cứ đâu », (Traduction de Nguyễn Mạnh Hào, 1998) Dans cet énoncé, le locuteur français peut utiliser aller+inffinitif (vais sortir) suivi d’un syntagme (après le dîner) ; en revanche, le locuteur vietnamien ne peut pas faire appel à sắp car ce marqueur n’est pas compatible avec le complément de temps sau khi ăn tối (après le dîner). L’énoncé *Tôi sắp đi sau khi ăn tối est irrecevable dans la langue 67 quotidienne. Sắp n’admet aucun complément temporel. Dans cette phrase, on ne traduit ce verbe par sắp mais par sẽ. La situation est la même dans les énoncés suivants. L’utilisasion de sẽ est obligatoire. (140) Ma tante me l’a déjà dit hier et avant-hier et avant, mais j’ai oublié tous les jours. Elle va me gronder. (Agota Kristof- La preuve). - Cô em đã bảo em hôm qua, hôm kia và trước nữa nhưng em cứ quên. Cô sẽ mắng em một trận. (Traduction de Vũ Xuân Thi, 1999) (141)Fais comme tu voudras. Moi, je ferai comme je veux. Je vais épouser Reine Verselay (Sylvie Germain-Jours de colère) (Cha muốn làm thế nào thì tuỳ. Còn con, con sẽ làm theo ý mình. Con sẽ cưới cô Reine Verselay.) (Traduction de Nguyễn Thị Bạch Tuyết, 2004) Dans certaines phrases, le traducteur doit utiliser sắp, la présence de sẽ fait la phrase devenir maladroite : (142) Et elle, elle va avoir bientôt dix-neuf ans. Comment va-t-elle ? (Agota Kristof- La preuve) - Còn nó, nó sắp 19 tuổi, nó thế nào rồi ? (Traduction de Vũ Xuân Thi). (143) Enfin, on allait se mettre à table, quand le patron de l’auberge parut luimême. (Maupassant- Boule de suif) - Sau cùng, khi mọi người sắp ngồi vào bàn ăn thì chính chủ quán xuất hiện. (Traduction de Hướng Minh, 1984) En effet, aller+infinitif équivaut tantôt à sắp tantôt à sẽ en vietnamien. L’utilisation de ces deux particules est assez compliquée. Le choix dépend du contexte et des autres éléments de l’énoncé. En plus, sắp équivaut encore à être sur le point de et sẽ au futur simple en français. 68 2. Être en train de+ infinitif et đang (ou đương) 2.1. Définitions A notre connaissance, đang était considéré comme un marqueur purement temporel pendant une longue période. Et puis, avec les recherches plus récentes des linguistiques vietnamiens, on a tendance à conclure que đang exprime plutôt l’aspect du procès que le temps car il s’emploie non seulement pour l’époque du présent mais aussi pour l’époque du passé et pour l’époque du futur. Parallèlement avec đang c’est le mot đương, une variante phonétique de đang. Selon le dictionnaire de Đào Duy Anh (1950), đương était la transcription en vietnamien du verbe chinois ayant la conception chính giữa (être au milieu de). Đương est plus utilisé au début du 20è siècle. On le rencontre plus souvent dans les romans de Vũ Trọng Phụng, Nam Cao, Ngô Tất Tố… que dans les romans contemporains. (144) Bà Cứ lúc ấy đương ngồi đun sanh cám lợn. (Vũ Trọng Phụng- Vỡ đê) (145) Hắn đương kéo một hơi thuốc ở cái điếu cày. (Vũ Trọng Phụng- Vỡ đê) D’après la recherche de Trần Kim Phượng (2005), l’utilisation de đang en vietnamien est très compliquée parce qu’il joue à la fois le rôle d’une particule temporelle, et aspectuelle. Nous partageons parfaitement le point de vue de cette linguiste en ce qui concerne la valeur aspectuelle de đang : «Dans n’importe quel cas, n’importe quelle époque, đang sert à exprimer le déroulement du procès qui n’est pas inachevé» (Trong bất kỳ trường hợp nào, với bất kỳ khung thời gian nào, đang đều biểu hiện ý nghĩa tiếp diễn, chưa hoàn thành) Le linguiste Cao Xuân Hạo (1998) a expliqué le fonctionnement de đang comme suit : «Antéposé aux verbes d’activité, đang présuppose que ces activités sont en train de se dérouler, elles ne sont pas terminées» (Đang dùng với vị từ động cho biết rằng sự việc ấy đang tiếp diễn, nghĩa là chưa hoàn tất, chưa kết thúc). 69 Avec ces caractéristiques, on peut dire que đang équivaut à être en train de en français. En raison de cela, dans les œuvres littéraires en bilingues (français et vietnamien) que nous avons examinés, être en train de est toujours traduit par le particule đang en vietnamien. (146) J’étais en train de distribuer les cartes et usant de ce privilège, j’avais doublé l’enjeu habituel.(Joseph Kessel- La rose de Java). Tôi đang chia bài, và lợi dụng quyền ấy, tôi đặt tiền gấp đôi. (Traduction de NgôDư, 1994) (147) Une famille est en train de prendre le repas du soir. Une mère et trois enfants autours de la table. (La preuve-Agota Kristof) Một gia đình đang dùng bữa tối, có bà mẹ và ba đứa con chung quanh bàn ăn.(Vũ Xuân Thi, 1999) (148) Yasmine est en train de suspendre la lessive dans le jardin, l’enfant fait la sieste. (Agota Kristof-La preuve). Yasmine đang phơi quần áo ngoài vườn, đứa trẻ đang ngủ. (149) Il vint à la clairière un martin ; les neufs frères étaient là, en train d’œuvrer à leurs sculptures. (Sylvie Germain - Jours de colère). Một buổi sáng, lão lên rừng ; cả chín anh em đều có mặt ở đó và đang mải mê với công việc tạc tượng. (Traduction de Nguyễn Thị Bạch Tuyết, 2004) 2.2. Emplois de đang - En ce qui concerne la position, đang est antéposé d’un autre verbe, par exemple : đang ăn (être en train de manger), đang khóc (être en train de pleurer), đang đọc sách (être en train de lire le livre). Cette particule exprime la phase en cours du procès. 70 Autrement dit, elle traduit l’aspect progressif comme la périphrase être en train de+infinitif en français. - Combinaison avec les procès. D’après Trần Kim Phượng (2005), à côté de la valeur progressive, đang présuppose en même temps que les procès associés prendront la fin à un moment quelconque après le point de référence. Cette caractéristique interprète la possibilité de combinaison de đang avec les types de procès. Comme être en train de, đang n’est pas compatible avec les états nécessaires. Voyons ces exemples : -(150)*Maupassant đang là một nhà văn Pháp. (* Maupassant est en train d’être un écrivain français) -(151)*Nó đang nóng tính *Il est en train d’être coléreux Les deux phrases avec đang ne sont pas acceptables en vietnamien, car elles présupposent plus tard que Maupassant n’est plus un écrivain français, que Paul ne sera plus coléreux, ce qui est impossible. En réalité, être un écrivain français désigne une profession permanente, être coléreux décrit le caractère permanent d’une personne. Par conséquence, ces procès ne sont pas compatibles avec đang. De façon générale, đang peut être associé aux états à propriétés contingents, ce marqueur présuppose que ces états, de nature instables, seront terminés à un moment quelconque. (152) Nó đang rất hiền bỗng dưng trở nên độc ác từ ngày mẹ nó mất. (Avant, elle était très douce mais elle devient méchante dès la mort de sa mère. (exemple emprunté à Trần Kim Phượng). L’état contingent hiền (être doux) est considéré comme un procès en 71 train de se changer . Dans cet énoncés, le locuteur veut insister sur le changement de la douceur en méchanceté. (153) Mẹ sao thế chị ? – Mẹ đang mệt. (Comment va maman ?- Elle est fatigué).(Phạm Hoa- Truyện ngắn Phạm Hoa) Dans cet énoncé, le locuteur recourt à đang pour insister sur le procès mệt (être fatigué) au moment de l’énonciation. Ils seront prendre une fin alors l’utilisation du mot đang est tout à fait logique. - Đang avec les procès d’activité. - Comme être en train de en français, đang est bien compatible avec les procès imperfectifs de type d’activité. Les énoncés : (154) Đứa bé đang khóc. (L’enfant est en train de pleurer) (155) Anh ấy đang làm bài tập. (Il est en train de faire les exercices) sont tout à fait naturel en vietnamien. Đang souligne le déroulement du procès au moment de référence choisi, en présupposant qu’il sera terminé après ce moment. Đang sert à souligner la simultanéité du procès en question avec un autre procès. Ces procès peuvent être localisés dans l’époque du passé, du présent et du futur : (156) Năm 1968, khi chúng tôi đang học cuối cấp thì Huệ bỏ học. (En 1988, quand nous étions en classe termianle, Huệ a abandonné ses études). (Phạm Hoa- Truyện ngắn Phạm Hoa) Dans cet énoncé, le point de référence est antérieur au moment de l’énonciation, nous relevons que đang, avec la valeur de procès en cours, a pour but de mettre en relief le contraste entre un procès en cours et un procès ponctuel. (157) Sao lại đến lúc trời đang mưa thế này ? (Il pleut, pourquoi es-tu venu ?) 72 Đang peut être antéposé aux procès dont le point de référence est postérieur au moment de l’énonciation : (158) Tháng sau, khi anh lên thăm tôi thì vườn hoa của tôi đang nở rộ. (Le mois prochain, lorsque tu me rendras visite, les fleurs de mon jardin seront alors en cours d’épanouissement) (Exemple emprunté à Cao Xuân Hạo) Les procès sont localisés dans le futur par tháng sau (le mois prochain). On recourt à đang pour insister sur la simultanéité du procès s’épanouir avec le procès visiter - Đang avec les procès d’accomplissement Đang est très compatible avec les procès de type d’accomplissement, car d’une part, ce marqueur exprime la valeur de procès en cours en présupposant que le procès en question seront terminés à un moment donné après le point de référence choisi, d’autre part, ces procès ne sont pas ponctuels et limités par les compléments d’objet.. Par exemple : vẽ một ngôi nhà (dessiner une maison), viết một lá thư (écrire une lettre)… (159)Tôi đang vẽ một ngôi nhà. (Je suis en train de dessiner une maison) - (160) Tôi đang hút thuốc. - (Je suis en train de fumer). Dans ces énoncés, đang souligne bien la valeur de procès en cours dont le point de référence est simultané au moment de l’énonciation, đang est parfaitement rendu par être en train de au présent. Mais lorsque les compléments d’objet sont supérieur à une unité. Par exemple : - (161)??Tôi đang vẽ 10 vòng tròn - (?? Je suis en train de dessiner dix cercles - (162)??Tôi đang viết 10 bức thư 73 - ?? Je suis en train d’écrire dix lettres. Il nous paraît très difficile de recourir à đang. S’agissant de noms comptables (cercles, lettre), on ne peut pas, en même temps, être en train de dessiner dix cercles ou écrire dix lettres. En revanche, đang est acceptable dans le cas où le prédicat est mười vòng tròn mà tôi hứa làm cho anh (les dix cercles que je t’avais promis) car le dernier est représenté mentalement comme un bloc à faire ensemble où le caractère comptable du complément vòng tròn (cercle) n’est pas pris en compte. - Đang avec les procès d’achèvement D’après le point de vu de Mme Trần Kim Phượng (2005), đang est entièrement incompatible avec les procès perfectifs de type d’achèvement. Cette incompatibilité est due au fait que ces procès sont poctuels ou momentanés, alors que đang présuppose que les procès durent un moment pour pouvoir mettre en relief sa valeur de procès en cours. Par conséquent, đang avec chết (mourir), nhận thấy (recevoir), tìm thấy (trouver) ne sont pas recevable en vietnamien. (163) *Nó đang chết (164) *Nó đang tìm thấy cuốn sách Dans certains contextes, cette combinaison, qui n’est pas impossible, peut transformer les procès de type achèvement (ponctuels) en procès de type accomplissement (non ponctuels) : (165) Nó đang thắng. (Il est en train de gagner) (166)Nó đang thua (Il est en train de perdre) 74 Dans ces énoncés, le locuteur peut utiliser đang lorsqu’il constate qu’au cours du commentaire en direct d’un jeu, Nó(il) se trouve au moment de l’énonciation dans une posotion très favorable pour gagner ou au contraire très défavorable au risque de perdre. Examinons encore un autre exemple : (167) Bom đang nổ, máu đang rơi, từng đoàn trai đang ngã xuống (exemple emprunté à Vũ Thị Ngân). Dans cet exemple, avec le sujet au pluriel, le procès n’est plus du type d’achèvement. Il s’agit des procès d’accomplissement. Donc, la présence de đang est acceptable. 2.3. Remarques. A travers les analyses au-dessus, on voit que être en train de peut être traduit par đang qui présente certaines valeurs sémantiques et aspectuelles de être en train de. Đang est un marqueur d’aspect exprimant essentiellement la valeur de procès en cours par rapport aux points de référence choisis. La compatibilité de đang avec les quatre types de procès est similaire de celle de être en train de. Tous les deux se combinent facilement avec les procès d’activités et d’accomplissements mais ils connaissent beaucoup de contraintes en sassociant avec les états et les achèvements. Cependant, đang en vietnamien connaît des emplois plus larges que être en train de en français. Les vietnamiens peuvent utiliser đang dans l’expression: Tôi đang bị ốm (Je suis malade) mais on ne peut pas traduire đang par être en train de parce que les français ne disent pas: Je suis en train d’être malade mais je suis malade. Cela est expliqué par le fait que đang sert à exprimer la simultanéité à un point de reference. comporte en même temps les valeurs aspectuelle, modale et temporelle. Avec ces caractéristiques, đang équivaut non pas seulement à être en train de mais aux autres morphèmes en français comme le présent simple, l’imparfait… 75 3. Finir de+infinitif/ Xong 3.1. Définitions Diệp Quang Ban (2000) a défini : (Xong désigne la fin, l’achèvement du procès. Les verbes ayant la borne finale sont facilement associés à ce mot. Les verbes qui n’ont pas ce caractère ne l’admettent pas.) (Xong chỉ ý kết thúc, hoàn thành, hoàn tất. Những động từ biểu thị đặc trưng có kết thúc dễ dàng kết hợp với xong. Những từ mang đặc trưng không có kết thúc thì không kết hợp được với xong.) On dit souvent: nghe xong, tìm hiểu xong vấn đề…et on ne dit pas : hiểu xong, kính nể xong. D’après le point de vue du Professeur Hoàng Trọng Phiến (2003): “Xong exprime la fin de l’action. Il est combiné avec “rồi” qui est mis à la fin de la phrase pour énoncer l’achèvement du procès” (Xong biểu thị sự kết thúc của hành động, kết hợp với “rồi” ở cuối câu biểu thị quá trình đã chấm dứt.) 3.2. Emplois de xong Xong postposé aux verbes saisit le procès juste à sa limite finale. Il implique en même temps l’épuisement d’une quantité de procès. Xong peut être associé à đã ou rồi pour exprimer l’aspect accompli. Il signifie ce qui est à fait est fait. (168) Con đã làm xong bài tập. /(J’ai fini de faire les exercices) ou bien : Con làm xong bài tập rồi. sont parfaitement naturels en vietnamien. Avec la présence de xong, le locuteur désigne que le sujet «con» a fait tous les exercices et achevé les travaux qu’il doit faire. D’après Diệp Quang Ban (2000), xong est facilement compatible avec les procès dont on peut déterminer leurs quantités. 76 (169) Tôi đã vẽ xong một vòng tròn. (-J’ai fini de dessiner un cercle). (170) Tôi đã viết xong một bức thư (Ba ai fini d’écrire une lettre). L’énoncé : *Tôi đã vẽ xong (*J’ai fini de dessiner) est incompréhensible pour l’interlocuteur car il attend toujours un complément du verbe pour savoir ce que Ba a fini de faire. (171) Từ lúc đọc xong thư, Quảng bần thần cả người (Dès le moment où il a fini de lire la lettre, il devenaitt abattu). (Phạm Hoa- Người đi cuối cùng). (172)Quảng đọc xong thư rồi cười ầm lên (Quand il a finit de lire la lettre, il riait très fort. (Phạm Hoa- Người đi cuối cùng). Xong montre que le terme de la phase finale du procès đọc thư (lire une lettre) est atteint. Au contraire, Xong ne peut pas admettre les procès non bornés ou ponctuels du type : Etats, Activités et Achèvements. Les expressions : *chết xong, *ngã xong, *nổ xong, *ốm xong ne sont pas naturelles en vietnamien. Pour exprimer la fin de ces procès, notre langue recourt aux autres marqueurs comme rồi (chết rồi, ngủ rồi, nổ rồi), hết (đọc hết-lire tout, hiểu hết-comprendre tout), sạch (đuổi sạch-chasser tout). Dans la phrase, la position de xong n’est pas tout à fait stable. On peut le situer tantôt avant tantôt après le complément du verbe. ăn cơm xong ou ¨ăn xong cơm sont tout acceptables en vietnamien. Dans certains contextes, xong peut être utilisé comme un verbe central de la phrase, le verbe principal est sous-entendu : (173) Mày xong chưa thế con?Dạ, con xong rồi ( L’as-tu fini ?- Oui, je l’ai fini) (Vũ Trọng Phụng-Vỡ đê) L’emploi xong dans une réponse tronquée est fréquent tant à l’oral qu’à écrit en vietnamien : (174) Xong rồi chứ?- Xong (Tu l’as fini ?-Oui.) (Nam Cao-Trẻ con không được ăn thịt chó) 77 3.3. Remarques En ce qui concerne la valeur aspectuelle, xong qui décrit l’aspect terminatif du procès équivaut à la périphrase finir de en français. Examinons les phrases suivantes : (175) Elle lui avait manqué pendant ces deux jours et sa hâte de la revoir était telle qu’il l’avait attendue là, dans le noir, espérant qu’elle finirait de travailler plutôt que prévue. (M.Duras-Un barrage contre le Pacifique) ( Anh vắng cô đã hai ngày nay nên vội vàng đến gặp cô cứ như thể cô đang đợi anh ở đó với hy vọng là cô sẽ xong việc sớm hơn dự định).( Traduction de Lê Hồng Sâm, 1997) (176) Joseph finit de remonter le pneu. (M.Duras-Un barrage contre le Pacifique) (Joseph bơm xong lốp)( Lê Hồng Sâm, 1997) (177) Elle avait fini de manger et regardait ses enfants. (M.Duras-Un barrage contre le Pacifique) (Bà đã ăn xong và ngắm nhìn các con)(Lê Hồng Sâm, 1997) (178) Joseph avait fini de réparer le pont mais la mère lui parlait toujours d’elle ne savait quoi. (M.Duras-Un barrage contre le Pacifique) (Joseph đã chữa xong cầu nhưng bà mẹ vẫn đang nói với anh cái gì cô không biết nữa)(Lê Hồng Sâm, 1997) 4. Cesser de+infinitif et /ngừng/ thôi 4.1. Définitions. Thôi est défini par Hoàng Trọng Phiến (2003) comme une particule qui exprime la restriction et l’arrêt du procès. (Thôi có chức năng như một phó từ biểu thị giới hạn, mang ý nghĩa ngừng, đình chỉ của hành động.) (179) Quang thôi ăn, lặng lẽ chịu cái nhìn của bố. (Phạm Hoa-Miền đất ngọt) 78 (Quang a cessé de manger, il subit silencieusement le regard de son père). Thôi marque l’interruption totale et entraîne une délimitation purement temporelle sur le prédicat manger. Pour la particule thôi, les vietnamiens l’utilisent souvent avec le groupe : thôi không+verbe+nữa (= cesser de+infinitif) (180) Từ ngày đó, tôi không đến nhà dì Hảo nữa. (Phạm Hoa, Chuyện quê ta) (Dès ce jour-là, je ne viens plus chez ma tante Hảo. En ce qui concerne la particule «ngừng», nous trouvons que ngừng désigne l’interruption momentanée du procès : (181) Anh ta bỗng ngừng lời. (il cesse soudain de parler). (Hồ Thị Hải Âu- Một cuộc đời) Dans cet énoncé, ngừng désigne l’arrêt de l’action. À côté de ce sens, ngừng implique la réalisation continue du procès. Le sujet anh ta (il) peut continuer à parler. 4.2.Emplois de ngừng/thôi. En utilisant le mot ngừng, le locuteur veut souligner que l’action continuera probablement tandis que thôi traduit l’arrêt définitif. C’est pourquoi on peut utiliser le circonstanciel de temps qui exprime une durée avec ngừng, ce qui n’est pas possible avec thôi. (182)Nó ngừng nói một lúc - (183)*Nó thôi nói một lúc. Ngừng et thôi sont les deux mots qui décrivent l’aspect terminatif. Ils sont antéposés du verbe et expriment que le procès a atteint la borne finale. On trouve que, comme le verbe cesser de, ngừng et thôi marquent le simple passage l’extérieur temporel 79 d’un procès ( passage à ne plus P). Même si ces verbes sont quasiment identiques du point de vue sémantique, il existe néanmoins des dissemblances entre eux, que ce soit en qualité de verbes ou en qualité de marqueurs d’aspect. Du point de vue aspectuel, ngừng, comme thôi, indique que le terme du procès est atteint, mais à la différence de thôi, ngừng implique la réalisation se poursuivant encore aux moments de référence choisis. En général, ngừng et thôi marquent la subjectivité du sujet sur le déroulement interrompu du procès. Ce caractère nous permet d’expliquer pourquoi ces particulent ne peuvent pas s’associer aux verbes d’état du type : - (184) *Tôi ngừng ốm (*Je cesse d’ être malade) - (185)* Tôi thôi thông minh (*Je cesse d’être intélligent). De ce fait, il nous paraît qu’ils sont aussi difficilement compatibles avec les achèvements qui manquent un changement d’états : (186)*Nó ngừng ngã· (*Il cesse de tomber) (187)* ông cụ ngừng/ thôi chết (*Il cesse de mourir) sont des énoncés sémantiquement illogiques et irrecevables. En vietnamien, ngừng et thôi sont assez facilement compatibles avec des activités comme : ngừng đọc, ngừng viết, thôi không ăn nữa, thôi không hát nữa…et des accomplissements : ngừng đọc báo, ngừng viết thư, … 4.3. Remarques. Ngừng et thôi contiennent certains traits sémantiques similaires de cesser de en français. C’est pourquoi dans la traduction des romans français en vietnamien, cesser de se traduit par ngừng et thôi : - (188)Jo cessa de rire. Il la regarda longuement et rougir fortement. (Marguerite Duras-Un barrage contre le Pacifique-) 80 - Jo ngừng cười. Anh nhìn cô rất lâu và đỏ bừng mặt. Traduction de Lê Hồng Sâm, 1997) (189) Il faisait très chaud. Suzanne cessa de suivre le travail de Joseph, elle pivota sur elle-même, relia sa robe et se trempa les jambes dans la mare. (Marguerite Duras-Un barrage contre le Pacifique) -Trời rất nắng. Suzanne thôi theo dõi công việc của Joseph, cô xoay người lại, vén áo và thả chân xuống đầm. (190) La mère un peu déçue demanda machinalement à Joseph de cesser de jouer. Mais ce soir, autant lui demander de cesser de respirer. (Marguerite Duras-Un barrage contre le Pacifique) - Bà mẹ hơi thất vọng đề nghị một cách máy móc Joseph ngừng chơi. Nhưng tối hôm ấy bảo vậy khác nào bảo anh ngừng thở. (191) Car si pendant quelques années seulement, les enfants de la plaine avaient cessé de mourir, la plaine en eut été à ce point infestée que sans doute; faute de pouvoir les nourrir, on les aurait données aux chiens. (Un barrage contre le Pacifique- Marguerite Duras) - Bởi vì chỉ trong vòng vài năm nữa thôi, trẻ em ở đồng bằng thôi không chết nữa, thì đồng bằng sẽ nhung nhúc trẻ con đến mức vì không sao nuôi nổi chúng, có lẽ người ta đến đem cho chúng đi. En résumé, en vietnamien on recourt aux mots xong, ngừng ou thôi lors qu’on veut souligner le terme atteint du procès. Xong ou xong rồi équivalent au point de vue sémantique et au point de vue aspectuel à finir de et ngừng, thôi à cesser de. Xong est postposé du verbe alors que ngừng et thôi en sont antéposés. Ces marqueurs sont tout compatibles avec les procès du type d’activités et d’accomplissement et à l’inverse, ils nient la combinaison avec les procès statiques comme les états ou momentanés comme les achèvements. 81 CONCLUSION R.Jakobson déclare que les langues diffèrent essentiellement par ce qu’elles doivent exprimer et non par ce qu’elles peuvent exprimer. C’est-à-dire que les langues peuvent tout décrire. Chaque langue doit trouver un ou des moyens pour exprimer une notion qui existe dans les autres langues. Malgré l’existence des points de vue différents, les linguistes, dans les années récentes, constatent que la notion de l’aspect existe dans la langue française ainsi qu’en vietnamien. Pour exprimer l’aspect, le français possède des formes grammaticales, des adverbes, des périphrases verbales…tandis que le vietnamien, une langue isolante, nonflexionnelle, ne connaît qu’aux niveaux lexical et syntaxique. En ce qui concerne la théorie, nous avons présenté d’une façon succincte la notion de l’aspect en français et en vietnamien. Nous avons aussi essayé de classer les types d’aspect, de donner les caractéristiques de certains marqueurs aspectuels selon les points de vue des linguistes français et vietnamiens. Notre mémoire a porté particulièrement sur les caractéristiques, les valeurs et les emplois des groupes de périphrases synonymes, des tests de compatibilité/incompatibilité avec les quatre types de procès. En nous basant sur les résultats obtenus, nous avons fait quelques comparaisons entre ces périphrases aspectuelles et leur équivalents en vietnamien. Ce travail a permis de constater que les marqueurs aspectuels en français et en vietnamien sont abondants. Mais leurs emplois sont très compliqués, surtout la combinaison avec les procès. Parmi les quatres types de procès : activités, accomplissements, états et achèvements, les deux premiers se combinent avec les périphrases verbales, en question la situation est à l’inverse avec les deux derniers. Ayant des caractéristiques de procès (-dynamique) ou (+ponctuel), les états et les achèvements 82 ignorent la progression interne. Autrement dit, on ne peut pas déterminer nettement les phases du déroulement de ces types. Logiquement parlant, ils peuvent se combiner avec les périphrases de phase externe mais difficilement être compatibles avec les périphrases de phase interne. Cependant, ils peuvent se combiner avec certaines périphrases dans les cas où d’autres éléments linguistiques et contextuels interviennent et modifient leur nature. En effet, les particules aspectuelles en vietnamien ne sont pas tout à fait équivalents aux périphrases en français. Les différences se trouvent au niveau de la forme, au niveau de la valeur sémantique ainsi que de la possibilité de combinaison avec les procès. C’est pourquoi, les apprenants doivent faire attention à ces différences pour éviter les erreurs car la façon de décrire l’aspect dans chaque langue n’est pas identique. Il existe encore beaucoup de choses à étudier en ce qui concerne l’aspect du français mais faute de temps, nous n’avons pas pu étudier de façon approfondie les autres marqueurs aspectuels comme le verbe venir de en comparaison avec vừa, mới, les adverbes, les affixes… dans ce mémoire. Nos analyses sont limitées à certaines périphrases aspectuelles qui sont les plus fréquemment utilisées dans la langue écrite ainsi que dans la langue orale. Nous voudrions dire aussi que ce travail n’est que le début d’un autre de plus longue haleine visant à faire une comparaison plus détaillée, plus approfondie entre l’expression de l’aspect en français et en vietnamien. N’ayant pas beaucoup d’expriences dans les travaus de recherche, nous aurions pu commetre des erreurs et nous croyons bien qu’il y a des limites dans ce mémoire. Malgré toutes ces faiblesses, nous esprérons que ce présent travail apportera une certaine utilité dans l’apprentissage et l’enseignement du français. 83 BIBLIOGRAPHIE 1. Ouvrages en français ASLANIDES.S. Grammaire du françai, Champion-Paris, 2001. BAYLON.C et FABRE. P. Grammaire systématique de la langue français, Nathan, 1995. CHARAUDEAU. P Grammaire du sens et de l’expression, Hachette, 1992. CHEVALIER. J.C et al. Grammaire du Français contemporain, Larousse, 1989. COHEN. L’aspect verbal, Paris PUF, 1989. DO- HURINVILLE DANH THANH., Temps et aspect en vietnamien. Étude comparative avec le français, Thèse de Doctorat, Université Paris VII, 2004. DUBOIS. J. Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, Larousse, 2003. GOUGENHEIM. G. Étude sur les périphrases verbales de la langue français, Paris, Les Belles Lettres, 1929. FEUILLER. J Introduction à l’analyse morphosyntaxique, Presses Universitaire de France, 1988. FILIP VERROENS., Le verbe commencer et ses prépositions, Université de Brussel, 2000. FRANKEL. J. Etude de quelques marqueurs aspectuels du français, DR0Z, 1989. GOSSELIN. L Question de syntaxe :Temps et aspect en français, Cours de Téléenseignement SL 4621, Uviversité de Rouen, 1997. GOSSELIN. L Sémantique de la temporalité en français, Champs Linguistiques. GREVISSE, GARDES-TAMINE. J « Mode, temps et aspect», Informations grammaticales, No 33. JEAN GIRODET. Dictionnaire des pièges et des difficultés de la langue française, Bordas, 2004. MOUNIN. G Dictionnaire de la linguistique, PUP, 1974. POPIN. JPrécis de grammaire fonctionnelle du français, Nathan, 1993. PORTIER. B. Sémantique générale, Presses Universitaires de France, 1992. PHAN THI TINH. Grammaire des propositions subordonnées temporelles en français et en vietnamien, Thèse de doctorat à l’Université de Rouen, 2000. RIEGEL. M et al Grammaire méthodique du français, Presses Universitaires de France, 1998. 84 2. Ouvrages en Vietnamien. CAO XUÂN HẠO. Tiếng Việt, mấy vấn đề về ngữ âm, ngữ pháp, ngữ nghĩa, NXB Giáo dục. DIỆP QUANG BAN. Ngữ pháp Tiếng Việt, NXB Giáo dục, 2000. ĐÀO THẢN. Sổ tay dùng từ : sắp, sẽ, Tạp chí Ngôn ngữ, 2000. HOÀNG TRỌNG PHIẾN. Cách dùng hư từ tiếng Việt hiện đại, NXB Nghệ An, 2003. NGUYỄN KIM THẢN. Động từ trong tiếng Việt, NXB Khoa học và xã hội, 1997. PHẠM QUANG TRƯỜNG. Nghiên cứu và đối chiếu thời quá khứ tiếng Pháp và những phương thức biểu đạt tương đương trong tiếng Việt, Luận án Tiến sĩ, Đại học khoa học Xã hội và nhân văn, 2002. PHAN THỊ MINH THÚY. «Cách diễn đạt thể lặp lại trong tiếng Việt», Ngôn ngữ và đời sống, số 4, 2002. PHAN THỊ MINH THÚY. «Cách diễn đạt thể kết quả trong tiếng Việt», Ngôn ngữ và đời sống, số 6, 2002. TRẦN KIM PHƯỢNG. «Ý nghĩa thời, thể, tình thái và cách sử dụng của phó từ đang trong tiếng Việt», Tạp chí Ngôn ngữ số 188, Viện Ngôn ngữ, 2005. VŨ THỊ NGÂN. Phạm trù thời, thể trong tiếng Pháp và tiếng Việt, Đề tài nghiên cứu cấp Đại học quốc gia, 2005 3. Romans et nouvelles AGOTA KRISTOF. La preuve, Éditions du Seuil, 1990. ( Chứng cứ, traduit par Vũ Xuân Thi, NXB Phụ nữ, 1999) ALBERT CAMUS. La peste, Gallimard, 1972. (Dịch hạch, traduit par Nguyễn Trọng Đính, NXB Văn học, 2002) FRANÇOISE SAGAN. Les merveilleux nuages, Julliard, 1961. GEORGES SIMENON. Les inconnus dans la maison, Gallimard, 1941. GERMAIN. S. Jours de colère, Gallimard, 1989. (Những ngày nổi giận, traduit par Nguyễn Thị Bạch Tuyết, NXB Hội Nhà văn, 1941). JOSEPH KESSEL. La rose de Java, NXB Ngoại văn, 1994. 85 (Bông hồng Java, traduit par Ngô Dư, NXB Ngoại văn, 1994) MARGUERITE DURAS. Un barrage contre le Pacifique, Gallimard, 1953. (Đập ngăn Thái Bình Dương, traduit par Lê Hồng Sâm, NXB Văn học, 1997) MARGUERITE DURAS. La vie tranquille, Gallimard, 2001. MAUPASSANT. G. Boule de suif, NXB Ngoại văn Hà Nội, 1984. (Viên mỡ bò, traduit par Hướng Minh, NXB Ngoại văn Hà Nội, 1984) MAUPASSANT. G Les Sœurs Rondoli, NXB Ngoại văn Hà Nội, 1988. (Chị em nhà Rondoli, traduit par Nguyễn Mạnh Hào, NXB Ngoại văn Hà Nội, 1988) NAM CAO. Truyện ngăn chọn lọc, NXB Văn hóa, 1998. PH ẠM HOA. Truyện ngắn Phạm Hoa, NXB Quân đội nhân dân, 2001. GERMAIN. S. Chanson des mal-aimants, Gallimard, 2002. STENDHAL. Le Rouge et le noire, Gallimard, 1972. VŨ TRỌNG PHỤNG. Tuyển tập truyện ngắn, NXB Văn học, 1993. Courrier international, numéro 721, 9/2004. Courrier internatioanl, numéro 802, 3/2006.