POURPARLERS De quoi parle-t-on pour sortir de la crise sociale actuellement ? De négociations ? Soit, on a examiné le mot il y a quelques jours. On parle aussi de pourparlers, de façon plus vague. Les deux mots peuvent-ils s’employer dans la même situation ? Oui, bien sûr, mais pas uniquement ! Les pourparlers s’insinuent dans des espaces où les négociations n’ont pas encore droit de cité : les pourparlers peuvent rendre possible les négociations. Alors, quel est vraiment l’emploi de ce mot ? D’abord, on a toujours l’impression que les pourparlers se situent dans une zone officieuse : c’est plus ou moins secret, fait entre deux portes, lors de réunions informelles, dont on ne va pas faire état. Comme des préliminaires aux « vrais » échanges qui, après coup, resteront oubliés. On ne sait vraiment pas si on peut se mettre d’accord… mais on accepte de se parler, sans témoins, donc avec peut-être moins de langue de bois, de précautions oratoires : on peut tout se permettre puisqu’on est dans un dialogue qui n’est pas censé exister. Le mot est ancien, et en ancien français, on le trouve surtout sous la forme d’un verbe ; on peut « se pourparler », ou « se purparler » du XIe siècle au XVIIe siècle, et le sens en est encore bien plus péjoratif : le mot est synonyme de tramer, de comploter, d’intriguer. On se parle en secret pour organiser la chute de quelqu’un, pour faire un mauvais coup ! Et ce rare préfixe « pour » rajoute du mystère au mot. Si l’usage du verbe s’est perdu, il nous reste un nom commun fait sur l’infinitif, et qui n’est utilisé qu’au pluriel. Les emplois principaux se trouvent dans le vocabulaire de la guerre : les pourparlers de paix sont des discussions cachées sur les moyens de mettre un terme aux combats. Y a-t-il des synonymes ? Pas tant que ça, à part des mots vagues tels que discussions, contacts… On a bien « tractation », mais l’usage du mot est assez différent, car beaucoup plus commercial. Et il est un peu péjoratif pour parler d’un marchandage officieux, mené le plus souvent en sous-main. Et on pense tout de suite à des manœuvres, des échanges cyniques, qu’on n’oserait étaler au grand jour. En sous-main ? Là encore, on est devant un mot négatif, qui exprime non seulement que ces échanges sont secrets, mais qu’on va en général nier qu’ils ont existé, et qu’ils seront comme recouverts par une réalité officielle, fictive, inventée. L’expression « en sous-main » appartient le plus souvent au langage des transactions immobilières, utilisée lorsqu’un bien est cédé et acheté en secret, même s’il attesté de façon tout à fait régulière, et confirmé par actes notariés.