arXiv:0804.4398v1 [math.RT] 28 Apr 2008
OP´
ERATEURS D’ENTRELACEMENT ET ALG`
EBRES DE
HECKE AVEC PARAM`
ETRES D’UN GROUPE R´
EDUCTIF
p-ADIQUE - LE CAS DES GROUPES CLASSIQUES
Volker Heiermann
Abstract. For Ga split classical p-adic group or an inner form of a general linear
p-adic group, we compute the endomorphism algebras of some induced projective
generators `a la Bernstein of the category of smooth representations of Gand show
that these algebras are isomorphic to the semi-direct product of a Hecke algebra with
parameters by a finite group algebra. Our strategy and parts of our intermediate
results apply to a general reductive connected p-adic group.
R´
ESUM´
E: Pour Gun groupe classique p-adique ou une forme int´erieure d’un
groupe lin´eaire p-adique, nous calculons les alg`ebres d’endomorphismes de certains
g´en´erateurs projectifs induits `a la Bernstein dans la cat´egorie des repr´esentations
lisses de G, et nous montrons que ces alg`ebres sont isomorphes au produit semi-
direct de l’alg`ebre d’un groupe fini avec une alg`ebre de Hecke avec param`etres. Notre
strat´egie et une bonne partie des r´esultats interm´ediaires s’appliquent `a un groupe
eductif connexe p-adique arbitraire.
Soient G(le groupe des points d’) un groupe r´eductif connexe d´efini sur F,
P=MU un sous-groupe parabolique de Get (σ, E) une repr´esentation irr´eductible
cuspidale de M. Notons Xnr(M) le groupe des caract`eres non ramifi´es de Met
Ol’ensemble des classes d’´equivalence de repr´esentations de la forme σχ,χ
Xnr(M).
D´esignons par iG
Ple foncteur de l’induction parabolique normalis´e, par rG
Pson
adjoint `a gauche et par Rep(WO) la sous-cat´egorie pleine de la cat´egorie Rep(G)
des repr´esentations lisses complexes de Gdont les objets sont les repr´esentations
πqui v´erifient la propri´et´e suivante: l’ensemble des classes d’´equivalence des sous-
quotients irr´eductibles de rG
Pπest contenu dans WO.
Remarquons que Rep(G) est le produit direct des sous-cat´egories Rep(WO).
Notons M1l’intersection des noyaux des caract`eres non ramifi´es de Met (σ1, E1)
une composante irr´eductible de la restriction de σ`a M1. esignons par indM
M1le
foncteur de l’induction compacte. Il a ´et´e montr´e par Bernstein [Ro, 1.6] que la
cat´egorie Rep(WO) est isomorphe `a la cat´egorie des EndG(iG
PindM
M1E1)-modules
`a droite. Remarquons que indM
M1E1ne d´epend pas du choix de (σ1, E1).
Typeset by A
M
S-T
E
X
1
2 VOLKER HEIERMANN
Nous nous proposons ici de d´eterminer l’alg`ebre EndG(iG
PindM
M1E1) plus ex-
plicitement. Nous nous restreignons pour cela au cas o`u Gest un groupe classique
d´eploy´e, i.e. de la forme SO2n+1(F), Sp2n(F) ou SO2n(F) ou o`u Gest le groupe
multiplicatif d’une alg`ebre simple, i.e. de la forme GLn(D), o`u Dest une alg`ebre
de division de centre F. Dans cette situation, nous donnons une base de cette
alg`ebre en tant que module sur un anneau de fonctions r´eguli`eres sur O(cf. propo-
sition 7.4) pour en d´eduire que cette alg`ebre est isomorphe au produit semi-direct
d’une alg`ebre de Hecke avec param`etres (au sense de Lusztig [L]) avec l’alg`ebre
d’un groupe fini (cf. th´eor`eme 7.7). Les param`etres possibles sont d’ailleurs bien
connus dans le cas des groupes consid´er´es ici (cf. 7.5).
En fait, les hypoth`eses dont nous avons besoin devraient ´egalement ˆetre erifi´ees
pour certaines formes de ces groupes classiques. Par ailleurs, notre approche et
une bonne partie des esultats interm´ediaires sont g´en´erales. Certaines preuves ont
d’ailleurs ´et´e motiv´ees par l’obtention d’un esultat g´en´eral et pourraient bien ˆetre
simplifi´ees dans les hypoth`eses impos´ees dans ce papier.
Signalons que, dans le cas d’un groupe r´eductif p-adique arbitraire, il faudrait
´eventuellement remplacer l’alg`ebre de groupe de Rpar l’alg`ebre de groupe tordue
par un 2-cocycle.
Rappelons que la th´eorie des repr´esentations des alg`ebres de Hecke avec para-
m`etres a ´et´e largement ´etudi´ee par Lusztig et d’autres.
L’auteur remercie J.-L. Waldspurger pour lui avoir indiqu´e `a l’exemple de SL2la
possibilit´e de retrouver des alg`ebres de Hecke avec param`etres `a partir d’op´erateurs
d’entrelacement. Il a ´egalement profit´e de discussions avec P. Schneider et E.-
W. Zink sur diff´erents aspects de cet article, et il remercie G. Henniart et J.-L.
Waldspurger pour des remarques sur une version pr´eliminaire de ce papier.
1. Nous gardons les hypoth`eses et notations de l’introduction. En outre, nous
fixons un sous-groupe parabolique minimal P0contenu dans P, un sous-groupe de
Levi M0de P0contenu dans M,P0=M0U0, et un tore A0d´eploy´e maximal (sur
F) de M0. Le tore d´eploy´e maximal contenu dans Msera d´esign´e par AM. Nous
noterons W=WGle groupe de Weyl de Gefini relatif `a A0, et nous d´esignerons
par Kun sous-groupe compact maximal de Gqui est en bonne position par rapport
`a A0. Par ailleurs, lorsque Hest un groupe, nous ´ecrirons X(H) pour le groupe
Hom(H, C×).
L’ensemble des racines non triviales de AMdans l’alg`ebre de Lie de Gsera
d´esign´e par Σ(AM), le sous-ensemble des racines qui agissent dans l’alg`ebre de Lie
de U, par Σ(P), et l’ensemble des racines r´eduites par Σred(P). On a une bijection
α7→ Mαentre Σred(P) et l’ensemble des sous-groupes de Levi de Gqui contiennent
Met qui sont minimaux pour cette propri´et´e.
Par ailleurs, on d´esignera pas aMl’alg`ebre de Lie r´eelle de AM, par a
Mson dual,
par a
M,Cson complexifi´e, par |·|Fle module de F, par qla cardinalit´e du corps
esiduel de Fet par HMl’application MaMqui v´erifie q−hHM(m)i=|α(m)|F
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ERATEURS D’ENTRELACEMENT ET ALG`
EBRES DE HECKE 3
pour tout caract`ere rationnel αde Met tout mM. Si sest un nombre complexe,
on note χαsle caract`ere non ramifi´e m7→ |α(m)|sde M. Cette application se
prolonge en un homomorphisme de groupes a
M,CXnr(M) qui est surjectif.
1.1 Nous noterons W(M) l’ensemble des repr´esentants dans Wde longueur min-
imale dans leur classe `a droite modulo WMdu groupe quotient {wW|w1Mw =
M}/W M. Observons que W(M) est un sous-groupe de W. Nous esignons par
W(M, O) le sous-groupe de W(M) form´e des ´el´ements qui stabilisent O.
Pour wW(M, O), posons lM(w) := |Σred(P)Σred(wP w1)|. La longueur
usuelle sur Wsera d´esign´ee par lGou simplement l.
Proposition: Pour que deux ´el´ements wet wde W(M)erifient lM(ww) =
lM(w) + lM(w), il faut et il suffit que l(ww) = l(w) + l(w).
Preuve: Remarquons d’abord que, pour tout wW(M), wΣred(MP0) =
Σred(MP0) et que l(w) = |Σred(P0)Σred(wP0)|. Il en suit tout d’abord que
ΣM(A0)Σred(P0)Σred(wP0) = . Donc, un ´el´ement αde Σ(A0) est dans
Σred(P0)Σred(wP0), si et seulement si α|AMΣ(P)Σ(wP). Par suite, pour
w, wW(M), lM(ww) = lM(w) + lM(w) ´equivaut `a
|Σred(P0)Σred(wwP0)|=|Σred(P0)Σred(wP0)|+|Σred(P0)Σred(wP0)|,
d’o`u la proposition par l’expression pour l(w) rappel´ee au d´ebut. 2
Pour tout wW, notons P(w) = M(w)U(w) le sous-groupe parabolique stan-
dard minimal tel que P, wP P(w). (Si Mαest un sous-groupe de Levi standard
et wl’´el´ement non trivial de WMα(M), alors M(w) = Mα.) On peut choisir des
repr´esentants wdes ´el´ements de Wdans Gtels que wKM(w), ce que l’on fera
d´esormais. On identifiera dans la suite les ´el´ements de Wavec leurs repr´esentants
dans K. Il sera toujours clair du contexte, si wesigne un ´el´ement de Wou de
G, en faisant les conventions suivantes: pour w, wW, le symbˆole ww, consid´er´e
comme ´el´ement de K, esigne le produit du repr´esentant de wdans Kavec celui de
wet non pas le repr´esentant de ww. Par ailleurs, le symbˆole w1correspondra
`a l’inverse (du repr´esentant) de wdans le groupe Gqui est bien un ´el´ement de
KMw.
Remarquons que notre construction d’op´erateurs de EndG(iG
PEB) sera essen-
tiellement ind´ependante du choix de l’ensemble des repr´esentants de W. On fera
toutefois dans 1.15 quelques restrictions suppl´ementaires sur ces repr´esentants.
Lorsque P1=M1U1est un sous-groupe parabolique semi-standard de G, (π, V )
une repr´esentation lisse de M1et wW, on d´esignera par λ(w) l’isomorphisme
iG
P1ViG
wP1wV ,v7→ v(w1·). On peut ´egalement d´efinir λ(g) pour tout ´el´ement
gde G. Si gM, alors λ(g) est un isomorphisme iG
P1ViG
P1gV qui est induit par
4 VOLKER HEIERMANN
fonctorialit´e de l’isomorphisme π(g1) : VgV . On ´ecrira ´egalement iG
P1(π(g1))
(`a ne pas confondre avec iG
Pπ(g1)).
1.2 La fonction µde Harish-Chandra est par exemple d´efinie dans [W, V.2].
Nous ´ecrirons µH, si elle est d´efinie sur Opar rapport `a un sous-groupe r´eductif H
de Gqui contient M. Nous omettrons cet exposant, si G=H.
Th´eor`eme: ([Si, 5.4.2.2 et 5.4.2.3]) (Harish-Chandra) Soit αΣ(P)et soit σ1
une repr´esentation irr´eductible cuspidale de M.
a) Si µMα(σ1) = 0, alors il existe un unique ´el´ement non trivial sαdans WMα
(M)tel que sα(PMα) = PMαet sασ1σ1.
b) Supposons qu’il existe un unique ´el´ement non trivial sαdans WMα(M)tel
que sα(PMα) = PMαet sασ1σ1. Alors, pour que µMα(σ1)6= 0, il faut et
il suffit que la repr´esentation iMα
PMασ1soit r´eductible. La repr´esentation iMα
PMασ1
est alors somme directe de deux repr´esentations irr´eductibles non isomorphes.
1.3 Proposition: L’ensemble ΣO:= {αΣred(AM)|µMαa un z´ero}est
un syst`eme de racines. Pour αΣO, esignons par sαl’unique ´el´ement de
WMα(M, O)qui conjugue PMαet PMα. Le groupe de Weyl WOde ΣO
s’identifie au sous-groupe de W(M, O)engendr´e par les r´eflexions sα. Pour tout
αΣO, notons αl’unique ´el´ement de aMα
Mqui v´erifie hα, αi= 2. Alors
Σ
O:= {α|αΣO}est l’ensemble des coracines de ΣO, la dualit´e ´etant celle
entre aMet a
M.
L’ensemble Σ(P)ΣOest l’ensemble des racines positives pour un certain ordre
sur ΣO.
Preuve: La preuve de la premi`ere partie de la proposition est analogue `a celle
de la proposition 4.2 dans [H2] (voir ´egalement [Si]), apr`es avoir v´erifi´e que ΣO
est stable pour l’action de W(M, O). Ceci r´esulte de la W(M, O)-invariance de la
fonction µde Harish-Chandra [W, V.2.1].
Soit αΣO. Le sous-espace vectoriel de a
Mengendr´e par αest aMα
M. Celui-ci
est l’orthogonal de aMα. Par suite, αdoit appartenir `a aMα
M. Comme hα, αi= 2,
c’est donc bien la coracine.
La derni`ere assertion vient du simple fait que Σ(P) d´efinit un ordre sur Σred(AM
), donc sur ΣO.2
1.4 efinition: On pose ΣO(P) = Σ(P)ΣO, et on note ∆Ola base de ΣO
d´etermin´ee par l’ordre pour lequel l’ensemble des racines positives est ΣO(P). La
longueur sur WOsera d´esign´ee par lO.
On fixe par ailleurs une repr´esentation unitaire σdont la classe d’´equivalence
appartient `a Otelle que µMα(σ) = 0 pour tout αO. (Ceci est possible,
puisque ∆Oest une base.)
OP´
ERATEURS D’ENTRELACEMENT ET ALG`
EBRES DE HECKE 5
1.5 Pour αΣO, fixons un ´el´ement hαde MM1
αtel que HM(hα) soit un
multiple de αpar un nombre r´eel >0 et que, pour tout χXnr(M), χ(hα) = 1
´equivaut `a χXnr(Mα) (cf. [H2, 1.2]). Notons tαle plus petit entier 1 tel que
χ(htα
α) = 1 ´equivaut `a χXnr(Mα) Stab(O). Notons bhαl’application Xnr(M)
C,χ7→ χ(hα), et posons Yα=bhαet Xα=Ytα
α. (La raison pour cette notation
double deviendra claire dans la section 2.)
Lemme: Pour wW(M), on a wYα=Ywα. En particulier, sαYα=Y1
α.
Preuve: La fonction Yαne epend de hαque par son image dans aMα
M. Posons
HM(hα) = mααavec mα>0. Remarquons que Yα=bhαet donc wYα=wbhα=
bwhαw1. Comme HM(whαw1) = mα(wα), il reste `a prouver que mα=mwα.
Pour λa
M,C, la valeur de χλen hαest d´etermin´ee par la projection de λsur
aMα
M. Il en est de mani`ere analogue pour hwα. Comme, pour λC,
χλ()(whαw1) = wχλα(whαw1) = χλα(hα),
on a χλ(wα)(whαw1) = 1 si et seulement, si χλα Xnr(Mα). Mais, ceci ´equivaut
`a χλ(wα)=wχλα Xnr(M). Donc, HM(h) = HM(whαw1), et, par suite,
mα=m.2
1.6 Le r´esultat suivant a ´et´e montr´e par A. Silberger [Si, 1.6] (voir ´egalement la
remarque dans la preuve de la proposition 4.1 dans [H2]).
Proposition: Soit αΣred(P). Si µMαn’est pas constante, alors αΣO, et
on peut trouver une constante c
s>0et des nombres r´eels as0et bs0tels que
l’on ait l’identit´e de fonctions rationnelles
µMα(σ⊗ ·)
=c
s
(1 Xα(·))(1 X1
α(·))
(1 Xα(·)qas)(1 X1
α(·)qas)
(1 + Xα(·))(1 + X1
α(·))
(1 + Xα(·)qbs)(1 + X1
α(·)qbs).
1.7 Remarque: Comme ∆Oest lin´eairement ind´ependant, on peut choisir
σtel que asαbsαpour tout αO, ce que l’on supposera d´esormais. En
particulier, asα>0.
1.8 Lorsque P=MU est un autre sous-groupe parabolique, notons JP|P
l’op´erateur d’entrelacement d´efini dans [W, IV]. C’est un op´erateur rationnel
Xnr(M)HomC(iK
PKE, iK
PKE), χ 7→ JP|P(σχ)
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