INTRODUCTION 9
politiques, la parole publique « n’est pas seulement comme ailleurs, un
moyen de se communiquer ses idées, ses sentiments et ses aaires1 »,
c’est une « espèce d’arme à bout portant
2
», un instrument éminemment
politique qui suscite l’enthousiasme des foules, le grondement du peuple
ou le silence des isoloirs3. Cette parole d’en haut laisse le plus souvent
dans l’oubli les « plumes de l’ombre », soutiers de la parole politique,
du Parlement et des ocines locales, tous ces scribes qui fabriquent,
mettent en scène, assurent la diusion et préparent la bonne réception
des dits et écrits de leurs patrons4.
Les laboratoires IRAMAT et POLEN de l’université d’Orléans et le
CHPP ont souhaité saisir cette actualité, en lui redonnant la profondeur
de champs nécessaire à la réflexion, à la mise en perspective historique.
Il y a bien des raisons à cela, en dehors du fait avéré qu’à Orléans, des
paroles venues de très haut ont eu des conséquences politiques nationales,
que des rumeurs se propagent et que la parole publique porte, de Péguy
à Jean Zay5, en passant par la parole universitaire de Pothier6 et par la
parole épiscopale de Dupanloup.
Précisément, l’origine de ce projet est liée aux étudiants, à une
formation spécialisée de master, Conseil Politique et Communication,
devenue en 2011 Métiers de l’Accompagnement Politique / Conseil-
Assistanat-Rédaction (MAPCAR), qui leur est destinée, originale à
plus d’un titre, à cheval sur deux UFR, au carrefour de disciplines
universitaires et du monde professionnel des collectivités publiques, de
la politique locale et de la communication. La présence, depuis 20 ans,
d’un institut universitaire professionnalisé collectivités territoriales et celle
de nombreux chercheurs travaillant sur la parole politique et les normes
assuraient d’emblée la faisabilité scientifique de ce projet de colloque
constitutionnel, « La citoyenneté », no 23, février 2008 ; Laurent Jorin, « Quand les fils à
papa rêvaient de servir l’État », Revue Charles, « Sciences Po la fabrique des élites », no 5,
printemps 2013.
1 Germaine de Staël, De l’Allemagne, I, XI, Londres, 1813/Paris, Firmin-Didot, 1881.
2 Honoré de Balzac, Albert Savarus, Œuvres, tomeI, Paris, Furne, 1842.
3 Jean-Marcel Jeanneney, Écoute la France qui gronde !, Paris, Arléa, 1996.
4 Antoine Buéno, « Les Dix commandements du nègre politique », Revue Charles, « Les
Ouvriers de la politique », no 3, octobre 2012.
5 Olivier Loubes, Jean Zay, l’inconnu de la République, Paris, Armand Colin, 2012.
6 Robert Feenstra, « Rayonnement et influence de l’enseignement du droit à Orléans », in
L’université d’Orléans. 1306-2006, regards croisés sur une histoire singulière, Orléans, PUO,
2008, p.37-43.
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