
14/19 L’extraordinaire profusion de ce repas : avec Jésus, on entre dans la plénitude du royaume :
on ramassa douze paniers pleins.
14/20 Ce nombre peut évoquer celui de la communauté en milieu juif.
Jésus plus grand qu'Élisée : 20 pains d’orge pour 100 personnes (2 Rois 4/42-44).
Il est le Berger par excellence, il nourrit et guérit le troupeau délaissé. ( Ézéchiel 34)
Il est le nouveau Moise et conduit le peuple au désert, en lui donnant une manne tellement
supérieure à l’ancienne.
C’est le temps de l’alliance perpétuelle annoncée par Esaïe 55/1-3
Au festin de Dieu, ce que le disciple apporte est à la fois dérisoire et irremplaçable ; 5 pains et 2
poissons. Il y a la faim et la Soif, et en même temps, le grand vide de la pauvreté que l’homme
dépouillé amène devant Dieu : Nous n’avons que... Mt 14/17 renvoie au Psaume 146/15 :
« Tous ont les yeux fixés sur toi, et ils espèrent ! » Ce regard traduit l’extrême dénuement de
l’humain que Dieu vient combler. ... il suffit d’avoir soif ... Esaïe 55
Acheter sans argent ! Rien ne souligne mieux l’effarante disproportion entre la gratuité divine et la
vénalité du monde ! TOUT ou TOUS est le mot-clé de nos textes.
Il fuse en Esaïe 55. Il rebondit dans le Psaume 146, il exulte dans le début de l’hymne de Paul :
Livré pour nous tous, comment ne nous donnerait-il pas tout ? Romains 8/32
Il éclate enfin dans l'Évangile :TOUS mangèrent à leur faim.
Le pain, fruit de la terre et du travail des humains.
Le pain n’est pas le produit de la seule nature. Il faut que l’homme s’en mêle. Pas seulement
ensemencer et moissonner. Il faut battre l’épi ; moudre le grain, pétrir la farine, cuire la pâte.
On utilise une quantité d’énergie. Le pain symbolise, avec la fécondité de la terre, le travail des
humains. Le travail quotidien, monotone, pesant ; celui du cultivateur et celui du mineur, du
fabricant d’engrais, du bûcheron, de l’ingénieur, du comptable. Sans oublier l’ouvrier du tracteur et
de la moissonneuse, du moulin et du pétrin. Surtout le boulanger qui sait le temps et la manière de
mélanger le sel et le levain et de sortir du four un pain doré à point.
Dans ce pain, d’innombrables grains sont mêlés.
Le pain nous parle de rassemblement, d’unité, de communion. Mais avant de devenir miche qu’on
pose sur la table, les grains ont été broyés, écrasés, triturés, passés au four
L’épreuve, la détresse, la passion des humains sont présentes, là aussi.
Moins violentes peut-être que dans la première pressée d’où sort le vin écarlate, mais tout aussi
réelles ... et quotidiennes. Et ce pain-là, riche de la vie du monde, riche de la vie humaine, riche de
toute la souffrance humaine :
Jésus, le soir venu l’a pris et donné en disant :Ceci est mon corps donné pour vous !
Dans le pain , on reconnaît Dieu lui-même qui se donne, ce pain est aussitôt brisé, rompu, partagé
entre tous. Ainsi s’institue entre nous une alliance de gratuité où ce qui est donné est aussitôt mis en
circulation, sans réserve, sans souci d’économie, - en-dehors de l’esprit de calcul ou de profit.
Rompre le pain, le distribuer, c’est briser sa vie, entrer dans l’échange en pure perte où chacun
est constitué par la relation et où circule entre nous tous (biens, paroles, soi-même) ce qui est
donné et que nul ne peut détenir en propre. *****
Méditation André VOGEL.
Apaisement et certitude!
Apaisement et certitude :
C’est commun aux trois textes proposés pour ce dimanche.
Le prophète Esaïe s’adresse aux assoiffés,
Au sens direct comme au sens figuré.
Vous tous qui avez soif, voici de l’eau, venez ! Venez acheter sans argent.
C’est gratuit, on ne peut ni payer ni mériter : c’est gracieux.
La source s’appelle Grâce.