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L’art graphique était à l’honneur avec Mohamed Zahir, calligraphe (qui souligne le fait que la
calligraphie est un art spirituel : il dessine des paroles sacrées), et l’étonnante technique de l’Ebru, art du
« marbré » ottoman, dont Mehmet Refii Kileci faisait une démonstration en réalisant plusieurs tableaux
(tulipe stylisée).
Un artiste peintre « assyrien », Moussa Malki, nous laissait admirer un grand tableau avec nombre de
figures symboliques chrétiennes du Proche Orient.
Thérèse Fromont et Elvire Closon quant à elles, avaient réalisé sur place une magnifique pièce
florale, symbolisant l’harmonie. Leur spécialité, c’est l’expression florale liturgique. Pour elles, les fleurs
sont signes de la présence de Dieu qui crée la beauté et l’harmonie.
Le 7e art s’exprimait à son tour avec le cinéaste Mourad Boucif, connu pour son film « La couleur du
sacrifice » et qui a montré des extraits du film qu’il est en train de réaliser.
Après un bon thé à la menthe, les participants ont circulé librement dans la salle pour s’entretenir avec les
artistes et regarder de près leurs réalisations.
La deuxième rencontre s’intitulait : « L’image de l’autre. Chrétiens et Musulmans, acteurs de
réconciliation. »
Elle a lieu le 23 novembre. Il s’agissait d’une conférence à deux voix : Farid El Asri et Ignace
Berten, avec François Vinsot (de la RTCB) comme modérateur.
Farid El Asri rappelle que tous, nous construisons un « monde de l’image » : des représentations de
l’autre qui ne correspondent pas à sa réalité, mais relèvent de l’imaginaire qui façonne l’autre selon nos
conceptions, nos sensibilités, nos cultures.
Il n’y a pas de rapport virginal à l’autre, il est toujours conditionné et il permet de trouver sa propre
identité : Je sais que je suis parce que je ne suis pas toi. L’exotique souligne mon identité.
Pour les gens d’ici, l’islam est étrange, il est étranger à l’Europe. De même pour le musulman,
l’Européen est aussi un étranger. Il y a tension entre les imaginaires.
Nous sommes tous conditionnés, prendre conscience de notre imaginaire, c’est le début du dialogue.
De part et d’autre, il faut déconstruire pour construire.
Ignace Berten souligne que devenir acteurs de réconciliation est une tâche qui nous incombe à tous.
Il énumère quelques conditions :
1. Etre convaincu qu’on n’a pas toute la vérité, d’où la démarche : quelles images de l’autre sont
véhiculées ? Qu’est-ce qui se dit de l’autre? Ici et dans les pays musulmans ?
2. Relire notre propre histoire (croisades, conquêtes arabes et ottomanes) les rapports de violence,
comment sont-ils racontés (dans les récits, les peintures, les sculptures) ?
3. Entendre l’histoire racontée par l’autre partie
4. Relire les sources de la foi : il y a de la violence dans les textes, que faisons-nous de ces textes ?
5. Rencontrer ensemble les questions difficiles, voir jusqu’où déplacer les images
Il faudrait réécrire l’histoire ensemble. A la base du dialogue, il y a la vie quotidienne ensemble.
Après les deux introductions, il y eut un long temps de questions-réponses.
La troisième rencontre bruxelloise eu lieu à la Comece, square de Meeûs 19, 1050 Bruxelles. Le
sujet : De la Révélation à l’interprétation était traité par le professeur Nasr Abu Zaïd, Egyptien, qui se
souvient du bel islam de son village d’origine. Pour comprendre l’islam aujourd’hui, il faut voir ses racines,
il a donc étudié l’expérience religieuse et découvert le mu’tazilisme.