1 - Cours Isgh

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Introduction.
Cela commence par des paroles blessantes, des regards et un
comportement agressif de la part d'une personne ou d'un groupe.
L'acharnement et la répétition sont tels que très vite on se sent isolé
confus, stressé on s'enfonce dans la peur, et au bout du compte c'est sa
vie qui peut être détruite. On appelle cela le harcèlement moral. Qu’est-ce
que le harcèlement moral ? Qui sont le harceleur et sa victime ? Comment
la victime peut se protéger ? Voici des questions auxquelles je vais tenter
de répondre.
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1. Définition de l’harcèlement moral.
a) Définition de Heinz Leymann1.
« Le Mobbing2 implique un comportement de communication hostile et
non éthique, dirigé systématiquement envers un individu qui, suite au
mobbing, se trouve dans une position d’impuissance, ce qui permet la
reproduction continuelle des activités de harcèlement. Ces activités se
produisent fréquemment et ce pendant une longue période. Etant donné
la fréquence et la durée des comportements hostiles, le processus de
maltraitance engendre des préjugés psychologiques, psychosomatiques et
sociaux considérables … »
b) Définition de Marie-France Hirigoyen3
« ..Par harcèlement sur le lieu de travail, il faut entendre toute conduite
abusive se manifestant par des comportements des paroles, des actes, des
gestes, des écrits pouvant porter atteinte à la personnalité, à la dignité, ou
à l’intégrité physique ou psychique d’une personne, mettre en péril
l’emploi de celle-ci ou dégrader le climat de travail…»
Grâce à ces définitions on peut mettre en évidence quelques aspects du
harcèlement :
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La répétition.
La violence.
L’impuissance de la victime.
La domination.
2. Typologie de Heinz Leymann.
a) Harcèlement horizontal.
Harcèlement qui se développe entre collègue. Dans ce cas, le point de
départ du harcèlement est le plus souvent l’envie, la jalousie ou le refus
d’une différence. Il se rapproche du racisme ou du sexisme. Les groupes
tendent à mal supporter les différences, à niveler les individus.
Docteur suédois en psychologie. Il commence à étudier le phénomène qu’il appelait
« Mobbing » en 1980.
2 Le mobbing est une forme sévère de harcèlement qui consiste à houspiller, attaquer,
malmener et se manifeste par des agissements hostiles fréquents et répétés sur le lieu de
travail visant systématiquement la même personne. Cela peut aller jusqu’à des dérapages
incluant la violence physique.
3 Psychiatre et psychothérapeute familiale.
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b) Harcèlement vertical descendant.
Harcèlement venant d’un supérieur hiérarchique. C’est la forme la plus
courante et celle qui a les conséquences les plus graves sur la santé.
c) Harcèlement vertical ascendant.
C’est l’agression d’un supérieur par un subordonné. Si le supérieur est
trop arrogant, autoritaire,… il subira de la part de ses subordonnés une
agression. Il est peu pris en considération mais il est aussi destructeur.
3. Profils.
a) Profil de l’harceleur.
Il n’y a pas de profil type. Tous ce que l’on peut dire de cette personne,
c’est qu’elle ne doit pas être très sûr d’elle-même, ou encore de la place
qu’elle occupe dans l’entreprise. Donc, le harceleur mettra ce processus en
place (le harcèlement) pour éliminer un rival potentiel, pour protéger sa
place en discréditant les autres ou encore pour faire disparaître sa
frustration par rapport à telle ou telle chose. Le harceleur peut être un
collègue qui agresse un autre ou encore un groupe de personne qui
agresse un supérieur. Dans ce cas, ce serait le fait qu’une personne, non
connue du service, soit amenée à être chef d’un groupe. Par le simple fait
que cette personne vienne de l’extérieur et qu’elle prenne le poste de chef,
peut amener à engendrer des conflits et à entamer le processus de
harcèlement moral. Le harceleur peut être aussi un supérieur
hiérarchique qui agresse un subordonné. Dans ce cas, il requiert souvent
à l’abus de pouvoir, donc, pour le chef, tout est permis ou encore à des
« manœuvres perverses », donc, là on écrase la personne tout simplement
pour se sentir bien.
b) Profil de la victime.
Comme pour le profil de l’harceleur, il n’y a pas de profil type.
Contrairement à ce que l’on croit la victime n’est pas une personne faible,
enfin pas dans tout les cas. Il arrive souvent qu’une victime soit une
personne forte (de caractère) qui ne se laisse pas faire. En effet, le
harceleur a tendance à choisir une personne qui pourrait représenter un
danger pour lui.
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4. Le processus.
Selon Heinz Leymann, il y a quatre phases dans ce processus :
 La première phase, est celle des conflits quotidiens.
Ces conflits surgissent entre personnes. S’ils ne sont pas véritablement
bien gérés, ils peuvent devenir graves et avoir pour conséquence de créer
un gros problème dans la relation professionnelle.
 La deuxième phase, la stigmatisation de la victime.
La victime qui se retrouve seule face à ce problème et dont personne ne
vient à son aide, perd confiance en elle et en ses capacités, son psychisme
se détruit petit à petit, devient plus stressée…
Bref, le fait de ne pas vouloir intervenir peut être une des causes
principale du harcèlement. Donc, le harceleur à le champ libre puisque
personne ne s’en mêle.
 La troisième phase, le déni des droits de la victime par le
management.
Souvent, l’employeur intervient trop tard. Donc, pour trouver une solution
et détendre l’atmosphère, celui-ci va proposer à la victime un autre poste
ou encore une autre affectation. Ce qui ne laisse pas vraiment le choix à la
victime.
 La quatrième phase, l’exclusion du marché du travail.
Dans ce cas, il peut y avoir une interruption de travail, en voici quelques
exemples :
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La déstabilisation de la victime par le « mobbing » pratiqué par des
collègues ou des supérieurs hiérarchiques.
Une diffusion d’information défavorable sur la victime…
Pour arriver à cette exclusion du marché du travail, divers procédés sont
employés :
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Des transferts successifs.
La mise en congé de maladie.
La mise à l’écart.
Le licenciement ou la mise en invalidité.
Il faut savoir qu’une personne ayant subi un harcèlement moral a peu de
chance de retrouver un emploi, vu sa fragilité.
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5. La technique de harcèlement.
Le harceleur utilise un système de déstabilisation très reposant sur
ensemble de technique.
a) Technique relationnelle.
Vise à empêcher la victime de s’exprimer, à la déstabiliser. Le harceleur ne
lui adresse plus la parole, ou alors en criant, il l’empêche de s’exprimer en
l’interrompant, ne communique avec elle que sous forme de notes, ne la
regarde plus, feint d’ignorer sa présence et la critique sur son travail en lui
disant que tout ce qu’elle fait ne sert à rien c’est une technique habile qui
va faire culpabiliser la victime.
b) Technique de discréditation de la personne.
Cette technique consiste à soit le surcharger de travail ou soit de ne plus
lui en donner ou lui en donner pour autant qu’il soit inférieur à ses
compétence. Le harceleur va volontairement pousser l’autre à la faute
professionnelle pour ensuite le dénigrer devant les autres et le
sanctionner. Il va faire en sorte que la victime craque, s’énerve. De cette
façon, il va pouvoir semer le doute dans sa tête et celle des autres
collègues.
c) Technique d’isolement de la victime en la déconsidérant
auprès de ses collègues.
Ce procédé est une destruction psychologique. Le harceleur va tout
d’abord casser les « alliances possibles » monter tout le monde contre la
victime. Bref, essayer de la mettre en quarantaine. Il va donc répandre des
rumeurs sur elle, la médire, la calomnier, la ridiculiser, l’humilier en
public faire passer sa victime pour un fou et va même l’attaquer sur sa vie
privée. Il va aussi ne plus l’inviter à des sorties entre collègues.
d) Technique destructrice.
Il va compromettre la santé du travailleur. Il va l’empêcher la prise de
congé, il va soumettre la personne à des travaux dangereux. Il va la
menacer, l’agresser et parfois il va occasionner des dégâts. Cependant la
violence physique reste rare parce que les auteurs de harcèlement sont
trop intelligents pour accomplir des actes qu’ils savent réprimés.
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6. Les conséquences du harcèlement sur les victimes.
a) Les conséquences physiques.
Par le fait du harcèlement, de la répétition des attaques et de la durée de
celle-ci, la victime va subir un stress important. Ce stress va entraîner une
réaction de l’organisme de la victime et celle-ci va avoir de nombreux
troubles appelés « psychosomatiques » :
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Essoufflement
Trouble du sommeil
Fatigue
Nervosité
Perturbation du poids
Angoisses
Crises de larmes
Irritabilité
Diverses douleurs, maux de tête, maux de dos,…
Palpitations
Troubles digestifs
b) Les conséquences psychologiques.
Au bout de quelques mois ces symptômes peuvent se transformer en
troubles psychiques manifeste :
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Le désistement.
Il s’agit d’éviter un conflit. Donc la victime va plutôt choisir des compromis
que d’aller au conflit, qui pourrait engendre une rupture.
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La confusion.
La victime n’ose ou ne sait pas se plaindre. Même si elle est tellement
confuse qu’elle ne peut réagir
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Le doute.
Il s’agit d’un processus impensable. La victime n’arrive pas à croire que ce
qu’il lui arrive est bien réel. Pourtant, elle va essayer de comprendre, mais
elle n’y arrive pas. Le doute va s’installer, la victime va culpabiliser et
endosser la faute. C’est un procédé qui tend à amener la victime à ne plus
savoir qui a tord ou raison, et dans ce cas, la personne va se croire
fautive.
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
Le stress.
Les attaques successives de longue durée, engendrent chez la victime, un
état de stress. Plus cela se répète, moins la victime arrive à se défendre et
plus le stress augmente. Elle va devenir de plus en plus anxieuse, saura
de moins en moins maîtriser la situation.. Bref, à ce stade, elle aura
toujours une appréhension sur un nouvel échec..
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La peur.
Les victimes ont toujours peur de faire mal les choses, d’avoir encore des
remarques blessantes, que l’autre ait du mépris à son égard…A ce stade,
les victimes vont penser que si elles sont gentilles, conciliantes, que toute
cette haine va disparaître.

L’isolement.
Pour affronter ce qu’elles subissent, les victimes se sentent seules. Elles
ne savent pas à qui parler. En général, l’entourage, qu’il soit proche ou
éloigné, ne veut pas être mêlé à cette problématique.
On peut encore citer, comme autres conséquences psychologiques que :
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La victime a peur de se rendre sur le lieu de travail.
Elle se sent humiliée, impuissante.
Elle a une perte de confiance en elle.
Elle a un sentiment d’injustice.
Elle peut avoir un état dépressif.
Elle a des troubles de l’attention et de la mémoire.
Elle a un sentiment de découragement, de pessimisme, de culpabilité.
Et elle peut en arriver à un sentiment de suicide et peut même passer à
l’acte.
c) Les conséquences socio-économiques.
Le harcèlement moral n’est pas nuisible que pour la victime. Ce
phénomène influence sur l’environnement de celle-ci (collègues de travail,
…), mais surtout sur la qualité du travail fourni. En effet, une personne
harcelée ne sera jamais capable de travailler au maximum de son
potentiel. L’harceleur détruit son enthousiasme, son souci de performance
et son plaisir du travail. De plus, la victime sera tôt ou tard exclue du
marché de l’emploi. Simplement, par le fait que la qualité de son travail va
diminuer, ce qui aura pour conséquence, de transférer la victime à un
autre poste, de la licencier, de faire en sorte qu’elle démissionne ou
encore, celle-ci se verra obliger de prendre un congé maladie. Selon la
professeur Leymann, La réhabilitation professionnelle est très minime.
Pour lui, les antécédents sont lisibles dans le curriculum vitae, donc, il
devient difficile pour la victime de cacher les traces du traitement qui lui a
été imposé et les séquelles psychiques qu’elle en a gardées.
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7. La protection du travailleur.
La loi protége le travailleur, Voici les différentes procédures à suivre,
lorsqu’un travailleur juge qu’il est victime d’harcèlement moral.
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Point1: La phase formelle. Le travailleur v s’adresser au conseiller en
prévention4 ou à la personne de confiance5. L’un deux intervenant va
entendre la victime, lui procurer l’aide nécessaire. Ensuite, cette personne
va tenter une conciliation entre la victime et l’auteur des faits.
Point2: La phase formelle. Lorsque la conciliation s’avère impossible ou
qu’il n’y a pas de résultat, la personne de confiance enregistrera la plainte
de la victime. C’est un document qui comprend la date, les déclarations de
la victime et des témoins s’il y en a. Dans ce document, peut figurer aussi
le résultat de la conciliation. La personne de confiance transmet alors, la
plainte motivée au conseiller en prévention, qui lui, doit en informer
l’employeur que le travailleur bénéficie d’une protection spécifique,
lorsqu’une procédure est entamée.
Point3 : Le conseiller en prévention informe l’employeur en lui remettant
une copie de la plainte, le conseiller en prévention fait des propositions à
l’employeur quant aux mesures à prendre. Ensuite, L’employeur doit
prendre des mesures pour stopper les actes et ce, sous peine de sanctions
pénale.
Point4 : On sort de la procédure interne pour entamer la procédure
externe. Si les actes de harcèlement ou de violence sont encore présents
et/ou si l’employeur n’a pris aucune mesure, le conseiller en prévention va
saisir l’inspection médicale qui va, à son tour, tenter de régulariser la
situation.
Point5: Si le problème persiste toujours, le service de l’inspection médicale
va rédiger un rapport comprenant la plainte et le transmettre à l’auteur du
travail. L’auditorat du travail juge s’il est nécessaire d’entamer des
poursuites pénales.
Point6 : Le tribunal correctionnel. Si l’auditeur n’a pas classé l’affaire, il
peut faire citer à comparaître l’auteur des faits…
Voici quelques sanctions pénales :
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Une condamnation morale (un avertissement, note au dossier…)
Une peine matérielle (le refus d’octroyer une prime…)
Un changement de situation (le changement de fonction…)
Remarque:
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Le conseiller de prévention est une personne qui est spécialisé dans les domaines psychosociaux du travail,
de violence et de harcèlement au travail. Tout employeur est tenu de désigner un conseiller en prévention
depuis 20002.
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La personne de confiance assiste le conseiller de prévention mais sa présence n’est pas obligatoire. La
personne de confiance accomplit les même tâches (ou presque) que celle du conseiller en prévention.
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Il faut savoir que le travailleur est en droit de passer directement par
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L’inspection médicale.
L’auditeur du travail.
Le tribunal correctionnel.
Et ce, sans passer par la procédure interne.
8. La protection de l’employeur.
Contrairement au travailleur, L’employeur, s’il se sent victime, ne peut pas
passer par une procédure interne. Donc, il doit introduire une action en
justice. Que peut faire l’employeur vis-à-vis de l’auteur ? Il peut :
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Donner une sanction à l’auteur des faits
Licencier l’auteur pour motif grave
Réclamer des dommages et intérêts.
Conclusion.
Le harcèlement moral est un processus destructeur et qui peut apparaître
sous les formes les plus diverses. N’importe qui peut être harceleur ou
harcelé. Mais heureusement, il existe des lois qui protége le travailleur
contre ce phénomène qui peut mettre en péril la santé et même la vie d’un
individu. C’est pourquoi, la vigilance s’impose pour contrer ce phénomène.
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