exagérés. Sa participation aux combats, que ce soit à Acre, à Arsouf ou à Jaffa, étaient dès
lors mis en avant et contribuèrent à la création du mythe du « roi chevalier », brave et féroce
au combat, faisant preuve de largesses et de générosité hors du champ de bataille. Même
certains musulmans, comme Al Adid, le frère de Saladin, reconnurent à Richard ces qualités
guerrières et chevaleresques.
Blessé maintes fois, on lui reprocha souvent sa témérité qui mettait sa vie en péril. Sa
mort d’un carreau d’arbalète à Châlus vint confirmer les craintes de son entourage. Alors que
Richard, roi croisé, roi chevaleresque était parvenus à maintenir en respect de redoutables
adversaires comme Saladin ou Philippe Auguste, il vint assiéger un petit château du Limousin
dans une énième guerre féodale, où il mourut d’un trait et non l’épée à la main sur un champ
de bataille. Cette mort peu glorieuse fut cependant dès le début enjolivée et mêlée au
légendaire.
Dans les siècles qui suivirent sa mort, Richard continua à être un symbole pour la
chevalerie et ses valeurs. Il fit l’objet de nombreuses chansons de geste et poèmes épiques ou
courtois. On le comparait aux plus grands héros : à César, Roland ou aux chevaliers de la
Table Ronde.
Déjà son père, Henri II, avait tenté de s’identifier au roi Arthur, modèle du roi juste et
sage. Les mythes liés au roi Arthur et à ses chevaliers servirent, à la fin du XIIème siècle et
jusqu’à la fin du Moyen Age, à exprimer la culture chevaleresque en plein essor. Richard fut
assimilé à Lancelot ou Gauvain, modèles de chevalerie, où également à Arthur. Comme son
père, il fit rechercher le tombeau de ce roi légendaire. La dynastie des Plantagenêt, en
s’assimilant au mythe arthurien, tenta ainsi de trouver une légitimité à travers des mythes liés
à l’Angleterre, mais aussi à la Bretagne continentale et à une partie du Nord de la France.
Sa vie est très tôt assimilée au légendaire. On amplifia ses faits d’arme, son rôle lors
de la croisade, ses prouesses en Terre Sainte, malgré le fait qu’il n’ait pas pris Jérusalem.
C’est un aspect typique de la mentalité médiévale : le comportement importait plus que le
résultat. Trente ans après la mort de Richard, Fréderic II, empereur germanique, réussit à
reprendre Jérusalem, alors que Richard avait échoué. Et pourtant, Frédéric fut critiqué avec
virulence par ses contemporains, car il reprit la ville sainte par la négociation et la diplomatie,
et non par des actes dignes d’un chevalier.
Ce mythe de Richard Cœur de Lion qui pourtant a régné relativement peu, se transmit
ainsi à travers les siècles. Une littérature abondante et de nature diverse, a été inspirée par ce
personnage du Moyen Age à nos jours. Il est largement exploité à partir du XIXème siècle,
pendant lequel des auteurs et autres artistes, avides de
personnages héroïques et hauts en couleur, s’emparent du
personnage et de sa légende.
Le mythe de Richard à la période
contemporaine (XIXème, XXème siècles) :
La légende de Robin des Bois prend place, dans les
versions les plus récentes, durant le règne de Richard, et en
particulier pendant sa période de captivité. La légende, plus
ou moins basée sur des faits réels, apparut dès le XIIIème
siècle. Il faut cependant attendre le XVIème siècle pour que
cette légende soit associée à Richard Cœur de Lion et à son