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A la lettre du général Desmichels il répondit que sa religion lui défendait de demander la paix, mais qu'elle lui
permettait de l'accepter si elle lui était proposée. Abd-el-Kader sentait alors le besoin de cesser les hostilités
contre les français, et malgré le léger revers, que les français éprouvèrent près d'Oran, dans un lieu nommé Das-
el-Bidah (la Maison blanche), il continua les négociations entamées, en engageant son Aga, Mouloud-ben-Arrach
et le Caïd Ouled-Mahmoud, pour s'entendre en dehors d'Oran, avec le juif Mandoukaï-Amar, sur les bases d'un
traité de paix qui allait être passé entre la France et les Arabes. Abd-el-Kader insistait pour avoir Mostaganem,
mais se voyant refuser sur ce point, il demanda Arzew, où il parvint à établir de fait son autorité sans en avoir
obtenu le droit.
Ils arrivèrent à un accord sur les trois dispositions suivantes du traité :
1. Soumission des Arabes à la France ;
2. Liberté du commerce pleine et entière ;
3. Remise immédiate des prisonniers.
Lorsque les envoyés d'Abd-el-Kader s'occupèrent de la rédaction de cet acte important, conjointement avec les
principaux chefs civils et militaires de la province, on y fit régner une telle obscurité, on négligea des points d'une
si haute importance, tels, entre autres, que la délimitation du sol administré par Abd-el-Kader, enfin les envoyés
de l'émir déployèrent tant de ruse et d'habileté, que les conditions principales posées par les français étaient
comme annulées, et que ce traité, que les français imposaient, semblait être plus favorable aux Arabes.
Traité avec les français
Ce traité fut signé le 24 février 1834. Abd-el-Kader, satisfait, croyait son repos assuré, lorsque de nouveaux
ennemis vinrent l'attaquer dans sa retraite. Mustapha-ben-Ismael, chef des douars, et qui avait été Aga avant la
conquête, ne pouvait se résoudre à se soumettre à un usurpateur, ou, comme il disait, à un pâtre, fils de pâtre. Un
autre chef, qui menait depuis longtemps une vie de brigandage, Kadour-ben-el-Morfy, placé à la tête des Bordja,
ne pouvant s'accoutumer à la paix qui allait régner dans le pays, se réunit à Mustapha pour soulever les Beni-
Amer, une des plus populeuses tribus de la province. Les Arabes de cette tribu se refusèrent à payer l'achour,
alléguant que la cessation de la guerre rendait cet impôt inutile, et qu'ils ne reconnaissaient pas pour leurs maîtres
les infidèles et leurs alliés. Les Douayers et les Zmelas, tribus accoutumées à vivre au XIXe siècle de pillage, se
joignirent aux Beni-Amer et commencèrent les hostilités.
Abd-el-Kader rassemble au plus vite ses cavaliers dans les environs de Mascara, marche contre l'ennemi et
surprend plusieurs villes laissées sans défense. Mais il eut l'imprudence d'établir son camp sur la lisière de la forêt
de Zétoul, dans le pays des rebelles. Au milieu de la nuit, les Douayers mirent en fuite une partie de ses troupes,
enlevèrent son camp au galop, et le forcèrent à rentrer presque seul à Mascara.
A cette nouvelle, Sidi-el-Arubi leva l'étendard de la révolte, les autres chefs des mécontents imitèrent son
exemple, et Abd-el-Kader se vit entouré d'ennemis.
Au lieu de profiter de ces divisions qui commençaient à naître parmi les Arabes, et tirer parti du coup terrible qui
venait d'être porté à l'émir, par les Beni-Amer, les français intervenaient si maladroitement qu'ils rendirent Abd-
el-Kader plus puissant après cet échec qu'il ne l'était auparavant.
Mustapha-ben-Ismaè'l et Kadoïuvben-el-Morfy, instigateurs de la révolte, avaient écrit aux généraux Voirol et
Desmichels qu'ils s'engageaient au nom des tribus insurgées à se reconnaître sujets de la France, à renverser Abd-
el-Kader et à amener la soumission des troupes de l'émir. Mais le général Desmichels, au lieu d'accepter cette
proposition, prit Abd-el-Kader sous sa protection. Celui-ci se voyant soutenu par les français et maître de la
province d'Oran, c'est-à-dire de cette immense contrée qui s'étend depuis le Chlef jusqu'à l'empire de Maroc,
suivit l'exemple du pacha d'Égypte, dont il avait étudié la politique, et il se constitua le négociant de ses Etats. On
apprit qu'un Maure, placé par lui à Arzew, était chargé de lever les taxes sur le blé, l'orge et le sel qui étaient