La Terre avant l'Homme
Notre univers est né il y a environ 15 milliards d'années à la faveur d'une grande
explosion (on dit en anglais: Big Bang).
Notre Soleil se forma il y a 4,6 milliards d'années à partir d'une masse gazeuse en
rotation; la Terre et les huit autres planètes qui tournent autour de lui apparurent peu
après.
Les premiers micro-organismes seraient nés sur notre planète à la faveur d'une
première période de refroidissement faisant suite à une activité volcanique intense il
y a environ 3,8 milliards d'années.
L'ère primaire
La vie commence véritablement il y a environ 570 millions d'années (570 millions
d'années BP, disent les géologues, autrement dit Before Present en anglais, avant
nos jours en français).
Ses premières manifestations surviennent dans les océans sous la forme d'algues
sécrétant du calcaire, de trilobites (crustacés arthropodes semblables aux crabes
actuels) et d'invertébrés.
Cette période du Cambrien (d'après une région anglaise où l'on a trouvé beaucoup
de fossiles), marque le début de ce que les savants appellent l'ère primaire (on dit
aussi ère phanérozoïque, du grec phanairos, visible, et zoon, le vivant, ou ère
paléozoïque, du grec paleos, ancien).
Les vertébrés apparaissent dans la période de l'Ordovicien.
Le Silurien voit la colonisation des terres émergées par des végétaux et des insectes.
Au Dévonien se multiplient poissons, plantes à graines et fougères.
Le Carbonifère dote la terre de reptiles, d'insectes volants et surtout d'immenses
forêts de conifères géants dont il nous reste la trace sous forme de gisements de
charbon.
L'ère phanérozoïque s'achève avec le Permien. Le réchauffement et la sécheresse
entraînent un appauvrissement de la faune et de la flore. A cette époque, les terres
émergées forment encore un continent unique, la Pangée.
L'ère secondaire
Vers 245 millions d'années débute l'ère secondaire (ou mésozoïque, du grec mesos,
milieu ou intermédiaire). La Pangée commence à se dissocier. Les continents que
nous connaissons aujourd'hui partent à la dérive selon le processus de tectonique
des plaques mis en évidence par le grand savant Alfred Lothar Wegener (1880-
1930).
Au Trias apparaissent les premiers petits mammifères, les grenouilles et autres
batraciens... et surtout les imposants dinosaures ou dinausoriens (du grec deinos,
terrible, et sauros, lézard).
Ces derniers dominent comme chacun sait la période suivante, le Jurassique.
Et ils s'éteignent au Crétacé, suite à une catastrophe majeure, sans doute une
météorite géante de 10 kilomètres de diamètre dont on a retrouvé la trace au
Yucatan, dans le golfe du Mexique (1).
Il apparaît aujourd'hui vraisemblable que cette catastrophe s'est doublée d'une
activité volcanique intense qui a occasionné une alternance brutale de chaleur et de
froid sur l'ensemble de la planète. La chaîne des ghâtes, en Inde, est le principal
témoignage de cette activité.
L'ère tertiaire
L'ère tertiaire (ou cénozoïque, du grec kainos, récent) débute il y a 65 millions
d'années. Les oiseaux et les mammifères prennent leur revanche sur feu les
dinosaures. Se développent aussi les plantes à fleurs.
Le monde se rapproche de celui que nous connaissons au fil de plusieurs périodes
(Paléocène, Eocène, Oligocène, Miocène, Plioscène).
L'ère quaternaire
L'être humain apparaît enfin il y a quelques millions d'années et cet événement, bien
qu'insignifiant au regard des longues périodes géologiques qui l'ont précédé, a mérité
d'être considéré comme le début d'une ère nouvelle: l'ère quaternaire!
A fin du Plioscène débute une succession de glaciations qui auront pour certaines
des incidences importantes sur le développement de l'humanité.
Les premières glaciations, Donau I, II et III (du nom du Danube), surviennent il y a
respectivement 3 millions d'années, 2,5 et 2 millions d'années. Elles entraînent à
chaque fois une régression marine (baisse du niveau des océans), une grande partie
de l'eau se figeant dans la banquise et les glaciers.
Puis surviennent les glaciations du Günz I et Günz II, il y a 1,2 million d'années et
700.000 ans; Mindel (de 600.000 à 400.000 ans) et Riss (avec trois pics de
refroidissement il y a 300.000, 200.000 et 100.000 ans). C'est à cette époque que les
hommes domestiquent le feu.
Enfin les plus lourdes de conséquences:
- Würm I, il y a 80.000 ans,
- Würm II, il y a 45.000 ans; des hommes en profitent pour traverser le détroit de
Béring et peupler le continent américain,
- Würm III, il y a 32.000 ans,
- Würm IV (la plus froide), il y a 18.000 ans... soit à l'époque où l'homme de Cro-
Magnon peignait la grotte de Lascaux.
Découverte de Lucy
Le 30 novembre 1974, les anthropologues Tom Gray, Donald Johanson, Yves
Coppens et le géologue Maurice Taïeb découvrent 52 restes d'un squelette vieux de
3 millions d'années dans la vallée desséchée de l'Omo, au sud de l'Éthiopie.
Ces ossements se révèlent être ceux d'une femme de 1 mètre 10. Elle se serait
noyée, à en juger par la nature des roches qui forment son linceul. Son âge? Environ
20 ans à en juger par ses dents de sagesse non encore usées. Son alimentation?
Essentiellement végétarienne.
Les savants la baptisent Lucy d'après… une chanson des Beatles qu'ils écoutaient à
leur bivouac: «Lucy in the Sky with Diamonds». Cette circonstance va réveiller
l'intérêt du grand public pour la préhistoire.
Invention des Australopithèques
Lucy et ses congénères appartiennent à l'espèce Australopithecus afarensis, du
groupe des australopithèques (ou «singes du sud», en latin et grec). Il s'agit
d'hominidés avec une forte mâchoire et une capacité crânienne faible (moins de 500
cm3).
La découverte du premier australopithèque remonte à la fin de l'année 1924. Elle
revient à une étudiante de l'université du Witwatersrand, en Afrique du sud,
Josephine Salmons, qui apporta à son professeur d'analotomie, Raymond Dart, un
crâne découvert par des ouvriers dans une mine du Bechuanaland.
Dans une note à la revue Nature en date du 7 février 1925, Raymond Dart avance
l'hypothèse que le crâne est celui d'un hominidé (un enfant de six ans) et le baptise
Australopithecus africanus. Les australopithèques sont nés!
A ses confrères sceptiques, le savant déclare qu'ils sont la preuve que l'humanité
serait née en Afrique.
C'est seulement après la deuxième guerre mondiale que la communauté scientifique
admettra l'hypothèse de Raymond Dart classant les australopithèques parmi les
hominidés (ou parents de l'homme actuel), lointains intermédiaires entre les primates
et nous-mêmes (1).
Trésors d'Afrique
En 1959, deux savants kényans d'origine anglaise, Richard et Mary Leakey,
découvrent les fabuleux gisements anthropologiques de la vallée du Rift, une grande
faille qui traverse l'Afrique orientale du nord au sud, de l'Éthiopie au Malawi.
Ils mettent à jour dans les gorges d'Olduvai, en Tanzanie, des restes humanoïdes
accompagnés d'outils en pierre taillée dans un niveau géologique vieux de 1.700.000
années. Cette découverte repousse déjà de près d'un million d'années la date
d'apparition supposée de l'humanité. Elle donne du crédit à l'hypothèse de Raymond
Dart qui fait de l'Afrique le berceau de l'humanité.
En raison de sa maîtrise de la pierre taillée, l'australopithèque d'Olduvai est
dénommé homo habilis (en latin, l'homme habile).
En 1974, l'International Afar Research Expedition met à jour la petite Lucy et, du
coup, fait reculer jusqu'à 3 millions d'années l'origine de l'humanité... A un détail près:
c'est qu'aujourd'hui, les australopithèques, y compris Lucy, ne sont plus considérés
par les spécialistes comme nos lointains ancêtres mais simplement comme de vieux
cousins. Lucy est notre grand-tante en quelque sorte.
Et les savants n'en ont pas fini avec les découvertes qui repoussent toujours plus loin
l'origine de l'humanité...
Le roman de l'East Side Story
La vallée du Rift est une grande faille qui traverse l'Afrique orientale du nord au sud.
Dans un essai retentissant qui l'a propulsé au zénith de la popularité médiatique, Le singe,
l'Afrique et l'homme (Fayard, 1983), l'anthropologue Yves Coppens y a vu le lieu de naissance
de l'humanité.
Il a suggéré que la formation de cette faille, il y a huit millions d'années, aurait entraîné la
disparition de la forêt au profit de la savane du côté le plus sec, à l'Est.
Les primates de la partie occidentale de la faille, continuant de bénéficier du couvert forestier,
auraient poursuivi leur évolution normale jusqu'aux grands singes actuels (chimpanzés,
gorilles,...).
Du côté Est de la faille, les primates auraient quant à eux pris l'habitude de marcher sur deux
pattes pour guetter les prédateurs par-dessus les hautes herbes. Mieux soutenu, leur cerveau
aurait progressivement gagné en volume et se serait développé jusqu'à atteindre notre capacité
crânienne (de l'ordre de 1250 cm3).
Avec cette «East Side Story», Yves Coppens a tenté d'expliquer l'origine de diverses espèces
ou sous-espèces d'hominidés dont la nôtre. Mais cette thèse est fortement contestée par les
découvertes les plus récentes, à l'ouest du Rift, auprès du lac Tchad.
West Side Story?
En 1995, une équipe conduite par un anthropologue de Poitiers, Michel Brunet,
découvre une mâchoire aussi ancienne que Lucy au nord du lac Tchad, très à l'ouest
du Rift. La découverte de cet hominidé baptisé Abel porte un premier coup à la thèse
d'une naissance de l'humanité à l'est de la célèbre faille.
Jamais au bout de leurs peines, les anthropologues découvrent en 1999, en Afrique
australe, quelques restes d'un australopithèque de plus de 4 millions d'années.
Puis, en octobre 2000, une équipe franco-américaine découvre au Kénya la
mâchoire et quelques os d'un bipède dans des terrains remontant à... six millions
d'années. Le mystérieux australopithèque auquel auraient appartenu ces ossements
serait ainsi deux fois plus vieux que Lucy. Il est baptisé du nom d'Orrorin («homme
originel» en langue locale).
Enfin, le 19 juillet 2001, la mission franco-tchadienne de Michel Brunet réalise un
nouvel exploit en mettant à jour un crâne vieux de sept millions d'années et quelques
autres ossements en un lieu désertique du Tchad, autrefois baigné par les eaux du
lac.
Baptisé Toumaï («espoir de vie» en langue locale), le crâne appartient à un être à la
limite entre notre espèce et les autres hominidés. Homme ou gorille? La question
reste ouverte dans l'attente d'un fémur qui pourrait démontrer que Toum était un
bipède, comme Orrorin, Lucy et nous.
Répartition sexuelle des tâches
On a vu que l'apparition de la station verticale a facilité le développement de la boîte
crânienne et des facultés cérébrales.
Elle a aussi entraîné chez nos ancêtres un rétrécissement du bassin et conduit les femelles à
accoucher de plus en plus tôt, ce qui aurait eu une conséquence notable sur la répartition des
fonctions sociales entre les sexes.
En donnant le jour à des bébés de plus en plus immatures, nos aïeules auraient été conduites à
s'en occuper plus intensément et plus longtemps.
D'où la traditionnelle répartition des tâches: aux hommes la quête de la nourriture, aux
femmes les travaux d'éducation, le ménage et la simple cueillette.
Cette thèse a été reprise par Élisabeth Badinter dans son essai L'un est l'autre.
L'homme social
En Asie, sur l'île de Java, en 1890, un médecin hollandais, Eugene Dubois, met à
jour des fossiles humains vieux d'un million d'années environ. Ces pithécanthropes
(ou singes-hommes) constituent le chaînon qui relie l'homo habilis à l'homo sapiens.
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