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TISF 2012/2014
COURS N°2
INSTITUTION FAMILIALE EN QUESTION
Ce cours a pour but de présenter l’évolution de la famille au cours des
siècles. Nous cherchons par là à comprendre le mode de
fonctionnement de la famille contemporaine en déconstruisant son
évolution.
De plus, nous présentons l’évolution des liens parents - enfants et la
considération de l’enfant par la famille et la société.
L’idée est de comprendre les places et liens entre homme et femme,
femme et enfant, homme et enfant, mais aussi en quoi l’enfant est
aujourd’hui central dans notre société.
Nous cherchons à observer les diverses places qu’il a pu prendre et
qu’on a pu lui donner avant d’en arriver au statut qu’il possède
aujourd’hui.
Toutefois, c’est au travers de l’observation des places et statuts de
la mère que se dégage l’évolution de la place de l’enfant dans la
famille et la société.
C’est une contextualisation de l’enfant dans la dynamique familiale qui
permet de repérer à partir de quel moment la mort d’un enfant n’est
plus un phénomène banal dans notre société.
L’influence du regard et des discours sociaux traversent ce propos.
Finalement, nous percevons que l’Homme, sans y mettre une notion de
genre, se définit en fonction du contexte et de la société dans
laquelle il évolue. 1
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Ce qui peut d’ores et déjà être souligné en introduction de ce propos,
c’est la place particulière et l’intérêt grandissant de la société pour
la femme et notamment la mère. Le social définit le rôle, la place et
le statut de la mère quelques soient les époques.
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La femme en tant que mère a toujours été influencée par les divers
discours de la société sur ses positionnements. Et si certaines ont pu
résister à la pression sociale ce n’est pas sans mal ni culpabilité.
Cette résistance est principalement visible dans les classes aisées de
la société plus que dans les classes les plus pauvres.
il est tout de même à noter que la femme est toujours définie en
rapport au masculin.
L’homme est le point de repère pour définir ce qui va graviter autour
de lui. Qu’il s’agisse des statuts ou bien encore des droits, ceux de la
femme sont toujours définis en fonction de ceux de l’homme.
L’émergence de l’enfant permet en partie de se décentrer de l’homme
pour se recentrer sur la femme et ses droits.
Dans tous les cas, jusqu’au 20ème siècle, la femme est souvent
définie en soumission à l’homme, passive et sacrifiée. Hommes et
Femmes sont longtemps définis en opposition l’un de l’autre et non en
complémentarité
« …la femme se débat entre l’idéal de la mère toujours disponible,
l’idéal de l’épouse parfaite et constamment séduisante, enfin l’idéal
d’une certaine réussite sociale et professionnelle – idéaux pas
forcément ou en tout cas pas facilement compatibles, et en partie le
produit des fantasmes de l’homme. »
-
I. Emergence d’un sentiment d’enfance et modification des droits
parentaux
La notion d’enfance a fait son apparition tardivement dans notre
société. Ce sentiment s’est développé lentement avant d’en arriver à
la fin du 15ème siècle à une considération différente de l’enfant et
de l’adulte. Ainsi alors que l’enfant était considéré comme
appartenant au monde des adultes, il a pris une place différente au
fur et à mesure des années.
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1. L’enfance : d’une notion difficilement définissable à
l’émergence d’un « sentiment d’enfance »
Au moyen âge, l’enfant n’avait ni de place, ni de statut bien définis au
sein de la société.
Au vu de la difficulté des gens de l’époque à définir la période de
l’enfance, l’enfant rentrait très rapidement dans l’âge adulte dès qu’il
devenait moins dépendant de sa mère.
Il n’y avait pas de conscience de la particularité de l’enfant. Ariès
parle de l’absence du « sentiment de l’enfance ».
Une classification en sept âges aurait en premier lieu « l’enfance »
qui irait de la naissance à 7 ans environ, on parle alors d’enfant. S’en
suit la « Pueritia » de 7 à 14 ans. Vient ensuite « l’adolescence » aussi
appelé le tiers âge de 14 à 21 ans mais semblant pouvoir durer jusqu’à
28 ans et même s’étendre à 30 ou 35 ans. Puis on parle de « Jeunesse
» jusqu’à 45 ans, nommé aussi « moyen entre les âges ». Le «
Senecté», est défini comme le moyen entre jeunesse et vieillesse, la
« Vieillesse » jusque 70 ans ou la mort selon les auteurs et enfin, le «
Senies ».
Ce n’est qu’à la fin du 15ème que l’enfance commence à prendre une
place plus reconnue au sein de la société. Ainsi le sentiment d’enfance
émerge dans une société où enfants et adultes étaient jusqu’alors
indifférenciés.
2. L’effacement des droits de la femme et de la mère
Avant le moyen âge, la femme pouvait se substituer au mari en son
absence auprès des enfants. A partir de cette période, on constate
un changement important du statut de la femme dans le ménage. Sa
situation se dégrade et « elle perd le droit de se substituer au mari
absentou fou… ». La femme n’a plus de droit sur l’enfant ou le foyer,
elle ne fait plus qu’exécuter dans une attitude de soumission à
l’homme.
L’Etat, la société et les hommes qui la composent ont à cette époque
une influence importante sur les places et rôle de chacun des
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membres de la famille et du couple. A ce moment de l’histoire, l’église
a une influence toute particulière et importante sur la société.
Elle a un poids non négligeable sur l’ensemble des populations mais
aussi et surtout sur les moeurs. Elle peut interdire et réprimer. Elle
intervient dans toutes les sphères de la vie, privée ou publique. Elle
pouvait aller jusqu’à réprimer et opposer des réprobations absolues
face à certaines pratiques.
3. L’arrivée de la notion de famille
C’est dans ce contexte que la notion de famille fait son apparition.
Dans le courant de ce siècle l’émergence du sentiment de famille a
permis l’émergence du sentiment de l’enfance. On note une volonté
d’isoler les enfants du monde des adultes et un rapprochement
familial entre les membres qui composent la famille restreinte.
L’enfant commence à prendre une place particulière à la fois au sein
de la famille et de la société, place qui commence par la distinction
des âges au niveau de la scolarité.
L’enfant devient l’être innocent qu’il faut « protéger » du monde des
adultes afin qu’il garde le plus longtemps possible cette innocence qui
est la sienne.
La famille commence à se transformer, les relations internes entre
parents et enfants se modifient et deviennent plus chaleureuses, plus
intimes. C’est l’émergence de la vie privée.
4. La société influence les changements
La société et ses représentations jouent un rôle important dans la vie
familiale.
C’est en effet, le regard social et les jugements des membres de la
société qui vont avoir une influence importante sur la vie
familiale, son organisation, l’évolution de ses droits et son implication
dans la vie publique.
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II. Du sentiment de l’enfance au « respect de l’enfance » : une
réorganisation de la famille
1. L’enfant : Une place par la scolarité, une personne à part
entière ?
Ce que le collège a initié au 15ème siècle se poursuit et se renforce
au 16ème siècle et il devient réellement l’endroit où les enfants de
huit à quinze seront éduqués selon des règles différentes des
adultes. L’idée est de les protéger de la vie des adultes, de conserver
leur innocence le plus longtemps possible et d’en faire d’honnêtes
personnes.
D’ailleurs ce qui est appris aux enfants dans les collèges est la «
civilité » qui se définitcomme les différentes règles de courtoisie ou
morale.
La société donne une place à l’enfant et reconnaît l’enfance comme
une période où il estnécessaire d’éduquer.
Toutefois, l’enfant dont nous parlons à cette époque n’est pas encore
comparable à l’enfant d’aujourd’hui. Une place différente commence
néanmoins à lui être faite dans cette société du 16ème siècle mais
elle reste encore fragile.
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C’est au 17ème siècle que l’enfant devient une personne à part
entière. Il n’est plus la prolongation de l’adulte ou le futur adulte. Il
est enfant et commence à être reconnu comme tel, prenant même une
place centrale au sein de la famille. La tenue vestimentaire des
enfants, notamment les nobles et les bourgeois diffère de celle des
adultes. Elle souligne l’évolution de la considération de l’enfant comme
différent de l’adulte.
L’enfant est néanmoins défini comme un être dépendant et reste
appelé enfant tant qu’il existe une dépendance à la mère, la nourrice
ou les servantes. La durée de l’enfance est importante et toujours
définie en fonction du degré de dépendance.
L’enfant n’est plus un prolongement de l’adulte mais l’enfance devient
une période à part entière à laquelle on prend garde et qu’on
considère comme importante et nécessaire dans la vie d’un individu.
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