estiment invalidés ou encore « périmés » : que transmettre à propos de l’école, des méthodes
de recherche d’emploi ? Faut-il être une famille refuge, tremplin, partenaire, médiatrice ?
De ce point de vue, les politiques de parentalité mettent au centre de la réflexion la
place que les professionnels et que les familles, elles-mêmes, s’assignent. Elles invitent donc
à réfléchir sur la place des familles dans le système sociétal contemporain.
B/ Des changements de la place des familles dans la société contemporaine
La famille n’est plus un système étanche, imperméable à ce qu’il se passe à l’extérieur. Si,
auparavant, il n’était pas légitime que le maître d’école vienne se mêler de l’éducation des
enfants, à l’heure actuelle, les politiques familiales, éducatives et sécuritaires tendent à se
convertir en politique de « resocialisation ». Ainsi, chacun des intervenants réinterpelle la
famille dans le cadre de ses missions. De fait, la fonction éducative n’est plus l’apanage des
familles. Elle se co-construit au contraire entre parents et professionnels divers, au gré des
interactions avec de nombreux acteurs institutionnels. Il s’agit là de véritables constellations
éducatives au centre desquelles se trouvent les jeunes. Certes, entre tous ces adultes, il y a
parfois concurrence des discours. Cependant, il est aussi possible de penser que les relations
entre professionnels, parents et enfants peuvent constituer un lieu d’expérimentation.
C/ Expérimentations dans les formes de mobilisation des familles
Ces échanges entre professionnels, parents et enfants peuvent avoir des fonctions
multiples. Tout d’abord, ils peuvent permettent de coordonner les services et mesures
desquels les familles sont destinataires. Puis, ces relations sont aussi l’occasion
d’apprentissage mutuels où chacun apprend du fonctionnement et des valeurs de l’autre. Dans
cette perspective, elles peuvent également produire du sens. Par exemple, les professionnels
de terrain mettent en œuvre des adaptations, des ajustements dans l’exercice de leurs missions
quotidiennes. Ceux-ci concernent les définitions des publics, les savoirs qu’ils estiment utiles,
efficaces tout comme les réponses qui paraissent justes. Il se dessine de réelles capacités
d’innovation que nous souhaitons comprendre.
2- Les politiques de parentalité : une fenêtre d’observation privilégiée sur les
innovations locales
Il semble que les actions de soutien à la parentalité font rupture dans l’histoire des
politiques sociales.
Pour la première fois depuis les années quatre-vingt, on ne parle pas de catégories de
publics mais de relation de socialisation (celle qui a cours entre parents et enfants plus
spécifiquement). Puis, les familles ne sont plus perçues comme un monde social à part mais
comme un maillon clef dans le processus d’intégration sociale. Par exemple, des « parents-
relais » sont sollicités pour faire l’interface entre familles et école, aide sociale, ou encore
entreprise. Ces actions semblent marquer la volonté d’impliquer les parents dans la production
d’un équilibre social local ; ce qui est inédit dans l’histoire des politiques socio-familiales.
Dans cette perspective, nous nous trouvons dans une période d’expérimentation dans laquelle,
professionnels, parents et enfants animent, au quotidien, un laboratoire. Il convient alors de se
demander quelles pratiques, quelles définitions de leurs missions ces acteurs inventent-ils ;
puis quelle est la réalité sociologique de leurs activités de médiation.