Des coûts durs aux coûts pertinents – Par Paul Khoury – Dakar le 8 mai 2008
coût des activités et processus,
ou encore niveau coût de
l’organisation dans son
ensemble, etc.). Assurons-nous
ensuite en raison de leur
importance prioritaire dans la
phase de réduction, de lever
toutes les confusions et
ambiguïtés relatives à la
définition des différentes
catégories de coûts, afin d’éviter
les trop nombreuses et
malheureuses décisions
auxquelles elles peuvent
insidieusement conduire. A cet
effet, nous donnons ci-dessous,
de la façon la précise et la plus
brève possible ce que tout
dirigeant devrait savoir sur les
concepts clés en matière de
coûts :
1. Les marges sont des
indicateurs d’action à prendre.
Une marge (M = P-C) est un
concept financier déterminant en
matière de décision et de
contrôle des performances
opérationnelles
(approvisionnement, production,
commercialisation, etc.). C’est, à
un niveau d’analyse donné, un
indicateur du solde disponible
pour couvrir d’autres coûts, qui
appelle à l’action (préservation,
amélioration), comme par
exemple la marge contributive à
la couverture des frais fixes. Une
marge qui ne nécessite pas
d’action n’a aucune raison d’être
calculée. Son mode de calcul
doit être précis et fiable : la
détermination de P (prix de vente
net) et surtout des éléments
variables et fixes constitutifs des
coûts « C », ne doit souffrir
aucune ambiguïté.
2. Les coûts variables, la
preuve de l’efficacité des
opérationnels. La notion de
« variabilité » est physique, et
non monétaire. Il ne saurait en
conséquence en aucun cas être
lié à celui de chiffre d’affaires,
contrairement à une idée
répandue, mais à la mesure de
l’activité qui est le véritable
facteur causal de cette variabilité
(quantité d’heures de production
ou d’unités produites, de clients
servis, de Kw consommés, etc.).
Choisir de façon légère un tel
facteur est un acte suicidaire
différé, si tant il est que ce
concept est utilisé. Précisons que
ce qui doit être qualifié de coût
variable (CV), c‘est le montant
résultant du produit de la
quantité d’unités (Q) par le coût
unitaire (CU). C’est CV (= Q x
CU) qui augmente ou diminue,
de façon plus ou moins
proportionnelle, quand le niveau
d’activité (volume, capacité,
fréquence, etc.) à laquelle se
rattache ce coût augmente ou
diminue.
3. Les coûts fixes : la preuve
du génie ou de la folie des
dirigeants. Il faut d’emblée
retenir qu’un coût fixe par
essence est une valeur donnée en
soi : il n’est pas le produit d’un
Q et d’un CU. Un coût est dit
fixe, au sens de montant
constant, si les variations non
structurelles de l’activité de
l’entité considérée, en d’autres
termes du facteur causal susvisé,
n’entraînent pas de changement
significatif de sa valeur. Par
variation structurelle, il convient
de comprendre une modification
importante des caractéristiques
de ce facteur causal (ex :
modification de l’organisation de
la capacité de production,
nouveaux équipements,
aménagement des processus
opérationnels, etc.). C’est dire
que dès qu’une variation ayant
de telles caractéristiques
survient, non seulement la
validité des éléments considérés
comme fixes doit être revue ou
remise en cause, mais il est
même probable que le facteur
causal qui induit si un coût est
variable ou fixe, c'est-à-dire la
mesure de l’activité, soit lui-
même remis en cause, entraînant
le cas échéant une nouvelle
définition de ce qu’est un coût
fixe ou non. Contrairement à une
idée généralement reçue, il y a
très peu de coûts véritablement
fixes. Parmi eux, les assurances,
les impôts telle la patente, et les
loyers. Tous les autres coûts, y
compris les amortissements, les
salaires, les frais financiers,
l’électricité ou l’entretien sont
soit ajustables à l’activité, soit
comportent une partie variable
(ex : l’amortissement qui peut
être calculé à partir des heures de
production), ou l’électricité qui
est un coût mixte, c'est-à-dire
comportant une partie fixe, et
une partie variable pour le reste.
Cela précisé, il convient
également de noter qu’un coût
peut être (considéré comme) fixe
parce qu’il n’y a aucun moyen de
le changer à court terme, ou
parce qu’il résulte d’un acte de
gestion. Les premiers sont dits
structurels parce que déterminés
par la capacité même
d’exploitation (amortissement,
patente…), et les seconds sont
dits discrétionnaires parce que
résultant d’une politique ou
d’une décision des dirigeants ou
des managers (frais financiers,
publicité, formation, recherche et
développement, études de
marchés, etc.). Il y a deux choses
qu’il est crucial de retenir en
matière de coûts fixes. La
première, c‘est que sous l’angle
de la gestion de la rentabilité et
des marges, leur identification
relève pour partie de
conventions, et pour partie du
choix approprié ou non de l’unité
de mesure de l’activité. La
seconde, c’est que les coûts fixes
démultiplient la capacité de
l’entreprise à faire des bénéfices
si la croissance du résultat
d’exploitation est supérieure à