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11. Une nouvelle extension de la coopération industrielle transatlantique en matière de défense
semble susciter moins d’optimisme, notamment en raison des positions très dominantes des
entreprises américaines. Le système conjoint de Défense aérienne élargie de moyenne portée
MEADS exigeait d’énormes efforts et l’Allemagne a depuis longtemps renoncé à l’idée de l’acquérir.
D’autres accords de coopération majeurs avec Washington ne se profilent pas à l’horizon, bien qu’un
travail en collaboration soit nécessaire avec les Etats-Unis pour les systèmes de drones. L’Allemagne
a toutefois connu d’importants problèmes avec le Global Hawk, développé par Northfield Grumman et
EADS. Dans ce domaine, la technologie américaine est véritablement à la pointe et une coopération
pourrait s’avérer mutuellement bénéfique. L’Allemagne participe également au programme de défense
antimissile de l’OTAN. L’Europe doit encore décider ce qu’elle peut mettre sur la table et le débat est
en cours au sein de l’Alliance. Des accords bilatéraux représentent un autre moyen de réaliser des
économies tout en renforçant les capacités. Dans ce contexte, l’Allemagne et la Pologne ont
récemment signé un protocole d’accord pour l’approfondissement de leur coopération navale. Cela
pourrait annoncer d’autres projets concrets de coopération en Europe du Nord.
III. LES IMPLICATIONS STRATEGIQUES ET ECONOMIQUES DE LA PRODUCTION DE
PETROLE ET DE GAZ NON CONVENTIONNELS
12. Le boom de la production de pétrole et de gaz non conventionnels aux Etats-Unis bouleverse
les marchés énergétiques mondiaux et cette expérience est riche en enseignements pour l’Europe.
Ce boom entraîne des problèmes dans des régions qui, jusqu’à récemment, n’étaient pas d’importants
producteurs d’énergie. L’Ohio et la Pennsylvanie sont confrontés à toute une série de difficultés,
tandis que le Texas maîtrise de manière plus adéquate la situation. Le boom du pétrole focalise une
grande partie de l’attention, mais celui du gaz pourrait avoir des conséquences considérables pour
l’Europe lorsque les Etats-Unis feront leur entrée sur le marché du GNL mondial. La dépendance des
Etats-Unis à l’égard des importations de pétrole et de gaz est en diminution constante, ce qui va
modifier la manière dont ce pays considère les marchés mondiaux de l’énergie et perçoit les questions
de sécurité énergétique.
13. Les marchés gaziers sont actuellement très segmentés et essentiellement régionaux. La
difficulté d’exportation du gaz vers l’Asie et l’Europe sera l’un des obstacles que les Etats-Unis devront
surmonter. Ils ne disposent pas pour l’instant des installations pour ce faire. Seize demandes de
licences d’exportation de gaz ont néanmoins été introduites et le secteur désire manifestement
acheminer du gaz américain vers les marchés mondiaux où les prix pratiqués sont beaucoup plus
élevés. L’on constate, d’autre part, une résistance croissante de l’opinion publique à l’égard de la
fracturation hydraulique, bien que cette résistance s'avère plus forte en Europe qu’aux Etats-Unis.
Signalons en outre un manque d’encadrement du secteur dans certains Etats.
14. Le boom a des conséquences notables pour l’économie américaine et semble contribuer à une
certaine ré-industrialisation. Certains considèrent qu’il pourrait créer 600 000 emplois d’ici à 2020 et il
s’agirait-là d’une estimation prudente. Parallèlement, certains fabricants rapatrient leurs activités aux
Etats-Unis, en raison notamment des coûts relativement peu élevés de l’énergie. Le boom pourrait
contribuer à l’amélioration des comptes courants américains, déficitaires depuis longtemps.
15. Si cette richesse énergétique inespérée contribue à revitaliser l’économie américaine, elle aura
aussi d’importantes implications en matière de politique étrangère, en accordant aux Etats-Unis une
plus grande liberté d’action pour tout un éventail de questions. Washington entame actuellement
d’importantes réductions du budget de la défense et rapatrie ses troupes, tout en se focalisant de plus
en plus sur la région Asie-Pacifique. Les Etats-Unis conserveront d’importants intérêts au
Moyen-Orient et dans le golfe Persique, mais leur perception générale de la région pourrait être
modifiée par la diminution de leur dépendance à l’égard des importations d’énergie. Certains verront
là une excuse pour un désengagement total par rapport à la région, mais celui-ci est improbable. Il