Texte 4. Aristote. « S'il en est ainsi, nous devons essayer d'embrasser, tout au moins dans ses grandes lignes, la nature du souverain Bien, et dire de quelle nature particulière ou de quelle potentialité il relève. On sera d'avis qu'il dépend de la science suprême et architectonique1 par excellence. Or, une telle science est manifestement la politique, car c'est elle qui dispose quelles sont parmi les sciences celles qui sont nécessaires dans les cités et quelles sortes de sciences chaque classe de citoyens doit apprendre et jusqu'à quel point l'étude en sera poussée ; et nous voyons encore que même les potentialités les plus appréciées sont subordonnées à la politique : par exemple, la stratégie, l'économique, la rhétorique. Et puisque la politique se sert des autres sciences pratiques et qu'en outre, elle légifère sur ce qu'il faut faire et sur ce dont il faut s'abstenir, la fin de cette science englobera les fins des autres sciences ; d'où il résulte que la fin de la politique sera le bien proprement humain. Même si en effet, il y a identité entre le bien de l'individu et celui de la cité, de toute façon, c'est une tâche manifestement plus parfaite d'appréhender et de sauvegarder le bien de la cité : car le bien est assurément aimable même pour un individu isolé, mais il est plus beau et plus divin appliqué à une nation ou à des cités. » 1 Architectonique : supérieurement organisatrice.