Aspects neuro-ophtalmologiques de la sclérose en plaques
Charles Pierrot-Deseilligny (Paris)
La sclérose en plaques (SEP) atteint très fréquemment la vision et commence presque
une fois sur deux par une perturbation de cette fonction, qu’il s’agisse d’une atteinte des voies
visuelles par névrite optique rétro-bulbaire (NORB) ou d’une anomalie oculomotrice centrale
entraînant une diplopie (paralysie oculomotrice) ou une oscillopsie (nystagmus). La NORB de
la SEP a quelques caractéristiques cliniques évocatrices : en particulier, trouble de la vision
des couleurs, douleur à la mobilisation des yeux, phénomène d’Uhthoff. L’étude du champ
visuel et des potentiels évoqués visuels peuvent être utiles pour diagnostiquer ou suivre une
NORB. L’IRM cérébrale est indispensable, si il s’agit d’un premier évènement clinique, pour
montrer la lésion du nerf optique (dans 90% des cas) et surtout pour rechercher d’autres
lésions cérébrales, ce qui conditionne le pronostic ultérieur, en particulier le risque de SEP.
Les indications thérapeutiques préventives de la SEP dépendent donc de cette étude IRM
initiale. Les hémianopsies, par atteinte chiasmatique ou rétro-chiasmatique, sont possibles
mais rares dans la SEP. L’ophtalmoplégie internucléaire (résultant d’une atteinte du faisceau
longitudinal médian) est la forme la plus fréquente de paralysie oculomotrice, comprenant une
paralysie de l’adduction d’un œil, un nystagmus monoculaire de l’autre œil et une
conservation de la convergence. Les atteintes oculomotrices plus simples (VI, III) ou plus
complexes (syndrome « un et demi », syndromes de Parinaud) sont plus rares. Enfin, de
multiples mouvements oculaires anormaux, générateurs d’oscillopsie, sont observés dans la
SEP, au premier rang desquels se trouvent les nystagmus, qui résultent d’une atteinte des
voies vestibulaires centrales.