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forts pour pouvoir envoyer des contingents pour soutenir Vercingétorix en 52 av. J.-C. et
de se soulever contre l’autorité romaine encore un an après la bataille d’Alésia, dernière
rébellion connue des Caletès, Véliocasses et Aulerques12.
La mise en place de l’administration romaine sur le terrain conquis était déjà la tâche
du successeur de César, Auguste. Son exécution fut confi ée à son beau-frère Marcus
Agrippa. Celui-ci, pour l’exercer, s’est rendu au nord de la Gaule en 19 av. J.-C, ce qui
fait un décalage visible d’environ 32 ans entre la conquête militaire et la consolidation du
réel pouvoir romain sur le territoire gaulois. Aussi August, lui-même, a fait quatre visites
dans la nouvelle province à cause de quelques rébellions qui éclataient encore de temps
en temps dans les différentes parties du pays13. Sa réforme administrative a subdivisé la
Gaule en quatre provinces : Gallia Belgica, Gallia Lugdunensis, Gallia Aquitania et Gallia
Narbonensis. Ainsi le territoire de la Normandie actuelle est passé de Belgica (selon la
division antérieur de César) à Lugdunensis, qui a réuni les peuples habitant entre la Loire,
la Seine et la Marne14. L’execution de la loi romaine dans les provinces reposait sur les
gouverneurs désignés par Auguste. Au début, ils avaient sous leurs commandes une armée
au cas des rébellions possibles, mais en réalité les légions ont été vite transférés vers la
frontière rhénane avec les Germains15.
Auguste confi a à Agrippa en Gaule trois missions : créer un réseau de voies romaines,
réaliser des relevés cadastraux de province et commencer l’établissement de principales
villes qui, dès ce moment-là, seraient des cadres pour la nouvelle administration et l’accul-
turation des habitants du pays16. Il conserva la division du territoire entre les tribus locales
en leur donnant le nom des civitates, ex. : Civitas de Calètes. Désormais, la vie devait se
concentrer dans ces nouveaux centres urbains qui occupaient la place des anciens oppida.
Leur discrétisation en faveur des nouvelles villes était l’élément de la tactique romaine
visant à l’effacement des anciennes mœurs dans lesquelles pouvait s’abriter l’idée de
souveraineté gauloise, au profi t de la culture romaine17. Alors les nouvelles villes était
fondées à proximité des anciens oppida, comme celle d’Augustodurum (l’actuel Bayeux,
Calvados) à côté de Bibracte abandonné18.
La nouvelle infrastructure, routière comme urbaine, était d’importance cruciale pour la
romanisation de la province. Les voies étaient indispensables pour le déplacement rapide des
légions au cas de turbulences périphériques, mais aussi pour le développement du commerce
des produits romains (le vin et l’huile d’olive) et pour l’importation des produits locales
et britanniques. La datation des voies est connue de nos jours grâce aux bornes routières
possédant des inscriptions, comme celle de Trajan (Frénouville, Calvados) ou celle de
Constantin (Bayeux, Calvados)19. De l’autre côté, les villes, avec toutes leurs installations
12 G-C, Normandie, p. 8.
13 H, Histoire, pp. 85–87.
14 Ibid., pp. 89–90.
15 L, F, Origines, p. 44.
16 H, Lillebonne, p. 6.
17 L, F, Origines, p. 45.
18 H, Histoire, p. 91.
19 G-C, Normandie, p. 9.