Sociologie politique BRAUD Séance 3 Lucie Citoyennetés et identités
1
Cours Braud 3 19 oct. 2004 Citoyenneté et identité
- Crise de l’identité française débat sur la France et son identité, qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que
ça devient…
- Autre débat actuel : quelle identité pour l’Europe ? Quelles sont les frontières etc…
- Débat sur l’immigration : quelle attitude envers elle ? Ouvrir les frontières / sélectionner les
entrées…
Plus l’identité est forte, plus on sait quoi transmettre, plus elle est floue, plus ça met en cause les
institutions.
Citoyenneté lien social, quelque chose en commun. L’importance du lien social tien au fait qu’il est
nécessaire pour l’exercice du pouvoir politique nécessité d’un minimum de solidarité et d’un lien
social. Quand ça ne va pas bien (pas en cas de prospérité), y a nécessité d’une solidarité commune
pour accepter des sacrifices ou compromis. Solidarité nationale doit emporter sur la solidarité (intérêt)
communale. Dans l’UE ça ne peut pas marcher si la solidarité nationale emporte sur la solidarité
communautaire, car après ça ne peut pas marcher (chaque pays a d’autres intérêts). Profond !!!
I Volet juridique : Problématique de la citoyenneté
Citoyenneté : dans toutes constitutions. UE : citoyenneté européenne, reprise dans le projet de
constitution européenne. Mais la citoyenneeuropéenne est conditionnée par la citoyenneté d’un Etat
membre de l’UE.
Nationalité vs. Citoyenneté :
- Nationalité : un état de personnes
- Citoyenneté : idée de participation, ce sont les nationaux actifs. Connotation de 3 choses : Egalité
de droit, Capacité d’exercer des droits civique (vote, être élu), Droit de participer à l’exercice de
la puissance publique comme fonctionnaire, Dimension symbolique (citoyen accepte de remplir
ses devoirs paye ses impôts, service militaire etc.)
A) Enjeux de la citoyenneté
La notion de citoyenneté n’a pas toujours existée, elle a émergée à la fin du 18e siècle (même si on la
trouve déjà dans la cité démocratique antique à Athènes ou Rome).
Citoyenneté progrès d’idée démocratique :
Fameuse théorie de Terence Marshall 1949 à Cambridge son modèle est une vision
évolutionniste de l’idée de citoyenneté : 3 grandes nappes de citoyenneté :
1) nappe de citoyenneté civile préexiste la conception démocratique. Au 17e/18e s. la citoyenneté
civile voulait dire la reconnaissance du Droit, comme propriété, appartenance à l’Etat
2) nappe de la citoyenneté politique : exercice des droits civiques D de vote, éligibilité.
Imposition progressive du suffrage universel (Grande-Bretagne fin 19e, France 1848)
3) nappe de la citoyenneté sociale et économique : 1949 est un contexte favorable aux droits
économiques et sociaux (DDHC, travaillistes en Grande-Bretagne etc.). Pour Marshall la
citoyenneté sociale est nécessaire pour la citoyenneté politique. Marshall dit que chaque nappe
commande l’autre et celle qui suit consolide la précédente. L’exercice du suffrage universel
explique pourquoi finalement on consacre les droits éco-sociaux. Car ceux-là consolident la
démocratie.
La citoyenneté se renforce et chaque phase consolide la précédente. Mais si ça sonne bien, ce
n’est pas forcément vrai ! La citoyenneté politique aurait pu être utilisée pour détruire les libertés
Sociologie politique BRAUD Séance 3 Lucie Citoyennetés et identités
2
civiles (expérience des régimes totalitaires appuyés sur le suffrage universel…). Donc en réalité ce
n’est pas si simple comme dit Marshall sur l’évolution qui se dessine encore aujourd'hui. Mais la
thèse de T. Marshall montre que la notion de citoyenneté est avant tout juridique, elle a une
dimension socio-politique, et dynamique aussi. Cette vision de Marshall doit nous rappeler que
la notion de citoyenneté a une dimension surtout symbolique.
Citoyenneté Liée au progrès de la construction d’Etat moderne.
Etat-Nation
Problématique qui peut être aussi celle de Max Weber quand il distingue relation ouverte /
relation fermée : Weber nous dit que relations ouvertes sont celles les interactions sont toujours
possibles entre toutes les personnes disposées à échanger ou communiquer. Ex : économie de marché
(n’importe qui peut acheter et n’importe qui peut entrer sur le marché et produire et vendre). Relation
fermée : quand les interactions sont soumises à des conditions restrictives ou sont exclues. Ex :
économie de type corporatiste, réglementée…
Sur le plan politique, les « relations ouvertes » ça serait que tous les citoyens du monde
intéressés dans l’élection du président des Etats-Unis pourraient voter. Mais seuls citoyens américains
peuvent voter, et ceux qui ne sont pas américains mais vivent -bas ne peuvent pas voter. Clôture de
citoyenneté : Weber dit que les motifs de clôture sont de 2 ordres :
1) Maintien de la qualité du prestige ou des chances d’honneur qui sont liés à l’identité
concernée. Ex. Citoyenneté romaine citoyenneté très forte, car c’est rare (faut habiter la
ville), mais elle se réduit quand la citoyenneté romaine esr étendue à l’Italie, et quand elle est
étendue à l’ensemble de l’empire, là elle n’a plus de valeur.
2) Raréfaction des chances d’acquisitions d’un bien, ou des chances de matérialisation d’un
profit. Ex : accès au marché de travail en période de chômage élevé, on ferme les frontières
pour éviter la concurrence des étrangers (sans expulser les étrangers déjà installés).
3) La clôture peut être inspirée par le souci de faciliter la mise en œuvre de la solidarité effective.
C’est fait par beaucoup d’associations humanitaires. Donc on peut restreindre les liens
d’identification des victimes, qu’on sélectionne justement par un processus de clôture.
Aujourd'hui on constate un affaiblissement du seuil de clôture entre un citoyen et non-citoyen,
entre nationaux et étrangers. Cela se manifeste par des législations qui facilitent l’assimilation. Il y a
un accès égalitaire aux prestations sociales sans importance de nationalité. Pour les étrangers déjà
installés, cela se manifeste par l’interdiction de la discrimination dans l’accès au travail.
Cette évolution vers l’ouverture caractérise des sociétés dynamiques et en prospérité. En
revanche, plus une société affronte une crise, plus elle se ferme. Ex1 : Allemagne 2002 on décide de
ne plus accorder des prestations sociales aux étrangers non-résidents. Car l’Etat Providence allemand
est en difficulté. Ex2 : Montée de réticence à l’élargissement de l’UE par rapport à la Turquie, car
l’UE a une croissance économique plus basse. En plus, on a peur de ne plus être capables de maintenir
un gouvernement cohérent.
On ne fera pas l’économie d’une réflexion sur la citoyenneté européenne et son contenu. Tant
qu’il n’y a pas de crises graves, ça va, mais quand ça n’ira pas si bien et il y aura des crises graves, va
falloir pouvoir mobiliser des solidarités importantes.
B) Deux conceptions de la citoyenneté en Europe
On est censé connaître ça.
Il existe une opposition paradigmatique entre une conception qu’on appelle universaliste et une
qu’on appelle ethniciste. Il y a 2 manières d’octroyer la citoyenneté : la filiation, ou la résidence. Les 2
conceptions s’opposent. Mais observons le travail politique qui se fait autour de ces 2 notions et
conceptions.
Sociologie politique BRAUD Séance 3 Lucie Citoyennetés et identités
3
- droit du sang (par filiation)
- droit du sol (par résidence)
Les 2 notions sont très importantes.
En réalité on voit qu’on acquiert la nationalité par les 2 moyens à la fois. Mais la plupart des français
le sont par résidence, tandis qu’en Allemagne c’est beaucoup plus par filiation. Appelons alors l’une
« conception française » (résidence) et l’autre « conception allemande » (filiation).
1) Conception allemande : on privilégie le droit du sang. Pour illustrer cette conception par
filiation, on peut voir qu’autour de la 2GM il y avait des allemands HORS du territoire conception
de la nationalité qui permet un jour de récupérer les gens de culture allemande qui ne sont pas encore
dans les frontières. La nationalité allemande s’acquiert par filiation et on ne la perd pas en quittant le
pays (allemands émigrés en Am. Du Sud).
Mais ceci se tourne autour d’une identité commune – la langue devient un indicateur d’origine.
Discours romantique nationaliste qui parle d’une communauté de sang (ne pas permettre devenir
allemands aux polonais qui avaient une plus grande natalité, ça permettait d’avoir toujours une identité
importante et majorité d’allemands). Ce concept survit la 2GM on chasse les allemands (de
Tchéquie, Pologne…), 2-3 mio de gens qui sont après acceptés en Allemagne sans y avoir jamais
vécu, jsute parce qu’ils sont considérés comme allemands.
2) Conception française - 1880 Droit qui favorise la naturalisation, plus des procédures
d’acquisition automatique de la nationalité française (naturalisation de la 2e/3e génération
d’immigrants sur le territoire français). Le lien national est fondé sur une communauté de valeurs, de
principes. La France devient très tôt un pays d’immigration. Autre facteur : volonté républicaine
d’éviter que se forment des communautés intra-étatiques (polonaise, flamande…) assimilation par
l’école (enseignement presque exclusivement en français).
L’opposition entre ces 2 conceptions était dramatisée par le conflit franco-allemand. Mais cette
opposition se réduit aujourd'hui, car la France adopte un peu du point de vue de l’Allemagne, et
l’Allemagne devient plus ouverte. L’acquisition de la nationalité n’a plus le même sens qu’hier.
Aujourd'hui, quand il n’y a pas de différence entre nationaux et étrangers en matière d’acquisition des
prestations sociales et dans l’accès au travail. Ceci est désavantageux pour les nationaux. En revanche,
pour les étrangers l’acquisition de la nationalité représente l’avantage d’être à l’abri de l’expulsion.
II Volet socio-politique : problématique de l’identité
Dans la vie politique ainsi que dans la vie sociale, on doit dire « qui on est » et on est classé dans
les catégories. On est électeur ou non-électeur. On est salarié ou non-salarié. Classe moyenne / grande
bourgeoisie. Dans la vie politique il y a des allégeances qui sont réputés allégeance nationale,
construction de l’allégeance européenne.
Le sentiment identitaire c’est à la fois une réalité subjectivement perçue (suis plus européen que
français ou au contraire), mais d’autre part on est assimilés ce que les autres disent de moi. Donc je
peux me considérer français, mais pour les autres suis plus européen. En même temps l’identité est
socialement construite. L’imagination joue un rôle clé.
A) Nous avons une origine commune, donc nous avons des comportements particuliers.
On insiste sur le fait qui impose l’appartenance, sans qu’on le veuille.
Max Weber : groupe ethnique est un groupe d’humains qui bla bla ont en gros une chose en commun,
par ex. les ancêtres. Mais il peut s’agir d’une histoire commune, d’une histoire commune de migration
(Turcs). Chez les Américains il y a en fait une histoire commune : nous sommes une société
d’immigrants, on a eu un destin commun.
Sociologie politique BRAUD Séance 3 Lucie Citoyennetés et identités
4
Donc soit c’est une croyance dans un commun fondateur, soit c’est une croyance dans un passé
commun.
B) Nous adhérons à des valeurs communes, ou à des projets communs.
Volonté d’adhésion !
Adhésion à des valeurs communes. Dans la définition d’une identité religieuse, les valeurs sont
la base. Je suis Juif, Musulman, Bouddhiste. On a la même foi, on reconnaît les mêmes principes et
mêmes valeurs. Dans la Grèce d’aujourd'hui, on marquait il y a quelques années la religion sur la carte
d’identité, car un vrai grec est orthodoxe. Danemark aussi : Eglise nationale. Mais en France, Italie,
Espagne : Eglise catholique, càd Eglise transnationale. Chacun énumère ses valeurs universalistes dans
un prisme gèrement différent. La laïcité n’existe pas dans le langage courant au Danemark ou voir
même en Allemagne. Tandis que c’est la notion de base pour la France.
1993 multiplication de demandes d’adhésion à l’UE énumération des critères de
Copenhague (économie de marché, …, accepter les acquis communautaires). Donc le critère des
Droits de l’homme est universaliste (respect de la dignité humaine, Etat de Droit, liberté…) dans le
débat sur la Turquie, a-t-on en Europe une vision particulariste de ces droits ?
Critère géographique de Copenhague : UE ouverte à tout Etat européen. Maroc n’a jamais
prétendu être européen, Turquie a une partie en Europe.
Mais il est impossible de fonder une clôture sur des valeurs universalistes. Au contraire, on doit
avoir une vision particulariste des valeurs universalistes.
Identité européenne : sentiment subjectif.
Construction de l’idée d’un sentiment national
Rôle des intellectuels, et des processus (économique, et politique)
- Rôle des intellectuels : moitié 19e linguistes, juristes, intellectuels se font une idée du passé
commun et de l’identité nationale. Historien britannique Eric Hosbawn : ce ne sont pas les nations qui
ont produits des mouvements nationalistes, ce sont les mouvements nationalistes qui ont formé des
Nations (valable pour pays aussi extra-européens). Patrick Jarry « Quand les Nations refont l’histoire »
- sensibilisation à l’idée qu’il faudrait déconstruire l’idée de la Nation. On ne peut pas vivre sans
illusions et croyances. Les savoirs d’aujourd'hui deviennent les illusions de demain.
- Rôle des historiens : lecture de la construction de la France pour renforcer son identité. Les
historiens produisent l’histoire, et l’école la diffuse.
- Rôle des processus sociaux et politiques.
Rôle des processus sociaux : les processus économiques tendent à l’élargissement du
marché. Avec la Révolution industrielle les marchés s’élargissent et deviennent transnationaux. Mais
au temps de l’Etat-Nation le marché est essentiellement national. Nécessité d’une identification par
le biais d’une langue laquelle ? Celle du Gouvernement. Seul l’Etat a les moyens politiques et
symboliques d’imposer la prédominance d’une langue et de financer un système scolaire pour diffuser
la langue de haute culture (exportation de la culture européenne…). Au niveau de l’UE se posait la
question de la langue principale.
Rôle de la vie politique : même si le rôle d’avoir une vie politique commune n’est pas
encore l’essentiel. Mais concernant l’identification de l’identité européenne, il y a déjà les élections
européennes et tout ça. Mais beaucoup plus importants sont les problèmes communs : par ex. la PAC,
le problème du nucléaire, problèmes énergétiques etc. Le problème politique est commun aux citoyens
et étranger aux extérieurs. Le conflit irakien a mis en évidence que l’opinion européenne est
clairement différente de l’opinion américaine. 93% des Américains pensent qu’ils ont des valeurs
différentes des Européens, 79% des Européens pensent qu’ils ont des valeurs différentes des
Américains rôle de l’imaginaire, qui produit le réel.
1 / 4 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !