Université Paris Ouest Nanterre-La Défense Licence 2 « Droit et Economie » - semestre 1, année 2011-2012 « Modèles de la concurrence » - Cours de M. Eric Langlais TD No 1 L’équilibre partiel en concurrence pure et parfaite VRAI, FAUX, INCERTAIN Les propositions suivantes vous paraissent-elles vraies, fausses ou incertaines ? Justifiez votre réponse : 1) L’hypothèse de rendements d’échelle (à la production) croissants est compatible avec les conditions de la concurrence pure et parfaite. 2) Si le prix des proches substituts d’un bien supérieur augmentent, la demande de marché de ce bien va diminuer. 3) Supposons que toutes les firmes engagées sur un marché concurrentiel aient la même structure de coût de production, compatible avec l’existence de rendements d’échelle décroissants. Si ces firmes font face simultanément à un accroissement du coût des facteurs de production et à une augmentation de la demande de marché pour leur bien, elles peuvent s’attendre à ce que le prix et la quantité qui vont s’établir à l’équilibre du marché soient plus élevés que précédemment. 4) L’hypothèse de convexité des préférences du consommateur n’est rien de plus que l’hypothèse de rationalité du consommateur. 5) Si le revenu d’un consommateur augmente, alors son niveau de satisfaction va augmenter. En revanche, si les prix des biens de consommation augmentent, son niveau de satisfaction va diminuer. 6) L’augmentation du prix d’un bien sur un marché provoque toujours une perte d’efficacité et une perte de bien-être collectif. EXERCICE 1 – L’ANALYSE DES COUTS DE PRODUCTION Le bureau technique d’une entreprise a étudié, dans des conditions de production jugées efficaces, l’évolution de la productivité du facteur travail à court terme au sein de la firme. Les ingénieurs ont transmis au service gestion les informations suivantes : 1 Productivité estimée du travail dans l’entreprise TRAVAIL PRODUCTION 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 100 150 410 560 700 830 945 1050 1146 1234 1314 13841444 1494 1534 1564 Actuellement, le coût unitaire du travail est égal à 100 $. Les gestionnaires ont pu évaluer également le coût fixe (lié à l’utilisation des facteurs fixes) pour un montant global égal à 220 $. En stage de fin d’étude dans cette entreprise, il vous revient de faire des propositions destinées à éclairer sa stratégie de développement. Actuellement, le volume de production de la firme est égal à 560 unités, et elle envisage de la pousser jusqu’à 830 unités. Qu’en pensezvous ? EXERCICE 2 – TAUX D’ECHANGE OBJECTIF ET SUBJECTIF Monsieur C. Bukowsky affecte son revenu entièrement à la consommation de bière et de vin. Actuellement, la structure de consommation qu’il a adoptée est telle que pour lui l’utilité marginale de la bière est égale à 6, alors que celle du vin est égale à 10. Le prix de la bière passe à 3 $, alors que celui du vin passe à 10 $. On peut s’attendre à ce que C. Bukowsky consomme : 1) 2) 3) 4) 16 Plus de bière et plus de vin, Moins de bière et moins de vin, Plus de bière et moins de vin, Moins de bière et plus de vin. EXERCICE 3 – L’EQUILIBRE PARTIEL On considère un marché lequel sont présents deux types de firmes. Les firmes de type 1 ont un coût variable donné par la fonction suivante: CV1(y) = y2 où y est la quantité produite. Par ailleurs le coût fixe de ce type de firme est égal à 12. Les firmes de type 2 supportent un coût fixe égal à 0 et le coût variable est donné par la fonction suivante: CV2(y) = 3y2. Il y a 300 firmes de chaque type. Ces entreprises sont en concurrence parfaite. 1) Pour chaque type de firme, définissez, calculez et représentez graphiquement le coût variable moyen, le coût moyen et le coût marginal. 2) En notant p le prix d’une unité de bien, déterminez pour chaque type de firme l’offre concurrentielle à court terme. 3) Déduire de la question précédente l’offre concurrentielle de marché à court terme. Représentez une telle offre dans un plan (y, p). 2 4) La demande de marché est donnée par la fonction suivante: Yd = 1600 − 100p. Déterminer le prix d’équilibre. 5) Calculer à l’équilibre le profit d’une firme de type 1. EXERCICE 4 – L’EVALUATION DES INTERVENTIONS PUBLIQUES Sur le marché d’un bien non périssable, l’offre est donnée par Ys = p pendant que la demande est égale à Yd = A – p. 1) Déterminez l’équilibre sur ce marché. 2) Calculez la valeur des surplus. 3) Si l’autorité publique institue un prix plancher p = 3A/4, quel sera l’impact sur l’équilibre du marché ? Sur les surplus ? EXERCICE 5 – LE TRANSFERT DE LA CHARGE D’UNE TAXE Parmi les projets de taxes qui sont régulièrement examinés, figure une taxe additionnelle sur les alcools distillés. La taxe ne s’appliquerait pas à la bière. L’élasticité-prix de l’offre l’alcools distillés est de 4, et l’élasticité-prix de la demande est de -0,2. l’élasticité croisée de la demande de bière par rapport au prix des alcools distillés est de 0,1. 1) Si cette nouvelle taxe est mise en place, qui en supporterait la majeure partie – les fournisseurs d’alcool ou les consommateur ? Pourquoi ? 2) En supposant que l’offre de bière est infiniment élastique, comment cette nouvelle taxe affecterait-elle le marché de la bière ? COMMENTAIRE DE TEXTES Texte 1 (Incidence fiscale, 1) Vous répondrez aux deux questions suivantes à partir du texte ci-dessous : 1. Expliciter à l’aide d’un graphique l’effet de la baisse de la taxe sur le prix d’équilibre, dans le cadre décrit par Paul Krugman. 2. Préciser l’effet de cette baisse sur les surplus des producteurs et des consommateurs. (...) Last week GeorgeW. Bush graciously obliged, by advocating a reduction in gasoline taxes to offset the current spike in prices. This proposal is a perfect illustration of why we need economic analysis to figure out the true ”incidence” of taxes: the people who really pay for a tax increase, or benefit from a tax cut, are often not those who estensibly fork over the cash. In this case, cutting gasoline taxes would do little if anything to reduce the price 3 motorists pay at the pump. It would, however, provide a windfall both to U.S. oil refiners and to the Organization of Petroleum Exporting Countries. Let’s start with why the oil cartel should love this proposal. Put yourself in the position of an OPEC minister: What sets the limits to how high you want to push oil prices? The answer is that you are afraid that too high a price will lead people to use less gasoline, heating oil and so on, cutting into your exports. Suppose, however, that you can count on the U.S. government to reduce gasoline taxes whenever the price of crude oil rises. Then Americans are less likely to reduce their oil consumption if you conspire to drive prices up — which makes such a conspiracy a considerably more attractive proposition. Anyway, in the short run — and what we have right now is a short-run gasoline shortage — cutting gas taxes probably won’t even temporarily reduce prices at the pump. The quantity of oil available for U.S. consumption over the near future is pretty much a fixed number: the inventories on hand plus the supplies already en route from the Middle East. Even if OPEC increases its output next month, supplies are likely to be limited for a couple more months. The rising price of gasoline to consumers is in effect the market’s way of rationing that limited supply of oil. Now suppose that we were to cut gasoline taxes. If the price of gas at the pump were to fall, motorists would buy more gas. But there isn’t any more gas, so the price at the pump, inclusive of the lowered tax, would quickly be bid right back up to the pre-tax-cut level. And that means that any cut in taxes would show up not in a lower price at the pump, but in a higher price paid to distributors. In other words, the benefits of the tax cut would flow not to consumers but to other parties, mainly the domestic oil refining industry. (As the textbooks will tell you, reducing the tax rate on an inelastically supplied good benefits the sellers, not the buyers.) (...) Source : Paul Krugman (extraits tirés du New-York Times du 15 mars 2000). Texte 2 (Incidence fiscale, 2) Vous répondrez aux deux questions suivantes à partir du texte ci-dessous : 1. Expliquez la phrase "Il faut s’attendre à une réduction appréciable du prix acquitté ..." à l’aide d’un raisonnement économique simple. 2. Explicitez le calcul effectuée par l’auteur. Les restaurateurs remettent le couvert à propos de la baisse à 5,5 % de la TVA sur la restauration. Développer l’emploi constitue, nous dit-on, la raison première de l’instauration d’une telle mesure. André Daguin, le président de l’Union des métiers de l’industrie hôtelière, en promet 40 000, qui sont à rapporter au coût brut de cette mesure pour les finances publiques : environ 3 milliards d’euros. Ainsi chaque emploi créé coûterait la bagatelle de 70 000 euros ! La belle affaire ! Les hypothèses qui étayent cette estimation sont plus qu’optimistes. Plaçons-nous dans le cas le plus favorable pour l’emploi, celui où les forces de la concurrence s’exercent dans les nombreuses villes où le nombre de restaurants est important. Il faut s’attendre à une réduction appréciable du prix acquitté par le consommateur qui devrait être plus prononcée à long terme, lorsque tous les investissements nécessaires pour satisfaire le surcroît de demandes auront été opérés. (...) On peut même imaginer que, dans un horizon de cinq ans, la baisse soit intégralement répercutée sur le consommateur. Sous cette 4 hypothèse, le prix TTC baisserait de près de 12 %. Les estimations dont on dispose sur l’élasticité prix de la demande de repas au restaurant nous indiquent des valeurs assez faibles de l’ordre, dans le meilleur des cas, de - 0,6 %. Dans ces conditions, la baisse de 12 % des prix entraînerait une augmentation du nombre de repas consommés au restaurant de l’ordre de 7 %. L’emploi dans le secteur augmenterait dans la même proportion, d’où une création de 33 000 emplois. Nous nous sommes placés dans le scénario le plus optimiste possible, celui où la baisse des prix est intégralement répercutée. Si les restaurateurs s’entendent pour laisser les prix inchangés, la demande de restauration et donc l’emploi n’ont pas de raison d’augmenter à court terme, dans le secteur de la restauration s’entend. A long terme, le résultat en terme d’emploi devrait cependant être positif, mais le nombre d’emplois créés serait de toute façon inférieur à celui du scénario optimiste. La promesse d’André Daguin paraît donc difficile à tenir, mais en tout état de cause, le bilan coûts-bénéfices en terme d’emplois est franchement médiocre. (...) Source : Alain Trannoy (extraits tirés du journal Libération du 27 décembre 2005). 5