La discipline dans l’église
Le terme discipline évoque parfois le souvenir désagréable d’une certaine contrainte à l’école, à
l’armée ou au travail. Cela d’autant plus que toute autorité est actuellement contestée sur le plan familial,
social, politique et religieux. En réalité, le terme caractérise plutôt notre statut de disciple acceptant l’ordre
établi par le Maître.
Si chaque membre d’eglise vivait en authentique disciple selon les enseignements et l’exemple du
Maître, cette discipline librement et joyeusement acceptée dispenserait de l’exercice de la discipline correc-
tive ou négative. La préoccupation constante de la volonté divine telle qu’elle apparaît dans la vie de Jésus et
de celle de son serviteur Paul (Seigneur que veux-tu que je fasse ? Ac 9.6) produit la véritable harmonie,
condition du bonheur parfait.
Une saine discipline est indispensable dans ses deux aspects :
éducatif : culture, développement, formation.
correctif : traitement des difficuls, correction des fautes, redressement, radiation.
Le manque de discipline a fait perdre aux églises leur puissance de témoignage à la rité, à la justice ou
à la sainteté. Des scandales et des hérésies sont tolérés et font dévier les églises dans la voie du libéralisme et
de la mondanité. Par l’absence de discipline, le péché s’enracine et se développe, le Saint-Esprit est attristé,
l’œuvre de Dieu est freinée ou compromise.
La discipline est la réaction normale d’un organisme sain contre un corps étranger. Pour être efficace,
elle doit être librement acceptée. Logiquement, elle ne se conçoit que dans les églises de professants.
La réalisation d’une vraie discipline présuppose une vraie vie communautaire dans léglise, une
communion entre les frères que seule l’action du Saint-Esprit peut créer et alimenter ” (Rodolphe Bréchet dans
Mission, 1967, N° 3, p. 19).
Dans un organisme sain la discipline corrective est inutile. Il s’agit de maintenir une bonne santé, c’est
le rôle de la prophylaxie.
Dans un organisme malade, il faut d’abord intervenir par la médecine générale pour guérir le mal, c’est
la cure d’âme. Si la médecine échoue, la chirurgie doit intervenir, c’est la discipline.
Pratiques actuelles
a) La solution romaine prévoit la pénitence. Elle était à l’origine une confession publique, elle est devenue
privée. Au-delà, elle prévoit l’excommunication, l’interdit, le suspense du Saint-Siège ou de l’ordinaire.
On distingue des peines médicinales (censures, excommunications, interdit et suspense) et des peines
vindicatives (privation de la sépulture ecclésiastique, des sacramentaux, du droit d’être parrain, amende
pécuniaire, interdit et suspense, déplacement pénal d’un clerc, etc.).
b) Dans les églises protestantes officielles il y. a peu de discipline. A. Vinet explique pourquoi :
L’excommunication proprement dite ne saurait avoir lieu dans une église qui est expressément l’église
de tout le monde ” (Théologie Pastorale, Payot 1942, p. 330).
c) Le Guide pratique des serviteurs de Dieu (mennonite) a un chapitre intéressant sur la discipline (p.
41-44). On y prévoit l’excommunication ou exclusion de l’église (Confession de foi de Dordrecht, Articles
XVI et XVII).
d) Les églises baptistes libérales sont assimilables aux églises de multitude où la discipline est absente.
Même dans les églises baptistes évangéliques, la discipline n’a pas toujours la place qui lui revient.
e) Dans les assemblées darbystes, la discipline de la cène est très stricte.
PROJET DÉGLISE JUIN 2001 ARTICLE 30.B
L’EGLISE EN PRATIQUE : LA DISCIPLINE DANS LEGLISE
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f) Dans certaines églises dans les pays dits de mission, la discipline est généralement assez stricte, allant
jusqu’au contrôle de l’assiduité aux réunions et de la libéralité.
Principes et pratiques bibliques
La discipline est présentée dans l’Ecriture comme nécessaire pour l’intégrité et le témoignage du corps
local et pour le bien du pécheur lui-même L’expérience de la discipline est la responsabilité des membres qui
doivent juger ceux du dedans (1 Co 5.12).
Deux genres de réaction peuvent se présenter :
S’éloigner des coupables (Ro 16.17 ; 2 Tm 3.5).
Ôter le méchant du milieu des frères (1 Co 5.13).
Deux sortes d’offenses appellent deux manières de procéder :
Les offenses privées appellent des démarches privées (Mt 5.23,26 ; 18.15-17),
Les offenses publiques appellent des marches publiques ou des attitudes collectives (1 Co 5
:3-5,13 : livrer à Satan ; 2 Ts 3.6 : s’éloigner de ceux qui vivent dans le désordre).
On peut citer un certain nombre d’offenses qui cessitent une intervention, selon l’Ecriture :
Immoralité 1 Co 5.5 : cas de l’incestueux,
Insoumission 1 Ts 5.14 et 2 Ts 3.6-14 : ceux qui vivent dans le désordre,
Esprit de dispute 1 Co 11.16 : ceux qui se plaisent à contester,
Division Ro 16.17,18 ; Tt 3.10 : il faut s’éloigner des fauteurs de division après avertissement,
Procès 1 Co 6.1-10 : Paul reprend les coupables,
Cupidité 1 Co 5.11 : pas de relations avec les impudiques, les cupides, les idolâtres, les ou-
trageux, les ivrognes ou ravisseurs se nommant frères (2 Jn 10),
Impénitence Mt 18.15-17 : l’église est l’instance suprême,
Fausse doctrine 1 Tm 6.3-5 : appel à la séparation.
La Bible doit être le critère de la vie chrétienne et de la foi, mais son contenu est tellement vaste et son
interprétation si variée qu’il est pratique d’avoir une confession de foi résumant et précisant sa doctrine.
Cependant, la confession de foi reste un document humain et ne possède pas l’infaillibilité du le texte biblique.
Si des divergences d’interprétation peuvent être acceptées sur des thèmes comme celui de la prophétie,
la fausse doctrine ne doit pas être tolérée à propos de rités aussi fondamentales que celles de l’autorité de la
Bible, de la divinité de Christ, de la valeur de son sacrifice, de la réalité de sa résurrection, de la certitude de
son retour, de la place et du rôle de l’église dans le plan de Dieu.
Les faux docteurs comme Hyménée, Alexandre et Philète (1 Tm 1.20 ; 2 Tm 2.17) sont traités par Paul
comme l’incestueux de Corinthe. Il n’hésite même pas à les nommer dans ses lettres.
Buts de la discipline
Les buts de la discipline d’église sont identiques à ceux de la législation pénale profane (expiation,
intimidation individuelle et collective, amendement) :
a) Punitif : les fautes doivent être expiées.
b) Préventif : le châtiment doit servir d’exemple pour dissuader d’autres.
c) Educatif : une sanction juste peut aider le coupable à s’amender.
La discipline s’exerce comme un acte d’obéissance à Dieu.
Les hommes n’ont pas le droit d’excuser le péché que Dieu condamne. Il est cessaire que l’on se
préoccupe de l’honneur de Dieu et du témoignage de l’église.
a) L’aspect punitif est partiellement réalisé par l’expiation. Christ a porté nos chés en son corps sur le
bois (1 Pi 2.24). La justice de Dieu a été satisfaite, mais pour qu’elle puisse s’appliquer au pécheur,
celui-ci doit se repentir. La confession du péché assure le pardon (1 Jn 1.9). Cet aspect punitif doit être
complété par la réparation des torts chaque fois que cela est possible. L’exercice de la discipline doit
effacer la souillure du péché. Le péché souille le pécheur ainsi que le groupe auquel il appartient (1 Co
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6.5). Le ché d’Achan a causé la défaite du peuple (Js 7 ; 1 Co 5.7) s’adresse à nous : “ faites disparaître
le vieux levain ”. L’église a besoin de se défendre et d’éloigner la cause de l’opprobre.
b) La discipline doit redresser l’égaré. “Vous qui êtes spirituels, redressez-le (Ga 6.1). Dans Mt 18.15-17 le
but est de gagner le frère. Une peine juste peut amender le coupable.
c) La discipline peut avoir un effet de dissuasion. 1 Tm 5.20 énonce le principe dans le cas d’un ancien qui
a péché. Les autres doivent en éprouver de la crainte.
Si on comprend vraiment les buts de la discipline, les préjugés contre elle disparaissent. Si elle est
exercée régulièrement et sagement, il n’y aura pas d’objection valable contre elle. Il y aura évidemment
toujours des protestations sentimentales d’un amour mal compris contre l’exercice de la discipline. La disci-
pline est cessaire, elle est un moyen de protection pour l’église, une cause de progrès pour tous et le moyen
de sauvegarder l’honneur de Dieu.
Conditions de la discipline chrétienne
a) La faute doit être bien établie. Une enquête sérieuse doit être faite, on ne peut pas partir de bruits qui
circulent. Ils ne sont pas toujours fondés. Pour ce qui est des anciens, il faut même que la faute soit
établie par deux ou trois témoins (1 Tm 5.19).
b) Il ne doit pas y avoir acception de personnes. On n’a pas le droit d’adopter deux poids et deux mesures
(1 Tm 5.21) .
c) La douceur doit caractériser l’intervention ainsi que la piété l’humilité, la recherche du bien spirituel.
L’attitude de juge ment, de dureté, de supériorité est à bannir. “ Ne reprends pas rudement...” (1 Tm 5.1).
“Reprends, censure, exhorte avec toute douceur ” (2 Tm 4.2).
d) Cependant la fermeté et l’intransigeance à l’égard du péché ne doivent pas faire défaut. Jésus est sévère
à l’égard des changeurs (Jn 2.13-17) et des pharisiens (Mt 23). On ne peut pourtant pas accuser Jésus de
manquer de spiritualité ou d ‘amour.
e) La motivation doit être l’amour pour le frère. Il ne faut pas le considérer comme un ennemi mais le
redresser comme un frère (2 Ts 3.15). Le vieillard doit être traité comme un père (1 Tm 5.1).
L’amour désarme touche les cœurs, enlève l’amertume. Mais il ne faut pas donner l’impression que l’on
approuve ou que l’on excuse le mal. Il faut maintenir les droits de la vérité et de la justice autant que
ceux de l’amour (Ep 4.15).
f) Le pardon doit être accordé à ceux qui se repentent sincère ment : “vous pardonnant réciproquement
comme Dieu vous a pardonné en Christ ” (Ep 4.32).
Il doit être total, sans retour (ce n’est pas : “Je pardonne, mais je ne peux pas oublier ”).
Dieu a pardonné gratuitement, sans réserve. Le pardon que nous accordons au coupable repentant doit
être comme celui que nous demandons à Dieu : “Pardonne-nous nos offenses comme nous aussi nous
pardonnons à ceux qui nous ont offensés ” (Mt 6.12).
Les cas de discipline
On peut les classer en trois catégories :
a) L’hérésie, la fausse doctrine, les erreurs dans l’enseignement. Ces cas sont courants dans le Nouveau
testament. C’est l’unité de la foi qui est en danger; le but de l’église est compromis (Ep 4.13 ; Ga 1.9 ; 2 Jn
10).
b) Le mauvais comportement. Ici c’est le témoignage de l’individu et de l’église qui est en danger : on peut
citer la mondanité, l’ivrognerie, l’adultère, les dettes, la médisance et toutes les fautes contre la morale
chrétienne, toutes les œuvres de la chair (Ga 5.19-21).
c) Le manque d’intérêt pour léglise et les frères. Absence aux réunions sans motif valable, non partici-
pation par la présence, l’aide manuelle ou financière aux entreprises de l’église. Certaines églises, pour
éviter de devoir prendre des décisions ont adopté une règle qui permet aux responsables de ne plus
considérer comme membre une personne qui ne participe plus sans raison valable (santé, obligations
familiales ou militaires, etc.) à la vie de l’église pendant un an ou même six mois et cela après des
sollicitations fraternelles. Les statistiques de l’église doivent correspondre à la réalité.
L’exercice de la discipline
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a) L’agent de la discipline. On réserve souvent l’exercice de la discipline aux anciens, mais ce peut être
n’importe quel frère : Si ton frère à ché, va...” (Mt 18.15). Il vaudrait même mieux que les anciens
soient dispensés de cette responsabilipour pouvoir mieux accomplir leur rôle de juge-arbitre et pour
se consacrer à la cure d’âme auprès du coupable.
La discipline est une fonction de l’église, non pas du pasteur, de l’ancien ou d’un comité ” (Davis dans
Mission, 1967, N° 3, p. 19 ; cf. Hé 10.24 ; Mt 18.15).
b) Les sanctions. Dans le cas des offenses personnelles, privées, il faut agir selon Mt 18.15-17 où 4 étapes
sont prévues :
Démarche privée entre quatre yeux.
Démarche avec témoins.
marche devant l’église.
Si ces démarches échouent, l’église doit considérer le pécheur comme un païen, c’est-à-dire comme
ne faisant plus partie de l’église.
Dans le cas d’offenses publiques, de péchés notoires, les sanctions peuvent être :
la répréhension publique, même s’il s’agit d’anciens : “ reprends-les devant tous ” (1 Tm 5.20).
La mise en quarantaine : “de ne pas même manger avec un tel homme ” (1 Co 5.11).
Privation de la cène.
L’excommunication (pas de relation) : “ n’ayez point de communication avec lui ” (2 Ts 3.14).
L’exclusion de l’assemblée : “ Otez le méchant du milieu de vous ” (1 Co 5.7,13).
La malédiction : “ qu’il soit anathème ” (Ga 1.8,9).
L’abandon à Satan pour la destruction de la chair : qu’un tel homme soit livré à Satan pour la
destruction de la chair ” (1 Co 5.5 ; 1 Tm 1.20).
Dans les deux derniers cas on peut, à juste raison, se demander s’il ne s’agit pas de prérogatives apos-
toliques.
Toutes les sanctions doivent être
justes,
infligées en vertu d’un principe invariable,
égales pour tous : pas d’acception de personnes (Et non “ vilains pendus et nobles décapités ”),
proportionnelles à la faute.
c) Fin de la discipline.
Si le cheur ne se repent pas, c’est l’exclusion définitive ”. Il échappe alors à la discipline de
l’église (Mt 18.17).
Si le pécheur se repent, il est réintégré dans la communion de léglise. Le pardon est de rigueur;
L’église ne peut pas être plus exigeante que Dieu qui pardonne les péchés pour lesquels on se repent
(2 Co 2.5-11).
La mort de l’individu met un point final à l’exercice de la discipline par l’église locale.
L’église locale F. Buhler Éd. Farel p. 40-46.
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