
LETTRE  6 
 
 
Pastorale vocationnelle à partir des pauvres… 
 
Frères et amis : 
 
La Pastorale Vocationnelle ne peut pas se soustraire à la réalité des pauvres et des démunis. Nous 
devons  reconnaître,  qu’à  maintes  reprises  tel  n’a  pas  été  le  cas.  Le  divorce  entre  Pastorale 
Vocationnelle et Solidarité a été, sans doute, une pénible réalité parmi nous. Les résidus de cette 
mutuelle indifférence doivent être extirpés le plutôt possible. Ne gardons  pas plus longtemps une 
Pastorale Vocationnelle qui tourne le dos aux grandes masses de frères qui subissent le fléau de la 
pauvreté  provoquée  par  l’injustice  structurelle.  Pas  plus  que  nous  ne  devons  pas  utiliser  les 
pauvres pour faire du prosélytisme sur son dos. 
De quelle façon devrait-elle s’orienter une Pastorale Vocationnelle qui serait en syntonie avec la 
préoccupation pour les pauvres? 
 Tout  d’abord  devenons très  sensibles à  cette  profonde  plaie  sociale.  Qu’elle  soit  bien 
présente dans  notre intelligence et dans notre cœur. La Pastorale Vocationnelle collabore, 
à partir de ses propres objectifs, à la lutte pour extirper l’injustice et l’inégalité entre les 
peuples. Elle ne doit pas être, sous aucun prétexte, promotrice d’élites sociales ou aveugle 
à cette réalité. 
 À partir de notre engagement de solidarité  envers les pauvres de ce monde, adressons une 
proposition  plus  prophétique et  courageuse  qui  invite  à  collaborer  avec  leur  cause,  à 
s’unir à leur destin. 
 Prenons soin à ce que nos ONGs, nos structures de solidarité, nos bénévolats…n’apaisent 
ni  ne  tranquillisent  pas  des  consciences, mais  qu’au  contraire,  elles  désinstallent, 
stimulent et remettent en question, en tant qu’aiguillon promoteur des dévouements plus 
permanents et radicaux. 
 Optons pour une vie  d’une  plus  grande  pauvreté tout en prenant soin que la pastorale 
vocationnelle, elle-même participe à cette austérité de personnes, moyens et ressources. 
Les carences, subies joyeusement, constituent le signe de ce que nous avons mis notre 
confiance dans le Seigneur et non pas dans nos efforts et nos effectifs. 
 Faisons  en  sorte  que  les  pauvres  soient  présents  dans  la  réflexion,  programmation  et 
évaluation  de  la  Pastorale  Vocationnelle.  Approchons-nous  davantage  des  pauvres  et 
permettons ainsi qu’une  profonde sensibilité s’éveille en nous, sur ce que le Seigneur, à 
partir de ces mêmes pauvres, veut nous dire, afin de répondre non pas à partir de nos 
propres critères, mais à partir de ce que nous percevons lorsque nous nous trouvons au pré 
d’eux. 
 Appelons un grand nombre à partir de la perspective des pauvres, et non pas à partir de 
nos  prétentions  d’auto-  conservation  ou  de  prépondérance.  La  rareté,  elle-même, 
constituerait une manière prophétique d’éviter la substitution du Royaume par nos intérêts 
égoïstes. 
 Et rappelons-nous  toujours que la Pastorale Vocationnelle doit devenir plus présente et 
visible  dans les nombreuses initiatives pastorales que nous réalisons en faveur des plus 
démunis. Le pauvre – ne l’oublions pas- constitue un sacrement très profond de l’appel du 
Seigneur.