III] Un rôle moteur dans l’économie mondiale
A) Un acteur décisif du commerce mondial
Les Etats-Unis sont le premier pôle de la Triade. Ils produisent plus du quart du PIB mondial avec moins de 5% de
la population du globe.
Ils sont à la fois les premiers exportateurs et les premiers importateurs du monde. Leur position dominante (22 %
du total des importations mondiales) est fait le moteur principal de l’économie mondial, et de permet de peser dans
les règles du commerce international.
Près des 2/3 du commerce américain sont réalisés avec les pays développés, mais aussi avec les NPI d’Asie (les
« dragons » et « tigres » asiatiques tels Taïwan, Corée du Sud, Malaisie), la Chine, et surtout le Mexique (dans le
cadre de l’ALENA)
ALENA : Association de Libre-Echange Nord Américain, qui associe depuis 1993 les Etats-Unis, le Canada et le Mexique
Depuis le début des années 2000, la Chine s’est hissée comme le troisième fournisseur des Etats-Unis. La Chine
dégage ainsi un très fort excédent commercial (supérieur à celui du Japon), et les importations américaines en
provenance de Chine représentent 25% du déficit commercial américain.
Long Beach Outer Harbor.
Classé au 10 ème rang mondial des ports à
conteneurs en 2005, et premier port des
Etats-Unis, le port de Los Angeles est une
des ouvertures des Etats-Unis sur l'Asie
et l'Amérique du sud.
Les échanges avec les Etats-Unis sont constitués à 80% de produits manufacturés. Néanmoins, les Etats-Unis constituent l’un des grands
exportateurs de produits agricoles et de services. A l’inverse, ils doivent importer plus de la moitié des ressources énergétiques (pétrole) nécessaire à
leur consommation, ainsi que des ressources minières et des denrées agricoles tropicales.
Enfin, la moitié des importations américaines est en réalité le fait des FTN américaines, qui font assembler leurs produits à l’étranger avant de les
importer pour les écouler sur le marché américain.
La zone d’influence américaine au niveau commercial est d’abord le continent américain : l’ALENA est entrée en vigueur en 1994, mais le projet
américain de mettre en place une ZLEA (Zone de Libre Echange des Amériques) n’a pas vu le jour. Washington multiplie cependant les accords
commerciaux bilatéraux avec de très nombreux pays du continent américain (panama, Chili, Pérou…)
Cette influence commerciale se mesure aussi à l’échelle planétaire : les Etats-Unis pèsent dans les négociations commerciales grâce au volume massif
de leurs importations dont de nombreux pays sont dépendants. Ils exercent aussi une influence forte dans les arbitrages internationaux de l’OMC et
du FMI.
B) Les Etats-Unis polarisent les flux de capitaux
Les Etats-Unis ont une place fondamentale dans les stratégies d’investissements des FTN américaines et étrangères.
Ils attirent 25 % des IDE mondiaux, en provenance majoritaire (75%) des pays d’Europe (et notamment la Grande-Bretagne, qui relaie des capitaux
importants venus du Moyen-Orient). Ces IDE massifs génèrent près d’un quart du PIB américain, ils sont investis majoritairement dans les secteurs
industriel et tertiaire.
Les IDE américains s’orientent à plus de 50% vers l’Europe, puis vers les partenaires de l’ALENA (Mexique et Canada), ainsi qu’en Asie.
IV. les fragilités de l’hyperpuissance
Cette superpuissance américaine montre néanmoins des faiblesses et des fragilités, liées au fonctionnement économique et commercial des Etats-Unis
ainsi qu’à la diffusion de leur modèle et de leurs valeurs à échelle planétaire :
Plus de 200 personnes ont été arrêtées en
mars 2008 à travers les Etats-Unis, en
marge de rassemblements organisés par
des organisations pacifistes pour le
cinquième anniversaire de l'intervention
militaire en Irak.
A. Des conséquences économiques.
En ouvrant leurs frontières aux produits étrangers, les Etats-Unis ont fait le choix de transférer à
l’étranger la production de nombreux biens de consommation qu’ils doivent importer : Les Etats-Unis sont les plus
grands acheteurs de la planète, ce qui génère depuis 1976 un déficit commercial grandissant. Ce déficit
commercial s’est creusé ces 10 dernières années (multiplié par 4), particulièrement avec l’Asie (700 milliards de
dollars de déficit dont 256 milliards avec la Chine en 2008)
Il faut néanmoins nuancer cette faiblesse : Les Etats-Unis sont les seuls à pouvoir aujourd’hui mener
une telle politique commerciale, car les détenteurs étrangers de dollars (particuliers, entreprises, Etats)
réinvestissent massivement leurs excédents aux Etats-Unis, soit sous forme d’IDE, de placements, soit en achat
de Bons du Trésor Américain (Japon, Chine, Hong Kong, Royaume-Uni, pays de l’OPEP…). Le gouvernement
américain finance ainsi son déficit budgétaire. De plus la baisse du prix du pétrole a permis de freiner ce déficit.
Cet endettement n’enlève pas aux Etats-Unis leur maîtrise et leur impact sur les échanges internationaux.
La dépendance de l’Amérique pour leur consommation pétrolière, et aussi envers leurs créanciers qui financent
leur déficit commercial, est très forte. Cette dépendance énergétique et financière constitue une faiblesse de
premier plan.
B. Des conséquences sociales.
Le libéralisme économique américain a des conséquences sociales lourdes : 20 % des
Américains les plus pauvres ne disposent que de 3,5% des revenus des ménages. L’aide sociale minimale
et peu financée par l’Etat laisse 10 à 12 % de la population sous le seuil de pauvreté. 16 % des américains
vivent sans assurance médicale en 2007. Les délocalisations massives ont touché des pans entiers de
l’économie américaine et rendu précaire l’emploi salarié surtout dans le secteur industriel. Les services
publics sont également fragilisés par le désengagement budgétaire de l’Etat (éducation, services publics,
hôpitaux, transports…). La pauvreté alimente une forte instabilité sociale, liée également à la faible
intégration des minorités (Noirs, Hispaniques…) laissées pour compte de la réussite américaine et
souvent « ghettoïsées » dans les villes.
Le Bureau américain du Recensement a révélé en août
2008 que près d’un citoyen américain sur huit vit en-
dessous du seuil de pauvreté, soit 37,3 millions de
personnes. (Un foyer de trois personnes est considéré
dans la pauvreté lorsque ses revenus sont inférieurs à
16 079 dollars par an (10 888 euros)
C. Des contestations
Enfin, cette superpuissance américaine génère des contestations (Mickaël Moore) plus ou moins extrêmes. Le refus des Etats-Unis de se plier aux
institutions internationales (ex : refus de ratification de la Cour Pénale internationale instituée par l’ONU), ainsi que les décisions unilatérales du pays
est facteur de tensions diplomatiques. Le Venezuela a ainsi œuvré à mettre en échec la ZLEA voulue par les Etats-Unis, et a créé en 2005 l’ALBA
(Alternative Bolivarienne pour les Amériques, avec Cuba et la Bolivie). Cet unilatéralisme se mesure aussi au niveau militaire (intervention militaire en
Irak en 2003 sans l’aval de l’ONU sans paix finale) et alimente le rejet de certains alliés européens, ainsi qu’un fort ressentiment anti-américain dans
certains pays du Proche et du Moyen-Orient (islamisme). Cet « antiaméricanisme » se retrouve de façon moins exacerbé dans le rejet de certains
produits de consommation ou culturels américains. La question environnementale est aussi source de polémiques : émetteur de 25 % des gaz à effet
de serre de la planète, l’Etat fédéral a, à ce jour, refusé de ratifier le protocole de Kyoto, alors même que la Californie l’a accepté !