Manuel de Pharmacovigilance Retournez d’abord voir le prescripteur ou le pharmacien. Après avoir pris le médicament il a mal au ventre et se gratte partout. Rappelez-lui de signalez les effets indésirables au Centre National de Pharmacovigilance On va arrêter le traitement !?! Vous pouvez sauver des milliers de vies et éviter la souffrance de milliers. Il vous suffit de notifier spontanément les effets secondaires liés à l’utilisation des médicaments. 1 LES INFORMATIONS AVANT LA COMMERCIALISATION SONT LIMITEES Au stade d’expérimentation chez l’animal : Nombre d’animaux testés limité Durée d’observation limitée Données pharmacocinétiques et métaboliques pas toujours extrapolables à l’HOMME Certains effets propres à l'HOMME non détectés (troubles psychiques, allergie…) Au stade des essais cliniques (HOMME) : Nombre de sujets inclus dans les essais cliniques limités < 5000 Sujets à risque écartés : enfant, vieillard, femme enceinte, insuffisance rénale, insuffisance hépatique Absence d’information sur les effets d'interactions médicamenteuses Déroulement en milieu contrôlé 2 d’une prise chronique et Définitions La pharmacovigilance est « la science et les activités relatives à la détection, à l'évaluation, à la compréhension et à la prévention des effets indésirables ou de tout autre problème lié aux médicaments ». L’importance de la pharmacologie (OMS 2002) L’effet indésirable est un événement clinique ou biologique non recherché coïncidant avec la prise d’un produit de santé et apparaissant dans les conditions normales d’utilisation, ou en cas de : – – – – Mauvais usage Usage abusif Pharmacodépendance Syndrome de sevrage – – – – Erreur thérapeutique Inefficacité thérapeutique Effets sur le produit de conception Réactions résultant d’un produit défectueux Intérêt de la notification spontanée Il a fallu : - plusieurs décennies pour que les effets délétères de l’aspirine sur le tractus gastro-intestinal soient découverts - presque aussi longtemps pour que l’on reconnaisse la possibilité de nécroses papillaires rénales lors d’abus de phénacétine - 35 ans pour que l’on reconnaisse que l’amydopyrine peut causer l’agranulocytose - Plusieurs victimes avant que l’imputabilité de la thalidomide dans la phocomélie devienne certaine Après la tragédie de la thalidomide, plusieurs pays ont établi un système de pharmacovigilance pour une détection précoce et si possible la prévention de morbidité et mortalité iatrogène. 3 Grâce à la notification spontanée de nombreux médicaments ont été vite incriminés comme responsables d’effets graves et retirés du marché dans un délai relativement court. DCI Motif du retrait AMM Retrait Bromfenac (Duract®) Hépatotoxicité sévère 1997 1998 Encaïnamide (Enkaid®) Mortalité excessive 1987 1991 Flosequinan (Manoplax®) Mortalité excessive 1992 1993 Temafloxacine (Omniflox®) Anémie hémolytique 1992 1992 Benoxaprofène (Oraflex®) Nécrose hépatique 1982 1982 Mibefradil (Posicor®) Interactions médicamenteuses multiples 1997 1998 Terfenadine (Seldane®) Arythmies cardiaques fatales 1985 1998 Dans certains cas la notification spontanée a permis de réviser les caractéristiques du produit en y incluant les effets indésirables nouvellement documentés : DCI Effets indésirables ajoutés à la AMM Révision des notice caractéristiques Cyclophosphamide Nécrose épidermique 1995 2001 Erythème multiforme Syndrome de Stevens Johnson Losartan Vasculite 1995 Purpura allergique (+HenochSchoenlein) Choc anaphlactique Réaction anaphylactoïde Levofloxacine Torsades de pointes 1997 2000 Ces exemples montrent combien l’observation des praticiens et la notification ont permis d’éviter la survenue de mortalité et morbidité iatrogène. Le succès de la pharmacovigilance dépend de la participation active des professionnels de santé (médecins, pharmaciens, assistants médicaux, infirmiers, dentistes, …) et surtout de leur engagement à notifier spontanément les effets secondaires liés à l’usage des médicaments. 4 Comment faire la notification spontanée Vous pouvez notifier à partir de la fiche de notification ou si vous n’en avez pas sur une feuille simple. Remplissez les 4 rubriques requises et renvoyez-la au Centre National de Pharmacovigilance : LE PATIENT Toutes les données permettant d’apprécier les actions possibles du médicament et d’éliminer les diagnostics différentiels probables : l’identité, l’âge, le sexe, le poids et la taille. L’EFFET INDESIRABLE Décrivez-le au mieux. Soyez simple clair, précis et concis. Evitez les abréviations. Pensez à préciser : la date de l’événement, la date de la notification, les éventuels examens complémentaires ayant permis de confirmer l’effet, les éventuels antécédents médicaux du patient, les éventuelles causes pouvant expliquer l’événement. LE(S) MEDICAMENT(S) Déclarez tous les médicaments, les vaccins, les produits sanguins, les dispositifs médicaux, et les produits à base de plante pris par le patient. Vérifiez qu’il a effectivement pris les médicaments listés. Vérifiez que l’effet est survenu après la prise du médicament et pas avant. Mentionnez : le nom commercial, le numéro de lot, la dose, la fréquence, la voie et le site d’administration, la date de la prise et le motif d’utilisation. Décrivez la chronologie d’apparition de l’effet par rapport à la prise médicamenteuse et précisez si l’effet diminue/disparaît après arrêt/diminution de la dose du médicament. LE NOTIFICATEUR Quelle que soit votre profession, vous pouvez être notificateur. Indiquez votre identité, votre adresse, votre numéro de téléphone votre profession et votre qualification. 5 NB ! Les identités du patient et du notificateur - respectent le secret professionnel, - ne peuvent en aucun cas constituer une source d’information pour cause judiciaire - ne peuvent en aucun cas servir de source pour une évaluation professionnelle. Notifier même si : - vous n’êtes pas sûr que le produit soit la cause de l’effet indésirable - vous ne disposez pas de toutes les informations demandées sur la fiche Qualité de la notification La qualité de la notification est influencée par : Ecriture illisible Oubli des éléments essentiels Utilisation des abréviations médicales non reconnues Données imprécises : douleur du membre (musculaire, vasculaire or neurologique ?) Données Ambiguës : allergie médicamenteuse (cutané, respiratoire ou autre ?) Terme Familier : ventre gonflé, attraper froid Geste fait au lieu du diagnostic : gastrectomie ou chirurgie du genou (quelle est la maladie sous-jacente?) 6 Le médicament est cause de préjudice parce que Substance Active Etrangère à l’organisme Mal utilisée 70% d’incapacité brève 14% décès Plus que les accidents de la voie publique, cancer du sein, SIDA Equivalent au crash de «2 Boeing 747 tous les 3 jours» 44 000 - 98 000 décès annuels Décès aux EIM > 2 à 3 fois celui liés aux accidents de la route, 30.000 personnes 20.000 personnes âgées de plus de 65 ans 7,5% des admissions hospitalières (185 000) 36,9 % sont jugés évitables 20,8% des patients décèdent Sources: Harvard Médical Study ▪ Jama 2005 ▪ BMJ,2003 ▪ ICSP, 2005 ▪ Le Boston Globe, UMC (View Point), OMS 7 3 issues possibles lorsqu’on traite un patient Guérison / succès thérapeutique Échec thérapeutique Effet indésirable CONDUITE A TENIR DEVANT UN CAS D’EFFET INDESIRABLE : 1- Prendre en charge le patient : traiter / référer 2- Notifier l’effet indésirable : remplir la fiche de notifier et la renvoyer au centre national de pharmacovigilance CENTRE NATIONAL DE PHARMACOVIGILANCE Direction des Pharmacies Laboratoires et Equipements Techniques Ministère de la Santé BP 336 Lomé Tél : 9825122 Fax : 222 0799 [email protected] 8