S.D.R.I – Maison diocésaine - 21 cours Mgr Romero - BP 170 - 91006 Evry (Cedex)
Tél.: 01 60 91 17 00 – Fax : 01 69 91 17 14 – http://catholique-evry.cef.fr
a) des « beurs » conservent la trajectoire culturelle de l'arabité. Ils restent culturellement
musulmans, mais tournant le dos à une insertion par le social et la vie associative de quartier,
ils investissent le domaine de l'économique... les alliances politiques changent de nature : on
s'allie aux forces libérales (Tokia Saifi en est le paradigme);
b) des « beurs » récusent cette désignation trop culturelle à leur goût, ils se désignent comme
musulmans (certains même diront musulmans non-croyants). Le vecteur religieux, chez
certains, sera un vecteur de protestation sociale.
Ces évolutions seront diverses:
a) certains vivront leur islam comme une foi et une spiritualité dans un souci réel
d'inscription citoyenne,
b) d'autres vivront leur islam comme foi et spiritualité, mais sous le monde d'une
distanciation avec la société incapable de leur donner une place,
c) d'autres enfin, vite rejoints par des courants radicaux, vivront leur appartenance à
l'islam sous le mode de la rupture sociale. C'est cette tendance qui se trouve aujourd'hui
réactivée par les conflits du Moyen-Orient et le débat sur la laïcité en France : c'est un
islam politico-religieux.
Ces remarques ne doivent pas occulter le fait que la majorité de ceux qui se désignent comme
musulmans ou bien ont une pratique réduite de l'islam ou une pratique fervente mais paisible.
II. Chrétiens en dialogue
Dans les années 70, la rencontre et le dialogue se vivent sous le mode de l'accueil et de
l'hospitalité due aux immigrés. On est dans une logique de charité, exigence évangélique de
l'accueil du pauvre. Un dialogue profondément inégalitaire...
Dans les années 80, la jeunesse « beur » surprend l'aile gauche des chrétiens. Habitués à
une jeunesse blasée, les militants chrétiens découvrent chez ces jeunes issus de l'immigration,
protestant de leur non-intégration, revendiquant une réelle prise en compte, leurs héritiers
dans un combat ouvrier.
Dans les années 90, Si le désenchantement a gagné les jeunes « beurs » et les a conduits à
adopter l'islam comme vecteur de protestation sociale, les chrétiens engagés dans le dialogue
avec les musulmans ont été surpris par la brutalité de leur affirmation identitaire religieuse.
Le désenchantement gagne aussi les chrétiens car ils découvrent que ces jeunes ne sont pas
leurs héritiers. Ils rêvaient du même, ils découvrent brutalement l'altérité.
Par ailleurs, ils sont déconcertés par une affirmation aussi vigoureuse de leur appartenance
religieuse. Les chrétiens avaient appris, laïcité oblige, à privatiser leur identité chrétienne...
comme pour s'excuser d'appartenir à l'Église de Jésus-Christ!
Enfin, sur la scène internationale, apparaît l'internationale islamiste sous un visage de
violence, d'exactions et d'attentats.
A la phase de désenchantement s'ajoute, pour beaucoup de chrétiens, la phase de suspicion...
aujourd'hui, elle peut même devenir carrément intolérance. On multiplie les « préservatifs »
de la rencontre et du dialogue:
- on supporterait bien les musulmans... mais pas l'islam intrinsèquement
pervers, corrompu et violent…
- on engagerait bien le dialogue avec les musulmans... mais nous manquerions