QUI EST L`EGLISE

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QUI EST L’EGLISE ?
Préambule
« Je crois en l’Eglise, une, sainte, catholique et apostolique. »Il est parfois bien difficile de
proclamer cette formule du Credo. Pourtant, le Christ a voulu l’Eglise pour que nous soyons
unis à lui. Avec Saint Paul qui utilise différentes analogies, approchons ce mystère.
Introduction
Sur le chemin de Damas, alors qu’il s’en allait traquer les chrétiens, Saint Paul, terrassé par le
Christ, a entendu cette voix :
« Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?(…)
Je suis Jésus que tu persécutes. ».
Désormais toute sa vie et sa réflexion vont être marquées par cet événement décisif.
Comment se fait-il que persécuter les chrétiens soit en même temps persécuter Jésus ? Qui est
ce Jésus et comment est-il touché quand on touche à ses disciples ? Quel rapport entretient-il
avec eux pour être si impliqué dans ce qui leur arrive ? Se pourrait-il qu’il ne fasse qu’un
avec eux ?
Ce qui peut se résumer par : Qu’est-ce que l’Eglise ? Ou plutôt : Qui est l’Eglise ?
« Jésus oui, l’Eglise non »
Il faut nous poser à nouveau frais ces questions, car pour beaucoup, l’Eglise est devenue
l’obstacle majeur de la foi. La plupart des gens y compris parmi les catholiques pensent :
« Jésus oui, l’Eglise non » ? Chacun se sent plus ou moins à l’aise avec l’Evangile, mais pas
avec l’enseignement du Magistère. Il est devenu plus facile de proclamer que Dieu est « Père,
Fils et Saint-Esprit » (puisque de toute façon, on n’y comprend pas grand chose !) que
d’affirmer que l’Eglise est « une, sainte, catholique et apostolique » (puisque, apparemment, c’est
l’inverse que nous constatons !)
« L’Eglise est un mystère, parce qu’elle est unie mystérieusement à
quelqu’un : le Christ »
Une des raisons de cet état de chose est qu’on considère souvent l’Eglise non plus comme
une communauté surnaturelle unie mystérieusement au Christ, mais comme une Institution
humaine reposant en fin de compte sur les décisions d’une majorité…masculine.
Pour retrouver le sens surnaturel de notre regard de foi sur l’Eglise, il est donc urgent de
repenser l’Eglise comme « mystère ». L’Eglise est un mystère, parce qu’elle est unie
mystérieusement à quelqu’un : le Christ.
« L’Eglise est un Corps dont le Christ est la Tête »
Saint Paul affirme maintes fois, dans ses lettres que le Christ est la tête de l’Eglise (Ephésiens
1,1-23 ; Colossiens 1,9-24). Par cette image, il veut mettre en évidence le lien vital qui nous
unit au Christ. Être chrétien, ce n’est pas être unis au Christ de façon artificielle (comme s’il
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suffisait d’inscrire son nom sur les registres du baptême pour faire parti du club), mais de
façon VITALE1.
De même que le corps est totalement dépendant de la tête, de même le chrétien est-il
totalement dépendant de la grâce du Christ dont il reçoit l’influx vital2. C’est en ce sens que
Saint Paul peut dire : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Car ma vie
présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi »
(Galates 2, 30).
Ainsi, tout ce que Jésus vit, il le communique à son Eglise :
 Il est la Lumière, donc nous le sommes (l’Eglise est Lumière du monde) ;
 Il est la porte, donc nous le sommes (l’Eglise est la porte du Ciel) ;
 Il est le bon berger, donc nous le sommes (l’Eglise paît les brebis du Christ) ; etc.…
Faisons attention, cependant à ne pas matérialiser cette image de l’union de la tête et du
corps, car elle a ses limites, comme toute analogie. Les liens entre les membres et la Tête dans
un même corps, en effet, ne sont pas libres, alors que notre union au Christ implique notre
liberté.
Cette analogie doit donc être corrigée par une autre. Et c’est pourquoi Saint Paul utilise aussi
l’image de l’époux et de l’épouse pour faire comprendre le mystère de l’Eglise (Ephésiens
5,31-32 ; 2 Corinthiens 11,2).
« L’Eglise est une épouse dont le Christ est l’Epoux »
A la différence de la relation entre les membres et la tête, la relation entre l’épouse et l’époux
relève d’un choix mutuel : un consentement dans l’amour. Appliquer cette image à la réalité
de l’Eglise est peut-être ce qui nous fait le mieux entrer dans son mystère. L’Eglise pour Jésus
n’est pas seulement un corps qu’il accueille comme sien et dont il se sert pour aller à la
rencontre de l’humanité, mais elle est aussi une épouse avec qui il est uni d’une alliance
d’amour. Dieu aime tout le monde d’un amour infini, mais il aime l’Eglise d’un amour
particulier, d’un amour d’époux et pas seulement d’un amour de Créateur et de Père. C’est
un amour intense et fidèle : un amour qui fait l’objet d’une alliance.
L’analogie de l’union de l’époux et de l’épouse a cependant elle aussi ses limites, car
normalement l’époux est attiré par l’épouse en raison de telle ou telle de ses qualités ; or dans
le cas de l’Eglise, il est clair que le Christ ne nous choisit pas en raison de notre beauté ! c’est
même plutôt l’inverse ; c’est lui qui nous rend aimables dans la mesure où il nous aime. Son
amour d’époux est non seulement gratuit, mais miséricordieux, car notre lien avec le péché
nous a défigurés (Ephésiens 2, 4-7). C’est le Christ qui rend son épouse-Eglise « toute belle,
comme une épouse parée pour son époux » (Apocalypse 21,2).
« L’Eglise est un temple dont le Christ est la pierre angulaire »
Saint Paul utilise encore une autre image. Une analogie tirée de l’art : le christ est comme la
pierre angulaire d’un temple (Ephésiens 2,20). Le symbole de la pierre angulaire est très
ancien : la pierre, du fait de sa dureté et de sa solidité, a toujours été l’élément fondamental
de la construction. C’est pourquoi, très vite, elle a été un objet de vénération de la part des
hommes. Les hommes de l’age de pierre possédaient des pierre sacrées . Chez les grecs
aussi : la pierre sainte se trouvait au centre du temple de Delphes. Et quand les Romains
prêtaient serment, ils tenaient dans la mains une pierre (Jupiter lapis) qui représentait la
présence de Jupiter.
C’est en ce sens que l’Eglise a été définit par le Concile Vatican II comme Sacrement.
Ce n’est pas pure théorie intellectuelle. C’est une réalité d’ordre surnaturelle, dont l’action s’expérimente dans
le concret de la vie.
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La pierre angulaire, c’est la pierre cachée et enfouie, qui est pourtant le fondement de
l’édifice et donc sacrée . Sans cette pierre, non seulement l’édifice s’écroule, mais il perd son
sens sacré. Comparer Jésus à la pierre d’angle, c’est donc manifester combien les chrétiens
sont appuyés sur lui. Aucune pierre ne tient par elle-même ; toutes sont appuyées les unes
sur les autres et reposent sur la pierre d’angle ;
Cela veut dire d’abord que l’Eglise n’est pas comme un tas de pierre ! elle est une
construction ; l’œuvre d’un architecte. Et de même que l’architecte a un projet et qu’il choisit
bien ses pierres, de même peut-on dire que de toute éternité Dieu voulait l’Eglise et nous a
choisis.
Et de même , par ailleurs, qu’on doit travailler pour bâtir un temple, de même peut-on dire
que Dieu a construit son Eglise à partir du « Travail de la Croix ». De plus, l’architecte divin
n’ayant a priori commis aucune erreur, il appartient à chacun de découvrir la pierre qu’il
doit être et d’accepter d’être à la place où Dieu l’a placé pour être utile à l’Eglise.
Cela dit, il faut distinguer construction et habitation. C’est toujours un peu triste de voir de
très belles maisons inhabitées. Une maison est faite pour être habitée. Mais quelle joie, à
l’inverse, quand une maison est bien habitée, pleine de vie, d’enfants et de joie. Il faudrait
évidemment se demander si nos églises sont vraiment habitées.
Il y a aujourd’hui des anciennes églises transformées en discothèques, mais il y a aussi des
églises où l’on ne danse pas assez ! On s’y réunit encore, mais on pourrait se demander avec
Nietzsche si elles ne sont pas comme les monuments funéraires d’un Dieu mort. La maison
de Dieu n’est une maison de Dieu que si elle est construite à l’aide de pierres vivantes ; et
c’est dans la mesure où nous vivons du Christ par l’Esprit-Saint que nous sommes la maison
de Dieu : « C’est par lui (Jésus Christ) que vous entrez dans la construction de cet édifice, en
devenant la maison de Dieu par l’Esprit-Saint » (Ephésiens 2,22).
« Le Christ au milieu de l’Eglise »
Jésus avait dit : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieux d’eux »
(Matthieu 18,20) ; Ce que nous révèle Saint Paul, c’est que cet « être au milieu » du Christ doit
s’entendre au sens extrêmement fort ; Le Christ n’est pas au milieu de l’Eglise comme un
invité de marque, que l’on pourrait éventuellement oublier d’inviter, mais comme celui dont
tout dépend comme la tête par rapport au corps, l’époux par rapport à l’épouse, ou la pierre
angulaire par rapport au temple.
Conclusion
Les trois analogies utilisées par Saint Paul mettent en évidence trois aspects de notre union
au Christ :
 La première analogie est tirée de la vie biologique : elle montre que notre union au
Christ est vivante, vitale et substantielle. Elle veut dire que la vie du Christ est en
nous : nous ne sommes pas seulement maintenus en vie, mais habités par sa vie ; sa
vie coule en nous comme la sève dans les sarments de la vigne.
 La deuxième analogie est tirée de l’amour : notre union au Christ est une union
d’alliance, une union affective, libre et personnelle.
 La troisième analogie est tirée de l’art de la construction : notre union au Christ est
une union harmonieuse et solide, une union faite pour durer.
Frère Thomas JOACHIM
De la Communauté Saint Jean (Famille chrétienne N°1582)
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