Questionnaire 4e : un jésuite berrichon raconte la traite négrière

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Questionnaire 4ème : « Un jésuite berrichon raconte la traite négrière et
le système des plantations »
1) Problématique
En quoi la plantation coloniale à Saint-Domingue au XVIIIe siècle est-elle un système d'exploitation
fondé sur la traite négrière ?
2) Questionnaire
Introduction à lire : Le commerce des esclaves noirs (traite) est un phénomène ancien en Afrique
et dans le monde musulman. A partir du milieu du XVe siècle, la traite atlantique ou commerce
triangulaire est mise en place par les marchands européens d'esclaves (négriers) afin de satisfaire
les besoins de main d'œuvre des plantations (grandes exploitations tropicales spécialisées dans
une production agricole : sucre, café...). Grâce à leurs navires, les marchands européens vont en
Afrique acheter des esclaves qu'ils vendent ensuite en Amérique – notamment dans l'île de SaintDomingue - afin d'acheter des produits tropicaux. Ces produits sont ensuite rapportés et vendus
fort cher en Europe. La traite des noirs ou traite négrière atteint son maximum au XVIIIe siècle,
avec plus de 6 millions d'esclaves déportés d'Afrique vers l'Amérique.
En 1732, le jésuite berrichon, le Père Bréban (1695-1735), en mission à Saint-Domingue
(aujourd'hui Haïti), adresse une longue lettre à son frère. Dans cette lettre, il décrit les différentes
étapes de la traite des noirs et le système des plantations. Chaque thème de travail comporte un
extrait de la lettre écrite par Claude Bréban de la ville de Cap français, à Saint-Domingue, où il
habite, ainsi que différents documents. L'ordre des Jésuites est un ordre religieux qui défend la
religion catholique par l'enseignement et les missions dans des pays lointains.
Document A : carte des traites négrières au XVIIIe siècle
1) Lis l'introduction et observe la carte. Pourquoi la traite atlantique est-elle nommée « commerce
triangulaire » ? A quel siècle ce commerce atteint-il son maximum ?.................................................
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Document B : carte de l'île de Saint-Domingue au XVIIIe siècle
2) Sur le document A, repère la région des Antilles et l'île de Cuba, dont le port principal est La
Havane. Sur le document B, repère Saint-Domingue (aujourd'hui Haïti). Qui possède SaintDomingue au XVIIIe siècle ? Cite deux autres possessions françaises dans la mer des Caraïbes. :
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Thème 1 : L’achat ou la capture des noirs en Afrique
Informations : au XVIIIe siècle, la côte de Guinée est une vaste côte d'Afrique de l'ouest, dont l'un
des principaux ports est Ouidah (voir document A) et où l'on pratique la traite négrière. Elle
comporte la côte de Juda, où la France possède un comptoir (entrepôt de marchandises).
Document 1 : l'achat des noirs en Guinée, extrait de la lettre du Père Bréban, SaintDomingue, Cap français, 19 janvier 1732
« La moitié de nos nègres est originaire de la Guinée, qui renferme des pays immenses, la côte
principale est Juda, où les Français ont un comptoir. La Guinée est partagée en plusieurs petits
États dont les rois se font continuellement la guerre. Tout ce qu'ils cherchent dans leurs
expéditions militaires c'est de faire des esclaves pour les vendre aux navires européens. S'ils n'ont
pas de prisonniers de guerre, ils vendent leurs propres sujets et même leurs propres femmes
lorsqu'ils en sont dégoûtés ou mécontents.»
1) Qui achètent les esclaves sur la côte de Juda ? ….............................................................................
2) Qui leur vend des esclaves ? Quels types d'esclaves sont vendus ? …..............................................
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Document 2 : l'achat d'esclaves en Afrique (d'après J. Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique, 1972)
« Au XVIIIe siècle, le négrier apporte en Afrique barres de fer, bijoux sans valeur, fusils, tissus,
alcool, mais pas d'or ou d'argent ... Contre ces produits de mauvaise qualité, il demandera des
esclaves. Les esclaves sont stockés sur la côte. Ce n'est qu'après un examen minutieux du corps des
esclaves, que les pièces seront vendues. Les meilleures sont appelées « les pièces d'Inde » : ce sont
des noirs de 15 à 25 ans sans défauts. Aussitôt achetés, les noirs sont marqués au fer rouge aux
initiales du propriétaire puis embarqués. »
3) Quels sont les produits échangés par les négriers ? Pourquoi le commerce des esclaves
rapporte-t-il beaucoup d'argent aux négriers ? ….................................................................................
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4) Pourquoi les esclaves noirs sont-ils marqués au fer rouge ? ….....................................................
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Document 3 : un négrier achète des esclaves à un chef de Guinée, 1820
5) Décris cette image: …........................................................................................................................
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Thème 2 : La traversée de l'Atlantique
Document 4 : la traversée de l'Atlantique, extrait de la lettre du Père Bréban,SaintDomingue, Cap français, 19 janvier 1732
« Il est temps que nous quittions la Guinée pour suivre ces pauvres nègres que l'on arrache avec
violence au sein de leur pays et aux bras de leur famille pour les mener en esclavage. Voilà un
navire qui a fait sa traite en Guinée, et qui chargé de chair humaine, fonce vers les côtes de
l'Amérique pour les vendre. Il faut bien de l'adresse et de la prudence au capitaine pour contrôler
ces esclaves. Figurez-vous quatre ou cinq cents sauvages conduits par quarante ou cinquante
marins d'équipage, et tous persuadés qu'on les mène à la boucherie, car ils ont cette idée
profondément gravée dans l'esprit qu'on ne les achète que pour les manger. On a toutes les peines
du monde à les rassurer. Si on ne les surveille pas jour et nuit, il est à craindre qu'ils se précipitent
dans la mer ou qu'ils se révoltent. L'un arrive assez souvent et l'autre arrive parfois. »
6) Décrivez le trajet du navire négrier.................................................................................................
7) De quoi les esclaves noirs ont-ils peur ? Que craignent les capitaines des navires négriers ?
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Document 5 : les conditions de transport des esclaves vers l'Amérique (d'après J. Ki-Zerbo,
Histoire de l'Afrique, 1972)
« Rasés et nus, couchés corps à corps, ils sont serrés et subissent les vomissements et les
déjections. Comme la traversée dure deux mois, on imagine la mortalité due aux épidémies ! Avant
l'arrivée, les malades sont jetés à la mer. Les autres esclaves sont gavés et drogués pour être
présentés en forme. Puis nouvelle vente ; et quand un esclave est acheté par un maître de SaintDomingue, du Brésil ou d'Amérique du Nord, son calvaire n'est pas terminé. »
8) Relevez tous les éléments qui indiquent la dureté du traitement des esclaves pendant le voyage
maritime et à leur arrivée: ...................................................................................................................
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Document 6 : les suicides et les révoltes d'esclaves à bord des navires, extrait de la lettre
du Père Bréban, Saint- Domingue, Cap français, 19 janvier 1732
« Pour éviter que les nègres ne se jettent à la mer ou ne se révoltent, le capitaine du navire fait
attacher le cadavre d'un esclave au mat du navire et le laisse plonger dans la mer. Les requins,
attirés par la vue et l'odeur du gibier, s'élancent hors de l'eau pour gober le cadavre. Les nègres
effrayés n'ont plus l'envie de se jeter à l'eau. (…) Il y a quelques années, les nègres se sont révoltés,
ont égorgé tous les blancs d'un navire, se sont rendus maîtres du vaisseau, mais comme ils ne
savaient pas le diriger, ils ont dérivé longtemps, au gré des vents et des flots. Faute de nourriture
et d'eau, ils sont tous morts. Un navire anglais a trouvé le bâtiment rempli de cadavres infectés. »
9) Pourquoi les esclaves ont-ils du mal à prendre la fuite ou se révolter ? .........................................
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Thème 3 : La vente des esclaves à Saint-Domingue
Document 7 : la vente des esclaves à Cap Français, extrait de la lettre du Père Bréban,
Saint- Domingue, Cap français, 19 janvier 1732
« Entrons au Cap français avec les nègres que nous avons tirés de Guinée. Le navire négrier n'est
pas arrivé au port qu'aussitôt le médecin du roi et le chirurgien-chef vont en faire la visite pour voir
si les nègres n'ont pas de maladies contagieuses. (…) Après qu'on a bien lavé et frotté les nègres,
comme des chevaux qu'on va exposer au marché, on ouvre la vente par une décharge de canon.
Les habitants prennent leurs chaloupes et montent sur le navire pour acheter ce qu'ils ont besoin
de nègres. (…) Communément, les beaux nègres se vendent chers, les négresses valent toujours
moins, le prix des enfants est estimé en fonction de leur âge et de leur force. »
10) A quels animaux les esclaves sont-ils comparés ? Pourquoi ? ….....................................................
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Document 8 : plan du Cap français à Saint-Domingue en 1764
11) Repère sur le plan les bâtiments tenu par les Jésuites, où vit le Père Bréban. Quels sont les
bâtiments qui font du Cap français une ville française ? …...................................................................
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Document 9a : extraits du Code noir, 1685, modifié en 1724
« Article 6. Défendons à tous nos sujets blancs de contracter mariage avec les Noirs, sous peine de
punition et d'amende, ou de vivre en concubinage avec les esclaves.
Article 12. Les enfants, qui naîtront des mariages entre les esclaves, seront esclaves.
Article 44. Déclarons les esclaves être biens meubles (biens que l'on peut acheter ou vendre) »
12) Expliquez l'article 44 : ….........................................................................................................
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13) Montrez que l'article 6 du Code noir est un article raciste : …........................................................
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Document 9b : l'application du Code noir à Saint-Domingue, extrait de la lettre du Père
Bréban, Saint- Domingue, Cap français, 19 janvier 1732
« Pour prévenir tout accident, on a établi des lois extrêmement sévères contre les nègres, il ne leur
est pas permis de lever la main sur un blanc. Toute défense même légitime leur est interdite.
Malheur à celui qui entreprend de se faire justice lui-même. Il est pendu sans pitié. (…) Les Blancs,
plus brutaux souvent que les nègres, en profitent sans cesse et font mille humiliations aux esclaves
qu'ils rencontrent dans les chemins, mais c'est un malheur qui est peu important, vu la nécessité
de la loi dans notre pays, car sans elle il n'y aurait aucune sécurité pour la vie des habitants de
Saint-Domingue.»
14) Pourquoi les esclaves ne peuvent-ils se défendre face aux propriétaires blancs ? …......................
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15) Le Père Bréban est-il favorable ou opposé au Code noir ? Justifiez votre réponse.........................
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Thème 4 : Les plantations coloniales à Saint-Domingue au XVIIIe siècle
Document 10 : une plantation modèle aux Antilles, gravure coloriée extraite de
l'Encyclopédie dirigée par Diderot et d'Alembert, 1751-1772
Note: Une étuve est un petit four pour faire sécher le sucre. La purgerie est le lieu où on le raffine.
16) Quels bâtiments composent une plantation de canne à sucre ? ….................................................
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Document 11 : une description des plantations et de la vie quotidienne des esclaves à
Saint-Domingue, extrait de la lettre du Père Bréban, Saint- Domingue, Cap
français, 19 janvier 1732
« (...) Vous seriez étonné de voir nos habitations, c'est ainsi que nous appelons les maisons de
campagne de la colonie. Une plantation ressemble à un bourg de France. Vous comptez jusqu'à
cent cases avec leurs rues parfaitement droites. Les cases sont de la même hauteur, de la même
figure, et à égale distance les unes des autres. La maison du maître est toujours séparée des cases
nègres, et située au-dessus du vent.»
17) Pourquoi les cases des esclaves et la maison du maître sont-ils séparés ? ….................................
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Document 12 : la plantation idéale, d'après l'Atlas des esclavages, M. Dorigny et
B.Gainot, page 35, 2006
18) Comment est organisée une plantation ? ….....................................................................................
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Thème 5 : Le travail forcé des esclaves dans les plantations
Document 13 : le travail des esclaves dans une sucrerie, extrait de la lettre du Père
Bréban, Saint-Domingue, Cap français, 19 janvier 1732
« Dans une plantation, il existe trois types d'activités: certains esclaves sont occupés aux emplois
domestiques de la maison du maître, les autres travaillent à la culture des terres ou dans la
sucrerie. Il faut pour cela, comme vous voyez, un grand nombre d'esclaves, aussi les propriétaires
des sucreries en ont-ils une à plusieurs centaines. La journée d'un nègre commence tôt dans une
plantation. Une demi-heure avant le jour, vers cinq heures du matin, les nègres vont travailler à la
plantation et y restent jusqu'à midi. (…) Les nègres vont alors à leurs cases où ils n'ont que deux
heures de repos. Puis, ils retournent à leur travail et y restent jusqu'à la tombée de la nuit, soit
environ dix-huit heures par jour. Dans les champs de canne à sucre, les nègres ont derrière eux un
nègre commandeur armé d'un grand fouet pour les tenir actifs dans leur travail. (…) Les filles et les
femmes travaillent avec les hommes et chantent presque toujours en travaillant. Ils battent la
mesure avec leurs houes, qu'ils élèvent et laissent tomber à terre en cadence. Les sucreries qui
fonctionnent jour et nuit demandent des travaux particuliers. Il y a des nègres qui ne travaillent
pas dans les champs mais dans la sucrerie: ils fouettent les chevaux au moulin pour les faire
avancer, fournissent les paquets de canne à sucre qui sont écrasés par le moulin pour en tirer le jus
dont elles sont pleines, font chauffer les fourneaux, s'occupent des chaudières. »
19) Quels sont les trois types d'activités des esclaves dans une plantation ?.......................................
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20) Quelle est la durée de la journée de travail des esclaves ? …........…...............................................
21) A quoi sert le nègre commandeur ? …............................................................................................
22) Avec quels outils les esclaves travaillent-ils dans les champs de canne à sucre ? Pourquoi
chantent-ils ? …............................................................................................................…......................
Document 14 : esclaves dans une plantation de canne à sucre à Antigua, colonie anglaise
des Antilles, dessin de William Clark, début du XIXe siècle
23) A l'aide des documents 13 et 14, montrez la dureté du travail dans une plantation de canne à
sucre: ….................................................................................................................................................
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Thème 6 : « Nègres » punis, « nègres » en fuite, « nègres » en révolte
Document 15a : la punition des esclaves, extraits de la lettre du Père Bréban, SaintDomingue, Cap français, 19 janvier 1732
« La manière la plus courante de châtier le nègre c'est le fouet.(...) Ils le font coucher nu, le ventre
à terre, et lui attachent les mains et les pieds à quatre piquets. Le nègre commandeur allonge à
tour de bras des coups de fouet. Dès la première touche souvent il enlève la peau, le fouet entre
dans les chairs, et fait couler du sang en abondance. Il n'est pas nécessaire qu'un nègre ait commis
de grands crimes pour subir un tel châtiment. (…) Il est des habitants qui font donner cent, deux
cents, trois et même quatre cents coups de fouet à leurs esclaves. Jugez des cris et des hurlements
horribles que poussent ces misérables au milieu de leur supplice. »
Document 15b : le châtiment des quatre piquets dans les colonies, tableau de Marcel
Verdier, 1849
24) Documents 15a et 15b: Quelle est la manière la plus courante de punir les esclaves ? Qu'est-ce
que le châtiment des quatre piquets ? …..............................................................................................
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Document 16 : les nègres marrons, extraits de la lettre du Père Bréban, Saint- Domingue,
Cap français, 19 janvier 1732
« Quand un nègre se sent coupable, pour éviter le fouet, il prend souvent la fuite et va se cacher
dans les bois, cela s'appelle aller en marronnage ou devenir un nègre marron. Les nègres fugitifs
s'attroupent quelque fois comme une bande de voleurs, et vont pendant la nuit piller les
habitations voisines. On leur donne la chasse comme à des bandits. S'ils se défendent contre ceux
qui les poursuivent à main armée, et qu'ils soient pris, ils sont pendus.»
25) Qu'est-ce qu'un nègre marron ? Que risque-t-il ? ….......................................................................
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26) Le Père Bréban est-il favorable ou non aux nègres marrons ? Justifiez votre réponse. …..............
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Document 17 : carte représentant les révoltes des esclaves dans les Antilles, 1789-1802
Note à lire : A partir de 1789, les idées de la Révolution française offrent de nouveaux espoirs, y
compris aux esclaves qui rêvent de liberté. Vers 1789, Saint-Domingue compte 510 000 individus
dont 30 000 « blancs », 30 000 affranchis (esclaves devenus libres) et 450 000 esclaves. Le 22 août
1791, les esclaves du nord de Saint-Domingue se soulèvent massivement, sous la conduite de
Toussaint, prennent possession de l'île et proclament l'abolition de l'esclavage. Les anciens
propriétaires de plantations fuient l'île. En 1802, Bonaparte rétablit l'esclavage et provoque la
révolte générale des « nègres » à Saint-Domingue contre les troupes françaises. Après la
capitulation des soldats français, l'indépendance de l'île est proclamée le 1er janvier 1804 : celle-ci
prend alors le nom d'Haïti. L'esclavage est définitivement aboli en France en 1848.
27) Quelle population est la plus nombreuse à Saint-Domingue en 1789 ? Quel événement se
produit le 22 août 1791 ? …..................................................................................................................
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28) Comment cela peut-il s'expliquer ? ….............................................................................................
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29) A quelle date, l'esclavage est-il définitivement aboli ? ….............................................................. .
Alain GARDANT, professeur chargé de mission auprès du service éducatif des
Archives départementales du Cher
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