7 - doc-developpement

publicité
7.
Notions de Santé Publique
pour l’Assistance
Humanitaire
1. GÉNÉRALITÉS
Les problèmes de santé les plus fréquents dans les PVD, contrairement à ce
que l’on pourrait penser ne sont pas des maladies tropicales mais :





Le paludisme
Les affections respiratoires
Les maladies infantiles
Les maladies diahréiques
Le SIDA
La plupart de ces pathologies sont des problèmes que l’Europe a connus
lorsqu’elle se trouvait à un niveau de développement moins avancé. En effet,
les causes de la plupart de ces maladies sont liée à la pauvreté et en
comparant les statistiques des pays, on peut constater un lien entre
PNB/habitant et espérance de vie. Celle-ci rend les populations plus
vulnérables, que ce soit en raison d’une alimentation insuffisament riche et
équilibrée ou du non accès à des structures de soin adéquates. Il est donc
logique que ce soient les populations les plus vulnérables, c’est-à-dire les
femmes et les enfants, qui paient le tribut le plus lourd à ces maladies.
Santé maternelle et infantile : un enjeu capital
Dans les PVD, une femme en âge de reproduction (entre 15 et 45 ans) a en
moyenne 5,5 enfants nés vivants (donc sans compter les fausses couches et
les enfants mort-nés). Les enfants venant souvent à la suite, on peut
s’imaginer la charge que peuvent représenter 6 maternités en 8-9 ans, qui
plus est lorsque la mère n’a pas eu le bagage nutritionnel adapté pour y faire
face. En fait, dès que l’intervalle des naissances est inférieur à deux ans ou si
la mère est âgée de moins de 18 ans ou de plus de 35, les risques pour
l’enfant augmentent.
Dans certaines sociétés, il y a en plus souvent une discrimination sexuelle à
la naissance contre les femmes étant donné qu’on accorde davantage de
valeur aux hommes. Il en résulte que l’espérance de vie à la naissance
change entre hommes et femmes.
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 1/21
Les raisons pour lesquelles il y a toujours une forte natalité dans les PVD tient
à plusieurs points, notamment :



Les enfants sont considérés comme une marque de richesse et une
assurance vie.
Les parents « savent » que la moitié de leurs enfants n’atteindra pas l’âge
adulte.
Il y a des facteurs religieux qui découragent la contraception (notamment
chez les catholiques)
Dès lors, sans contrainte (comme en Chine) ou mesures de soutien (vaccin,
soins de santé), les programmes de planning familial sont des échecs. Si on
demande aux femmes de faire moins d’enfants, il faut donner les moyens
pour que ceux-ci vivent.
STRATÉGIES DE SANTÉ PUBLIQUE
Les ressources médicales étant beaucoup plus limitées qu’en Europe, les
stratégies de santé publique dans les PVD doivent souvent faire des choix
drastiques dans les priorités. On en est réduit à faire une analyse
coût/bénéfice des interventions envisagées pour choisir celles qui toucheront
le plus de monde avec le meilleur effet. Il s’agit donc de trouver des solutions
efficientes (atteignant le but au meilleur coût) et non seulement efficaces
(atteindre le but).
Tout programme de santé devrait être intégré au processus de
développement et coordonné avec la politique nationale afin de ne pas se
contenter de débaucher le personnel local pour repartir 1 an après en laissant
tout en plan.
La médecine traditionnelle
Pour l’OMS, la santé est un état de complet bien-être physique, mental et
social et ne consiste pas uniquement en l’absence de maladies ou d’infirmité.
Ainsi, contrairement à la mentalité occidentale où l’on dissocie souvent corps
et âme, on s’occupe des deux avec la médecine traditionnelle. C’est à travers
l’expérience de la vie qu’on devient guérisseur, c’est-à-dire « clairvoyant ».
Par exemple, en Afrique, on ne s’intéresse pas tant à savoir de quoi on
souffre mais pourquoi. On recherche l’origine sociale de la maladie (la tante
Julie qui émet des ondes négatives) avant de traiter la maladie elle-même. On
distingue ainsi entre la maladie « de Dieu », autrement dit les maladies
naturelles et les maladies « humaines » qui elles découlent d’une malveillance
humaine, par exemple un mauvais sort. Là-bas, le « maganga » (guérisseur)
est à la fois agronome, assistant social, psychothérapeute et guérisseur.
Lorsqu’on veut mettre en place un système de santé publique ou de soins de
santé primaire, il ne faudrait pas rejeter les guérisseurs et autres praticiens de
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 2/21
la médecine traditionnelle. Au contraire, il faudrait essayer de les intégrer pour
combiner connaissance de la culture, remèdes traditionnels et efficacité des
techniques occidentales. Ces personnes ont par ailleurs, elles, déjà une
crédibilité auprès de la population.
Les Soins de Santé Primaires
La Conférence d’Alma Ata de 1975 a mis en avant l’approche des Soins de
Santé Primaires (SSP). Les Soins de Santé Primaires sont une approche
multicausale des problèmes de santé qui considère qu’il est plus efficace de
fournir des soins de santé intégrés, globaux et continus de manière locale
plutôt que de conduire de grandes campagnes d’éradication ou de vaccination
coûteuses et pas toujours efficaces. Les programmes verticaux ne sont
souvent pas parvenus à éradiquer leur maladie « cible ». De plus, ils n’ont pas
répondu aux autres besoins de santé de la population.
De son côté, l’approche des SSP reconnaît que la santé n’est pas toujours la
préoccupation principale des populations. Les SSP veulent non seulement
mettre à disposition de tous certains médicaments de base mais aussi
promouvoir l’éducation maternelle, l’éducation à la santé, l’hygiène, l’accès à
l’eau potable, la nutrition et le planning familial.
On vise donc aussi les condition de vie et l’environnement : si on vit dans un
endroit infesté de moustiques, avec 10 enfants par famille, une nourriture
insuffisante et de l’eau non-potable, on aura beau avoir tous les vaccins du
monde, on est parti pour avoir des problèmes de santé publique assez
conséquents.
Cette approche est en opposition avec le modèle occidental basé sur l’hôpital,
la ville, les activités curatives et coûteuses, mais il est plus adapté à la
situation de certaines zones des PVD. C’est une réponse globale qui vise à
une équité de l’accès aux soins, cherche à responsabiliser les individus et les
communautés par la participation en utilisant aussi les guérisseurs
traditionnels comme vecteurs de cette action.
Du côté de l’UNICEF, on désire mettre plus particulièrement l’accent sur trois
mesures de prévention :



La vaccination
L’eau et la sanitation
Le planning familial
Ceci en raison du constat suivant : les principales causes de mortalité infantile
(80%) sont la rougeole et les diahrées (60% à eux deux) ainsi que les
infections respiratoires telles que la tuberculose. Or, pour la rougeole, il existe
un vaccin efficace et bon marché. Pour les diahrées, il manque la sanitation
mais le traitement par réhydrataton orale est simple et assez bon marché.
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 3/21
Ces maladies sont simples à prévenir et pourtant on n’arrive pas à les
éliminer. C’est la raison pour laquelle il faut privilégier les soins préventifs par
le biais de SSP décentralisés et l’éducation à la santé qui rentre dans la
mission des SSP1.
Où pourrait-on trouver l’argent pour ce programme ? Actuellement, les
structures hospitalières accaparent les trois quarts du budget de la santé alors
même que :








Leur couverture est incomplète
Elles encouragent une distribution inégale des soins puisque les villes sont
privilégiées
Elles visent une clientèle privilégiée et discriminent les pauvres
Leur offre de service est déséquilibrée par rapport aux besoins. Elles
offrent en effet proportionnellement trop de soins spécialisés et chers par
rapport aux besoins
Elles sont essentiellement axées sur les soins curatifs
Le personnel est souvent surqualifié par rapport aux moyens à sa
disposition
Ces structures coûtent cher
Elles sont inadaptées du point de vue culturel (elles ne sont par exemple
pas prévues pour accueillir les familles des patients)
Il serait donc plus efficace et équitable d’allouer une part plus importante du
budget de santé publique aux SSP. Par ailleurs, si on intervient dans
l’urgence, il est inutile de réhabiliter un hôpital si on sait qu’on n’aura à terme
pas les moyens pour le faire fonctionner. Il vaut alors mieux privilégier de
petites structures proches de la population.
Les médicaments
Il existe en général des listes de médicaments essentiels nationales
auxquelles on peut se référer. Mieux vaut éviter d’importer d’autres types de
médicaments qui risquent de créer dans le pays des besoins qui ne pourront
pas être satisfaits à long terme. Le mieux est d’utiliser les médicaments
génériques qui sont infiniment moins chers et dont le nom est standardisé en
fonction de la structure moléculaire ce qui simplifie la classification et évite de
se rendre dépendant de marques.
Accepter des médicaments donnés n’est pas forcément une bonne opération.
Même si on ne les paye pas, les coûts induits par leur tri, les différentes
marques existant pour soigner la même maladie, la vérification de la date de
péremption, le fait qu’il s’agit de petits emballages difficiles à conditionner font
qu’il vaut souvent mieux acheter en grosses quantités des médicaments à bas
prix mais certifiés chez des grossistes spécialisés pour ce type d’action.
1
Il y a trois niveaux de couverture : le centre de soins de santé primaires qui couvre entre
500 et 3000 personnes, le dispensaire (5-10’000 personnes) et l’hôpital (100-200’000
personnes).
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 4/21
Il existe des kits d’urgence avec les médicaments et l’équipement nécessaires
pour p.ex. 10’000 personnes pendant 3 mois. Ces kits sont composés en
fonction d'’bservations épidémiologiques dans des situations comparables.
Toutefois, avant de commander des médicaments, il faut s’assurer qu’on a la
place pour le stocker, qu’on est à même de garantir la chaîne du froid de
manière fiable car sans cela, les médicaments se détériorent très rapidement.
Au mieux, cela les rend inefficace, au pire, ils peuvent devenir dangereux
pour le patient ou, en étant à moitié efficace, favoriser le développement de
souches microbiennes résistantes. Pour ce qui est des vaccinations, il faut
savoir qu’en cas d’urgence, seule celle pour la rougeole est vraiment efficace.
Attention pour les traitements contre la tuberculose. Ceux-ci ne doivent être
commencés que si l’on sait que l’on va rester suffisament longtemps pour le
superviser jusqu’au bout et que l’on est sûr qu’il y aura suffisament de
médicaments. Il faut également être sûr que les patients ne bougeront pas et
qu’ils pourront donc être suivis pendant toute la durée nécessaire.
La politique de santé publique vue par la Banque Mondiale
L’interventionnisme de la Banque Mondiale et surtout du FMI datent des
années 1970-80. Les chocs pétroliers de 73 et 79 avaient provoqué un afflux
de pétrodollars qui furent placés de manière improductive dans les PVD,
conduisant ainsi à la crise de la dette déclenchée en 1981 par le Mexique. Par
la suite, le FMI arrive avec son plan de redressement et oriente l’économie
vers l’exportation pour ramener des devises et rembourser la dette tout en
réduisant les services de l’Etat. FMI et Banque Mondiale font pression par le
biais du crédit à court terme qui est l’instrument le plus vital pour un pays. La
Banque Mondiale prend ainsi un rôle de plus en plus important dans la
gestion des projets, ce d’autant plus que l’aide publique est en diminution.
Ainsi, en 1993, la Banque Mondiale tape sur la table et propose une série de
réformes, sur la base du diagnostic suivant : le gouvernement essaie de
prendre en charge tous les frais de santé. Il en résulte une mauvaise
allocation des ressources, une faible productivité et une distribution inégale.
Sur la base de la théorie des biens publiques, la Banque Mondiale affirme que
si le système d’assurance (bien public) n’est pas imposé, il ne sera pas créé.
Le système d’assurance doit notamment aider à contrebalancer deux biais.
Tout d’abord, le fait qu’une partie de la demande est induite par l’offre
(prescription de médicaments par le médecin sans que le patient puisse juger
du bien fondé de l’ordonnance). Ensuite le fait que le patient est prêt à payer
un prix surfait en situation d’urgence. Le patient se retrouve à ce moment en
position d’infériorité vis-à-vis du médecin. Le poids d’une assurance et la
standardisation du coût des prestations devrait faire office de régulateur.
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 5/21
La Banque Mondiale propose la chose suivante :
Bien privé
(soins curatifs)
Bien public (assainissement)
Externalités
(Vaccins)
SERVICES PUBLICS DE SANTE
 Paiement direct
 Sécurité sociale
 Privatisation
 Décentralisation
Production directe
Subventionnement
Au lieu que l’Etat ne prenne tout en charge, il devrait se concentrer sur la
création de biens publics (assainissement, eau et sanitation, hygiène,
enlèvement des déchêts), bref, la production de ces biens qui profitent à tous
mais que personne n’est prêt à payer soi-même entièrement. Ensuite, les
mesures préventives comme les vaccins qui par leurs « externalités »
(diminution des frais médicaux grâce à l’effet protecteur du vaccin) diminuent
la facture de la santé devraient être subventionnées. Finalement, les soins
curatifs devraient être financés par un mélange de paiement direct, de
sécurité sociale et d’assurance privée.
Le paiement des soins curatifs par les usagers en fonction du revenu, même
si la totalité des frais ne sont pas couverts, c’est l’initiative de Bamako.
Celle-ci vise à vendre les médicaments avec un petit bénéfice pour pouvoir
établir un fonds rotatoire de médicaments, couvrir les frais de fonctionnement
et verser une prime aux employés. Le but à long terme est de refléter au
mieux le prix de la prestation tout en protégeant les plus pauvres et en
établissant un système d’assurances. Cette approche devrait permettre de
réorienter les ressources vers des activités plus efficaces et adaptées aux
besoins de la population.
L’assurance maladie, elle, devrait permettre de soulager le budget de l’Etat.
Elle peut être gérée par l’Etat ou par une société privée mais doit commencer
par ponctionner les salariés du secteur formel. Le problème est qu’ils ne
représentent souvent que quelques pourcents des travailleurs. Comment
étendre alors la couverture ? On peut soit augmenter le prix des soins pour
inciter les gens à s’assurer ou rendre l’assurance obligatoire partout où cela
est possible. Le problème est que si elle n’est pas obligatoire, ce sont d’abord
les personnes à risque qui vont vouloir s’assurer de manière volontaire et on
va rassembler les « mauvais » risques. Par ailleurs, pour éviter la
surconsommation et la surprescription de médicaments, il faut absolument
un contrôle des prestations et une maîtrise des coûts, par un système de
franchise et une compétition entre les assureurs, tout en tenant compte des
plus pauvres. Si on est réaliste, il faut toutefois reconnaître qu’un tel système
n’est à la portée que des Etats ayant atteint un certain niveau de
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 6/21
développement économique. En deça, ce sont encore les systèmes d’entraide
traditionnels communautaires qui sont les plus appropriés.
On peut également avoir recours aux ressources non-gouvernementales,
en travaillant avec les ONG, les missions, pharmaciens privés et la médecine
traditionnelle. L’Etat doit toutefois garder son rôle régulateur et non se
décharger de ses devoirs sur des acteurs privés.
La décentralisation (Système de Soins de Santé Primaires) devrait
permettre de faire baisser les coûts administratifs et de responsabiliser le
personnel local. Elle doit aussi aider à faire mieux correspondre les soins aux
besoins locaux. Par ailleurs, elle permet de retenir les recettes du paiement
des soins le plus près possible de l’endroit où ils sont donnés.
Concernant le paiement des soins, recouvrir les frais par une surfacturation
des médicaments ne fonctionnera que s’il n’y a pas de pharmaciens privés
susceptibles de les vendre moins cher. Il faudrait que la demande de soins
soit inélastique par rapport au prix indépendamment du revenu. Le paiement
décentralisé suppose des capacités de gestion qui ne sont pas toujours
présentes. Par ailleurs, pour que le paiement des soins soit accepté, il faut
que leur qualité augmente par rapport au moment où ils étaient gratuits.
LES METHODES
La médecine de catastrophe
Lors de catastrophes dans les PVD, l’aide humanitaire internationale arrive
quasi toujours trop tard. En effet, même si la réaction est immédiate, la phase
d’urgence pure ne dure souvent pas plus de deux semaines. Par ailleurs, lors
de catastrophes comme les tremblements de terre, la majorité des personnes
ensevelies sont sauvées dans les 4-8 heures qui suivent la catastrophe.
Après cela, seules quelques unes survivent. De ce fait, l’efficacité dépend
surtout des structures locales.
De quoi dépend la notion de catastrophe ?



Du nombre de victimes
Du fait que la capacité de réponse de la communauté locale est dépassée
D’un déséquilibre entre les besoins immédiats et les moyens de secours
disponibles
La perception de l’événement est également variable :
Importance=
Nombre de victimes
Distance x temps
Ch. 7 Santé publique et A.H.
Implication= Emotion
Distance
http://come.to/know-how
page 7/21
On sera ainsi plus sensible à une catastrophe qui se passe près de chez
nous.
Principes de médecine de catastrophe :
Ceux-ci changent par rapport aux principes généraux qu’apprennent les
médecins. Ainsi, au lieu de viser à l’efficacité maximale pour un patient, on
procède d’abord à un triage pour privilégier la survie du plus grand nombre.
De même, le choix du médecin n’existe plus. Enfin, le secret médical non plus
n’est pas garanti.
Autour de la médecine de catastrophe gravitent 5 grandes disciplines :





Le sauvetage qui consiste à retirer du danger et qui est en général la
tâche des pompiers
Les secours et soins sanitaires, qu’il soient ambulanciers ou hospitaliers
ainsi que l’alimentation et l’abri des blessés
La sécurité des conditions de travail des sauveteurs
Les communications, principalement la téléphonie et les transports
L’information pour les familles des proches et les médias
Dans la médecine de catastrophe, le mot-clé est le triage. Une fois l’épicentre
de la catastrophe repéré, on établit des Postes Médicaux Avancés (PMA)
qui ne soient ni trop loin de l’épicentre pour des questions pratiques et ni trop
près pour des raisons de sécurité. On utilise si possible une structure
existante bien équipée (eau et électricité) et proche des moyens de
communication. Les PMA étant avant tout destinés au triage, toutes les
victimes doivent y passer pour évaluer les blessures et les orienter vers le bon
endroit et dans le bon ordre.
D’abord, on y catégorise, ensuite, on fournit les soins minimaux pour sauver
de la mort. Puis on prévient les complications et on prépare l’évacuation.
Sas « in »
Etiquettage
Mise en condition
Urgence absolue
30%
1er triage
emballage
Mise en condition
Urgence relative
70%
Ch. 7 Santé publique et A.H.
Exemple
De PMA
Sas « out »
Expédition
http://come.to/know-how
page 8/21
Lors du deuxième triage, on distingue environ les proportions suivantes :
5%
25%
30%
40%
Risque vital immédiat
Risque vital ou d’organe fonctionnel
Lésions à traiter en différé
Lésions pathologiques légères (à prendre en compte à cause des
PTSD) et urgences dépassées.
Cette manière de coder l’urgence se retrouve dans la fiche de triage. Celle-ci
doit être simple, polyglotte, solide, numérotée, pouvoir être fixée sur le patient
avec des indications sur son état (sexe, bilan des lésions, bilan psychologique
et classification de l’urgence), le but étant d’avoir une traçabilité. Par ailleurs,
le triage est un processus continu qui doit être continuellement réactualisé.
C’est pour cela qu’il doit être effectué par un médecin très expérimenté.
Les Noria sont un système de navettes visant à faire transiter les victimes
entre le site de la catastrophe et les PMA (petite Noria) et entre les PMA et les
structures de soins fixes (grande Noria).
Le plan MASH (Mise en Alerte des Services Hospitaliers consiste en la
reprogrammation du fonctionnement des hôpitaux en mettant de côté ce qui
n’est pas urgent et en établissant un sas « in » de tri.
Dans la phase aïgue de la crise, il y a plusieurs pièges à éviter :






La non-reconnaissance des besoins adéquats
Minimisation de la catastrophe et alerte non-adéquate
Pas d’intégration des secours (problèmes de coordination)
Pas de triage (mauvaise répartition entre les structures de soins)
Pas de communication
Pas de planification
Organisation médicale de l’aide humanitaire
Personnel médical expatrié
Dans beaucoup de pays, il y a suffisament de personnel médical qualifié. Il
vaut mieux envoyer peu de personnel mais spécialisé. Plus précisément des
personnes capables d’identifier les problèmes et les priorités de santé
publique. Elles doivent par ailleurs être capables de former le personnel local
et être de bons communicateurs. Il faut également savoir qu’un médecin peut
traiter environ 40 patients par jour, une infirmière 50 et un chirurgien assisté
de 2 infirmiers 3 à 5. Donc, dans les situations d’urgence, un chirurgien n’est
pas le meilleur investissement sauf si on se concentre sur certains types
d’actions (amputations,…).
Soins hospitaliers
Mieux vaut utiliser une structure médicale existante en la réhabilitant pour
qu’elle reste et en s’assurant qu’elle pourra continuer à fonctionner après son
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 9/21
départ. Mieux vaut éviter de débaucher le personnel médical local. Avant
d’installer un tel établissement, il faudrait :






Se mettre d’accord avec les autorités locales
Se coordonner avec les autres ONG présentes
S’assurer de conditions de sécurité satisfaisantes
Assurer l’approvisionnement en eau potable
Avoir des installations sanitaires suffisantes
Avoir un endroit sûr pour le stockage
Dans le même temps, il faut déjà commencer à planifier les soins afin de
pouvoir utiliser les ressources au mieux, les distribuer de manière équitable et
s’organiser de manière efficace. Planifier signifie identifier les problèmes et
les besoins les plus pertinents, définir les buts et attribuer des moyens en
conséquence.
1. Première évaluation : état et besoins des victimes, état des services
médicaux, récolte des données épidémiologiques avant la catastrophe,
information sur les activités des autres agences humanitaires
2. Identification des problèmes médicaux
3. Définition des priorités
4. Définition d’une stratégie d’action
Les problèmes liés à la planification sont qu’il peut y avoir des changements
rapides de la situation et des besoins. Par ailleurs, on manque souvent de
données épidémiologiques, de moyens logistiques et de personnel qualifié.
Enfin, des problèmes politiques ou de sécurité peuvent limiter la liberté de
mouvements.
Concepts de base d’épidémiologie
L’épidémiologie est l’étude de l’occurrence et de la distribution des maladies
et autres données médicales au sein d’une population. Elle permet de
connaître l’état de santé d’une population ainsi que son évolution. On peut
ainsi mieux déterminer les priorités. L’épidémiologie peut aussi aider à
identifier les causes d’une maladie. Pour qu’elle soit efficace, il faut qu’elle
repose sur des définitions claires de ce qui est un cas. Par ailleurs, les
instruments de mesure devraient être mis en place au tout début et non
seulement au moment où l’on sent les problèmes arriver.
On peut conduire deux types d’enquêtes :


Descriptive : on ne connaît pas bien la maladie et on désire savoir qui elle
touche (âge, sexe, race,…)
Analytique : on désire en savoir plus ou tester une hypothèse. Dans ce
cas, en fonction du temps et des ressources disponibles, on conduira une
enquête plus ou moins systématique.
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 10/21
Les enquêtes ciblées devraient être conduites pour une raison précise et être
liées à la fourniture d’un service comme une vaccination. Autrement, les
populations seront réticentes à collaborer ou auront l’impression de l’avoir fait
inutilement. De même, une enquête mal planifiée donnera des résultats
inutilisables.
En épidémiologie, on utilise différents types de mesures





L’incidence : mesure de la force instantanée de l’occurrence d’une
maladie, le nombre de nouveaux cas sur une période donnée
L’incidence cumulée : la proportion de personnes passant du statut de
non-infecté à celui d’infecté pendant le temps t. Cela nous donne
l’indication du risque moyen.
La prévalence : la proportion de personnes sur la population totale ayant la
maladie au moment t.
La mesure de risque associé s’intéresse à l’incidence d’un facteur sur un
autre. Par exemple, l’influence qu’a l’usage des latrines sur l’incidence de
choléra.
Le risque relatif s’intéresse à la différence d’incidence ou de prévalence
entre deux groupes.
Eau et sanitation en situation d’urgence
Dans la hiérarchie des besoins, l’approvisionnement en eau potable est la
priorité absolue. Si on ne la leur fournit pas, les gens vont boire ce qui leur
tombe sous la main et risquer de contracter des maladies alors qu’ils sont
souvent déjà affaiblis.
Les besoins sont les suivants : minimum absolu (5-7 litres par personne pour
quelques jours), cible (20-25 litres p.j. p.p. pour boire, cuisiner et l’hygiène).
Dans le cas d’un centre de nutrition, il faut compter 30 l., 50 l. pour un centre
de santé et 200 l. pour un hôpital.
Au niveau des sources, il y a plusieurs possibilités mais qui ne sont pas
toujours disponibles. Chacune possède des avantages et des inconvénients.



Eau de surface (lac, rivière) : elle est facile d’accès et disponible en
grande quantité mais il y a un fort danger de contamination, il faut donc la
traiter.
Nappes phréatiques : plus c’est profond, mieux c’est. Il n’y a pas besoin de
traitement bactériologique et elles sont faciles à protéger. Par contre, la
quantité est limitée et il faut du temps pour y accéder.
Eau de pluie : Elle est assez propre et ne nécessite donc pas de
traitement. Par contre, les quantités sont instables.
Dans les deux premiers cas, il faut tout de suite protéger les sources des
possibles pollutions par les excréments humains. Pour ce qui est du choix de
la source, dans l’urgence, la quantité est plus importante que la qualité.
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 11/21
Traitement de l’eau
Le fait que l’eau soit trouble n’est en général pas dangereux pour la santé. Il
est toutefois préférable de la filtrer, ce qui rend son aspect plus engageant
pour ceux qui vont la boire. Pour vérifier l’absence de contamination faecale
(Escherichia coli), il faut faire une analyse bactériologique. Le résultat est
satisfaisant s’il y a moins de 10 coliformes fécaux pour 100 ml. A plus de 100,
il faut absolument traiter l’eau et également au dessus de 10 si on craint une
épidémie. Les analyses doivent être répétées régulièrement pour vérifier que
l’eau n’a pas été contaminée entre temps.
Si on détecte une contamination de l’eau, il faut en retracer l’origine de la
pollution et la supprimer. Pour ce qui est des excréments, il faut essayer de
les concentrer à un endroit qui soit au minmum à 30 mètres en aval de la
source pour éviter sa pollution. De plus, il faut éviter que les excréments
soient en contact avec des insectes. Ceux-ci pourraient véhiculer des
bactéries.
Les latrines devraient être proches de tous, respecter l’intimité ainsi que les
traditions et habitudes. Dans l’idéal, il faudrait avoir des toilettes familiales, ce
qui assure un meilleur entretien. Pour ce qui est des ordures, il faut organiser
un système de collecte et prévoir des containers métalliques avec un
couvercle pour éviter le contact avec les insectes. Enfin, les déchêts
médicaux devraient être brûlés.
Il y a différentes méthodes pour rendre l’eau potable :



Stockage et sédimentation : cette méthode prend du temps, demande de
la place et bien que purifiant l’eau, elle ne la désinfecte pas.
Filtrage à travers une couche perméable telle que sable ou membrane :
cette méthode retient la plupart des oeufs, virus et bactéries mais elle
demande du temps et est rarement faisable en début d’opération.
Désinfection par chlorine : ce désinfectant est efficace, rapide (la réaction
chimique prend une heure), puissant et non toxique. Toutefois, il n’est pas
efficaces contre les organismes pathogènes (larves ou oeufs). L’eau doit
donc d’abord être filtrée. En situation d’urgence, c’est le moyen le plus
rapide et le plus efficace mais il demande davantage d’équipement, de
personnel formé, de contrôle et d’argent. L’eau ayant un goût de chlore, il
faut que les leaders locaux soient impliqués pour dissiper les potentiels
soupçons d’empoisonnement.
L’eau suit 4 étapes durant lesquelles il faut veiller à ce qu’elle ne soit pas
contaminée :
1.
2.
3.
4.
Traitement
Transport
Distribution
Entreposage
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 12/21
La logistique consiste à amener l’eau au point de distribution puis de là chez
les gens. Pour la première partie, on utilise dans l’urgence des camions dont
les réservoirs doivent être absolument propres. Ensuite, pour la distribution,
on se sert généralement d’un tanker de 15-20’000 litres, surélevé pour une
distribution par courant passif sur environ 10 robinets. Les bénéficiaires
doivent être impliqués pour la distribution et l’entretien du système ainsi que
pour la sensibilisation à la santé (protection contre les excréments, hygiène).
GUERRE ET SANTÉ PUBLIQUE
La nature de la guerre a considérablement changé au 20ème siècle. D’une
part, dans les guerres civiles, 90% des victimes sont des civils. D’autre part, la
majorité des conflits prend place dans les PVD.
Au niveau de la santé publique, il s’ensuit souvent des troubles du système
social (malnutrition, surpopulation, effondrement des infrastructures
médicales, apparition de PTSD et a moyen terme, populations réfugiées,
affaiblissement du système économique et présence d’UXOs).
Au niveau des droits de l’Homme, l’usage d’armes non-discriminantes, les
attaques contre les civils ou de biens nécessaires à leur survie, le nettoyage
ethnique ou les violations de la neutralité médicale sont les problèmes les
plus fréquents.
La guerre peut également avoir des conséquences sur l’environnement. Les
conséquences directes étant : Destruction des villes et des infrastructures.
Par ailleurs, les cratères creusés par les bombes peuvent se remplir avec de
l’eau stagnante et favoriser l’implantation des vecteurs de la malaria. L’agent
orange a encore aujourd’hui un impact sur les populations au Vietnam. La
pollution (cas du Koweit) peut aussi être un problème majeur.
Au niveau des impacts indirects, on compte les pillages des fermes, les
mines antipersonnel qui empêchent les paysans de cultiver leurs terres ou
coupent les voies de circulation. Les flots de réfugiés forment des populations
à haut risque et ils fragilisent l’environnement où ils se trouvent de par la
dégradation du sol et la désertification.
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 13/21
Les effets des armes sur la santé publique sont différents suivant leur type:
Nucléaire
Il y a beaucoup de victimes directes mais aussi des maladies
induites comme la leucémie ou le cancer. Il y a aussi des
orphelins et des traumatismes psychologiques.
Chimique
Ces gaz sont théoriquement interdits mais certains
gouvernements peuvent être tentés de les utiliser, de même
que des groupements terroristes.
 Gaz innervants provoquent la mort par asphyxie
 Les gaz vésicants provoquent des brûlures de la peau et
des voies respiratoires
 Tear gaz ont un effet temporaire
Biologique
En diffusant les agents du typhus, du choléra, etc. C’est
l’arme nucléaire des pauvres.
Mines
Surtout utilisées depuis les années 1960, elles sont
antipersonnel appréciées des guérillas. Pourtant, elles tuent et mutilent,
rendent inexploitables de larges surfaces, font surtout des
victimes dans la population active, surchargent inutilement le
système médical et réduisent le futur de leurs victimes. De
plus, le déminage est extrêmement coûteux.
Les effets de la guerre sur les populations
Dans les PVD, les guerres ont fait 23 millions de morts depuis la seconde
guerre mondiale. Ces conflits armés ont pour effet de ralentir le
développement économique. Par ailleurs, les enfants subissent des
traumatismes (blessures physiques ou traumatismes, orphelins, enfants
soldats) et sont pénalisés dans leur développement par les pénuries. Les
femmes souffrent en général davantage de la guerre. Par ailleurs, elles sont
exposées aux risques des MST et sont souvent victimes de viol.
Les déplacements massifs de population tendent à exacerber les
problèmes, surtout au début des exodes et en particulier pour les enfants de
moins de 5 ans. Lors de ces exodes, les principaux tueurs sont :




Diahrées
Rougeole
Malaria
Affections respiratoires
Dans les camps de réfugiés, les maladies apparaissent en général dans
l’ordre suivant : choléra, rougeole, shigellosis, typhus, scabies, trachoma,
maladies respiratoires et TB.
Les réfugiés arrivant souvent aussi dans un pays pauvre, il peut s’ensuivre
des tensions s’ils sont mieux soignés que les populations locales. S’ils vont en
ville rejoindre des membres de leur famille, cela peut créer de la surpopulation
et favoriser le développement d’épidémies ou de troubles sociaux. Dans tous
les cas, les gens fuyant le danger se déplacent beaucoup et cela peut
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 14/21
contribuer à la diffusion des épidémies. Les réfugiés peuvent par ailleurs se
retrouver exposés à des maladies pour lesquelles ils n’ont pas d’immunité ou
amener de nouvelles maladies dans la région qui les accueille.
La situation est souvent encore plus difficile pour les IDPs (Internally
Displaced Persons), puisqu’ils restent dans le pays qui est en guerre.
LES PROBLEMES MEDICAUX EN SITUATION D’URGENCE
La malnutrition
Les indicateurs de malnutrition le plus fréquemment utilisés sont le ratio
poids/taille d’une part (le plus fiable), le ration poids/âge et la circonférence du
bras (le plus rapide). Dans des situations de malnutrition, l’important est
d’avoir une vue d’ensemble du statut nutritionnel de la population afin de
pouvoir définir des priorités et s’occuper des groupes les plus vulnérables.
Les effets de la malnutrition sont de ralentir la croissance de l’enfant. Les
symptômes possibles sont des oedèmes, l’aveuglement nocturne et le
marasme clinique.
Les principaux problèmes liés à la malnutrition sont :





Le marasme nutritionnel (perte de graisse et muscle)
Le kwashiorkor (oedèmes, bien que l’enfant ait l’air gros)
Le kwashiorkor marasmique (combinaison des deux premiers)
Les déficiences minérales et vitaminiques
La déficience en vitamine A (peut conduire à la cécité)
Les programmes de nutrition sont à adapter en fonction des situations. Pour
les distributions de nourriture, si les gens peuvent la préparer eux-mêmes,
mieux vaut la distribuer par famille pour réduire le nombre de personnes qui
viennent. Autrement, on peut mettre en place des cuisines mobiles, une
nutrition complémentaire ou encore des centres de nutrition intensive pour les
cas critiques. Dans ces centres, on donne le premier jour un repas toutes les
3 heures avec la collaboration des parents. Il faut aussi particulièrement faire
attention aux infections chez ces enfants qui sont affaiblis.
La nourriture doit être adaptée nutritionnellement et culturellement tout en
répondant aux contraintes logistiques. Elle doit viser un minimum de 1500
kcal. à moyen terme et 1800 à long terme. Le succès d’un programme
dépendra du planning et de l’organisation. Il faut notamment organiser les
distributions en évitant les émeutes ou que des personnes se resservent
plusieurs fois.
Contrôle des maladies infectieuses
Beaucoup de ces maladies comme le choléra ou la tuberculose sont des
maladies opportunistes qui profitent de la situation (concentration de
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 15/21
population, affaiblissement des sujets : mauvaises conditions de vie, SIDA). Il
est donc important de comprendre le contexte dans lequel ces maladies se
développent au lieu de ne traiter que les symptômes2.
Comme dans les catastrophes humanitaires, l’environnement est modifié
(déplacement de populations, famine, rupture de l’approvisionnement en eau
potable,…), on est effectivement en situation de risque.
Les maladies transmissibles
On a cru qu’on pourrait les éradiquer par le biais de programmes verticaux
(i.e. traitant uniquement la maladie visée). Or, non seulement on n’y est pas
parvenu mais des souches résistantes sont apparues. Plusieurs types de
facteurs ont contribué à cette évolution défavorable :
Géographique :
Le réchauffement de la terre implique que chaque augmentation d’un degré
de la température moyenne entraîne une hausse de 15% des terres touchées
par le paludisme. La déforestation crée des zones boueuses où se
développent les moustiques vecteurs de la maladie. Enfin, l’irrigation et les
barrages favorisent le développement des hôtes.
Socio-économique :
Les crises ou les guerres favorisent les déplacements de population et la
destruction des infrastructures ainsi que la détérioration de l’état nutritionnel
qui accentue la vulnérabilité. Les migrations volontaires aident elles à la
propagation des infections. Le manque d’eau et de sanitation n’est pas non
plus une aide à la maîtrise du problème et les crises économiques accentuent
la pauvreté et privent des moyens d’acheter les médicaments.
Médical :
Il y a à ce niveau deux facteurs positifs. Tout d’abord le programme d’action
de l’OMS pour les médicaments essentiels et l’utilisation des médicaments
génériques. D’autre part l’initiative de Bamako pour le recouvrement des
coûts. Par contre, étant donné que les maladies qui frappent le plus le
tiers-monde ne sont pas considérées comme rentables, il y a peu de
Recherche & Développement qui y est consacrée. Par ailleurs, des souches
résistantes se sont développées en raison du fait que des traitements ont
parfois été interrompus de manière prématurée ou n’ont pas été suivis
correctement. Certaines résistances sont également dues à l’utilisation de
médicaments périmés ou contrefaits. Il est donc important d’avoir un bon suivi
des traitements, de ne pas distribuer les médicaments à tout va et de
respecter la chaîne du froid.
Selon les maladies, les buts poursuivis seront différentes :
2
Rappel : une endémie est la situation où il y a un nombre de cas existants et stables. Une
épidémie concerne une augmentation rapide du nombre de nouvelles infections sur un temps
donné.
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 16/21



Éradication : variole, polyo
Elimination : lèpre, tétanos néonatal… L’infection existe toujours mais on
est à moins d’un cas pour 10’000
Contrôle de la maladie : on vise à diminuer la mortalité induite et les
souffrances.
De même pour les stratégies :







Vaccination
Traitement de masse lorsqu’on pense qu’un grand nombre est infecté
Traitement sélectif de masse si on a moins d’argent
Traitement des cas cliniques
Lutte contre le vecteur
Assainissement, hygiène
Éducation sanitaire
Les choix sont à faire en fonction de la faisabilité politique, opérationnelle,
financière, de l’efficience ou encore de l’acceptabilité par la population et le
personnel médical.
Plusieurs problèmes peuvent se présenter dans la mise en oeuvre de ces
diverses stratégies :
L’organisation et la mise en oeuvre de ces stratégies demande formation,
supervision, recherche, évaluation, médicaments et matériel. Il faut également
motiver le personnel, trouver un financement, éventuellement faire changer
les gens de comportement (p.ex. pour le cas du SIDA), veiller à fournir les
alternatives nécessaires au changement de comportement (p.ex. de l’eau si
on désire qu’ils se lavent les mains)
Les maladies parasitaires
Actuellement, un tiers de la population mondiale, soit environ deux milliards
de personnes sont infectées par des parasites. Toutefois, étant donné que la
mortalité est inférieure à 1%, le sujet ne suscite pas un très grand intérêt. Par
ailleurs, ces maladies sont principalement répandues dans le tiers monde,
entre les 20ème parallèle Sud et 30ème Nord.
Par opposition aux bactéries et virus qui sont des microparasites, on parle ici
de macroparasites (protozoaires et helminthes) qui sont multicellulaires,
possèdent des cycles de vie assez complexes, vivent souvent longtemps
(pour certains jusqu’à 15 ans), ne se multiplient pas dans l’hôte définitif, ont
une reproduction sexuée, dépendent beaucoup de l’environnement et sont
propices à la réinfection.
Dans le tiers monde, on on ne traite pas les malades car ils seraient
probablement tout de suite réinfectés. La seule chose qui se fasse est de
traiter à peu près tout le monde à intervalle régulier. Il vaut en fait mieux
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 17/21
s’axer sur la prévention à travers des moyens simples (se laver les mains, ne
pas déféquer dans l’eau…). De cette manière, on peut contrôler les vecteurs
et leur habitat. Le contrôle de certaines de ces maladies demande de penser
à un niveau supra-régional si on ne veut pas voir ses efforts réduits à néant.
Les deux types de parasites les plus communs sont :
Les vers et les protozoaires (par exemple la malaria avec 400 mios de sujets
infectés et deux millions de morts par an). Une fois infecté par la malaria, c’est
pour la vie, même si on n’est pas malade et qu’on peut développer une
certaine immunité. Par ailleurs, on peut très bien être infecté par différents
parasites en même temps.
Au niveau des actions de développement, il faut bien réfléchir aux risques
qu’un projet tel qu’un barrage peut faire courir à des populations qui n’avaient
jamais été exposées aux maladies qu’une accumulation d’eau peut aider à
développer.
La malaria ou paludisme
Il s’agit d’une maladie parasitaire transmise à l’homme par la piqûre d’un
moustique anophèle femelle infecté. Celui-ci injecte à travers sa salive le
parasite. Une fois l’homme piqué, les sorozoites envahissent les cellules du
foie dans les 30 minutes. Ils se multiplient jusqu’à que ces cellules explosent.
Ils s’attaquent ensuite aux globules rouges où ils continuent leur
multiplication. A ce moment, la personne infectée ressent des frissonnements,
suivis de fièvre, de maux de tête, de douleurs de dos ainsi qu’un malaise
généralisé. Les deux formes les plus dangereuses pour les humains sont:


La malaria maligne qui cause la mort si elle n’est pas traitée. Elle peut
causer des complications comme l’anémie chez les enfants, la malaria
cérébrale, l’hypoglicémie ou encore un oedème pulmonaire. Ceci est dû à
l’effondrement de la micro-circulation sanguine dans les capillaires des
organes internes.
La malaria tertiaire qui réapparaît périodiquement mais n’entraîne
normalement pas la mort.
Après la découverte de la chloroquine et du DDT, l’OMS pensa pouvoir
éradiquer la maladie. Mais les moustiques ont développé une résistance au
DDT et les parasites une résistance à la chloroquine. Donc la situation a en
fait empiré. Quant aux populations qui vivent dans des zones infectées, elles
bénéficient généralement d’une semi-immunité à travers la réinfection
régulière.
Le traitement de la malaria maligne devient de plus en plus difficile en raison
des résistances précitées, même pour certains médicaments plus
sophistiqués. Ceux-ci ne devraient être utilisés que pour les cas les plus
sévères, de manière suivie et non à titre prophylactique si on veut éviter de
créer de nouvelles résistances. Cette situation a redonné son importance aux
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 18/21
moyens préventifs. L’un d’eux est l’élimination des eaux stagnantes pour
supprimer les moustiques, l’introduction de prédateurs pour les moustiques ou
encore d’autres moyens permettant d’éviter le contact avec les moustiques
(habits longs, moustiquaires imprégnées,…).
La maladie du sommeil (trypanosomiasis africaine)
La mouche tse tse en est le vecteur. Cette maladie est causée par des
parasites nommés trypanosomes. Deux espèces s’attaquent aux hommes,
une de manière lente car elle s’adapte bien à l’homme. L’autre se déclare
beaucoup plus rapidement. Toutefois, les deux s’attaquent au cerveau et
peuvent entraîner la mort.
Avant l’étape où le cerveau est touché, on peut éliminer les parasites sans
trop d’effets secondaires. Ensuite, le traitement lui-même peut être mortel,
même si ne pas traiter signifie de toute façon la mort. Comme ce traitement
est cher et encore peu développé, il faut d’abord se concentrer sur
l’élimination du vecteur par le biais de pièges spéciaux et le dépistage
précoce.
Le choléra
Le choléra est transmis d’un homme à l’autre par voix faecale-orale. Cette
maladie est répandue en Asie, Afrique et Amérique du Sud. Tous les porteurs
ne tombent pas malades et certains deviennent des porteurs chroniques. Le
délai d’incubation normal varie entre 1 et 5 jours. Si on survit aux 24
premières heures, cela signifie en général qu’on va s’en tirer et récupérer
dans les 2-3 jours.
Les symptômes sont une diahrée liquide (grandes pertes de liquide),
déshydratation, pouls faible et accéléré, évanouissements, crampes dans les
muscles.
Le traitement consiste à remplacer les fluides perdus et à donner un
antibiotique. La réhydratation orale (6 cuillères à soupe de sucre pour 1
cuillère de sel dans un litre d’eau) est adaptée dans 90% des cas. Pour le
reste (ceux qui vomissent), il faut utiliser le goutte à goutte. Si on n’agit pas, la
mort peut survenir en quelques heures. Dans un espace restreint comme un
camp de réfugiés, la morbidité est de 10% et la mortalité de 50% s’il n’y a pas
de traitement. Ici encore, le plus important, ce sont les mesures préventives:
s’assurer d’un approvisionnement en eau potable, éviter les contaminations
(promotion de l’hygiène) et être prêt à faire face.
Méningite meningocoque
Il s’agit d’une inflamation des méninges qui se caractérise par de la fièvre, des
maux de tête, des nausées, vomissements, raideurs de la nuque,
photophobie et convulsions.
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 19/21
Les agents infectieux peuvent être parasitaires (malaria cérébrale), viral,
bactériens (pneumocoque, meningocoque), ou issus d’une réaction toxique
cérébrale. La transmission se fait par des postillons et l’incubation dure entre
1 jour et 1 semaine. La thérapie la plus efficace se fait par une injection de
chloramphenicol en intramusculaire. On peut parler d’épidemie lorsqu’il y a 20
nouveaux cas par semaine pour une population de 100’000.
La tuberculose
Elle est causée par une bactérie qui se véhicule surtout par les postillons
(toux). Seul un petit pourcentage (15%) des personnes infectées développent
la tuberculose. Il s’agit en général des personnes dont l’organisme est le plus
faible. Ce sont eux qu’il faut traiter en priorité.
Le traitement se fait à l’aide d’antibiotiques et il est très important qu’il ne soit
pas interrompu si on ne veut pas favoriser l’émergence de résistances. Ainsi,
avant d’entreprendre un traitement, il faut s’assurer que:





On a les médicaments prêts et en quantité suffisante pour la période
nécessaire et pour tout nouveau patient pris dans le programme.
On a le staff nécessaire et un laboratoire
On aura un bon suivi des patients et on est assuré qu’ils viendront
régulièrement, ce qui signifie qu’ils vivent proche du centre les 8 premiers
mois et qu’on suivra ceux qui vivent avec eux.
Le programme est coordonné avec et accepté par les autorités régionales
Le patient est motivé et encouragé à surmonter les effets secondaires. Il
doit aussi être rendu conscient qu’il ne doit pas arrêter le traitement
lorsque son état s’améliore.
Il y a aussi un travail à faire au niveau préventif. Il s’agit en effet d’une maladie
des pauvres. Durant le traitement, il faut parfois aussi fournir la nourriture pour
les patients.
La rougeole
La rougeole est une maladie virale hautement contagieuse. Elle est transmise
de personne à personne par postillon. Ses symptômes sont la conjonctivite,
toux, manque d’appétit et souvent déshydratation (diahrée et vomissements)
ainsi que des tâches blanc-gris à base rouge à l’intérieur des joues, douleur
dans la bouche, perte de poids, saignement du nez et des gencives. Les
enfants deviennent vulnérables aux infections bactériennes, perdent du poids
et souffrent de déficience en vitamine A ou en fer.
Pour les enfants, la réponse adaptée, est la réhydratation et la nutrition
thérapeutique. Le vaccin est efficace mais uniquement lorsque le statut
nutritionnel est suffisant.
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 20/21
La dysentrie
C’est une diahrée avec du sang, causée principalement par shigella. Les
symptômes sont des crampes abdominales, fièvre, douleur rectale. Les soins
consistent en une réhydratation et administration d’antibiotiques.
Pour un tableau résumé des principales maladies, voir dans la section
“ressources” le module NOHA “Medicine and public health in humanitarian
assistance”, page 53.
Ch. 7 Santé publique et A.H.
http://come.to/know-how
page 21/21
Téléchargement